Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau
Portrait de
Mirabeau,
par Joseph
Boze.
Fonctions
29 janvier - 14 février 1791 |
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6 avril 1789 - 2 avril 1791 |
Titre de noblesse
Biographie
Naissance |
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Décès |
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Sépulture |
Panthéon (5 avril 1792 - 21 juillet 1794), cimetière de Clamart (depuis 1798) |
Nom de naissance |
Honoré Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau |
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Surnom |
« L'Orateur
du peuple » |
Pseudonyme |
Karel van Ligtdal |
Nationalité |
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Formation |
Université d'Aix (d) |
Activités |
Journaliste, homme politique, diplomate, écrivain, économiste, orateur |
Famille |
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Père |
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Fratrie |
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Conjoint |
Émilie de Covet de Marignane |
Enfant |
Jean-Marie-Nicolas Lucas de Montigny (d) |
Autres informations
Parti politique |
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Membre de |
Neuf
Sœurs |
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Lieux de détention |
Château d'If (depuis 1774), fort de Joux (1775) |
D’azur, à la bande d’or, accompagnée en chef d’une demi fleur de lis d’argent, défaillante à dextre et florencée du même, et en pointe de trois roses du dernier
signature
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Honoré Gabriel Riqueti, aussi orthographié Riquetti, comte de Mirabeau, plus communément appelé Mirabeau, né le 9 mars 1749 au Bignon et mort le 2 avril 1791 à Paris, est un écrivain, diplomate, journaliste et homme politique français, figure de la Révolution.
Surnommé « l'Orateur du peuple » et « la Torche de Provence », il reste le premier symbole de l’éloquence parlementaire en France. Bien que membre de la noblesse, il se distingue en tant que député du Tiers état aux États généraux. Fort aimé par les révolutionnaires, son corps est transporté au Panthéon à sa mort, mais la découverte de ses relations secrètes avec la royauté retourne l'opinion, et sa dépouille est retirée du mausolée, dont il était le premier occupant.
Sommaire
Un noble déclassé adversaire de l'absolutisme
Enfance
Cinquième enfant et second fils de Victor Riquetti de Mirabeau, économiste de renom, et de Marie-Geneviève de Vassan (1725-1795), Mirabeau est issu par son père d'une famille de la noblesse provençale1 et par sa mère, d'une lignée de financiers remontant à Jacques de Vassan. Il est le frère ainé du vicomte de Mirabeau André Boniface Louis Riquetti de Mirabeau.
Selon Victor Hugo, né onze ans après la mort de Mirabeau, ce dernier était d'une « laideur grandiose et fulgurante2 ». Il est né avec un pied tordu, deux grandes dents et surtout une tête énorme (ce qui a fait dire qu’il était hydrocéphale). Il a également la langue enchaînée par le filet1. Avant de présenter l'enfant à son père, la nourrice le prévient : « Ne vous effrayez pas3 ». Et l'accoucheur d'ajouter : « Il aura beaucoup de peine à s'exprimer4 ». Mirabeau admettra sa difformité, mais voudra en tirer sa force : « On ne connaît pas toute la puissance de ma laideur », clamera-t-il5.
À l'âge de trois ans, il est défiguré par une petite vérole mal soignée ; son visage au teint livide en garde de profondes cicatrices. Son enfance est marquée par la sévérité de son père qui n'a pas d'affection pour lui. En 1754, son père écrit à son frère, le bailli de Mirabeau : « Ton neveu est laid comme le fils de Satan6 ». Il a également pour habitude de l'appeler « Monsieur l'ouragan » ou « le comte de la Bourrasque ». Il est placé par son père chez l'abbé Choquard à Paris7. Destiné à une carrière militaire, il accumule les dettes de jeu, si bien que son père le fait emprisonner sur l'île de Ré par lettre de cachet8.
Débuts tumultueux
Statue d'Honoré de Mirabeau. Palais de justice d'Aix-en-Provence.
