19 heures 28 + Ce n'est pas une comédie, ou
alors au sens le plus fort, formateur et initiatique
de Molière. Quand c'est drôle, et avec répétition
d'expression des visages ou de mise en scène, c'est
pour nous rendre disponibles à l'essentiel qui suit
aussitôt... notre aussitôt. Film pour moi décisif,
enlevant, propice à l'interrogation sur soi et donc
à une forme de résurrection-conversion par la mise
en oeuvre (enfin) de nous-mêmes. Et quoique ce soit
grave et important, c'est dit et montré avec saveur,
imagination et c'est donc tout le temps digeste et
agréable.
20 heures 17 + Toujours, j’ai été
sensible au cinéma et je garde mémoire d’une « rédaction » de collège
que je fis sur l’emprise d’un film parce qu’il est l’unique présence dans la
salle obscure où j’ai conscience d’être présent, de me trouver au sens littéral
du terme. Recommandé au prône de ce matin, à la fin de notre messe paroissiale,
par notre recteur enthousiaste, un film que je suis allé voir au début de cet
après-midi, sans pouvoir décider épouse et fille à m’accompagner. Tout maos pas
çà. J’espère que nous irons mardi soir. Décidé à un témoignage d’existence
vécue depuis plusieurs années, et plus précisément depuis l’échec éditorial de
mon essai politique – passionnant et fatigant à écrire, mais empêché de
rencontrer du public – je cherchais, raconter ce qui n’a rien eu de notoire, de
visible, d’historique, d’exceptionnel ? le raconter uniquement pour en
faire l’attache de beaucoup de témoignages et de plaidoyers sur ce que je crois
d’intérêt commun : la foi, la politique, la relation de couple, l’imprévu
du bonheur, de la beauté, une conscience intime du bonheur. J’étais résolu à
entreprendre d’écrire un récit plutôt linéaire et chronologique quand,
commebien souvent ces derniers mois et semaines, j’ai ressenti l’aspiration du
désespoir, de l’échec, de l’impasse, la somme et le poids énormes de ce
qu’engendrent l’âge, la pauvreté, la mésestime pas tant dans la vie d’une
personne qui dit « je » et se subit « je », que dans la vie
de celles et ceux qu’il aime. Les lieux, les choses, la présence toujours
intense et respectueuse des animaux. Dire que l’espoir est une folie, que la
folie est un espoir non contagieux : pendant trois jours, j’ai cru que
j’allais l’écrire, et comme nul n’a le droit de parler pour autrui, je ne
pourrai le faire sous un pseudonyme. J’en étais là quand j’ai vécu, tout à
l’heure, ce film : tout mais pas
çà ! italien, récent. J’ai alors décidé de commencer d’écrire tout
de suite, même si je ne peux plus remettre pour plus de quelques heures,
l’urgence de restructurer nos conclusions d’appel comme une banque mal
organisée, sauf pour mentir et même fabriquer des faux.
L’écriture échappe à qui
écrit de mémoire ou de fiction, et non
sur documents ou pour rapporter. Quoique des personnes et des circonstances me
soient d’emblée présents, dont la chronologie pourrait introduire le principal,
j’ai écrit abstrait . Je laisse reposer, le
« premier jet » n’est pas à raturer au fur et à mesure, l’important
est de continuer. Je continuerai dès que la suite ou le re-démarrage me seront
donnés. Et mon étude judiciaire se fera entretemps. Je l’espère.
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