samedi 31 décembre 2016

notre ordalie - chapitre 3 . à relire

Toutes appréciations ou suggestions, critiques : très bienvenues
b.fdef@wanadoo. fr







3 .

Cultiver notre bien commun












Des autobus en Ile-de-France ou à Vannes, chef-lieu de mon département : Mercédès. Des ampoules électriques au Monoprix : Made in China, Philips en coopération avec l’EDF pour vos économies d’énergie. Carrefour Market, Total Access…

Reniac, à ma table de travail, le soir du dimanche 18 décembre 2016,
autour de 19 heures 45

Les masters au lieu des maîtrises, Sciences-Po. ou Franklin : l’excellence. Succès pédagogique : rue Saint-Guillaume, les élèves ne parlent plus que l’anglais entre eux.


Ibidem, le soir du lundi 19 décembre 2016,
de 18 heures 28 à 19 heures 05

Les inventeurs se félicitent, bureaux d’études pour effacer les raisons sociales familières et innover, moderniser, et frais d’inscriptions comme les diverses prépas. augmentent. J’ai l’âge de la mémoire, de ce qui fut avant, de ce qui était prestigieux, fonctionnait, et il se trouve que parfois j’ai vu ce qu’il se passe et comment avec gloire et affectation nous nous trompons, ou plutôt nous sommes – en économie, en entreprise, en commerce extérieur devenu d’ailleurs aussi notre commerce intérieur, et la balance de nos emplois – trompés par un type précis de dirigeants et une manière devenue dogmatique, obligée pour évaluer et décideer toute stratégie. A l’instar de la politique, en secret et solitairement.

Reniac, à ma table de travail, reprenant le chapitre, mardi 20 décembre 2016,
autour de 18 heures 20

Inusuel : le ministre de l’Economie et des Finances souhaite se confier à un conseiller économique et commercial, près nos ambassades [1], avant que celui-ci ne rejoigne sa nouvelle affectation, Brasilia. Décembre 1984 : rue de Rivoli encore, escalier du ministre, Second Empire plus qu’imposant. L’Elysée n’impressionne pas, les salles dont la succession au Vatican font couloir jusqu’à la « bibliothèque privée » du Saint-Père impressionnent surtout pour le sens de la marche [2] . Je suis inquiet, me dit Pierre Bérégovoy, un encours beaucoup trop considérable sur la Thomson au Brésil : il ne détaille pas les contrats, mais les crédits étant accordés aussi au fournisseur, l’entrée en vigueur vaut au bilan de l’entreprise une avance, de la part du Trésor, de 20%. L’entrée en vigueur sera antidatée par mon adjoint à mon insu, et n’eut pas lieu à cette date qui était la veille du passage d’un pouvoir militaire de vingt ans à des civils, le président élu mourant ne pouvant prendre ses fonctions [3]. Me succèderont après la fin très anticipée de ma mission, tous les agents qui, à un titre ou à un autre, auront contribué à la signature et à l’assurance-crédit de ces contrats, veillés donc s’il en est.

Reniac, à ma table de travail, le soir du lundi 19 décembre 2016,
de 18 heures 28 à 19 heures 05

Je n’ai pas su si les contrats militaires et les contrats hospitaliers, conclus au Brésil, ont finalement été honorés. Pierre Bérégovoy, à juste titre, était autant inquiet pour des contrats sud-coréens. Pendant cette même affectation, je vois arriver – Mars 1986 – les présentateurs du Rafale… à l’argument habituel de nos exportateurs : sans doute sommes-nous les plus chers mais parce que nous sommes les meilleurs, s’ajoute une méconnaissance totale de l’ambiance brésilienne, surtout en aéronautique où le géant a quelque expérience industrielle pour les basses gammes. Cette ambiance est la haine des Etats-Unis autant que la soumission à leurs propositions militaires : la soumission faisant la haine. Depuis trente ans, je ne crois pas que cette psychologie ait disparu, et certitude : nous n’avons toujours vendu outre-Alantique aucun Rafale, malgré les rodomontades présidentielles du précédent quinquennat. Il y a vingt ans, j’étais reçu par l’un de nos éphémères ministres du Commerce extérieur, dès qu’il eût quitté le gouvernement, il représenta Boeing en France. Au Kazakhstan, Boeing et Airbus en concurrence, démonstration de notre avion par François Mitterrand en visite de travail tandis que je l’y représentais. Commissionné par nos exportateurs, exigeant d’être en tiers dans tous les entretiens du président local [4], ukrainien d’origine ? mais apparu chez nous à la fin de la Seconde guerre mondiale au titre de la Résistance intérieure, et ayant même fait partie du conseil municipal de Paris dans les années 1950 au titre du R.P.F., Moskovitch était également rémunéré par la concurrence, mais l’avantage pris par celle-ci fut que ses avions, plusieurs, stationnèrent à Almaty six mois, le nôtre disparut, laissant seulement du catalogue. En Grèce, Thomson obtient, avant que j’y sois, un contrat important pour la commutation téléphonique dans la capitale ; j’hérite du contentieux, nos gens avaient fourni un prototype non éprouvé pensant que depuis Ulysse ses épigones paieraient sans avoir été satisfaits.

Ibidem, soir du mardi 20 décembre 2016,
19 heures 05 à 19 heures 18


Thomson, donc, et la première « cohabitation » [5] commencent, apparemment sans esprit de système la brade de notre patrimoine industriel : Thomson, l’été de 1986, troque, croient ses dirigeants, notre imagerie médicale désormais assurée par l’étranger [6] contre l’accès au marché nord-américain de ses téléviseurs. Depuis nous n’avons plus même de téléviseurs fabriqués en France. Thomson, racheté censément dix ans après par Daewo, inaugure ainsi, il y a trente ans, la nouvelle expansion française à l’étranger… [7]

Ibidem, le soir du lundi 19 décembre 2016,
de 18 heures 28 à 19 heures 05


La chronologie s’apparente à un carnet mondain, à une série ininterrompue de faire-part de mariages, puis de décès, les deux événements étant généralement conséquences l’un de l’autre. Aucun grand nom de notre industrie, souvent séculaire, n’a échappé à ces deux phénomènes. Il faudrait allier

Ibidem, soir du mardi 20 décembre 2016,
19 heures 26 à  19 heures 30…

Il faudrait une compétence et des documentations que je n’ai pas. Connaître le détail et la vie de chacun des grands groupes français – comparaison aussi avec la bataille navale de nos enfances scolaires – touchés par ce qui n’a pas de nom. Car désindustrialisation de notre pays n’en dit pas assez. L’évolution financière, le parcours des dirigeants antérieurs à leur venue au commandement, l’aire technologique et commerciale couverte par chacune de ces entreprises qui des années 1920 aux années 1980 faisaient de nous une grande puissance, bien davantage que les armées de nos guerres européennes et coloniales. Je n’en ai approché qu’une, il est vrai l’une des plus prestigieuses et sans doute aujourd’hui la seule survivante de l’hécatombe : Michelin, ses réserves de change en Suisse, sa phobie de l’Etat, son paternalisme. Coup de foudre en emmenant en même temps que l’une de mes sœurs, l’aînée d’une des familles commanditaires. Le charme incarnée et l’échec, sans doute du fait de ma possessivité inexpérimentée et des moeurs de l’époque interdisant les liens instinctifs, précis d’une intimité qui commence (juste l’année de la pilule mais pas encore Mai 1968, subsistance des jarretelles). Mais en quelques semaines, je compris que ce monde est à part. Que les dirigeants sont une race. L’autre expérience, celle du travail en usine ou dans une société de service, si différente d’ambiance de la fonction publique régalienne – ma seule expérience personnelle, chaleureuse à tout prendre – constitue, tout autant que notre substance économique, la vie de notre nation. Les salariés, les employés, le « facteur travail » aujourd’hui considéré comme une charge et un handicap par tant de dirigeants économiques et financiers, alors que le « facteur capital » est honoré, sollicité et trouvé ou accepté de plus en plus en dehors de chez nous.
Il y a donc deux histoires à documenter, puis à comprendre, faites de la somme des évolutions, naissances et morts des entreprises, et des conflits dits sociaux. Les deux histoires ne sont pas en dépendance mutuelle, mais la communication est celle de réclamations de poids analogue, qui pose les questions de plus en plus pendantes et de moins en moins réglées malgré textes, résolutions et rapports : la fiscalité des sociétés, la législation du travail et de la participation. Ce dernier terme – couvrant des pratiques et des ambitions très différentes, parfois heureuses, souvent éludées ou non dites – fut cher à de Gaulle, dès la guerre qu’il vécut en éthique : la légitimité d’un combat contre les tyrannies, l’emprise matérialiste pas tant du fait des analyses marxistes que de l’emprise des machines sur le conflit et sur la vie quotidienne. Il mourut d’avoir voulu le développer dans tous les domaines et selon toutes les acceptions. Le pouvoir lui fut retiré aussi bien par les conservateurs en politique, qui avaient fait le triomphe électoral de Juin 1968, et en entreprises puisqu’elles redoutaient l’inconnu et l’étendue des réformes envisagées, et également par les tenants dans les syndicats de salariés et dans les partis dits de gauche, incapables – et comment ne pas les comprendre ? – d’anticiper une tout autre société que conflictuelle.