Il étudie à la faculté de droit de l'université d'Aix-en-Provence où il fréquente, notamment Jean-Étienne-Marie Portalis, futur rédacteur du Code civil9.
En 1768, il est incorporé à un régiment, mais contracte des dettes, ce qui provoque de nouveau la colère de son père. Il gagne une réputation de libertinage : « Mais le monde ne pardonne pas à Mirabeau cette sorte de férocité, d'exaspération physique que remplaçait chez lui la légèreté du libertinage à la mode : une fougueuse nature éclatait dans ces vices, au lieu de la gracieuse corruption qu'on était accoutumé à admirer8 ».
Il participe à la campagne de Corse en 1768-1769, ce dont il se repentira. En novembre 1789, Mirabeau dénoncera les exactions qui ont accompagné la conquête de la Corse : « J’avoue, messieurs, que ma première jeunesse a été souillée par une participation à la conquête de la Corse10. »
Il épouse le 23 juin 1772 en l'église du Saint-Esprit d'Aix-en-Provence Émilie de Covet-Marignane11, fille du puissant marquis de Marignane, qui avait refusé sa main au comte de Valbelle. Ils ont un fils, Victor, mort en bas-âge en 177812.
Le fort de Joux où il fut emprisonné.
En 1774, son père demande son emprisonnement au château d'If, au large de Marseille, pour « le remettre dans le droit chemin », emprisonnement qui durera près d'un an13. Pour le soustraire à ses créanciers, son père le fait plusieurs fois enfermer au donjon de Vincennes, et finalement exiler en 1775 au château de Joux, en Franche-Comté. Là, Mirabeau use de son charme auprès du gouverneur pour se rendre de nombreuses fois à Pontarlier : à l'occasion des fêtes organisées pour le sacre de Louis XVI, il y rencontre Sophie de Monnier, jeune femme mariée au marquis de Monnier, président de la chambre des comptes de Dole et près de cinquante ans son aîné ; celle-ci devint sa maîtresse. Ils s'enfuient tous deux aux Provinces-Unies, tandis qu'on les juge à Pontarlier par contumace (Sophie sera condamnée à l'enfermement à vie dans une maison de repentance pour crime d'adultère, Mirabeau à mort pour rapt et séduction)14.
Durant sa fuite, en 1776, Mirabeau publie son Essai sur le despotisme, qui dénonce l’arbitraire du pouvoir royal : « le despotisme n’est pas une forme de gouvernement […] s’il en était ainsi, ce serait un brigandage criminel et contre lequel tous les hommes doivent se liguer. » Les deux amants seront rattrapés à Amsterdam : Sophie arrêtée, Mirabeau se livrera. Après avoir mis au monde une fille, prénommée Gabrielle Sophie, elle est condamnée à être enfermée au couvent des Saintes-Claires, à Gien, où elle est effectivement conduite en 1778. Lui échappe au bourreau, mais retourne, à cause d'une autre lettre de cachet, au donjon de Vincennes, durant quarante-deux mois12. Gabrielle Sophie sera confiée à une nourrice de Deuil et décédera en 1780 sans que son père n'ait jamais pu la connaître12.
Mirabeau est donc emprisonné au donjon de Vincennes de 1777 à 1780. Il y rencontre Sade, qui y est enfermé à la même époque. Il y écrit beaucoup : des lettres, notamment à Sophie de Monnier, publiées en 1792 sous le titre de Lettres à Sophie, chef-d’œuvre de la littérature passionnée, ainsi qu’un virulent libelle contre l’arbitraire de la justice de son temps, Des Lettres de cachet et des prisons d'État, mais aussi une œuvre érotique particulièrement crue. Des Lettres de cachet et des prisons d'État sera publiée en 178212. Les décès coup sur coup de ses deux seuls petits-enfants, Victor et Gabrielle Sophie, adoucissent Mirabeau père, qui ne souhaite pas que sa lignée s'éteigne. Il accepte de faire libérer son fils aîné, à condition de détenir une autre lettre de cachet qui pourrait le renvoyer en prison : Mirabeau fils accepte la condition, et doit lui-même écrire aux ministres pour appuyer la requête paternelle12.
