mardi 9 septembre 2014
mort maintenant - j'apprends sa mort
par notre chère ... , j’apprends que Bernard, ton cher frère, notre si précieux et fin cousin, est mort vendredi dernier.
Je ne pourrai malheureusement pas être à Paris jeudi 11, que de cœur et de prière avec toi.
D’un grand après-midi chez lui, rue de Varenne, il y a maintenant une grande dizaine d’années, je garde un vif souvenir de ton frère. L’appartement, sa décoration, les objets et meubles si beaux et allant si bien les uns avec les autres, et surtout avec lui. Ton cher frère était dans notre famille et notre fratrie à tous une véritable légende. Sa distinction physique et mentale, son éducation extraordinairement policée, sa mise toujours impeccable mais ne lui donnant jamais une allure contrainte, son égalité d’humeur, son attention à chacun, équilibrée, souriante faisaient de lui un véritable modèle de savoir-vivre. Et ce qui est aussi rare, cela ne donnait pas du tout une impression ni de narcissisme ni d’égoisme. Son célibat – au moins apparent et pour ce que je savais, c’est-à-dire fort peu, de sa vie par mes parents et ma grand-mère sa tante – ajoutait au mystère. Une réserve de bonheur, de l’espace secret. En plus de sa situation professionnelle le faisant voyager puisqu’il n’était habituel dans sa génération. Enfin, il y avait la vie sociale, le bridge, ce n’est pas à toi que je le dirai évidemment. Toute une série de dimensions que je n’ai pas, que je n’avais pas mais qui ne provoquaient aucune distance entre lui et les autres.
Mon regret est évidemment de ne pas l’avoir assez fréquenté quand cela m’était devenu possible aux époques de ma carrière professionnelle où je me suis trouvé – à deux reprises – à ne pas faire grand-chose à Paris. Plus qu’à d’autres, j’aurais eu beaucoup de questions à lui poser sur la vie. Son intimité avec votre mère, notre chère Tante Marie-Louise, à qui Maman de son hôpital Foch à l’automne de 1992, écrivit la dernière de ses lettres, nous rendait assez semblables, lui et moi, et Maman enviait beaucoup la tienne, car évidemment elle me voyait moins même si plusieurs fois par an, elle me rejoignait dans mes lieux d’affectation diplomatique.
En revanche, cet après-midi là de notre dernier revoir, nous avons beaucoup exploré le passé familial, il m’a prêté de nombreuses photos. que j’ai photocopiées et surtout nous avons pu parler des uns et des autres, faire vivre les noms et les faire-part. Dans ce genre de conversations, il respirait la présence mentale, la mémoire et une grande facilité d’évocation, toujours avec lucidité mais bienveillance. Il est rare de constater à quel point quelqu’un est agréable à approcher et à vivre. Dans la généralité, c’est rare, dans une famille où les affections, les souvenirs rendent tout émotif ou artificiel, ce recul et cette proximité en même temps faisait un respect mutuel, apprendre sans curiosité et recevoir sans demander. J’ai passé ainsi des heures faciles, chaleureuses. Je me suis senti considéré par quelqu’un que j’ai toujours estimé.
Un de ses dons a été de toujours regarder autrui sur un pied d’égalité, affaire de politesse sans doute, mais cela s’est aujourd’hui souvent perdu, mais je crois qu’il y avait plus. Je ne sais les convictions religieuses et/ou philosophiques qui étaient les siennes, s’il en avait et les disait – nous pourrons en parler quand nous nous reverrons, en évoquant aussi ta chère sœur Brigitte – mais certainement il alliait une vraie liberté de penser et d’observer les situations, les capacités des gens, même leur histoire personnelle, au le respect de tout, du banal et de l’exceptionnel, du secret et du courant.
Je regrette beaucoup de n’avoir pas vraiment vécu, conversé avec lui, assez régulièrement pour vraiment le connaître. Quant à être connu de lui, c’était un homme qui savait connaître et comprendre. Dans le type d’éducation qui a été le nôtre, cette ouverture n’est pas fréquente.
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