L’histoire du démantèlement économique de notre pays – l’agiculture suivant l’industrie, depuis une quinzaine d’années maintenant [8] – et des résistances sociales : grèves dans la perspective de licenciements, manifestations contre la diminution factuelle des retraites [9] montre qu’elle est indépendante des gouvernements, de leurs actions respectives, des mouvements de la législation. Elle montre aussi que notre appauvrissement, la moindre compétitivité de nos entreprises de toute nature sur notre propre marché national ne tiennent pas à la mondialisation, aux directives européennes, aux traaités transatlantiques en gestation même si ces cadres sont certainement à réexaminer et pas en chambre. Elle suggère surtout – et fortement – une interdépendance des personnes, des biens, des entreprises et que le pouvoir politique, quels qu’en soient les détenteurs, toujours à titre précaire et bien vite contesté, à peine les élections acquises, ne comprend pas. Les administrés, les assujettis, les citoyens, les acteurs économiques même reconnaissent pourtant au pouvoir politique la responsabilité de l’ambiance, les acteurs sociaux,  la masse des travailleurs et salariés, les cadres syndicaux veulent sa compétence d’arbitre. L’ensemble reste incohérent pour une raison que je crois unique : on ne se parle, on n’agit, on ne décide que dans l’urgence, à la hâte, partiellement. L’entreprise souhaite d’une part la disparition de l’Etat, hormis le maintien physique de l’ordre mais ni mental ni psychologique ni éthique, mais d’autre part le sait et le vit comme son dernier recours, pas en tant que tel, mais comme unique détenteur de la levée fiscale et donc de disponibilités et de fonds réputés à tort quasi-inépuisables. Les grévistes divisent la gent politique dont une partie veut les soutenir et l’autre conteste leur légitimité au regard des non-grévistes, des usagers et de la marche générale de l’économie nationale. Seuls, les « événements de Mai 68 », sans doute parce qu’ils n’étaient pas initialement une grève de salariés, ont généré des gains d’importance pour la vie sociale en général et pour celle des entreprises. Les manifestations populaires suscitées depuis vingt ans par les ajustements du service des retraites n’ont abouti que très partiellement, tandis que les dispositions gouvernementales accouchées au forceps n’ont toujours pas remédié structurellement aux tendances déficitaires. L’échec français, notre impuissance nationale depuis deux décennies et qui se sont plus manifestés qu’aggravés pendant le quinquennat qui finit, sont donc politiques, institutionnels, fort peu économiques et financiers. Mais cet échec et cette impuissance nous empêchent de nous projeter à moyen et long terme.

La ressource humaine, abondante en nombre ce qui avait des conséquences économiques longtemps gratifiantes, et potentiellement en qualité, n’a pas été analysée ni exploitée à temps. Elle est aujourd’hui ressentie par beaucoup – et, ce qui est grave, analysée par des politiques – comme une dilution de la structure culturelle et mentale du pays, de notre nationalité. Surtout, elle n’a finalement pas généré de nouvelles classes d’âge faisant du civisme, du progrès français, d’un certain patriotisme intellectuel, bien plus qu’une priorité : un état d’âme, un élan, une responsabilité. La France a connu de mémoire d’homme, au moins deux redressementrs aussi spectaculaire qu’inattendu. Deux défaites très profondes, sérieuses, quoique chacune eût pu être évitée, ont suscité une réorganisation mentale et d’importantes novations politiques, économiques, sociales. Le parallèle est instructif au point de devenir pour nous une prescription détaillée.

A partir de 1871 et de 1945, une intense réflexion [10]sur la réforme intellectuelle et morale de la nation, de la France. La République devient le régime qui nous divise le moins, il est établi, sans doute selon des fonctionnements et institutions défectueux. La Constitution de 1958, ses pratiques et son esprit auraient dû [11] faire loi dès la Libération, de Gaulle ne put durer. De fortes dispositions, structurant notre société, furent prises par la Troisième République alors même que la probabilité de la Grande Guerre ou la volonté de la Revanche hantaient les esprits : le statut des associations, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, donc l’invention d’une nouvelle participation des personnes à la société [12]. Ce qu’après 1968 proposait, quoiqu’en termes voilés et discontinus, le premier président de notre Cinquième République. La France vaincue par l’Allemagne, qui la double industriellement, est cependant la financière et du vainqueur et de la plupart des peuples émergents d’Europe. La France libérée universalise ses régimes sociaux, le soutien à la famille, la sécurité maladie et vieillesse [13]. Le choc de la défaite, du désastre n’abolit pas les repères mais les fait au contraire identifier. Des réformes latentes sous les régimes précédents : ainsi la liberté d’association instaurée sous l’impulsion personnelle de Napoléon III [14] appelle l’encouragement et l’incitation que produira la loi de 1901, la généralisation de ce qui s’appelle alors l’instruction publique avec Jules Ferry [15] doit beaucoup à Victor Duruy [16], initiateur contrarié et interrompu sous le Second Empire, les « assurances sociales » [17] commencées d’être organisées et surtout le « planisme » pensé [18] pendant les années 1930 Ces deux rénovations sont des prises de conscience, soucieuses particulièrement de l’éducation de l’ensemble de nos aïeux et de leurs cadres. Ainsi naissent l’Ecole libre des sciences politiques en 1872 et l’Ecole nationale d’administration en 1945. L’Etat, la République se trouvent les moyens d’orienter la société par des élites qui ne sont pas, forcément, héritières de familles ou clientes du monarque de l’époque. Un langage commun se trouve dans le respect mutuel de la création de nos grands groupes industriels, tous fondés sur l’invention et sur la prospection, et d’une classe politique cultivée et de recrutements très diversifiés.

Aucun de ces ingrédients, et donc pas une once de nos élans d’antan ne se cultivent aujourd’hui. Nous avons perverti ou abandonné les outils-mêmes de nos redressements, ceux qui nous avaient refaçonnés sans méconnaître les habitudes millénaires de notre Ancien Régime. L’analyse des causes et des conséquences concluant de toute façon à une évolution qui nous déforme et met à nu, excède les dimensions de ce simple appel à nous-mêmes. L’urgent est la mise en place ou la remise en œuvre de ce qui peut remédier à notre paralysie.

Ibidem, mercredi 21 décembre 2016,
08 heures 57. 09 heures 29 . 10 heures 03 à  11 heures 05

L’essentiel ne peut cependant s’instituer : une dynamique civique structurant mentalement les carrières individuelles et les décisions collectives dans tous les domaines, une solidarité entre tous acteurs publics, privés dans l’économie, la culture, les gestions sociales pour promouvoir le bien commun, la « maison France ». Cet esprit exista et fut porteur entre la capitulation de Sedan et la victoire de la Marne, transposant le militaire dans toutes les formes, instances et production de la vie nationale. Il existait à la Libération, puis au retour du général de Gaulle au pouvoir en 1958, il s’en fallut de peu qu’il ne nous réimprégna en 1981 quand pour la première fois, sans doute depuis le Front populaire mais disposant alors de la forte structure qu’était la Conquième République d’alors. Un enjeu, à chacune de ces époques, faisait communier tous les contemporains : défi était à relever, un danger à surmonter : chaque fois, il était question de décadence à exorciser. C’est bien notre conscience aujourd’hui.

