Le silence
bribes
– sur une sollicitation m’ayant entraîné à y réfléchir
Alors qu’il est un fait – intemporel, sans
limites spatiales – le silence appelle l’article défini. L’indéfini au
contraire le qualifie. Il y a le silence gardé par quelqu’un, il y a le silence
en soi.
Pourtant, le silence semble avoir une
consistance, un contenu. Il n’est ni absence ni vide. Il supporte tous les
autres sens mqis semble s’adresser à un seul : l’ouïe.
Le silence est une réponse. Le silence est
un milieu, une ambiance. Réponse ou enveloppement, est-il inhabituel ?
Battements du cœur, expressions humaines en musique, en parole, en jeu
d’instruments. Respiration de la terre, notre planète, « musique des
sphères » ou sensation du penseur (« le silence de ces espaces infinis m’effraie »).
Le silence voulu. Le silence donné. Le
créé et l’incréé. L’humain et l’a-humain. Ou n’y a-t-il de silence que selon
les sens, et ceux de l’homme ne sont-ils pas particulièrement limités, pour ce
qui est de l’ouïe. Le mutisme, analogue à la nudité, le degré zéro du bruit.
Matrice d’une naissance pour le bruit, la musique, la voix ?
Le silence dans l’Ecriture. Dans la Bible, l’Ancien Testament.
Dans le Coran. Les silences du Christ : il dessine sur le sable tandis que
s’éloignent un à un ceux qu’il a préposés à lancer la première pierre sur la
femme adultère du fait de leur propre innocence ; il ne répond ni aux
accusateurs ni à ses juges durant les interrogatoires de Pilate notamment.
Le silence comme outil. Silence imposé à
la réception par tous les sens pour n’être que mental, soit réceptif selon un
sens non qualifié : l’inspiration, la télépathie et toutes formes de
communication et de réception mentales. Est-ce de la concentration ? ou
plutôt du déblai ? Le silence choisi.
Le silence préféré. L’aveu refusé, le
risque de la parole contourné. C’est alors une action, également une posture.
Pour l’humain, le silence absolu n’est gardé que par la mort, sauf organisation
de posthumat.
Une œuvre – plastique, écrite –
silencieuse, qui ne parle pas, qui ne provoque pas une
participation-réponse-accueil du spectateur, du rencontrant. Au contraire, le
silence – en musique, pause, point d’orgue – est l’un des éléments, des temps
de la respiration.
Le silence comme un fait, donc.
Le silence en état de vie, en mode
d’accès. Silence de l’homme, non de Dieu. L’orage, la brise, le cri du
Crucifié, la parole sont – pour Dieu – des modes de présence et de
communication de sa présence. Le silence de l’homme est un creux, un
approfondissement pratiqué par lui en lui-même sur ordre ou par cheminement
personnel. La prière n’est silence que pour des tiers ou selon le milieu
qu’elle se choisit ou se donne, elle reste parole au moins mentale tant qu’elle
n’est pas contemplation puis abandon.
L’état monastique, la solitude pour être
en silence, pour le garder. Théorie ou vie effective ?
Val-de-Grâce
à Paris, mercredi 19 Décembre 2012
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