Couple
Il n’y a
pas que la taille, il n’y a pas que
l’apparence
du sourire et du conte, chez ceux
que
l’on regarde du dehors, d’un dehors qui est nôtre
Il
n’y a pas que les paroles entendues, que les
murmures
qu’on croit de l’échange, il n’y a pas que le
public,
le paysage et les lunes de la vie, et les
verdures
de l’enfance que l’on n’a pas cueillie
soi-même,
que l’on espère pour d’autres, qu’ils soient
blonds
ou noirs, les enfants qui courent dans notre
imagination
d’avant le mariage,
d’après
l’amour, quand des tours et des murailles
on
a fait le point et les perspectives, que le
sommeil
du souvenir laisse s’ensevelir dans le
terreau,
demain retourné pour y laisser
quelque
trésor de certitude
Il
n’y a pas que les fantasmes des dîners et des premières
folies,
des roulades dans la nuit, des voitures échappées
et
dans les landes ou les pins, par les lits, les draps,
les
paliers parfois sonores ou les portes cochères,
les
baisers de ceux qui déjà savants se redonnent et se
rendent
les envies de leur enfance quand elle sentait
l’adolescence,
Il
n’y a pas que les essais qu’on pensa avoir eus avec d’
autres
et qu’on range avec soin certains matins,
certaines
lueurs d’irrésolution, certaines années
grises,
il n’y a pas que l’infidélité du passé,
que
la récapitulation hasardée et coupable de ce que
l’on
ne donna qu’à demi au présent désormais
Car
voici surgir des champs de l’anxiété et du choix
des
fougères et des chaumes de la sensation et de la
contradiction,
car
voici se lever, balançant avec une timidité triomphale,
ce
surgeon qui est nous, qui est l’absurde, l’inexplicable
rassemblement
vers un ciel, vers le tout autre,
Par
les villes partagées avec d’autres que toi,
dans
des chemins qui furent les nôtres ou qui le
seraient,
que je violais ou préparais pour toi,
la
délibération qui n’est ni l’envol ni la pureté
assommait toute la
mémoire, jet e mettais dans des
balances
et des cornues, je supputais tous les jeux de
l’égoïsme,
toutes les pentes de la tentation si
un
jour je devenais prisonnier
de
cette décision à présent
foi
contre faiblesse
toi
en pensée, en désir arc-volant, arc-boutant
des
allées et des volutes de sentiments changeants
qui
m’avaient exproprié depuis toujours.
Cet
homme naguère apprit ce qu’il devinait
et
pleura devant moi –dehors, hors des siens,
hors
d’elle.
Hors
de soi enfin.
Cet
homme ici et maintenant – cet homme certain
et
pudique, assuré de ses avoirs, anxieux de sa valeur,
habile
à imaginer ces suites et en somme les échecs –
ne
s’entamait ni d’amour ni de rêves, il fallait
et
moi maintenant, ces mois ou ces années
sans
couler vers toi ni le coeur ni la main
malgré
les îles, les promesses, les retours et les
fêtes
c’est
la peur de l’autre toi qui nous étreint,
la
peur de cette forme immense, quotidienne, incessante
que
serait ton absence,
que
serait en nous la couche de ton départ
Il
y a parfois le lit de l’océan que l’on ne voit
ni
ne sait
mais
qui doit bien être l’appui des masses énormes
de
la vie,
car
toi – quels que soient les cynismes et les regards
de
côté des hommes que nous sommes, raides et peureux –
tu
fus, tu es la blancheur des nuits,
le
signe de notre existence, la vraie confidence,
le
pleur nocturne et l’aveu de l’enfance
le
mari revenu à sa qualité, dépouillé de la journée
et
des paroles inutiles, des confessions atrophiantes
dit
seulement au lit la conjugaison sans mots
de
sa vraie faiblesse, de son amour
et
de la naissance autrefois de la certitude
du
seul instant qui détermina tous les mouvements
et
ce geste qui fut et demeure : viens !
et
à l’homme de tous les âges qui fit cet aveu,
la
fiancée redevenue a donné la main,
ouvert
son ventre, et déplié la mort
pour
le seul envers de la réalité
les
pas de deux vers l’unité
et
les yeux ouverts à l’autre ciel.
Entre
les lits assemblés de l’absence et des angoisses,
je
poserai comme d’autres les bois fragiles de mon repos
et
de notre feu, j’attendrais la grâce,
j’attendrais
la force et coulera à l’aurore
où
se décident le retour et la résurrection
ce miel qui
lie tout.
Tu me trouveras toi et diras
Tu me trouveras toi et diras
ce
que je n’osai jamais regarder :
que
je t’aime,
alors
la taille, la nuque et les épaules
que
je sois devenu solitaire ou maintenant couple.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire