jeudi 10 novembre 2016

Leonard Cohen, « une légende de la musique qui s'est éteinte » - Le Monde.fr & Wikipédia


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LE MONDE | 11.11.2016 à 11h40


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Le musicien canadien Leonard Cohen est décédé à l’âge de 82 ans, jeudi 10 novembre. Le poète mélancolique est notamment l’auteur d’Hallelujah, de Suzanne et de Bird on the Wire. En octobre, il avait présenté la sortie de son dernier album, You Want It Darker.

Leonard Cohen, avant la nuit

Rencontre avec le chanteur canadien et son fils, Adam Cohen, producteur d’un nouvel album crépusculaire, « You Want It Darker ».
LE MONDE | 17.10.2016 à 06h40 • Mis à jour le 01.11.2016 à 13h53 | Par Stéphane Davet (Los Angeles (Californie), envoyé spécial)
image: http://s2.lemde.fr/image/2016/10/17/534x0/5014767_6_62fd_leonard-cohen-en-2016_7680a4d736d2a5fcf821dc6e42b9974e.jpg
Leonard Cohen en 2016.
« Remettre le prix Nobel à Bob Dylan, c’est comme épingler la médaille de la plus grande montagne sur le mont Everest. » Devant la soixantaine de journalistes venus, le 13 octobre, assister au lancement de son nouvel album, You Want It Darker, dans la résidence officielle du Canada, à Los Angeles (Californie), Leonard Cohen souligne l’évidence de la récompense reçue le même jour par celui qui lui avait un jour confié : « En ce qui me concerne, Leonard, tu es le numéro un. Et je suis le numéro zéro. »
« A l’époque, j’avais interprété cela comme une façon de me dire – et je n’allais pas le contredire – que son travail était au-delà de toute évaluation, et que le mien était assez bon », se souvient aujourd’hui le Canadien dans un article que lui consacre le magazine The New Yorker du 17 octobre.
Cohen fut un des premiers à donner une ambition poétique à la chanson populaire anglo-saxonne moderne
Si un chanteur avait pu disputer la distinction suédoise à Robert Zimmerman, c’est bien son confrère montréalais. Comme celui avec qui il partage de nombreux points communs (judaïsme, goût des références bibliques, débuts discographiques parrainés par le directeur artistique John Hammond…), Cohen fut un des premiers à donner une ambition poétique à la chanson populaire anglo-saxonne moderne.
Encouragé par le succès de Dylan pour entreprendre une carrière musicale, le Canadien avait mûri son écriture, publié des poèmes et des romans loués par la critique avant l’émergence de l’Américain. Ce qui fit un jour dire au poète Allen Ginsberg : « Dylan époustoufla tout le monde, sauf Leonard. »
L’amitié et l’admiration sont en fait réciproques, comme le prouvent à nouveau les réponses – aussi enthousiastes que détaillées – de Bob Dylan aux questions du New Yorker, au sujet de l’œuvre de son aîné de sept ans. « Ce sont toutes de grandes chansons, confie-t-il entre autres. ­Profondes, authentiques, multidimensionnelles, étonnamment mélodiques, et qui vous font penser et réfléchir. J’aime même encore plus certaines de ces dernières chansons que les premières. »

