Présenter des notes de lecture, des auteurs aimés ou nouvellement découverts, de mes écrits non encore édités - mais dialoguer selon ce que mon lecteur ici rencontré, voudra bien commenter - et recueillir lectures et écrits d'autrui, manière de lire et d'écrire d'autrui - envie de communiquer, partager, lire et écrire en réponse - mercredi 11 juin 2008
Bien que Charles VI ait pris soin de très longue date d'assurer sa succession, grâce à la Pragmatique Sanction de 1713 et à des traités avec les autres États d'Allemagne (Prusse, Bavière, etc.) et d'Europe, l'accession au pouvoir d'une princesse de 23 ans est l'occasion d'un long conflit, lancé par Frédéric II dès la fin de 1740, la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748), à laquelle prennent aussi part, parmi les ennemis de Marie-Thérèse, la Bavière, la France et l'Espagne. Au terme de cette guerre, conclue par le traité d'Aix-la-Chapelle, Marie-Thérèse a perdu la Silésie, province qu'elle chérissait, cédée à la Prusse, mais son époux a été élu empereur et son pouvoir est solidement établi.
Mariée depuis 1736 à François III Étienne, duc de Lorraine et de Bar (jusqu'en 1737), puis grand-duc de Toscane,
Marie-Thérèse ne peut être élue empereur, dignité réservée à un homme :
compte tenu de la situation internationale, ce n'est qu'en 1745 que François de Lorraine est élu empereur, succédant à Charles VII, électeur de Bavière, élu en .
Marie-Thérèse est donc couramment appelée l'« impératrice »
Marie-Thérèse, formellement seulement en tant qu'épouse de l'empereurNote 2. Elle est cependant considérée par ses contemporains, qui la surnomment « la Grande », comme détentrice de facto de la dignité impériale, jusqu'à la mort de son mari en 1765, puis aux côtés de son fils Joseph II. Seule femme à avoir été souveraine des possessions des Habsbourg, elle est restée, dans la mémoire collective, comme l'un des plus grands monarques de son siècle.
Dernière descendante de la Maison de Habsbourg, l'archiduchesse est la fille aînée de l'empereurCharles VI et de l'impératrice, née Élisabeth-Christine de Brunswick-Wolfenbüttel. Un seul de ses frères et sœurs a survécu au-delà de l'enfance : Marie-Anne
(1718-1744) dont elle est restée très proche, mais qui mourra
prématurément. L'archiduchesse est aussi proche de sa tante
l'archiduchesse Marie-Madeleine. Issue d'une Maison marquée par la consanguinité, elle a hérité de sa mère la beauté et la force de caractère.
Afin d'affirmer l'indivisibilité des domaines des Habsbourg, son père, sans enfant mâle, rendit le la Pragmatique Sanction.
Cette disposition de succession au trône réserve celui-ci à l’aîné
vivant des enfants du souverain, quel qu'en soit le sexe. De fait, Charles VI désigne donc Marie-Thérèse pour lui succéder, au détriment de sa nièce, la fille de Joseph Ier, son frère aîné décédé.
Cet acte, reconnu par les diètes des États des Habsbourg, sera finalement garanti, non sans difficultés, par les grandes puissances européennes.
Le , Marie-Thérèse épouse son fiancé, François-Étienne de Lorraine. Ce dernier, aux traités de Vienne ( et ) mettant fin à la guerre de Succession de Pologne, reçoit le grand-duché de Toscane en échange de ses duchés héréditaires de Bar et de Lorraine qu'il abandonne à titre viager à Stanislas Leszczynski, roi déchu de Pologne, mais beau-père de Louis XV lesquels duchés, à la mort de l'ex-roi de Pologne, seront annexés par la France.
À la mort de Charles VI le , et malgré ladite Pragmatique Sanction,
Marie-Thérèse éprouve des difficultés à faire reconnaître ses droits
aux trônes de son père, droits immédiatement contestés par la Bavière,
l'Espagne, la France, le Piémont-Sardaigne, la Prusse et la Saxe. Sans
ultimatum, Frédéric II de Prusse attaque la Silésie, riche territoire appartenant à la Maison de Habsbourg, avec pour conséquence le déclenchement de la guerre de Succession d'AutricheNote 3.
