samedi 30 juillet 2016

une relation avec Marceau Long - ce que je lui écrivais dans l'intervalle de nos entretiens, depuis 2009


Bertrand Fessard de Foucault
Reniac . 56450 Surzur
tél. 06 80 72 34 99 & courriel b.fdef@wanadoo.fr

Reniac, ce soir du mardi 6 Janvier 2009




j’ai été profondément heureux de vous revoir, et absolument pas vieilli par rapport aux années 60 et 70. Le sens du bien commun et la science juridique « conservent » et embellissent. Je le constate avec Jean-Marcel Jeanneney (qui vient malheureusement de perdre sa femme : soixante et onze ans de mariage heureux) que je visite depuis 1970 et avec qui je concertais (François Goguel aussi me mobilisait) mes papiers constitutionnels que prenait Jacques Fauvet pour Le Monde., aussi avec Edgard Pisani, unique à avoir été ministre du Général et de François Mitterrand.  Merci de vous être souvenu de tout cela tandis que nous applaudissions légitimement Georgette Elgey l’autre mois, qui a manifestement bâti son histoire de la Quatrième sur la notion de service du pays et de la nation.

J’espère avoir cette longévité et cet esprit, puisque notre fille n’a que quatre ans et six semaines : premier mariage, premier enfant.

Surpris que vous n’ayez pas encore publié vos mémoires – ou au moins la synthèse de vos grands « commandements » dans l’Etat et dans des circonstances parfois si compliquées, et ce qu’opérait dans nos mœurs et dans nos institutions la jurisprudence du Conseil d’Etat – je serai heureux de parler avec vous du passé de nos cinquante ans de Cinquième République.

En effet, j’envisage – après avoir bouclé la biographie de Maurice Couve de Murville dont je pense que Bernard de Fallois la publiera : ce seront deux tomes – en effet d’écrire l’histoire de notre régime mais avec les repères qui l’ont fondé et selon l’appréciation de ce qu’en ont fait les successeurs du Général, histoire des circonstances et du peuple français. Ci-joint, vous trouvez – pour le moment inédit et que je compte augmenter d’une grosse moitié, de ce que m’inspirent les choses et les gens depuis cette première mouture datée de 2004 – un essai sur la Cinquième République. J’y ajoute la liste des personnalités qui ont bien voulu me faire confiance et parler, à partir de l’ancien ministre des Affaires étrangères, en fait une projection sur toute la manière d’être et de gouverner du Général (ou plutôt d’orienter, écouter, réfléchir et provoquer le consensus) et, en creux, de ses successeurs. Je crois qu’il faut que ces cinquante ans – et plus car je compte deux ans par volume et en vois une dizaine…   – soient écrits d’une même main, et les personnages regardés dans le même esprit.

Votre propre regard et vos conseils vont m’être précieux. Donc, vous et peut-être vos mémoires. Et ce projet… Si vous le voulez bien.

Auriez-vous un moment pour que je vienne à vous dans la première semaine de Février prochain ?














à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
22 av. Noël . 94100 Saint-Maur-des-Fossés

Bertrand Fessard de Foucault
Reniac . 56450 Surzur
tél. 06 890 72 34 99 & courriel b.fdef@wanadoo.fr

Reniac, samedi 30 Janvier 2009




je viens donc vous envahir jeudi 5 et vendredi 6, le matin, à partir de 10 heures, et vous remercie par avance de votre accueil et de votre confiance.

Vous ayant lu du 16 Janvier dernier, puis écouté au téléphone quand nous avons convenu de ces dates, je comprends bien que vous ne teniez pas à développer des sujets que vous considérez comme n’appartenant qu’à l’Etat et à ceux qui en répondent, quitte à ce que ceux-ci vous imitent, par leur discrétion à venir. Mais – dans ma recherche historique qui continue ma quête du début des années 1970 sur le pourquoi du départ du général de Gaulle et le comment son legs a été gaspillé presqu’aussitôt pour le plus apparent, et lentement rongé pour le plus réel – jusqu’à arriver, République et esprit public fourbus… à aujourd’hui - ce qui m’intéresse ce sont l’esprit du temps et les hommes qui le firent, et ne subissaient pas.

Quatre moments de votre carrière – en dehors de vos travaux juridiques qui m’ont formé, avec tant d’autres de vos lecteurs – pourraient si vous le voulez bien donner matière à notre dialogue.

Votre passage à Rabat comme conseiller juridique vous a peut-être donné à regarder la pétition marocaine sur la Mauritanie et quelque expérience de ce que l’Istiqlal et Mohamed V entendaient vraiment par cette revendication. Depuis que j’y ai accompli mes obligations « militaires » en 1965, je me suis attaché à la Mauritanie et à son fondateur, Moktar Ould Daddah, et continue de travailler sur ce pays et de m’y rendre fréquemment, avec sans doute une intermédiation officieuse dans la crise actuelle (retour d’une junte au pouvoir).

La fonction publique, la formation des élites, l’esprit général quand vous avez cette direction générale décisive à assumer, pendant la période la plus sereine et la plus féconde de la fondation gaullienne : vos relations alors avec le Général et avec Georges Pompidou. Avec en regard, sans entrer dans le détail des affaires, mais plutôt en regardant les hommes, le secrétariat général du gouvernement où vous pouvez apprécier Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, Raymond Barre et la « prise de pouvoir » de la gauche.

Psychologie des gens et des événements, et non des exposés de dossiers ou de question – sauf peut-être aux armés, l’affaire Ben Barka dont j’ai commencé de parler avec Pierre Pascal que vous avez sans doute bien connu, et que j’ai interrogé pour mon approche de Pierre Messmer.

Cette période armées, la personnalité de Pierre Messmer telle que vous l’avez pratiqué, et celle aussi de Michel Debré dans ce même emploi, me passionnera donc. Si en filigrane, ayant évoqué ainsi avec le Général et Georges Pompidou, nos principaux fondateurs, vous avez la physionomie de Maurice Couve de Murville présente à l’esprit, ce sera pour moi, très bien.

La question de la télévision à votre époque, et au fond les débuts de presque tous les gens, en gestion et en journalisme, qui sont dans le pouvoir médiatique d’aujourd’hui. Enfin, nos entreprises publiques et leur esprit, du rapport Nora à vos propres responsabilités à Air Inter et à Air France. Ce seront deux questions presque de philosophie politique et économique, et de sociologie.

Cela fait beaucoup, mais en deux matinées, nous pouvons avancer et reprendre date ensuite pour Mars si l’exercice ne vous a pas déplu.

Vous me permettrez de vous enregistrer, ce qui allège la prise de notes, vous laisse à vous-même, selon que vous le voudrez, une trace (je copierai les bandes pour vous les donner) et il sera entendu que je ne vous citerai éventuellement verbatim qu’après votre accord et que vous ayez lu la mise au net sur papier. J’ai ainsi fait avec ceux que j’ai interrogés au début de mon enquête sur Couve de Murville : ci-joint leur liste. Depuis, après une longue interruption pour diverses raisons et des travaux adjacents qui ne pouvaient tarder, j’ai repris ces parcours sur notre pays, sa constitution mentale et ce qu’il a à affronter aujourd’hui, avec surtout Jean-Marcel Jeanneney et Edgard Pisani, que je vois – chacun – souvent.

Je le fais sans aucun projet de publication, n’ayant en vue que l’écriture de la biographie de Couve de Murville, après beaucoup d’une recherche documentaire qui est en train de s’achever, et en fonction de mon éditeur et de ce qu’aura donné le début d’édition de mon journal pour la période 1968-1970, une histoire en plusieurs volumes de la Cinquième République comme annoncé dans ce que je vous ai « infligé » à lire. C’est vous dire donc que ce que nous échangerons n’est pas appelé à une parution immédiate ni intégrale. Sauf… si vous en jugiez autrement, à la lecture de mes mises au net.










à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
22 av. Noël . 94100 Saint-Maur-des-Fossés

Bertrand Fessard de Foucault
Reniac . 56450 Surzur
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Reniac, jeudi 12 Février 2009


lettre bien imparfaite et au-dessous de ce que j’ai éprouvé dès les premières minutes de votre accueil, puis à mesure de nos moments de travail ensemble.

Vous m’avez empoigné autant par le contenu de ce que vous me dites que par la manière, si posée et sobre. La noblesse de robe. Je ne sais où va nous mener ce travail, improvisé initialement, mais qui va être pour vous, les vôtres et selon ce que nous verrons – bien ensuite – une réserve décisive de mémoire. Je vous copierai à mesure nos bandes enregistrées, nous aurons d’ailleurs à reprendre vos aperçus sur l’ORTF et son évolution au printemps et à l’été de 1974. La place de Valéry Giscard d’Estaing est à réévaluer pas seulement pendant son septennat, que de recoupements, vous m’ouvrez des pistes et en confirmez d’autres. Je l’ai rencontré trois fois entre 1997 et la Convention européenne. Et vais essayer d’y revenir pour des mémoires qu’il ne semble pas entreprendre et qui engloberait son rôle non négligeable parmi les jeunes parlementaires de 1956-1958 puis sa relation à de GAULLE.

Par prochain courrier, selon ce que vous m’avez confié déjà… je vous donne quelques questions et demandes de précision.

Je suis donc chez vous à nos dix heures habituels le mercredi 11 mars, vous empruntant l’ouvrage ou le tapuscrit dont vous m’avez parlé pour vous le rapporter dans l’après du jeudi avant que vous ne preniez la route ou le train.

Les grands arrêts : KPGM en 2006 m’a passionné. Et cette marche au contrôle de constitutionnalité des processus européens. Toujours cette clarté et cette exhaustivité. Nous n’avons pas évoqué André de LAUBADERE – qui me semble votre parent en sobriété, en simplicité du langage quand on est de langue d’oc. On pourrait également dire que les pays de coûtume sont plus aptes à la jurisprudence même quand elle finit par s’écrire… j’ai manqué chez un marchand de livres le coutûmier aux armes de Samuel Bernard – cela et un livre sur les voyages de LA PEROUSE – sont mes regrets de lecteur et bibliophile.
Ci-joint, nécrologie de Pierre MESSMER, que je crois – avec le recul – plus complexe et divers qu’il n’en donnait l’image, publique ou même intime… sa biographie sera plus difficile à faire, tandis que COUVE de MURVILLE est limpide.

Si vous aviez un empêchement, n’hésitez pas à me le faire savoir. Mais vous m’avez inspiré – ce que je sentais d’avance – le goût et le bonheur de nos entretiens … la France, notre Etat et tant de personnalités qui furent grandes sont alors présents. Notre avenir dépend en bonne part d’une reconsidération de cet héritage.












