Chapitre 2
Journal du Président
Au palais, ce matin du samedi 19 … 201…
J’ai été crédible hier soir…même si la presse de ce matin, disant
sa surprise (ce qui ne me flatte pas rétrospectivement) le répète et le
détaille, sans pourtant donner des citations de ce que j’ai dit, qui soient
particulièrement convaincantes, davantage que ce que j’ai ressassé ces dix-huit
mois… je le ressens autrement. Je me suis senti assuré, pas du tout en logique de
discours, pas même en spontanéité – pourtant totale – de ma prise de parole.
J’ai reçu tout de suite, en moi-même, l’assurance que je répondais à une
attente. Le seul fait d’apparaître, de dire que je comprends, que je me
comprends au sens d’avoir fait fausse route, ce que tous savaient mais ne
disaient pas, autour de moi, non que je sois craint ou révéré, mais je suis le
président de la République et le moment a son poids d’éternité et de définitif
acquis pour chacun de mes collaborateurs, ce que – j’en suis sûr et je l’ai
donc proclamé – savaient les Français. Porte close pendant dix-huit mois, après
cinq ans de ballottement crânement expliqué à des amnésiques par un homme du
seul instant.
Oui, je suis crédible parce que je vais correspondre strictement à
leur attente. Bien plus qu’en campagne électorale et le soir de mon élection où
l’on évaluait mes propositions et leurs chances d’application. J’en étais
détaché par les électeurs. Il a été répété que l’élection présidentielle est
celle d’une personne, d’une personnalité, non le choix d’un programme. Oui,
mais l’ombre portée par le prédécesseur que je devais surclasser m’a servi.
J’étais, je serai différent. Cela suffisait. Or, mais avec plus de méthode,
d’ensemble et de continuité, je fais exactement ce qu’il disait faire, même si
son gouvernement, lui-même aussi étaient discontinus. Sa personnalité écrasait,
l’a écrasé. Quelques jours de campagne en plus, me doublait-il ? je ne
suis pas d’un naturel pessimiste comme François Mitterrand qui redouta, pendant
les dernières semaines de sa campagne en 1981, un second tour entre les deux
candidats de la droite tant Jacques Chirac était pétulant. Je ne l’ai pas vu,
les sondages sur ma popularité ne m’ont pas inquiété, l’inertie des chiffres
pour nos déficits et pour nos demandeurs d’emploi, pas davantage. Je crois être
passé en quelques heures, hier, d’une imperméabilité aux résultats de ce que je
faisais à une sensibilité à mon dédoublement intime : que fais-je donc à
la tête de ce pays que j’aime et qui ne m’aime plus, me méprise, je crois bien…Robotisé
par la fonction, par l’ambiance à laquelle semblent obéir tous mes homologues ?
J’ai soudain senti que j’étais inutile. Pour beaucoup, un empêchement !
Nous ne vociférons pas comme Hynkel, mais nous tenons de la place, nous
empêchons de voir, moi et ceux que je reçois ou que je vais voir, avec cette
habitude que je dois secouer de conférences de presse conjointes au cours de
laquelle nous nous hélons à distance en nous dandinant devant des tablettes
hautes pour bureaux de poste : elles durent plus que les conversations à
évoquer ou résumer. Ne plus rien dire, mieux nous connaître, nous concerter,
comploter contre ce que nous savons ou découvrons de mécanismes bien plus
performants que tous les efforts demandés à nos contribuables et à nos
entreprises.
J’ai été ainsi poussé à intervenir, mais ce que j’ai dit m’est venu
à mesure, du seul fait que j’étais hors programme, inattendu, pas préparé, et
les fidèles à Arte, non plus. Télévision, télépathie, est-ce
étudié en ce sens ?
