jeudi 26 décembre 2013

Changement de signe - fiction politique - éléments 2 - premier jet . esquisse toute provisoire



Discours du président de la République annonçant sa démission


Françaises et Français, mes chers compatriotes, mes concitoyens, mes amis,

il me semble rajeunir de plus de deux ans en venir vous dire ce soir que ces dernières semaines m’ont effectivement ramené à une campagne électorale qui fut heureuse et que vous avez bénie de vos votes. Puis, ensuite, vous le savez bien, et maintenant je le sais bien – est-ce trop tard – vous avez été déçu. Il vous a semblé que je continuais, peut-être en moins tonitruant parce que j’ai sans doute moins de culot et que j’ai quand même mémoire de ce que j’ai dit la veille, mais que je continuais la politique de mon prédécesseur : des impôts, toujours des impôts tout en diminuant donc votre pouvoir d’achat et même en réduisant ce qu’on appelle la dépense publique et qu’il faut appeler plus justement : les moyens du service public. Toujours payer une dette publique, dite souveraine, en fait dette envers des esclavagistes : les spéculateurs qui ont réussi à travestir et confisquer le métier des banques, celles-ci vivant des frais prélevés sur vous et de leur spéculation grâce à la masse de vos dépôts au lieu de financer les investissements et les entreprises, les nôtres. Mon gouvernement les a nationalisées. Je continuais de reculer devant les abus des dirigeants de nos grands sites industriels, délocalisant, licenciant, irresponsables sur leur personne et sur leur avoir, pas toujours visionnaires, comptables pour les salaires et pas pour leurs avantages propres. Ce n’était pas la tradition française : nous avons eu de grands patrons inventeurs, investisseurs, solidaires de leurs salariés. Les aînés d’entre nous savent leur nom. Nous avons renoué en nationalisant chacune des entreprises que les erreurs de leurs dirigeants mettaient en faillite sans connaissance du marché autre que la manière de capter les carnets de commande en faisant ce que l’on appelle de la croissance externe, chacune des entreprises, chacun des grands groupes à qui l’Etat avait prêté, donné et pour lesquels l’Etat avait adopté des législations et des réglementations sur mesure, sans pour autant que soient maintenus les emplois, conquis des marchés. C’est fini. Les nationalisations des banques et de ces entreprises dureront autant que la crise. Une crise de la mentalité économique et financière que nous voulons transformer en une prise de conscience que les valeurs et les directions de banque et d’entreprise sont mieux défendus par la mise au pouvoir de leurs salariés de longue date, de toute une vie souvent, que par des cooptés, des parachutés qui n’ont aucune affection personnelle pour ces outils du bien commun, pour ces éléments du patrimoine national, pour notre économie française.

J’ai demandé à nos partenaires européens d’adopter le principe de l’élection du président de l’Union par nous tous, sans souci des frontières et des systèmes juridiques e chacun : une élection directe donnant de la voix et de la crédibilité à notre chère vieille Europe toute couturée de ces guerres civiles qu’ont été les guerres mondiales commençant toutes entre nous. La France a proposé aux grands Etats débiteurs des marchés, qu’ils soient européens, outre-Atlantique ou à l’autre bout du monde, que nous considérions pour ce qu’elle est, la coalition des spéculations voulant notre perte en tant que tels, et pariant sur elle. Sans doute, les Etats ont-ils eu tort de céder à un faux raisonnement, qui n’est pas libéral, ni qui n’est pas libérateur ni des hommes ni de leurs échanges et qui leur a fait adopter depuis vingt ans cette « déréglementation » dépossédant la démocratie de chacun de ses leviers, de chacune de ses défenses. Le mondialisme, stade suprême du capitalisme. Le dépérissement de l’Etat, résultat non d’une révolution ou d’une sincérité communistes, mais de son abolition par les ennemis du genre humain, par Mammon et les dieux de l’argent, de l’accaparement. Nous sommes en voie, c’est techniquement compliqué et c’est très nouveau en temps de paix – mais y sommes-nous quand l’assaut est donné à ce qui devrait n’appartenir qu’à la démocratie et n’être influencé que par le peuple : l’Etat. L’Etat n’est, en premier, ni la police ni le fisc, il est l’outil du bien commun, le nôtre. L’organisateur de la solidarité et de notre défense entre nous et vis-à-vis de l’extérieur. Le moratoire des dettes souveraines a comme première étape ces nationalisations du système financier et bancaire. L’ultime sera le retour à l’initiative et à l’actionnariat privé quand les marchés ne seront plus les financiers de nos dettes publiques, et souvent aventureuses. C’est pourquoi mon gouvernement a lancé cet emprunt citoyen, que nous avons appelé, celui de la reprise de nous-mêmes, l’emprunt du destin national. Puisqu’il a également du succès hors de nos frontières, certains Etats-membres de notre Union ont commencé d’en faire autant. Il est probable que des emprunts européens, de même nature, s’adressant de la même manière aux personnes physiques, à chacun de vous libre ou pas de participer en grand ou pour le symbole, au financement de nos grands investissements, de notre défense, de notre solidarité nationale : ce ne sont pas des déficits budgétaires, encore moins des éléments de dépendance française vis-à-vis d’on ne savait plus trop qui ni de quoi, ce sont des manifestations de confiance, de votre confiance.

