nuit du vendredi 12 au samedi 13 Février 1965 – 03 heures
« Le soir est femme »
Valéry.
Dîner dansant chez Catherine
C.. Bonne. Souriante. Simple. Fait la connaissance de Henriette B. que
j’ai admirée dès que je l’ai aperçue, un peu inaccessible d’apparence. Mais
sympathie profonde. Cheveux très blonds et naturels. Robe noire. Bras nus.
Collier de grosses perles argent. Des yeux bleus, verts. Souvent levés, qui ont
souvent rencontré les miens. C’est peut-être la première fois que j’ai regardé
une jeune fille dans les yeux en dansant. 2° année licence en droit. Licence es
letttres classiques. Sainte Marie des Invalides. Un frère à peine aîné
(Sciences-Po et Droit). Une sœur en philo brune. Deux autres frères. Père X.
Sympathie profonde. Trouble, car possibilité de rencontre vraie.
« Et nous, qui avons tout quitté pour Te
suivre ? »
Sentiment que je ne peux me
donner à elle, car je suis appelé à me donner totalement à Dieu, et qu’en
choisissant le Christ, je choisis tout. Mais renoncement.
Son visage va flotter en
moi, tous ces jours-ci. Je n’aime guère son prénom, mais sa silhouette, son
visage, tout elle-même. « Il le créa homme et femme ». « Dieu
dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ».
Comme l’homme est fait pour
faire route avec la femme. (D’ailleurs, H. disait que le choix de sa femme par
un homme, est bien révélateur de cet homme). Vocation bien spéciale et bien
eschatologique pour ne pas épouser une femme.
Isabelle, très occupée par
le ski. J’ai surtout aimé en elle, même ce soir, l’Isabelle d’autrefois :
mélancolique et boute-en-train, maternelle et espiègle. Existe-t-elle
encore ?
*
*
*
Déjeuner seul avec
l’ambassadeur de la R.I.M. [1]
. De plain-pied. Amitié qui est en train de naître. L’estime est réciproque.
C’est d’ailleurs le premier Mauritanien qui m’accueille pour moi-même. Les
étudiants m’ayant accueilli, pour faire plaisir à madame Darde, très
probablement. Mais quand même avec beaucoup de gentillesse
Comme la diplomatie est
tentante, qui – avec mon tempérament, mes goûts et mes possibilités – me
donnerait tant d’occasions de dialogue et de découverte. Renoncement.
« Et nous qui avons
tout quitté pour Te suivre ? »
Je ne sais où tu me mènes,
Seigneur, mais la Croix n’est pas loin.
[1] - il s’agit toujours
d’Abdallahi Ould Daddah, aîné d’Ahmed – opposant « historique »
depuis 1991, des militaires au pouvoir depuis 1978 jusqu’à présent, sauf quinze
mois de tentative démocratique par le seul élu à la tête du pays au deuxième
tour d’un scrutin pluraliste et internationalement contrôle – tous deux sont
demi-frères du Président Moktar Ould
Daddah
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