Sans doute, y a-t-il tout à faire, à poser, à inventer puisque nos
dix-quinze ans, vingt ans depuis l’échec d’une gauche conséquente mais pilonnée
n’ont pas trouvé la bonne voie. Hier soir, j’ai ressenti que ce n’est pas
affaire de programme, ni même de décision éclairée. C’est d’être ensemble qu’il
s’agit. La page blanche de V.G.E. interprétant sa prise de fonctions et, selon
lui, l’inauguration de tout un avenir différent d’un passé auquel il avait
pourtant tellement collaboré ? Non, l’entrée de tous en politique, pas les
badauds de la journée du patrimoine que j’ai eu plaisir à accueillir ici. Non,
autrement. Je crois que c’est le travail pour ce soir.
Test de retour à mes vœux initiaux, ce qu’on appelle la françafrique. Je
déjeune avec le président mauritanien, qui n’en revient pas que ce privilège
lui soit accordé. Il ne s’attend pas à ce que je vais lui dire. Faute d’avoir
été renseigné par ce qui est organisé et fonctionne à l’identique depuis des
années et que je n’ai pas inventorié… il n‘y a pas même eu de mise à jour des
instructions reçues de mon prédécesseur par nos ambassadeurs, je décide de me
fier à mon épistolier, il a diffusé au maximum et en ligne, au moins en Afrique
de l’ouest le passage pertinent de mon improvisation au balcon de Tulle [1], je
sais que l’on ne doit pas parler de balcons dans ma ville d’élection [2].
Nous avons généralisé les chefs d’Etat africains, c’est le cas lorsque le
pouvoir vient d’un coup de force militaire, ils sont plus différents les uns
des autres que mes homologues européens parce qu’ils sont moins encadrés, ou
pas du tout, par des notes et « éléments de langage ». « Il
n’est pas de la sagesse du roi de… », c’est ainsi, selon ce que j’ai lu
rue Saint-Guillaume d’un début manuscrit de thèse d’histoire : sujet, la
politique de Vergennes et son influence sur Louis XVI. Mon camarade avait copié
à la main les manuscrits de l’armoire de fer, désormais conservées aux Archives
nationales. De la psychologie de mon commensal de tout à l’heure, je n’ai
aucune clé. Il m’est écrit que – citation .
Soit ! mai il regarde souvent le bout de ss souliers et j’ai préféré qu’il
n’y ait pas de communiqué à la suite de notre première conversation ici. Il
avait cherché à m’obtenir au téléphone la veille de mon entrée en fonctions
croyant que j’invitais des homologues pour le moment d’invstiture, j’ai
raccroché quand je l’ai entendu. Nous parlerons des élections qu’il organise et
je vais lui demander d’y surseoir pour qu’elles ne soient pas bâclées : il
l’a déjà fait pour proroger des assemblées qui lui étaient attachées avant même
son coup de force. Je vais tout simplement lui faire comprendre que nous savons
la corruption du principal collaborateur de mon prédécesseur pour que nous
reconnaissions sa prise du pouvoir. Entrée en matière dès les carottes rapées
et l’eau d’Evian de notre déjeuner à quatre, son ambassadeur eu sur le métier
mais efficace pour empêcher l’inscription sur les listes électorales des
Mauritaniens originaires de vallée du fleuve Sénégal, rive droite, et ma
collaboratrice pour l’Afrique, sans illusion sur notre hôte.
Ce soir, parler moyens et institutions. Comment faire ? pour
n’être pas ennuyeux. Ici, successivement nous le sommes tous. Trop longs, usés
par des déclarations et des explications à tout événement. Ou bien casser
quelque chose ? de ce conformisme. Pas du délayage.
