samedi 4 mai 2013

vies d'autres - quatre-z-yeux à la boulangerie

Samedi matin . 4 Mai 2013

                    A la boulangerie, tout à l’heure, une femme aux yeux très clairs, je la laisse entrer, les jambes quelconques mais nues, la nuque qui dit une vulnérabilité qui me bouleverse. Alors, très jeune fils, garçonnet qu’elle a contre elle, comme en badoulière, questionne et remarque, je ne comprends rien, vous le comprenez ? oui, je le comprenez. Les yeux du très jeune enfant, marche-t-il déjà, mais il est habillé et chaussé comme s’il marche déjà… les yeux sont plus que splendides, le même bleu que ceux de sa mère mais de la lumière en plus, une façon de joie unique, muette, la vie-même dans toute sa gloire mais retenue en cette seule présence d’enfant. Je dis banalement cette joliesse pour éviter pudiquement de constater la merveille. Elle me remercie d’une voix qui doit toujours être murmure le plus simple. L’un des couples parfaits en notre monde, la mère et l’enfant quand l’enfant est masculin. Oui, sans doute, mais quand il y a l’unisson tel que c’est la toute petite enfance qui exprime le plus, et qu’elle est tranquillement, naturellement, apparemment sans fatigue portée par une jeune mère à l’apogée de la paix… J’ai trouvé l’ensemble si beau que nous n’avons pas même échangé un au-revoir. Jamais vu un enfant à l’épaule de sa mère, bien au-dessus de la hanche, aussi rayonnant, limpide, et si simple. Il m’a regardé avec lumière et paix, naturel. Sculpteur, peintre, photographe, j’y étais : la Vierge à l’Enfant. La jeune femme, humble, le très jeune fils : solaire.

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