L’imagination
de coûte rien, que de la libérer. Exprimée, elle requiert bien sûr l’examen
pour la mise en pratique de ses trouvailles et de chacun de ses fruits. Mais
l’important, c’est le jaillissement. Nos sources sont cimentées, des statues
dessus, mlais lus d’eau, pas de vivacité, pas de mouvement, pas de ferveur.
C’est évident en ces débuts de campagne présidentielle affirmée : tout est
tari, sec. Je reconnais que votre idée, que vous n’avez su rendre dominante, ni
instituer d’application générale : la négociation par le dialogue et dont
il est ensuite pris acte, avait du corps. Mais elle a été canalisée et même
asservie par son objet : la création d’emplois à laquelle le patronat
s’engagerait, on la chiffrerait même, en échange de concessions de l’Etat pour
les charges sociales et même la fiscalité. Mais la démocratie n’est pas une
ingéniosité, elle est la liberté et une liberté mutuellement considérée entre
les personnes, les personnes physiques. Les morales, dans le système non écrit
actuel, car l’écrire serait donner prise et aller à la honte…, les personnes
morales, aujourd’hui, sont privilégiées, en tout, par rapport aux personnes
physiques. L’essence et le fond de l’implacabilité des relations sociales
contemporaines sont là. Une création asservit ses créateurs. L’oppression
serait plus inventive que la liberté ? A terme pas forcment long, surtout
quand la dictature ou les dogmes prétendent à l’éternité. Chez nous,
l’oppression semble douce, malgré le nombre de ses victimes, le nombre de vies
gâchées, d’espérances rencontrant la dure impasse.
La
démocratie ne se définit pas, ne se légifère pas, elle se respire. On sait très
bien si l’on vit dans son atmosphère, son ambiance,s elon sa portance ou pas.
Après avoir brocardé de Gaulle pendant les derniers sursauts des
« événements de Mai 68 » [1]
sur la participation, thème déjà sien depuis Londres et les premiers mois de
l’aventure en France libre, et qui était l’aprofondissement, la pratique
précise de la démocratie, la traduction factuelle du concept et de l’ambition,
après avoir complètement oublié jusqu’au mot,
voici qu’il revient à chacune de nos campagnes présidentielles :
Ségolène Royal, que j’étais allé écouter et évaluer au Zénit de Nantes, bellement mise en scène par Jean-Marc Ayrault, au
physique alors très mitterrandien et faisant déjà figure d’avenir, et plus
encore par Robert Badinter, appela à la démocratie participative et évoqua un
referendum dès l’automne de son élection. C’était 2007. François Bayrou avait
le même projet d’un referendum instituant pour l’automne de 2012 s’il avait eu
la place. Enfin, maintenant, l’une des compétitrices à la primaire dite de la
droite et du centre, élabore des consultations d’initiative populaire, le
chrétien-démocrate aussi pour faciliter l’ouverture consentie en révision
constitutionnelle par votre prédécesseir. Vous-même constatez qu’il faut bien
que les gens décident, ou au moins soient consultés quand… vous avez pourtant,
pendant tout ce quinquennat, affiché une ignorance totale de la consultation et
de la délibération. Sans doute avez-vous cherché dans la « négociation
sociale », mais sans droit ni appui de la manifestation populaire, une
forme concrète, organisée de la délibération à objet limité, qui serait ensuite
législativement consacrée. La certitude est qu’en 1969, de Gaulle devenu
imprévisible pour ceux qu’après lui, on appellerait la droite, et dangereux
dans la logique de ses projets sociaux et participatifs, fut renversé à
l’occasion bénie du referendum auquel il avait appelé, bien par ces gens et non
par la gauche. En tout cas pas par les électeurs de celle-ci, notamment les
ouvriers et les petits salariés. C’est d’ailleurs cette part-là de l’électorat
dit gaulliste qui abandonna le plus tard et le moins en 1974 la candidature
présidentielle de Jacques Chaban-Delmas.
