mercredi 12 novembre 2014

journal d'il y a cinquante ans



« On croise sans cesse dans la vie des regards qui paraissent nous parler » – Daniel Anselme  Les relations


Jeudi 12 Novembre 1964


Cours de Reuter [1] sur la communauté européenne 

Montre que les Russes accepteraient d’évacuer l’Europe si elle était neutralisée (traité d’Etat de 1955 sur l’Autriche, plan Rapacki). Conclusions diverses : l’Europe peut se faire, jusqu’à la Vistule, pourvu que les Américains se retirent. Le retait des Américains entrainerait celui des Russes et leur avance. (La force multilatérale qui accroîtle potentiel allemand ne peut que les inciter à rester sur leurs positions européennes). Conclusion : de Galle joue le seul jeu possible pour l’Europe, pour que l’Europe s’unifie, départ des Américains (bien entendu, les Etats-Unis ont au contraire intérêt à la solution atlantique, qui est le plus grand danger que court l’Europe. Plus que jamais, vive de Gaulle. On ne voit personne d’autre sur le continent qui serait assez sûr de lui et de ses vues pour continuer et résister à l’ambiance chasse à courre qui éclate parfois).

Pb. allemand est la base de tout. Peuvent faire pencher la balance pour l’est ou pour l’ouest. Peuvent détrruire instantanément la construction européenne. Les Américains misent sur l’Allemagne, seule puissance « intéressante » sur le continent. En la mettant dans leur jeu, ils gagnent. Contrairement à ce que l’on dit, Bonn a effectivement tôt ou tard à choisir entre Paris et Washington. De Gaulle n’a jamais pensé à la forcer à choisir. Mais Johnson manifestement veut obtenir ce oui de l’Allemagne. L’aura-t-il ? Comme dit Raymond Aron aujourd’hui : la partie de poker ne fait que commencer . Si c’est du poker (et non du bridge où celui qui a le plus de points gagne), on peut miser sur de Gaulle…

Donc, cours stimulant pour l’esprit et un professeur plus séduisant que jamais.


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Coup de téléphone de Christian, de Michel. Lettre de Luc G. « Le problème majeur reste pour moi la question de mon orientation. En fait, cette année, quelle que soit son issue, ne sera pas décisive : car elle comprend une grande partie de Math. Physique.Chimie. qui sont des matières qui m’ont toujours intéressé. Il y a des moments où je suis certain d’être dans la bonne voie, d’autres où j’envisage des oeientations diamétralement opposées… ». J’ai cru presentir la question de la vocation, et lui ai écrit en ce sens. Ses rapports de wood-craft [2] m’avaient fait me poser la question. Prier pour lui. Quelle joie ce serait si Dieu l’appelait. Il est des moments où l’on ne pense plus à soi. (Héls ! ils sont trop rares).

L’un des plus beaux moments de ma vie a été cette journée et surtout cette heure de bavardage, avant de nous endormir, avec Christian à Solesmes, certain « samedi in Albis ». Encore merci, Seigneur, de ces minutes si humaines et si près de Toi, dans ta lumière. Car Tu rassembles les êtres, qui ont le même amour de Toi dans leur cœur. Alleluia !  

Suurexit Dominus vere . Alleluia !

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Demain matin, je commence à fond la préparation de mon oral.

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[1] - Paul Reuter, professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de Paris et rue Saingt-Guillaume, où j’ai suivi ses cours en 1963-1964 – un des rédacteurs du traité de Paris institut la Communautéeuropéenne du charbon et de l’acier – 1911 + 1990 – particulièrement séduisant, ensemençant sous des dehors dilettantes, un juriste et un praticien (notamment des détournements de trafic, précurseurs de nos délocalisations actuelles) très précis. Il savait écrire court et faire cours
[2] - quelques jours absolument seul à vivre par ses propres moyens en pays inconnu à priori : une des disciplines-entrainements du scoutisme

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