lundi 4 mai 2015

j'écris à Gabriel Matzneff



Bien cher Gabriel,
je ne crois pas que nous ayons jamais eu un moment ensemble en tête-à-tête, n’importe où, sinon peut-être un aparte à Benghazi, le rivage des Syrtes, l’été de 1975 pour un colloque avec  moment de Khadafi : Nasser et de Gaulle, Saint-Robert, Olivier Germain Thomas, d’autres. Raymond Offroy, précieux, revu bien plus tard, aveugle, près de Nice.

Pourtant, notre hébergement au Monde dans le sannées 1970 et l’amitié chacun de Jacques Fauvet.

Et surtout ma lecture et mon estime, mon admiration de toi à la fois pour ton genre de vie et pour ton art d’écrire, de communiquer surtout à ton lecteur, ta lectrice une très forte fraternité avec toi, au point de vraiment s’identifier à toi, et pour mener intérieurement avec toi tes aventures, tes émois, des tentatives et donc épouser tes jugements et tes joies.

Vivant dans un monde apparemment différent du tien – je n’ai pas été au courant ni de ton récent prix Cazes, ni du Renaudot en 2013 (et m’en étonne d’ailleurs, car quand même…). Bravo… quoique les suites financières que tu évoques…

Je viens de commencer ton journal 2009-2013. Et suis avec toi, plus que jamais (23ème de tes livres, une étagère… et surtout une ressource). Il m’émeut car il correspond à ce que j’attendais : comment allait arriver dans ta vie, et donc dans ton œuvre, la vieillesse ? Et surtout le ressenti, ses limites. Nos limites au présent et au futur. Les compte-à-rebours pour le travail à faire et terminer. Quoique ton cadet de sept ans, j’en suis là aussi. Beaucoup de … avant un mariage « tardif », pas le tien qui fut tout le contraire) et la paternité à plus de soixante ans, et maintenant stabilité et paix, mais énormément venant de mon passé, du multiple et chatoyant de mon passé, partageable seulement avec moi, et que je ne suis pas encore arrivé à écrire, quoique je tienne aussi un journal mais depuis mes vingt-et-un ans, alors que toi : tes dix-sept ans. Regret de n’avoir pas commencé plus tôt.

Tes premières pages, j’ai commencé avant-hier après-midi, puis ai été requis par des urgences, m’ont pris aussitôt. Tu dis très bien, sans doute à ta manière et selon ton rythme habituel, mais ils sont aimés de ton lecteur, de ta lectrice… ce qui doit être dit. Tu n’as jamais été d’une écriture impudique. Et maintenant tu atteins les sommets de l’implicite, donc de la participation donnée à ton lecteur, à ta lectrice.

J’aimerai un moment avec toi.

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