mardi 9 novembre 2021

 

 

extrait de mon journal - au cours d'un voyage d'études organisé par la Fondation Elf - Air France, à l'automne de 1970 (Suède, Roumanie, Iran, Japon, Indonésie), thème "la nouvelle société" proposée par Jacques Chaban-Delmas, Premier ministre

 

T é h é r a n

Mardi 10 Novembre 1970


C’est, au cours d’un déjeuner en ville que m’offre le conseiller culturel de notre ambassade, un certain MICHEL, très anti-gaulliste, que j’apprends l’événement : il me coupe quand j’évoque au présent le Général et la possibilité de son retour.



Le Général de Gaulle


Je ne parviens pas à me persuader

qu’il est mort .


A l’instar de Maman .

il restera à jamais vivant

en moi


Ma vie en est décidée .


Il nous a rendu l’intelligence

et la foi en la France .

et en nous tous .

Il nous faut en avoir l’imagination

la volonté et la lucidité .


Extraordinaire vanité du monde

des gestes et des seconndes

qui passent .


Plus rien ne m’intéresse .


Il n’y a de problème que la vie .

C’est le seul qui ne soit pas gratuit

et qui nous engage .


Vanité du monde

Et non-signification de la plupart

des gestes et des paroles .


Pourquoi es-tu mort ?

alors que je te veux vivant ?


plus vivant . beau et vrai

que je puisse jamais souhaiter l’être

moi-même ?

_

A é r o p o r t d e T é h é r a n


mercredi 11 novembre 1970



21 h 10


J’ai donc pris la décision . un peu folle peut-être –

mais c’est quelque chose que je veux profondément –

et je ne peux faire autrement –

de prendre l’avion d’Abadan pour Paris

et tenter d’être demain à Colombey .

Où j’en ai le pressentiemnt . il y aura au moins

autant de monde . que sur les Champs-Elysées

le 30 Mai . . .


De Gaulle est extraordinairement vivant .

C’est ce qui me frappe de plus en plus sur les photos

que je regarde . et quand je récapitule ces dernières

années .

Qu’il ne vit plus sur notre terre . physiquement .

me paraît proprement irréalisable .


Il est pour moi évident que je dois être là-bas

pour lui rendre hommage .

Il a changé la vie de millions d’êtres . dont la mienne .

e n v o l . e n t r e P a r i s e t T e l A v i v



vendredi 13 novembre 1970



11 h 45


Obsèques du Général de Gaulle hier après-midi

à Colombey .

Sentiment profond d’irréalité . hier . et encore

maintenant ( Pasternak a écrit avenue de Breteuil :

« La mort n’est pas pour vous » ) .

Comme tout le monde . je ne peux réaliser que de

Gaulle n’est plus . parce qu’évidemment l’existence .

l’influence . l’exemple . le message de de Gaulle

sont au-delà des phénomènes de vie et de mort .

et qu’il reste d’une extraordinaire présence dans nos esprits.


La cérémonie elle-même – par très beau temps

( de Gaulle avait toujours beau temps quand il

présidait une cérémonie ) a été assez brève .

Plus un dialogue intérieur . une prière que je n’ai

pas assez faite . que réellement une ambiance

collective à laquelle Clombey . toute en petites rues

et à l’église minuscule ne se prête guère .


Madame de Gaulle à peine devinable dans ses voiles

Edgar Faure . vieilli . Jeanneney semblable à lui-même .

et surtout André Malraux . craquant de souffrance .

le ruban vert des Compagnons de la Libération

éclatant sur son manteau noir .

Les plumes légères des casoars saint-cyriens .

le silence et la ma --- de l’ E B R

couvert de tricolore . très lent . mais ne paraît

qu’en --- sous mes yeux .

Plus un geste que j’ai posé . et qui sera celui de

toute ma vie . que le recueillement et la prière

que j’aurai voulu avoir et que j’espère avoir en Janvier .


Messe très simple . bien retransmise . ce qui permettait

de répondre et de chanter . Mais vacarme des

hélicoptères de télévision . et longue attente

et ambiance trop détendue – pour défiler devant

la tombe de Anne et du Général .


Souvenir et image très nette que tout était tricolore

le blanc du ciel . le pâle des visages et des casoars

et le rouge des feuillages .