Lundi 28 Octobre 2013 – 22 heures 30 à 23 heures 40
19/…/201… à 15 : 25
France – Mauritanie : le coup de théâtre
Recevant à déjeuner son homologue
président de la
République Islamique de Mauritanie, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, le président
Effach a salué la décision de celui-ci d’ajourner les élections parlementaires
et municipales qui étaient envisagées, à des dates changeantes, depuis
plusieurs mois et devaient se dérouler sans le contrôle international et les
conditions du consensus national qui avaient déterminé au printemps de 2007 le
retour de ce pays à la
démocratie. La France appuiera le nouveau processus
consistant à coupler ces élections avec celle du président de la République,
qui doivent avoir lieu en
Juillet 2014. Elle salue la décision du président Mohamed
Ould Abdel Aziz
de ne pas se représenter pour mieux se porter garant de la neutralité des
forces armées et de l’administration publique pendant toute l’année
pré-électorale.
19/…/201… à 15 : 31
fin de la françafrique
Les observateurs attribuent ce
complet revirement de l’homme fort de Mauritanie, arbitre puis acteur principal
dune succession de coups militaires depuis Juin 2003, à l’imminence du
témoignage de son cousin et principal financier, Mohamed Ould Bouamatou.
Celui-ci devrait quitter demain ou après-demain son refuge marocain pour
contribuer aux charges pesant sur l’ancien secrétaire général de l’Elysée. La
France aurait, lors du coup d’Etat d’Août 2008, changé brusquement sa
condamnation totale d’une telle prise de pouvoir par le chef de l’état-maajor
particulier du président Sidi
Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, seul président démocratiquement
élu au deuxième tour d’un scrutin pluraliste, en une caution du putschiste, de plus en plus notoire au
sein de l’Union européenne et auprès de l’Union africaine et de l’Organisation
internationale de la francophonie… ce changement aurait été acheté, ce qui n’a
pas de précédent dans les annales de la République française..
Le général Mohamed Ould Abdel Aziz avait donc
souhaité rencontrer au plus vite le président Effach, ce que celui-ci avait
accepté mais pour lui signifier, pendant ce déjeuner, que l’instruction de
l’affaire ne serait pas empêchée mais au contraire s’étendrait à l’ensemble des
relations de la junte avec son prédécesseur. A moins que les Mauritaniens
fassent la paix entre eux. Ce qui semble arriver.
Un tel lâchage d’un dictateur africain
par Paris ouvre une jurisprudence, fait-on remarquer à l’Elysée.
Mardi 5 Novembre 2013 – 16 heures 26
Journal du Président
Ibidem,
après-midi du samedi 19 … 201…
Au
point où nous en sommes et sur la brèche que j’ai ouverte, improviste, sans
délibération préalable, hier soir, tout est à faire et décider, tout est à
dire. Y a-t-il la nécessité d’un ordre dans ces mesures ? ces décisions
de mesures ? Je ne veux pas le mot de réformes. Il a été tellement usé par
mes prédécesseurs, par les reproches des opposants à nous ou de nous quand nous
n’étions pas au pouvoir, que même le patronat (Laurence Parisot) criait à
l’indigestion, et surtout à l’abus inopportun du terme. Ce qu’il nous manque
c’est l’élan, et l’élan cela se donne, puis se canalise pour être une énergie,
notre énergie. Evidence qu’il faut tout faire à la fois et en quelques
semaines, quelques mois au plus, le Premier Consul, entre Brumaire et Marengo,
de Gaulle entre le coup d’Alger et le referendum sur la nouvelle Constitution. Là
est le rythme, là est le précédent. Intervenir tous les soirs serait
nécessaire, cela passera-t-il ? une dizaine de soirs, puis le moment des
discussions.