Il est donc libéré le 13 décembre 1780, mais reste sous la tutelle vigilante de son père. Celui-ci le force notamment à demander une lettre de cachet contre Briançon, un de ses anciens amis, et surtout à le soutenir contre sa propre mère, en procès contre son mari au sujet de son héritage. En 1781, Mirabeau fuit Paris et ses créanciers ; il se rend à Gien, où il voit Sophie dans son couvent, mais repart bientôt et ne la reverra plus. Sophie, bien que libre en 1783, après le décès du marquis de Monnier, restera près du couvent de Gien, et se donnera la mort en 1789. Se réconciliant avec son père, qui commence à voir en lui la puissance politique et l'intelligence, Mirabeau se concentre désormais sur l'absolution de ses différentes condamnations. S'il ne purge pas sa peine avant mai 1782, il devra 40 000 livres de dommages et intérêts ; il se livre donc le 8 février 1782 à Pontarlier, et demande l'absolution aux juges. Sa défense est assez simple : une femme mariée ne peut être victime de rapt, et Sophie l'a suivi parfaitement librement, la séduction ne pouvant donc être retenue12.
Sa femme demande la séparation de corps en 1782 et est défendue par Portalis. Mirabeau défend sa propre cause dans ce procès qui défraie la chronique. Il le perd, après une joute oratoire assez hostile entre les deux orateurs. Elle obtient la séparation de corps en juillet 1783. Mirabeau ne montre pas de ressentiment à l'encontre de Portalis car, non seulement il reconnaît publiquement ses qualités oratoires et sa loyauté, mais, de surcroît, il le consultera plus tard sur une affaire et demandera son appui lors de la campagne électorale de 1789 pour les états généraux, en Provence15.
Débuts en politique
Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (février 2020).
Portrait de Mirabeau gravé par Fiesinger
d'après un dessin de Guérin.
Paris,
BnF,
département
des estampes.
En juin 1786, Talleyrand, avec qui il est lié, lui obtient une mission secrète à Berlin, où il reste six mois pour le compte du Contrôleur général des finances de Louis XVI, Charles-Alexandre de Calonne. Il tente en vain d'être nommé à un vrai poste diplomatique. À son retour en janvier 1787, furieux de n'avoir rien obtenu, il publie un pamphlet Dénonciation de l'agiotage (mars 1787) qui entraîne une lettre de cachet et le contraint à fuir à Liège.
Proche du philosophe juif alsacien Cerf Beer, Mirabeau fait paraître en 1787 Sur Moses Mendelssohn, sur la réforme politique des Juifs, inspiré du travail de l'auteur allemand J. Ch. Dohm qui publie Über die bürgerliche Verbesserung der Juden (De la réforme politique des juifs) en 1781 (puis traduit en 1782).
Il fait partie en 1788, entre autres avec Brissot, Clavière et Condorcet, des fondateurs de la Société des amis des Noirs, créée pour l'abolition immédiate de la traite des Noirs et progressive de l'esclavage dans les colonies.
Un noble député du tiers-état
Mirabeau et Dreux-Brézé
esquisse de
Delacroix,
1830
musée
Eugène-Delacroix à Paris
Mirabeau se présente en Provence aux élections des états généraux de 1789. Repoussé par la noblesse, cet aristocrate déclassé publie un discours véhément adressé aux nobles provençaux. Il est alors élu par le tiers état, à Aix et à Marseille, le 6 avril 178916.
