Clarté
brune
I
Au vent, immense, un enfant qu’aucun arbre
n’abrite.
Cet
enfant ne pleure ; des chants le retiennent
il
parle de nuit, gorge tâchée d’astres lointains.
Cet
enfant prie ; Dieu ne se plie aux genoux
il est
un silence obstiné, un mot à jamais avalé.
Cet
enfant ; les couleurs amies l’immolent
il est
la bouche d’un exil, le fer de la honte.
Cet
enfant brûle ; la vie à rebours le consume
il naît
le cœur au bord, le chute palpitée.
Cet
enfant tremble ; autour les refuges s’époumonent
il
souffle dès l’oubli, au linceul du lit.
Cet
enfant rêve ; sous les paupières, un désert à peupler
il
coule de vide, de paumes enfouies.
Cet
enfant vole ; son corps le précipite
il vise
l’allègement, l’offrande retournée.
Cet
enfant guette ; un phare clapote en-dedans
il
vacille de cette clarté naufragée, d’une rive condamnée.
Cet
enfant est sans âge ; le lait lui ride les traits
il
vieillit de survivre, de ne pas savoir mourir.
Cet
enfant s’éteint ; des braises crachées aux doigts
il
lèche son sursis, ivre somnambule.
Cet
enfant s’évade ; la plume crochète ses ruines
il
encre son masque, bleu du baume introuvé.
Cet
enfant ne joue ; le troupeau piétine ses rires
il bêle
de toutes ses ratures, ces esquisses en partance.
Cet
enfant ne prévoit ; les visages varient d’instants
il
hurle au miroir, à la pâleur reflétée.
Cet
enfant saigne ; la peau se vide de ne boire
il
s’épine de couronnes asséchées, de passions salivées.
Cet
enfant espère…
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