samedi 5 novembre 2016

le livre - suite du chapitre III de la lettre ouverte à François Hollande : vous serez réélu, mais par défaut et sans vous être converti



L’imagination de coûte rien, que de la libérer. Exprimée, elle requiert bien sûr l’examen pour la mise en pratique de ses trouvailles et de chacun de ses fruits. Mais l’important, c’est le jaillissement. Nos sources sont cimentées, des statues dessus, mlais lus d’eau, pas de vivacité, pas de mouvement, pas de ferveur. C’est évident en ces débuts de campagne présidentielle affirmée : tout est tari, sec. Je reconnais que votre idée, que vous n’avez su rendre dominante, ni instituer d’application générale : la négociation par le dialogue et dont il est ensuite pris acte, avait du corps. Mais elle a été canalisée et même asservie par son objet : la création d’emplois à laquelle le patronat s’engagerait, on la chiffrerait même, en échange de concessions de l’Etat pour les charges sociales et même la fiscalité. Mais la démocratie n’est pas une ingéniosité, elle est la liberté et une liberté mutuellement considérée entre les personnes, les personnes physiques. Les morales, dans le système non écrit actuel, car l’écrire serait donner prise et aller à la honte…, les personnes morales, aujourd’hui, sont privilégiées, en tout, par rapport aux personnes physiques. L’essence et le fond de l’implacabilité des relations sociales contemporaines sont là. Une création asservit ses créateurs. L’oppression serait plus inventive que la liberté ? A terme pas forcment long, surtout quand la dictature ou les dogmes prétendent à l’éternité. Chez nous, l’oppression semble douce, malgré le nombre de ses victimes, le nombre de vies gâchées, d’espérances rencontrant la dure impasse.

La démocratie ne se définit pas, ne se légifère pas, elle se respire. On sait très bien si l’on vit dans son atmosphère, son ambiance,s elon sa portance ou pas. Après avoir brocardé de Gaulle pendant les derniers sursauts des « événements de Mai 68 » [1] sur la participation, thème déjà sien depuis Londres et les premiers mois de l’aventure en France libre, et qui était l’aprofondissement, la pratique précise de la démocratie, la traduction factuelle du concept et de l’ambition, après avoir complètement oublié jusqu’au mot,  voici qu’il revient à chacune de nos campagnes présidentielles : Ségolène Royal, que j’étais allé écouter et évaluer au Zénit de Nantes, bellement mise en scène par Jean-Marc Ayrault, au physique alors très mitterrandien et faisant déjà figure d’avenir, et plus encore par Robert Badinter, appela à la démocratie participative et évoqua un referendum dès l’automne de son élection. C’était 2007. François Bayrou avait le même projet d’un referendum instituant pour l’automne de 2012 s’il avait eu la place. Enfin, maintenant, l’une des compétitrices à la primaire dite de la droite et du centre, élabore des consultations d’initiative populaire, le chrétien-démocrate aussi pour faciliter l’ouverture consentie en révision constitutionnelle par votre prédécesseir. Vous-même constatez qu’il faut bien que les gens décident, ou au moins soient consultés quand… vous avez pourtant, pendant tout ce quinquennat, affiché une ignorance totale de la consultation et de la délibération. Sans doute avez-vous cherché dans la « négociation sociale », mais sans droit ni appui de la manifestation populaire, une forme concrète, organisée de la délibération à objet limité, qui serait ensuite législativement consacrée. La certitude est qu’en 1969, de Gaulle devenu imprévisible pour ceux qu’après lui, on appellerait la droite, et dangereux dans la logique de ses projets sociaux et participatifs, fut renversé à l’occasion bénie du referendum auquel il avait appelé, bien par ces gens et non par la gauche. En tout cas pas par les électeurs de celle-ci, notamment les ouvriers et les petits salariés. C’est d’ailleurs cette part-là de l’électorat dit gaulliste qui abandonna le plus tard et le moins en 1974 la candidature présidentielle de Jacques Chaban-Delmas.