380 concerts de 2008 à 2013

La longévité est en effet une autre de leurs qualités partagées. Mais si Dylan n’en finit pas de jouer en public, comme le prouvaient encore ces performances des 7 et 14 octobre, en première partie des Rolling Stones, à Indio (Californie), Leonard Cohen n’a désormais plus la force de monter sur scène.
Après une tournée qui, de 2008 à 2013, l’a vu triompher, dans le monde entier, lors de 380 concerts (approchant souvent les quatre heures de show), lui permettant de renflouer ses caisses – vidées par une manageuse indélicate – et de combler ses admirateurs, le prince des pessimistes a été rattrapé par la maladie. « Je ne crois pas qu’on le reverra un jour sur scène, nous confiait, le 13 octobre, son avocat-manageur Robert Kory. Ne serait-ce qu’en raison de son perfectionnisme. »
Trop fatigué pour reprendre la route, le chanteur est encore assez vaillant pour produire un album aussi remarquable que You Want It Darker. Il trouve aussi l’énergie pour venir le présenter. Après l’écoute collective de ce nouveau disque, le parterre de journalistes se lève pour applaudir l’entrée de l’artiste de 82 ans, au chapeau et élégant costume sombres, mais à la frêle silhouette et au pas lent aidé par une canne.
Dans le salon de la demeure canadienne, située dans une des parties les plus chics de Beverly Hills, l’icône de la ballade intimiste s’assied auprès de son fils, Adam Cohen, pour répondre à quelques questions d’un animateur et de médias. La main tremble un peu, le souffle est court. Et on ne peut s’empêcher de penser à la lettre bouleversante qu’il avait envoyé à son ancienne muse, Marianne Ihlen (celle de So Long, Marianne), quelques jours avant le cancer n’emporte son amoureuse de l’île d’Hydra, le 29 juillet dernier : « Le temps est venu où nous sommes si vieux, où nos corps s’affaissent, et je pense que je vais te suivre très prochainement… »
Leonard Cohen : « J’ai dit récemment que j’étais prêt à mourir. Je crois que j’exagérais. On est parfois porté à la dramatisation »
Pétri de classe et d’humour, le chantre de la gravité badine pour rassurer. « J’ai dit récemment que j’étais prêt à mourir. Je crois que j’exagérais. On est parfois porté à la dramatisation. J’ai l’intention de vivre pour toujours. » Difficile pourtant de nier que les chansons de You Want It Darker multiplient les références à la mort (« I’m leaving the table/I’m out of the game »), au renoncement charnel (« I don’t need a lover, so blow out the flame »), aux questionnements existentiels et divins (« I’m ready, Lord »). Certes, la plupart de ses obsessions apparaissaient dès ses premières chansons, au milieu des années 1960. Mais jamais Cohen n’avait contemplé la mort d’aussi près, ni chuchoté avec elle aussi intimement.
Parmi les signes indiquant un album pouvant boucler un parcours, la façon dont le poète a fait appel, dans la chanson-titre, au chantre et au chœur de la synagogue Shaar Hashomayim, celle de sa famille et de son enfance à Montréal. La façon aussi dont, pour la première fois, Leonard a fait appel à son fils pour coréaliser cet album.

Les aléas d’un « fils de »

Auteur-compositeur-interprète de 44 ans, Adam Cohen a connu les aléas d’un « fils de » dont l’indéniable talent a souffert des comparaisons avec son génie de père. L’admiration semble totalement éclipser la rancune chez ce garçon dont le physique est à l’exact croisement du charme ténébreux du papa et de la brune beauté de la maman, Suzanne Elrod, avec qui Leonard vécut l’essentiel des années 1970.
« C’est comme si toute ma vie m’avait préparé à travailler sur ce disque, nous confirmait, dans un français parfait, Adam Cohen (il a vécu douze ans à Paris), le lendemain de la conférence de presse. Chaque repas, chaque conversation, chaque concert que, enfant, je regardais du bord de la scène, m’ont fait comprendre son œuvre. »
Arrivé au cours de l’enregistrement que Cohen senior avait débuté avec le réalisateur et compositeur Patrick Leonard, déjà responsable de ses deux précédents albums – Old Ideas (2012), Popular Problems (2014) –, Junior se reconnaît un avantage. « Mon privilège est de connaître par cœur tout ce que mon père déteste. » (« Et la liste est longue », plaisantait Leonard en conférence de presse).
Autre avantage, avoir assez d’influence pour évacuer aussi une partie de ce que le papa avait tendance à un peu trop aimer. Comme le recours aux sons de synthétiseur bas de gamme ou l’appel aux chœurs féminins en contrepoint trop systématique de sa voix grave. « Cela fait vingt ans que je lui propose de retrouver le dépouillement acoustique de ses débuts », reconnaît Adam.
Ecoutant enfin son fils, le poète profite d’une sobriété instrumentale dont l’élégance, baignant tour à tour dans le blues, la country, le folk, les slows des années 1950, les références juives de l’Est ou méditerranéennes, s’accorde parfaitement à l’intensité du propos. Au point de faire dire à Adam Cohen que l’enregistrement était porté par « quelque chose d’astral, un vent assez mystérieux ».