Nous devons noter que la plupart des institutions ou procédures – constitutionnelles ou pas et apparemment non politiques – que nous avons supprimées ou vidées de leur esprit d’origine l’ont été dans nos années 1990, quelle que soit l’étiquette revendiquée par les gouvernements de cette décennie : le service militaire [19], la planification souple à la française [20], le referendum [21], le lien entre le sort du président ayant provoqué un scrutin et le résultat de ce scrutin [22]. Manifestement, nous avons changé de mode de penser en même temps que de millénaire… et pourtant sur chacun de ces sujets, les politiques – quoiqu’aucune campagne n’y fasse encore allusion – tentent de restituer ce qu’ils ont supprimé… Moi-même en campagne avec la disposition des médias publics et à égalité avec ceux qui n’ambitionnent que le pouvoir, je développerai ce qui suit. Pas une nostalgie du passé, mais l’exploitation de notre passé pour un avenir plus solide, cohérent, qui soit nôtre et non d’emprunt.


1° le creuset d’un service national universel garçons et filles
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Ce ne sera pas exactement le rétablissement du service militaire, aboli,
Ibidem, mercredi 21 décembre 2016,
16 heures 15 à  18 heures 15

selon nous ne savons quelles promesses électorales ? ou examen comptable de ce qu’il coûtait. La décision de Jacques Chirac s’annonça dans la même ambiance de rupture politique avec tous ses prédécesseurs, que la reconnaissance d’une responsabilité de la France et de sa République dans la rafle du Vel’d’Hiv et dans la mise en œuvre des moyens pratiques de la Shoah [23], et que la reprise de nos essais nucléaires à bonne date : celle de l’anniversaire d’Hiroshima.

Le chef d’état-major particulier du président de la République avait été celui de François Mitterrand et restait en place : il démissionna.

Il fut alors demandé à tous les maires de réunir les jeunes des classes d’âge à appeler au service et de les consulter. La décision n’était pas expliquée. Dans ma commune, je fus seul des conseillers municipaux à officier avec le maire, qui d’ailleurs m’avait donné sa voix pour une éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 1995. Une quinzaine de garçons vinrent, pas de filles puisqu’apparemment elles étaient moins concernées que jamais. Une des questions à traiter était l’anticipation du genre de guerre à laquelle il fallait tout de même prévoir de faire face… La réponse de la jeune génération fut unanime : la guerre civile. Depuis nous avons et avons toujours, les vies de « quartiers », leurs émeutes, la désertion du service et de la sécurité publique aux périphéries de nos grandes villes, en plein chômage. Depuis nous avons le soupçon ou la hantise que le djihad et Daech, le soi-disant Etat islamique, les terroristes sont parmi nous. Depuis nous vivons censément l’état d’urgence et la mise en œuvre de procédures d’exception et l’explication de tout par certains : la faute à l’immigration, n’est pas loin d’assimiler une partie de la jeunesse à ces forces et agents de destruction, de dislocation de notre nation… Le seul discours de Jacques Chirac, indiscutable et bon, fut en réponse aux événements de Novembre 2005 [24], vécus dans nos banlieues et répercutés dans tout le pays, qui frémit. Juste dix ans après les mouvements, dits sociaux, de 1995. Enoncé des conditions de nos diversités et de notre politique d’intégration, dont Nicolas Sarkozy prit malheureusement le contrepied cinq ans plus tard [25], sans évoquer la qualité, en cette matière, de son prédécesseur et en visant particulièrement les gens du voyage, les Rroms principalement [26]. La même amnésie, dans des circonstances encore plus dramatiques, a été celle de François Hollande, proposant le 16 Novembre 2015 [27], au Congrès du Parlement, la déchéance de nationalité comme dissuasion et sanction : son propre prédécesseur l’avait évoquée à Grenoble, le 30 Juillet 2010 [28].

Remède qui aura de multiples effets. Etablir un service national universel pour tous nos jeunes, garçons et filles. La durée et l’âge d’appel étant à délibérer. Après un temps de préparation militaire, théorique et pratique, y compris au maniement d’armes (ce qui d’ailleurs permettra de repérer les terroristes potentiels), un second temps sera civique et principalement de contribution au développement, en Afrique notamment. Pendant toute la durée de ce service, seront dispensés les apprentissages ou perfectionnements dans le domaine militaire et dans les savoirs et disciplines pouvant s’exporter etse pratiquer dans des pays liés à nous et dans le besoin : essentiellement l’Afrique dite d’expression française mais aussi tous les pays arabo-musulmans. Résultats : un dépaysement et une étape réfléchie entre les études secondaires et l’entrée sur le marché de l’emploi, l’occupation d’une génération entière à des tâches d’ambition natiuonale préparant la défense opérationnelle du territoire en cas de guerre, et à la contagion de notre langue et de la démocratie, version « jeunes » dans champs d’amitié. Exemple enfin à proposer à nos partenaires de l’Union européenne. Même isolés, nous affecterions à certains de ceux-ci nos jeunes militaires, et si – au contraire, nos pratiques et cette universalité sont imitées ailleurs, nous pouvons opérer non seulement le brassage social et la formation civique qu’imposent la consistance actuelle de certains environnements urbains, mais la connaissance mutuelle et le début de chaînes d’amitié entre les jeunesses de toute l’Europe. Ce que, pour le monde entier, a initié Jean Paul II avec ses journées mondiales [29]. Les jeunes, acteurs les plus féconds, courageux et les plus disponibles pour toute fondation : le soi-disant Etat islamique le sait. Enrôler une classe d’âge dans un exercice de rencontre et de connaissance mutuelles (toutes origines ethniques, classes sociales, convictions spirituelles confondues, dans une préparation qui anticipe toutes menaces étrangères ou subversives, et par là débuter des cycles de rappel périodique jusqu’à un âge à déterminer obligeant toute notre population, mettrait le pays en cohérence avec ce que nous devons intégrer et ce que nous aurons peut-être à affronter.

Les différentes formes de service civique établies depuis quelques-uns ne sont pas de cette envergure et n’ont pas cet objet. Cette instauration, réduisant d’ailleurs, les clivages et préjugés résiduels entre hommes et femmes au moment de la vie de chacun, pourrait être inscrite dans notre Constitution et, selon ce que je propose plus loin pour raviver notre Union européenne, dans la Loi fondamentale qui devra accompagner sa rénovation et sa démocratisation. Car la hiérarchie, propre à l’institution militaire et à toute obligation, instruit l’égalité et le respect mutuel entre tous. Dernier effet et non des moindres, l’intégration plus intime de nos forces dans l’ensemble de notre population et de l’esprit de défense en chacun. La sécurité et l’intégration chez nous, le développement économique, social, démocratique dans notre environnement historique et géographique ne sont pas affaire individuelle. Nos graves lacunes en sécurité et en intégration doivent nous faire imaginer le remède y pourvoyant et traitant encore davantage de nos maux, dont le chômage, l’illettrisme chez nous, et chez nos partenaires africains notamment, celui terrible des dictatures pérennes : la présence de jeunes Européens, nombreux et libertaires, dans l’enseignement et l’équipement de ces pays créera une tout autre ambiance que celle obligée depuis la chute des promoteurs de l’indépendance, tous familiers de nos assemblées et universités.

 Ibidem, samedi 30 décembre 2016,
11 heures 01 … 14 heures 32 – 15 heures 02 à 15 heures 37.


2° le civisme et le patriotisme des cadres de la nation

Quand a commencé ce tropisme des élites formées pour le service public vers l’économie de la banque et de l’entreprise ?

Ibidem, mercredi 21 décembre 2016,
16 heures 15 à  18 heures 15

  Est-ce seulement pour l’argent ? est-ce un mouvement salubre insufflant du « privé » au « public » autant que du « public » au « privé », un échange et une exploitation des expériences dans l’exercice du pouvoir et surtout du discernement pour nos entreprises et pour notre Etat ?

Ibidem, samedi 30 décembre 2016,
11 heures 01

Quand s’est généralisée la prétention à l’excellence, selon des critères et des appellations de « modules » d’enseignement à l’anglo-saxonne ? La coincidence chronologique avec le cycle court des nationalisations/privatisations entre 1982 et 1988, dont l’erre a continué jusqu’en 2000 et davantage, suggère la généralisation chez nous de trois phénomènes.

