samedi 23 août 2014

le poids de l'échec d'autrui

vies d'autres

Vues à la plage - sera développé - re-la famille en bleu de l'Indre, trois, deux, et deux - les deux jeunes femems en maillot bleu - les deux amies seins nus - les quatre commères - la directrice du club et les relations communes - la toute petite fille en chapeau de paille blanc, la main tenue vers la photographe que celle-ci refuse et empêche

poèmes au Brésil -

lieux et temps : époques

couple : fraternité et condition humaines

vendredi 15 août 2014

poèmes au Brésil - 31 -




                   Toutes joies

Quand tout est prêt, tout est consenti,

quand il faut seulement lire à ton regard l’attente

pour commencer,

quand retentissent depuis longtemps les coups et le gong

du sang et du cri retenus à nos tempes, à nos ventres,

quand tremblent les cuisses et les bras, les lèvres

de l’effort à venir, de l’assaut lent à contenir,

quand viennent les élans et les mouvements

ne plus rien retenir, à ne donner que le tout,

quand s’effacent les instants du passé et s’unit cet avenir,

à ne se savoir plus qu’au centre chaud du monde retrouvé,

quand vient comme une source, quand arrive comme un bond

le cheval de galop qui ira ralentir jusqu’à nous,





s’élève et enveloppe la silhouette

unique que nous avons choisie, embrassée :

la nef singulière, la nuée primitive

des chants séraphins sans musique

et de l’enlèvement ultime à ce ciel

où nos corps prolongés l’un de l’autre

respirent et vivent la sensation fantastique

d’être toi encore moi, et moi devenu toi

de la tête à nos pieds, de ce bras au sexe

l’être a trouvé son essence et la dimension définitives.





Tu ne gémiras  et je ne respirerai point,

nous guetterons poindre en nous

cette seconde fois où au haut plateau

d’après le dernier instant à gravir,

nous établissons nos haleines et nos cœurs

et la chambre se poudre d’or par nos larmes

et les gestes sont si lents désormais

que le temps nous répand autrement.

L’éternité récapitule ses peines et sa naissance,

nous avons une autre connaissance, celle assouvie

de ce don qui a ouvert toute porte à nos mains,

tout antre à notre épieu, toute vie à nos poèmes,

et ce qui s’étale à présent comme l’inoubliable prairie

tisse le tapis qui nous roulera bientôt endormis,

enchâssés encore l’un de l’autre, emboîtés,

fondus par la solitude disparue, par la communion inconnue,

par l’onde inaudible faisant parfois là tressaillir

les muscles à l’unisson venus pour luire la chair

de nos âmes et le récit ensemble de nos songes.



Les gisants n’ont pas d’autre mort que ce repos,

et les mains qui ont voulu tout le corps nanti

et parcouru par le sexe et la bouche et le regard

de l’autre attentif et prudent jusqu’au scrupule

quand il fallait encore monter par les détours,

elles reposent à présent au ventre et au coeur

des jumeaux réunis par le cri et par l’abandon, et la

suprême écoute du sang reflué et du baume renversé.



Les vases et les courses ne s’entrechoqueront plus,

les amants n’auront plus le regard de la question,

les morts qu’ils ont voulu devenir à leur entente

refuseront de jamais ressusciter, et la chape soyeuse

jetée en nimbe et en rêverie éveillée par le plaisir

qui dure encore, pour toujours va garder l’empreinte

des menuets, des baisers, des allées vives à toutes joies.

cette fois : l'autre vie

mercredi 13 août 2014

vies d'autres

poèmes au Brésil - 30 -




                        Rogations


Et tu vins, imperméable de clarté pour la pluie,
cheveux presque rouges de tes lèvres, de ta course,
de cette joie et je fus à genoux, et tu ne refusas rien
même si rien ne fut : désormais le temps et sa certitude
allaient camper près de nous, il y aurait les dîners,
et les revoirs, tous les couverts mis et les nappes
très blanches. Tu te donnerais, avouerais, et quitterait
tes yeux vers les miens le message de tout être découvrant
qu’il aime.