Mon
épistolier qui s’est rabattu sur le secrétaire général faute de savoir si je
suis ou non adepte du petit écran et de la correspondance courriel, vient de
réagir à ma « prestation » d’hier soir. Il ne m’en félicite pas même,
il rappelle – le style télégraphique de nos maîtresses d’école ou la page pour
le roi, selon André Siegfried – ce qu’il m’a « conseillé » depuis mon
investiture, l’autre automne. La liste en désordre de petites et grandes
choses. Il me dit toutefois : pas de notes ni sous vos yeux, ni commandées
à d’autres. Provoquez la redite de ce que ni vous ni vos ministres ni vos collaborateurs
n’avez pas su écouté ou lire. Ne soyez qu’évidence en réponse à l’évidence. Ce
que vous avez fait hier soir est surtout provocant pour l’étranger, pour nos
partenaires européens, vous doublez vos pairs, vous vous adressez à leur
opinion. Allez vite et simple. Laissez aux Français le plan et la succession de
vos interventions. Dans huit jours, vous devez avoir bouclé. Les
« causeries du samedi », Pierre Mendès France accrochèrent d’abord
parce qu’il était patent que le Président parlait sans sécurité de conseil, de
pérapartion et de retouche. Pas tant la supériorité intellectuelle qui était
certes la sienne, pas non plus la sincérité évidente, mais la conscience
communicative de parler pour tous et au nom de tous. Le gouvernement
démocratique, c’est celui du peuple, pas d’un pédagogue. Le président est le
porte-parole du peuple, pas son éducateur. Croyez au bon sens des Français
puisqu’ils vous ont élu.
Je
ne tiens pas à le recevoir pour le moment, même s’il le mérite. Je le lis mieux
maintenant que j’ai commencé sans lui ni personne, et qu’il ne brode pas. Il
avait suggéré une manière de présenter et de décider, selon lui, sans
précédent. Je retiens l’idée pour ce soir. J’ai confiance en Héro, simplement
parce qu’il est germanisant et que pour lui l’organisation vaut mieux que le
charisme. Les Français lui reprochent de manquer des deux. C’est ma faute, je
ne lui ai laissé le manche que quelques semaines.
Mercredi 6 Novembre 2013 – 15 heures 30 . 16 heures 50
19/…/201… à 16 : 10
Le président Effach sur la chaîne franco-allemande : Arte, comme
hier soir
Mardi 29 Octobre 2013 – 18 heurs 46 à 20 heuress 05
La présidence de la République confirme que le Président sera
de nouveau au programme d’Arte, mais beaucoup plus tôt qu’hier et avant les
journaux télévisés pour ne priver personne de son émission ou de son film
favoris.
19/…/201… à 19 : 40
Sans précédent, le Président et le Premier ministre s’entretiennent en
direct
Le président de la République reçoit
de nouveau en ce moment la chaîne franco-allemande Arte dans son bureau de
l’Elysée. Le Premier ministre, M. Héro, vient de l’y rejoindre.
En direct., ils ont discuté
ensemble et décidé d’immédiates réorganisations, notamment celle du ministère
de l’Economie et des Finances. Le Commissariat général au Plan, institué par le
général de Gaulle à la Libération, selon les travaux du gouvernement de Léon
Blum avant la guerre et le programme du Conseil national de la Résistance, va
être rétabli, ainsi que toutes les procédures faisant du plan quadriennal ou
quinquennal – cela n‘a pas été précisé – l’œuvre élaborée par tous les acteurs
de la vie économique et sociale du pays. MM. Effach et Héro ont ensemble
insisté sur l’ardente obligation – expression naguère fameuse du général de
Gaulle – de mettre en commun tous les projets, toutes les forces de ce qu’il
reste de notre économie après vingt ans de démantèlement de notre patrimoine
industriel et technologique.
19/…/201… à 19 : 55
Le Président de la République, interrogé au téléphone par des
téléspectateurs, laisse la parole au Premier ministre
Arte traite en direct les appels
téléphoniques qui affluent. Le président de la République donne au Premier
ministre la charge de répondre. La première question vient de porter sur les
délocalisations industrielles et la concurrence des produits étrangers à
l’Union européenne.
