Chapitre 8
25/…/201… à 07:45
Tollé autour d’une retraite chapeau
Le conseil d’aministration de PSA a voté hier soir les indemnités de départ de M.
Varin : vingt-et-un millions. Une indiscrétion fait connaître ce chiffre,
la direction observe qu’il n’est pas déraisonnable, les syndicats rappellent que depuis
l’élection présidentielle, ce grand patron a fermé le site historique d’Aulnay,
détruit plus de dix mille emplois et ne tient pas ses promesses de
réclassement. Ils ne comprendraient pas que le gouvernement ne réagisse pas à
cette annonce. Les experts en économie de la construction automobile estiment que
la gestion, seulement quinquennale, de M. Varin a été calamiteuse et lui
opposent celle il y a trente ans de M. Calvet, venu à la demane de la famille Peugeot
redresser l’entreprise.
MM. Gallois et Sapin, interrogés,
ont refusé de se prononcer sur les gratifications en cause.
25/…/201… à 08:00
Conseil européen extraordinaire mardi prochain
Le président du Conseil européen,
M. Van Rompoy, a convoqué un Conseil extraordinaire qui se tiendra à Bruxelles
comme à l’habitude mais sans ordre du jour préalable, ce qui n’a pas de
précédent.
25/…/201… à 08:35
Le Président au silence [1]
On croit savoir que le président
Hollande a reporté ses audiences de ce matin afin de pouvoir reprendre, d’abord
pour lui-même, l’ensemble de qui est maintenant du domaine public : une
réorientation complète dans la forme et pour le fond de la politique française.
Il est parlé d’une rupture de la continuité de vingt ans observée entre
gouvernements de droite et de gauche, mais les circonstances de ce changement,
manifestement souhaité par une majorité des Français, au contraire d’une
unanimité de fait des partis politiques, ne sont toujours pas connues. Chemin
de Damas ? ou humilité devant les faits ? Il est cependant affirmé
dans l’entourage du président de la République que son impopularité,
factuellement admise par lui, n’y est pour rien. Le même anonyme rappelle le
mot de l’homme du 18-Juin à Malraux [2] :
j’étais minoritaire, j’en conviens, mais je savais que je ne le serai pas
toujours.
25/…/201… à 08:53
L’exemple japonais et « l’impromptu français »
Tokyo – La presse quotidienne
japonaise consacre en majorité sa une à la récapitulation des propositions
télévisées « à l’impromptu » par le président Hollande. Depuis le
gouvernement de M. Nakasone, francophone, francophile et proche du président
Mitterrand, les journaux de l’empire du soleil levant aime les évocations
littéraires de notre « grand siècle ». Elle retient notamment que le
processus français d’une réintégration nationale du marché de la dette publique
est depuis trente ans la pratique du Japon. Endetté à plus de 200% de son
produit intérieur brut annuel, le pays n’est pas pour autant sous la coupe des
grands investisseurs étrangers. Il est vrai que les plus importants d’entre
ceux-ci sont chinois et à Tokyo on ne prend pas le risque que continue de
cultiver Washington.
Journal du Président
Au palais de l’Elysée, matin du vendredi 25… 201...
J’ai demandé que soient annulés, pour cette matinée, tous mes
engagements à recevoir ici ou à prendre le téléphone. Je veux me préparer à
cette tournée d’Europe, trois jours maximum, mais chaque nuit ici. Elle ne
m’accompagne pas mais me retrouvera donc le soir, si elle le souhaite. Un long
aparte, hier, avec Anne-Aymone Giscard d’Estaing… celle-ci lui a dit – elle et
moi avons petit déjeuné ici – que le paraître n’est pas l’influence, qu’elle
avait admis aussi bien les escapades du Président, qui n’a jamais mené de vies
parallèles au contraire de Mitterrand pendant son exercice du pouvoir, que les
charges sociales, les réceptions, invitations, voyages moins mais qu’elle avait
vite compris, ce qui était nouveau pour elle quoique le civisme, une certaine
conception du devoir et, oui, « une certaine idée de la France »,
bien davantage que l’équilibre de leur couple requérait que son mari soit à son
aise, à l’écoûte et à la rencontre de tout, et par conséquent jamais en
surcharge d’elle. Influence, elle l’a eu, tout simplement, parce que V.G.E. a
vécu dans la paix intime, qu’il est progressivement passé du politicien, certes
très vite expérimenté, à quelque chose d’autre que les Français, à son chagrin
à elle, n’ont pas perçu. Un certain modèle de discrétion et de vérité pour le
couple présidentiel, Yvonne de Gaulle, d’une autre époque, doit rester
l’exemple. Même et surtout si les médias aujourd’hui veulent une autre histoire
et d’autres tenues [3].