Tu partis vers la hâte que nous allions partager de ce soir,
tu allais et les minutes et les heures auraient changé,
habitées maintenant de la promesse du vin et de l’amour,
du rouge partout à nos corps de ta bouche prise par ton sang,
Je pourrais en ce siècle emboucher la trompette
et de toi faire notre conquête et du plaisir psalmodié
par la timidité de tes gestes, de ton regard, de toi
enfin parvenue à la nudité et au cantique partagés ;
l’immense rumeur du bonheur qui nous affaire et saisit.

Tu irais à ce soir par le jour autrement continué
et mes chants s’arrêtaient, mes demandes implorantes
se fâneraient désormais inutiles témoins de ces doutes.
Avec toi, je gravirais les audaces et toutes les marches
de l’esprit quand il a trouvé corps jumeau révélé
au berceau féminin retrouvé dans la forme nouvelle
tant cherchée et que de tes cuisses à ton ventre,
du sourire de l’extase attendue au tressaut de la vie,
j’aurais su tout l’embrasement infini de garder toujours
mes lèvres aux entrées, aux fleurs et aux ronces douces
de ce que beaucoup avant nous ont béni comme étant l’univers.

 

mardi 12 août 2014

vies d'autres

poèmes au Brésil - 29 -



                     Interrogations


Dans le quart d’une heure,
viendras-tu nue pour mes bras,
arriveras-tu nue pour tout moi,
chanteras-tu la ronde des habits et du sourire
quand aura fondu le premier bonjour ?

T’aurai-je, mon insaisissable,
de toutes les nuits et de celle-ci,
t’aurai-je déshabillée, allongée, fendue
déjà et encore pour mon attente
par toute ton envie ?

Seras-tu spontanée, rieuse, vibrante
des hommages que tu as   rêvés,
auras-tu réservé pour ma caresse
la bouche et le miel et les lèvres
et le ventre qu’à l’autre pour nous
tu auras refusés.

Les couloirs, les artifices des lieux communs,
les entrées et les sorties, les portes à serrure,
les franchiras-tu déjà assurée de ton projet,
déjà anticipée pour le sommeil que nous aurons ?
Et ta main fera-t-elle le premier signe,
celui rompant les interrogations et exauçant
mes yeux et mon mouvement, le regard sur toi ?

Ces moments, les as-tu déjà vus, les as-tu déjà tus ?
Ces gestes et ces endroits de nos corps assistant
au ballet de notre âme, aux paroles qu’on échange
de plus en plus bas jusqu’au tutoiement final,
sont-ils ceux déjà inscrits dans le futur de ta mémoire
et dans l’immédiat présent de cet instant voulu,
dans la pente qui du ciel à la terre mène sans précipitation ?

Il y avait dans ta voix, il y avait dans ta lettre,
il y avait l’accueil et enfin la conciliation des jours
 jusques-là  bien à moitié regardés, commencés, consommés.
Y aura-t-il dans la chute de ta bouche à ma nuque
ces mots là attendus qui sont l’ouverture à l’amant,
la main déjà indiquant par où le seuil se prendra
et glissera ta robe et le linge, puis les lignes de toi :
apparaissant nue, languide et chaude la dernière énigme.

Me laisseras-tu baiser le chaud et le froid, la sueur
et les fentes, poseras-tu, agrippée maintenant, ta main
de femme sur ma tête d’amant, devant toi à genoux ?
Me laisseras-tu encenser tes lieux, faire sourdre la rosée,
épeler les perler de nos joies,
attendre que surgissent nos pleurs ?
Me prendras-tu des jambes à ton cou, recroquevillée,
suspendue en dernière nacelle ? Me voudras-tu ton homme
maintenant, roide, nu avant l’instant, ô ma maîtresse ?

lundi 11 août 2014

vies d'autres ... l'empathie jusqu'à la folie ?

poèmes au Brésil - 28 -



                       Espérance et son équinoxe


J’ai guetté l’ombre de tes pas,
j’ai guetté chaque espérance,
attendu les frémissements et les épaisseurs
de l’air soudain changé par ta présence.

A ma porte, les signes, à la tienne
mes lettres, rien ne traçait ici
ta venue, ton retour, au moins ton sommeil.
Eveillé encore à l’aube
où tu n’étais toujours pas,
j’errais parmi des sentiments et vers des couloirs inconnus,
ceux peut-être qui t’assoupirent ailleurs.

Viens quand tu veux, nue seulement –
je ne te guette plus qu’ainsi
car tu m’as donné avec la nuit
la forme entière de mon rêve.

