dimanche 1 février 2015

à la messe


Oui, ces distractions, mais ne sont-elles pas actions de grâces pour la beauté, le désir, le charme et tout ce qui nous met ou remet en vie et en mouvement, intime : chacun. Et à la messe, même !    Je recopie ce texte qui m’avait émerveillé dès l’énonce du tryptique : le bien, le beau et le vrai, tant la mention du beau est rare en liturgie et même en prière, telle que récite toute « proposée » : elle n’est pas de mon support de distraction n° 2, mais de sœur Emmanuelle [1].
Recopiant le mot : rancune, je m’aperçois que je n’en ai vis-à-vis de personne, pas davantage vis-à-vis de moi-même si décevant que je sois pour autrui, mais en conscience je crois n’avoir jamais manqué une « occasion ». Mes péchés sont simples et précis, je les connais, les regrette, ils me suivent et m’exhortent, me protègent maintenant peut-être, mais l’absolution que j’en ai demandée et obtenue me montre que le pardon n’est pas de notre ordre, qu’il n’est pas d’efficacité psychologique ni thérapeutique : il est la main de Dieu au travail de notre pâte, et reprend celle-ci. Je suis en accord avec ma vie entière, sinon qu’à certains moments, peut-être carrefour, je n’ai pas su-voulu-pu prier. Non pour obtenir le discernement ou pour faire un autre choix que celui d’une soumission aux « événements » et à leur objurgation et à ma peur, mais bien pour simplement obtenir l’aide de Dieu, son accompagnement. Alors peut-être cette défiance de moi-même, cette peur de ne pouvoir tenir ou suffire qui me fit choisir ou subir, seul, en solitude, en peur, se serait-elle dissoute et aurai-je tranquillement choisi une route différente, et alors : oui, ma vie aurait été autre. Oui.
Distraction 2, donc. Mère d’une camarade d’école, une classe de décalage avec Marguerite. Silhouette parfois, à la messe précisément, aujourd’hui au premier rang avec la petite et charmante, bien élevée Adèle. Son mari, agent de banque, animateur au micro pour nos kermesses. Elle donc professeur de gymnastique à … bien prise dans un blouson court matelassé, beige. Un jean, prenant bien fesses et jambes. De dos, tout le temps de la messe, quelque chose de réussi, rien à enlever, pas vraiment à imaginer nue, telle quelle elle est très appétissante, du sans couture à main levée, pas de galbes, de la courbe sans lâcher la ligne. Elle lit donc, se fait voir de face, les yeux sont trop petits, sans couleur, le visage n’exprime rien. Il y a la ferveur et la personnalité de ce qu’elle lit, et que je crois d’elle, tant cela tranche avec la fadeur propre à cet exercice : la prière universelle en nos liturgies chrétiennes, version française, il y a ce dos, il y a ces cuisses et jambes parfaites. Distraction n° 1 : la trop rare dirigeante de nos chants, un visage qui émeut et qui est ému. On ne cherche ni ne voit beauté ou laideur, pas même un regard, le visage est tel qu’il prend, donne à être aimé. Il n’est qu’âme, douceur, transparence, il est intensément chaleureux et discret, ne s’impose pas. Silhouette humble mais pas effacée, pas subie, pas élancée non plus : simple. La voix est magnifique, quelques leçons d’un professionnel, elle serait sensible. Telle quelle, elle enlève cœur et âme vers ce qu’elle évoque, c’est une version du Notre Père que je voudrais qu’on chantât à mes obsèques. En disposer ainsi. L’aigu est plus fréquent qu’une descente vers le grave, qui n’en alors que plus d’attrait. J’ai félicité l’une pour son texte qu’elle m’a dit, pris dans Prions en Eglise, mais il n’y est pas, au moins dans le numéro du mois, et l’autre pour sa voix. Et il me reste ces deux évocations, maintenant : 2 et 1. – Dehors, un splendide poney noir, tenue par une adolescente et le récit – sa mère – d’une vie, déjà entendu à demi il y a six semaines, les deux filles d’une femme divorcée, quelque chose de raide chez celle-ci : la dignité, la fierté-même alors que le récit est d’un malheur, d’un retournement de tout… peut-être le visage trop lisse ? et rien ne s’y discerne pas même l’émotion ou la demande, alors que le récit et l’intuition en font attendre l’expression.


[1] - * Accorde-moi, Seigneur,
la Grâce de ne travailler que pour le bien, le beau et le vrai,
de chercher sans me lasser, dans chaque homme l’étincelle que Tu y as déposée
en le créant à ton image.
* Accorde-moi encore d’avoir autant d’enthousiasme pour le succès des autres
que pour le mien, et de faire un tel effort pour me réfiormer moi-même que je n’aie pas le temps de critiquer les autres.
* Donne-moi un cœur trop large pour ruminer mes pensées,
trop noble pour garder rancune,
trop fort pour trembler,
trop ouvert poour le refermer sur qui que ce soit.
* Je Te demande ces Grâces pour tous les hommes qui luttent aujourd’hui,
afin que diminue la haine et que croisse l’amour.
Ouvre mes yeux à l’invisible pour que rien n’arrive à ébranler l’optimisme de ceux qui croient en Toi.

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