1 .
Pour quoi ?
Je commence de vous écrire tandis que la nuit cesse d’être noire. Elle
avait débuté avec la pleine lune, elle prend fin discrètement, sans s’imposer,
le gris n’a pas d’épaisseur, ce n’est pas une couleur, il est le matin qui vient.
Reniac, à ma table de travail, le mercredi 14 décembre
2016,
de 08
heures à 09 heures 34
M’entourent des livres, par centaines, reliés bellement mais très bon
marché à Lisbonne, pendant la « révolution des idées », bibliothèque
historique constituée pour éclairer et étayer la conviction de mes
vingt-cinq-trente ans : ce sont les crises de légitimité qui ont fait la
France. Notre crise est de cette sorte, une imagination nouvelle ayant pour
socle la succession passionnée des hommes et des femmes de tous genres et
talents qui nous ont fait historiquement et mentalement, va en sortir. Des
tableaux, des gravures, le Jura et les Alpes, une Vierge Cuzquin, des naïfs
brésiliens, format aigle, Napoléon III, aux rampants des images de la geste
napoléonienne, en encadrement Restauration Louis XVI, roi des Français. La
sérénité, une jeune femme de Barcelone rencontrée à la fin des années 1940 par
l’un des élèves les plus prometteurs d’Arno Breker, sachant dire la pensée
davantage encore que le corps. Accostée sur les Ramblas, la jeune fille, en
plein midi, accepte d’accompagner l’exilé à son atelier, se dévêt, la pose est
là, les cheveux qui s’arrangent, le corps entier tranquille. Elle aurait dix
ans de plus que moi, aurait pu se reconnaître dans mon bureau en divers pays de
mes affectations diplomatiques. Heinrich Faltermeïer ne l’a plus revu après les
trois séances de pose nécessaires, il n’a pas su son nom et ne savait comment
la rétribuer, sinon en lui offrant la sculpture originelle à partir de laquelle
l’œuvre serait finie et en grandeur nature. A mes pieds, deux de nos chiens,
plutôt biggles, noir et blanc. Photographies, ma mère, notre fille, ma femme la
tenant dans le bras, ma femme avec un de nos chiens. Sur ma table, sous verre,
le bulletin de la Grande Armée lénifiant : la retraite de Russie commence,
l’Decho de Paris, édition de l’Armisice, les conditions, les portraits de
Clemenceau et de Foch. J’ai servi la tasse de thé sur la table de nuit de ma
femme, lu les textes de la liturgie catholique du jour, je sens que dehors nos
arbres, et au bas du grand pré, la mer dans son ria, sont là aussi.
Campagne-sur-mer, Bretagne du sud, à un fuseau horaire de la province chérie de
ma femme : l’Alsace, et pour moi Hansi et le limes des Habsbourg. Il n’y a
pas que l’époque où nous vivons, ni la France que nous ne ressentons peut-être
pas assez comme une ressource en tous genres pour notre vie à chacun, pour nous
tous, et pour ce Vieux Monde ou d’autres : pays et gens, qui ont
naturellement le regard vers nous, qui ne sommes ni une hégémonie ni une
dictature ni une entreprise tentaculaire imposant une idéologie mondiale. Nous
sommes le pays de la synthèse et de l’harmonie, au possible, si nous ne sommes
pas oublieux de notre chance et de notre devoir. J’aurai soixante-quatorze ans
et quelques jours le 23 Avril 2017, premier tour de scrutin pour l’élection du
nouveau président de la République, ou de sa première présidente. Je veux être
parmi celles et ceux entre qui vous aurez à choisir. Pour quoi ?
Je n’ai aucune ambition politique, je n’ai fait aucune carrière
politique mais – selon je ne sais quels gènes et pas seulement selon mes études
pour entrer dans la haute administration, ni mon expérience de beaucoup de pays
étrangers, de peuples étrangers – j’ai la mémoire heureuse de notre temps et de
ce qui est ailleurs. Je n’y ai vu que des chances pour le bien, le progrès et
le beau. J’ai écouté des personnalités françaises et étrangères me confier ce
qu’elles retenaient de leur exercice du pouvoir. C’est un immense mais très
simple paysage d’âme. Je l’ai écrit, parfois publié dans deux de nos plus
influents quotidiens nationaux, mais depuis longtemps directement à ceux qui
tiennent les manettes. J’ai cherché à propager ce qui m’habite, j’ai ambitionné
la contagion. Maintenant, je le tente en grand. Sans doute est-ce la dernière
occasion à ma portée : cette élection présidentielle, sa campagne surtout.