Cette indépendance recouvrée de nos Etats doit se manifester – c’est le vœu de la France et je m’en suis entretenu avec chacun de mes homologues en Europe, vous le savez – aussi pour que se réorganise le commerce international. Les échanges doivent se faire selon les nécessités, les complémentarités et pas selon des spéculations sur les matières premières, sur les coûts salariaux, sur les tricheries sociales et fiscales. Chaque grande partie du monde actuel a ses niveaux de développement, ses habitudes culturelles et sociales. Plus ou moins homogènes, elles peuvent grouper leurs Etats et leurs peuples comme nous les Européens nous l’avons entrepris depuis le drame de la Seconde guerre mondiale. C’est entre ces zones de cohérence et hmogènes que des négociations s’ouvriront, à l’initiative de l’Union européenne pour un nouveau traité fondamental encadrant les échanges, tout autrement que leur divagation selon le traité de Marrakch.

De même – la France espère en convaincre ses partenaires européens – devra se négocier la sécurité collective et bien plus que des équilibres stratégiques, une solidarité planétaire. Nous ne pouvons plus vivre en protégés des uns, en gendarmes des autres. Les tâches pour le développement et le mieux-être de nos associés, à nous Européens, les responsabilités de tous pour la sauvegarde de la chère Terre, l’évidente dignité de toutes les familles humaines doivent fédérer les peuples du monde. Des institutions démocratiques pour que l’Organisation des Nations Unies ne soit pas que celle des Etats et que la décision du Conseil de sécurité, des droits de tous pour circuler et s’installer partout à condition de respecter les lieux et les cultures d’où l’on vient et les lieux et les cultures où l’on arrive. C'est possible, c’est souhaitable, faisons-le.

Françaises, Français, mes chers compatriotes, vous le voyez : pour mener à bien ce que mon gouvernement, à mon appel et selon ma résolution que ces dernières semaines vous avez vu et entendu grandir, a commencé de mettre en œuvre, pour soutenir, notamment entre les Etats membres de l’Union européenne, les grandes décisions que nous avons à prendre, dans notre intérêt et dans celui d’un monde avide de trouver des axes et des repères, je dois militer parmi vous, avec vous. Je dois donc me libérer des sujétions attachées à mes fonctions. Je n’ai pas exercé celles-ci selon le mandat que j’avais sollicité de vous et que vous m’avez accordé. A l’expérience et certainement par la grâce de notre esprit collectif, de nos vœux que soit réalisé tout le souhaitable et non plus le conforme, j’ai compris ce mandat, je veux l’exercer pleinement avec votre soutien et c’est pour cela que je veux le solliciter à nouveau.

Pour me présenter au plus tôt selon ce qui est entrepris, ce que je propose et fait mettre en œuvre depuis peu, j’ai donc considéré que seule une nouvelle campagne présidentielle, une discussion cette fois très avertie de nos situations et de nos possibilités dès lors que nous prenons les moyens de disposer à nouvau de nous-mêmes, donneraient à notre pays l’élan et la lucidité, la force nécessaires. Pour me représenter sans attendre des années, trop brèves pour qui ne fait rien mais veut demeurer en place, trop longues, bien trop longues pour vous et moi, moi qui ai changé, et qui ai avoué devant vous les résolutions qu’enfin je prenais, il me faut démissionner.