La lutte des classes, l’analyse marxiste de l’évolution des sociétés [30] se sont longtemps vérifiées dans nos conflits sociaux et poussaient à la participation syndicale et à la solidarité. L’avenir dans l’entreprise s’assurait mieux en groupe et en concertations collectives qu’en dialogue entre l’individu et la direction. L’inverse est devenu la tendance depuis au moins une quinzaine d’années. Ce qui a deux aboutissements : la neutralisation du droit de grève par un engagement des salariés à n’en pas user en contrepartie de quoi l’entreprise ne licenciera pas ou ne délocalisera pas, ou bien moins qu’initialement envisagé.. Le chômage et les propositions de reclassement induisent une mobilité qui est valorisante alors qu’elle était péjorative. Pour des raisons différentes, les dirigeants et les salariés sont nomades. L’esprit d’entreprise signifie aujourd’hui le talent ou la propension à créer (initiative individuelle) et non plus l’attachement à une raison sociale. D’ailleurs celle-ci change fréquemment d’appellation. La haute fonction publique a été atteinte par ce phénomène qui n’affectait initialement que le domaine économique : l’alternance au pouvoir politique et ce qu’il reste des influences étatiques dans la marche des entreprises industrielle et des groupes financiers, a suscité des parcours qui n’existaient que peu auparavant. La participation à un cabinet ministériel rend désirable pour une entreprise ou une banque. On peut même à l’avance se préparer des places en recélant les procédures publiques. Les exemples se multiplient chez nous et aussi dans les institutions européennes [31]. Le service public n’est plus la vocation d’une vie entière, gratifiant de son fait-même celui qui s’y voue. L’analogie valait aussi avec le travail en entreprise, que l’on soit ouvrier, cadre ou haut dirigeant : l’estime de soi et de ce à quoi l’existence se passait tenait à ce travail-même. Sans doute « gagner sa vie », mais s’épanouir personnellement dans l’activité rétribuée. Les licenciements et suppression d’emploi atteignent avec précision la dignité du travailleur, les formations qui lui sont proposées pour réintégrer le « marché de l’emploi » mettent en évidence que son expérience et son ancienneté n’ont pas ou plus de valeur. Des personnes, et bientôt notre pays sont donc périmés. Les carrières sont gérées, la réussite est de s’intégrer dans des mécanismes. Si le système et cette philosophie nous conduisaient à la pérennité de notre patrimoine, de nos rangs en divers domaines dans le monde, peut-être pourrions-nous sacrifier le contentement de nous-mêmes. Ce n’est pas ce que nous vérifions.

Pour que les pétitions diverses sur le modèle social français commencent d’être sincères, nous avons besoin de davantage que des chiffres censés nous prouver qu’il existe encore et fonctionne au bénéfice de tous : il nous faut un entrainement à préférer l’exercice d’un métier, et – puisque nous sommes en crise selon toutes les acceptions de notre collectivité nationale – ce doit être l’esprit à nouveau régnant chez ceux qui nous dirigent ou aspirent à nous diriger, et ne sont pas recrutés par les élections publiques. La haute administration, la direction des grands groupes industriels et financiers pourraient avoir un passage commun entre la sortie de l’enseignement secondaire et la vie active. Les Instituts d’études politiques, l’Ecole nationale d’administration fonctionnement à présent comme des institutions délivrant des diplômes. La nation n’est plus apprise, le patriotisme européen pas davantage. Nous devons réfléchir à l’institution d’une école – grande au moins par son ambition et l’ampleur de son champ d’enseignement – qui formera les cadres publics et privés de la nation. A l’instar de ce que nous devons penser, chaque fois que nous rééinventerons ou instituerons des constituants de l’esprit civique et du dévouement au bien commun, l’analogue pourra être proposé en exemple et expérience à nos partenaires européens, et peut-être même en étude d’un établissement proprement européen.

Les Instituts actuels et l’E.N.A. seront incités à revenir à leur objet et à leur esprit d’origine, à peine d’être réputés privatisables puisque déjà ils fonctionnent d’une manière qui n’est pas nôtre ataviquement. Faudrait-il que les concours d’entrée dans l’administration, voire l’aptitude à être recruté par les entreprises pour leurs fonctions de direction continuent d’être aussi contraignants pour l’avenir des élèves ? Nous prendrions acte de l’osmose des carrières publiques et privées en leur fournissant une base commune. D’expérience, j’apprécierai que le code du travail et la compétence des prudhommes s’appliquent aux mises au rancart de ceux qui ont été nommés par décision en conseil des ministres.

Un relatif détachement des esprits vis-à-vis des rémunérations et des avantages financiers – « pantouflage » des hauts fonctionnaires et montant des retraites ou gratifications pour les dirigeants d’entreprise – ne nous redeviendra naturel que si, dans son ensemble, notre pays nourrit nos fiertés pas seulement collectives, mais personnelles, parce qu’il se sera redressé et recouvrera ou reconstituera son patrimoine. L’ambiance de sauve-qui-peut détermine psychologiquement l’appétit de jouissance immédiate et d’avantages pérennes acquis dès l’obtention d’une position.

Que l’expérience du « secteur privé » soit privilégiée pour attribuer certains portefeuilles ministériels ne doit pas permettre ce que nous avons vu faire par des recéleurs de procédures publiques, nonobstant toute déontologie et procédure d’aplication de la déontologie applicable. Tel a préparé pendant une décennie la constitution d’un de nos plus importants groupes bancaires, dont il a reçu la présidence dès sa fondation. En privatisant les régimes publics de protection et de prévoyance sociales, tel président d’une de nos principales sociétés d’assurance, déjà choisi comme ministre des Finances par le candidat favori des sondages, réaliserait  le grand rêve de tout privé : un marché tout fait exclusif sans peine aucune de le prospecter et appâter, dont seront obtenus automatiquent les prélèvements obligatoires tandis que le service des prestations deviendra aléatoire, contractuel. Entre la morale publique, le service de l’Etat ou de ses collectivités décentralisées, et l’équilibre mental, l’élan de la nation, il y a un lien, aujourd’hui lâche et qu’il nous faut tendre à nouveau.

Ibidem, mercredi 21 décembre 2016,
16 heures 15 à  18 heures 15


3° la réappropriation de notre patrimoine
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Jusqu’il y a peu, le patrimoine ne faisait pas question. Il était naturellement nôtre, aussi vrai que la langue française était officielle et aussi langue de travail Son inventaire avait été fait pour nos monuments historiques, dès le Second Empire. Nos grands industriels, comme nos principales banques et nos groupes pétroliers étaient au premier rang dans le monde, réseaux ferrés et aériens, en étendue et en qualité aussi. Le français était d’autant plus une langue de référence que nos anciens territoires d’outre-mer faisaient nombre aux Nations Unies, et ainsi de suite. Si le concept d’intelligence économique se répandit chez nous il y a vingt ans, le risque d’être volé ou pillé manifestait nos originalités et nos avances. C’était la veille d’un propriétaire, pas du tout une activité d’agence immobilière, de notaire.

Existe-t-il un inventaire de ce que nous avons aliéné ? et principalement parce que nous n’avons pas établi – faute que le danger existe, puis faute de conscience qu’il existe – des institutions contrôlant les changements de main, les fusions-absorptions avec expatriation du siège social, mise en minorité de nos intérêts dans les conseils et délibérations des entités nouvelles. Fondamentalement, nous avons laissé distinguer deux parts de notre patrimoine, celui dépendant juridiquement des pouvoirs publics nationaux et locaux pour lequel toutes transactions ou conversions est visible, nécessité autorisations et contrôles, et celui ayant statut de sociétés selon le code du Commerce qui n’est qu’un bien à la discrétion de ses actionnaires, et le plus souvent de ses dirigeants, pas forcément bien anciens dans leurs fonctions, et parfois même installés en vue de disparaître en tant que tel de notre pays, n’y figurant plus – et pas toujours – qu’en filiale étrangère exerçant chez nous à titre révocable.

Nous sommes seulement au seuil de commencer à comprendre que le patrimoine d’un pays n’est pas seulement le secteur public industriel et commercial ou les entreprises d’économie mixte. Il est l’ensemble de ce que nous avons créé, où que ce soit dans le monde à commencer, évidemment par chez nous, en quelque qualité et selon quelque statut que ce soit. Ce sont aussi bien nos institutions, notre langue, que notre épargne, le produit des impôts que nous prélevons sur nous-mêmes et sur tous ceux qui exercent sur notre sol ou à partir de nos ressources en tous genres. Nous nous en apercevons car ces passages à l’étranger, cess délocalisations, ces prises de contrôle pour nous échapper nous amoindrissent, même si les statistiques de notre produit national n’en sont pas forcément affectées.