Préparer l’entretien de ce soir. Des lettres et courriels sur les
mœurs politiques, comment les adapter à la nouvelle donne et au rebattage des
cartes telles qu’il semble aux Français. Je réponds tout de suite à une lettre,
assez étendue, sur la relation de l’Etat avec le capitalisme et sur les
nationalisations en cours, et vais y revenir aussi ce soir. La
« retraite-chapeau » du patron de Peugeot est évidemment inacceptable,
mais je ne veux pas faire savoir mon propre sentiment. En revanche, je vois là
un motif pour notre première nationalisation d’une industrie. Je vais
communiquer là-dessus et développerai éventuellement sur la chaine
parlementaire.
Ma relation avec le patronat est bonne en termes généraux, était
bonne ces dix-huit premiers mois, fiscalité alourdie bien davantage pour les
particuliers que pour les entreprises et nous n’avons pas vraiment pu encadrer
ces rémunérations au mois le mois représentant des années de salaire minimum,
et ces avantages à la sortie quel que soit le bilan des gestions. Mais d’homme
à homme, j’ai échoué : Varin dès mon élection a « annoncé la
couleur », j’ai cru l’intimider en énonçant une résolution générale du
gouvernement pendant mon entretien du 14-Juillet (je n’en ferai d’ailleurs plus
à cette date, la « tradition » remonte à Mitterrand qui y avait
trouvé un échappatoire aux invités de la réception dans les jardins du palais)
et il a alourdi la charrette, puis en a fait d’autres. Un défi. Et évidemment
Mittal, je me suis d’abord réservé entre Montebourg et Ayrault, puis je l’ai
reçu. J’ai eu tort. Ai-je été intimidé ? J’ai cru à l’arrangement et sans
doute nous avons l’investissement de Dunkerque. Je ne comprends pas que la
Lorraine ne se soit pas révoltée : ni mines, ni sidérurgie et le Premier
ministre vient lui proposer la filière bois ou à peu près, alors que la
Bretagne avec un patronat socialement indigne et commercialement mal avisé se
laisse mene par celui-ci contre l’Etat : un comble. Nous aurions dû
laisser les syndicats aller à la bataille, tenu en sous-main par Montebourg et
amener ceux-ci à jouer aux maximum des solidarités de métier et des
complémentarités de marché et de production à travers toute l’Union européenne.
A la provocation – Mittal en a rajouté une fois constatée notre recul devant la
force – répondre par une organisation de la résistance syndicale et sociale, ce
qui eû d’ailleurs poussé encore davantage les socialistes allemands face à
Merkel. Nous ne l’avons pas fait, nous avons eu tort. L’occasion se
représentera sans doute. Madame Giscard d’Estaing hier soir m’a fait comprendre
que « je joue trop souvent sous mon roi » - mais je ne suis pas
bridgeur, ni amateur de poker (de Gaulle se comparant à ses adversaires à qui,
pour l’époque, je donnais raison) et le
Président a opiné que négocier, c’est tenir un position, c’est tout – propos,
a-t-il précisé, de Couve de Murville, le ministre des Affaires étrangères du
général de Gaulle. Référence étonnante puisque VGE l’aimait peu car il se
sentait peu estimé de celui-ci, surtout sur le plan technique. J’ai d’ailleurs
su que c’était le seul ministre chez qui se déplaçait le grand argntier pour
discuter de son budget. Il est vrai que le budget de nos relations extérieures
a toujours été maigre, alors que nous avons eu jusqu’il y a peu double réseau
avec le commercial dépendant des Finances, et que l’ensemble n’est surpassé en
points desservis et en agents employés que par les Américains…
La recommandation va valoir pour mes rencontres prochaines. En
apparence, je viens consulter et un peu m’orienter, thématiquement certes, mais
afin de situer les résistances et de les contourner ensuite. Je dois en réalité
tenir à ce que j’ai fait entrevoir aux Français et à tous les Européens. La
négociation se fera put-être sur le text mais ni sur l’esprit, maximaliste, ni
sur mes propositions qui n’ont de sens et d’efficacite, qu’ensemble et
intégrales.