à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
22 av. Noël . 94100 Saint-Maur-des-Fossés

Bertrand Fessard de Foucault
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Reniac, vendredi 20 Mars 2009

comme promis, voici la composition des cabinets ministériels – nous rappelant les personnes dont nous avons le plus à parler ou que nous pourrions évoquer, quand nous aurons terminé la première revue chrnologique de votre parcours.

J’y ajoute ce que j’ai couriellé aux députés en vue du vote de confiance sur notre retour dans l’OTAN. Les pièces jointes étaient les discours de Sarkozy à Bucarest le 4 Avril 2008 et en conclusion de ce colloque sur la défense le 11 dernier : bâclé et sur un ton parlé avec ces modes de raisonnement, comme s’il était le seul, à être logique et conséquent. Manifestement, il a cherché partout le moyen de conforter une décision a priori dont je ne sais pas la genèse. En avez-vous vous-même une idée ?

Si vous ne l’avez pas je vous le donne ci-joint pour que vous n’ayez pas à le chercher, il est « beau », je vous donnerai l’article que j’ai retrouvé du général Ailleret (revue Défense nationale de Décembre 1967), je l’ai mis en pièces jointes avec les extraits de la conférence de presse du Général le 22 Février 1966, puis une note de lui le 24 et enfin la lettre à Johnson le 7 Mars, avec enfin des dépêches d’AFP pour l’ambiance de ses premiers voyages en province en 1959, cf. Saiont Lô, récemment. Je vous donne cela aussi.

Avez-vous, de là où vous étiez, vêcu les rumeurs et réactions sur l’ « affaire Markovic » ?

Je vous rappelle vers la fin de ce mois pour un nouvel entretien – si vous le voulez bien – autour  des 7-8. Idéalement, l’après-midi du mercredi 8. Sinon nous trouverons une autre date plus tard dans ce mois ou en Mai.

Pardonnez encore le non-aggraffage de votre compilation de la revue administrative. Tout cela – en contenu – est limpide. Je vais regarder ce qu’en dit VGE dans ses Mémoires ; de même ce que dit de vous Michel Debré… Alexandre Parodi, dont les papiers sont à Sciences-Po. a-t-il laissé des mémoires ?

à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
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Bertrand Fessard de Foucault
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Reniac, mercredi 25 Mars 2009



je reçois votre carte postée hier – et vous en remercie, sensible à l’expression écrite de votre cordialité.

D’accord pour le mercredi 8 – nous pouvons même dire seize heures, si cela vous est plus agréable.

Ci-joint, le plan de « mon » histoire de la Cinquième. Vous en avez déjà l’introduction avec les « dialectiques » que je vous avais adressées et dont vous m’avez dit que vous aviez commencé de les parcourir.






à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
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Bertrand Fessard de Foucault
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Reniac, jeudi-Saint 9 Avril 2009




voici comme évoquée hier, Rachida Dati selon les Dossiers du Canard n° 111 – Avril 2009. En vis-à-vis, deux écrits de cette jeune juriste, fille de tunisiens établis chez nous, et y travaillant, depuis quarante ans, Nadia Falfoul, rencontrée à une réunion de la Grande loge féminine de France (actuellement Yvette Nicolas, ancienne assistante de Raymond Barre depuis Matignon et étant entrée dans la franc-maçonnerie après lui en avoir parlé et avoir obtenir son nihil obstat – nous n’avons pas encore beaucoup parlé de lui). Je l’ai présentée à Frédéric Thiriez (dont nous pourrons parler aussi).

J’y ajoute le PV de la réunion politique extérieure autour du Général – le 10 Juin 1958.

D’autre part, nous avons parlé des questions atlantiques, et de l’initiative de NS. Voici ses trois textes : Bucarest, le colloque défense à Sciences Po. et sa lettre aux pays membres annonçant notre réintégration. Pensé que les textes correspondants du général de Gaulle vous intéresseront aussi.

Je reviens vers vous, dans la méditation de nos conversations, et particulièrement de celle de mercredi dernier qui m’a enveloppé. Votre chemise claire allait très bien avec vos yeux et votre regard. Lumière d’âme et de bonté à laquelle j’ai été très sensible.

Merci de vos marques d’intérêt et d’affection.

Je vais regarder aussi ce qui – dans cette esquisse d’écrit sur notre République – vous a retenu : passages soulignés.




à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
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Bertrand Fessard de Foucault
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Reniac, le jeudi 24 Septembre 2009






d’ici notre revoir et la reprise des propos passionnants pour moi que vous voulez bien avoir de confiance avec moi…


voyez-vous un inconvénient à ce qu’un numéro d’Espoir la revue de la Fondation de Gaulle : thème d’un dossier, le départ du Général, reprenne un fragment de nos conversations ? Et aussi pour votre opinion et votre jugement, le papier que je compose sur ce thème.

A notre revoir, je vous redonnne un exemplaire des dialectiques de la Cinquième République – que je vais continuer.
















à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
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Bertrand Fessard de Foucault
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Reniac, le vendredi 9 Octobre 2009






Combien j’ai regretté de vous avoir soucié il y a quinze jours, pardonnez-le moi. Naturellement, la revue Espoir ne donnera rien de vous, ainsi que vous me l’avez demandé et les fragments que je vous avais communiqués restent pour nous seuls.

Voici – cependant – une réécriture partielle du papier sur le départ du Général. J’y ajoute notes prises lors d’un colloque sur Chaban-Delmas évoqué selon son discours sur la « Nouvelle Société » et, dans le mouvement d’une mise au net de ce que j’avais pris ens séance et donc à la volée, une évocation de ce que je garde de celui-ci.

Nous pourrons en reparler à notre revoir, quoique la priorité sera de continuer où nous nous en étions arrêtés pour la revue de votre vie professionnelle et intellectuelle. Ce pourrait être à plusieurs reprises en Décembre, époque à laquelle je vais séjourner plus durablement en Ile-de-France.













à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
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Bertrand Fessard de Foucault
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Reniac, le jeudi 22 Octobre 2009






j’ai été touché par votre carte et ai bien imaginé la « séance » au Conseil Constitutionnel. C’est en somme la seule enceinte où vous n’ayez pas eu le rôle déterminant que vous avez eu partout ailleurs là où la République a besoin du droit, de la mémoire et de la sérénité.

 Voici de nouveau du papier, d’ici nos revoirs – que j’espère plusieurs – en Décembre, quand je serai durablement francilien. Papiers inspirés par le cours chiraquien dont nous payons en fait l’aboutissement et la permissivité. Je pense rassembkler un jour tout cela quand des ouvrages en forme m’auront relancé en édition et en lectorat.

L’évolution française qui s’accélère vers l’immoralité, le scandale et donc l’inefficacité des politiques quelles qu’elles soient puisque consentement et ardeur font forcément défaut – m’inquiète profondément. Je l’ai couriellé à propos de l’EPAD à quelques amis et aux députés.











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Reniac, le soir du mercredi 23 Décembre 2009






merci de votre série de grandes cartes, qui commence par ce cap Sounion que j’ai eu le bonheur de voir plusieurs fois par mois pendant trois ans, et en toutes saisons… dînant parfois sur la paillotte de plage en contrebas et me remémorant Chateaubriand… j’étais en poste en 19982-1984, comblé de tout ou presque, y compris de la faveur du prince, connue de mon administration qui me f… la paix et de mon ambassadeur qui en était mal à l’aise. Beaucoup d’écrits et de carnets dans la Grèce des colonnes comme dans celle des coupoles. L’avez-vous arpentée ?

Je n’ai pas voulu vous déranger, car j’étais vraiment en tenue vestimentaire vagabonde, et surtout incertain de mes jour et heure. Pardonnez-moi de vous avoir peiné.

Je déjeune en Février ou en Mars avec Jean-Claude Casanova, ce qui devra décider d’éventuelles éditions pour la légitimité, elles-mêmes peutêtre ouvertures d’autres tomes sur 1789 et autour, 1870-1873 et autour, ces sujets de légitimité me passionnent depuis mes quinze ans et je les ai beaucoup travaillées . L’histoire de la Cinquième République qui occupera – parallèlement à l’éducation de notre fille et d’autres enfants si Dieu nous en donne – le reste de ma vie, demande un véritable accord sur le long terme avec un éditeur et je ne pense pas trouver quelqu’un qui prenne les Dialectiques pour elles-mêmes, ce que je regrette.

Nous pourrions reprendre la suite des entretiens que vous m’accordez à ce moment-là. Je vous appellerai pour connaître vos convenances quand je saurai à peu près les dates de mon séjour francilien.

Actuellement, je boucle un livre sur le putsch mauritanien, mettant en fait le pays lui-même en perspective depuis la période française ; cette année a été une démonstration à l’état pur, si je puis écrire, de la « françafrique ». Ensuite, j’aurai à « distribuer » la saisie des dépêches AFP sur de Gaulle de 1944 à 1970 que je veux publier exhaustivement. J’en prends photocopies exhautives, c’est passionnant et une forme d’histoire de notre pays, en même temps que la découverte d’un gisement auquel les historiens en général – et notre chère Georgette Elgey en particulier – accorde peu de poids. Pourtant, la certitude chronologique ou les ambiances, c’est l’AFP, et parfois le talent : Géraud Jouve, Jean Mauriac, d’autres.

Votre mémoire donc, notre amitié, la politique-fiction de vous en 1940-1944 à certaines manettes et certainement consulté ou rédigeant, si… vous me parlerez de Portalis aussi…moi, ce serait Choderlos de Laclos conseillant le duc d’Orléans, et Mirabeau qui finalement fut la boussole qui nous manqua…









à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
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Bertrand Fessard de Foucault
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Reniac, jeudi 4 Février 2010



des vacances au ski (Megève) en trinité familiale, puis des embarras de messagerie et d’imprimante ont fait que je suis bien en faute de ne pas avoir encore répondu à votre grande carte en quatre pages. Elle me touche beaucoup, et ma femme l’a lue avec reconnaissance. Je vous dois énormément non seulement par la confiance que vous m’accordez en vous livrant – sous le sceau de la confidentialité à maintenir – pour votre expérience, votre parcours, vos rencontres et au fond cette époque qui fut refondatrice de notre cher pays, mais aussi par l’estime que vous marquez pour ce que je vous donne à parcourir.

Pour ces Dialectiques donc – qu’il me faudra mettre à jour parce qu’il y a, à mon sens, deux autres parties, plus brèves à écrire maintenant : la psychologie des présidents successifs qui prend une importance grandissante pour l’évolution (ou le saccage) de nos institutions et de nos grands acquis diplomatiques, économiques, sociaux, et l’actualité qui est le risque de mort pour la Cinquième République si le cours de 2007 devait durer plus que cinq ans, et même inspirer les successeurs.

