mardi 4 février 2014

reconquête ... complété pour la première étape

esquisse sans qu'aient été encore choisies les personnes : première ou troisième, qui ici se succèdent et se reprennent




Lieu : notre lit, chambre du rez-de-chaussée, large sans plus, on peut y dormir très séparés sans se toucher, on put même y avoir un chien ou deux sur la couverture, sans etre gêné. Le lit de Paris où il y avait nos étreintes habituelles, je ne me souviens pas des précautions contraceptives que nous prenions, si nous en prenions. Pas non plus d moments, de sensations, de postures, de communion exceptionnelles. Elles furent antérieures, le petit lit de fer, peint en blanc, menaçant de se refermer pour excès d’ardeurs et de secousses, d’efforts et de joie mutuels, petit appartement dans les combles d’un immeuble louis-philippard non loin du bassin de la Villette, donnant au dernier étage sur un passage fermé très XIXème siècle, des toits et des cheminées, du zinc et de la terre cuite, Paris… l’offrande en levrette, les fesses ouvertes pour toute leur vallée, l’œilleton anal rose et précis, le sexe impudique et disponible pour mon membre tranquillement, durablement, jouissivement érigé. Offrandes qui ont souvent continué ici et dans ce lit-ci. L’automatisme des prises de seins à pleine mains. Le lit d’amis au bord de la mer, non loin d‘ici, l’amour et l’étreinte en pleurs depuis la plage jusqu’à s’asseoir face à face sur la table familiale au bois nus et se prendre en compagnons. Ici aussi mais d’abord dans nos vacances à la neige, le mont Charvin directement contemplé à notre gauche, la chevauchée arrêtée pour plus de précision, et l’aigu d’un délice indicible quand accroupie à hauteur de mon ventre et s reposant périodiqument fesses à plat sur mes cuisses, elle aiguise notre désir mutuel en affûtant, savourant, suçant de son sexe le mien, à hurler de plaisir, de surprise et de bonheur. A la montagne, comme ici, non loin de la mer, de ses rentrants, du vent, nos longères posées entre nos reboisements et l’indécision, ronces et lierres de ce que nous n’avons pu jusqu’à présent organiser et entretenir en semi-parc, ce qu’elle appelle son dessert, que nous venions de l’orgasme et quelle veuille le revivre ou le prolonger ou que nous allions uniquement à cette fin de plat, le sexe gourmand se matsurbe, tout ouvert contre ma cuisse repliée, interdiction que mes mains soient à son corps cambré qui me chevauche ainsi, moi qui suis allongé dos à plat, elle qui a les cheveux fous et le regard au bleu le plus sombre.

Lit qui a accueilli mes incontinences après l’ablation d’une prostate cancéreuse, le sang de la biopsie par l’anus, puis l’incapacité dont eut raison en trois mois, même pas, sa délicatesse aussi ingénieuse, attentive et mobilisatrice que l’habileté du chirurgien ne blessant rien des circuits et des mécanismes de l’érection. Il n’y a plus eu d’éjaculation, je ne sais plus l’effet produit sur la peau qui se frotte à la mienne ou ce que le rythme jeté du jet soudain et apoplectique fait ressentir au plus profondément touché du vagin. Mais l’orgasme, ses dix-quinze-vingt coups et hoquets était revenu, l’érection lourde et membrée, ligneuse et douce aussi. Avions-nous douté ? il n’y en a pas l’histoire.

Nous sommes passés des assauts immédiats sans demande ni réponse que la nudité aussitôt donnée et l’enfouissement mutuel sans compter les jours ou heures, à plus de conditionnalité de temps, de moment et de dialogue. Les mots certes, mais la réponse indubitable à la demande faite par caresses et avancées, alors le frémissement qui donne le consentement, la bouche qui appelle, le sexe qui est lac, la main qui cherche, prend et place mon sexe dans le sien, et le bonheur retrouvé, sexes et bouches unis, parfois le suspense et la sueur d’aboutir, et toujours ce miracle précisément d’aboutir. De ma vie, elle est la seule dont l’étreinte ne me laisse jamais en tristesse une fois que la lenteur, le dos à dos, ou le dos à ventre s’épousant encore, le silence se sont faits et ajustés.

Et de cette épaisseur de corps qui ne s’explorent plus, qui jouissent de se sourire et de disposer mutuellement, qui sen contentent, nous sommes arrivés à nos lieux qui durent depuis des mois, toute étreinte éludée, oubliée, refusée. L’envie disparue, la capacité aussi, chacun a son rôle, ne plus vouloir même en moindre début, ne pas pouvoir quand d’aventure, reste l’élan de l’esprit, le cérébral du sexe mais que rien ne s’ouvre et que rien n’a la consistance dure pour s’imposer au minimum d’accueil.

Vingt ans ont passé, tout juste, avec la chirurgie à mi-parcours. Les situations d’impuissance avaient été si rares, une perverse se refusant jusqu’à la folie de partenaires inondés de sueur et non de sperme, robe et linge à tordre entre deux corps ne pouvant s’emboîter et partir ensemble au lointain qu’on approche par plaisir. Et la double vie anéantissant le désir du présent, seul producteur de l’outil de pénétration, par l’évocation d’un autre corps et d’un avenir refusé au présent. De mémoire, d’incapacités que de ces deux sortes et une statistique réduite aux doigts de la main. L’étreinte et son succès n’avaient jamais fait question dans l’aventure d’une rencontre espérant nudité, plaisir, curiosité et tout autre univers. S’il n’était maintenant et très tranquillement avec bonheur, consacré à une femme unique, la sienne par engagement de mariage et par la procréation d’une décisive petite fille, il aurait sans doute souffert de séduire d’abord et de ne pouvoir conclure pour l’intimité qui se partage mais exige l’assouvissement et son moyen d’anatomie. Il n’était donc plus à l’épreuve ni en compétition avec lui-même.