19/…/201… à 20 : 10
Le président Effach éclipse les journaux télévisés tout en en respectant
les horaires
Le président de la République a reçu de nouveau la chaîne
franco-allemande dans son bureau de l’Elysée et s’est entretenu en direct avec
le Premier ministre. En vingt minutes, ils ont décidé ensemble de proposer à
nos partenaires européens une solidarité intégrale entre Etats membres. Cette
solidarité sera bien davantage que le refinancement de la dette publique de
certains pays du sud et l’ouverture aux ressortissants et aux productions des
anciens pays de l’est communiste du marché de l’emploi et de la consommation
courante des pays fondateurs des Communautés européennes, version Robert Schuman et traité
de Rome en 1950-1957. Ce sera aussi une compensation pour ces pays fondateurs
de leur effort. Il ne peut plus y avoir un exploitation des uns par les autres,
une commisération de certains pour quelques-uns.
La solidarité avec le reste du monde suppose que plus
persosnne ne triche. MM. Effach et Héro ont fait alors allusion, juste avant
que sonnent les vingt heures et qu’ils laissent la place aux présentateurs du
journal télévisé, au respect des droits de l’homme, et aux
« dumpings » fiscaux et sociaux de pays restés totalitaires en
partie.
19/…/201… à 20 : 45
Berlin – les socialistes allemands préfèrent la nouvelle thèse
française au programme de grande coalition avec la chancelière sortante
Les négociations pour la formation d’une grande coalition
gouvernementale outre-Rhin changent complètement de tournure depuis que la
France évoque un retour de l’Union européenne à l’un de ses principes
fondateurs : un grand marché unique, commun aux seuls Etats-membres et qui
ne sera ouvert aux tiers que selon un tarif extérieur négocié, rétablissant des
conditions normales de compétitivité et faisant de la préférence européenne la
norme.
Le S.P.D. voit dans la nouvelle vision française une
alternative à des politiques de l’emploi seulement fondées sur la limitation
consentie des salaires aux fins de compétitivité des entreprises et sur la
flexibilité du droit du travail.
Mardi 5 Novembre 2013 – 16 heures 26
19/…/201… à 21 : 30
La France va très vite préciser ses nouvelles vues sur des négociations
commerciales par grandes zones de cohésion sociale et fiscale
Les services du Premier ministre indiquent que le dispositif
d’une communication à nos partenaires de l’Union européenne sera publié d’ici
lundi soir.
Journal du Président
Au
palais, comme hier soir…
J’ai
demandé à … et à … de travailler dès ce soir au libellé de mon initiative
européenne, le plus économe de mots pour équilibrer en institutions le schéma
de solidarité qu’a exposé Héro, tout à l’heure. Je veux changer de registre demain
et parler mise en branle à l’intérieur du pays. Les sondages qui me sont donnés
maintenant, indiquent que même un dimanche soir, je vais être attendu pour la suite. L’approbation est
presqu’unanime pour ce dont nous avons convenu avec Héro. Le raccompagnant
jusqu’à sortir du palais et en saluant ensemble ceux qui dehors n’ont suivi que
par transistor – la guerre d’Algérie – ce que nous avons dit ensemble, j’ai
souri : la Lanterne lui est rendue, du recul. Je lui ai confirmé qu’il
demeure à son poste et surtout avec moi, tant que je suis au mien. Il m’a
trouvé sibyllin. Je ne comprends pas en quoi mais il me semble ne pas suivre la
trajectoire initiée hier, mais la devancer et la prolonger. Il me
fait remarquer que l’opposition de droite qui n’a jamais articulé sa critique
européenne en forme de contremesures, ne nous a pas encore répondu. Comme elle
n’a plus de chefs, elle dit réfléchir selon la présidence du parti anciennement
majoritaire. Les nôtres sont silencieux, ce qui nous sort d’un jeu de rôles de cinquante ans. Les
applaudissements immédiats à tout ce que dit le président du moment, des
railleries ou des supputations sur le vide de ses propos quand répliquait
l’opposition. Nous appelions cela le débat politique.