Un gouvernement, un Etat seront jugés à l’agrandissement ou à la création, quand ils faisaient défaut, des espaces de liberté. Que celle-ci soit restreinte pour de fortes raisons et à des fins collectives de sécurité, de sauvegarde, de perpétuation, ce n’est admissible que consenti. Et pour qu’apparaissent des alternatives en tout choix, à peine que celui-ci ne soit qu’une obligation, que la voie unique, il faut la délibération, il faut la multiple expression. La collégialité dans les organes de ce que nos auteurs, au temps des Lumières – au temps de Louis XV et des vœux philisophique d’un despotisme éclairé – appelèrent les trois pouvoirs. Vous et vos prédécesseurs depuis deux décennies ignorez, manifestement, la maghie du travail ensemble, de l’écriture composée, des ratures et de ce qui se vit en dynamique de groupe, dit-on depuis quelque temps. Pas les « think tanks », rien de dédidé a priori. Mais le goûit, l’habitude, la saveur de l’élaboration à plusieurs.

Le civisme n’a pas d’autre sens. Citoyens pour ne rien faire ? adhérents pour seulement applaudir ? ou par vote successifs, éliminer les mandataires ou en faire surgir quelques-uns ? non, c’est la participation de tous au pouvoir. Elle est parlante et crûe,  la distinction des actifs et des passifs [2] quand, aux aubes de notre nouveau régime, faute que le roi et le peuple, ensemble, aient su réformer ou plutôt mettre à jour l’ancien qui avait si bien fonctionné et rendu tellement des ervice, dont celui de faire naître, grandir et porter à maturité notre pays, la France, on avait inventé le suffrage censitaire. Pratiquement, nous y sommes revenus. Sans doute le droit de vote est-il universel, mais si les choix proposés, dont les libellés n’ont pas été délibérés autrement qu’à huis clos, ne sont pas acceptable en conscience ou pfratqiuement pour beaucoup, que faire ? c’est-à-dire que vivre ? Depuis le second referendum de 1962 – celui qui après la consultation algérienne, posa la question d’un mode absolu pour la désignation du président de la République chez nous, tel qu’il ait de l’envergure… on ne parlait pas du tout à l’époque de moyens tirés de cette élection pour gouverner, il n’était envisagé par de Gaulle que de nous donner la possibilité après lui, de disposer à notre tête de dirigeants ayant de l’étoffe. Il oarlait – lui – d’équation personneelle. Aujourd’hui, nous élisons sur copie. Copie d’un modèle obligé de politicien, soi-disant au courant des modes et problèmes de vie de ses concitoyens, personnalité dite de terrain. Et copie dont les alignements de candidats, debout chacun à leur pupitre, nous donne la représentation spectaculaire, copie à rendre sur une série de sujets, les QCM [3]qui ont remplacé les dissertations ou les exercices pratiques. On croisillonne sur la dépense publique, les effectifs de policiers, le redoublement d’un mandat présidentiel, les degrés de parités, voire même le respect du résultat de l’exercice. L’expression ests en cage et c’est pourtant réputé le fin du fin de la démocratie, puisqu’à la racine la plus intime d’une éventuelle candidature.