Parmi des sentiments et vers des couloirs reconnus,
tu passeras d’un lit au mien,
et penché sur ce sommeil, tu effleureras
mes draps, entr’ouvrira la couche et les jambes
et dans ce songe, je viendrai par grand jour
fondre l’espérance à son équinoxe.

2 Mai 1985

dimanche 10 août 2014

poèmes au Brésil - 27 -


                                           Consolation

Il est des amants disparus de nous
qu’on va portant accueillir, -
avouent des femmes attendues autrement.
Je n’ai pas eu ni autrefois ni maintenant
la grâce de la  seconde fois,
la miséricorde du retour,
le temps à rebours
et le lit réouvert, et les mains rendues.
Par les villes d’ici et de très loin,
Je suis parti et la porte jamais
ne s’est redonnée.
Je n’ai su que la première étreinte,
que le coup immédiat de la grâce,
que le récit de la certitude.
Tout de toi s’étale à mes mains,
à ma vie ; tu écoutas, tu racontas,
tu me pris, étendue, soleil noir
à tes draps pâles habituels.
Tu me pris en sommeil, en enfance,
et au lendemain, le dernier sourire accepté,
tu démêlas ces heures, les comptas,
les arrangeas comme si jamais
elles n’avaient été nuit.

2 Mai 1985

vies d'autres

samedi 9 août 2014

poèmes au Brésil - 26 -



                                          Consolation

Il est des amants disparus de nous
qu’on va portant accueillir, -
avouent des femmes attendues autrement.
Je n’ai pas eu ni autrefois ni maintenant
la grâce de la  seconde fois,
la miséricorde du retour,
le temps à rebours
et le lit réouvert, et les mains rendues.
Par les villes d’ici et de très loin,
Je suis parti et la porte jamais
ne s’est redonnée.
Je n’ai su que la première étreinte,
que le coup immédiat de la grâce,
que le récit de la certitude.
Tout de toi s’étale à mes mains,
à ma vie ; tu écoutas, tu racontas,
tu me pris, étendue, soleil noir
à tes draps pâles habituels.
Tu me pris en sommeil, en enfance,
et au lendemain, le dernier sourire accepté,
tu démêlas ces heures, les comptas,
les arrangeas comme si jamais
elles n’avaient été nuit.



2 Mai 1985
 


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vendredi 8 août 2014

prêtre, Eglise et société

poèmes au Brésil - 25 -




              Pluie – boîtes de la nuit


Pluie. Il pleut.
La ville future a sa présence de brume,
des lumières font du bruit,
l’eau a ses cloches, sa rumeur.
Il pleut. Je t’attends,
je t’attends nu nue .
En bas, au loin dans ton histoire
antérieure – tu liquides un passé
que je ne sais pas et qui m’indiffère
s’il n’est tien 
Ton amant saoul, quel est-il ?
Celui qui te revient ?
Celui qui t‘arrive ? Boîtes de la nuit.
Il pleut et les heures sont à  eux
que nous ignorons et qui peupleront nos vies
peut-être après nos départs,
les inconnus d’hier, devenus amants
aujourd’hui pour notre envie et notre oubli.
Il pleut – boîtes de la nuit,
et la jeunesse du soir a volé
et la minuit fait ses volumes de pensées,
d’imaginations et d’images de toi
qui ne seras jamais à moi.
La seconde fois n’est sûre qu’accomplie,

et les nuits, je les vis en simulacre de toi.
Test mots ont le diamant de ta bouche
quand tu souris et prends peur ;
je ne sais ni ne vois ton désir.
Je n’espère plus que cette disparition
du rêve et de tes mains jamais venues.
Il pleut dans ma vie
et mon cœur a des songeries,
des comparaisons de cimetières, de souvenirs
que la joie pourrait envoûter
si, gommant tous les paysages,
surgissait d’un coup de la nuée
ton corps démasqué, enfin impudique.

J’ai tant de choses engrangées,
tant de terre à mes pieds,
tant de pleurs à mes yeux,
qu’il me faudrait partir à ces
déserts, par ces voiliers, en ces rues
de toute mort.
Autour de moi, mes cœurs et mes vies
deviendront faisceau et tresse,
t’habilleront de mes mains,
pareront ta poitrine et ton sexe,
si après les gestes, et l’humeur
tu auras bien souri de nous avoir
enfin donné les caresses de cette pluie.