Jean-Claude Casanova m’a dit son intérêt pour ce travail – ainsi que pour la crise de légitimité 1940-1944 (cette étude-là étant l’un de celles – sans doute cinq ou six – que je voudrais présenter en une sorte de série explicatives de la France contemporaine : les crises nous font, mais que sont ces crises ? les identifier et les illustrer par le document, le débat d’idées, les réponses qu’on donne ou les alternatives qui s’ouvrent pour résoudre ces crises) et nous devons déjeuner ensemble à l’occasion d’un bref aller-retour que je fais avec femme et enfant à Paris à la fin de Février (la mise en scène à l’Olympia de la bande dessinée pour enfants : le chien Scoubidou). Je vous ferai savoir s’il pousse sa bienveillance pour ces textes, et surtout les Dialectiques – introductive à mon futur monument d’histoire de la Cinquième République (pour l’édition de laquelle j’espère un passage de relais chez Fayard par notre chère Georgette Elgey)
Notre prochaine rencontre ou nos prochaines rencontres, si vous le voulez bien, pourraient avoir lieu quand je serai plus durable à Paris (notamment y bouclant la photocopie exhaustive des dépêches AFP sur de Gaulle 1944-1970) : ce serait à la mi-Mars, sauf imprévu.

Pour l’heure, je suis dans un travail « de bénédictin ». la saisie informatique de mon journal manuscrit 1967-1971 : le départ du Général, mon entrée (médiocre) dans l’administration et des déboires amoureux à répétition. Le même éditeur que mon Couve de Murville dont je reprendrai l’écriture aussitôt après, attend de lire cela. Ce sera systématiquement trois parties : I - les notes-mêmes mais qui, aux premières époques, et avant mes affectations diplomatiques, sont surtout des débats intimes avec moins de politique qu’ensuite, de la Mauritanie aussi – puis II - une discussion de ces propos – enfin III - la mémoire que j’ai aujourd’hui de cette époque-là, qui ne contredit rien mais qui donne plus à voir et couvrira mieux les choses. Grand œuvre – j’ai commencé ces cahiers l’été de 1964 à la veille du concours d’entrée à l’E.N.A. que je n’avais pas préparé (je pensais à une vocation religieuse, meilleure manière de rater sa vie sentimentale au moins, si finalement on n’a pas cette vocation…) et j’ai continué depuis : dactylo à partir de 1975, informatisation à partir de 1992. Si Bernard de Fallois ou un autre acceptait un premier volume et que celui-ci rencontre un lectorat, j’aurai alors vingt ans de travail paisible (et quelques compléments de ressources qui nous sont absolument nécessaires car ma femme en Bretagne ne peut trouver d’emploi selon sa partie – elle essaye ces jours-ci un concours du Conseil de l’Europe, puisqu’elle est de Strasbourg et que nous y aurions une maison, en doublon de mes pénates bretonnes : les partroinages de René Capitant et de Marc Bloch ne me déplairaient pas pour la vie intellectuelle…), faisant paraître périodiquement un volume de journal-mémoire En danger de vie (Lebensgefahr) et un volume d’histoire de la Cinquième République. En sus, et en testament collectif, les entretiens recueillis ou notés depuis quarante ans : la constellation de Gaulle. Et de temps à autre, un essai romanesque si ces mémoires-journaux me donnent un lectorat fidélisé.

Vous évoquez Jean François-Poncet dans votre carte : ne vient-il pas de décéder ? Comme son père, certainement pas « gaulliste » au sens reçu du terme, mais il m’avait très bien et intelligemment reçu quand il était ministre des Affaires étrangères, et m’avait alors plu. Et plus encore quand je l’ai interrogé sur Couve de Murville, recoupant beaucoup Raymond Barre. Il était alors président de la commission du Plan et des Affaires économiques au Sénat. Lui et Jean Sérisé, et VGE lui-même quand on le connaît un peu plus personnellement et surtout avec le recul, confirment que la grande époque n’était pas encore terminée.

Pour l’actualité, deux papiers sur Dominique de Villepin. Le premier datant du moment où il est encore à Matignon et où je lui ai demandé de me remettre en selle (les points de retraite) même à Bercy : mon contact étant Michel cadot, préfet maintenant à Rennes, après Limoges, alors son chef de cabinet. Le second rédigé, dimanche et lundi, pour François Goulard, député-maire de Vannes. De ce dernier, j’aurais aimé la place qui – au départ de Raymond Marcellin et dans l’ambiance de la dissolution de 1997 – était à prendre : j’ai sollicité en vain l’investiture socialiste et j’aurais certainement ratissé bien plus large que la gauche ce qui dans le Morbihan « oriental » est néessaire pour l’emporter. J’y ajoute d’ailleurs mon entretien avec lui, qui éclaire la candidature de Dominique de Villepin à l’aboutissement de laquelle je ne crois pas, sauf si NS commettait tant de fautes que l’U.M.P. pousse la démocratie interne et la prudence électorale jusqu’à se choisir un autre champion : c’est peu probable.

Donc, en principe, à la mi-Mars, si vous le voulez bien et si vous me pardonnez mon long silence. Je vous aurai d’ici là donné un écho de Jean-Claude Casanova, et également je vous aurai donné quelques lignes donnant ce que nous avons déjà dialogué ensemble pour votre carrière : simple sommaire des propos que vous m’avez confiés, pour que nous sachions où nous en sommes.











à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
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Bertrand Fessard de Foucault
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Reniac, vendredi 12 Février 2010

je reçois votre belle et longue lettre, et suis extrêmement sensible à votre estime affectueuse – venant de vous si pondéré et si expérimenté, quel encouragement. Et ponctuellement une aide vis-à-vis de Jean-Claude Casanova. Grand merci.

Oui, il faut dire notre grande époque car avec le temps notre différence apparente de génération est gommée. Ce que vous réfléchissez sur cette époque-là et sur maintenant est en réalité un commandement intime – pour vous comme pour moi, chacun selon notre parcours passé et notre tempérament intact – pour témoigner de ce qui fut, de ce qui a été rendu possible ce qui n’était pas évident quand cela se faisait ou se souhaitait, et par ce témoignage rebâtir le socle qui actuellement est moins visible pour le re-départ. De cette reviviscence française, je ne doute pas. Elle commande en grande partie le re-départ européen, car depuis Maastricht, plus rien ne se fait vraiment malgré le flot de communiqués, de paroles et autres : aucune volonté ensemble d’émancipation, d’identité ni de programmes vraiment communs, pas d’encouragement dans les élites et les dirigeants à un patriotisme européen qui me paraît sourdre dans la jeune génération, les étudiants que j’ « avais » jusqu’il y a dix-huit mois (je n’en ai plus car la soi-disant autonomie des universités ne fait pas transgresser les limites d’âges… et c’est, avec l’édition des travaux que vous avez lus et leur suite, l’autre point de mon ordre du jour avec JCC).

Je n’ai plus d’ambition électorale et ce que vous dites d’un certain écartèlement entre majorité et opposition  ou droite sans guillemets et gauche avec guillemets, est rétrospectivement très juste dans mon cas, vg. Thionville avec Chirac. Mais vous-même pour le témoignage que vous avez – absolument – à donner à la suite des générations et peut-être même à la vôtre dont l’expression est parfois émolliente (je pense par exemple à tout ce qu’aura laissé passer chez NS une sommité reconnue comme Pierre Mazeaud), n’êtes-vous pas également écartelé entre une expérience très multiple des affaires, des situations et des personnes, d’une part, et votre réserve naturelle d’autre part. Nos prochaines conversations à reprendre et soutenir jusqu’à aboutissement d’une collation aussi complète que possible sur magnétophone, vont avoir – si vous le voulez bien – cette ambition. Rien que votre évocation d’une personnalité comme celle de Jean François-Poncet me redit les richesses à amener au jour.

à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
22 av. Noël . 94100 Saint-Maur-des-Fossés
Bertrand Fessard de Foucault
Reniac . boîte postale 3 . 56450 Surzur . tél. 06 80 72 34 99 & courriel b.fdef@wanadoo.fr

Reniac, mardi 2 Mars 2010




la conjoncture et – en préalable à ma reprise de la biographie de Maurice Couve de Murville – peut-être ces trois projets d’édition dont je vous donne la notice. Vous avez en main les deux premiers textes qu’il me faudrait relire et surtout augmenter, notamment pour les dialectiques de la Cinquième République. D’un déjeuner la semaine dernière avec Jean-Claude Casanova, j’ai retenu que mes chances d’édition aux Presses de Sciences-Po. sont bonnes compte tenu du caractère ouvert et accessible à des publics plus vastes que celui des lecteurs de thèse, de ce que je propose. Je ne vous cache pas qu’une préface de vous – qui pourrait être sur les crises de légitimité – me ferait très plaisir et m’honorera. Mais nous avons le temps d’en parler.

Je ne quitte pas la Bretagne, sauf événement extraordinaire, d’ici à ce que j’ai fini le tome précurseur du troisième projet : En danger de vie, cf. notice. Ce qui m’amène sans doute à la fin d’Avril. Je séjournerai alors à Paris une quinzaine de jours sans doute de manière à ce que nous puissions nous reveoir et que nous menions à bien le défrichage de la mémoire et des leçons de votre carrière, pour sans doute revenir en arrière et détailler certains points que la mise au net des entretiens que vous voulez m’accorder, suggèrera.

Auriez-vous d’ailleurs quelqu’un – de confiance – qui pourrait saisir nos enregistrements magnétiques ? cela m’arrangerait. Si vous n’avez personne sous la main ou par le Conseil d’Etat, je me débrouillerais.










à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
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Reniac, lundi 26 Avril 2010


pensé à vous vendredi, puisque… depuis 1926…Souhait surtout de santé puisque vous-même et les vôtres, vous rayonnez la sérénité et l’affection mutuelle. Souhait égoïste parce que votre longévité et votre présence d’esprit et de mémoire me sont si profitables, et que j’aime nos moments.

Vous me manquez, votre sourire et votre chaleur, et aussi nos conversations … structurantes et informatives.

Je ne suis toujours pas parisien, voulant absolument arriver au bout du tome II – le premier à éditer si je trouve l’éditeur que le projet d’ensemble passionne ? – de ces journaux-commentaires-mémoires dont je vous ai adressé il y a deux mois la notice : En danger de vie. Quelles sont vos dates d’absence cet été ? car il est probable que j’aurai bouclé à la mi-Juillet au plus tard, et donc que je viendrai alors à Paris : j’ai d’ailleurs à achever la compilation de copies d’AFP pour un de Gaulle selon l’AFP 1944-1970, dont je vous ai parlé aussi.