Car à vrai dire . il y avait très peu de chapeaux

et beaucoup de gens .

_


Le drame . c’est que de Gaulle ne reviendra plus au pouvoir

c’est maintenant sûr .

Que les mémoires ne sont pas achevés . à moins que des

dispositions aient été prises par lui . pour que l’on ait

un ersatz . ou des correspondances .


La situation politique et l’attitude de Georges Pompidou

vont définitivement décanter .


Si j’en ai la possibilité . je me présente aux

élections législatives de 1973 .


En attendant . je « casse le morceau » avec Debré

et pendant ce voyage . j’essaie de mettre au point

un nouveau livre .


Geste d’Air France qui m’a offert mon retour vers Téhéran .


Et Maman qui a parfaitement compris mon geste .


Poids terrible du destin et de l’échec de Papa .


Le Général de Gaulle .

par essence et par excellence . l’information .

Mais l’exemple « valable en tout temps . en tout cas

et en tout lieu «  d’une droiture et d’une dignité

qui viennent de je ne sais qui ni où .

mais de très haut et de très vrai .


De Gaulle . chrétien . contemple des morts

qui situe sa vie dans toute sa simplicité .

car il s’est voulu . sur le plan religieux et essentiel .

quelqu’un de la base . de la piétaille .

au bout du cimetière . une croix parmi d’autres .

mercredi 3 novembre 2021

La plus secrète mémoire des hommes . prix Goncourt aujourd'hui . l'auteur Mohamed Mbougar Sarr

 

wikipédia à jour au 3 novembre 2021 à 19:25 – à la proclamation du prix Goncourt

Mohamed Mbougar Sarr

Mohamed Mbougar Sarr

Image dans Infobox.

Biographie

Naissance

1990




Diourbel

Nationalité

Sénégalaise

Domicile

France (depuis 2009)

Formation

Prytanée militaire de Saint-Louis
Lycée Pierre-d'Ailly
École des hautes études en sciences sociales

Activité

Écrivain

Autres informations

Blog officiel

chosesrevues.over-blog.com

Distinctions

Prix Goncourt (2021)


Liste détaillée

Œuvres principales

Terre ceinte
Silence du chœur
La Plus secrète mémoire des hommes

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Mohamed Mbougar Sarr, né en 1990 à Diourdel au Sénégal, est un romancier sénégalais sérère d'expression française et lauréat du prix Goncourt 2021 pour La plus secrète mémoire des hommes.

Biographie

Mohamed Mbougar Sarr, fils de médecin, grandit au sein d'une famille nombreuse à Diourbel (Sénégal)1. Il fait ses études secondaires au prytanée militaire de Saint-Louis-du-Sénégal avant de venir en France faire des classes préparatoires au lycée Pierre-d'Ailly de Compiègne puis d'intégrer l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS)1.

Son premier roman, Terre ceinte – décrivant la vie d'une petite ville sahélienne fictive mise sous la coupe de milices islamiques djihadistes –, reçoit en 2015 le prix Ahmadou-Kourouma au salon du livre de Genève puis le grand prix du roman métis de Saint-Denis-de-la-Réunion2 et le prix du roman métis des lycéens.

Aux Jeux de la Francophonie de 2017, il reçoit la médaille de bronze dans la catégorie littérature pour sa nouvelle Ndënd3.

Son second roman, Silence du chœur – portrait du quotidien de migrants africains en Sicile – a reçu le prix littérature monde du festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo et le Prix du roman métis des lecteurs de la ville de Saint-Denis en 20184,5.

Mohamed Mbougar Sarr entrant chez Drouant pour recevoir le Goncourt, 3 novembre 2021

Mohamed Mbougar Sarr est par ailleurs l'un des dix coauteurs de l'ouvrage collectif Politisez-vous !, essai auquel ont également contribué Hamidou Anne et Fary Ndao.

En novembre 2021, il reçoit le prix Goncourt6 pour son roman La plus secrète mémoire des hommes7.

Œuvres

Prix et récompenses

Notes et références

  • « Jeux de la francophonie : Mohamed Mbougar Sarr remporte la médaille de bronze de la catégorie littérature », La Libre,‎ 26 juillet 2017 (lire en ligne [archive], consulté le 3 novembre 2021).