D’homme à homme ? les femmes de pouvoir : Laurence
Parisot ne me déplaisait pas à la tête du MEDEF, qui n’est plus le CNPF puisque
les très grandes entreprises, souvent à succursales ou liaisons multiples avec
l’étranger, s’en désintéressent depuis une vingtaine d’années, mais il m’est
confirmé qu’elle est médiocre chef d’entreprise comme d’ailleurs beaucoup de
ceux qu’on appelle à tort les patrons des patrons. La « boîte » de
ses parents, mise en faillite par elle, alors même que c’était de la communication. Angela
a des aptitudes différentes, des lacunes aussi. Probablement une collégialité
plus grande que chez nous pour les décisions d’importance, mais le débat me
semble entre courants, partis maintenant qu’il y a la « grande
coalition » et pas autant entre personnes, autour de la table, selon ce
que nous essayons d’inventer. Elle s’est mal conduite envers Helmut Kohl. Elle
n’a certainement pas les visions stratégiques de chacun de ses prédécesseurs
même si Gerhard Schröder, le dernier d’entre eux ne rappelle en rien le plus
grand et premier. Je la crois contente de m’avoir comme vis-à-vis. Son
compagnon lui avait offert au temps de mon propre prédécesseur l’intégrale des
films de Louis de Funès. Elle a su en quelques heures passer de l’un à l’autre,
mais ne m’a pas montré que le premier soir de mon exercice du pouvoir, je pouvais
être aussi en force à Berlin.
25/…/201… à 12:15
Un témoignage sur l’asservissement des politiques aux aménageurs,
conseillers et entrepreneurs
Les députés de la majorité
présidentielle ont chacun reçu par courriel le témoignage suivant
citation –
Le BTP est une école de
l'humilité, la moindre erreur se
traduit en licenciements. Je parle des entreprises
familiales, celles qui tiennent enseigne en Province. Hélas, il n'en reste plus
beaucoup; reprises par les majors - "les trois frères"- qui
n'entreprennent pas, font du montage, de l'ingénierie financière et du
"partenariat public-privé" avec la complicité des pouvoirs publics
. Le grand livre de l'asservissement des politique aux aménageurs du
territoire reste à écrire.
Dans les autres grands groupes:
EDF, SNCF, Thales, Areva.... la main d'oeuvre est sous-traitée à une kyrielle
de sociétés fantômes qui recrutent en Europe de l'Est des bras à quatre
euros de l'heure. Pour améliorer la compétitivité on mixe les équipes avec des
sans papiers.
A Cherbourg (fief du Ministre du
Budget) les Chantiers de Normandie ont fait venir une première équipe de 50
ouvriers roumains et lithuaniens pour construire des navires destinés au
Mozambique. La presse locale explique que c'est pour répondre au plan de charge
et à l'absence d'ouvriers qualifiés ! Il parait que la France manque de
soudeurs d'aluminium….
A Bercy, à Matignon, dans
les hautes sphères nul n'a jamais licencié personne, nul n'a jamais été
congédié, nul n'a jamais pointé pour réclamer une "indemnité", nul
n'est menacé par un concurrent étranger.
Depuis son élection, Hollande a
démontré qu'il n'était pas bon car il s'est entouré de mauvais.
