jeudi 20 août 2015

d'un ami, encore très jeune pour l'état-civil : Guillaume Sbalchiero



Clarté brune

                                                  I


Au vent, immense, un enfant qu’aucun arbre n’abrite.

Cet enfant ne pleure ; des chants le retiennent
il parle de nuit, gorge tâchée d’astres lointains.

Cet enfant prie ; Dieu ne se plie aux genoux
il est un silence obstiné, un mot à jamais avalé.

Cet enfant ; les couleurs amies l’immolent
il est la bouche d’un exil, le fer de la honte.

Cet enfant brûle ; la vie à rebours le consume
il naît le cœur au bord, le chute palpitée.

Cet enfant tremble ; autour les refuges s’époumonent
il souffle dès l’oubli, au linceul du lit.

Cet enfant rêve ; sous les paupières, un désert à peupler
il coule de vide, de paumes enfouies.

Cet enfant vole ; son corps le précipite
il vise l’allègement, l’offrande retournée.

Cet enfant guette ; un phare clapote en-dedans
il vacille de cette clarté naufragée, d’une rive condamnée.

Cet enfant est sans âge ; le lait lui ride les traits
il vieillit de survivre, de ne pas savoir mourir.

Cet enfant s’éteint ; des braises crachées aux doigts
il lèche son sursis, ivre somnambule.

Cet enfant s’évade ; la plume crochète ses ruines
il encre son masque, bleu du baume introuvé.

Cet enfant ne joue ; le troupeau piétine ses rires
il bêle de toutes ses ratures, ces esquisses en partance.

Cet enfant ne prévoit ; les visages varient d’instants
il hurle au miroir, à la pâleur reflétée.

Cet enfant saigne ; la peau se vide de ne boire
il s’épine de couronnes asséchées, de passions salivées.

Cet enfant espère…

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