À la mort de l'empereur son père, Marie-Thérèse est une jolie jeune
femme de 23 ans, vive, spontanée, très amoureuse de son mari et ayant
donné le jour à trois filles dont deux sont mortes en bas âge, dont la
petite princesse Marie-Caroline emportée par la variole.
Depuis trois générations, la difficulté à engendrer l’héritier
mâle destiné à raffermir le trône de la dynastie est cruellement
ressentie par la famille impériale et par ses sujets. Alors enceinte de
quatre mois, la grande-duchesse de Toscane espère donner enfin le jour à
ce fils tant attendu.
Peu préparée à ses fonctions, la jeune souveraine se trouve
confrontée à un « empire » sortant d'une guerre désastreuse contre l'Empire ottoman, une armée désorganisée, des caisses vides et une administration archaïque aux rouages grippés.
Elle est, de plus, assaillie de tous les côtés et par ceux-là
mêmes qui s'étaient engagés à la soutenir, ses voisins et parents,
notamment le roi Frédéric II de Prusse, nouveau roi en Prusse. Elle doit mener sans soutien ni argent la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748) contre la Prusse, la Bavière, la Saxe, la France de Louis XV, le Piémont-Sardaigne et l'Espagne. Son cousin par alliance Charles Albert, électeur de Bavière, protégé par la France ennemie, est élu empereur (Charles VII) contrairement à la volonté de Charles VI.
À ces trahisons répond une première victoire « biologique » : en naît l'héritier mâle tant attendu. Sur les conseils de sa mère, elle le nomme en geste d'action de grâce, Joseph, comme le père nourricier du Christ.
Thaler à la madone et à l'effigie de Marie-Thérèse d'Autriche (1742).
En 1745, après la mort de Charles VII, Marie-Thérèse fait élire son époux François-Étienne de Lorraine sur le trône impérial. Elle-même devient alors « impératrice consort des Romains ».
Marie-Thérèse au masque : l'impératrice aimait aussi les fêtes et les bals.
Nonobstant le fait que la dignité impériale ne pouvait être conférée
qu'à un homme, la personnalité de Marie-Thérèse, faite de courage, de
grandeur d'âme, de droiture et de pugnacité[réf. souhaitée],
s'impose dans la politique de l'Empire, bien plus que la sage mesure
qu'observe l'empereur François. Elle est pour toutes les cours, les
chancelleries et pour le public, simplement « l'impératrice », qui
exerce la réalité du pouvoir.
Ses contemporains la nomment assez rapidement, dès la seconde partie de son règne, « Marie-Thérèse la Grande »Note 5.
Avec l'accession de François et Marie-Thérèse au trône, la dignité impériale revient dans la maison de Habsbourg (devenue maison de Lorraine d'Autriche ou Lorraine-Habsbourg mais connue depuis comme celle de Habsbourg-Lorraine) : la maison d'Autriche préserve ainsi sa puissance et son importance dans le concert des grandes nations européennes.
Peu formée à sa fonction, elle sait s'entourer d'hommes
compétents et dévoués auxquels elle accorde une véritable confiance,
tout en sachant aussi imposer son autorité. Parmi eux, le comte Emmanuel de Silva-Tarouca qui a assisté à sa naissance et à qui elle demande de lui parler sans détour et d'oser la critiquer avec franchise.
La nouvelle politique d'alliance mise en œuvre par son chancelier d'État, le comte de Kaunitz,
ayant pour but de combattre la Prusse, a pour conséquence un
rapprochement avec la France et le soutien de la Russie et de la Suède.
Alliée à la France depuis 1756, Marie-Thérèse reprend la guerre contre Frédéric II de Prusse afin de récupérer la Silésie ; mais à l'issue de cette guerre de Sept Ans
(1756-1763), cette tentative échoue lamentablement. Elle empêche
toutefois son ennemi de prendre la Saxe, et réussit à obtenir son vote
pour l'élection de son fils Joseph comme empereur. Elle privilégiera
désormais des solutions plus pacifiques.
C'est au cours de cette guerre qu'elle crée un nouvel ordre de chevalerie, qui porte son nom et qui restera jusqu'en 1918 la plus haute décoration militaire autrichienne.