Indispensable réforme de l'Etat
et des collectivités locales qui affichent leur gabegie: suppression des
sous-préfectures qui ne servent plus à rien, des préfectures qui ne servent pas
à grand chose, des mairies de moins de 5000 habitants, de la Banque de France,
du Ministère des anciens combattants…La liste des "improductifs"
budgétivores est longue. Mais qui prendra l'initiative d'un sabordage ? Les
Préfets ? Les Elus ?
Au nom de la bonne gestion des
chiffres, ce gouvernement fait les choses à l'envers. Exemple: Il réduit le nombre
des soldats alors que l'armée est le plus efficace et le moins coûteux
dispositif de formation professionnel des jeunes. Parallèlement, il généralise
les externalisations jusqu'à confier à des entreprises privées le gardiennage
de ses installations dont la plupart ne sont pas français.
Je reviens aux ouvriers
impatriés de Cherbourg. Mais ce sont des jaunes ! Ils sont payés au SMIC moins
les frais de transport et d'hébergement. Dispensés de charges sociales, ils
coûtent 50% moins chers que l'ouvrier de la Manche. En France,
il y a plus de 300 000 jaunes ! Après la délocalisation vers les bas salaires
d'Asie, le patronat importe des ouvriers européens de la faim. C'est son
droit.
Mon discours est souverainiste,
quasi droite extrême. Je me soupçonne parfois de tenir un langage FN, alors je
me censure. C'est sans doute une erreur. Je suis pris au piège de la
diabolisation car le PS a laissé le FN s'approprier des thèmes de gauche. – fin
de citation
25/…/201… à 15:12
Guernica en Arabie séoudite
Le collectif Guernica dénonce l'initiative
du Centre Pompidou d'aller exposer des toiles de Picasso en Arabie Saoudite:
pays symbole du Guernica de la condition féminine. Le peintre doit se retourner
dans sa tombe.
25/…/201… à 16:00
La retraite chapeau de M. Varin (suite)
Des
étudiants remontent le boulevard Saint-Michel pour faire connaître qu’ils sont
scandalisés par le salaire et la retraite indécents du patron de Peugeot. Bien
dans la logique de notre époque. Ls banderoles : "Surtout, profitez bien.."
et "Parce que je le vaux bien…" dénoncent deux expressions
détestables qui, selon eux, résument l'idéologie du moment.
25/…/201… à 16:00
Peugeot sanctioné à la bourse de Paris
Le titre PSA perd douze
points : réprobation des investisseurs qui déplorent le manque de jugement
du conseil d’administration et des principaux actionnaires du groupe. Une telle
erreur psychologique explique les lacunes stratégiques dont souffre la firme
depuis des années.
25/…/201… à 16:10
Mme Taubira prépare la nationalisation de Peugeot
Le Premier ministre
communique :
La construction automobile ne
peut plus subir les carences morales ou techniques de ses dirigeants. La ministre
de la Législation et des Relations du Gouvernement avec le Parlement étudie les
modalités d’une prise de contrôle de PSA par l’Etat le temps nécessaire pour
rendre au groupe sa culture d’origine, renforcer sa capacité exportatrice et
conserver à la France un savoir-faire séculaire
25/…/201… à 16:20
Peugeot en hausse à la bourse de Paris
Le titre PSA repris des couleurs. En bonne logique, les
investisseurs jouent à la hausse leur future indemnisation en cas – probable –
de la nationalisation du groupe. Le fait que M. Gallois, ministre des
Entreprises nationalisées, expertiserait aussitôt la firme au lion dès sa prise
de contrôle par l’Etat, rassure.
25/…/201… à 18:53
Le président de la République répond personnellement sur le reproche
d’étatisation de l’économie française
Le président de la République a reçu d’un ancien haut
magistrat, ayant longtemps présidé de hautes juridictions commerciales avant
d’enseigner la philosophie du droit en France, aux Etats-Unis et en Allemagne,
la lettre suivante :
citation – Il me paraît difficile de rejeter pour des
raisons morales le système d'appropriation capitaliste des entreprises, qui
implique que les actionnaires, qui ont constitué de leurs deniers personnels le
capital social, élisent leurs délégués, administrateurs ou membres du
conseil de surveillance, lesquels élisent le chef d'entreprise et fixent sa
rémunération et les avantages annexes. La seule solution envisageable consiste
à donner aux actionnaires le pouvoir de fixer eux-mêmes la rémunération du chef
d'entreprise et les avantages. Les possibles abus sont bien moindres en coût
humain que les dommages engendrés par l'économie étatisée, qui ne peut
fonctionner que de façon totalitaire : la maîtrise par un comité restreint
d'une économie moderne entière nécessite le pouvoir absolu de ce comité sur les
comportements et même sur les consciences.
