Pluie – boîtes de la nuit
Pluie. Il
pleut.
La ville future a sa présence de brume,
La ville future a sa présence de brume,
des
lumières font du bruit,
l’eau a ses
cloches, sa rumeur.
Il pleut. Je t’attends,
Il pleut. Je t’attends,
je
t’attends nu nue .
En bas, au
loin dans ton histoire
antérieure
– tu liquides un passé
que je ne
sais pas et qui m’indiffère
s’il n’est
tien
Ton amant saoul, quel est-il ?
Celui qui
te revient ?
Celui qui
t‘arrive ? Boîtes de la nuit.
Il pleut et
les heures sont à eux
que nous
ignorons et qui peupleront nos vies
peut-être
après nos départs,
les
inconnus d’hier, devenus amants
aujourd’hui
pour notre envie et notre oubli.
Il pleut – boîtes de la nuit,
Il pleut – boîtes de la nuit,
et la
jeunesse du soir a volé
et la
minuit fait ses volumes de pensées,
d’imaginations
et d’images de toi
qui ne
seras jamais à moi.
La seconde
fois n’est sûre qu’accomplie,
et les
nuits, je les vis en simulacre de toi.
Test mots ont le diamant de ta bouche
Test mots ont le diamant de ta bouche
quand tu
souris et prends peur ;
je ne sais
ni ne vois ton désir.
Je n’espère plus que cette disparition
Je n’espère plus que cette disparition
du rêve et
de tes mains jamais venues.
Il pleut
dans ma vie
et mon cœur
a des songeries,
des
comparaisons de cimetières, de souvenirs
que la joie
pourrait envoûter
si, gommant
tous les paysages,
surgissait
d’un coup de la nuée
ton corps
démasqué, enfin impudique.
J’ai tant
de choses engrangées,
tant de
terre à mes pieds,
tant de
pleurs à mes yeux,
qu’il me
faudrait partir à ces
déserts,
par ces voiliers, en ces rues
de toute
mort.
Autour de
moi, mes cœurs et mes vies
deviendront
faisceau et tresse,
t’habilleront
de mes mains,
pareront
ta poitrine et ton sexe,
si
après les gestes, et l’humeur
tu
auras bien souri de nous avoir
enfin
donné les caresses de cette pluie.
Il
pleut et tout le mystère de l’attente
est
rassemblé sur ce lit où tu ne parais.
Au
loin, en bas, boîtes de la nuit,
tu
parles et contemples le visage du passé,
tu
as des soins comme si le temps restait
encore
à ces semaines et ces mois révolus.
On
t’explique l’amour là bas,
je
l’ai désiré ici,
et
toi dans des ascenseurs, seule,
tu
serres les mots récités de l’envie
à
laquelle tu ne cèdes pas.
Il
y aura le sommeil, la pluie
se
retirera du matin, et à cette aube
je
reconnaîtrai encore une fois ton absence.
Le
silence de t’espérer sans image
a les
épaisseurs de cette pluie.
Je n’ose te voir ni t’entendre,
Je n’ose te voir ni t’entendre,
tu
sèmes des pas, des lettres, des souhaits
que
je ne puis recueillir,
tout
vole et s’enfuit de mon attente,
tu
te repais quelque part de sensations
inconnues
pour tes vingt ans.
J’ai le double de tes jours, de tes nuits,
J’ai le double de tes jours, de tes nuits,
le
double de ton espoir, et du poids de la vie,
et
les minutes de cette pluie,
tu
ignores donc qui elles sont
2 Mai 1985
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