Un
gouvernement, un Etat seront jugés à l’agrandissement ou à la création, quand
ils faisaient défaut, des espaces de liberté. Que celle-ci soit restreinte pour
de fortes raisons et à des fins collectives de sécurité, de sauvegarde, de
perpétuation, ce n’est admissible que consenti. Et pour qu’apparaissent des
alternatives en tout choix, à peine que celui-ci ne soit qu’une obligation, que
la voie unique, il faut la délibération, il faut la multiple expression. La
collégialité dans les organes de ce que nos auteurs, au temps des Lumières – au
temps de Louis XV et des vœux philisophique d’un despotisme éclairé –
appelèrent les trois pouvoirs. Vous et vos prédécesseurs depuis deux décennies
ignorez, manifestement, la maghie du travail ensemble, de l’écriture composée,
des ratures et de ce qui se vit en dynamique de groupe, dit-on depuis quelque
temps. Pas les « think tanks », rien de dédidé a priori. Mais le
goûit, l’habitude, la saveur de l’élaboration à plusieurs.
Le
civisme n’a pas d’autre sens. Citoyens pour ne rien faire ? adhérents pour
seulement applaudir ? ou par vote successifs, éliminer les mandataires ou
en faire surgir quelques-uns ? non, c’est la participation de tous au
pouvoir. Elle est parlante et crûe, la distinction
des actifs et des passifs [2]
quand, aux aubes de notre nouveau régime, faute que le roi et le peuple,
ensemble, aient su réformer ou plutôt mettre à jour l’ancien qui avait si bien
fonctionné et rendu tellement des ervice, dont celui de faire naître, grandir
et porter à maturité notre pays, la France, on avait inventé le suffrage
censitaire. Pratiquement, nous y sommes revenus. Sans doute le droit de vote
est-il universel, mais si les choix proposés, dont les libellés n’ont pas été
délibérés autrement qu’à huis clos, ne sont pas acceptable en conscience ou
pfratqiuement pour beaucoup, que faire ? c’est-à-dire que vivre ?
Depuis le second referendum de 1962 – celui qui après la consultation
algérienne, posa la question d’un mode absolu pour la désignation du président
de la République chez nous, tel qu’il ait de l’envergure… on ne parlait pas du
tout à l’époque de moyens tirés de cette élection pour gouverner, il n’était
envisagé par de Gaulle que de nous donner la possibilité après lui, de disposer
à notre tête de dirigeants ayant de l’étoffe. Il oarlait – lui – d’équation
personneelle. Aujourd’hui, nous élisons sur copie. Copie d’un modèle obligé de
politicien, soi-disant au courant des modes et problèmes de vie de ses
concitoyens, personnalité dite de terrain. Et copie dont les alignements de
candidats, debout chacun à leur pupitre, nous donne la représentation
spectaculaire, copie à rendre sur une série de sujets, les QCM [3]qui
ont remplacé les dissertations ou les exercices pratiques. On croisillonne sur
la dépense publique, les effectifs de policiers, le redoublement d’un mandat
présidentiel, les degrés de parités, voire même le respect du résultat de
l’exercice. L’expression ests en cage et c’est pourtant réputé le fin du fin de
la démocratie, puisqu’à la racine la plus intime d’une éventuelle candidature.
La
démocratie n’est pas du droit. Qu’elle se protège, oui, et même par traités et
conventions. Ce que ne vit pas très bien la France, a toutes époques depuis
l’apparition des juridictions internationales, au point qu’à présent nous
parlons davantage de réformer ces compétences soi-disant attentatoires à notre
souveraineté, que d’améliorer la participation de l’ensemble des ressortissants
européens aux institutions dont ces juridictions ne sont qu’une part. La
réalité est que la démocratie se fonde, s’organise, survient natureellement.