La France n'a jamais connu de système
d'économie entièrement étatisée. L'existence d'un plan ne remet pas en cause de
système d'économie d'entreprise dans la mesure où l'Etat se borne à utiliser
astucieusement les moyens de persuasion qu'il possède déjà et dont le principal
est la
fiscalité. L'intervention directe de l'Etat au capital et
dans l'appareil de direction des entreprises, qu'il y ait prise de contrôle
totale ou majoritaire ou simple participation, me semble par contre non seulement
inefficace mais nuisible, car la direction incombe à de hauts fonctionnaires.
Or ceux-ci gèrent mal, d'une part parce que leur formation ne les y a pas
préparés (la gestion des deniers d'une entreprise, qui paie ses
fournisseurs, ses salariés et encaisse sur les clients qu'elle se
crée, n'ayant rien à voir avec la gestion d'un budget administratif
accordé d'avance), d'autre part parce que le dévouement au bien public motive
malheureusement bien moins que l'appât du profit. Les économistes classiques
enseignent, non sans raison, que la confrontation des intérêts égoïstes
particuliers aboutit au bien public.
L'économie dite sociale, où les entreprises
appartiennent à leurs clients (sociétés coopératives de consommation, sociétés
mutualistes) ou à leurs fournisseurs (sociétés coopératives agricoles de
commercialisation) ou à leurs salariés (sociétés coopératives ouvrières de
production), constitue un tiers secteur moralement satisfaisant, mais
l'expérience enseigne que ces entreprises, quand elles réussissent
jusqu'à la gigantisation, ne diffèrent plus par leur gestion des entreprises
capitalistes ordinaires où les actionnaires délèguent totalement ou presque
leurs pouvoirs à des manageurs professionnels. Quant aux coopératives
ouvrières, la mobilité de leurs actionnaires par démission, licenciement ou
départ à la retraite pose le problème particulier de la transmission des
parts : si elles sont remboursées par la société aux partants, le capital
social, gage du crédit, peut s'en trouver gravement affecté ; si elles
sont laissées aux partants et donc transmissibles aux héritiers et
cessibles à des tiers, la société se transforme rapidement en entreprise
capitaliste classique : il s'agit du cas le plus fréquent. – fin de citation
Le
président de la République répond en ces termes :
citation –
C'est
tout le problème soviétique dont le principe économique était exactement celui
recommandé par l’apôtre Paul à ses ouailles…, mais qui n’a pas su démocratiser
« la dictature du prolétariat ». Il est vrai que cet immense empire
était en état de siège, et qu’encore aujourd’hui il en garde les réflexes et
une manière de se défendre dont pâtissent d’abord les siens. Ce ne doit pas
être un faire-valoir automatique du capitalisme : excès dans lequel est de fait
tombé le magistère social de l'Eglise sous Jean Paul II, accentué encore
par le comportement et le dire de "récupération » du patronat
chrétien... les noms et enseignes nous sont familiers. Il y a l'économie
mixte, qui n’est pas l’étatisation. Les nationalisations de 1945 n'ont pas été
le fait d'une dictature et elles n'en ont pas engendré une, non plus. En
revanche, c'est l'alternance de deux extrêmes, les nationalisations de 1982 et
les privatisations de 1986, qui a donné de l’espace et même une apparence légitimité
à des manipulations – souvent enfantines, nous pensons au « raid »
sur la Société générale, l’été de 1988 – qui ont créé un climat spéculatif et
permissif dévoyant les entreprises. Celles-ci ont été assimilées à des
virtualités en termes de gain, et non plus d’appareils productifs. En découlent
notamment les cooptations de dirigeants, les prédations et recels par de hauts
fonctionnaires des entités qu'ils privatisaient.