Ma femme, notre fille, d’autres de nos chiens, nos chèvres aussi,
dorment encore. Notre fille à qui j’ai confié, au printemps dernier, l’ensemble
de mon projet : ce livre, mais je m’y suis repris à quatre forme pour la
forme, la manière et aussi arriver à la concision… cette quête des signatures.
Elle a d’abord craint ce que j’aurai peut-être à subir, et aussi pour ce qu’elle
aime à vivre en classe et avec ses amies, une notoriété pas agréable. A
présent, elle s’enquiert : arriveras-tu à écrire, à terminer ce petit
livre ? Sa solliciture m’émeut. Ma femme se récrirait si elle savait
l’ensemble : fou, risqué, dispendieux, très fatigant. Mais sans
ressources, je ne risque pas de dépenser, et si je suis cautionné par de grands
élus, les concours viendront et leur gestion sera naturellement assumée par des
amis, venant de mes parcours
professionnels. Je ne serai que porte-voix. Elle sait simplement qu’il me faut
avoir écrit tout d’ici la Saint-Sylvestre. Et elle souffrirait que j’ai à
m’avouer n’en être pas capable. En d’autres saisons de ma vie, je n’ai pas été
plus fécond ni édité. Peut-être, n’éprouvais-je à ces époque que le souci
d’exercer une de mes possibilités sans apprentissage ni métier : car
l’écrivain apprend, du soutien lui est nécessaire, l’amitié de l’éditeur puis
des lecteurs le hissent. Aujourd’hui, seuls le devoir et la conscience que
l’instant ne se répètera pas, me dressent et m’appellent. Bien plus fortement
que des aides et des habitudes, des accueils prêts et des plans concertés. Il y
a notre pays, il y a nous, il y a vous.
Vous serez juge de cette gageure et de cette urgence. Vous écrivant, je
ne vous imagine pas, car
Ibidem, mercredi 28 décembre 2016,
autour de 15 heures 27, puis de 16 heures 50
Peut-être, nous sommes-nous déjà rencontrés, et avons-nous échangé un
regard, nous nous reconnaîtrions si à nouvau nous étions ensemble : la rue
parisienne, des rues en villes de province, un transport en commun. Peut-être
êtes-vous déjà dans la liste de mes destinataires de chaque jour : un
bilan personnel et aussi celui de notre pays, et du monde, de l’époque dans
lesquels nous vivons ? et une méditation, une façon de repas, de petit
déjeuner, parfois décalé en pensées du soir, la prière. Ce matin, tandis que je
commence de rédiger – il en est grand temps – cette brochure, je lis : par le Seigneur – dira-t-elle de moi – la
justice et la force. C’est d’Isaïe, peut-être trois mille ans avant nous,
mais c’est actuel et intime. Ma profession de foi, un peu plus loin, elle se
résume cependant en deux mots : 1° nous sommes ensemble pour que
continuent notre pays, notre société, toutes possibilités d’avenir des nôtres
et de celles et ceux dont nous avons la responsabilité affectueuse et si
souvent soucieuse, 2° nous avons en nous, en notre pays tel qu’il devient et
tel que nous l’avons reçu (e responsabilité et en héritage, et pas seulement
pour nous), oui : nous avons tous les moyens que notre espérance, nos
ambitions soient efficaces, soient très vite la réalité. Tout est latent du
mieux-être et d’un renouveau de ce monde-ci, dans notre époque. Mais peu est
fait, et presque rien n’est réfléchi. Sereinement, sans dogme, ni modèle. Une
précision tranquille.
C’est pour cela que je me présente à vous, plus formellement que dans
des rencontres de hasard.