Le 7 mai 1789, États généraux, le journal que le nouveau député publie depuis le 2 mai, est saisi17. Une interdiction de publier les comptes-rendus des séances des états généraux est édictée par le conseil d'état. Mirabeau n’en tient pas compte et continue à publier le compte-rendu des séances de l’Assemblée, ainsi que les analyses des questions politiques à l’ordre du jour, d’abord sous le titre Lettres du comte Mirabeau à ses commettants du 10 mai au 25 juillet 1789, puis sous le titre Courrier de Provence18, qui paraît encore après la mort de son fondateur jusqu’au 30 septembre 1791.
Lors de la séance royale du 23 juin 1789, Mirabeau fait une réponse à Henri-Évrard, marquis de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies, venu apporter l’ordre de dissolution de l’Assemblée constituante signé par le roi Louis XVI, que le Moniteur19 rapporte deux jours plus tard en ces termes : « Oui, Monsieur, nous avons entendu les intentions qu’on a suggérées au Roy ; et vous qui ne sauriez être son organe auprès des États-Généraux, vous qui n’avez ici ni place ni voix, ni droit de parler, vous n’êtes pas fait pour nous rappeler son discours. Cependant, pour éviter toute équivoque et tout délai, je vous déclare que si l’on vous a chargé de nous faire sortir d’ici, vous devez demander des ordres pour employer la force ; car nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes. »
La tradition la ramenant à « Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple, et qu’on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes20 ». Il ne tarde pas à devenir l’un des plus énergiques orateurs de l’Assemblée nationale et de la société des Jacobins.
Le surnom d’« hercule de la liberté » lui est donné par l'abbé Sieyès. À la sortie de l'Assemblée nationale, alors que la foule l'applaudit vivement, il proclame en désignant Mirabeau : « Vive, vive l'hercule de la liberté ». Montrant son ami en retour, ce dernier répondit « Voilà Thésée »21.
Le 9 juillet 1789, il rédige une adresse au roi pour lui demander de retirer les troupes étrangères massées autour de Paris. Il participe également à la rédaction de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (dont il écrit le Préambule avec Mounier), ce qui le popularise auprès du peuple.
Le 8 mars 1790, il prononce au club des Jacobins un discours resté longtemps inédit contre la traite des Noirs, dont une formule « bières flottantes » dénonçant les navires négriers fera mouche puisqu'elle sera reprise, légèrement déformée en « longues bières », par Brissot en février 1791, puis par Robespierre en avril 179322. En mai 1790, il défend le système du concours des deux pouvoirs, législatif et exécutif, dans l’exercice du droit de faire la paix et la guerre23. Cinq mois plus tard, en octobre 1790, il prononce un vibrant discours où il propose que la couleur blanche soit remplacée par les couleurs bleu, blanc et rouge sur les bâtiments de la marine royale, les matelots devant maintenant crier « Vive la nation, la loi et le roi » au lieu de « Vive le roi ». Ce discours suscite une forte opposition chez les royalistes radicaux : Francois-Henri de Virieu évoque le pavillon blanc qui a « rendu libre l’Amérique », Foucauld de Lardimalie tente de faire adopter une question préalable pour faire différer un débat qu’il juge « inutile » et qui « profane la gloire et l’honneur du pavillon français, tandis que Guilhermy est mis aux arrêts pendant trois jours, pour l’avoir traité de « scélérat et d’assassin »24.
Retournement
Maison où est mort Mirabeau à Paris.
La dégradation de la monarchie détermine son revirement politique. Il devient le plus solide appui de Louis XVI et de Marie-Antoinette, en étant notamment le conseiller privé de Louis XVI, fonction secrète pour laquelle il se fait rémunérer en livres d'or par heure. Auprès de ses amis révolutionnaires, il appuiera les idées de la révolution, alors que pour le roi, et notamment la reine qu'il rencontre en secret, il se montre comme un ardent défenseur de la monarchie. Trahissant des deux côtés et corrompu par de nombreuses factions, Mirabeau proposera au roi d'accepter la monarchie constitutionnelle voulue par l'assemblée. Elle est selon lui, la seule sauvegarde possible de la royauté. Ses interventions à l'Assemblée permettront notamment à Madame Adélaïde et Madame Victoire, dernières filles de Louis XV encore en vie, d'émigrer en Savoie, alors qu'elles étaient retenues à Arnay-le-Duc25.