De ce
point de vue, ces hauts fonctionnaires « défroqués » n’ont pas été
plus mauvais gestionnaires que les dirigeants n’ayant jamais appartenu à
l’ « énarchie » : Calvet naguère chez Peugeot, Mestrallet
pour Indo-Suez, Croisset pour le Crédit commercial de France, Pontet pour le
Crédit indistriel et commercial. Ce que nous voulons faire n’est cependant ni
encourager les « pantouflages » : il y en a eu assez et les
dispositions prises par Durafour il y a maintenant longtemps n’ont pas été
respectées, les commissions de déontologie ont manqué de rigueur, sinon de courage,
quand le recel patent était le fait d’un tout proche de mon prédécesseur,
François Pérol, ni « parachuter » à la tête des entreprises
nationalisées des gens de cabinet comme cela s’est tant fait même au début des
gouvernements de la gauche, voire de mon propre entourage.
Non,
pas du tout ! Nous voulons rendre les entreprises, banques comprises, à
leurs origines de métier et de marché, à l’esprit social qui est fidélité à un
objet et qui est pleine considération pour les salariés souvent attachés pour
la vie à leur entreprise. Donc, les nouveaux dirigeants seront issus de la
communauté des cadres et des agents ou ouvriers de chacune des rauisons
sociales nationalisées. Contrairement à ce qui avait été voulu à la Libération,
il ne s’agit pas d’une ambition étatique de prendre les leviers de commande de
notre économie : ces leviers seront agis en commun dans le cadre du
Commissariat général au plan, quel que soit l statut de chacun des acteurs
économiques, financier, social, culturel. Une concertation non pas selon les cours
de la bourse, non pas selon les actionnaires et les rapports de force pouvant
exister entre eux mais bien entre toutes les entreprises de droit français ou
celles de droit européen établies chez nous. Différemment de ce qui a été voulu
par le programme commun de gouvernement, ratifié en 1981 par l’élection
présidentielle de François Mitterrand, il ne va pas s’agir de sauvegarder
l’emploi : l’emploi est un signe de santé collective, et il est pour
chacun synonyme autant d’un salaire que de l’épanouissement d’une formation ou
d’une vocation. C’est un marqueur, ce n’est ni un moyen ni un objectif, c’est
un des résultats d’une entreprise, d’un pays qui marche, qui avance. Ce que
nous voulons, c’sst qu’à nouvau prime chez nous le bien commun, c'est-à-dire la
sauvegarde et l’accroissement qualitiatif et quantitaif de notre patrimoine
matéruiel et intellectuel. Ainsi notre indépendance à tous égards sera maintenu
et notre avenir autant qu’immédiatement notre équilibre seront sauvegardés.
A
mesure de notre rétablissement national, et aussi du rétablissement de chacune
des entreprises concernées – nous ne parlons actuellement que de très grandes,
mais il peut y en avoir de très petites – l’Etat abandonnera sa tutelle directe
et ouvrira l’actionnariat en totalité ou en partie à d’autres que lui,
prioritairement à un actionnariat des salariés – auquel d’ailleurs nous pensons
faire application de ce qui fut appelé pendant le second mandat du général de
Gaulle, l’ « amendement Vallon » [4], et dont on me fait comprendre maintenant qu’il fut une des
causes de sa chute – puis à un actionnariat populaire. L’emprunt citoyen
pouvant se garantir par ces nationalisations et se rembourser en
actions ou obligations de ces entreprises. Le détail de ces mécanismes
juridiques et financiers n’a pu être mis au point en vingt-quatre heures et
sera adapté sans doute à chaque branche d’activité concernée, voire à chaque
entreprise.