Je suis donc candidat à la prochaine élection présidentielle. Je suis
né sous les bombes américaines à Boulogne-Billancourt mais dans une très belle
maternité, où j’aurais voulu, il y a une douzaine d’années, que naisse aussi
notre fille, mon enfant unique, mais les lieux venaient d’être affectés à
soigner les addictions. Je suis né peu après la bataille de Stalingrad et donc
dans les mois de reprise des naissances chez nous : l’espérance était
revenue, une nuit allait finir. J’avais quinze ans, au printemps de 1958, quand
de Gaulle est revenu aux affaires – ses mots – et vingt-six quand il a quitté
le pouvoir puisqu’une majorité des Français d’alors refusaient des propositions
auxquelles il tenait, refusaient en fait une relation de confiance mutuelle
qu’il avait souhaité vérifier pendant ce qui a été appelé « les événements
de Mai ». Après dix ans et quelques mois de passion et de fierté, sans
forcément tout identifier d’une geste exceptionnelle qui n’a pas fait –
pourtant – jurisprudence, quelle tristesse, mais aussitôt quelle
recherche ! Comment avions-nous pu nous abandonner à préférer tout autre
chose ? comment désormais profiter, faire profiter notre pays de ce qui
n’est pas notre exception, mais notre caractéristique : une union
nationale dans les sentiments et dans l’envie d’être bien chez nous, certes,
mais aussi d’être utile, peut-être même exemplaire pour le monde entier, pour
tous ces Français pas tant d’adoption quand ils s’établissent chez nous, mais
d’esprit et qui nous ont pris pour référence. Presque chaque étape de notre
histoire de quinze cent ans en constitue une, souvent plusieurs :
personnages, hontes, exploits, grandeur, de la logique et de l’imprévu, pas
vraiment de la concurrence avec d’autres peuples, au contraire des affainités
avec beaucoup. Dans un pays dont nous héritons, qui nous équilibre et nous
appelle à la sagesse et à l’imagination, à une continuité voulue par ce qu’il
recèle et par ce dont il est dépourvu. Un territoire privilégié surtout par
l’endroit et le climat qui sont les siens sur une planète, bien plus contrastée
et parfois si difficile, qu’il n’est lui-même. Certainement assez vaste et assez
exploitable, perfectible pour accueillir ou retenir davantage que nos
descendants. D’ailleurs, nos parents de toutes générations ont toujours vécu ce
défi et cette chance de l’accueil, et eux-mêmes ont peu émigré, sauf – très
spécialement – en deux parties du monde qui continuent de s’offrir à un destin
commun avec nous.
Je crois vous avoir tout dit de ce qui m’a construit mentalement. Une
époque avec son héros et qui en a produit plusieurs épigones, une époque qui
était accueillante aux initiatives – dans le monde – et pratiquait, d’esprit et
de structure, chez nous, une justice distributive efficace. Sans doute des
atrocités, des inégalités, de la pauvreté et, comme de tous temps, l’insolence
de la richesse qui ne peut comprendre que chacun n’ait pas les capacités ou le
culot ou la disposition d’un héritage comme elle l’a eue. Il y avait
l’espérance, il y avait une dialectique. Aujourd’hui, particulièrement ces
mois-ci, il n’y en a plus. Telle qu’elle se présente, mais j’espère me tromper,
la campagne présidentielle qui n’a pas cessé depuis les premiers mois du mandat
quinquennal en extinction prématurée, ne paraît pas devoir susciter en nous une
réflexion devenant nationale. La gerbe ne se noue pas alors que nous avons
chacun conscience qu’ensemble nous n’allons plus bien.
J’ai la conviction que nous pouvons réussir avec nous-mêmes et
redevenir fondateurs dans l’entreprise européenne – actuellement et depuis dix
ans, totalement embourbée – et dans la si nécessaire réorganisation des relations
internationales aux heures de Wladimir Poutine et de Donald Trump, chacun
sinistre. Je crois que nous ne pouvons être heureux, fiers, en équilibre
affectif, financier, personnel si notre pays ne va pas bien, si nous ne pouvons
plus nous protéger d’une critique sans prise et surtout d’une désespérance
qu’en ignorant notre devenir, et ce qui s’appelle la politique. ce devrait
d’ailleurs être le politique, c’est-à-dire l’art et la responsabilité de faire
avec l’appui de beaucoup. L’appui explicite et réfléchi.
Voici – en vrac – mes propositions. Un jour, dans pas trop longtemps,
si j’en ai la force, mais j’en ai le goût et le devoir déjà – cela s’appelle le
témoignage ou un testament – j’écrirai mon aventure administrative, les
rencontres et l’expérience que m’ont donné des affectations diplomatiques très
diverses, la fierté et la passion d’avoir reçu la confiance et l’amitié de
grands personnages, de belles âmes, d’intelligences vraies dans notre histoire
contemporaine. Dans l’immédiat et depuis dix ans, voici ce qu’aux présidents
successifs de notre République, j’ai proposé. Chaque fois, en tentant tandis
que je leur écrivais (par l’intermédiaire de leur premier collaborateur à
l’Elysée), d’être à leur place pour que mes propositions ne soient pas leur
contraire, mais leur intérêt personnel coincidant avec celui de notre bien
commun, celui du pays s’ils en acceptaient l’une ou l’autre, et par conséquent
très vite toutes, parce qu’une politique est d’abord une orientation, et qu’il
n’existe pas d’orientation qui ne soit globale, constructive de cohérence.