Notre évolution nationale me désole mais à un point tel qu’il ne peut plus y avoir de progression dans la tristesse et la révolte : vis-à-vis de notre tolérance surtout. Ce système d’autocratie, déjà peu efficace à notre époque puisqu’ausssi bien l’ensemble des procédures et du personnel de l’Etat sont constamment court-circuités ou méconnus, et que rien ne se fait plus sans le consentement des intéressés ou concernés, est un désastre quand on a un déséquilibré dans la fonction, encadré par un père et une énième épouse emplissant nos médias complaisants d’une dose supplémentaire d’ego…

J’ai relancé Jean-Claude Casanova pour les presses de Sciences-Po. mais la corporation des thésards et des politistes doit veiller à ce que le territoire n’accueille qu’eux-mêmes.



à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
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Bertrand Fessard de Foucault
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Reniac, vendredi 7 Mai 2010




votre lettre du 3, avant votre départ pour Puyricard où la présente va vous poursuivre avec sa grosse annexe – hors de notre registre – qui peut-être vous intéressera (diffusée par internet à mes anciens étudiants, aux destinataires d’une lecture quotidienne que je partageais initialement avec ma femme des textes de la messe du jour, aux députés et à une partie de l’épiscopat)… m’a fait plaisir.

Il y a en vous cette simplicité affectueuse et familière qui a été celle de toute la génération de mes mentors et en fait de ce grand et réussi après-guerre qu’ont été nos années 50 et 60, guerres coloniales exceptées mais sans doute inévitables car il y avait une idéologie assez belle pour cette France d’Outre-mer, belle revanche de Waterloo et Sedan. Je pense à Vedel, à Braibant mais aussi à Jeanneney (Jean-Marcel), à Grimaud rencontré trop tard, à Pisani. Que d’inaccessibles et de vains aujourd’hui.

Si les deux tomes d’hommages – 1979 Presse universitaires Aix-Marseille – vous sont accessibles, je serai heureux de les recevoir de vous. J’avais entendu parler de Pierre Kayser, l’ai même un peu lu, et Louis Favoreu fut mon chargé de TD en 1960-1961, ce qui me valut un 20 à l’écrit de constitutionnel en première année de licence. La corporation… j’ai tenté quatre fois le concours d’agrégation. Collé en 1972 car l’épreuve de discussion des travaux coincida avec la publication par Le Monde d’un papier de Pierre Joxe considérant nulle ma critique du programme de la gauche faite sous l’angle des institutions. Collé en 1974 pour insuffisance de travaux. Dans les deux cas, les publications du Monde et le fait que j’avais été à l’E.N.A. et commençais une carrière administrative, me faisaient mal voir. Travaillant-écrivant beaucoup et ayant des loisirs – paradoxal « cumul » dans l’agenda – j’ai re-tenté pour les seules sciences politiques en 2004 et en 2006, proche il est vrai des limites d’âge putatives, mais avec les enfants en bas âge on peut prolonger… j’ai été ré-étendu. Ce que je lis depuis des années sur la Cinquième République, en analyse de fond, et en récit des politiques et des gestions, m’a incité à envisager ce grand chantier, dont je vous ai donc communiqué une petite porte.
Mon rêve, pas complètement dissipé, a toujours été – parallèlement à une carrière diplomatique et à des interrogations sur une vocation religieuse ou sacerdotale – d’être en fait, dans la discrétion, un conseiller du prince régnant, tous azimuts ou boîte à idées ou palpeur de l’opinion pas en sondages mais en parcourant la France et les milieux divers. Un peu Fiévée pour Napoléon (le hasard a fait que j’ai les trois tomes de cette série de notes et rapports, reliés pour Stendhal et lui ayant manifestement servi). J’ai un peu dialogué et correspondu avec Jean Sérisé, beaucoup avec Mitterrand et un peu avec Bianco. Mais je n’ai jamais été en situation. Ecrire l’histoire me « vengera » d’une certaine manière, puisque les puissants sur lesquels on réfléchit et écrit, qu’on juge en intentions et en documents, en empathie ou en reproches des chances du pays qu’ils ont gaspillées, sont en fait sous le joug de notre plume.

Etre en vue, même en carrière à l’étranger (où l’on n’a de difficultés et d’inimitiés à pallier qu’avec « Paris ») n’a jamais été mon souhait. Une influence en profondeur sans signature ni revendication en paternité, selon des axes que nous nous sommes dits « autobiographiquement » depuis le début de nos rencontres – voilà qui reste mon ambition.

Je ne regrette l’université où je n’ai enseigné dans les années 70 puis 2000 qu’au petit pied, mais avec une fidélité et une reconnaissance des étudiants qui demeure, que précisément pour le contact critique et stimulant avec une autre classe d’âges et avec en fait d’autres manières de vivre, comprendre et travailler, exposer aussi. Il y a eu, surtout ces années-ci, où j’avais proposé à Paris VIII deux enseignements, l’un sur le fonctionnement concret des institutions européennes (avec l’étude à mesure des projets de Constitution puis du ravaudage de Lisbonne), l’autre que j’écrirai en forme de manuel car rien n’existe de complet à ce propos, sur les relations extérieures de l’Union. Dans les deux cas, on voit les occasions perdues, la paralysie intellectuelle, le manque d’autorité morale et surtout d’audace de quelques-uns. Excellents pour condamner les lâchetés des années 30 mais nous faisant piétiner depuis au moins Maastricht. On le pays avec éclat ces jours-ci. J’ai beaucoup aimé la Grèce où j’ai été en poste en 1982-1984, et beaucoup de grecs en politique (et de grecques en amour et affection). Ce que j’ai ressenti de mes collègues dans les universités : Rennes naguère et Paris VIII hier, c’est en fait le manque d’ouverture mentale aux étudiants qui ne sont pas respectés, et le manque de réel esprit d’innovation dans le travail des matières à donner et défricher ensemble avec quelques dizaines d’étudiants. Il se peut – mais je vous en écrirai un peu plus tard – que je monte un site électronique pour une « université virtuelle », j’ai réservé les noms de domaine, qui – significativement – étaient libres.

Balzac, Henri IV – oui, je pouvais le deviner. Le goût des archives, certainement. Vous savez que pour « mon » Couve de Murville, il va me falloir « camper » à Fontainebleau, quoique les versements systématiques, selon ce qu’il m’a été dit, et que vous m’avez confirmé à propos de vos premiers entretiens avec VGE en tant que secrétaire général du Gouvernement, ont été longs et aléatoires à mettre en place ou à reconstituer, et ne datent vraiment que de Barre. Mais je ne vous savais main verte. Point commun avec le cher François Goguel : ses roses à Malesherbes, non loin d’une chapelle de Cocteau, elle aussi toute florale. Je comprends donc mieux Saint-Maur et ce que j’entrevois de votre jardin. Je suppose que c’est encore plus attrayant et vivant en Provence.

Notant votre départ pour plus longtemps à partir des 5-7 Juillet prochains, je vous fais part de ma venue à Paris, si elle a lieu avant. Tout cela dépendant et de l’AFP et du bouclage de mon journal 1967-1971.












à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
22 av. Noël . 94100 Saint-Maur-des-Fossés & 4 traverse de l’Eglise . 13540 Puyricard (Aix-en-Provence)

Bertrand Fessard de Foucault
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Reniac, samedi 26 Juin 2010



votre belle et grande lettre du 10 écoulé m’a trouvé surmené, grippé, déprimé et en fait très attristé par cette répétition de remugles divers – en coincidence avec l’encensement du 18-Juin qui ne coûte qu’au budget, mais rien en rectification de comportement. Un tel étalage cynique du sans-gêne, de la cupidité, du mépris des procédures, de l’indépendance mutuelle des mouvoirs m’effondre. Sans doute aviez-vous l’Occupation dans votre adolescence, mais il y avait l’ennemi, sans doute l’affaire des piastres, celle des fuites, ou bien cette façon de trahir des « porteurs de valise », et ma génération avait trouvé réphéhenisble l’affaire Ruvces-Henrys, Michard-Pélissier, la Garantie foncière, le trafic d’Aranda chez Chalandon, mais c’était peu au regard d’aujourd’hui en morale et en valeur financière absolue, et c’était payé, démission de Chaban-Delmas plus ou moins lié au climat délètère et pas seulement au cabinet noir de l’Elysée, et c’était aussi la fin de l’UDR au pouvoir. Aujourd’hui, pas la moindre sanction, pas la moindre honte et une troupe de thuriféraires qui sans doute n’en pensent in petto pas moins mais font le hérisson, crient à la déstabilisation tandis que le grand nombre voit les impôts augmenter, le chômage désespérer presque chaque foyer et d’abord les jeunes qui se demandent pourquoi étudier et quoi étudier, les retraites devenues impossibles à prendre à taux plein, etc… voir Cameron embrasser Carla m’a été ôdieux et est gros de difficultés à venir, plus personne ne se contrôle personnellement, au lieu de se fondre dans de hautes fonctions, on brigue les fonctions pour ce que cela permet et ouvre, Blair et Schroeder et leurs millions (il paraît que Madame de Gaulle, après le Général, n’avait pas de quoi chauffer toutes les piècesde la Boisserie et recevait parfois en manteau, et votre génération a connu Madame Doumergue morte misérable dans une chambre de bonne…

Vous lire et vous demander d’excuser que je vous en remercie si tard, me rassérène. Nous reprendrons donc nos grandes conversations cet automne. J’ai immédiatement senti – sans que ce soit raisonné de part et d’autre – que vous m’accordiez une confiance particulière et qu’en même temps notre exercice vous intéressait parce qu’il met en évidence deux choses auxquelles vous tenez fondamentalement et qu’ainsi vous identifiez mieux : votre propre continuité intime alors que votre magnifique et longue carrière vous a distribué dans plusieurs endroits de l’Etat et de la décision et avec des « patrons » divers, la valeur que vous avez servi, qui est vôtre et que vous avez su reconnaître (ou fortifier) chez ceux précisément qui étaient vos « patrons » politiques. Non seulement, nous allons essayer de creuser vos souvenirs mais nous allons mieux expliciter ce « fil rouge » si vous le voulez bien. Ce peut être utile pour la sauvegarde dans la mémoire collective à venir d’une démonstration que la morale structure la République, l’Etat, la gestation de notre droit en écriture et en application : peut et doit structurer.

