mardi 5 août 2014

poèmes au Brésil - 22 -




L’enfance aux lèvres


Elle me regardait désormais
comme une lampe claire que j’aurais découverte
et à quoi je m’offrirais,
elle buvait les instants,
elle récitait des chances et des ferveurs,
elle se blotissait dans le sourire,
elle jetait à la vie des gerbes,
elle rougissait des lèvres et des yeux,
elle existait à l’envers,
elle dansait pour venir et aller,
tu avais le visage de l’amour
et l’enfance aux lèvres.

Dévêtue la première femme
qui me fit te voir et par qui tu t’étais annoncée,
tu n’écoutais plus que pensive,
certes les paroles et l’accompagnement es gestes
mais surtout les flots et les danses
en toi de cette musique qui produisait
ta volupté de me voir.

C’était indicible, par les brouillards
d’une tristesse qui n’avait de cause que la vie,
je voyais l’étincelle de ta forme
et les puissances de ta face,
l’or vert dont tu es faite,
je contemplais ton sourire, et la perfection de tes dents,
je retenais les détails de ton regard et de ta voix,
j’espérais le retour à ce corps qui doit être
tien mais dont je n’ai encore distingué
rien,
et je devinais qu’une orée s’ouvrait,
que ta main en arrière agitait quelques doigts
pour prendre les miens à cette traîne
que l’existence laisse parfois à des jours lourds.

Tu jetais le temps et les minutes
par brassées, tu lisais et travaillais
comme antan, tu te nourrisssais des envies et des désirs
auxquels tu donnais peu de cours,
car ta certitude et ton unité venaient
 ce sentiment-là, à toi seule dévolu,
que tu commençais d’aimer
et que cette sensation-là pouvait se vivre
encore plus commodément à un,
quand on est assuré du lendemain et de l’autre.

Et tu prenais le temps et les minutes
sans souciance ni prescience, paisible
de l’éternité seule que peut la jeunesse
et l’enfance à tes lèvres, comme à d’autres
mais c’étaient les tiennes et – moi –
jour après jour, parfois plusieurs se faisaient en un,
je ratifiais et contresignais le hasard et ton abord
et vérifiais que cette enfance-là,
peut-être répandue, peut-être banale,
n’avait de flur qu’à tes dents,
de fruit qu’à tes lèvres.

Quand commence l’émoi premier d’attendre
et d’espérer une voix,
quand on s’étend sans plus même demander
l’exaucement du désir,
quand seule la présence et l’imprévu sourire
payent de tout le jour,
alors a commencé la métamorphose
et ce qu’on avait oublié de toi.

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