  • Raphaëlle Leyris, « Le prix Goncourt 2021 pour Mohamed Mbougar Sarr et son roman « La Plus Secrète Mémoire des hommes » », Le Monde,‎ 3 novembre 2021 (lire en ligne [archive], consulté le 3 novembre 2021).

  1. Aliénor de Foucaud, « Prix littéraires Transfuge - Palmarès 2021 » [archive], Transfuge, 27 août 2021.

Liens externes

  • Ressources relatives à la littérature

  •  :

  •  :


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mardi 2 novembre 2021

Luchino Visconti . 2 Novembre 1906 + 17 Mars 1976 wikipédia 8 Octobre 2021 . consulté à la suite de la diffusion de " Mort à Venise "

wikipédia à jour au 8 octobre 2021 à 16:05



Luchino Visconti



Luchino Visconti

Image dans Infobox.

Luchino Visconti en 1972.

Fonction

Président du jury du festival de Cannes

1969

André Chamson

Miguel Ángel Asturias

Titre de noblesse

Comte

Biographie

Naissance

2 novembre 1906




Milan (Italie)

Décès

17 mars 1976

(à 69 ans)
Rome

Nationalité

Italienne

Activités

Metteur en scène, réalisateur, scénariste, écrivain

Période d'activité

1943-1976

Famille

Famille Visconti

Père

Giuseppe Visconti de Modrone

Mère

Carla Erba (d)

Parentèle

Giovanni Gastel

Autres informations

Maître

Lorenzo de Paolis (en)

Genre artistique

Néoréalisme

Site web

www.luchinovisconti.net

Distinctions

David di Donatello du meilleur réalisateur
Ruban d'argent du meilleur réalisateur

COA Visconti di Modrone di Milano.jpg

blason

Œuvres principales

Le Guépard, Senso, L'Innocent, Ludwig ou le Crépuscule des dieux, Les Amants diaboliques

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Luchino Visconti di Modrone /luˈkiːno visˈkonti di moˈdroːne/1, comte de Lonate Pozzolo, né le 2 novembre 1906 à Milan et mort le 17 mars 1976 à Rome, et descendant de la famille noble Visconti, est un réalisateur de cinéma italien. Il fut aussi directeur de théâtre, metteur en scène et écrivain.

Biographie

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Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (avril 2021)

Famille

Armes de la famille

Fils du duc Giuseppe Visconti de Modrone et de Carla Erba (nièce de Giulio Ricordi, petit-fils de l'illustre fondateur de la maison d'édition musicale, établie à Milan, et petite-fille héritière du richissime patron d'industrie pharmaceutique Carlo Erba), décédée à Cortina d'Ampezzo, Belluno, le 17 janvier 1939. La famille Visconti, qui régna sur Milan jusqu'au XVe siècle, appartient à la grande aristocratie italienne. Luchino était le quatrième de sept enfants :

Jeunesse

La villa Erba au bord du lac de Côme.

Après la séparation des parents, Luchino a grandi avec sa mère. Passionné de chevaux, Luchino Visconti s'occupait, pendant sa jeunesse, d'une écurie de sa propriété (il accomplit son service militaire comme sous-officier de cavalerie à Pignerol). Il fréquentait en outre activement le monde de l'opéra et du mélodrame, qui l'influença beaucoup. La famille Visconti avait sa loge attitrée à La Scala (son père le duc Giuseppe Visconti, était l'un des plus importants mécènes du théâtre ; ils habitaient, en outre, via Cerva, non loin du fameux théâtre), et le salon de sa mère était fréquenté, entre autres, par Arturo Toscanini ; c'est à cette époque que Luchino Visconti fit la connaissance de Giacomo Puccini et de Gabriele D'Annunzio. La famille possédait aussi une grande villa de style néo-Renaissance au bord du lac de Côme, la villa Erba, à Cernobbio, où l'on se retrouvait pour les grandes vacances et de petits séjours et où le duc Visconti aimait à monter des pièces de théâtre en amateur.

Amoureux de la belle Irma von Windischgraetz, rencontrée aux sports d'hiver à Kitzbühel à l'âge de vingt-neuf ans, il dut affronter l'opposition du père de la jeune fille à un éventuel mariage. Ensuite, il se tourna définitivement vers les amours masculines. Un de ses premiers amants fut le photographe de Vogue, Horst, que lui présenta Coco Chanel à Paris. Ils voyagèrent ensemble en Tunisie en 19362.