Le passage sous contrôle étranger d’un de nos groupes industriels ou financiers ne signifie pas seulement la précarisation de l’emploi chez nous ou le transfert des carnets de commande existant lors de la dévolution. Ce sont des réseaux parfois séculaires chez nous et à l’étranger dont nous perdons l’usage, le bénéfice avec d’ailleurs la référence et le prestige qui vont avec et sont multiplicateurs. C’est un savoir-faire, des bureaux et laboratoires de recherche acquis par la succession de plusieurs générations. En nous acquérant, l’étranger ne s’offre pas seulement nos avances technologiques, nos clients mais il se libère de notre concurrence, son outil lui appartenant désormais. La coincidence entre ces changements et ces abandons de maîtrises, de propriétés françaises d’une part et l’affaiblissement du pouvoir politique chez nous, perdant prise sur l’économie à mesure que se raréfie notre industrie et que notre agriculure n’est plus transformatrice, seulement pourvoyeuse de matières premières, montre que nous n’avons pas su maintenir la solidarité entre tous les agents et acteurs économiques chez nous. Elle était naturelle et de règle à la génération précédente encore. Autre coincidence, les représentations du patronat depuis notre révolution industrielle, tout en faisant légitimement valoir, les vues de leurs mandants en matière fiscale, en facilitations du commerce et de l’investissement, n’étaient pas marquées vis-à-vis du gouvernement quelle que soit l’étiquette de celui-ci. Il en est aujourd’hui tout autrement. La querelle à propos du temps de travail [32], chez nous, est née à la même époque où commençaient de faire sentir les effets du traité de Marrakech [33], outil et emblème de la « mondialisation ».

Notre reconstitution patrimoniale suppose un inventaire de ce qui a été cédé à l’étranger et des conditions dans lesquelles ce fut opéré. Nous connaître dans notre nudité de maintenant. Nous avons su faire de nos abandons de souveraineté territoriale outre-mer le rebond de notre présence en Europe et en avons même conçu une nouvelle façon d’être puissants et en tête : à l’osmose franco-algérienne territoriale et humaine nous avons fait succéder l’initimité franco-allemande, aux guerres et défaites coloniales nous avons opposer la mise sur pied de notre dissuasion nucléaire, ces transpositions ont été multiples, étonnantes, inventives.

Le maintien ou la reconstitution de notre patrimoine est, par certains adeptes de l’investissement extra-européen chez nous, jugé secondaire relativement à la création ou au maintien de l’emploi. C’est même donné en exemple à certaines actions de l’Etat. Ainsi à Florange, conversion totale de la ressource humaine affectée à de tout autres activités que l’ancienne métallurgie mais toujours place. Ainsi, à Belfort, la puissance publique guerroie pour qu’il n’y a pas de délocalisation d’un de nos départements à un autre… les démantèlements sont acceptés, l’emploi subalterne est préféré au plus aigu de nos capacités technologiques.

La veille doit donc s’organiser, pour le présent et pour l’avenir autant que l’inventaire du passé, des causes de nos abandons et des manières juridiques et financières d’y avoir procédé. Il faut bien plus, il faut le financement et il faut la concertation. Ce qui n’existe plus aujourd’hui. Il faut enfin appliquer l’entreprise européenne à cette reconstitution patrimoniale, aussi bien en textes l’encadrant et la définissant, qu’en préférence des Etats et des ressortissants européens les uns pour les autres. L’historique de nos aliénations est également celui d’une aberration, l’étranger à notre continent : américain, russe, chinois a – depuis vingt ans – été préféré dans les grandes discussions et décisions à des partenaires européens.


4° la mise en œuvre de notre épargne propre

A aucun point de vue électoral, budgétaire et financier, patrimonial, nous ne pouvons rester assujettis à notre endettement actuel. Pas tellement parce qu’il continue de croître et représente désormais la principale affectations des ressources publiques constituées par les prélèvements de l’Etat sur nous, mais parce qu’il nous place sous la domination d’intervenants et de mécanismes que nous ne connaissons pas et sur lesquels nous n’avons pas prise. Bon nombre de ces intervenants ne sont pas seulement les exploitants des marchés de l’argent et du contrôle des entreprises dans le monde entier, mais directement des dirigeants par personnes physiques nationales interposées de nos entreprises d’apparence les plus françaises encore : les fonds de pension notamment.

Je ne propose ici que des questionnements et explorations de solutions pas encore ou jamais entreprise, mais les réponses doivent étayer la mise en œuvre de deux prises en main de la puissance publique dans la sphère financière. Je fais également remarquer que ce que je suggère suppose une entente entre les Etats, surtout les plus endettés, non en proportion de leur produit national, mais en montants globaux, et la compréhension de tous les dirigeants gouvernementaux de l’assaut général mené par la finance contre tout pouvoir public. N’est en effet à portée des peuples et objet d’élections et de délibérations transparents que l’Etat pour chacun d’eux. L’enjeu n’est donc pas seulement économique, mais démocratique. La disparition des Etats, en tant qu’acteurs et décideurs financiers, donc économiques et sociaux, fait disparaître tout champ démocratique : la liberté et la dignité humaines sont éludées au prétexte que les divers engrenages libéraux, ne jouant plus qu’en toute indépendance, le bien commun serait automatiquement atteint et constamment. Peu importe que ce soit dans l’acception la plus matérialiste qui soit, puisque les biens culturels sont marchands et que même le progrès spirituel, s’il doit s’apprendre ou s’enseigner, auraint un coût monétaire.

Une autre dialectique est possible, respectant les droits et propriétés acquises mais en changeant leur liquidation ou leur forme.

Ainsi qu’il a été pratiqué depuis deux siècles en temps de guerre au moins pour les dettes commerciales, les Etats, s’étant concertés et entendus secrètement, décrèteraient le moratoire des dettes souveraines. Du papier et des engagements à un terme, d’abord concerté entre les Etats et leurs banques centrales respectives, seraient distribués. Les Etats constituent aujourd’hui les titres de créance les plus sûrs, puisque du point de vue financier, ils sont la seule force organisée pour prélèver par la contrainte légale sur les disponibilités, propriétés et revenus de leurs ressortissants, ou si ceux-ci leur sont étrangers, sur ceux d’entre eux assujettis aux impôts nationaux à raison de leur présence ou de leur activité sur le sol de l’Etat concerné. La tendance en économie étant au moindre effort, de même qu’il est plus aisé de s’emparer de la chalandise d’un concurrent en l’achetant, que de prospecter soi-même d’éventuels nouveaux clients, de même les marchés ne financent pas assez les entreprises, et les banques encore moins. Les premiers seraient acculés à s’employer dans les entreprises, au titre de leur production, de leurs innovations ou dans leurs réseaux commerciaux. Les secondes, au moins en France, se sont désengagées depuis plusieurs décennies et de plus en plus systématiquement des entreprises. Elles ne « vivent » plus de dépôts ni de retours sur investissements, mais de placements, de spéculations, y compris sur leurs fonds propres [34], c’est ce qu’ont mis
Ibidem, jeudi 29 décembre 2016,
de 16 heures  à 17 heures 34

en évidence les appels divers à l’aide et les chantages à un écroulement systémique dans toute l’Europe occidentale et aux Etats-Unis, l’une des nôtres ayant d’ailleurs sollicité l’Etat trois mois avant l’explosion de la crise dite des « subprimes ». Particulièrement chez nous, elles ne financent plus les entreprises.

Quoique dans la banque française, la formation au conseil de particuliers ou d’entrepreneurs soit de plus en plus délaissée au profit de la seule pugnacité commerciale, et que dans l’industrie et les services les cadres soient de plus en plus mobiles, il reste un atavisme, un souhait de gestion selon les anciens modèles où le lien était à vie entre une raison sociale et ses salariés.
  
Instituer un nouveau cycle de l’argent, créer ou recréer une relation durable et contrôlable entre le capital et le travail, refaire de la pérennité une vertu et un avantage n’est certainement pas possible si le capital et la propriété sont volatiles, la direction mercenaire, voire cupide.