Il pleut et tout le mystère de l’attente
est rassemblé sur ce lit où tu ne parais.
Au loin, en bas, boîtes de la nuit,
tu parles et contemples le visage du passé,
tu as des soins comme si le temps restait
encore à ces semaines et ces mois révolus.
On t’explique l’amour là bas,
je l’ai désiré ici,
et toi dans des ascenseurs, seule,
tu serres les mots récités de l’envie
à laquelle tu ne cèdes pas.
Il y aura le sommeil, la pluie
se retirera du matin, et à cette aube
je reconnaîtrai encore une fois ton absence.

Le silence de t’espérer sans image
a les épaisseurs de cette pluie.
Je n’ose te voir ni t’entendre,
tu sèmes des pas, des lettres, des souhaits
que je ne puis recueillir,
tout vole et s’enfuit de mon attente,
tu te repais quelque part de sensations
inconnues pour tes vingt ans.
J’ai le double de tes jours, de tes nuits,
le double de ton espoir, et du poids de la vie,
et les minutes de cette pluie,
tu ignores donc qui elles sont

2 Mai 1985


jeudi 7 août 2014

poèmes au Brésil - 24 -




On ne sait jamais rien d’un enfant

On ne sait jamais rien d’un enfant que son visage,
et le visage d’un enfant c’est son âme et ses yeux
sont son cœur et sa langue, et l’expression qu’on
ne peut saisir du lointain de notre vieillesse et
de nos consciences.

Quelle page s’écrit dans l’âme de notre enfant,
de l’enfant que nous fûmes, de l’enfant que nous regardons ;
mobile ou quémandeur, yeux clairs ou front parfois occupé,
nous n’en savons rien, nous ne savons pas même celle
que nous écrivions dans cette vie-là.

Quel visage et quel corps avions-nous, qui étions-nous
enfants ? Certains nous le disent, d’autres le rapportent
ou le fixent, notre époque a inauguré les moyens de cette identité
mais en vain cherchons-nous qui nous étions et que les autres
ont vu sans oubli ni prescience.

Nous étions en nous-mêmes, aveugles à l’avenir,
ennuyés si souvent du présent, vivant de mots et de rêves
que nous ne communiquerions que bien plus tard,
qu’à présent où nous sommes la semence de notre éternité.
Notre enfance façonnait ce présent et l’enveloppe et la graine
ont disparu dans le lointain de ces courses d’où nous arrivons
sans mémoire que celle de notre avenir.

On ne sait jamais rien d’un enfant que ses sentiments,
l’histoire file des laines et des jeux, se prépare sans nom.
Tu n’aurais pâs d’histoire, tu n’aurais été que présence,
à quoi te préparais-tu donc,
quelle était la graine, quelle était l’enveloppe
que tu concoctais pour la dépiauter à un âge que tu n’aurais jamais.
La légèreté était ton secret, oui ! tu pouvais ne rien peser
Puisque tu n’avais pas notre avenir, pas cette charge
à organiser et à prévoir, pas ces épaules qu’il faudrait courber.

C’était singulier, tu courais si vite, et tu ne paraissais
ni hâtif ni anxieux, pas même attentif,
ta présence filait comme un ciel, ton sourire comme un don fugitif,
tu étais de ta naissance à ce choix d’un soir comme éperdu,
la transparence était ta couleur et ton or pour les autres,
tu aurais aimé disparaître ainsi comme envolé.
On ne savait rien de toi parce que ton histoire était un jeu,
tu jouais de tout, tu réfléchissais la peine et la demande
d’autres que tu regardais, prenais de ton sourire et épousais
alors, comme la chienne que tu aimas, ventre à ventre,
enfants tous deux de la terre, des tapis de l’homme,
des vacances scolaires et des jours de congé.

On ne savait que visage, tes vêtements et ta voix,
on songeait que le temps peut-être bien plus tard dirait plus,
on ne pouvait deviner que l’éternité ne suffit pas à comprendre
et que l’amour avide de gestes l’est à raison
car lui seul des instants, de la présence, de la vie
craint et goûte tout le poids. Même de cela tu te passas.