mardi 12 août 2014

poèmes au Brésil - 29 -



                     Interrogations


Dans le quart d’une heure,
viendras-tu nue pour mes bras,
arriveras-tu nue pour tout moi,
chanteras-tu la ronde des habits et du sourire
quand aura fondu le premier bonjour ?

T’aurai-je, mon insaisissable,
de toutes les nuits et de celle-ci,
t’aurai-je déshabillée, allongée, fendue
déjà et encore pour mon attente
par toute ton envie ?

Seras-tu spontanée, rieuse, vibrante
des hommages que tu as   rêvés,
auras-tu réservé pour ma caresse
la bouche et le miel et les lèvres
et le ventre qu’à l’autre pour nous
tu auras refusés.

Les couloirs, les artifices des lieux communs,
les entrées et les sorties, les portes à serrure,
les franchiras-tu déjà assurée de ton projet,
déjà anticipée pour le sommeil que nous aurons ?
Et ta main fera-t-elle le premier signe,
celui rompant les interrogations et exauçant
mes yeux et mon mouvement, le regard sur toi ?

Ces moments, les as-tu déjà vus, les as-tu déjà tus ?
Ces gestes et ces endroits de nos corps assistant
au ballet de notre âme, aux paroles qu’on échange
de plus en plus bas jusqu’au tutoiement final,
sont-ils ceux déjà inscrits dans le futur de ta mémoire
et dans l’immédiat présent de cet instant voulu,
dans la pente qui du ciel à la terre mène sans précipitation ?

Il y avait dans ta voix, il y avait dans ta lettre,
il y avait l’accueil et enfin la conciliation des jours
 jusques-là  bien à moitié regardés, commencés, consommés.
Y aura-t-il dans la chute de ta bouche à ma nuque
ces mots là attendus qui sont l’ouverture à l’amant,
la main déjà indiquant par où le seuil se prendra
et glissera ta robe et le linge, puis les lignes de toi :
apparaissant nue, languide et chaude la dernière énigme.

Me laisseras-tu baiser le chaud et le froid, la sueur
et les fentes, poseras-tu, agrippée maintenant, ta main
de femme sur ma tête d’amant, devant toi à genoux ?
Me laisseras-tu encenser tes lieux, faire sourdre la rosée,
épeler les perler de nos joies,
attendre que surgissent nos pleurs ?
Me prendras-tu des jambes à ton cou, recroquevillée,
suspendue en dernière nacelle ? Me voudras-tu ton homme
maintenant, roide, nu avant l’instant, ô ma maîtresse ?

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