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Marlon Brando, un acteur nommé désir
Avec sa présence irradiante et son phrasé unique, Marlon
Brando a marqué le cinéma d'une empreinte indélébile. Philippe Kohly explore
les multiples facettes de ce génie torturé, disparu il y a dix ans, dans un
passionnant portrait intime, éclairé par les commentaires de Robert Duvall et
Elia Kazan.
"Je trouve le métier d’acteur
détestable, désagréable." L’affirmation peut sembler incongrue dans la
bouche d’un monstre sacré du septième art. Marlon Brando a pourtant poussé la
porte d’une école d’art dramatique presque par hasard. Débarqué à New York à
l’âge de 19 ans, le petit paysan du Nebraska, dyslexique et solitaire, se forme
à la méthode Stanislavski, basée sur la vérité des émotions, sous la houlette
de Stella Adler.Sa présence chargée d’électricité, sa beauté animale teintée de fragilité, alliées à sa capacité innée à vivre une scène plutôt qu’à l’incarner, suscitent immédiatement l’engouement.
En quatre ans, d’Un tramway nommé désir (1951) à la comédie musicale Blanches colombes et vilains messieurs (1955), en passant par L’équipée sauvage, Sur les quais (qui lui vaut l’Oscar du meilleur acteur) ou Jules César, Marlon Brando précipite la fin de règne des grands acteurs britanniques shakespeariens et bouscule les codes de l’Amérique puritaine, en se forgeant une image de sex-symbol au tempérament rebelle.
Une gloire absolue qu’il s’emploiera à saboter dans les décennies suivantes, jusqu’à devenir une caricature de lui-même : plus concerné par ses engagements pour les droits civiques ou la cause des Indiens que par les feux d’Hollywood, il enchaîne les échecs commerciaux au cours d’un lent suicide artistique, néanmoins ponctué de sublimes résurrections (Le parrain, Le dernier tango à Paris, Apocalypse now).
Insaisissable
Marlon Brando avec une danseuse tahitienne en 1967.
De son enfance dévastée – entre un père violent et une mère alcoolique mais
vénérée – à sa vieillesse recluse, Philippe Kohly (Gary/Ajar – Le roman du
double) plonge dans les méandres d’une existence chaotique.Convoquant ses proches (amis, amantes) et égrenant sa filmographie légendaire, éclairée par les commentaires de Robert Duvall et Elia Kazan, ce film aux riches archives tisse un portrait intime de l’insaisissable Marlon Brando, séducteur compulsif et génie d’un art qu’il n’a cessé de dénigrer.
Spécial Marlon Brando
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