dimanche 16 décembre 2012

reçu d'une amie - je vais t'envoyer

je ne possède que ce dont je me suis mutilée.
le christ est la fleur de ce rameau coupé

non nous n’avons pas trop perdu de temps, mon amante en connaissance .. tout ce que nous avons sacrifié a refleuri

de quel bois je me chauffe tu le sauras. quels feux. quelle alchimie d’angoisse, de cafés.

nues je te ferai connaître mon chaud et mon froid .
mon afrique, mon océanie
ce miroir immense de ta beauté.
je veux te dépecer, t’emmener sur mes rivages, te prendre , t’arracher au fond   .


je veux t’emmener et nous verrons enfin ensemble cet  espace qui est notre dedans. cet espace qui ne pouvait compter tant que tu, mesure, étais absente.
les masques nègres, les reptiles, les pierres de l’île de Pâques.
les sculptures, les visages, les statues : ouvrons les yeux : voilà ta beauté.
Voilà. Voilà. Voilà
comme tu es belle, jusque dans l’œil rond des reptiles, ancien  dans aujourd’hui, œil rond, attente des pierres.
comme tu es  belle dans le sacre du printemps, dans cette sève qui monte de la terre – richesse, floraison, de tout ce qui fut coupé, oublié, rejeté, exclu.

j’ai à faire avec toi.
si tu veux vraiment me connaître

ta bouche muette et divine qui donne le silence .
silence de la vie – parole de la parole
les extrêmes. le froid et le chaud – la laponie – l’afrique.
tout ce que j’ai élagué, a refleuri.
Toute la nuit est splendeur du jour . et le christ a été crucifié.
tous les enfants que je n’ai pas eus sont là. Non
non, nous n’avons pas perdu trop de temps. car nous avons fait les mots verticaux et dans l’horizontale, le vertical s’éclaire -

tu as appris à lire dans la profondeur, à discerner derrière les brouillards, tu as appris à trouver des repères, tu as choisi des pistes et les as suivies.
il n’y a plus qu’à mettre des images  et les images éclatent dans l’espace de l’univers et de la vie.
et je te prends la main, et je te dis, miroir reflétant le monde, qui te reflète enfin : vois. voici-voici-voici

ce que tu avais vu derrières tes montagnes intérieures c’est aussi là, lumineux, à plat, déployé dans l’espace, absolument objectif, objectif à crier.

et l’espace les boudddhas, ses statues de dieux en Inde, les rizières, les jungles, la steppe, les îles perdues dans les couchants  c’est la splendeur, la floraison immense de tout ce dont
nous nous sommes coupées.

tout ce qui est en nous, nous l’avons rejeté dehors, à l’extérieur pour en jouir éternellement.
tout ce qui est en nous est au-dehors.
la lessive sèche dans le soleil.

je te regarde . tu es tout ce dont je me suis privé. toute la beauté dont je me prive, pour la contempler en toi. tout ce que je ne suis pas – toute cette ferveur, cette gravité, cette primitivité, que je ne serai jamais
tout cela que je voudrais être, je ne le suis pas et je le veux ainsi.
cette beauté à consommer au-delà de moi, qui n’est pas moi – et je me veux laide, veule, sans exigence, insignifiante :  et ma laideur, mon insignifiance, ma veulerie, ma bêtise, ma médiocrité ne sont que désir -
 

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