Début de carrière

Sa carrière cinématographique débuta en 1936, en France, où il travailla aux côtés de Jean Renoir (rencontré grâce à Coco Chanel) comme assistant, à la réalisation et au choix des costumes de deux de ses œuvres, Les Bas-fonds et Partie de campagne. Le souci de réalisme du grand cinéaste français le marqua profondément. Toujours en France, il rencontra des réfugiés italiens, militants de gauche, au contact desquels ses convictions politiques changèrent radicalement. Après un bref séjour à Hollywood, il rentra en Italie en 1939 à cause du décès de sa mère. Avec Renoir, il commença à travailler à une adaptation cinématographique de La Tosca, mais, quand éclata la guerre, le réalisateur français fut contraint d'abandonner le tournage — il fut remplacé par l'Allemand Carl Koch.

La rencontre avec certains jeunes intellectuels et critiques, collaborateurs à la revue Cinema (fondée par Vittorio Mussolini), fit germer dans son esprit l'idée d'un cinéma qui raconterait de façon réaliste la vie et les drames quotidiens du peuple, cinéma qui serait en rupture avec les mièvreries clinquantes et édulcorées des comédies du cinema dei telefoni bianchi (littéralement « cinéma des téléphones blancs »). À cette époque, il rencontra Roberto Rossellini et, probablement, Federico Fellini. Visconti projeta de réaliser l'adaptation du roman Le Grand Meaulnes d'Alain-Fournier et celle des Malavoglia de Verga, mais ces projets avortèrent.

Ossessione (Les Amants diaboliques)

Partant de cette idée, il signa en 1942, avec Giuseppe De Santis, Gianni Puccini, Antonio Pietrangeli, Mario Serandrei et Rosario Assunto, son premier film, une des œuvres majeures du néo-réalisme : Ossessione (Les Amants diaboliques), inspiré du célèbre roman Le facteur sonne toujours deux fois de James M. Cain, avec, comme acteurs principaux, la sulfureuse Clara Calamai (elle remplaça au dernier moment Anna Magnani, initialement destinée au rôle trouble de Giovanna) et Massimo Girotti dans le rôle du mécanicien, Gino.

Un second projet, une adaptation de L'Amante di Gramigna de Giovanni Verga, ne put être mené à bien, la guerre s'intensifiant. Capturé et emprisonné, Visconti échappa au peloton d'exécution grâce à l'intervention de l'actrice María Denis qui raconte cette expérience dans son autobiographie Il Gioco della verità (Le Jeu de la vérité). À la fin du conflit, Visconti participa aux côtés de Mario Serandrei à la réalisation du documentaire Giorni di gloria (Jours de gloire), consacré à la Résistance et à la Libération.

Parallèlement, il monta des créations théâtrales (la compagnie formée avec Paolo Stoppa et Rina Morelli est restée légendaire, Vittorio Gassman les y rejoignit), ainsi que des mises en scène lyriques, son rêve d'une vie. Il dirigea Maria Callas, en 1955, dans La Sonnambula (La Somnanbule) de Vincenzo Bellini, et La traviata de Giuseppe Verdi.

La Terra trema (La Terre tremble)

En 1948, il revint derrière la caméra pour réaliser La Terra trema (La Terre tremble), un film polémique dénonçant ouvertement les conditions sociales des classes les plus défavorisées. C'était une adaptation du roman I Malavoglia de Giovanni Verga, de facture quasi documentaire, aux images splendides, mais de compréhension rendue difficile par l'utilisation du plus pur dialecte sicilien (précisément celui des pêcheurs d'Aci Trezza près de Catane). Le film ne reçut les faveurs du public ni à sa sortie, ni deux ans plus tard, en 1950, quand parut une seconde version doublée en italien.

Dans toute l'histoire du cinéma péninsulaire, seuls quatre films furent entièrement tournés en dialecte et sous-titrés en italien : La Terra trema fut le premier ; les autres, L'Arbre aux sabots (L'Albero degli zoccoli) (1978) d'Ermanno Olmi, en dialecte bergamasque, Giro di lune tra terra e mare (1997) de Giuseppe Gaudino, en dialecte campanien avec des citations latines, et enfin, LaCapaGira (2001) d'Alessandro Piva, en dialecte apulien.

Bellissima

Luchino Visconti et Anna Magnani.

Plus captivante pour le public fut sa troisième œuvre, Bellissima, (1951), écrite par Cesare Zavattini, une analyse sans concession des coulisses du monde clinquant du cinéma, avec l'une des actrices symboles du néo-réalisme italien, Anna Magnani, aux côtés de Walter Chiari ; y participèrent également le réalisateur Alessandro Blasetti, responsable des castings, et le présentateur Corrado Mantoni, dans son propre rôle.

Visconti réalisa l'année suivante l'épisode Anna Magnani du film Siamo donne, tiré d'une autre idée du bouillonnant Zavattini, celle de montrer des épisodes de la vie privée de quatre actrices célèbres (outre Magnani, on trouve Alida Valli, Ingrid Bergman et Isa Miranda), suivis de castings d'un concours de recherche de nouveaux visages féminins à lancer au cinéma.

Senso

En 1954, il réalisa son premier film en couleurs, Senso (librement tiré d'un récit de Camillo Boito), qui signa un tournant dans sa carrière, et que nombre de critiques interprétèrent comme une trahison du néo-réalisme.

Grande fresque historique relue de manière critique dans le contexte de l'analyse d'un drame privé, extrêmement recherchée dans le soin des détails du décor et dans la mise en scène (soin pour lequel Visconti fut reconnu unanimement comme un maître ; seul Franco Zeffirelli, son amant et son disciple, le suivra dans cette voie), Senso inaugura une série de films complexes et fascinants, imprégnés de violence et de tensions, toujours controversés par le public et par la critique ; la décadence humaine, morale et physique, y devint un leitmotiv qu'il déclina jusqu'à la fin de sa carrière.

Dans Senso, à l'époque de l'Italie du Risorgimento affrontant l'Autriche qui occupe toujours la Vénétie, et de la défaite de Custoza, une aristocrate vénitienne (Alida Valli), tombe éperdument amoureuse d'un officier de l'armée autrichienne (Farley Granger), qui ne songe, lui, qu'au moyen de s'échapper de l'armée grâce à l'argent que sa noble maîtresse pourrait lui procurer, ce qu'elle effectue en lui donnant le « trésor de guerre » des patriotes italiens ; se découvrant bafouée, elle dénonce son amant déserteur et le fait condamner au peloton d'exécution, avant de perdre la raison. Le film de Visconti fut l'objet d'importantes polémiques à la Mostra de Venise, et, au cours d'une soirée tumultueuse d'attribution des prix, il fut complètement ignoré par la critique, laquelle préféra attribuer le Lion d'or à Renato Castellani avec Giulietta e Romeo. Le film est important pour avoir rendu populaire la Symphonie no 7 de Bruckner, utilisée par Visconti dans la bande sonore, comme il fera plus tard, avec l'Adagietto de la Cinquième de Gustav Mahler dans Mort à Venise.

Le Notti bianche (Les Nuits blanches)

En 1957, Luchino Visconti remporta le Lion d'Argent grâce à Le Notti bianche (Les Nuits blanches), tendre et délicate histoire d'amour inspirée du roman de Dostoievski, interprétée par Marcello Mastroianni, Maria Schell et Jean Marais (avec la participation spéciale de Clara Calamai), film photographié en noir et blanc dans une atmosphère de plomb et de brume, dans un port inspiré de celui de Livourne, intégralement reconstitué à Cinecittà.

Rocco e i suoi fratelli (Rocco et ses frères)

En 1960, il reçut le Prix spécial du jury de la Mostra pour Rocco e i suoi fratelli, (Rocco et ses frères), odyssée d'une famille méridionale émigrée à Milan pour y chercher du travail, film traité sur le mode de la tragédie grecque, mais inspiré des Frères Karamazov de Dostoïevski. Le film fit scandale à cause de certaines scènes extrêmement crues et violentes pour l'époque, à tel point que la censure conseilla aux projectionnistes de mettre leur main sur l'objectif pendant les scènes incriminées. Le scénario est de Vasco Pratolini, Suso Cecchi D'Amico, Pasquale Festa Campanile, Massimo Franciosa, Enrico Medioli et Luchino Visconti.

