jeudi 12 février 2015

journal d'il y a cinquante ans


nuit du vendredi 12 au samedi 13 Février 1965                           03  heures




« Le soir est femme »  Valéry.

Dîner dansant chez Catherine C.. Bonne. Souriante. Simple. Fait la connaissance de Henriette B. que j’ai admirée dès que je l’ai aperçue, un peu inaccessible d’apparence. Mais sympathie profonde. Cheveux très blonds et naturels. Robe noire. Bras nus. Collier de grosses perles argent. Des yeux bleus, verts. Souvent levés, qui ont souvent rencontré les miens. C’est peut-être la première fois que j’ai regardé une jeune fille dans les yeux en dansant. 2° année licence en droit. Licence es letttres classiques. Sainte Marie des Invalides. Un frère à peine aîné (Sciences-Po et Droit). Une sœur en philo brune. Deux autres frères. Père X. Sympathie profonde. Trouble, car possibilité de rencontre vraie.

« Et nous, qui avons tout quitté pour Te suivre ? »

Sentiment que je ne peux me donner à elle, car je suis appelé à me donner totalement à Dieu, et qu’en choisissant le Christ, je choisis tout. Mais renoncement.

Son visage va flotter en moi, tous ces jours-ci. Je n’aime guère son prénom, mais sa silhouette, son visage, tout elle-même. « Il le créa homme et femme ». « Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ».

Comme l’homme est fait pour faire route avec la femme. (D’ailleurs, H. disait que le choix de sa femme par un homme, est bien révélateur de cet homme). Vocation bien spéciale et bien eschatologique pour ne pas épouser une femme.

Isabelle, très occupée par le ski. J’ai surtout aimé en elle, même ce soir, l’Isabelle d’autrefois : mélancolique et boute-en-train, maternelle et espiègle. Existe-t-elle encore ?


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Déjeuner seul avec l’ambassadeur de la R.I.M. [1] . De plain-pied. Amitié qui est en train de naître. L’estime est réciproque. C’est d’ailleurs le premier Mauritanien qui m’accueille pour moi-même. Les étudiants m’ayant accueilli, pour faire plaisir à madame Darde, très probablement. Mais quand même avec beaucoup de gentillesse

Comme la diplomatie est tentante, qui – avec mon tempérament, mes goûts et mes possibilités – me donnerait tant d’occasions de dialogue et de découverte. Renoncement.

« Et nous qui avons tout quitté pour Te suivre ? »

Je ne sais où tu me mènes, Seigneur, mais la Croix n’est pas loin.



[1] - il s’agit toujours d’Abdallahi Ould Daddah, aîné d’Ahmed – opposant « historique » depuis 1991, des militaires au pouvoir depuis 1978 jusqu’à présent, sauf quinze mois de tentative démocratique par le seul élu à la tête du pays au deuxième tour d’un scrutin pluraliste et internationalement contrôle – tous deux sont demi-frères  du Président Moktar Ould Daddah

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