Je lisais beaucoup. Mes premiers Tintin à cinq ans, une gripe d'enfant, du lit, les albums... puis plus tard les Signes de piste (la collection brochée des années 1930 de mon cher aîné Claude, dix ans de plus que moi ... encore aujourd'hui) et les Belle humeur... puis les Biggles du "capitaine" Johns... puis ma mère me donna Brasillach, Gide, Mauriac, je trouvai Montherlant, je lus dans sa bibliothèque mais en son absence (lecture du dimanche après-midi, seul dans le grand appartement) les Chansons de Billitis (trad. Pierre Louÿs)... avec plaisir.
M'accueillant parmi un groupe de chefs de scouts en formation pédagogique, dans l'ancienne marbrerie de l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes - en Avril 1963 - Dom Jacques Meugniot me gagna d'amitié et de confiance. Je revins souvent, seul. Après l'office du soir, un moment ensemble, il tirait de sous son habit noir à scapulaire, des fiches de bristol, manuscrites et lisait des citations. Appropriées et belles. Les citations, plus bas, de Marie Noël me sont données par lui : par exemple - peut-être sont-ce les premières. Je lui apprendrai en retour Robert Brasillach. Il n'est pas étonnant qu'il m'ait appris Charles Maurras (mon mémoire de science politique, en doctorat, avec Jean-Jacques Chevallier portera sur Maurras et le socialisme car le thème de son enseignement était le socialisme avant la Grande guerre, les doctrines ; je donnai en exposé quelque chose sur 1905 et Trotsky). L'année de sa mort - elle était plus que centenaire - une vieille amie de la famille, Marthe Chalmel, la première femme agrégée d'anglais en France (1911 ?) me donna son exemplaire des Notes intimes de Marie Noël ; je lui dis le rapprochement que je faisais en recevant son vieux mais bel exemplaire.
Je pris son habitude mais dactylographiais mes propres fiches... voici quelques-unes des premières. La toute première que je ne retrouve pas, est l'épitaphe que voulait Nehru : signifier pour toujours qu'il aimait son pays par dessus tout...
Quarante ans plus tard, j'ai commencé d'ouvrir, chaque année, un fichier de lectures - citations, bout à bout, avec les sources en fin de document.
A mes débuts, je ne donne pas encore l'édition de référence et les indications de pages ne sont pas toujours convaincantes quand l'oeuvre a de multiples parutions, ainsi Gide ou Maurois. pour Thomas Merton, il s'agit de la première édition chez Albin Michel. Préparant le concours d'entrée à l'Ecole nationale d'administration, ma préférence et ma prière vont vers une vocation religieuse, mais celle-ci n'est pas "claire".
M'accueillant parmi un groupe de chefs de scouts en formation pédagogique, dans l'ancienne marbrerie de l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes - en Avril 1963 - Dom Jacques Meugniot me gagna d'amitié et de confiance. Je revins souvent, seul. Après l'office du soir, un moment ensemble, il tirait de sous son habit noir à scapulaire, des fiches de bristol, manuscrites et lisait des citations. Appropriées et belles. Les citations, plus bas, de Marie Noël me sont données par lui : par exemple - peut-être sont-ce les premières. Je lui apprendrai en retour Robert Brasillach. Il n'est pas étonnant qu'il m'ait appris Charles Maurras (mon mémoire de science politique, en doctorat, avec Jean-Jacques Chevallier portera sur Maurras et le socialisme car le thème de son enseignement était le socialisme avant la Grande guerre, les doctrines ; je donnai en exposé quelque chose sur 1905 et Trotsky). L'année de sa mort - elle était plus que centenaire - une vieille amie de la famille, Marthe Chalmel, la première femme agrégée d'anglais en France (1911 ?) me donna son exemplaire des Notes intimes de Marie Noël ; je lui dis le rapprochement que je faisais en recevant son vieux mais bel exemplaire.
Je pris son habitude mais dactylographiais mes propres fiches... voici quelques-unes des premières. La toute première que je ne retrouve pas, est l'épitaphe que voulait Nehru : signifier pour toujours qu'il aimait son pays par dessus tout...
Quarante ans plus tard, j'ai commencé d'ouvrir, chaque année, un fichier de lectures - citations, bout à bout, avec les sources en fin de document.
A mes débuts, je ne donne pas encore l'édition de référence et les indications de pages ne sont pas toujours convaincantes quand l'oeuvre a de multiples parutions, ainsi Gide ou Maurois. pour Thomas Merton, il s'agit de la première édition chez Albin Michel. Préparant le concours d'entrée à l'Ecole nationale d'administration, ma préférence et ma prière vont vers une vocation religieuse, mais celle-ci n'est pas "claire".