Elle renforce les liens avec ses sujets hongrois en leur
manifestant une confiance particulière. Un corps d'élite de hussards
hongrois est ainsi chargé d'assurer sa garde personnelle, tradition qui
perdurera jusqu'en 1918 ; de plus, elle confie au maréchal comte Batthyány l'éducation du futur Joseph II2.
À la mort de son époux en 1765, Marie-Thérèse, toute à sa
douleur, songea à abdiquer mais, effrayée par le tempérament impulsif,
autoritaire et vindicatif de son fils et successeur Joseph II, elle préféra conserver le pouvoir et seulement l'associer au gouvernement des « États héréditaires ».
Durant son règne, elle entreprit diverses réformes
centralisatrices, notamment grâce à l'aide de son chancelier Kaunitz.
Elle fut aussi une adepte du mercantilisme.
L'impératrice se laisse entraîner malgré elle — par Catherine II de Russie — dans le premier des partages de la Pologne. « Elle pleurait mais signait toujours » dit plus tard le cynique Frédéric II de Prusse, qui n'est pas aussi scrupuleux que la catholique souveraine autrichienne. En 1772, lui sont attribuées la Petite-Pologne et la Galicie.
Elle a aussi financé en 1777 la construction d'une école dans le centre de la ville de Herve
en Belgique. Cet établissement, le collège royal Marie-Thérèse, est
l'une des plus vieilles écoles de Belgique. Toujours en Belgique, en
1772, elle donne à une société littéraire le titre d'Académie impériale
et royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles, en lui assignant
pour mission d'animer la vie intellectuelle du pays et de stimuler les
recherches scientifiques. C'est l'origine de l'actuelle Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, parfois dénommée « la Thérésienne ».
Religions
Bien que fervente catholique — toute l'Europe se moque de sa bigoterie3 — qui impose sa religion comme la seule officielle et avec une grande intolérance4, elle cherche à renforcer le contrôle de l'État sur l'Église et signe, en 1773, l'expulsion de la Compagnie de Jésus2.
À l'égard des autres religions, elle déclare :
« Je déteste les protestants mais je hais les JuifsNote 6,3,5. »
D'ailleurs, elle expulse les quelque 20 000 Juifs de Prague en 1744, la plus grande communauté ashkénaze
d'Europe, qu'elle rappelle rapidement après la catastrophe économique
que cela déclenche afin de continuer à bénéficier du savoir-faire de ses
exportateurs et négociants juifs en verre et en toile de Bohême6,7 Quant aux protestants, ils sont déportés entre 1752 et 1757 : plus de 1 000 familles protestantes de Carinthie en Autriche vers la Transylvanie multiconfessionnelle, région actuellement en Roumanie8.
Mariage et descendance
Les enfants impériaux, Joseph et six de ses frères et sœurs, à la sortie de la guerre de succession.
Marie-Thérèse est une épouse profondément amoureuse de son mari, qui
le lui rend bien (on l'a dite parfois envahissante). À la différence des
princes de leur temps, ils partageront la même chambre et le même lit
pendant les 29 ans que durera leur union.
Marie-Thérèse est une épouse ardente qui disgraciera un courtisan
coupable d'avoir conseillé à l'empereur de faire chambre-à-part. Elle
met au monde seize enfants dont onze filles et cinq fils (parmi lesquels
dix parvinrent à l'âge adulte). Comme tout membre de la Maison des Habsbourg puis de Habsbourg-Lorraine, Marie-Thérèse, son mari et leur descendance sont inhumés dans une crypte dédiée à Marie-Thérèse, au sein de la crypte des Capucins à Vienne.
Elle a aussi 60 petits-enfants et 121 arrière-petits-enfants.
Postérité
Les membres de l'actuelle maison de Habsbourg-Lorraine, dite maison d'Autriche, descendent tous de Marie-Thérèse et de son mari François9 et par ceux-ci de leurs enfants : Léopold II, Ferdinand duc de Modène, Marie-Amélie duchesse de Parme, et Marie-Caroline, reine de Naples et de Sicile. Par leurs mariages, les descendants actuels des maisons souveraines d'Espagne, de France, du Luxembourg, de Belgique, du Liechtenstein, des Deux-Siciles, de Parme, de Savoie, de Saxe et de Bragance, ont tous Marie-Thérèse dans leurs ancêtres directs. Il en est de même pour la maison ducale de Hohenberg et les comtes de Méran10, branches morganatiques des Habsbourg-Lorraine.