Pour se financer, l’Etat n’empruntant plus qu’à titre rare et exceptionnel, sur les marchés, recourra à l’épargne nationale (ou européenne, si l’organisation de la monnaie et de l’investissement est rénové à l’échelle de l’Union). Il donnera en garantie des éléments du secteur public industriel et commercial, et celui-ci s’agrandira considérablement si au lieu de céder à des tiers les entreprises en difficulté, celles-ci sont nationalisées juste pour le temps de leur assainissement financier et surtout pour mettre en place de nouvelles directions dont l’essentiel sera tiré de la ressource-même de l’entreprise en cadres ou de recrutement ad hoc. Il existe encore en seconde ou troisième position des dirigeants et des cadres, connaissant depuis des décennies leur métier et celui de l’entreprise. Caractérisés par leur attachement à celle-ci pour des raisons d’abord personnelles, sinon même sentimentales, ils seront les responsables les plus fiables de ces remises à flot. Les emprunts publics pourraient, à leur terme, être remboursés soit en numéraire, soit en conversion de titres, soit le plus souvent possible en actions des entreprises rendues au secteur privé mais pas à la seule économie boursière. Ainsi se reconstituerait un actionnariat, lié mentalement et pas seulement financièrement à l’entreprise. Ainsi, plus généralement, reconstituerions-nous ou inventerions-nous si – autrefois, auparavant – il n’était pas aussi ferme et net – un lien entre propriété industrielle et patrimoine national.

Evidemment, le financement des déficits par l’épargne nationale suppose que celui qui sollicitera celle-la jouisse de la confiance du pays pour son honnêteté et pour sa capacité [35]. Au XIXème siècle, les sondages étaient précis : c’était le cours de la « rente ». La France, depuis la Libération, a connu ce que produit la confiance en finance et en croissance économique : la popularité d’Antoine Pinay et de son emprunt, l’assainissement de l’automne de 1958 qui, bien davantage que la dévaluation du franc, permit la mise en vigueur du traité de Rome [36], c’est-à-dire la première étape du désarmement douanier entre les Six, nous-mêmes et nos voisins du nord et de l’est. Conduire le moratoire des dettes souveraines et l’emprunt national et européen suppose un gouvernement d’extrême qualité, mentalement indépendant, fonctionnant collégialement  et séduisant autant par sa sobriété de communication que par sa composition en formation très restreinte.

Ibidem, jeudi 29 décembre 2016,
de 18 heures  35 à 19 heures 02


5° le rétablissement de la planification dite souple à la française

A la fin de chacune des deux guerres mondiales que nous avons subies au siècle dernier – assorties de terrible pertes humaines entre 1914 et 1918, d’un pillage économique et d’une très grave crise des valeurs éthiques entre 1940 et 1944, marquées aussi par l’occupation allemande de nos potentiels industriels et charbonniers pendant la première, de l’ensemble de notre territoire pendant deux ans de la seconde – nous avons été obsédés très différemment. Faire payer l’Allemagne pour les dégâts et exactions qu’elle nous avait fait subir, dans une ambiance où nous avions peur d’elle, malgré notre victoire de 1918 et du fait des lacunes de la paix de 1919 sans garantie américaine. Nous reconstruire, sans doute avec l’aide américaine à partir de 1945 mais en nous réorganisant profondément. Politiquement, ce ne fut pas possible dès que de Gaulle fut pratiquement contraint de partir, mais économiquement et socialement tout s’inaugura de ce qui nous structure encore – notamment la Sécurité sociale et ses reversements et assurances solidaires, la gestion tripartite de grandes institutions, telles que l’assurance-chômage, et surtout l’adoption d’un processus quadriennal pour nous fixer, à tous, des objectifs de croissance et partager nos prévisions et nos investissements. L’Assemblée nationale avait alors un mandat de cette durée. Le premier commissaire général était prestigieux, et aussi expert depuis la précédente guerre mondiale, des relations économique franco- américaine : Jean Monnet [37]. Le même sut inspirer la déclaration de Robert Schuman, proposant les voies les plus pratiques pour mettre fin à l’antagonisme franco-allemand, et par conséquent pour diminuer une peur collective, pas encore résorbée aujorud’hui vis-à-vis des capacités et de la cohésion de notre voisin d’outre-Rhin.

Cette structure a peu évolué pendant cinquante ans. Elle a été décisive, consensuelle et efficace pendant « les années glorieuses », promue en portefeuille ministériel à l’avènement de François Mitterrand et de la gauche : Michel Rocard en étant chargé, puis soudainement supprimée à l’ouverture d’une autre période gouvernementale de gauche, mais plus précaire. Lionel Jospin institue des conseils d’analyse et de stratégie auprès du Premier ministre [38]. Les deux vertus du Commissariat de 1946 et des plans quadriennaux résidaient dans la participation à ses instances et à ce qu’elles élaboraient, de tous les acteurs économiques, financiers et sociaux, et d’autre part dans le caractère ouvert et obligatoire de ce qui était en fin de processus consacré par le vote parlementaire. Le général de Gaule l’affirma en tant qu’ « ardente obligation ». Ce qui leur a été préféré est à huis-clos, d’ordre consultatif : l’exécutif n’en est qu’éclairé, les « forces vives » de la nation ne sont convoquées et concernées qu’au même titre de n’importe quelle législation ou proposition de l’exécutif.

Il n’est pas besoin de davantage détailler. Notre vie politique est quinquennale depuis 2002. Nous avons à faire face aux conséquences chez du « mondialisme » et de la mise à l’encan d’une part de plus en plus grande et névralgique de notre patrimoine. Au lieu de programmes, chacun particuliers à un candidat (il ne s’agit plus même de celui d’un parti comme autrefois le Programme commun de gouvernement des partis de gauche), il nous faut un tracé de route et des calendriers consensuels en économie générale, comme en gestions sociales et financières. Nous avons besoin d’une prévision nationale et européenne, et ne parviendrons pas à susciter la seconde si nous ne savons plus élaborer la première.


6° l’intelligence de nos acquis

Les « valeurs de la République », le « modèle sociale français » ne sont tant évoquées que quand ils sont émollients, non définis donc incontrôlables pour la sincérité, l’effectivité de leur pratique.

Au moins, sachons ce que nous invoquons.

Ce patrimoine est immatériel mais il a des implications. Dans l’ordre juridique, il y a les principes généraux du droit, fondant les textes, les suppléant ou les éclairant souvent et que précise, selon les pourvois qui lui sont déférés, le Conseil d’Etat. L’état de droit n’est pas de forme mais de fond, les formes sont cependant des critères d’appréciation. Dans l’ordre économique, il y a la liberté de la propriété, le droit à indemnisation quand elle est diminuée pour des nécessités publique, dûment vérifiées d’ailleurs. Nos libertés publiques sont le fruit de décisions, de législations d’abord énoncées par notre déclaration de 1789, précisées et garanties par nos Constitutions sucessives, complétées ou étendues par notre adhésion à des actes internationaux que le plus souvent nous avons avons suscités et à l’écriture desquels nous avons participés, depuis la prestigieuse déclaration universelle de 1948 et René Cassin [39], qui avait été dès les premiers jours de la France libre, le principal juriste de l’homme du 18-Juin, jusqu’aux dispositifs de mise en examen de nos partenaires africains, caraïbes et pacifiques  [40]. A peine de nous renier nous-mêmes, il nous est impossible de transgresser ce que nous avons inspiré. Notre image dans le monde nous impose une exemplarité chez nous, qui est en question depuis une dizaine d’années. Nous sommes universalistes, ce qui ne signifie ni naïveté ni abstraction. Nous avons dès 1945 milité pour une force militaire des Nations Unies indépendante des Etats. Cet acquis, notre acquis vaut aussi pour le monde. Il est sans prix. Il  a ses répondants dans les grandes religions, particulièrement dans les préoccupations de l’Eglise catholique romaine, telles que les papes et le corpus du magistère social de cette Eglise les rappellent constamment depuis plus d’un siècle. Nous ne pouvons nous contredire nationalement, nous ne pouvons tolérer qu’un quelconque de nos gouvernements nous mette en contradiction avec ce que nous voulons être depuis deux cent vingt ans. Nous en sommes parfois à ce point. Les remontrances qui furent faites à Nicolas Sarkozy et à son ministre de l’Intérieur, alors Brice Hortefeux, comme beaucoup de nous, je les ai partagées et pas du tout reçues comme une atteinte à notre souveraineté : au contraire, comme un rappel à celle-ci, et à notre véritable identité, s’il faut écrire ce mot.

