lundi 6 juin 2011

deux poèmes à Isa

LA NUDITE DES DEUX JOURS

Sans palier qu’un retour la semaine
qui suivait, nue dans ses bras portée
naturellement elle luit fit voir l’esprit
autant qu’un corps nouveaux, inhabituel.
Il n’était qu’à son affaire, à son doute,
ne sachant connaître ni voir la beauté.
Emouvante pourtant la petite aux épaules
ramassant les seins laissés si vifs,
un long dos et l’ampleur de hanches
pour démentir la gracilité et l’intellect.
L’autre jour désormais serait chaque fois,
nue dès la porte, ouverte dès le lit,
puissante à pleurer, étreindre, revouloir,
elle allait signifier le goût inépuisable
et des torpeurs d’akgue en alcôve sombre,
des cris en sable et aux étoiles,
bonheur qu’elle disait l’entrant en elle.
Vêtements qu’on ragraffe, linge qu’on va perdre,
elle était d’aisance d’émotion palpitante,
cette blanche du premier soir, seule mariée
qui si vite m’appellerait toujours
son petit garçon – visage lourd
de l’homme qui penche vers la femme
son poids de faiblesse et de désir,
implorant le grand môle du secours.
Aux îles clantestines, la joie
nous serait donnée, l’enfant sans nom
parmi les oliviers, les marbres d’Aliki
exalterait – inconnu – mon pâtre nue
songeuse parmi la beauté : bonheur
défendu jusqu’à un troisième jour.
Six mois, nous fûmes cette aube,
trois jours eurent la deuxième,
ce que sera l’ultime couchant faisant
notre revoir, je le sais sans encore y toucher,
liberté ouverte à deux battants
sans nos âges ni nos vies d’à présent.
A la chambre et au ciel voleront nues
de sages paroles et la définitive extase.


BLANCHE DU PREMIER SOIR

Imprévisible, seule parmi assez d’autres,
assise au canapé parental, lumière intense
du regard, des réponses, du silence
à ma gauche, la jeune fille en blanc
mariée en légende courageuse en offrande,
fut soudain dans la sphère possessive
des certitudes qu’on pressent, vie déjà
arrivant : le coup si fort sans besoin
d’immédiat, elle le portait sans savoir
et je la voyais sans direction ni temps
qu’absolument sûr de l’étreinte future.

23 Novembre 1985


DERNIER LIT

Là où nous fûmes ne serait plus
la toile glissait de sous nos corps
comme les jours, toutes nuits de si peu,
tu vins cette dernière aube, les soirs
presque tous avaient par impossible manqué,
à genoux, recueillie pour la bougie à souffler,
tu t’efforças et priais : prendre l’entier
du dernier flot que gonfla, exprima, légua
notre plaisir, l’union qui n’était qu’adieu

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