Votre lettre traite – avec une grande clarté – votre attitude intime vis-à-vis de la foi (plus que de Dieu), vis-à-vis de l’attitude humaine face à Dieu, et au spirituel. Je crois qu’il est décisif à un moment ou à un autre d’une réflexion ou d’un cheminement, aussi objectifs que possible, d’avoir une vue comparée des grandes « religions », vous l’avez donc, si je peux dire, familialement. Il y a des points communs qui l’emportent, je le sais et le vis, notamment en lisant le Coran plume en main et en diffusant un peu ma lecture depuis le mois de Novembre dernier, et il y a la possibilité de prier ensemble et de cerner nos vies et le monde, face à Dieu et vers lui, qu’on soit juif, protestant, catholique, musulman. L’humanisme, prétendûment agnostique, de Blum, de grands esprits, de la dynastie patricienne des Jeanneney, de Michel Jobert ne tient que si d’une part il cultive hautement la morale – c’est le cas chez mes amis et chez Blum (on n’a guère d’écrits intimes de Mendès France là-dessus) et d’autre part reste interrogatif, arrêté au seuil où l’intelligence ne peut plus aller plus avant. J’ai vêcu souvent combien la foi fait rebondir l’intelligence, pas seulement en philosophie.

L’autre question de votre lettre est immense. Le peuple, son existence en tant que tel, son rôle souhaitable, possible, vérifié ? Un des thèmes de ma recherche – depuis mon adolescence – sur la légitimité. Le concept de peuple n’est l’apanage ni de la République ni du nationalisme. De Gaulle l’a particulièrement cultivé et appliqué, c’est tout le système référendaire et fondamentalement de quelque chose qui est alternativement dans sa propre geste politique le consensus que suscite l’homme du destin ou l’homme d’Etat, ou à l’inverse ce à quoi il répond. On brode à satiété et avec peu d’originalité sur le prophétisme, l’audace, la logique du 18-Juin. On ne dit pas l’essentiel : c’est qu’il a correspondu à une attente, pas tant des événements à venir, que de l’âme et du cœur de Français beaucoup plus nombreux que ceux qui rallièrent jamais la France libre ou votèrent ensuite un jour ou l’autre pour de Gaulle. Des Gaulle a incarné ce que beaucoup voulaient mais ne pouvaient même espérer. C’est alors qu’existe le peuple – fugitivement au regard du temps, mais décisivement et fondamentalement. Le peuple est là quand il inspire ou quand il répond : je ne crois pas que ce soit métaphysique, ce n’est pas l’orgasme collectif du nazisme ou des systèmes totalitaires (Wilhelm Reich) même si certaines acclamations vers le Général n’étaient pas toujours très pures ni réfléchies (j’en fus choqué le 18 Juin 1968, première et dernière fois où je fus au mont-Valérien), c’est quelque chose de très existentiel. Aujourd’hui, nous avons la démonstration inverse avec les multiples tendances au communautarisme dont le dernier avatar va être cette résurrection des classes parce qu’il y a trop de privilèges qui se voient trop, communautarisme dont malheureusement une dialectique que je n’ai pas encore complètement élucidé entre shoah propagandée au début des années 1970 et lien non-national de certains Français juifs avec l’excuse et la défense systématique d’Israël à partir des Six-jours (l’anti-gaullisme trouvant d’ailleurs son premier déversoir quand la cause de Vichy puis celle de l’Algérie française ne pouvaient plus avoir cours).

Dans le cas de l’Eglise, c’est plus simple. La hiérarchie ne vaut qu’instrumentalement et ses ministres que sacramentellement. Peuple de prêtres, de prophètes et de rois, et intuition de Thérèse de Lisieux que masculin et féminin s’assument et se fondent en Dieu, ce qui ne distinguent les rôles et missions qu’accessoirement. Ma thèse est que la transmission de la foi, l’action de l’Esprit Saint qu’elle postule sont l’œuvre de tous et le bénéfice de tous. D’autant plus que le clergé est « paumé », mendiant la considération ou se croyant encore, quand il y a des fidèles, supérieur à ceux-ci en intelligence de Dieu et en charges diverses. Mon papier a de l’écho dans l’épiscopat, je vais développer brièvement deux points : affectivité et gouvernance, et il est possible que quelques réunions sans ambition de communiquer ou de décider, se tiennent dans quelque évêché, car je ne suis pas seul à songer à cette prise de relais. – Prochaine lettre donc vers Puyricard …



à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
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Bertrand Fessard de Foucault
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Reniac, mardi 28 Septembre 2010



silence n’est pas oubli, et j’ai hâte de notre revoir et de renouer avec nos conversations de morale et d’histoire, qui sont la politique à laquelle vous avez tant contribué dans le calme et avec solidité. Mais je n’ai pas encore de dates parisiennes. Dès que j’ai en ai – très sûrement dans ce trimestre – je vous en fais part pour nous entendre.

Voici à nouveau de la lecture – vous avez dû côtoyer Jean-Marcel Jeanneney peut-être pour la fonction publique et ensuite au tout début de François Mitterrand ? et j’y ajoute un papier de 2007, que peut-être à l’époque de nos retrouvailles, au moins téléphoniques, je vous avais adressé. Je le diffuse aujourd’hui auprès des députés. O tempora, o mores… hic tamen vivit.

Je vous espère en votre forme habituelle.

Beaucoup d’autogestions et des devoirs de débroussaillage et de clôturage – sans compter six semaines sans ordinateur qui soit mien – m’ont empêché d’avancer ces mois-ci la saisie de mon journal 64-71 dont j’attends beaucoup en édition, tout en étant capable de passer à la suite (« mon » Couve de Murville tant retardé mais dont je garde une vive envie qu’il aboutisse) si ce n’est pas reçu. Et il y aura la collation de mes entretiens politiques depuis 1969 en plusieurs tomes : La constellation de Gaulle. Je compte continuer mes Dialectiques de la Cinquième République malgré ma déception aux Presses de Sciences-Po. Cela passera quand j’aurai réémergé en édition, sinon notoriété.







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Résidence Maeva . 18 rue du Sporting . appt 03S17 . 74120 Megève
       jusqu’au matin du samedi 15

Le mardi 4 Janvier 2011


merci pour le ré-accueil, merci pour la confiance en me prêtant ces volumes (la commission d’armistice) que je tâcherai de me procurer, mais dont je vais voir la correspondance avec les archives-même que j’ai en photocopie.

Voici les fragments de Bouthillier et aussi une note que j’avais adressée au Canard à la mort de MCM.

Plein de vœux pour vous, pour Madame LONG et aussi pour toute cette descendance heureuse qui vous rend heureux, ensemble.

Je n’ai pas encore de date pour mon retour francilien, mais il me semble que nous devons – pendant quelques rencontres – exploiter à fond vos cahiers de notes. Notamment cette période de continuité que vous avez assumé, ayant comme frère jumeau Maurice Grimaud chez Defferre. Vous êtes seul à vous lire et à pouvoir commenter, et nous sommes établis dans une relation de communion intellectuelle et de confiance qui permet le travail commun. Je me réjouis beaucoup de cela.

D’ici notre revoir, je vous redis ma joie de vous avoir ainsi rencontré. Je vous parlerai de ce que je compte vous soumettre à mesure – avant de reprendre ma biographie de MCM – un essai d’histoire politique court me permettant de caractériser l’actualité et le futur proche : Mouvement social et pouvoir politique. Réflexion et observation sur les dilemmes de la gauche mais plus encore sur l’esprit du pouvoir ayant dégénéré de de Gaulle la participation et le souci du consentement populaire, de l’adhésion au mépris que manifeste l’actuelle autocratie.


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Reniac, le mardi 1er Février 2011



vos cartes, trouvées à notre retour de Megève, m’ont beaucoup touché, et la chaleur autant que la précision de vos conseils – me concentrer – m’ont fait du bien et correspondent à ce dont j’ai besoin, cher Mentor.

Je note que pour le moment la nouvelle édition du « classique » vous absorbe, mais cela tombe bien car je n’ai de mon côté pas encore de dates parisiennes. Celles-ci tiendraient en principe à l’achèvement de ma compilation A.F.P. et aussi à une rencontre avec la nouvelle équipe de la Fondation de Gaulle, à qui je me propose pour la direction de la revue Espoir.

Plusieurs semaines de rédactions diverses et aussi de soucis à cause d’un redressement fiscal qui rendrait impossible notre trésorerie déjà très bancale du fait de ma retraite, anticipée par force. Le récit de mes ennuis et de mes tentatives pour remonter en selle, parallèlement à des déboires importants subis par ma femme, se fera un jour ; je ne déflore pas le sujet, et il est plutôt très triste et handicapant.

Je commence mon essai sur mouvement social et pouvoir politique, et vous en donnerai de bonnes feuilles pour observations critiques, dès qu’il y en aura quelque masse. Mais puisque vous évoquez mon grand œuvre, voici quelques copies qui, je l’espère, vous feront plaisir.








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Reniac, le matin du jeudi 3 Mars 2011


j’espère que l’édition nouvelle avance bien et que ces rencontres – pour la grande cause de notre état de droit (je ne sais s’il faut mettre la majuscule ou pas, l’institution ou la situation ?) – vous gratifient. J’ai donc gardé le silence depuis votre dernière lettre qui m’a vivement intéressé tant elle était topique – la relation complexe mais belle et confiante entre Parodi et MCM. Vous ai-je dit que Pompidou avait explicitement dissuadé le premier d’entrer dans le gouvernement du second qui le souhaitait beaucoup pour un grand ministère du Travail et des Affaires sociales : je le tiens de Bruno de Leusse. Pompidou a tout fait pour que le dernier gouvernement du Général, puisque ce n’était plus le sien, soit le plus mal composé possible, MCM, en seigneur et ne se confiant qu’en de Gaulle, s’en arrangea, mais Parodi et Wormser (pour les Finances) lui manquèrent décisivement, et donc à la conclusion de tout.

Je n’ai pas encore de dates franciliennes et de toute manière j’attends que vous soyez plus libre, mais en attendant notre prochaine conversation, j’ai pensé que vous avez suivi la polémique sur les responsabilités dans notre politique extérieure.

Voici ce que j’essaye de faire passer dans Le Monde et qu’à défaut je couriellerai à l’impétrant, ainsi qu’aux députés et à chacun de nos ambassadeurs en poste.