Deux expériences personnelles. La première, dans le Kazakhstan [41]né à l’indépendance politique et potentiellement économique (s’il avait continué de la vouloir, en la personne de son président Nursultan Nazarbaev [42], et selon les ressources considérables qui sont les siennes), eurent lieu, tandis que j’y ouvrais notre ambassade [43], des élections. Une délégation de l’Organisation  pour la coopération et la sécurité en Europe [44] vint les observer et fit rapport. Elles ne ressemblaient en rien aux nôtres, en Europe occidentale. Je parvins à faire comprendre à nos parlementaires qui le transmirent à l’ensemble de leur groupe qu’au lieu de condamner un pays et son gouveernement, il valait mieux convenir avec eux d’une initiation aux textes nécessaires et aux pratiques en ce qu’elles ont de transposables : le sujet était totalement nouveau, dix-huit mois après la chute nominale de l’Union soviétique, mais soixante-dix ans d’un régime tout autre que les nôtres continuaient forcément d’imprégner, même les meilleures volontés. Il y en avait, dont le ministre de la Justice, devenu mon ami : le très regretté Chaïkenov.

La seconde est celle du renversement d’un président africain – exceptionnellement élu à l’issue d’un second tour, après un premier internationalement observé, pluraliste et « transparent ». Si Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, ancien ministre de l’Economie du père fondateur, plus de trente ans auparavant, avait criminalisé les pratiques persistantes de l’esclavage en Mauritanie et commencé de réparer un « passif humanitaire » considérable : massacres des cadres militaires d’une ethnie minoritaire, pogroms crosiés avec le Sénégal. La caution française du putsch, alors que nous présidons l’Union européenne pour un semestre et que le traité de Cotonou prévoit des examens précis en cas de violations de droits et de valeurs fondamentaux pour les partenaires tant africains qu’européens, est achetée en espèces au secrétaire général de l’Elysée : Claude Guéant en Septembre 2008, qui revient sur la condamnation initiale que le Quai d’Orsay, la Coopération et la cellule diplomatique auprès du président de la République, Nicolas Sarkozy, avaient inspiré d’abord à celui-ci. Pour la première fois dans le pays, et probablement en Afrique,le coup militaire avait été contesté aussitôt dans la rue et le fut pendant onze mois jusqu’à ce que nous imposions un compromis permettant l’élection du putschiste après l’abdication moralement forcée du préésident légitime. De sucroît, Nicolas Sarzkoy en visite auprès d’un autre militaire espérant continuer de se perpétuer au pouvoir à Niamey, prétendit mensongèrement être allé personnellement aux nouvelles téléphoniques du président séquestré.

Ce qui est digne de nous, et ce qui ne l’est pas… ainsi le soutien apporté au général Déby par notre Premier ministre à la Saint-Sylvestre en témoignage de gratitude pour nous accompagner dans la guerre du Sahel, alors qu’il méprise son propre peuple [45].


Notre langue n’est pas négociable et nous en sommes responsables chacun, d’abord dans nos familles et même les couples que nous formons. Pas du tout pour l’imposer ni entre nous ni dans le monde, mais – accueillant toutes les autres langues nationales, régionales, locales avec sympathie comme l’ouverture pa excellence à d’autres facettes de l’esprit humain – donner l’exemple de la légitimité de chaque langue, de la pureté et de l’intégrité de legs nationaux. Langue internationale de culture et de communication pendant plusieurs siècles, la langue française a même été le dernier refuge de personnalités nationales venant de nous ou nous ayant adoptés ou même parties de nous, ainsi au Canada ou en Belgique, pour le moins. Nous ne pouvons donner le signal d’un abandon de la diversité culturelle dans le monde. Nous ne devons pas privilégier une langue – l’anglais d’outre-Atlantique – dans les transpositions que l’intensité des relations internationales en commerce, en recherche scientifique, en finances, semble appeler. Umberto Ecco a su affirmer que la langue européenne est la traduction… d’autres langues ont autant de capillarité avec nous, pas seulement celles de nos sœurs latines, mais principalement la langue allemande. De part et d’autre du Rhin, nous devons dépasser le prétexte d’une compétence des Länder empêchant la République fédérale d’Allemagne, en tant que telle, de disposer avec nous, que la langue de l’autre sera première langue étrangère chez nous dès l’école prrimaire, et réciproquement pour le français en Allemagne.

Une expérience personnelle : il y a quelques années, en TGV, grand remuement gestuel et verbal de ce que nous appelons des beurs. J’admire la richesse d’un vocabulaire que je ne comprends pas, d’intonations et d’accentuations, d’un chantonnement que tant d’autres en toutes provinces de chez nous inventent pour leur compte ou conservent en trait distinctif : identité, couleur musicale et caractère. Je m’aperçois surtout que notre grammaire est bien plus respectée, sauve dans chaque phrase de ses jeunes, que chez beaucoup de nos intervenants en politique ou dans les médias. J’apprends ainsi que l’esprit d’une langue est sa grammaire, non son vocabulaire, ce qui peut se transposer pour la compréhension de ce qu’est une nation : ses structures, ses acquis spirituels encore plus que son territoire ou sa statistique en tous genres. Au bout d’une heure, le chef vient s’asseoir à côté de moi et comme je le félicite, lui fais part de mes appréciations et découvertes, le voici bilingue : son français, accent et vocabulaire est le mien, tout beur et descendant d’immigrés qu’il est. Le voici aussi qui me dit souhaiter l’enseignement à tous les niveaux, chez nous, de l’histoire et de la géographie dont sont issues des parts actuelles de notre population. Il me raconte un épisode, survenu à Gorée, exactement analogue au drame de Sétif en Mars 1945 [46], et à quelques jours près en même temps : des tirailleurs sénégalais arbitrairement et systématiquement fusillés. La chance veut qu’étudiant le procès de Joseph Caillaux  en Haute-Cour pendant la Grande Guerre – car j’ai le projet de présenter quelques-uns de nos grands politiques selon leur pratique de l’Allemagne et de notre relation avec celle-ci – je découvre que des Russes blancs, monarchistes, mais venus chez nous avant 1914, exigent de porter notre uniforme, et non celui de la Légion étrangère, … ou le contraire, mais pour des raisons et convictions légitimes, je n’ai plus les textes en mémoire, ont refusé de marcher à l’ennemi, non par refus du feu mais par contestation d’uniformes. Fusillés. Condamnation de l’ensemble du processus par le Conseil d’Etat et sévères sanctions. L’affaire de Gorée comme celle de Sétif, chacune épouvantable, est bien une des tares françaises, une honte, comme notre abandon des harkis [47]. Enseigner ce qui nous constitue, même fraichement, enseigner aussi nos fautes et crimes. Quant aux langues pratiquées maintenant chez nous et originaires d’ailleurs, comment ne pas les cultiver et enseigner, institutionnellement, au même titre que les parlers régionaux et locaux. Notre unité est d’âme, pas de langue, mais pour celle-ci ne concédons rien : la loi Toubon [48] doit être appliquée, honorée, et ne la désertons pas.

Notre fille dit que je m’exprime en vieux français. Dans un monde où chacun se veut pour ce qu’il est, mais auquel une uniformisation est de plus administré, ce qui « vient du fond des âges » est une assurance, une fierté. La transmettre, et faire qu’elle continue à démontrer qu’on peut dire jusqu’au plus technique, en langue française, encourage bien d’autres que nous. Répondre pour beaucoup a toujours été notre marque.