Si je me présente à la présidence de la République, ce n’est pas pour y
accéder, mais pour – au premier tour du prochain scrutin – recueillir votre
suffrage et assez d’autres, en sorte que je reçoive, à l’évidence et
publiquement – la mission de proposer à nouveau et pendant les cinq ans à
venir, ces propositions. Et les dire, parmi d’autres intervenants mais à
égalité avec celles et ceux qui ont « le plus de chances » d’accéder
à la charge de nous conduire, me paraît la seule possibilité d’être entendu
puis mémorisé. Mes demandes de rencontrer le président de la République –
François Hollande, nommément depuis son investsiture par sa famille politique
d’origine – et mes écrits, par la poste ou par internet, aux bons soins de son
secrétaire général : d’abord Pierre-René Lemas, puis Jean-Pierre Jouyet,
ont été dédaignés, pratiquement refusés. Cet homme qui vient d’abandonner,
était seul et se cinduisait mal, nous conduisait mal. Je lui demandais un quart
d’heure de son temps tous les quinze jours ou trois semaines. C’eût été à son
avantage, cela m’a donné d’écrire une histoire alternative de son quinquennat,
ce que celui-ci aurait pu et dû être à son avantage et au nôtre. Propositions
qui ne sont tirées que de notre fond et qui ne mle doivent que la persvérance à
les présenter. De Nicolas Sarzkozy, je n’attendais rien mais lui écrivis parce
qu’il était trop bête – et pour nous, nuisible - qu’il nous habitue à des
simplismes et à un discours qui ne doivent pas être l’officiel de notre
République, de la France. Aux deux, j’ai tenté aussi de représenter que
l’alternance au pouvoir – sans doute justice et renouveau dans les années 1980,
légitimité donc, après de Gaulle – n’est pas la forme accomplie de la
démocratie. Celle-ci est participation de tous au pouvoir.
Si je suis admis à faire campagne officielle, grâce à cinq cent
cautions ou parrainages de nos principaux élus, de l’Assemblée nationale ou du
Sénat, à nos réunions régionales, départementals, à nos conseils municipaux, je
pourrai expliciter ces propositions, en fait certifier ce dont nous sommes
capables, parce que nous l’avons déjà été et que nous n’allons pas mourir
d’imitation des autres ou d’obéissance à des théories. Et si, vous ayant
exprimé, chacun de vous qui voudrez bien m’écouter ou voir, plus encore que je
ne me serai moi-même exprimé, je ne m’exprimerai que comme l’un de nous :
j’ai toujours écrit ou été publié, parfois durablement et dans de grands
quotidiens nationaux, au nom de bien plus que moi-même. En votre nom, car il
serait dommage que ce que nous sommes et que ce dont nous avons hérité, ne soit
pas assez considéré par ceux qui nous dirigent ou aspirent à nous diriger. Cela
vaut en politique, je crois bien que cela vaut dans la vie familiale et dans chaque
entreprise de chez nous.
Si je suis admis à faire campagne, je fonderais. Grâce à votre vote du
premier tour, n’obérant en rien votre choix définitif, celui du second tour en
duel que vous arbitrerez, j’établirai une fonction qui manque à la République.
Celle de rappeler, au nom de beaucoup, à celle ou celui qui va nous présider
pendant cinq ans, ce que nous proposons, ce que nous voulons, ce que nous
espérons, ce qui est possible pas seulement parce que c’est souhaitable, mais
parce que nous avons l’expérience que cela peut se faire, se réaliser. Cette
fonction s’enrichira naturellement du réseau que la campagne et votre vote,
beaucoup de votes, appelleront. Nous l’organiserons ensuite. Pas un parti ni un
mouvement, mais un passage de relais, une explicitation de nos expériences et
réflexions quotidiennes, nous en organiserons le partage localement, nous
transmettrons cela à ce qui est appelé le pouvoir : l’exécutif, le
législatif, le judiciaire, répartition des responsabilités et compétences qui
sont de bon sens et que notre pays a écrites et voulues, quelques décennies
avant notre Révolution, et encore avec nos rois. Ce sera sans étiquette, sans
exclusive, chacun ouvert à tous et moi passant le flambeau très vite, vu mon
âge et vu le programme d’écriture que je me suis donné et qui s’impose à moi.