L'année suivante, en 1961, il réalisa l'épisode Il lavoro (Le Travail) du film Boccace 70 auquel participèrent également Vittorio De Sica, Federico Fellini et Mario Monicelli. Visconti s'attaquait directement à la commission de censure qui avait malmené son film précédent.

Il Gattopardo (Le Guépard)

En 1962, il mit enfin d'accord les critiques et le public avec son plus grand succès, Il Gattopardo (Le Guépard), tiré du roman du même nom de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, et qui reçut la Palme d'or au Festival de Cannes. Le scénario est de Suso Cecchi D'Amico, Pasquale Festa Campanile, Massimo Franciosa, Enrico Medioli et Luchino Visconti. Interprété par une distribution éblouissante (Burt Lancaster, Claudia Cardinale, Alain Delon…), situé à l'époque du débarquement des partisans de Garibaldi en Sicile, le film relate les vicissitudes du prince Fabrizio Corbera di Salina (Burt Lancaster), grand propriétaire terrien contraint d'accepter l'union entre l'aristocratie désargentée et la nouvelle bourgeoisie, union atteignant son paroxysme dans la célébrissime scène finale du bal, laquelle occupe la dernière demi-heure du film, scène considérée unanimement comme le point d'orgue de l'art viscontien. Alberto Moravia s'exclama après avoir vu le film: « C'est le film de Visconti le plus pur, le plus équilibré et le plus exact ».

Le film fut distribué aux États-Unis et en Angleterre par la Twentieth Century Fox, mais au prix d'importantes coupures.

Période de transition

En 1965, sortit le film Vaghe stelle dell'Orsa (Sandra), histoire d'un inceste au titre inspiré par Giacomo Leopardi, encore interprété par Claudia Cardinale, suivi de La Strega bruciata viva, un épisode du collectif Le Streghe (1966), suivi de Lo Straniero, (L'Étranger) (1967), inspiré par le livre éponyme d'Albert Camus, dans lequel il dirigeait à nouveau Marcello Mastroianni.

Tétralogie

À la fin des années soixante, Visconti élabora le projet d'une tétralogie allemande s'inspirant des thématiques mythologiques et décadentes de Wagner et Thomas Mann. Sur les quatre titres prévus, il n'en réalisa que trois.

La Caduta degli Dei (Les Damnés)

La Caduta degli Dei (Les Damnés), (1969), en est le premier film. Il s'agit de l'ascension et de la chute des membres de l'une des familles propriétaires des plus importantes aciéries allemandes pendant la montée du nazisme. Ce film marquait, après un petit rôle de domestique dans le sketch viscontien des "Sorcières", le premier grand rôle à l'écran de Helmut Berger, dernier amant de Visconti.

Morte a Venezia (Mort à Venise)

Luchino Visconti et Björn Andrésen (Tadzio) sur le tournage de Mort à Venise.

Le deuxième fut Morte a Venezia (Mort à Venise), (1971), tiré de la nouvelle de Thomas Mann, La Mort à Venise, est une fresque explorant le thème de l'inéluctabilité de la vieillesse et de la mort, associé à la quête de la beauté idéale et inaccessible, dans une Venise merveilleuse, progressivement enlaidie, abîmée par les mesures sanitaires dictées par le service de santé, lorsque se répand dans la ville une épidémie de choléra.

Ludwig (Ludwig, le crépuscule des dieux)

Le troisième et dernier volet fut Ludwig (Ludwig, le crépuscule des dieux), (1972), où Helmut Berger interpréta le rôle du jeune roi de Bavière, l'un des films les plus longs de l'histoire du cinéma (d'une durée de près de cinq heures dans sa version originale, plus précisément, d'après une version sortie en France en 1987, chez Ciné-Collection, en deux cassettes vidéo-VHS Secam, de 4 h et 42 minutes exactement ; toutes les autres versions sont incomplètes et mentent lorsqu'elles se prétendent intégrales) ; le film raconte l'histoire du roi Louis II de Bavière, la lente déchéance du jeune monarque idéaliste, visionnaire, qui préférait la rêverie, l'art, la beauté, l'amitié et l'amour aux charges du pouvoir, que nombre de ceux qu'il aimait trahirent, que son peuple trahit également, et qui finit par être interné ; il se noya, ainsi que son médecin, dans le lac de Starnberg, dans des circonstances mystérieuses.