Les descendants de Marie-Thérèse se retrouvent également parmi les
membres de plusieurs grandes familles de l'aristocratie européenne.
Thaler de Marie-Thérèse
Thaler de Marie-Thérèse (1858).
En 1741, Marie-Thérèse fait émettre une pièce de monnaie de un thaler à son effigie. Cette pièce de monnaie, communément appelé Thaler de Marie-Thérèse, connaîtra un grand succès et sera utilisée avec le même millésime (1780) sur tous les continents jusqu'en 1960.
Héritière
des Habsbourg, Marie-Thérèse porte de nombreux titres, matérialisant
ses multiples possessions. Après le décès de son mari François Ier, le son « grand titre » était le suivant : Marie-Thérèse, par la Grâce de Dieu
Dans Civilization II, Marie-Thérèse peut être choisie comme dirigeante de la civilisation allemande. Dans un opus suivant, Civilization V, elle est l'unique dirigeante de la civilisation autrichienne.
Notes et références
Notes
L'archiduché
d'Autriche et autres principautés autrichiennes, le royaume de Hongrie,
le royaume de Croatie, le royaume de Bohême, Mantoue, Milan, Parme, le
royaume de Galicie et Lodomérie, les Pays-Bas autrichiens (duchés de
Brabant, Limbourg, Luxembourg ; comtés de Flandre, Hainaut, Namur).
François de Lorraine n'aurait évidemment pas été élu s'il n'avait pas été l'époux de Marie-Thérèse.
Pour le paragraphe : Piet Lenders, Vienne et Bruxelles : une tutelle qui n’exclut pas une large autonomie, p. 42, dans Hervé Hasquin et alii, La Belgique autrichienne, 1713-1794 : Les Pays-Bas méridionaux sous les Habsbourg d’Autriche, Bruxelles, Crédit Communal, 1987 ; Léopold Genicot, Histoire de la Wallonie, Toulouse, Privat (Univers de la France et des pays francophones. Série : Histoire des provinces), p. 198-200.
Les lois du royaume hongrois ne reconnaissent pas le titre de reine.
Claude Michaud, « William O., McCagg Jr., Les Juifs des Habsbourg 1670-1918 », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, vol. 46, no 2, , p. 396–399 (lire en ligne [archive], consulté le ).
Jean-Paul Bled, Marie-Thérèse d'Autriche, Paris, Fayard, , 520 p. (ISBN2-213-60997-7), p. 168
Les
générations sont numérotées dans l'ordre de la descendance depuis les
premiers archiducs. Au sein de chaque génération, l'ordre est
strictement chronologique et défini par la date de naissance.
pour correspondre : b.fdef@wanadoo.fr ---
né le 9 Avril 1943, marié, fille née le 22 Novembre 2004 --
carrière apparente . . .
premier ambassadeur de France au Kazakhstan --
conseiller économique et commercial près les ambassades françaises (Portugal, Bavière, Grèce, Brésil, Autriche)--
ancien élève à l'Ecole nationale d'administration - Institut d'Etudes politiques Paris - école Saint-Louis de Gonzague Paris --
universitaire, agrégatif science politique droit public --
-- projet de notes et entretiens politiques : de grandes fréquentations - 1964 à nos jours - ou la constellation de Gaulle
réalité . . .
bibliothèque brochée de ma mère (années 1930 à 1960), mes 20.000 livres : histoire, fiction -- journal manuscrit depuis l'été de 1964 jusqu'en 1976, carnets de terrain : plus de 420 de 1975 à 2015 journaux dactylographiés intimes & publics quotidiens : 1973 à 1992, informatisés depuis 1992 : 300ème fichier ouvert 20 Mars 2015 - inédits romanesques : 10 ; poésie : 3 ; essais philosophiques : 1
--- publié par Le Monde 1972 à 1982 & La Croix 1972 à 1997 - Le Calame depuis Mai 2007