Libre à chacun au second tour de cette élection présidentielle de voter selon
ce qu’il entend, et ensuite de militer ou pas dans les partis, mouvements et
associations dont il l’habitude, dont
vous avez peut-être le goût ou l’atavisme. Liberté, participation mais
insistance pour que nos vœux et nos propositions de solutions parviennent à qui
de droit. Cela n’a pas été depuis longtemps. François Mitterrand me reçut quand
il était encore « dans l’opposition », puis pendant qu’il fut à
l’Elysée, nous correspondîmes aussi et souvent, il m’invita à l’accompagner
dans certains de ses voyages officiels, au moins un fut motivé par le goût de
me revoir là où il m’avait fait nommer ambassadeur. Je crois juste cette appréciation
de lui par le conseiller juridique de Valéry Giscard d’Estaing :
l’adversaire le plus fidèle du général de Gaulle. Donc, ce dernier, donc
Mitterrand, et dans ma vie pratique, quotidienne, vécue si je puis écrire, des
âmes et des intelligences que j’évoquais plus haut : le
président-fondateur de la Mauritanie moderne, un de nos anciens territoires
d’Outre-Mer, Moktar Ould Daddah… Jacques Fauvet à qui je dus ma signature et
une certaine notoriété pendant dix ans, le directeur du journal Le Monde à mes trente-quarante ans…
Pierre Bérégovoy que j’ai aimé et qui m’estima… enfin, Michel Jobert à qui je
dédie ma tentative et cette brochure pour la démocratie vivante qu’il
voulait, pour notre grandeur naturelle qui est la France et qu’il illustra si
parfaitement et si inelligiblement en 1973-1974, rendant d’ailleurs une part de
légitimité à celui qui – avec précipitation – fut le premier successeur de
l’homme du 18-Juin, à la présidence de notre République. Que celle-ci soit de
nouveau : nouvelle.
Mais, puisqu’à présent vous savez et comprenez tout de l’entreprise, de
cette « ordalie », voici ce que d’expérience, de mémoire et de
souhait, ce que j’ai donc proposé, continûment depuis dix ans à Nicolas Sarkozy
et surtout à François Hollande.
Reniac, à ma table de travail, le mercredi 14 décembre
2016,
de 08 heures à 09 heures 34
Et que, grâce à vous, je souhaite développer et approfondir avec le
plus de rayonnement possible en campagne présidentielle, puis enrichir et
augmenter ensuite par vos apports, discussions, critiques que nous porterons
ensemble à l’esprit, à l’oreille et aux yeux de celle ou celui qui aura été
finalement choisi pour présider notre République pendant les cinq années à
venir. Et rayonner – nous tous – tellement de conviction et de désintéressement
que ce peronnage créé ou confirmé par le prochain scrutin, les prenne à son
compte ce que n’auront pas fait ses prédécesseurs tant que j’étais seul à les
leur apporter, ou parce que j’étais seul. Il dépend de vous que je ne le sois
plus. Mais si je l’ai tenté – seul – et si j’essaie d’en avoir la légitimité, autrement
que par le seul contenu de ces propositions, c’est bien parce que je suis sûr
qu’elles vous correspondent, qu’elles sont implicitement ce que pensent et
souhaitent tous les Français, nos compatriotes, et même tous les habitants de
notre pays.
Reniac, à ma table de travail, le samedi 17 décembre 2016,
17 heures 28
N’est-il pas trop tard pour cette
présentation, pour cette tentative, pour cette candidature, pour cette
écriture-même ? N’y avait-il pas d’autres moyens de servir le bien commun
ou de dire ces convictions, ces propositions, et d’appeler à des
contributions ?
Non ! Dans l’état actuel et durable de
nos médias audio-visuels et même écrits, la parole n’est plus donnée au tout
venant, et si elle l’est pas exception sur un fait ou un sujet que les
circonstances mettent au débat, ce n’est pas admis en propos suivi :
c’était possible, je l’ai vécu, il y a trente ans, quarante ans. Il faudra que
ce redevienne possible, que la politique, la pensée politique, la réflexion sur
notre vie nationale, sur l’impasse, peut-être même l’échec de l’ambition ou du
rêve d’Europe ne soient pas exclusivement professionnelles du journalisme ou de
la carrière politique. Notre stérilité actuelle est faite de cette exclusivité
comme si toute la végétation était – à des fins de circulation automobile ou
autre – recouverte des goudrons et apprêts. Malgré tant de raisons sociales, de
candifdatures à la candidature, de prétentions au renouveau ou à la proximité,
les discours et les comportements nous réduisent à faire parterre, à écouter de
la pédagogie. Presque nous tous, nous déduisons la politique, l’avenir de notre
pays, et même des endroits ou des collectivités de notre milieu, de notre
ambiance de vie, de ce que nous vivons, de ce que nous savons
professionnellement. Les politiques n’ont de profession que la politique.