Avez-vous lu la brochure de Stéphane Hessel ? et laviez-vous rencontré dans les années 70 ou 80 : ses mémoires, Danse avec le siècle, sont bien, et il est l’un des héros vrais de Jules et Jim. Son succès comme celui de Lonsdale (Des hommes et des dieux)– ils font chacun une tournée dans toute la France – montre combien le pays manque de repères et d’autorité morale, et s’en rend enfin compte. Il est heureux que le fiasco de Sarkozy soit aussi prononcé et net, que devienne probable une défection générale de ses soutiens en sauve-qui-peut électoral. Malheureusement, le PS se lit, pour le grand nolbre, davantage en compétition pour l’investiture qu’en projet alternatif de redressement, d’abord moral et institutionnel, du pays. Je n’ai malheureusement plus la voix pour le dire comme antan. Mais il y a internet : mezzo voce.

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Reniac, le vendredi-Saint 22 Avril 2011





je vais beaucoup penser demain à vous et aux vôtres, à Madame LONG, en particulier, pour votre anniversaire. Que cette quatre-vingt-sixième année vous maintienne dans cette forme d’alacrité et de sourire vous rendant physiquement inaltérable. Que nous puissions mener à bien ce travail que – sans définition ni débouché – nous nous sommes donné à vivre et faire ensemble. Vous avez certainement un devoir de mémoire, pas seulement factuelle, mais d’appréciation du présent et de nos perspectives dans beaucoup de registres.

Je demeure très heureux de notre rencontre et nos conversations et travaux m’ont d’emblée passionné.

Où en êtes-vous de la nouvelle édition des Grands arrêts ? Qauriez-vous du temps fin Mai-début Juin, époque à laquelle je compte venir à Paris au sens large et pourrai rester un peu. Il me semble que nous aurions deux choses à faire : poursuivre et terminer le parcours de votre carrière, mettre au net vos notes de cahier. Je ne sais combien vous avez de ceux-ci. A mon sens, vous êtes le seul à pouvoir vous déchiffrer et vous commenter, selon ces notes et collages, et je suis probablement le seul qui puisse vous donner du temps et de la dactylographie, et en même temps avoir la culture générale pour vous aider dans une présentation éventuelle. Il faudrait donc que nous soyons ensemble, ainsi, plusieurs jours ou deux semaines d’affilée, moi venant une demi-journée chaque jour par exemple. S’il faut trouver un autre moment, nous le trouverons, n’est-ce pas ?

Je ne vous parle pas de mes propres travaux, je n’ai fait qu’esquisser mouvement social et pouvoir politique, et ai arbitré pour le plus facile à faire éditer : un portrait de chacun des présidents de la Cinquième République, ce qui me permettra de tout dire de mes convictions et de mes critiques. Je vous donnerai cela à lire et corriger-suggérer président par président.

Je ne sais si vous avez regardé la fiction sur les derniers mois de Georges Pompidou. Vous étiez vous-même à un bon poste d’observation ! Voici ce que j’en ai pensé. Marie-France Garaud, sans m’être proche, m’avait reçu à Matignon en 1975 et de nouveau, il y a trois ans. Nous nous écrivons de temps en temps : je lui écris, et elle réagit (ou éructe) par un long téléphone, toujours imprévisible de date, sinon que c’est ab irato et que l’on n’est – selon elle – jamais assez d’accord avec ses propres vues ou son expérience.











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Reniac, le jeudi 26 Mai 2011




votre lettre d’il y a près d’un mois m’est bien parvenue et m’a passionné par cet échange sur les personnages dont vous avez une vue et une expérience propres.

A l’amateur d’art et au connaisseur de Vasarely, j’adresse ces trois notes d’exposition – nous avons un centre culturel dans le château qui fut celui des Lanjuinais, non loin de chez nous. Connaissez-vous ces deux artistes ?

Au critique serein de notre cours politique (le s. à dessein pour ne pas écrire cour… puisque ce qui existe actuellement n’en pas même l’éclat), note de blog-journal politique. Ma femme et moi avons écrit à Sainclair et à DSK. La « punition » est disproportionnée. Notre fille a fait un dessin pour Anne Sainclair. Aucun des deux personnages ne nous étaient a priori sympathiques.

Je ne vous ai jamais produit l’arrêt dont le Conseil d’Etat m’a gratifié en Novembre 1997 et qui devait être mentionné (ou reproduit ?) au Lebon. Je vous adresse cela par prochain courrier, avec une note de doctrine que cela a provoqué et une lettre de l’association du corps préfectoral. Mon rappel du Kazakhstan – censément acte de gouvernement – a été censuré sur rapport de Ronnie Abraham, que vous avez dû connaître. J’aimerai qu’une édition de la bible que vous commettez en collège, en fasse un jour état. Est-ce à présent trop tard ?

Donc, à nous voir quand même avant l’été – pris au sens large ? – quand partez-vous dans le midi ?





à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
22 av. Noël . 94100 Saint-Maur-des-Fossés

Bertrand Fessard de Foucault
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tél. 06 80 72 34 99 ou à défaut 98 & courriel b.fdef@wanadoo.fr

Reniac, le vendredi 1er Juillet 2011

une dernière lettre avant Puyricard – célébré ces dernières semaines par ce dramatique « fait-divers » – puisque j’ai retenu que vous y partez le 7 prochain. Votre humilité en matière d’art m’a touché : vraie, que tout le monde, surtout « expert », devrait avoir.

Oui, j’avais cherché à vous voir en Décembre 1993 sur le livre blanc ; j’étais encore ambassadeur et avais quelques éléments sur le système soviétique et la politique américaine de rachat des têtes nucléaires dans les anciennes Républiques fédérées. J’avais ensuite essayé d’accéder aux archives des conseils de défense au temps du général de Gaulle, sur le conseil de Pierre Messmer, pour y suivre les interventions – éventuelles – de Maurice Couve de Murville : sans succès ni accusé de réception de ma lettre de la part du SGDN de l’époque, vers 2000. Je n’oublie pas les volumes publiés sur la commission allemande d’armistice, et reprenant mon travail de biographe cet automne, je pourrai vous les rendre à la fin de 2011 ou au début de 2012.

Ci-joint, encore un peu de lecture. Des souvenirs et réflexions sur l’éducation reçue des Jésuites – que je soumets à des cadets de mon collège en train d’en sortir et avec qui j’ai eu, en compagnie de quelques seniors, un débat sur les carrières de la fonction publique. Cela peut susciter les vôtres, enfant de l’instruction publique, si j’ai bonne mémoire. J’y ajoute quelque chose sur le mariage – le mien sur le tard, alors que vous aux aurores et en cour de récréation… Et enfin ma dernière apostrophe à l’Elysée par courriel. Je compte réunir mes diverses correspondances avec le pouvoir depuis Mai 2007 pour tenter de les faire éditer.

Je ne crois pas avoir lu les premières éditions de Jean Massot. Dans un ordre d’idées voisin, je commence et espère le produire d’ici la fin de Septembre – tant je vis le sujet depuis au moins cinquante ans – cette série de portraits raisonnés mais écrits selon la même structure, chacun, des présidents successifs de notre Cinquième République. Je vous les soumettrai à mesure. Pouvez-vous me rappeler vos dates de résidence à Puyricard ?

à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
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Bertrand Fessard de Foucault
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Reniac, le samedi 3 Septembre 2011




anniversaire de ma mère, qui fut mon amie la plus sûre, relation très construite et pas immédiate, mais extraordinairement mutuelle, apaisée, forte. Grâce dans ma vie. Parlez-moi, reparlez-moi de vos parents, s’il vous plaît.

J’ai été passionné et très ému par votre longue et belle lettre d’il y a près d’un mois. Je l’ai laissée sans réponse immédiate, alors qu’elle m’avait touché de deux manières, son contenu en elle-même et la confiance, le compagnonnage que vouss m’accordez. Il m’honore et me réchauffe. J’en ai besoin car je souffre de plus en plus – quoique ce soit rétrospectif – de ma mise à bas et au ban il y a plus de quinze ans, quand ma carrière a été brisée. Par prochain courrier, vous me direz si ce doit être à Saint-Maur… je vous donnerai l’arrêt du Conseil d’Etat censé me rendre justice, au moins pour l’honneur, mais qui n’eût aucun débouché pratique, sauf qu’il intéressa beaucoup de placardisés et d’associations de hauts fonctionnaires… le non-emploi et le chômage rongent plus sûrement qu’un cancer et même la pauvreté. Ce n’est jamais vraiment analysé. Le travail n’est pas seulement un salaire, une considération, un gagne-pain, il est vraiment une structure de la psychologie humaine, il doit être rémunéré, il n’est pas qu’une occupation (ou la « variable d’ajustement » dans la conduite d’une entreprise, comme de nos jours)…

Voici deux choses. La première que j’ai circulée auprès des ambassadeurs actuellement en poste, une note de réflexion sur la situation internationale, dont j’avais différé la diffusion au moment de notre intervention en Libye. Je vais la faire suivre d’une autre, sa jumelle mais plus en perspective, et vous l’adresserai sous peu. La seconde, quelques pages dont je commenbce la saisie intégrale, non sans bonheur, ce que j’écrivais selon l’inspiration et les circonstances, mais d’après nature… pendant que je fus au Brésil : Décembre 1984 à Décembre 1986.

J’ai enfin été heureux que mes pensées sur le mariage et aussi sur le tréfonds de toute vie que sont les années scolaires vous rencontrent, et rencontrent votre admirable compagne de vie et de tout. C’est, comme pour vous, ma mère qui m’apprit à lire : graphiquement, puis ensuite par sa bibliothèque, toute l’actualité en romans français et étrangers des années 1925 à 1960, quantités de premières éditions, Montherlant, Mauriac, Brasillach. Une des énigmes que vous me présentez par un silence relatif etune pudeur chaleureuse et rayonnante, tient à votre rapport à la religion : cette sœur Thérèse, vue de loin.