La démocratie n’est pas du droit. Qu’elle se protège, oui, et même par traités et conventions. Ce que ne vit pas très bien la France, a toutes époques depuis l’apparition des juridictions internationales, au point qu’à présent nous parlons davantage de réformer ces compétences soi-disant attentatoires à notre souveraineté, que d’améliorer la participation de l’ensemble des ressortissants européens aux institutions dont ces juridictions ne sont qu’une part. La réalité est que la démocratie se fonde, s’organise, survient natureellement. Elle est prise de conscience d’une dignité personnelle. Personne physique, individuelle. Personne collective, un peuple. La réplique de Mirabeau à Dreux-Brézé [4], et pourtant le même Mirabeau s’il avait vécu quelques années de plus, eût exprimé et pratiqué la synthèse entre l’ancien et le nouveau régime pour nous. Le roi y était prêt. Depuis que la tête de Louis XVI a été tranchée, on a cherché bien plus que la République, le contrôle du pouvoir exécutif par ldes systèmes délibératifs, on a cherché et c’est bien la question d’aujourd’hui à réinventer quelque chose remplissant les fonctions millénaires dont nous avons besoin : une puissance arbitrale faisant droit. La rédaction, inspirée par l’homme du 18-Juin, de ce qu’est, selon notre Constitution, le président de la République, consacré précisément le terme : l’arbitrage… le fonctionnement régulier des pouvoirs publics. Faute de pratiquer un tel esprit, nos iunstitutions sont coercitives. Cela peut s’admettre pour recouvrer les impôts, pour maintenir l’ordre public, mais pas pour décider les lois, pas pour faire notre avenir. La pédagogie des dirigés par les dirigeants n’est pas la démocratie, et si c’est une République, elle est oligarchique, elle est cooptative. Elle est actuellement notre régime, et – exactement comme la dogmatique libérale – elle se juge à ses résultats. Faible croissance, chômage, expropriation de pays et de peuples à qui leur patrimoine est arraché, patrimoine intellectuel, industriel, agricole et bientôt territorial : le libéralisme ne produit pas le mieux-être au meilleur prix par la concurrence des offres, il incite à la concentration et à la contrainte statistique des consommateurs empêchés d’être aussi des producteurs. Assemblées soumises au chantage de la confiance pour qu’elles votent des textes, arrivés on n’avoue pas comment sur leur bureau. Chantage qui n’est d’ailleurs à demi car si la défiance vis-à-vis du referendum est avouée par presque tous, ou de fait par sa chute en désuétude pendant votre mandat autant que pendant celui de votre prédécesseur, la dissolution n’est plus jamais évoquée. En ce sens, si la censure l’avait emporté contre le projet de loi Travail, il est probable que vous y auriez vous-même gagné, et surtout vous-même, et peut-être votre place dans notre Histoire et dans celle des avancées de la gauche, quand elle a le pouvoir : en effet, vous n’auriez pas dissous l’Assemblée nationale vous rappelant vos origines politiques et de convictions exprimées, vous auriez changé le gouvernement et le Premier ministre. Tandis que de Gaulle dissolvait la « chambre basse » et rendait signifiante la démocratie. A l’automne de 1962, il passait ainsi outre au refus de la plupart des personnels politiques des Républiques antérieures de toute démocratie directe. Au printemps de 1968, il nous faisait juge, non du mouvement étudiant, non de la grève générale qui avait saisi la belle occasion et qui aboutit à de substantiels progrès sociaux – car on négocia de force à force, une société en transformation vive et un pouvoir légitime, établi en institutions et en son chef, comme jamais nous n’en avions eu depuis la Révolution – de Gaulle alors nous faisait juge de la façon d’interpréter les « événements », d’en tirer leçon et parti. Puis nous revînmes sur cette option, quand il nous fut demandé de la confirmer [5].

Le fond d’une ambiance n’est pas son cadre, son lieu, ses enceintes, il est le mouvement de l’air, la respiration celles et ceux qui y sont, en sont et la font.

Si vous-mêmes, vos compétiteurs, vos critiques, la majorité que vous eûtes initialement dans nos cœurs et intelligences, ainsi qu’au Palais-Bourbon [6] ne distinguez pas que nous ne sommes que très partiellement, que nominalement en démocratie – j’observe et raisonne pour le niveau national, car nous vivons chez nous, selon les endroits, des systèmes féodaux ou des laboratoires véritables de civisme et de consultation permanente, et plus généralement une sincère démocratie locale selon les textes et de la considération mutuelle : la vie qutidienne ensemble ne la facilite pas, elle la rend naturelle et l’imposerait au besoin – c’est qu’en vous s’est tarie quelque chose, qu’il y a des obturations.

Ces expériences de psychologie personnelle et collective qui concordent – celles, toutes, de la démocratie :




Reniac, à ma table de travail,
samedi 5 Novembre 2016, 09 heures 25 à 11 heures 16



[1] - Michel Rocard, parangon de l’honnêteté intellectuelle et du « parler vrai » mit à la mode la conjugaison : je participe… etc… nous participons, vous participez, ils profitent.

[2] - expliquer

[3] - questions à choix multiples – expliciter et trouver l’origine, et aussi le pourquoi de sa généralisation

[4] - le dialogue célèbre

[5] - les consultations et projets de consultation de Mai 1968 à Avril 1969, libellé et esprit

[6] - statistiques de l’élection présidentielle et composition de l’Assemblée nationale

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