Elle est prise de conscience d’une dignité personnelle. Personne physique,
individuelle. Personne collective, un peuple. La réplique de Mirabeau à
Dreux-Brézé [4], et
pourtant le même Mirabeau s’il avait vécu quelques années de plus, eût exprimé
et pratiqué la synthèse entre l’ancien et le nouveau régime pour nous. Le roi y
était prêt. Depuis que la tête de Louis XVI a été tranchée, on a cherché bien
plus que la République, le contrôle du pouvoir exécutif par ldes systèmes
délibératifs, on a cherché et c’est bien la question d’aujourd’hui à réinventer
quelque chose remplissant les fonctions millénaires dont nous avons
besoin : une puissance arbitrale faisant droit. La rédaction, inspirée par
l’homme du 18-Juin, de ce qu’est, selon notre Constitution, le président de la
République, consacré précisément le terme : l’arbitrage… le fonctionnement
régulier des pouvoirs publics. Faute de pratiquer un tel esprit, nos
iunstitutions sont coercitives. Cela peut s’admettre pour recouvrer les impôts,
pour maintenir l’ordre public, mais pas pour décider les lois, pas pour faire
notre avenir. La pédagogie des dirigés par les dirigeants n’est pas la
démocratie, et si c’est une République, elle est oligarchique, elle est
cooptative. Elle est actuellement notre régime, et – exactement comme la
dogmatique libérale – elle se juge à ses résultats. Faible croissance, chômage,
expropriation de pays et de peuples à qui leur patrimoine est arraché, patrimoine
intellectuel, industriel, agricole et bientôt territorial : le libéralisme
ne produit pas le mieux-être au meilleur prix par la concurrence des offres, il
incite à la concentration et à la contrainte statistique des consommateurs
empêchés d’être aussi des producteurs. Assemblées soumises au chantage de la
confiance pour qu’elles votent des textes, arrivés on n’avoue pas comment sur
leur bureau. Chantage qui n’est d’ailleurs à demi car si la défiance vis-à-vis
du referendum est avouée par presque tous, ou de fait par sa chute en désuétude
pendant votre mandat autant que pendant celui de votre prédécesseur, la
dissolution n’est plus jamais évoquée. En ce sens, si la censure l’avait
emporté contre le projet de loi Travail, il est probable que vous y auriez vous-même
gagné, et surtout vous-même, et peut-être votre place dans notre Histoire et
dans celle des avancées de la gauche, quand elle a le pouvoir : en effet,
vous n’auriez pas dissous l’Assemblée nationale vous rappelant vos origines
politiques et de convictions exprimées, vous auriez changé le gouvernement et
le Premier ministre. Tandis que de Gaulle dissolvait la « chambre
basse » et rendait signifiante la démocratie. A l’automne de 1962, il
passait ainsi outre au refus de la plupart des personnels politiques des
Républiques antérieures de toute démocratie directe. Au printemps de 1968, il
nous faisait juge, non du mouvement étudiant, non de la grève générale qui
avait saisi la belle occasion et qui aboutit à de substantiels progrès sociaux
– car on négocia de force à force, une société en transformation vive et un
pouvoir légitime, établi en institutions et en son chef, comme jamais nous n’en
avions eu depuis la Révolution – de Gaulle alors nous faisait juge de la façon
d’interpréter les « événements », d’en tirer leçon et parti. Puis
nous revînmes sur cette option, quand il nous fut demandé de la confirmer [5].
Le fond
d’une ambiance n’est pas son cadre, son lieu, ses enceintes, il est le
mouvement de l’air, la respiration celles et ceux qui y sont, en sont et la
font.
Si
vous-mêmes, vos compétiteurs, vos critiques, la majorité que vous eûtes
initialement dans nos cœurs et intelligences, ainsi qu’au Palais-Bourbon [6]
ne distinguez pas que nous ne sommes que très partiellement, que nominalement
en démocratie – j’observe et raisonne pour le niveau national, car nous vivons
chez nous, selon les endroits, des systèmes féodaux ou des laboratoires
véritables de civisme et de consultation permanente, et plus généralement une
sincère démocratie locale selon les textes et de la considération mutuelle :
la vie qutidienne ensemble ne la facilite pas, elle la rend naturelle et
l’imposerait au besoin – c’est qu’en vous s’est tarie quelque chose, qu’il y a
des obturations.
Ces
expériences de psychologie personnelle et collective qui concordent – celles,
toutes, de la démocratie :
Reniac, à ma table de travail,
samedi 5 Novembre 2016, 09 heures 25 à 11
heures 16
[1] - Michel Rocard, parangon
de l’honnêteté intellectuelle et du « parler vrai » mit à la mode la
conjugaison : je participe… etc… nous participons, vous participez, ils
profitent.
[2] - expliquer
[3] - questions à choix
multiples – expliciter et trouver l’origine, et aussi le pourquoi de sa
généralisation
[4] - le dialogue célèbre
[5] - les consultations et
projets de consultation de Mai 1968 à Avril 1969, libellé et esprit
[6] - statistiques de
l’élection présidentielle et composition de l’Assemblée nationale
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