Références bibliques

Au-delà de la portée symbolique de cette collaboration, le fiston reconnaît que la santé déclinante de son père exigeait cette complicité familiale, pour travailler dans sa petite maison du quartier de Mid-Wilshire, à Los Angeles, au rez-de-chaussée de laquelle habite aussi sa fille, Lorca, et ses petits-enfants.
« Il fallait qu’il se sente en grande intimité car il était aussi en grande souffrance, précise Adam. Avec moi, il pouvait chanter en peignoir, sans sortir de son appartement. En n’ayant pas à se soucier des apparences, il a pu se concentrer sur le geste artistique et sur son chant. » De fait, cette voix crépusculaire a rarement été autant dans l’urgence et l’émotion.
La vie de Leonard Cohen a été balisée d’autant de doutes que de quêtes spirituelles, passant aussi bien par l’étude de la kabbale que des textes bouddhistes, par la consommation de LSD que la (récente) fréquentation de maîtres hindouistes. Les innombrables références bibliques de You Want It Darker trahissent-elles une religiosité accentuée par l’approche de la fin ?
« Je ne me suis jamais considéré comme quelqu’un de religieux, rappelait Leonard face aux journalistes. A de rares occasions, j’ai pu sentir la grâce d’une autre présence, mais je ne peux construire aucune structure spirituelle à partir de ça. »
Son vocabulaire biblique reste un héritage culturel et générationnel, explique-t-il. « Il fut un temps où ces références étaient universelles, comprises par tous (…). Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais elles font encore partie de mon paysage. »
Adam Cohen : « Sa vraie religion, c’est d’abord son travail »
« Sa vraie religion, c’est d’abord son travail », insiste son fils Adam. Le fragile octogénaire observe encore une discipline de moine. Levé avant l’aube, il se consacre chaque jour au polissage de textes inédits. Dans la résidence du Canada, son complice Patrick Leonard nous confiait avoir récemment reçu par mail un nouveau texte à mettre en musique. « Je lui ai renvoyé une première proposition, dit en souriant le compositeur. Il m’a écrit un petit mot me disant que c’était trop beau pour mettre des mots dessus. Sa façon à lui de me dire : “Recommence”. »
Adam Cohen n’ose espérer une suite à You Want It Darker. Quoi qu’il arrive, il sait que son père « laissera un vide immense quand il ne sera plus parmi nous ». La veille, Leonard avait encore conclu par une boutade. « J’espère que nous nous reverrons. J’ai l’intention de rester dans les parages jusqu’à 120 ans. »
You Want It Darker, de Leonard Cohen, 1 CD Columbia/Sony. www.leonardcohen.com
  • Stéphane Davet (Los Angeles (Californie), envoyé spécial)
    Journaliste au Monde
Zapping TV : Leonard Cohen, "une légende de la musique qui s'est éteinte"
  • vidéo en cours
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Zapping TV : Leonard Cohen, "une légende de la musique qui s'est éteinte"
  • Hydra, l'île grecque de Leonard Cohen, salue le musicien
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tine Hier
Un génie s'envole
 
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Bloom il y a 4 semaines
Oui. Cohen pour l'élégance avec son public.
 
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Enkidou il y a 4 semaines
Si j'avais été juré Nobel, j'aurais donné le prix conjointement à Cohen et Dylan. Et s'il avait fallu en choisir un seul, je crois que j'aurais choisi Leonard. Cela dit, le prix Nobel, on s'en tamponne, ce qui compte, et qui reste, ce sont les chansons.
wikipédia à jour au 12 novembre à 15 heures 03 & BFF interroge à 15 heures 10