Déduire la politique de la politique, c’est évidemment l’autisme,
l’inexpression, le mime. Plus aucune autorité morale ne se discerne, tout est
étouffé.
L’art de la politique consistant à parvenir
au pouvoir, l’exercice de celui-ci est plus vain à chacun des mandats que nous
décernons depuis une vingtaine d’années. La réflexion personnelle, le recul, le
sens des perspectives, l’indépendance du jugement, nous ne la reconnaissons
plus chez ceux qui se donnent la responsabilité de nous. Je ne veux ni ne peux
être de cela. Je ne suis que l’un de vous, sans spécialité, retraité de
surcroît.
Mais je crois qu’un discours libre et
différent, tout simplement parce qu’à la fois j’aurai obtenu la parole quelques
semaines, deux ou trois, mais qui peuvent faire cinq années, et parce que je ne
briguerai pas ce que visent les autres candidats, peut influencer l’ensemble de
notre campagne présidentielle. Faire – enfin – réfléchir. Nous tous réfléchir,
avant de voter, en votant, après avoir voté. Tout ne peut être scellé pour cinq
ans. Nous ne pouvons élire quelqu’un uniquement par peur d’un de nos mouvements
politiques, « diabolisé » par tous les autres en tant que parti, mais
copié ou imité selon beaucoup de ses simplismes, de ses racismes, et avec une
inculture aussi attristante. Nous ne pouvons signer au bas d’un livre de
comptes, même s’il s’appelle budget de l’Etat et des collectivités territoriales
de notre pays, au prétexte que nous sommes en faillite et bien trop endettés.
La donne dépend de nous, elle va durer des années, elle n’est pas la propriété
d’une seule personne, sympathique ou pas, habile en boniment ou rigoureuse en
propositions ponctuelles et nul n’a le monopole de son interprétation.
Que l’élu ou l’élue se révèle capable de nous
entrainer, comment ne pas l’y encourager, sans esprit de parti ? et si la
capacité ou l’intelligence escomptée sont bien moindres qu’il ne nous le
faut ? ne sera-t-il pas utile que la contre-proposition ou des
contributions à la cohérence puissent se faire entendre, hors registres
professionnels, hors habitudes et dogmes ? Mais comment être ou devenir
présents ? vous et moi.
Nos précédentes élections depuis cinquante ans semblaient chacune –
même au temps du général de Gaulle qui reçut un adversaire pas loin de sa
taille, quoique si autre – porteuse d’espérance ou grosse d’un danger. Il y
avait l’enjeu d’une continuité, d’une rupture. Nous sommes entrés dans un
nouveau cycle. Là est notre crise de légitimité. L’élection n’est pas
significative, elle a lieu dans le vide, l’élu ou l’élue le sera par défaut,
aucune des conditions nous mettant tous en branle ne sera remplie, quel que
soit le « gagnant ». Il nous faut beaucoup de naissances nouvelles en
tous domaines, pas seulement en intelligence, en démographie des familles ou
des entreprises.
Une campagne électorale n’est jamais le fait d’un seul ni un fait
isolé. Bien plus qu’une gestion à venir des prérogatives présidentielles –
écrites et pratiquées jusqu’il y a vingt ans, car depuis 1995, nous sommes
sortis de toute route – des prises de paroles non professionnelles de la
politique, inusuelles par leur accès inattendu aux tréteaux, peuvent marquer et
fonder. C’est moins fou que ne l’était au milieu du XIXème siècle le suffrage
universel. Et tandis que le vote blanc est toujours sans signification
juridique et donc politique, au soir de nos scrutins, la candidature que je
présente, peut en tenir lieu. N’êtes-vous pas perplexe, au moment où se trace
la ligne de départ et où arrivent beaucoup de redoublants ? et les
nouveaux le sont-ils réellement ? et pourquoi le président sortant a-t-il
été empêché de se présenter à votre jugement ? Pouvons-nous avoir un avis
propre, les données de nos questions nationales doivent-elles nous être
dictées ? Sommes-nous inférieurs ? au mieux, flattés ?
Ibidem, mercredi 28 décembre 2016,
de 15 heures 51 à 16 heures 37
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