J’ai
pris des engagements de calendrier à mon élection. Je ne peux en prendre sur la
durée de ces nationalisations, mais elles sont temporaires. J ne les avais pas
inscrites à mon programme de campagne. J’y suis contraint et ne m’en suis rendu
compte que depuis peu par l’exploitation que certains acteurs de l’économie
française, nationaux ou étrangers, ont fait de notre souci d’obtenir d’eux le
maximum de gré à gré. Ils s’y sont refusés. Je n’ai donc pas à m’excuser de ces
nationalisations et elles se justifient d’elles-mêmes. Elles ne sont pas
idéologiques : elles sont la contribution du gouvernement à un retour de
la France dans l’économie dite réelle. Jusqu’à ces jours-ci – je m’en confesse
– nous allions vers une mise du pays, de ses ressources à l’encan et beaucoup
de salariés avaient déjà été ainsi bradés, remis au financement et avec leur
savoir-faire. – fin de citation
25/…/201… à 20:03
Septième entretien vespéral du président de la République
Pour son nouvel entretien d’avant
le journal télévisé, le président Hollande avait fait deux choix : celui
de la chaîne parlementaire pour continuer, a-t-il dit, de répondre aux
circonstances et aux Français, et celui de se soumettre aux appréciations et
aux suggestions des présidents de groupes parlementaires des deux assemblées.
Ce sont ces derniers qui ont
assuré le chef de l’Etat que – moyennant des débats en commissions et en séance
plénière bien préparés et bien menés – il pouvait y avoir un consensus de toute
la représentation nationale pour les nationalisations évoquées et pour faire
renouer le pays avec les emprunts citoyens.
En prenant acte avec une évidente
satisfaction, le président de la République a donné l’état de sa réflexion pour
une pratique plus sincère, moins « langue de bois », de notre
démocratie parlementaire. La Cinquième République a institué par de nombreux
moyens la stabilité gouvernementale, c’était et cela reste nécssaire, mais elle
a également innové en définissant ce qui est la compétence propre au
législateur, à la représentation nationale. Cette compétence est trop souvent
usurpée par le Gouvernement, à quoi répond le Parlement par des votes sans
signfication, ne traduisant pas le sentiment public et ne renforçant pas le
Gouvernement dans l’esprit des Français. Le vote de conscience – rien à voir
avec l’objection de conscience qui n’est pas loisible pour un fonctionnaire ou
un mandataire publics, sauf à renoncer à son emploi ou à sa charge – devra,
sauf question de confiance posée par le Gouvernement à sa majorité et à
l’ensemble de l’Assemblée nationale, rendre à chaque député la conscience plus
précise de sa responsabilité personnelle. Approuver n’est pas une obligation,
débattre en est une. L’institution de quorum pour une présence physique des
parlementaires en cas de vote, même inopiné, mettra fin au scandale pour
l’opinion nationale de voir des textes adoptés par des effectifs ridicules ou
par des procurations organisées pour le confort des élus et des partis.
Si le Parlement redevient
exemplaire dans l’exercice de ses prérogatives, au nivau de chacun de ses
membres, l’ensemble du peuple français aura à faire de même. Aucune élection,
aucun referendum à quelque niveau national ou local que ce soit ne seront plus
valable si une proportion des électeurs inscrits n’est pas respectée. Les votes
blancs, non seulement devraient être à l’avenir distingués des votes nuls, car
ils sont exprimés sciemment et pas par mégarde, mais ils compteront pour la
vérification du quorum. Ainsi des questions mal posées ou des choix entre
candidats également inopportuns, ne pourront plus être tranchés par abstention
ou par défaut. Enfin, il n’est pas possible qu’un ministre retrouve un siège
parlementaire s’il en avait un avant de participer au gouvernement, alors qu’il
a dû démissionner pour de fortes raisons. Ses électeurs doivent en être juges.
La réforme de 2008 a été manifestement un achat de quelques voix au moyen d’une
proposition démagogique aux votants du congrès de révision constitutionnelle.
Elle était contraire à la démocratie élective, notre principe.
Interrogé par le président du
groupe U.M.P. au Sénat sur l’instauration du vote obligatoire, à peine de
sanction financière, M. François
Hollande a répondu que la représentation nationale aura à en décider.