Leonard Cohen
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Cet article ou cette section traite d’une personne morte récemment (7 novembre 2016).
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Leonard Cohen
Description de cette image, également commentée ci-après
Leonard Cohen en 2008.
Informations générales
Nom de naissance
Leonard Norman Cohen
Naissance
Décès
Activité principale
Genre musical
Instruments
Années actives
Labels
Site officiel
Son premier recueil de poésies paraît à Montréal en 1956 et son premier roman en 1963.
Les premières chansons de Cohen (principalement celles de Songs of Leonard Cohen, 1967) sont ancrées dans la musique folk, et chantées avec une voix grave. Dans les années 1970, ses influences se multiplient : musique pop, de cabaret et du monde. Depuis les années 1980, Cohen chante accompagné de synthétiseurs et de choristes.
Dans tous ses travaux, Cohen reprend souvent les mêmes thèmes : l'amour-passion, la religion, la solitude, la sexualité et la complexité des relations interpersonnelles. Leonard Cohen assume sa dépression chronique depuis longtemps et ne se l'est jamais cachée ni ne l'a jamais cachée, allant jusqu'à en parler aux journalistes rassemblés à l'occasion de la conférence de presse sur son album Old Ideas3.
La poésie et les chansons de Leonard Cohen ont influencé de nombreux auteurs-compositeurs-interprètes et on compte plus de 1 500 reprises de ses chansons4. Cohen est introduit au Panthéon de la musique canadienne en 1991, au Panthéon des Auteurs et Compositeurs canadiens en 2006, au Rock and Roll Hall of Fame en 2008. Il est un Compagnon de l'Ordre du Canada (CC) depuis 2003 et Grand Officier de l'Ordre national du Québec (GOQ) depuis 2008, les plus hautes distinctions décernées respectivement par le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec.
Son œuvre poétique a été récompensée par le Prix Prince des Asturies des Lettres 20115.
Sommaire
Biographie
Enfance
Leonard Norman Cohen naît dans une famille juive aisée d'ascendance polonaise en 1934 à Westmount, ville huppée près de Montréal au Québec. Son père, Nathan Cohen, est propriétaire d'un magasin montréalais de vêtements ; il meurt alors que Leonard a 9 ans. Son grand-père paternel, Lyon Cohen, fut le premier président du Congrès juif canadien et fonda le Canadian Jewish TimesTOR 1, premier journal juif de langue anglaise à paraître au Canada. Son grand-père maternel, Solomon Klinitsky-KleinTOR 1, était rabbin. Selon la tradition familiale, les Cohen descendent des CohanimNote 2.
À l'adolescence, il apprend la guitare. Il formera plus tard un groupe d’inspiration country folk, les Buckskin Boys.
Jeunesse
Leonard effectue sa scolarité primaire à la Roslyn School de Westmount, et secondaire, à partir de 1948, à Westmount High College6,TOR 2. En 1951, il entre à l'Université McGill de Montréal.
À l'université, Leonard Cohen rencontre Irving Layton et Louis Dudek, qui l'aident à publier ses premiers poèmes dans une revue d'étudiants, CIV, abréviation de « civilisation » inventée par Ezra PoundTOR 3,7.
Son premier recueil de poésies, Let Us Compare Mythologies, paraît en 1956, édité par McGill Poetry Series, alors qu'il n'est encore qu'un étudiant de premier cycle.
En 1959, Irving Layton lui présente Abraham Moses Klein. La même année, The Spice Box of Earth sort aux éditions McClelland & Stewart, et le rend célèbre dans les cercles de poètes, notamment canadiens. La même année, Leonard obtient une bourse d'études et part pour Londres. Sur place, il achète une machine à écrire Olivetti et un imperméable bleu chez Burberry (c'est celui qui apparaît sur la photo de l'album Songs from a Room ; il lui sera volé en 1968)TOR 4.
Après s'être installé en Grèce, en avril 1960, sur l'île d'Hydra, une île sans voitures qui accueillait une colonie d'artistes anglo-saxons, où il n'y avait ni eau courante ni électricité. Il y achète une maison qu'il gardera quarante ans et y écrit son livre The Spice-Box Of Earth. Cohen publie Flowers for Hitler en 1964, et les romans The Favorite Game (1963) et Beautiful Losers (1966).
The Favorite Game est un roman d'apprentissage autobiographique sur un jeune homme trouvant son identité dans l'écriture. En revanche, Beautiful Losers, s'il peut également être considéré comme un roman d’apprentissage, ne conduit pas au succès du personnage principal (« AntiBildungsroman »), selon une mode post-moderne contemporaine, Cohen détruit l'identité des personnages principaux en mêlant sacré et profane, religion et sexualité dans une langue riche et lyrique, mais aussi très crue8.