Qualité sans doute du terreau provincial, et aussi du soleil provençal, une fraternité qui est tout autre à Paris. Je ne sais encore si cela peut exister aujourd’hui. Dans les drames de cette sorte de désagrégation nationale que nous vivons, en même temps que du saccage de nos institutions pas seulement constitutionnelle, il y a certainement ce qui a fait la structure de nos enfances : les parents, les maîtres, l’associativité, et des penchants pour la fratrie. Les prix auxquels vous faites allusion, et qui étaient aussi à l’honneur chez les Jésuites, y compris celui d’estime (décerné au suffrage universel dans les classes), n’étaient pas encouragement à la compétition, mais à l’effort et à une relation à soi-même autant qu’à ce que nous recevions. Rétrospectivement, tout nous paraissait estimable. Et non critiquable ou haïssable comme aujourd’hui. ? Si la jeune génération est si endommagée à son adolescence, c’est que les nôtres ont produit de l’haïssable et du critiquable par des tolérances inimaginables il y a encore une trentaine d’années. Vous avez su conserver et animer des vies associatives. Je m’y essaie depuis quatre ans pour ma promotion de collège jésuite, cela marche assez bien. Mais localement, après un mandat municipal – comme simple conseiller du rang, trois mille habitants, en environs de Vannes, campagne-sur-mer – je n’ai pas décroché la mairie et suis plutôt dans un relationnement et des possibles amitiés que coup par coup et en compagnie de ma femme et de notre fille. Je me suis pas inséré, comme l’on dit. J’avais fait une tentative, très artificielle, à Pontarlier entre 1980 et 1989, pour tenter de succéder à Edgar Faure, mais sans l’appui d’un parti, ce fut sociologiquement et politiquement passionnant, le fonctionnement intime de la politique par le niveau local. Vous avez vécu la grande dans le Maroc qui changeait par rapport à nous, puis auprès de nos personnages d’Etat, tout en gardant la cour d’école et les arbres et paysages de votre enfance, de vos enfances à tous deux, votre femme et vous. Que pensent vos enfants ? de vous ? de votre vie ? je ne dis pas : carrière, le mot est inadéquat, s’agissant de vous et du parcours.

Je travaille à compiler mes adresses à l’Elysée et autres, pendant ces quatre ans et demi, puis à cet essai d’empathie politique : le portrait des six présidents… Je vous l’adresserai. Peut-être nous revoir à la fin de Septembre, il se peut que j’aille à Paris pour un colloque Mai 68, l’université et de Gaulle, les 22 et 23…

Beaucoup à échanger. Faire ce travail de mise au net de vos notes et carnets. Idéalement, il y aurait pour 1981-1982, un rapprochement entre vous et des notes inédites – dont je sais l’existence mais auxquelles je n’ai pas encore eu accès – de Maurice Grimaud, dirigeant le cabinet de Defferre. Et Braibnat a-t-il laissé des notes sur Fiterman et cette période. Un livre à trois mains de personnalités indiscutables et chacune dans un poste-clé d’action et d’observaiton serait important pour cette continuité qui me paraît être votre marque tranquille, mais aussi votre hantise pour notre pays… à voir. Quand nous aurons fait le travail vous incombant. Septembre sera sans doute trop tôt pour vous.

Je vous envoie par prochain courrier cet arrêt m’ayant concerné.








à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
4 Traverse de l’Eglise . 13540 Puyricard


Bertrand Fessard de Foucault
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Reniac, le samedi 1er Octobre 2011


j’allais vous saluer au premier rang du colloque sur l’Université après Mai 68, jeudi dernier – j’y assistais aussi… quand vous êtes sorti pour ne pas revenir. Par prochain courrier, les notes que j’ai prises : intéressant mais pas corruscant, sinon la démonstration d’une part de l’adaptabilité des outils ministériels qui en quelques jours ont pu concevoir et débattre sur un sujet immense en Juillet-Août 1968, et d’autre part de la ductilité et de cette forme d’humilité pour les grands sujets qu’avait de Gaulle, capable de voir autrement puis ensuite de veiller avec minutie.

Je suppose que vous aviez reçu à Puyricard encore ma lettre du 3 Septembre. Grand merci de m’avertir par votre bonne lettre du 28 de l’examen que vous allez subir. Je vous sens inquiet et me permettrai de téléphoner dès le lendemain à Madame Long pour avoir de vos nouvelles. Pouvez-vous l’en prévenir ? si vous le voulez bien. L’examen de toutes manières n’est agréable à aucun point de vue, même en anesthésie totale ou partielle et il faut espérer qu’il n’y aura pas à pratiquer une autre forme d’investigation. Comme c’est un de mes points faibles avec d’autres embarras viscéraux depuis une péritonite appendiculaire, bien curée à Vienne mais j’avais cru mourir de douleur, je peux penser à vous de manière circonstanciée.

Ci-joint quand vous aurez temps et goût ce que j’ai adressé hier à l’Elysée, à mes deux contacts : lettre que j’ai méditée et raturée pendant une dizaine de jours. Je ne sais si vous avez suivi les débats télévisés entre concurrents socialistes, c’était bien, assez joué en équipe, mais à la réflexion et avec le recul, pas beaucoup d’originalité et un angle assez restreint d’examen et de réflexion. Ce qu’il nous manque ce sont 1° une grande autorité morale, et 2° des politiques résolument familiales et européennes. Charisme et perspective.

Si quelque écho me venait de ma missive, je vous le ferai savoir. D’ici la fin de la semaine à venir, ma pensée, et ma prière sont avec vous et avec Madame Long.


à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
22 av. Noël . 94100 Saint-Maur-des-Fossés

Bertrand Fessard de Foucault
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Reniac, le mercredi 19 Octobre 2011


votre lettre du 15 m’émeut comme la précédente. Si je n’ai pas de nouvelle lettre de vous, j’appellerai Madame Long pour savoir les dates d’intervention puis prendre des nouvelles du convalescent. Je suppose que vous craignez tous deux un cancer, mais il semble bien identifié topographiquement et pris à temps. Il m’a semblé aussi depuis notre première rencontre que vous étiez en très grande forme, sans même qu’il soit tenu compte de votre âge. Je suis donc optimiste, mais sachez ma pensée désormais constante et ma prière, même si – comme dans la chanson – il y a ceux qui…et ceux qui ne… pas…

De nouveau de la lecture, un papier qui reprend en argument ma suggestion vers l’Elysée à plusieurs reprises depuis le printemps mais qui se met à jour avec la désignation de Hollande (qui n’était pas mon candidat : dès 2006, j’avais apprécié l’élégance de Royal qui aurait fait merveille à l’international, en répondant tellement à l’idée que l’on se fit longtemps des apparences françaises, maintenant pour le second tour, c’était Aubry, conséquente, solide, notre Merkel …).  Je ne suis optimiste ni sur la qualité de la campagne ni sur un changement au cas où l’opposition l’emporte. J’ai parfois des accusés de réception, mais c’est l’exception. Je n’ai pas naguère demandé à rencontrer Pompidou, mais je savais qu’il me lisait dans Le Monde et qu’il m’aurait reçu, Fauvet m’en dissuada, la mauvaise humeur présidentielle, etc… il avait tort. VGE me fit recevoir régulièrement par Jean Sérisé : c’était très bien. Avec Mitterrand, la relation fut souvent tête à tête, et parfois le rendez-vous le jour pour le lendemain, dans certaines circonstances, où il cherchait à voir. Avec Chirac rencontres et correspondances, jusqu’en 1995, alors Villepin fit barrage et je sus par Landrieu, un temps directeur du cabinet, que mes lettres même déposées de la semaine, étaient aussitôtj’allais vous saluer au premier rang du colloque sur l’Université aussitôt introuvables.

J’avais écrit à Sarkozy, maire de Neuilly, dès 2000, dans la même dialectique que j’ai eu depuis de Gaulle : chercher quelqu’un arrivé ou ayant des chances d’arriver (ce qui ne serait jamais mon cas propre) pour le « conseiller ». Avec le temps qui passa, ces cibles étaient de moins en moins adéquates mais en avais-je d’autres. Il s’ajouta à partir de 1995 la nécessité de mon rétablissement dans quelque organigramme que ce soit. J’eus de Neuilly deux ou trois réponses, banales et pas de rencontre. A l’avènement, j’adressai à Guéant une batterie de notes sur l’intelligence économique, que j’avais failli intégrer en début d’année, comme emploi de raccroc, j’étais disposé à tout accepté, ce me fut refusé, malgré un appui de Matignon par téléphone, et la rencontre d’un intéressant préfet que je continue de voir : Michel Cadot, maintenant en Bretagne après le Limousin. Je n’eus pas d’accusé de réception. Je tentais de m’immiscer même en simple preneur de notes dans la commission Balladur sur la Constitution, sujet que je possède. Ma demande en forme au président régnant donna lieu à une lettre-type me remerciant de mon encouragement de la révision… donc à côté. Je n’avais pas voté pour lui, le tutoiement du premier rang lors du discours d’Epinal me hérissa, le cheminement du projet aussi. La rupture se fit quand je répliquais au nom du président mauritanien renversé dont Sarkozy assura en conférence de presse à Niamey au printemps 2009, soit six mois après le putsch, qu’il l’avait appelé longuement au téléphone et que d’autre part il n’y avait aucune contestation du putsch là-bas. C’était matériellement faux sur les deux points. Je le fis savoir par courriel à Frémont. Aussitôt ma messagerie informatique fut ravagée et l’ordinateur de ma femme mis hors d’usage. Et nous fûmes manifestement placé sur écoûte. La ligne selon France Télécom. a souvent été « bidouillé ». Il en avait été de même à mon retour du Kazakhstan pour le téléphone de ma future femme, à Paris.

Donc pas de réponse encore à ma grande lettre. Les deux facteurs de ma relative pénétration des cercles du pouvoir naguère ont tenu aux colonnes du Monde – je n’écrirais évidemment pas à l’Elysée si elles m’étaient encore ouvertes, et j’y serai d’ailleurs reçu même et surtout opposant – et à ma jeunesse biologique. La lettre du 30 Septembre est en fait une des pièces conclusives d’un recueil que je tente de faire éditer – style Hessel mais en profus – pour l’ensemble de mes correspondances vers le pouvoir, Elysée, Matignon et même opposition de gauche, quand c’est un peu étendu, cela à compter de Mai 2007. J’espère Fallois. Si cela marche, je lui donnerai la compilation de mes notes périodiques pour l’élection de 2007 et celles rédigées pour 2012, compilation à la date de son édition. Je vous épargne ces liasses… mais ajoute quelques réflexions sur Euro-Disney… y êtes-vous allé ? en famille. Peut-être avez-vous eu à connaître du projet ?




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Bertrand Fessard de Foucault
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Reniac, le samedi 3 Décembre 2011


une nouvelle fois, vouss m’émouvez beaucoup : votre lettre du 30 Novembre. Je vous suppose encore plus dolent d’âme et en révision de vie, que souffrant physiquement. Dépendance et enfermement, vous qui êtes si relationnel. L’exercice que nous avions commencé a une part de cette révision.

Je vis comme vous, quoique votre cadet, ce regard sur une vie et un certain récitatif. Peut-être ai-je l’avantage sur vous que la sensation du « coup de vieux », forcément déprimante au début du processus (mais le débouché, une fois le « pire » vue et accepté, est en grande lumière car on se connaît mieux et l’on sait sur quoi en soi s’appuyer et qui nous accompagne, spirituellement ou affectivement), cette sensation je l’ai depuis le début de Juin, époque depuis laquelle je traine un peu, sans qu’un diagnostic médical précis ait été posé, avec quelques pépins précis, gênants mais sans gravité. Il se peut qu’enfermé dans ces lieux et quoique visité avec la tendresse et l’attention à vous que je suppose et sais de Madame Long, vous éprouviez votre condition de façon différente et pas immédiatement agréable. Ma femme s’y connaît bien en oiseaux, elle vous aurait donné un répertoire, mais avenue Noël, il y a le jardin, le mail en contre-bas, donc déjà des oiseaux, ce doivent être les mêmes.