Après sa mort, quand on retrouvera des traces de sa correspondance avec la famille royale, Mirabeau sera haï par le peuple de Paris et, chose rare, dé-panthéonisé26. Ses actes sont à nuancer cependant : l'idéal constitutionnel de Mirabeau ne répondait pas seulement à un besoin vénal, mais certainement aussi à sa volonté de réconcilier l'assemblée et la monarchie, motivée par son obsession d'éviter à la France de sombrer dans l'anarchie27.
Le 1er avril 1791, il est alité dans sa chambre à l'entresol d'une maison située chaussée d'Antin n° 69, et il dicte son testament: il lègue à Cabanis ses papiers de législation, littérature et politique, des livres de sa bibliothèque et une boite ornée de son portrait; il choisit comme exécuteur testamentaire le comte de la Marck, député de la noblesse du bailliage du Quesnoy aux états généraux, assisté de Nicolas Frochot28.
Décès
Pompe funèbre de Mirabeau en l'église Saint-Eustache, (musée de la Révolution française).
Le lendemain, il meurt à la suite d'une maladie que certains attribuent à sa vie de débauché, d'autres à un empoisonnement. Elle provoque une grande affliction à Paris, où tous les spectacles sont annulés29. La rue où il meurt, dont le sol avait été couvert de paille pour éviter que le bruit ne trouble son repos pendant son agonie29, est rebaptisée « rue Mirabeau ». Le 4 avril, l'Assemblée nationale vote la transformation de l'église Sainte-Geneviève en Panthéon29,26. Le 5 avril, après une cérémonie religieuse dans l'église Saint-Eustache, où Joseph-Antoine Cerutti prononce son oraison funèbre, son corps est transporté en grande pompe au Panthéon.
Il y reste jusqu’au 21 septembre 179429,26. En effet, la découverte de l’armoire de fer, en novembre 1792, a révélé qu’il avait pris clandestinement contact avec le roi et sa cour29. Espérant être ministre de la monarchie constitutionnelle, il avait prodigué ses conseils et donné des informations26. Un comité est chargé d'examiner l'accusation. La Convention décide d'exclure sa dépouille du Panthéon. Elle y est remplacée par celle de Marat. Son corps est transporté au dépôt mortuaire du grand cimetière de Saint-Étienne-du-Mont29, très voisin du Panthéon, pour y être inhumé26,30. En 1798, sa sœur fit procéder à son exhumation et le fit transférer au cimetière de Clamart29,31, dans une fosse commune32. Malgré des recherches entreprises en 1889 pour le centenaire de la Révolution, son corps ne sera pas retrouvé16:16.
Franc-maçonnerie
La réalité de son appartenance à la franc-maçonnerie est parfois remise en cause par quelques auteurs. Il est toutefois certain que dans une de ses lettres à Sophie, il l'affirme33,34. Il aurait écrit un mémoire pour une loge hollandaise en 1776, mais ce mémoire, qui ne paraît qu'en 1834 reste d'une authenticité douteuse35, même si Hermann Schüttler reprend cette hypothèse pour faire de Mirabeau un membre de l'ordre des Illuminés, sous le nom de « Léonidas »36. L'essayiste Maurice Talmeyr, dans son ouvrage de 1904 La franc-maçonnerie et la révolution française, se base sur les mémoires de Bertrand de Molleville, un des derniers ministres de Louis XVI, pour confirmer cette appartenance, dont Mirabeau aurait plus tard fait profiter Louis XVI37. Fernand Chapuis dans son ouvrage de 1964 remet en cause cette appartenance38 puis Jean Mondot et Alain Ruiz dans leur ouvrage en 1994 qui cite le dictionnaire de Daniel Ligou dans sa version de 1987 pour nier cette appartenance39. Le dictionnaire réédité de cet auteur confirme en 2004 l'appartenance de Mirabeau aux Neuf Sœurs en date du 22 décembre 1783 et cite pour preuve les travaux de 1996 fait par l’historien spécialiste de la franc-maçonnerie Charles Porset40 qui dans son mémoire spécifique à cette question, prouve cette appartenance d'après le recueil de l'orateur de la loge des Neuf Sœurs, Emmanuel de Pastoret qui relate le discours et indique la date de son affiliation à la loge. Son nom disparaît toutefois rapidement de la liste des membres41.