Leonard Cohen parolier
Leonard Cohen (1988).
Leonard Cohen s’installe aux États-Unis et commence à chanter dans des festivals folk. En 1966, Judy Collins fait de sa chanson Suzanne un hit. Cette chanson se réfère à Suzanne Verdal, l'ancienne épouse d'un ami personnel, le sculpteur québécois Armand Vaillancourt. Grâce à Judy Collins Leonard fait sa première apparition scénique à New-York le 30 avril 19679,10.
Leonard Cohen ne touche pas d'argent pour la chanson Suzanne : il s'est lié à un arrangeur qui doit retravailler la chanson, mais les deux hommes ne s'entendent pas, et l'arrangeur, après avoir travaillé sur la partition, lui apprend qu'il a signé les documents pour en posséder les droits. La bataille judiciaire dure jusqu'en 1984, et l'arrangeur propose à Leonard de lui revendre les droits au cours d'une rencontre dans un hôtel à New-York. À la question de savoir combien il comptait les lui racheter, Leonard répondit : « un dollar ». Un accord est signé en 1987TOR 5.
John H. Hammond fait signer Leonard Cohen à Columbia Records. Le premier album, Songs of Leonard Cohen, sort en 1967 et contient une version de Suzanne. L'album, empreint de noirceur, sera bien reçu par la critique. Songs from a Room, sort en 1969. Il est considéré comme l'album classique de Leonard, avec les tubes Bird on the Wire, Story of Isaac et The Partisan, le premier titre de Leonard chanté en français.
Le 30 août 1970, Leonard Cohen chante lors du Festival de l'île de Wight 1970 : il se produit au pied levé, à 4 h du matin, juste après la prestation de Jimi HendrixTOR 6.
En 1977, Death of a Ladies' Man est produit par Phil Spector, loin du minimalisme habituel de l'artiste. Recent Songs, plus classique, sort en 1979.
En 1982, il rencontre Dominique Isserman, qui réalise plusieurs portraits de lui et qui devient sa compagne. La même année il écrit une comédie musicale, Night Magic, qui fera l'objet d'un film présenté au festival de Cannes de 1985.
Plaque en l'honneur de Leonard Cohen à l'Hotel Chelsea de New York.
En 1984, sort Various Positions, un album très spirituel, voire mystique, qui contient le célèbre Hallelujah. Columbia refuse de sortir l'album aux États-Unis, où Cohen a toujours eu un succès bien moindre qu'en Europe ou au Canada. En 1986, il apparaît dans un épisode de Deux flics à Miami. En 1988, I'm Your Man marque un changement dans l'écriture et la composition. Les synthétiseurs sont très présents et l'écriture est plus engagée et teintée d'humour noir.
Le retrait
En 1994, à la suite de la promotion de son album The Future, Leonard Cohen se retire dans un monastère bouddhiste, le Mount Baldy Zen Center près de Los Angeles. En 1996, il est ordonné moine bouddhiste Zen, comme Jikan, Dharma dont le nom signifie « Le Silencieux ». Il quitte finalement Mount Baldy au printemps 1999. Pendant cette période il ne produit aucune chanson, jusqu'à l'album Ten New Songs en 2001, album très influencé par Sharon Robinson, et en 2004 Dear Heather, fruit d'une collaboration avec sa compagne, la chanteuse de jazz Anjani Thomas.
En 2005, Leonard Cohen poursuit en justice son ancienne manager, Kelley Lynch, pour détournement de fonds (5 millions USD). En mars 2006, il obtient gain de cause pour 9 millions USD, ainsi que l'a statué la Cour supérieure du comté de Los Angeles. Cependant, le jugement est totalement ignoré par Lynch, qui n'a pas répondu à subpoena, injonction du tribunal.[réf. nécessaire]
En 2006, Cohen fait paraître un nouveau recueil de poèmes poésies, Book of Longing et Blue Alert, coécrit avec Anjani Thomas. Parallèlement, le documentaire Leonard Cohen: I'm Your Man sort en salle. Il s'agit d'un assemblage d'interviews récentes réalisées pour les besoins du film, et de prestations live d'artistes (Nick Cave, Rufus Wainwright, Jarvis Cocker) lors d'un concert hommage. Il fait sa première réapparition publique dans une librairie de Toronto le 13 mai 2006, chantant So Long, Marianne et Hey, That's No Way To Say Goodbye, accompagné par The Barenaked Ladies et Ron Sexsmith. En 2007, Philip Glass, le compositeur de musique contemporaine, met en musique son recueil Book of Longing et donne la première, avec Leonard Cohen en récitant, de l'œuvre le 1er juin 2007 à Toronto lors du Luminato Festival. Leonard Cohen réside dans le quartier dit « portugais » du Plateau Mont-Royal à Montréal, sa ville natale.
Le retour sur scène et la mort