La Tétralogie aurait dû se terminer avec une nouvelle adaptation cinématographique d'une œuvre de Thomas Mann, La Montagna incantata (La Montagne magique). Durant le tournage de Ludwig, Visconti fut victime d'un accident vasculaire cérébral qui le laissa à moitié paralysé.

Le testament et le dernier film

Malgré sa pénible condition physique, il parvint à tourner ses deux derniers films, où les thèmes de la déchéance et de la solitude deviennent de plus en plus prégnants.

Gruppo di famiglia in un interno (Violence et passion)

Gruppo di famiglia in un interno (Violence et passion), 1974), inspiré à la fois par Mario Praz, Roberto Bazlen, est ouvertement autobiographique, interprété par Burt Lancaster et Helmut Berger, acteurs qu'il retrouve ici.

L'Innocente (L'Innocent)

Ce dernier film, crépusculaire malgré la jeunesse des personnages et la lumière de Rome et de la campagne romaine, L'Innocent (L'Innocente) (1976), est librement inspiré du roman de Gabriele D'Annunzio, L'Innocent, titre de la version littéraire italienne (1892) (L'Intrus dans sa traduction française). À sa sortie, la presse n'en fit pas grand cas, trompée peut-être par la société bourgeoise décrite dans le film, par les décors et les costumes de la fin du XIXe siècle. Se trompant sur le sens du film, elle n'y vit pas ce qu'il contenait, l'analyse profonde du seul sentiment amoureux, sentiment universel, et de la dépendance qu'il implique, compliquée, douloureuse, voire destructrice.

Dans L'Innocent, on assiste à la désagrégation d'un couple jeune, sans enfants, formé par Tullio Hermil (Giancarlo Giannini), le mari, qui préfère ses maîtresses à sa femme, et par Giulianna (Laura Antonelli), sa femme. Celle-ci, humiliée, lassée, tombe amoureuse d'un autre homme et attend de lui un enfant, qu'elle décide de garder. Tullio, qui dénonçait l'hypocrisie de la société et plaidait pour la liberté de pensée et de mœurs (ici, pour la liberté de l'avortement), est contraint d'attendre la naissance de l'enfant. Devenu amoureux de Giulanna jusqu'à l'obsession, il réalise qu'en ayant toujours refusé de l'aimer et de dépendre de ses sentiments, il avait tenté d'échapper ainsi à l'« emprisonnement » selon lui, du lien amoureux. Son amour, fou au point de le pousser à vouloir tuer l'enfant, et la haine que lui déclare Giulianna en le quittant, le poussent au suicide.

Peu de temps après avoir visionné, avec ses proches collaborateurs, le film dans un premier montage dont il n'était pas satisfait, Visconti mourut (au printemps 1976), victime d'une forme grave de thrombose. Le film fut présenté au public dans cette version, mis à part quelques retouches apportées à la mise en scène par sa collaboratrice Suso Cecchi d'Amico qui se basait sur les indications laissées par le réalisateur au cours d'une discussion de travail. Visconti avait dit ne pas se retrouver dans ce film, et avoir « filmé non seulement la désagrégation d'une famille, mais aussi celle d'une certaine société »3. Jean-Louis Bory, critique de cinéma au Nouvel Observateur, n'y vit, à sa sortie en 1976, que le détournement d'un « mélodrame mondain qui lui devient prétexte pour peindre une société qui n'existe plus que par la représentation qu'elle se donne à elle-même »4.

Les funérailles de Visconti ont eu lieu le 19 mars 1976 en l'église Saint-Ignace-de-Loyola à Rome. Outre la famille Visconti, le président italien Giovanni Leone et les acteurs Burt Lancaster5, Claudia Cardinale, Laura Antonelli, Vittorio Gassman et Helmut Berger étaient présents. Rina Morelli, actrice que Visconti estimait beaucoup et avec laquelle il avait partagé les grandes saisons théâtrales de l'immédiat après-guerre, mourut peu de temps après lui.