. . . J'étais requis et retenu près d'elle par un charme autre que celui de la simple beauté ...
Je ne puis décrire un visage ; les traits m'échappent, et jusqu'à la couleur des yeux ; je ne revois que l'expression presque triste déjà de son sourire et que la ligne de ses sourcils, si extraordinairement relevés au-dessus des yeux, écartés de l'oeil en grand cercle . . .
Ils donnaient au regard, à tout l'être, une expression d'interrogation à la fois anxieuse et confiante, - oui, d'interrogation passionnée. Tout, en elle, n'était que question et qu'attente... Je vous dirai comment cette interrogation s'empara de moi, fit ma vie . . .
André Gide . La porte étroite p. 15 mercredi 3 juin 1964
Il arrive que nous cherchons, dans notre ami, la consolation et qu'elle ne s'y trouve pas aujourd'hui.
Il arrive que nous ayons soif et que la tendresse de notre ami oublie aujourd'hui de nous donner à boire.
C'est que la source de douceur humaine n'est pas inépuisable. Le consolateur a, comme nous, son heure de sécheresse. celui qui nous donne la force manque aujourd'hui de force. Celui qui relève notre joie est tombé, aujourd'hui, de sa joie.
Comprenons-le. Ayons compassion à notre tour de cette pauvreté. N'exigeons rien. Ne réclamons pas sans cesse de l'amitié, de la bonté, le plus dont elle est capable, mais soyons toujours reconnaissants pour le moins dont elle dispose... le peu qu'elle a et nous donne.
Et sachons attendre. L'instant vient où la grâce de l'ami lui sera et nous sera rendue.
Marie Noël . Notes intimes p. 19 Solesmes . lundi 6 juillet 1964
Loyauté.
Respecter l'émotion d'autrui.
Ne la provoquer par aucune fraude.
N'offre rien à celui que tu aimes que ta vérité.
Pas toute ta vérité. Garde-le du mal de toi, de l'appel de toi... Protège-le contre ton coeur.
Marie-Noël . Notes intimes p. 44 Solesmes . mercredi 8 juillet 1964
Silence... le pays au-delà de tous pays.
Silence... l'oiseau qui chante où personne n'entend. Mais Dieu l'écoute.
La fontaine qui coule où personne ne passe. Mais Dieu y vient boire.
Marie Noël . Notes intimes p . 249 Solesmes . mercredi 8 juillet 1964
Nous entreprenons beaucoup, nous nous proposons d'entreprendre plus encore ; nous n'épargons pas notre peine ; nous cherchons des voies nouvelles ; avec une trépidante activité, jour et nuit, nous passons d'un travail à l'autre ; l'oeuvre bouillonne de plus en plus. Mais quels loisirs restent alors pour réfléchir, contempler et prier ?
Jean-Baptiste Janssens, préposé général des Jésuites, le 27 décembre 1946
(en charge du 15 septembre 1946 au 5 octobre 1964)
La démocratie du petit écran n'en est pas une. Les discours devant les "étranges lucarnes" ne sont pas plus démocratiques, au style près, que ceux du Palais de Venise il y a trente ans. Parler à un peuple de muets, c'est le contraire de la démocratie, qui est dialogue. Le Parlement est l'institution où se déroule le dialogue démocratique essentiel. On n'en a pas encore trouvé d'autre. Les pourparlers avec les syndicats, les organisations économiques et sociales, les groupes de pression ne peuvent remplacer les débats des Assemblées. Ils peuvent seulement les compléter ; mais, sans eux, ils restent privés d'efficacité.
Maurice Duverger . Le Parlement irremplaçable
Le Monde n° 6136 Mercredi 7 octobre 1964
Ah ! frère, compagnon, voyageur, comme nous étions persuadés, tous deux que le bonheur était proche, et qu'il allait suffire de se mettre en chemin pour l'atteindre !
Alain-Fournier . Le grand Meaulnes p. 114 Lundi 19 octobre 1964
Je leur enseignerais à trouver le bonheur qui est tout près d'eux et qui n'en a pas l'air .
Alain-Fournier . Le grand Meaulnes p. 157 Mardi 20 octobre 1964
Il fallait y croire il fallait
Croire que l'homme a le pouvoir
D'être libre d'être meilleur
Que le destin qui lui est fait . . .
Paul Eluard 1895 . 1952 Lundi 16 novembre 1964
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