Hommages
Buste de Mirabeau (musée de la Révolution française).
L'écrivain Alexandre Dumas (père) met en scène Mirabeau dans plusieurs de ses romans historiques ayant trait à la période révolutionnaire, dans la série romanesque intitulée Mémoires d'un médecin.
Le roman de Michel Chaillou Le Matamore ébouriffé (Fayard, 2002) évoque l'enfance et la jeunesse de Mirabeau au Bignon.
Le cours Mirabeau à Aix-en-Provence est nommé en son honneur.
Le prix Mirabeau de l'éloquence, disputé annuellement entre les dix Instituts d'études politiques français, fait référence à son art oratoire.
Une statue de Mirabeau est installée salon Casimir-Perier du palais Bourbon (Paris).
Mirabeau est repris en tant que mentor des Assassins dans le jeu vidéo Assassin's Creed Unity.
(8169) Mirabeau, astéroïde.
La mort de Mirabeau, cantate de Luigi Cherubini (1791)
Œuvres de Mirabeau
Discours
1785 : Dénonciation de l’agiotage au roi et à l’assemblée des notables
1787 : Suite de la dénonciation de l’agiotage au roi et à l’assemblée des notables
10 mai 1789 : Sur la liberté de la presse
26 septembre 1789 : Sur la Contribution du quart
6 mars 1790 : Au club des Jacobins, discours contre la traite des Noirs
20 et 22 mai 1790 : Sur le Droit de paix et de guerre
novembre 1790 et janvier 1791 : Sur la Constitution civile du clergé
février 1791 : Sur l’Émigration
Écrits
Buste de Mirabeau dans la ville éponyme.
Essai sur le despotisme, publié anonymement? 1775 Londres [lire en ligne [archive]].
[anonyme] Histoire du regne de Philippe II, Par M. Watson..., Amsterdam, chez D. J. Changuion, 4 tomes, 1778, traduction avec Jean-Baptiste Durival42. Tome 1 numérisé [archive].
Lettres originales de Mirabeau, écrites du donjon de Vincennes, pendant les années 1777, 1778, 1779 et 1780, contenant tous les détails sur sa vie privée, ses malheurs et ses amours avec Sophie Ruffei, marquise de Monnier, recueillies par Pierre Louis Manuel (Ce sont les célèbres Lettres à Sophie).
Des lettres de cachet et des prisons d’État, Hambourg, S.n., 1782 (lire en ligne [archive]).
Errotika Biblion, Abstrusum excudit, Rome (pour Paris), 1783 [réédition critique par Jean-Pierre Dubost sous le titre Erotika Biblion, Honoré Champion, Paris, 2009].
Ma conversion, Paris, 1783 [réédité notamment sous le titre Le Libertin de qualité ; repris dans Romanciers libertins du XVIIIe siècle, t. II, Bibliothèque de la Pléiade, Paris 2005].
Considérations sur l’ordre de Cincinnatus, ou Imitation d’un pamphlet anglo-américain, suivies… d’une Lettre… du général Washington… et d’une Lettre de feu M. Turgot,… au Dr Price sur les législations américaines, Londres, 1784 [lire en ligne [archive]].
Doutes sur la liberté de l'Escaut, Londres, 1784 [lire en ligne [archive]].
Lettres à M. Lecoulteux de la Noraye sur la Banque de Saint-Charles et la Caisse d'escompte, Paris 1785.