Ma décision prendra effet demain à midi. Le referendum sur les réformes constitutionnelles que j’avais exposées au congrès du Parlement, aura lieu à la date déjà fixée. Les procédures législatives initiées par mon gouvernement qui demeure en place, dirigé par Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre de ma confiance aussi bien pendant cs longs mois qui vous parurent si peu différents de ceux antérieurs à mon élection présidentielle, que pendant la mûe dont vous avez été témoin, ces procédures continueront et aboutiront même si les lois doivent être promulguées par un président intérimaire. Je n'ai aucun orgueil d'auteur. Ensemble, nous ne voulons qu'avancer, nous reprendre. Ces grands débats, ces grands textes adoptés par vos représentants vont nous aider. Je crois d’ailleurs qu’à l’avenir il serait démocratique et de bonne conduite que chaque élection présidentielle se déroule en intérim de la fonction suprême et que le gouvernement du moment ne soit plus que de service pour achever ce qui aura été commencé par le président sortant et aussi pour produire le bilan de celui-ci. Je crois aussi que les candidats auront à proposer obligatoirement un projet de plan de développement économique et social, englobant l’ensemble de nos objectifs et se proposant aux électeurs et aux acteurs économiques et sociaux de notre pays.

C’est donc une campagne d’un nouveau genre qui va s’ouvrir. Je serai candidat, non à ma réélection mais à mon élection véritable sur le programme dont j’ai commencé la réalisation avant même de l’avoir énoncé puis synthétisé. Je constate avec vous que l’interruption de mon mandat, tandis que celui de l’Assemblée nationale continue de courir permet de défaire une des rigidités de nos fonctionnements n, qui n’était pas dans l’intention de nos constituants originels. Les mandats ne doivent pas coïncider forcément, et si je suis élu par vous, selon la nouveauté que je veux incarner, nouveauté puisant beaucoup dans nos traditions et nos expériences de l’après-guerre si justement inspirées par les legs et acquis de la Résistance, du Front populaire et de la Libération, je proposerai qu’ils soient constitutionnellement de durée différente, comme ils le furent jusqu’en 2002.

Je suis certain que vous comprenez qu’il ne s’agit pas d’une manœuvre pour profiter de sondages dont nous savons ce qu’ils valent, combien ils sont rapidement réversibles et qui sont actuellement très favorables, à mon gouvernement, à ma personne en confiance et en crédibilité, et aussi à nos finances pour que notre emprunt de destin national a été dix fois souscrit en cinq jours ouvrables. Il s’agit de rétablir notre démocratie, en restaurant notre Etat, en retrouvant le sens civique et le goût du service public, en ramenant notre jeunesse à une application nationale de ses enthousiasmes, de ses élans. Il s’agit pour l’Europe et pour les pays de son voisinage ou qui lui sont historiquement liés de reconnaître dans l’exemple français ce que chacun peut faire chez soi, ce que tous ensemble les Européens peuvent faire.

Si vous ne m’élisez pas, tel que vous m’avez vu et entendu ces temps-ci, tel qu’en témoigne déjà ce qui est commencé par mon gouvernement, tout en restera au point où tout avait commencé de changer. Qu’y pourrai-je ? A vous de décider !

Quelles que soient vos préférences au premier tour de cette prochaine élection présidentielle dans moins de deux mois, quel que soit votre élu quinze jours ensuite, qui recevra la responsabilité de tout poursuivre ou de tout arrêter, de pousser ou pas la grande révision européenne inventant notre démocratie à tous, confirmant nos solidarités en tous domaines de la monnaie, à la défense et aux droits sociaux, restaurant notre marché commun,

que vive la France et vive notre République.

A bientôt donc mes chers concitoyens. Je rentre dans le rang pour vous laisser choisir, et – je l’espère ardemment – tout confirmer de ce qui a été commencé.


premier jet, nuit du jeudi 26 au vendredi 27 Décembre 2013

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