2008 est l'année du grand retour sur scène de Leonard Cohen, âgé de 73 ans, pour une tournée mondiale. Les critiques et le public sont enthousiastes11 malgré le prix élevé des placesNote 3.
Leonard Cohen meurt dans la nuit du 7 au 8 novembre 2016 à 82 ans, juste quatre mois après Marianne Ihlen, sa muse.
Il est inhumé le 10 novembre 2016 à Montréal, sa ville natale, dans le cimetière juif de la congrégation Shaar Hashomayim (en) où reposent de nombreux membres de sa famille12. Sa mort est annoncée à l’issue de la cérémonie1,13.
Vie privée
Ses compagnes
En 1960, il rencontre sur l'île de Hydra la Norvégienne Marianne Ihlen qui sera sa muse et lui inspirera So Long, Marianne en 1968, ou Bird on the Wire en 1969. Après leur séparation, ils continueront à être très proches et Leonard Cohen lui écrira une dernière lettre d'amour juste avant qu'elle ne meure en juillet 2016 :
« Nous sommes arrivés au point où nous sommes si vieux, nos corps tombent en lambeaux, et je pense que je te rejoindrai bientôt. Sache que je suis si près derrière toi, que si tu tends la main tu peux atteindre la mienne. Et tu sais que j’ai toujours aimé ta beauté et ta sagesse et je n’ai pas besoin d’en dire plus parce que tu sais tout cela. Je veux seulement te souhaiter un très beau voyage. Au revoir ma vieille amie. Mon amour éternel. Rendez-vous au bout du chemin 14. »
Pendant les années 1970, il vit avec Suzanne Elrod, dont il a deux enfants, Adam Cohen né en 1972, et Lorca Cohen, née en 1974TOR 7.
Il a ensuite une relation avec Dominique Issermann puis avec Rebecca De Mornay[réf. nécessaire].
Leonard Cohen était grand-père : le 2 février 2011, sa fille Lorca a eu une fille de Rufus WainwrightNote 4.
Un juif pratiquant
Dans un article du New York Times consacré à son retour sur scène, il est mentionné15 : « Monsieur Cohen est un juif observant qui respecte le Shabbat même lorsqu'il est en tournée et il chanta pour les troupes israéliennes durant la guerre israélo-arabe de 197316,17,18, 19. Alors comment peut-il concilier sa foi avec sa pratique continue du zen ? »
« Allen Ginsberg me posa la même question, il y a de nombreuses années. Eh bien, pour commencer, dans la tradition du Zen que j'ai pratiquée, il n'y a pas de service de prière et il n'y a pas d'affirmation de déité. Donc, théologiquement, il n'y a pas d'opposition aux croyances juives. »
Malgré son amour pour Israël, il a également exprimé sa tristesse quant au militarisme qu’il rencontrait. Sous la pression du mouvement boycott Israël, il a annulé un concert de 2009, et à la place il a fait un don important à un groupe qui fait avancer le dialogue entre les Arabes et les Juifs20. Fausse info Leonard Cohen a bel et bien été en Israël en 2009 http://www.setlist.fm/setlist/leonard-cohen/2009/ramat-gan-stadium-tel-aviv-israel-33d784f1.html
Discographie
Albums studio
New Skin for the Old Ceremony sorti en 1974 comme 4e album studio.
Albums en public
Compilations
Livres
  • Let Us Compare Mythologies (poésie), 1956
  • The Spice-Box of Earth (poésie), 1961
  • The Favourite Game (roman), 1963, trad. Michel Doury, 1971, The Favorite Game, rééd. 2002, Jeux de dames
  • Flowers for Hitler (poésie), 1964
  • Beautiful Losers (roman), 1966, trad. Michel Doury, 1972, Les Perdants magnifiques
  • Parasites of Heaven (poésie), 1966
  • Selected Poems 1956–1968 (poésie), 1968, trad. Anne Rives, Allan Kosko, Jacques Vassal, Jean Dominique Brierre, 1972, Poèmes et chansons
  • The Energy of Slaves (poésie), 1972, trad. Dashiell Hadeyat, 1974, L'Énergie des esclaves
  • Death of a Lady's Man (poésie et prose), 1978, trad. Serge Grünberg, 1980, Mort d'un séducteur
  • Book of Mercy (poésie, prose et psaumes), 1984, trad. Jacques Vassal, 1985, Le Livre de miséricorde
  • Stranger Music (poèmes choisis et textes de chansons), 1993, trad. Jean Guiloineau, 1994, Musique d'ailleurs, trad. Michel Garneau, 2000, Étrange musique étrangère
  • Book of Longing (poésie, prose, dessins), 2006, trad. Michel Garneau, 2007, Livre du constant désir, trad. Jean-Dominique Brierre et Jacques Vassal, 2008, Le Livre du désir
Filmographie
Distinctions
Récompenses
  • 1991 : Introduction au Panthéon de la musique canadienne (lauréat)
  • 1993 : Interprète masculin de l'année (lauréat)
  • 1993 : Meilleur vidéoclip pour Closing Time de Curtis Wehrfritz (lauréat)
  • 1994 : Compositeur de l'année (lauréat)
  • 2013 : Artiste de l'année (lauréat)
  • 2013 : Compositeur de l'année pour Amen, Going Home et Show Me the Place (lauréat)