Ses cendres sont conservées depuis 2003 sous un rocher de sa villa d'Ischia, La Colombaia, avec celles de sa sœur Uberta6. Un musée qui lui est consacré est maintenant installé dans son ancienne villa.

Analyse

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Visconti par lui-même

Le metteur en scène milanais « a consciemment rattaché ses propres films à ses souvenirs autobiographiques », nous dit René de Ceccaty, traducteur en français du Roman d'Angelo, œuvre littéraire inachevée de Luchino Visconti. Situations, scènes et personnages des films réalisés par Visconti constituent presque invariablement un florilège de réminiscences intimes et personnelles. Voici comment Visconti se décrit lui-même : « Je suis venu au monde le jour des Morts par une coïncidence qui restera toujours scandaleuse, en retard de vingt-quatre heures peut-être sur la fête de la Toussaint... Cette date m'est restée attachée pour la vie comme un mauvais signe. Je viens d'une famille riche. Mon père, bien qu'aristocrate, n'était ni stupide ni inculte. Nous étions sept enfants, mais la famille s'en est bien sortie. Mon père nous a élevés sévèrement, durement, en nous aidant à apprécier les choses qui comptaient : la musique, le théâtre, l'art... J'ai grandi dans une odeur de pharmacie : nous, les enfants, entrions dans les couloirs de l'établissement Erba, qui sentaient l'acide phénique, et c'était une telle excitation, une telle aventure ! Le sens du concret que je crois toujours avoir possédé me vient de ma mère... Elle aimait beaucoup la vie mondaine, les grands bals, les fêtes fastueuses, mais elle aimait aussi ses enfants, la musique, le théâtre. C'est elle qui s'occupait chaque jour de notre éducation, qui m'a fait apprendre le violoncelle. » (Settimo giorno, 28 mai 1963) Cette mère tant aimée, les critiques n'ont pas manqué d'en souligner la ressemblance avec la mère « proustienne » de Tadzio, l’éphèbe de Mort à Venise. « Il n'y a pas un instant de notre vie d'alors qui ne s'illumine dans le souvenir de la présence attentive de ma mère... Mon souvenir le plus heureux se situe à la première heure, avant le petit déjeuner... Je vois encore le reflet de la lumière incertaine sur mon violoncelle, je sens le poids léger de la main de ma mère sur mon épaule », nous confie encore Luchino Visconti. René de Ceccaty rappelle également que Visconti précisait que le Prélude, choral et fugue de César Franck, que joue la mère dans Sandra, incarnée par Marie Bell, était souvent interprété par sa propre mère.

Filmographie

Longs métrages

Courts métrages

Documentaires

Opéra

Théâtre

Notes et références

  • Laurence Schifano, Luchino Visconti, les feux de la passion

  • Alain Sanzio, Paul Thirard, Luchino Visconti cinéaste, extraits du chapitre « L'Innocent (L'innocente) », p. 140, Ramsay Poche Cinéma, Éd. Persona, 1984

  • Le Nouvel Observateur, 31 mai 1976, in Luchino Visconti cinéaste d'Alain Sanzio et Paul Thirard, extraits du chapitre « L'Innocent (L'innocente) », p. 140, Ramsay Poche Cinéma, Éd. Persona, 1984

  1. (it) Momenti da ricordare della fondazione La Colombaia di Visconti.. [archive]

Annexes

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Bibliographie

  • Véronique Bergen, Luchino Visconti. Les promesses du crépuscule (Ed. Impressions Nouvelles, 2017)

  • Denilson Lopes, « En deçà et au-delà du cinéma moderne : Visconti, mélancolie et néo-baroque », Cinémas : revue d'études cinématographiques / Cinémas: Journal of Film Studies, vol. 8, nos 1-2,‎ automne 1997, p. 113-124 (DOI 10.7202/024745ar, lire en ligne [archive])

  • Laurence Schifano, Luchino Visconti, les feux de la passion (Librairie Académique Perrin, 1987) (Champs Contre-Champs / Flammarion, 1989)

  • Laurence Schifano, Luchino Visconti, une vie exposée (Gallimard, 2009)

  • Jean Antoine Gili, Luchino Visconti et la critique française (Éditions de l'Amandier, 2014)

Documentaires

Liens externes

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