Le défi était tout autre. Avec elle, pour elle et pour lui, il fallait à deux reconquérir le goût complet du bonheur, quand les sexes se prennent et se répondent, que tout est aisé même l’attente et la grimpée vers l’orgasme, vers les instants qui le précèdent et qui sont les meilleurs car plus rien n’est promesse, plus rien ne peut se manquer et au paroxysme de la tension on peut en totalité se laisser aller. De lui et de leur couple, il attend cela. Elle n’y est pour rien, en initiative et en responsabilité, sinon qu’elle est le chef d’œuvre qu’il veut leur faire retrouver par son plaisir à elle, intime et savoureux, administré par lui comme naguère apparemment, mais de telles retrouvailles ne seront la continuité de rien. La parenthèse du désert, de la panne du désir et de la capacité a tellement duré, relativement à la fréquence, à la constante possible imminence de leur étreinte, autrefois, il y a quelques mois, c'est-à-dire, qu’ils sont autres et ce dont d’autres qui vont se trouver, sur ce plan-là en ces lieux de l’amour des sexes et des coïncidences. Comment y arriver ? Ni force, la sienne, ni accueil qui appelle, fascine, suscite. Alors ?

Ce matin, simplement, sans lumière même du jour pas encore annoncé, sa main au flanc féminin retient le temps, les minutes ne se comptent pas et elle n’est pas écartée. 

Je me suis introduit de la main sous la chemise-veste de nuit, le sein gauche s’atteint, un volume et une manière d’être… soit je ne m’en souvenais plus, soit ils ont changé. Plus vaste, plus sphérique, presque détachable, de mon doigt je fais le tour, je vais aussi au mamelon, je touche et parcours les granules qui l’entoure, je viens à son sommet, il est présenté, docile, pas totalement dur ni érigé. Le sein droit est inaccessible, sauf un peu de son côté vallée entre deux, lui et son jumeau symétrique. Je ne reste pas. J’ai porté la main de ma femme, de celle qui est désormais et depuis notre mariage, toutes les femmes, à mon sexe, la posant simplement et caressant longuement les doigts, un à un, et entre eux. La main demeure, mon sexe lui dit la ressentir, pulsations qui sont conversation de la chair, je ne pousse rien, elle ne se dérobe pas, je reviens au sein. Je suis allé à l’oreille gauche, je l’ai redessiné du même doigt que j’avais contourné le sein. Sa main ne quittait pas mon sexe, mais sans le solliciter, seulement à plat sur lui, tranquille. Pas cette respiration qu’elle prend et qui m’avertit, à la suite du frémissement disant son installation sur la pente montante du désir, simplement sa présence, et celle de mon propre sexe tout à sa pulsation, au rythme de longues goulées. J’ai décidé de ne pas forcer quelque étape suivante que ce soit, ni ma main vers la culotte ou vers les cuisses sous le pantalon de pyjama. Elle est la seule femme de tout mon parcours à ne jamais dormir nue, elle n’aime pas son corps, elle trouve laid le sexe féminin.


Je nous maintiens dans la simple douceur de sa main couvrant mon sexe et sollicitée par le battement de ce vrai cœur quand les corps se touchent, mais ne se donnent pas encore ni ne se regardent même. J’ai passé mon bras gauche au dessus des couvertures pour aller prendre sa tête à la joue, puis j’ai appuyé la mienne à sa tempe, et je me suis dit que nous vivions une première étape. Plus tard, mais cela pouvait durer bien davantage, et j’étais heureux seulement de presser ma tête contre la sienne, de pousser un peu tout mon corps et son centre, mon sexe, le long d’elle, j’ai dit simplement que nous avions tout à apprendre, réapprendre comme si elle avait douze-treize ans. Pédophile, alors. Mais non, j’avais mal dit. Moi-même à mes vingt-quatre ans, je ne savais encore rien, avais-je même envie ? C’est ce matin de cela qu’il s’agit, de son envie. Alors viendra ma capacité, alors se prendra l’habitude de commencer à recommencer.

Ce soir ou demain, horaires… le lycée et les cours qu’elle y assure ne nous laissent qu’une sieste après-midi par semaine. Si elle retrouve une envie qu’elle ne cherche pas et dont elle a peut-être perdu même la mémoire – nous n’en parlons pas et à mes offres verbales depuis des mois, elle ne répond que par un récri : plus l’âge, ou évocation sans goût… Je ne sais rien d’elle relativement à mon attente pour deux.

J’ai placé sa main – quittant mon sexe ou son autre main ? – sous ma chemise, les poils de la poitrine masculine, elle les a aimés. Docilement, presque passivement, elle a laissé sa main consentir à la place, à la position que je souhaitais. Du temps encore a passé. Puis je me suis levé, lèvres à son front. Mon sexe était resté patient, au seuil de ce qui l’eût conduit à la réclamation. Et ce matin, la réclamation eût rompu ce charme qui ne s’appelle ni ne se décrit.

le tout, à suivre par vécu

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