D’ici une plus grosse enveloppe – de l’observation politique – je veux vous dire sans retard ma déférente affection, que vous savez, et mes vœux pour que bien vite vous soyez à nouveau dans vos aîtres et lieux, re-indépendant.

Et puisque vous avez – bellement – évoqué votre mère… ceci vous intéressera peut-être.





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Reniac, le lundi 10 Septembre 2012






des lustres que je ne vous ai pas téléphoné ni écrit. Je vous en demande très affectueusement pardon. Et pourtant je n’ai cessé de penser à vous.

Voici du papier pour la conjoncture. L’Elysée m’accuse  réception, mais ce n’est pas la relation organisée, même sans emploi ni mention dans l’organigramme, que je demande depuis près d’un an, d’avoir directement avec Hollande.

Je n’en désespère pourtant pas.

Pourrions-nous envisager de poursuivre les entretiens que vous m’accordiez et regarder aussi la mise au net de vos notes et cahiers passionnants parce qu’ils démontrent que le sens de l’Etat et le souci, l’art de son continuité sont une des clés – aussi – de notre avenir et de nos discernements.

Je vous espére en bonne santé après cette épreuve d’il y a maintenant quelque temps.









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Reniac, le samedi 4 Janvier 2013






de nouveau du papier après ma lettre du 10 Septembre.

Des vœux aussi de santé et de travail fructueux, car je suis sur que vous continuez d’être sollicité et que vous restez passionné et participant de bien des sujets.

De mon côté, je vais reprendre mon travail sur Cuve de Murville et séjournerai davantage à Paris ce semestre que l’an dernier. Je n’oublie pas à cet égard les volumes que vous m’avez prêtés sur la commission d’armistice. Nous pourrions reprendre aussi nos conversations et le fil du récit de votre carrière. Je reste également preneur de ce que nous pourrions mettre au net de vos notes en conseil des ministres.

Il me semble que votre année 2012 a été un peu ralentie par des questions de santé. La mienne a été marquée par ma tentative d’être assez proche de Hollande pour le bien commun, je n’y ai pas réussi. Et je déplore la tournure que prend ce mandat qui avait beaucoup d’occasions et surtout de motifs pour être créatif. Voir un pays comme le nôtre se vider de sa substance patrimoniale, être dirigé pour ses entreprises et pour son Etat par des gens ayant davantage l’art de parvenir que celui de bien diriger, animer et discerner. J’en suis triste.







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Bertrand Fessard de Foucault

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Reniac, le lundi 11 Février 2013




votre lettre du 20 Janvier ne m’a pas déçu parce que c’est votre lettre, qu’elle est vraie et sincère et parce que je vous estime. Elle témoigne même d’un grand sens de la vie et de l’existence humaine : je vous remercie de ce témoignage de lucidité.

Je pourrai vous écrire très longuement mais ce ne serait pas une réponse.

Trois choses cependant.

La première, c’est que vous avez « eu » une carrière exceptionnelle par sa longévité, sa continuité spirituelle et par sa diversité. Il me semble que vous devez à la société française qui se cherche, notamment à la haute fonction publique et à celles et ceux qui veulent en faire partie et s’y préparent, un témoignage. Pas par rapport à vous comme mémorialiste, mais par rapport à autrui pour dire le service public, le bien commun, une sérénité dans l’intelligence du dévouement.

La seconde est que toute comparaison entre nous, surtout à âge égal, ne vaut pas. Mes grosses alertes de santé et fatigues qui vont avec sont de 1990 avec une péritonite apendiculaire : j’ai alors 47 ans et de 2000, l’ablation de la prostate, j’ai 57 ans. Mais surtout ma carrière a avorté à pas 52 ans (Février 1995) et, malgré des efforts et des recherches de quinze ans dans tous les sens et domaines, je n’ai pu retrouver d’emploi ni dans mes administrations de détachement puis d’origine, ni dans les universités par association ou par concours d’agrégation (droit et/ou science politique), ni dans les grandes entreprises que j’avais suivies et aidées quand j’étais à l’étranger, ni en répondant systématiquement aux appels à candidature pouvant me correspondre (observatoire européen des discriminations, interface de la Cour pénale internationale avec les Etats, installation du bureau parisien de la ligue internationale des droits de l’homme, boîte à idées et plume d’un grand anonyme élu local dans l’Ouest, sans compter tous les cabinets d’avocats plaidant ou d’affaires à Paris) avec lettres à Chirac systématiquement interceptées par Villepin, recommandation (molle) de ce dernier devenu Premier ministre à Bercy pour me reprendre (l’intelligence économique), enfin des offres de service à Hollande depuis son investiture en Octobre 2011. Aucune porte ne s’est ouverte, aucune main ne s’est tendue et si le Conseil d’Etat, pour des raisons de forme, a annulé mon rappel du Kazakhstan (ce qui était une révolution juridique, vous le comprenez encore mieux que moi), cela n’a rien produit pour me « recaser ». D’où une vie d’auto-gestion de divers procès que génère une trésorerie trop modeste et des engagements pris selon une carrère dont je ne prévoyais la péremption. – Ce qui vous explique d’ailleurs qu’à ma grande honte je n’ai pu vous offir à l’époque la cartouche de rechange pour votre télécopieur. – Ambiance handicapant l’écriture de mes projets de livres et que rachètent seuls l’amour de ma femme et de notre fille, la certitude aussi de n’avoir pas démérité.

La troisième est toute simple et naturelle. Vous revoir pour prendre de vos nouvelles, au moins. Et si avec le temps – qui n’est jamais compté comme nous le croyons, que nous soyons dans l’enfance ou dans la vieillesse ou dans n’importe lequel des âges humains – l’envie et le goût vous reprennent que nous continuions votre mémoire, et que déchiffrions ensemble vos cahiers, je serais avec joie à votre disposition.

Je garde encore vos volumes – introuvables sur la commission d’armistice – pour vous les rendre quand mon premier tome sur MCM sera bouclé : je reprends tout cela d’ici l’été.
 
Ces jours-ci, un nouveau papier de conjoncture politique. J’ai la sensation – suis-je le seul ? certainement pas – que notre pays coule comme aux plus mauvais de son histoire, alors que tous les moyens nationaux et européens sont disponibles, pourvu qu’on imagine un autre cours que la soumission à « Bruxelles » (qui n’est pas l’Europe) et aux marchés (qui ne sont pas l’économie).






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Reniac, le mercredi 24 Avril 2013



simplement vous souhaiter à retardement un bon anniversaire et une bonne quatre-vingt-huitième année. Que la suite de votre vie soit celle qui vous conserve de l’appétit pour l’existence et de l’élan pour ceux qui vous aiment et aussi pour ceux – plus lointains, dont je suis – qui vous estiment et continuent d’attendre de vous le témoignage du possible puisque dans le passé, ce le fut.

Je serai probablement quelques jours francilien en Mai ou en Juin, et vous disant mes propres dates, chercherai à connaître les vôtres s’il vous plaisir de me revoir et de parler un peu.

Comme vous-même sans doute, je suis désespéré de la tournure des choses dans notre pays : la sensation que tout se déglingue et qu’il n’y a aucune pensée structurée ni structurante, évidemment pour redresser l’ensemble, sujet pendant depuis l’automne de 2008, mais aussi pour vraiment diriger dans le moment présent.

Sauf contre-ordre de dernier moment, je fais un aller-retour à Paris demain par le train pour rencontrer Lemas, l’actuel secrétaire général de l’Elysée et convenir avec lui, si c’est dans son esprit et surtout celui de Hollande, un mode de rencontre avec ce dernier et de conseil. Fiche jointe adressée il y a plus de quatre mois, demande de relation sollicitée depuis l’investiture socialiste. J’aurai tout tenté à la fois pour être utile et contribuer à une reprise des esprits, et aussi pour me resituer un peu, malgré ma placardisation qui datera bientôt de vingt ans.






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Reniac, le mercredi 23 Avril 2014





le téléphone ne décroche pas et je n’ai plus de télécopieur… alors que je veux vous souhaiter un bon anniversaire et une bonne quatre-vingt-neuvième année. Dispositif de ma lettre de l’an dernier… Que la suite de votre vie soit celle qui vous conserve de l’appétit pour l’existence et de l’élan pour ceux qui vous aiment et aussi pour ceux – plus lointains, dont je suis – qui vous estiment et continuent d’attendre de vous le témoignage du possible puisque dans le passé, ce le fut.

J’esssaierai de vous appeler de nouveau et probablement francilien en Mai ou en Juin prochain, serai heureux de vous revoir.

Et plus encore, si cela vous convenait de nouveau, de continuer ce que nous avions regardé ensemble pour votre parcours si éloquent, et aussi ce que nous avions découvert qui peut être utile au bien commun : une mise au net d’une partie de vos notes en conseil des ministres.












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Reniac, le jeudi 23 Avril 2015





je vous aurai sans doute appelé ce soir, et j’espère que cette journée aura été belle et que tous deux vous aurez été entourés. Je ne réalise pas votre âge – ces 89 ans accomplis … ! – tant je vous ai trouvé et vécu alerte pendant nos conversations à partir de 2009. mais c’était avant cette longue hospitalisation.

Je vais être parisien du 5 au 12, et serai heureux de venir vous visiter si vous en avez goût et convenance. Vous rappellerai aussi pour cela.

Pleine de vœux : santé, affection, lucidité. Et si possible reprise de nos travaux biographiques et éventuellement de vos archives pour un témoignage sur cette période de 1980-1981.









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Bertrand Fessard de Foucault

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Reniac, le samedi 30 Avril 2016





bien pensé à vous, à la saint-Georges… depuis 1926.

Plein de vœux, vous et Madame Long.

Vous revoir en venant vous visiter. Vous appellerai au téléphone pour savoir si cela vous sera agréable et possible.

Et peut-être reprendre nos exercices et aussi vos cahiers aux côtés de Gaston Defferre.

Ci-joint, ce que j’entreprends. Votre réaction et vos jugements ou pensées, me seront précieux.











à Monsieur Marceau LONG, vice-président honoraire du Conseil d’Etat
22 av. Noël . 94100 Saint-Maur-des-Fossés