Allongé sous le drap et l’édredon, la tête au repos,
les mains loin du ventre que j’ai nu si nous sommes au lit,
contraire à elle toujours à veste, pantalon, chaussettes
plus tard ou pas ôtés, rebroussés, lourdeur alors du corps se rasseyant,
blancheur du bas et douceur de la coulée vers le plus fendu,
et les mains poussant les coudes en ailes éployées de papillon
pour défaire l’ultime armure soutenant encore des seins le silence.
Je savais et sais tout, depuis quelques mois ou années
quand le vent des gestes et l’étincelle des yeux,
la salive au goût copieux gonflant bouche et lèvres,
entonnent l’acquiescement – et ils ne venaient plus,
s’étaient éteints, depuis des jours sans nuits qu’en rêve,
déjà dix ou vingt, lendemains à ne plus espérer.
L’heure intermédiaire en saison d’avant nos hivers,
elle est venue à son tour s’allonger, elle est ma femme,
je suis l’homme de sa vie, dont elle dit qu’il lui prend la vie,
mais arrivant au drap, jambes nues pour rien de plus,
un chant doux est venu qui n’a aucune parole et que je vis.
J’ai murmuré que, pour ne rien faire, le corps essentiel sien
nu me ferait doucement le fredon immobile du bonheur quand même.
Le maquillage de tissu bleu, à anse blanche élastique, fut effacé,
entre les cuisses ne posant la main qu’à plat sur la plus vaste surface
j’ai mis mon cœur et mon silence sans demande ni attente
au plan du repos où nul ni rien ne frémit.
La seconde et dernière demande était sœur de la première,
du trait aussi de ma main au blanc intime de la cuisse pas serrée,
de sa joue dans ma paume et de ses paupières closes déjà.
Mon sexe commença de respirer, fraternel et paisible dans sa main
comptant les coups de mon cœur, sans qu’elle resserra ou coula
l’étreinte dont je ne voulais pas plus qu’une évocation
anticipant une autre fois et rêvant du passé dont je ne me souviens jamais qu’au présent.
Le bonheur pulsait dans sa main, au bas de mon ventre,
de tout mon cœur, de toute ma chair, sans que rien ne chavire…
entre ses cuisses avancer au large de la surface
jusqu’à davantage qui offre des paysages, des humeurs, des idées
je ne voulais pas à cause du bonheur, à cause du moment,
à cause de nous et de la main libre des gestes,
je reçus sa caresse à mon front
que n’attendait pas un sexe devenu ciboire de mon émoi
et de sa douceur.
Il y avait allongé, se mouvant lentement pour faire repli qui emboîte,
le corps en deux versions qui était redevenu notre couple.
Le pouls ne battit plus, le sommeil venait signer notre union
les minutes durèrent, elle laissa longtemps ma main
venue envelopper comme d’un coque le sexe qu’elle revêtait
du bleu et de l’anse blanche d’avant
et ses assises avec la vallée médiane dont l’ombre et le bois
sont plus loin à l’orée du devant que je n’avais pas vu,
rayonnèrent un grand instant pour me promettre ce soir.
Elle partit, tout demeurait, mes mains revenues à mes cuisses
sans bouger rien ni reprendre plus ou moins
écrivirent ce que gisant et éperdu j’avais reçu et qui durait.
Alors j’entonnai le cantique de la grâce insouhaitable,
de l’impatience miraculée,
de l’aventure différente,
de l’âme trouvant sa sœur, chair aimée d’en face,
chair aimée d’une enfance d’amour et de patient désir
sans étape ni arrivée ni début, que la venue,
les mains qui s’échangent et qui se permettent,
les ventres et le sourire qui promettent
en écoutant la tranquillité nouvelle
qui nous avait indiqué le chemin jusqu’à plus tard,
car j’avais traversé le doute et l’oubli :
l’union toujours à deux avait déposé à ma tête,
à mon front, à mon bras où elle abandonnait toute veille,
toute réserve, tout refus
le baiser qui dit tout et n’a besoin de rien qu’un instant
où tout reste, arrêté, vivant.
au lit, l’heure de la sieste à Reniac, vendredi 25 Novembre 2011
vendredi 25 novembre 2011
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