Saurai-je
jamais ce qui m’a pris ? L’impuissance qui m’est inoculée par seringue,
déjà installée mais maintenant définitive, sauf si mon idée est viable,
c’est-à-dire pas contre-indiquée, m’appelle à une mémoire qui totalise. Ma vie,
jusqu’à présent, pas des échecs, mais de l’impuissance, car ce à quoi
j’arrivais toujours ensuite était autre, et en fait, bel et bien victorieux.
Alors, l’écrire. Les écrire ces souvenirs d’impuissance. Sexuelle, mais pas d’abord
ni obsessive. Impuissance à obtenir une réponse souhaitée mais je n’avais pas
l’autonomie de la forcer, de moi-même me l’administrer : une vocation
religieuse, sacerdotale. Impuissance à me faire aimer de qui m’avait inspiré de
l’amour, sinon l’amour, je n’en étais pas même à imaginer plus qu’un baiser,
alors un corps nu, un ventre qui s’ouvre et se donne… Impuissance de ma
scolarité à l’E.N.A. et ainsi de suite jusqu’à mes tentatives pour retrouver un
emploi, pour « renverser la vapeur », et aujourd’hui pour trouver
quelque ressource de plus. Impuissance vis-à-vis de moi-même : terminer
cette cabane entreprise il y a six ans bientôt pour notre fille. Impuissance à
me faire éditer, en réalité à écrire quelque chose de comestible,
d’appétissant. Bien sûr, l’impuissance de sexe que je crus il y a quarante,
l’unique équation où je l’ai éprouvée, le fait d’un refus, illusion que j’eus
aussi ces derniers temps, alors que sans doute la cause était en moi, est en
moi. Multiples impuissances y compris les occurrences actuelles : les
mites et la poussière, les premières plus efficaces que tout en destruction de
tous biens matériels… mon « tapir », ses lacunes impossibles à
combler puisqu’il ne les reconnait ni ne les accepter au point de faire passer
ses cours de conduite avant nos « répétitions »… cette jeune fille,
l’âge d’H. en 1994 sinon sa beauté, la densité de son charme et surtout la
force du possible et du vécu, que je rencontre par hasard, accompagne dans la
précocité et déjà la qualité de son écriture, mais l’amour évidemment
impensable, sauf les images du fantasme, mais son visage je le confonds de plus
en plus avec Louhane, que j’ai prise pour le sosie d’H. jusqu’à revoir,
chaque fois (quatre ou trois, je ne sais plus) avec émotion, son film : la famille Bélier sans que
personne ne voit ce qui est pour moi la criante, invraisemblable ressemblance…
impensable puisqu’elle est telle qu’elle est et surtout parce que je préfère ce
que je vis, qui m’est donné, ma femme, notre fille. – Tenter donc d’écrire cela
sans autre ordre ni plan que l’association d’idées et donc en chapitres
d’inégale longueur et peut-être densité, selon les associations et
automatismes. Livre sur la mémoire, sur la foi, sur les rebonds, sur l’écriture
aussi, l’auto-biographie selon l’échec et ce qu’il produit : l’unité
intime, peut-être même une certaine estime de soi ? non, l’espérance
d’être aimé, nu, vraiment nu, aimé de qui m’aime et de Dieu.
samedi 23 mai 2015
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