Interrogations
Dans le
quart d’une heure,
viendras-tu
nue pour mes bras,
arriveras-tu
nue pour tout moi,
chanteras-tu
la ronde des habits et du sourire
quand aura
fondu le premier bonjour ?
T’aurai-je,
mon insaisissable,
de
toutes les nuits et de celle-ci,
t’aurai-je
déshabillée, allongée, fendue
déjà
et encore pour mon attente
par
toute ton envie ?
Seras-tu
spontanée, rieuse, vibrante
des
hommages que tu as rêvés,
auras-tu
réservé pour ma caresse
la
bouche et le miel et les lèvres
et
le ventre qu’à l’autre pour nous
tu
auras refusés.
Les
couloirs, les artifices des lieux communs,
les
entrées et les sorties, les portes à serrure,
les
franchiras-tu déjà assurée de ton projet,
déjà
anticipée pour le sommeil que nous aurons ?
Et
ta main fera-t-elle le premier signe,
celui
rompant les interrogations et exauçant
mes
yeux et mon mouvement, le regard sur toi ?
Ces
moments, les as-tu déjà vus, les as-tu déjà tus ?
Ces
gestes et ces endroits de nos corps assistant
au
ballet de notre âme, aux paroles qu’on échange
de plus en plus bas
jusqu’au tutoiement final,
sont-ils
ceux déjà inscrits dans le futur de ta mémoire
et
dans l’immédiat présent de cet instant voulu,
dans
la pente qui du ciel à la terre mène sans précipitation ?
Il
y avait dans ta voix, il y avait dans ta lettre,
il
y avait l’accueil et enfin la conciliation des jours
jusques-là bien à moitié regardés, commencés, consommés.
Y
aura-t-il dans la chute de ta bouche à ma nuque
ces
mots là attendus qui sont l’ouverture à l’amant,
la
main déjà indiquant par où le seuil se prendra
et
glissera ta robe et le linge, puis les lignes de toi :
apparaissant
nue, languide et chaude la dernière énigme.
Me
laisseras-tu baiser le chaud et le froid, la sueur
et
les fentes, poseras-tu, agrippée maintenant, ta main
de
femme sur ma tête d’amant, devant toi à genoux ?
Me
laisseras-tu encenser tes lieux, faire sourdre la rosée,
épeler
les perler de nos joies,
attendre
que surgissent nos pleurs ?
Me
prendras-tu des jambes à ton cou, recroquevillée,
suspendue
en dernière nacelle ? Me voudras-tu ton homme
maintenant,
roide, nu avant l’instant, ô ma maîtresse ?
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