Sur les actions de la Compagnie des eaux, Paris, 1785.
Le Rideau levé ou l’éducation de Laure, 1786 [L'attribution traditionnelle de cet ouvrage à Mirabeau est fortement contestée par Jean-Pierre Dubost43] [lire en ligne [archive]].
Sur Moses Mendelssohn, sur la réforme politique des juifs et en particulier sur la Révolution tentée en leur faveur en 1753 dans la Grande-Bretagne, Londres, 1787 [lire en ligne [archive]].
De la monarchie prussienne sous Frédéric le Grand, vol. 1, Londres, 1788.
Correspondance de M. C*** [Cerutti] et de M. le comte de Mirabeau, sur le RAPPORT de M. NECKER ET sur l’arrêt du conseil du 29 décembre, qui continue pour six mois, force de monnoie au Papier de la Caisse d’Escompte, 1789, en ligne [archive]
Arlequin réformateur dans la cuisine des moines, ou Plan pour réprimer la gloutonnerie monacale, 1789, Rome (pour Paris) [lire en ligne [archive]].
Élégies de Tibulle, suivies des Baisers de Jean Second, 2 volumes, traduction de Mirabeau, Paris, 1798.
Chefs-d'œuvre oratoires de Mirabeau, précédé d'une notice biographique, tome premier, éd. Collin de Plancy, 1822.
L’Œuvre érotique du comte de Mirabeau, (inclut Erotika Biblion, Ma Conversion, Hic et hec [paternité contestée, cf. note 22], Le Rideau levé, ou L’Éducation de Laure [paternité contestée, cf. note 22], Le Chien après les moines, Le Degré des âges du plaisir) introduction, essai bibliographique et notes de Guillaume Apollinaire, Paris, Bibliothèque des curieux, 1921 [lire en ligne [archive]].
M. Merilhou, Œuvres de Mirabeau, P. Dupont libraire, Brissot-Thivars libraire, Paris, 1827.
Armoiries
D’azur, à la bande d’or, accompagnée en chef d’une demi fleur de lis d’argent, défaillante à dextre et florencée du même, et en pointe de trois roses du dernier |
Notes et références
Loménie 1889, p. 2.
Victor Hugo, « Étude sur Mirabeau », 1834.
Guy Chaussinand-Nogaret, Mirabeau, Éditions du Seuil, Paris, 1982, p. 34.
André Lebois, « Comment parlait Mirabeau », dans Les Mirabeau et leur temps. Actes du Colloque d'Aix-en-Provence. 17 et 18 décembre 1966, Société des études robespierristes, Paris, 1966, p. 125.
Christian Delporte, Une histoire de la séduction politique, Flammarion, 2011, p. 121.
Loménie 1889, p. 3.
(en) « Honoré-Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau » [archive], sur Britannica.com (consulté le 26 mars 2012).
Gustave Lanson, Histoire de la littérature française, Paris, Hachette, 1895, xv-1158 p., 1 vol. in-16 (lire en ligne [archive]).
Chartier 2004, p. 17.
Jean-François Bernardini, « En Corse, « il y a un éléphant dans le salon » », Le Monde diplomatique, 1er juillet 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 29 juin 2020).
André Bouyala d'Arnaud, Évocation du vieil Aix-en-Provence, Paris, Éditions de minuit, 1964, 326 p., p. 118.
Mirabeau et l'armoire de fer : Les Grandes Énigmes du temps jadis, place des éditeurs, 23 février 2012, 53 p.
« Science et magie : le château d'If » [archive] (consulté le 27 avril 2015).
Chartier 2004, p. 36-37.
Bruno Fuligni, L'Art de retourner sa veste. De l'inconstance en politique, Librairie Vuibert, 2016, p. 47.
Sgard Jean, Dictionnaire des journalistes : 1600-1789, Oxford, Voltaire Foundation, 1091 p. (ISBN 978-0-7294-0538-6 et 0-7294-0538-9), p. 578.