Ibidem, samedi 31 décembre 2016,
de 17 heures  à 19 heures







[1] - quand la direction du Trésor n’avait pas absorbé la Direction

[2] - j’ai été reçu en audience particulière par saint Jean Paul II, le plus d’une heure : lui exposer la situation et les « chances » de l’Eglise catholique romaine en Asie centrale où, pendant ma mission au Kazakhstan (Juin 1992 à Février 1995), j’avais établi les relations entre ce pays et le Vatican – le lendemain, seul laïc, l’émotion d’asister à la messe célébrée par le Saint-Père, très belle chapelle voulue par Paul VI

[3] -

[4] - Nursultan Nazarbaev
[5] -

[6] - Siemens, Philips, les Japonais

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[8] -

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[10] - Taine et Renan

[11] - le discours de Bayeux
[12] - évocation des deux grands artisans : Waldeck-Rousseau et Aristide Briand

[13] - cette instauration ne fut pas transposée du régime de santé anglais, mais esquissée par Vichy, puis écrite et mise en œuvre à la Libération par la même éminente personnalité : Pierre Laroque

[14] - ce que dit aussi l’Empereur de lui-même et sa relation avec Proudhon

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[20] -
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[22] -
[23] - quoique relu, le discours – du 16 Juillet 1995 – est bien moins inacceptable, que ce qui en dut noté et retenu à son prononcé. Certes, Jacques Chirac affirme que la France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. Mais il ajoute un peu plus loin : Certes, il y a les erreurs commises, il y a les fautes, il y a une faute collective. Mais il y a aussi la France, une certaine idée de la France, droite, généreuse, fidèle à ses traditions, à son génie. Cette France n'a jamais été à Vichy. Elle n'est plus, et depuis longtemps, à Paris. Elle est dans les sables libyens et partout où se battent des Français libres. Elle est à Londres, incarnée par le Général de Gaulle. Elle est présente, une et indivisible, dans le coeur de ces Français, ces "Justes parmi les nations" qui, au plus noir de la tourmente, en sauvant au péril de leur vie, comme l'écrit Serge Klarsfeld, les trois-quarts de la communauté juive résidant en France, ont donné vie à ce qu'elle a de meilleur. Les valeurs humanistes, les valeurs de liberté, de justice, de tolérance qui fondent l'identité française et nous obligent pour l'avenir.


[24] - Ces événements témoignent d'un malaise profond. Certains ont provoqué des incendies dans les quartiers mêmes où ils habitent, ils ont brûlé les voitures de leurs voisins, de leurs proches, ils s'en sont pris à leurs écoles, à leurs gymnases. C'est une crise de sens, une crise de repères, c'est une crise d'identité. Nous y répondrons en étant fermes, en étant justes, en étant fidèles aux valeurs de la France. (…) Les enfants, les adolescents ont besoin de valeurs, de repères. L'autorité parentale est capitale. Les familles doivent prendre toute leur responsabilité. Celles qui s'y refusent doivent être sanctionnées, comme la loi le prévoit. Celles qui connaissent de grandes difficultés doivent en revanche être activement soutenues. Ce qui est en jeu c'est le respect de la loi mais aussi la réussite de notre politique d'intégration. (…)Mais l'adhésion à la loi et aux valeurs de la République passe nécessairement par la justice, la fraternité, la générosité. C'est ce qui fait que l'on appartient à une communauté nationale. C'est dans les mots et les regards, avec le coeur et dans les faits, que se marque le respect auquel chacun a droit. Et je veux dire aux enfants des quartiers difficiles, quelles que soient leurs origines, qu'ils sont tous les filles et les fils de la République. Nous ne construirons rien de durable sans le respect. Nous ne construirons rien de durable si nous laissons monter, d'où qu'ils viennent, le racisme, l'intolérance, l'injure, l'outrage. Nous ne construirons rien de durable sans combattre ce poison pour la société que sont les discriminations. Nous ne construirons rien de durable si nous ne reconnaissons pas et n'assumons pas la diversité de la société française. Elle est inscrite dans notre Histoire. C'est une richesse et c'est une force.
– 14 Novembre 2005

[25] -  Grenoble vient de connaître une flambée de violence sans précédent, qui a profondément choqué nos concitoyens. Les actes qui ont été commis ici, je n'irai pas par quatre chemins, je les qualifierai d'une extrême gravité et ils méritent une condamnation sans réserve. Les forces de l'ordre ont été prises à partie par des assaillants qui se sont permis de leur tirer dessus à balles réelles avec l'intention de tuer. Ce sont des tentatives de meurtre, tous les moyens seront mis en œuvre pour que les auteurs soient retrouvés et châtiés. Et je le dis aux Français, nous les retrouverons tous. (…)

[26] - les mesures commentées à Grenoble, ont été préparées et décidées en conseil des ministres le 27 Juillet 2010. Elles font aussitôt l’objet de critiques vives de l’épiscopat français (communiqué des évêques de Belfort et Vannes, le ), de la commissaire européenne en charge de la Justice (remontrances du ) et même du pape Benoît XVI ( )

[27] - quasi-anniversaire du discours de Jacques Chirac, dix ans plus tôt, déjà au sujet de la violence

[28] - De même nous allons réévaluer les motifs pouvant donner lieu à la déchéance de la nationalité française. Je prends mes responsabilités. La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un fonctionnaire de police ou d'un militaire de la gendarmerie ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique. La nationalité française se mérite et il faut pouvoir s'en montrer digne. Quand on tire sur un agent chargé des forces de l'ordre on n'est plus digne d'être français. Je souhaite également que l'acquisition de la nationalité française par un mineur délinquant au moment de sa majorité ne soit plus automatique. (…) Enfin, il faut le reconnaître, je me dois de le dire, nous subissons les conséquences de 50 années d'immigration insuffisamment régulée qui ont abouti à un échec de l'intégration. Nous sommes si fiers de notre système d'intégration. Peut-être faut-il se réveiller ? Pour voir ce qu'il a produit. Il a marché. Il ne marche plus. Je ne me suis jamais laissé intimider par la pensée unique. Il est quand même invraisemblable que des jeunes gens de la deuxième, voire de la troisième génération, se sentent moins Français que leurs parents ou leurs grands-parents. Tous ici vous pourriez en porter témoignage. Tous. Tous vous avez des exemples. Pourquoi ne le dit-on pas ? On a peur ? Moi ce n'est pas de faire le constat qui me fait peur, c'est la réalité. Nous n'avons pas le droit à la complaisance en la matière. Pour réussir ce processus d'intégration, il faut impérativement maîtriser le flux migratoire. Avec un taux de chômage des étrangers non communautaires qui a atteint 24% en 2009. Je ne reprendrai pas la célèbre phrase de Michel ROCARD dans laquelle je me retrouve : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde ». Je dis simplement, c'est un constat lucide.

[29] - les premières, place Saint-Pierre au Vatican, du 11 au 15 Avril 1984
[30] - l’encyclique Rerum novarum du pape Léon XIII engageant le magistère de l’Eglise dans les questions sociales récuse absolument cette analyse

[31] -
[32] - continuant un progrès législatif, commencée avec les accords Matignon, à la suite des élections de Front populaire en Juin 1936, la loi Aubry (13 Juin  1998) limitant à trente-cinq heures la durée légale du temps de travail hebdomadaire  a pris effet en 2000. Discutée depuis, elle n’a pas encore été abolie

[33] - accord instituant l'Organisation mondiale du commerce, singné le 15 Avril 1994, en conclusion de cycles (rounds) de négociations imposés initialement par les Etats-Unis à la Communauté économique européenne naissante (Kennedy round, Dillon round et interminablement Uruguay round) quand celle-ci à l’initiative de la France avait refusé, en Décembre 1958, d’être dissoute dans la grande zone de libre-échange souhaitée par les Anglo-Saxons avant même de s’être mettre elle-même en œuvre… ce devrait être et ce fut à compter du 1er Janvier 1959
Annexe 1A : Accords multilatéraux sur le commerce des marchandises
Annexe 2 : Mémorandum d'accord sur le règlement des différends
Annexe 3 : Mécanisme d'examen des politiques commerciales
Annexe 4 : Accords commerciaux plurilatéraux
Annexe 4a : Accord sur le commerce des aéronefs civils
Annexe 4c : Accord international sur le secteur laitier (a expiré à la fin de 1997)
Annex 4d : Accord international sur la viande bovine (a expiré à la fin de 1997)
[34] - l’affaire dite affaire Kerviel
[35] - les aphorismes du baron Louis
[36] -
[37] - Jean Monnet (1888 + 1979), commissaire général au Plan de son institution en Janvier 1946 à sa nomination, en Septembre 1952, comme président de la Haute Autorité de la Communauté européenne pour le charbon et l’acier, fonction dont il se démet en Juin 1955, faute que l’esquisse d’une Communauté économique européenne qu’instituera le traité de Rome en Mars 1957, soit carrément « supranationale »

[38] - l’ensemble a été rapporté par un député, censément d’opposition, Jean de Gaulle…
[39] - René Cassin
[40] - le traité de Cotonou et son article - citation
[43] -
[44] -
[45] - témoignage d’un de mes neveux par alliance
[46] -
[48] -

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