  • 2015 : Album de l'année pour Popular Problems (lauréat)
Nominations
  • 1989 : Artiste canadien de l'année (nomination)
  • 1989 : Interprète masculin de l'année (nomination)
  • 1991 : Compositeur de l'année (nomination)
  • 1993 : Producteur de l'année pour Closing Time et The Future (nomination)
  • 1994 : Album de l'année pour The Future (nomination)
  • 1994 : Meilleur vidéoclip pour The Future de Curtis Wehrfritz (nomination)
  • 2002 : Meilleur artiste (nomination)
  • 2002 : Meilleur compositeur pour In My Secret Life, You Have Loved Enough et Boogie Street (nomination)
  • 2002 : Meilleur album pop pour Ten New Songs (nomination)
  • 2002 : Meilleur vidéoclip pour In My Secret Life de Floria Sigismondi (nomination)
  • 2013 : Prix Juno choix du public (nomination)
  • 2015 : Artiste de l'année (nomination)
  • 2015 : Prix Juno choix du public (nomination)
  • 2015 : Album adulte alternatif de l'année pour Popular Problems (nomination)
Autres prix
Albums, reprises et évocations
Albums consacrés à Leonard Cohen
On compte au moins 33 albums de reprises dans le monde entier, non-anglophones pour la plupart.
Reprises
Beaucoup de chansons de Cohen ont été interprétées (et parfois traduites dans d'autres langues) par d'autres artistes, et certaines ont rencontré plus de succès que les versions de Cohen. Les plus connues sont :
Pour ce qui est du public francophone, les adaptations de ses chansons par Graeme Allwright, à partir de 1968, ont beaucoup participé à leur célébrité (notamment Suzanne, L'Étranger, Les sœurs de la miséricorde, Vagabonde, De passage, Je voulais te quitter, Si c'est ta volonté et Danse avec moi jusqu'à la fin de notre amour).
À l'inverse, il est parfois arrivé à Cohen de reprendre des chansons composées par d'autres en en proposant sa propre vision. La plus connue est certainement Leaving Greensleeves (album A new skin for the old ceremony), reprise du célèbre Greensleeves attribué au roi Henri VIII d'Angleterre. Remarquable également, The Partisan, ré-interprétation de la Complainte du partisan écrite par Emmanuel d'Astier de la Vigerie avec une musique par Anna Marly (coautrice par ailleurs avec Maurice Druon et Joseph Kessel du célèbre Chant des partisans). Autre chanson francophone qu'il mit à son répertoire : Un Canadien errant.
La version revisitée par Cohen de la Complainte du Partisan fut à son tour reprise par Buffy Sainte-Marie en 1974 (sous le titre Song of The French Partisan), par Sixteen Horsepower & Noir Désir, par Yules et par Electrelane.
Le 11 juillet 2008, le site leonardcohenfiles.com recensait 1 507 reprises de Cohen.
Évocations artistiques
  • Le nom de Leonard Cohen est mentionné dans la chanson Pennyroyal Tea du groupe Nirvana (1993), alors que Kurt Cobain chante : « Give me a Leonard Cohen afterworld / So I can sigh eternally. »
  • L'auteur compositeur interprète Rufus Wainwright, dans sa chanson want, dit : « I don't want, no I really don't want to be John Lennon or Leonard Cohen. »
  • Vincent Delerm dans son album Quinze chansons en 2008 a consacré la chanson From a room (no 12) à l'album de Leonard Cohen du même nom. Le petit texte récité par Alka Balbir fait référence à l'image derrière la pochette de l'album Songs from a Room.
  • Le groupe de rock gothique The Sisters of Mercy tire son nom de la chanson de Leonard Cohen du même nom.
  • Le groupe belge dEUS cite également le nom de Leonard Cohen dans la chanson Smokers Reflect sur leur album Vantage Point, sorti en 2008.
  • Le groupe américain de pop psychédélique Mercury Rev cite son nom dans la chanson A Drop In Time de l'album All Is Dream : « But I was caught like a fleeting thought, Stuck inside of Leonard Cohen's mind. »
  • La chanson Come Healing peut être entendue à la fin de l'épisode 1 de la sixième saison de la série Sons Of Anarchy.
  • La chanson Nevermind est la musique du générique de la saison 2 de True Detective.
  • La chanson Everybody Knows est diffusée dans le générique de début du film Pump Up the Volume. La Chanson est également utilisée dans le générique de fin du film The Program et dans le documentaire Demain.
  • Le duo Birds on a Wire, formé de Dom La Nena et Rosemary Standley, tire son nom de la chanson de Leonard Cohen du même nom.
Notes et références
Notes
  1. Son décès, survenu le 7 novembre 2016, n'a été annoncé que le 10 novembre.
  2. « J'ai été élevé comme un Messie. On me disait que je descendais d'Aaron », dit Cohen à Richard Golstein en 1967[réf. nécessaire].