Il s'associe avec Étienne Mejan à la rédaction de son journal, Le Courier de Provence.
Moniteur Universel, 25 juin 1789, page 48. Mirabeau lui-même en donne dans sa treizième lettre à ses commettants une version presque identique : « Oui, Monsieur, nous avons entendu les intentions qu’on a suggérées au roi, et vous qui ne sauriez être son organe auprès de États généraux, vous qui n’avez ici ni place, ni voix, ni droit de parler, vous n’êtes pas fait pour rappeler son discours. Cependant, pour éviter toute équivoque et tout délai, je vous déclare que si l’on vous a chargé de nous faire sortir d’ici, vous devez demander des ordres pour employer la force, car nous ne quitterons nos places que par la puissance de la baïonnette. »
Étienne Méjan (préface), Collection complète des travaux de Mirabeau l’aîné à l’Assemblée nationale, t. 1, p. 26.
Marcel Dorigny, Les Bières flottantes des négriers, un discours non prononcé par Mirabeau pour l'abolition de la traite des nègres novembre 1789-mars 1790, Saint-Étienne, Presses Universitaires de Saint-Étienne, 1999 ; Jean-Daniel Piquet, « Mise au point sur Robespierre et les bières flottantes », L’Incorruptible. Bulletin des Amis de Robespierre, no 78, 4e trimestre 2011, 10 p., p. 5-6.
Mirabeau, « Lettre (Dix-neuvième lettre) du comte de Mirabeau à ses commettans », Courier de Provence, 1790-, p. 284 (lire en ligne [archive]).
Oscar Havard, « Histoire de la révolution dans les ports de guerre », Les grands discours de la culture juridique, Paris, Dalloz, 2017, p. 77-79 (ISBN 978-2-24717-367-9, lire en ligne [archive]).
Revue contemporaine, t. 68, Paris, Bureaux de la Revue contemporaine, 1869, 773 p. (lire en ligne [archive]), p. 404.
Jean Favier, Paris : deux mille ans d'histoire, Paris, Fayard, 2014 (1re éd. 1997), 1010 p. (ISBN 978-2-213-63972-7, lire en ligne [archive]), partie II, chap. IX (« La capitale : le Panthéon »).
Guy Chaussinand-Nogaret, Mirabeau, Paris, FeniXX, 1982, 300 p. (ISBN 978-2-02-125199-9, lire en ligne [archive]), p. 199.
Archives nationales, Minutier Central des notaires, MC/RS//69, 1e avril 1791, testament du comte de Mirabeau. Numérisé [archive].
Marie-Christine Pénin, « Mirabeau Honoré Gabriel Riqueti, comte de » [archive], sur tombes-sepultures.com, 2010-2018.
Benjamin Jérôme, « Histoire : entrez au Panthéon ! » [archive], Le Parisien, 19 décembre 2013 (consulté le 11 juillet 2018).
Le cimetière de Clamart se trouvait à l'angle des rues du Fer-à-Moulin et des Fossés Saint-Marcel dans le 5e arrondissement de Paris.
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Il a réalisé cette traduction en 1777 pendant son séjour aux Provinces-Unies. Victor Melchior Jacques, « Cérutti et le salon de la duchesse de Brancas à Fléville (1778-1784) », Annales de l'Est,1888, p. 334. Numérisé sur gallica [archive].
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Annexes
Bibliographie
Cette bibliographie recense trop d'ouvrages (aAout 2020).
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Mirabeau et Évelyne Lever (dir.), Mirabeau, les amours qui finissent ne sont pas les nôtres : Lettres à Sophie de Monnier 1777-1780, Tallandier, coll. « La bibliothèque d'Évelyne Lever », 2013, 352 p. (ISBN 979-10-210-0989-9, lire en ligne [archive])
Articles connexes
Mirabeau (Vaucluse) : la famille a initialement détenu les droits de justice sur ce village proche d’Aix-en-Provence
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