vendredi 8 août 2014

poèmes au Brésil - 25 -




              Pluie – boîtes de la nuit


Pluie. Il pleut.
La ville future a sa présence de brume,
des lumières font du bruit,
l’eau a ses cloches, sa rumeur.
Il pleut. Je t’attends,
je t’attends nu nue .
En bas, au loin dans ton histoire
antérieure – tu liquides un passé
que je ne sais pas et qui m’indiffère
s’il n’est tien 
Ton amant saoul, quel est-il ?
Celui qui te revient ?
Celui qui t‘arrive ? Boîtes de la nuit.
Il pleut et les heures sont à  eux
que nous ignorons et qui peupleront nos vies
peut-être après nos départs,
les inconnus d’hier, devenus amants
aujourd’hui pour notre envie et notre oubli.
Il pleut – boîtes de la nuit,
et la jeunesse du soir a volé
et la minuit fait ses volumes de pensées,
d’imaginations et d’images de toi
qui ne seras jamais à moi.
La seconde fois n’est sûre qu’accomplie,

et les nuits, je les vis en simulacre de toi.
Test mots ont le diamant de ta bouche
quand tu souris et prends peur ;
je ne sais ni ne vois ton désir.
Je n’espère plus que cette disparition
du rêve et de tes mains jamais venues.
Il pleut dans ma vie
et mon cœur a des songeries,
des comparaisons de cimetières, de souvenirs
que la joie pourrait envoûter
si, gommant tous les paysages,
surgissait d’un coup de la nuée
ton corps démasqué, enfin impudique.

J’ai tant de choses engrangées,
tant de terre à mes pieds,
tant de pleurs à mes yeux,
qu’il me faudrait partir à ces
déserts, par ces voiliers, en ces rues
de toute mort.
Autour de moi, mes cœurs et mes vies
deviendront faisceau et tresse,
t’habilleront de mes mains,
pareront ta poitrine et ton sexe,
si après les gestes, et l’humeur
tu auras bien souri de nous avoir
enfin donné les caresses de cette pluie.


Il pleut et tout le mystère de l’attente
est rassemblé sur ce lit où tu ne parais.
Au loin, en bas, boîtes de la nuit,
tu parles et contemples le visage du passé,
tu as des soins comme si le temps restait
encore à ces semaines et ces mois révolus.
On t’explique l’amour là bas,
je l’ai désiré ici,
et toi dans des ascenseurs, seule,
tu serres les mots récités de l’envie
à laquelle tu ne cèdes pas.
Il y aura le sommeil, la pluie
se retirera du matin, et à cette aube
je reconnaîtrai encore une fois ton absence.

Le silence de t’espérer sans image
a les épaisseurs de cette pluie.
Je n’ose te voir ni t’entendre,
tu sèmes des pas, des lettres, des souhaits
que je ne puis recueillir,
tout vole et s’enfuit de mon attente,
tu te repais quelque part de sensations
inconnues pour tes vingt ans.
J’ai le double de tes jours, de tes nuits,
le double de ton espoir, et du poids de la vie,
et les minutes de cette pluie,
tu ignores donc qui elles sont

2 Mai 1985


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