  3. Tarifs de 95 à 161 euros pour le concert à l'Olympia de Paris.
  4. Tous les deux élèveront l'enfant et Rufus Wainwright a annoncé que Lorca Cohen n'est pas que la mère porteuse de l'enfant, et que Jorn Weisbrodt, l'homme avec qui Rufus partage sa vie depuis quelques années, agira comme « père adjoint » (cf. article « Rufus Wainwright et la fille de Leonard Cohen sont parents [archive] » du 21 février 2011, sur le site canoe.ca [archive], consulté le 11 novembre 2016).
  5. À l'instar d'Hubert Aquin qui a refusé le même prix, mais francophone, la même année.
Références Tordjman
  1. a et b TOR 2006, p. 10.
  2. TOR 2006, p. 13.
  3. TOR 2006, p. 24.
  4. TOR 2006, p. 38.
  5. TOR 2006, p. 127.
  6. TOR 2006, p. 72.
  7. TOR 2006, p. 66.
Autres références
  1. a, b et c (en) Matt Schudel, « Leonard Cohen, singer-songwriter of love, death and philosophical longing, dies at 82 », The Washington Post,‎ 10 novembre 2016 (ISSN 0190-8286, lire en ligne [archive])
  2. « Dark, Brooding, Somber, Artsy Leonard Cohen Dies at 82... » [archive], sur Digital Music News,‎ 10 novembre 2016 (consulté le 11 novembre 2016)
  3. Compte-rendu par Dominique Simonet, journaliste musical à la Libre Belgique, de la conférence de presse à L'Hôtel Crillon de Paris, le 16 janvier 2012 (Bonjour quand même, chronique en radio du 31 janvier 2012 par Jean-Pierre Hautier).
  4. (en)Covers of L. Cohen [archive].
  5. Grégoire Leménager, « Leonard Cohen sacré prince des poètes » [archive], sur nouvelobs.com [archive],‎ 1er juin 2011 (consulté le 11 novembre 2016).
  6. « Westmount High School » (ArchiveWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Commission scolaire English-Montréal [archive], consulté le 11 novembre 2016
  7. Kenneth White, "Ezra Pound", Robert-Laffont, 1983.
  8. Pour avoir un bon aperçu des travaux écrits de Cohen, voyez Steven Scobie, Leonard Cohen, Douglas & McIntyre, Vancouver, 1978.
  9. « Leonard Cohen : playlist commentée » [archive], sur Archives de histoires_courtes.voila.net [archive],‎ 3 juillet 2013 (consulté le 11 novembre 2016)
  10. Jan Swafford, « Leonard Cohen, le plus grand parolier du monde » [archive], sur slate.fr [archive],‎ 19 février 2012 (consulté le 11 novembre 2016).
  11. « Leonard Cohen la tournée du retour » [archive], Sylvain Siclier, Le Monde, 29 juin 2008.
  12. Hugo Pilon-Larose, « Leonard Cohen déjà enterré à Montréal », La Presse, 11 novembre 2016 [lire en ligne [archive]]
  13. « Leonard Cohen a été inhumé à Montréal » [archive], Le Figaro, 11 novembre 2016.
  14. « «Au revoir mon amour éternel » : les derniers mots de Leonard Cohen à sa muse », Libération.fr,‎ 7 août 2016 (lire en ligne [archive])
  15. (en) Larry Rother, « On the Road, for Reasons Practical and Spiritual », The New York Times, 25 février 2009.
  16. (en) Seth Rogovoy, « Is Leonard Cohen's New Song His Most Jewish Ever? Forward » [archive], 21 septembre 2016.
  17. (en) « Adam Eliyahu Berkowitz. Biblical Tribute To Jewish Singer/Songwriter Leonard Cohen. » [archive], sur breakingisraelnews, 11 novembre 2016.
  18. (en) « Jewish Singer and Songwriter Leonard Cohen, 82. » [archive], The Jewish Press, New York, 11 novembre 2016.
  19. (en) Jeffrey Salkin, « How Leonard Cohen taught Judaism to the World. Remembrance. » [archive], Religion News Service, 11 novembre 2016
  20. « Leonard Cohen, le compositeur et chanteur, Juif canadien meurt à 82 ans » [archive], sur alyaexpress-news.com (consulté le 11 novembre 2016)
  21. « Leonard Cohen vient nous chanter la prière de sa mort » [archive], Le mag (consulté le 21 octobre 2016).
  22. Leonard Cohen la tournée du retour [archive].
  23. « Cohen, Leonard : Prix Denise-Pelletier 2012 » [archive].
  24. [vidéo] (en) TLSPVEVO, « The Last Shadow Puppets - Is This What You Wanted (Official Video) » [archive], sur YouTube [archive],‎ 17 octobre 2016 (consulté le 11 novembre 2016).
Voir aussi
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Bibliographie
  • Alain-Guy Aknin et Stéphane Loisy, Leonard Cohen, le gagnant magnifique, Editions Didier Carpentier, 2012.
  • [TOR2006] Gilles Tordjman, Leonard Cohen, Castor astral, 2006 (ISBN 978-2-85920-671-0)
  • (es) Leonard Cohen, la biografía, Libros Cúpula, 2010
  • (en) Anthony Reynolds, Leonard Cohen, a remarkable life, Omnibus Press, 2010
Liens externes
Dernière modification de cette page le 12 novembre 2016, à 15:03.

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