L’audience de la chaîne
parlementaire a été ce soir moindre que celle d’Arte aux premiers jours de
l’initiative présidentielle, et aussi que celle des télévisions publiques, mais
elle a étédix fois supérieure à ce qui est habituel pour la L.C.P.
25/…/201… à 20:05
Le PDG de Peugeot jette l’éponge
La direction de P.S.A.
communique : M. Varin, sensible à la situation de l’entreprise et soucieux
de ne pas heurter ses collaborateurs ni l’ensemble des ouvriers de la firme, a
– bien sûr – refusé ce qui lui était proposé.
25/…/201… à 20:7
Démenti de l’Elysée
La présidence de la République
communique :
Avoir une retraite chapeau quand
on est resté cinq ans seulement dans l’entreprise qui l’accorde, alors que les
résultats de la gestion du bénéficiaire sont mauvais, n’est pas justifié et est
inapproprié dans l’ambiance sociale actuelle.
Pourtant, aucune demande n’a été
faite à M Varin pour qu’il y renonce.
Certes, le perdant est l’Etat,
puisque le chiffre de 21 m€ correspond au coût de cette retraite pour PSA et
non à ce que M. Varin aurait touché : deux tiers, soit14m€ de ce montant
correspond aux taxes et charges sociales que PSA aurait versé sur vingt-cinq
ans, durée estimée pour établir la provision dans ses comptes et M. Varin
aurait touché 300 000 euros par an, dont 45% aurait été prélevé au titre
de l’IR… soit 3,5 m€. L’Etat est donc privé de 17,5 m€ de recettes
par la suppression de cet « emploi fictif de retraite ».
En revanche, M. Varin aurait pu
reverser à des associations caritatives. Au seuil de l’hiver, elles en ont un
besoin criant.
25/…/201… à 20:10
La
famille Peugeot
accepte la nationalisation de la firme au lion
Les conditions d’une prise de
contrôle par l’Etat ayant été communiquées à l’actionnaire historique et
principal de P.S.A., ceux-ci les ont acceptées. Une telle nationalisation, à
l’amiable, a pour précédent celle des réseaux privés de chemin de fer avant la guerre. Les compagnies
concessionnaires depuis Louis-Philippe, avaient elles-mêmes et ensemble demandé
le concours de l’Etat. En coincidence avec la victoire électorale du Front
populaire. A ce concours le gouvernement de M. Léon Blum avait mis la condition
de nationalisation.
25/…/201… à 22:45
Le président de la République attendu 10 Downing Street pour le
breakfast
M. David Cameron, flatté que le
président de la République française commence sa consultation eurpéenne par lui,
ainsi qu’il avait été discrètement convenu en marge de la réunion
monétaiare : euro-sterling, entend ménager le temps de sa première journée
en la faisant commencer tôt. A la britannique, il est vrai. Surtout donner
l’argumentaire britannique en priorité.
25/…/201… à 23:06
Programme du tour d’Europe par le président François Hollande
En rappelant qu’il est
susceptible de modifications chaque fois en dernière minute, étant donné la
qualité des personnalités concernées et l’extrême brièveté des délais pour
organiser les visites de travail du président de la République française à
chacun de ses pairs en Europe, le programme du tour d’Europe annoncé hier soir,
serait le suivant :
25/…/201… à 23:34
Renault nationalisé aussi
Les conditions faites à Peugeot
et acceptées par la famille fondatrice pourraient convenir à l’ex-Régie
Renault. Les deux constructeurs français estiment que leur solidarité peut être
avantageuse pour la réussite de l’emprunt devant payer le transfert de
propriété et constituer un gage d’avenir pour le moment où les entreprises
seront rendues à l’actionnariat privé.
Samedi
30 Novembre - 13 heures 15 & 21 heures … Dimanche 1er Décembre 2013 – 22
heures
[1] -
retrouver pour le citer le passage attestant un de Gaulle, lampe éteinte, mains
à plat sur sa table travail, sans un paouer ou un dossier, et le téléphone
évidemment interdit, réféchissant un après-midi entier à la stupeur dee son
aide-de-camp inquiet du silence et de l’obscurité
[2] - source à retrouver
[4] - l’exposer
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