Héro
suggère d’organiser un débat au Parlement quand nous aurons terminé notre
exercice. Je ne lui ai pas répondu, l’orientation générale continue de
m’appartenir, mais tel que je ressens mon vieux compagnon, il semble avoir
l’idée d’un autre dénouement.
A
Nouakchott, l’opposition démocratique pavoise et a même accueilli le dictateur
avec des banderoles : merci, après tu pourras partir tranquille !
Pékin et Moscou – nous n’avons pourtant cité ni le Tibet ni les Tchétchènes, ni
les pussy riots ou les audacieux de Greenpeace – ont seulement fait savoir
qu’on y délibérait et que la France n’est pas l’Union européenne. Ce n’est pas
ce qui s’y disait à l’époque du général de Gaulle.
L’affaire
va être d’avancer le prochain Conseil européen et d‘en inspirer l’ordre du jour
pour que soient examinées les propositions françaises. Pas celle du président
de la République française. Celles du peuple français et sans doute des peuples
européens. Je compte plus sur eux que sur leurs gouvernants.
Me
voici, sans… pour une nouvelle nuit ici. Un plateau pour dîner m’a été posé sur
ma table de travail. Celle du général de Gaulle. Cela lui arriva-t-il ? ce
n’était pas un homme ni d’improvisation ni même de réaction, mais de gette des
circonstances lui permettant la mise en œuvre de ce qu’il entrevoyait de faire
depuis du temps. Dixit mon épistolier, décidément fan… il avait quinze ans en
1958, mes propres quinze ans furent en 1969. Différence… qui a déterminé mon
dédain à ses premières propositions. L’entrevoyant à un colloque à l’Assemblée
nationale, je lui avais dit, faute de temps et de mieux que je lui téléphonais
un prochain soir. C’était juste après mon investiture par les militants et
sympathisants : nos primaires dont le procédé fit tant pour ma victoire.
Le colloque était à la mémoire de Jean-Marcel Jeanneney qu’il connaissait bien,
l’ayant visité pendant quarante ans, et moi ayant quelque estime pour l’ainé de
ses fils. Je crois bien qu’il y a dix ans quand je réorganisais le Parti, je
lui avais répondu à peu près de la même manière mais sur une carte : il
voulait déjà me rencontrer… fan de moi ou de cet homme du 18-Juin, comme on
dit. Au moins, quelqu’un d’insistant. Jean Monnet voulait comme interlocuteur
depuis la Première Guerre
Mondiale, ceux qui décident. J’en suis donc un… je ne l’ai
pas cru le soir de mon élection, j’étais entre deux eaux, la campagne, des
rencontres, j’avais fait une liste de promesses dont certaines m’importaient
mais les Français me voyaient surtout différent de celui qu’ils m’avaient fait
battre. Normal ? le programme fut plébiscité. Cela voulait dire :
autre. Que lui, qu’eux… ai-je été différent ? maintenant, je le suis. Ils
ne s’y attendaient plus ou pas. Ni mes adversaires ni nos amis.
Demain,
aux aurores… dimanche et son calme, en tout cas le quartier de l’Elysée et
cette seconde classe de péripatéticiennes sans le charme ni l’art de vivre ni
la pédagogie de la première, que constituent celles qui dépensent, achètent,
pinaillent et se montrent pour nos boutiques et magasins dits de luxe, rue du
Faubourg… faux bourg, la province en sait davantage en cœur de ville.
Appellation bien trouvée par Héro, chez lui, en bords de Loire.
Faire
le lien entre ce que j’ai signifié à Mohamed Ould Abdel Aziz à déjeuner et la
prochaine réunion – ici - sur l’Afrique
et aussi sur la
francophone. Et ce lien-là le partager et le nouer enfin et
vraiment avec nos partenaires européens. Nous avons réussi l’impensable en
1957-1958, grâce aux Belges et un peu aux Italiens, à mutualiser nos dépenses
d’investissement outre-mer, en Afrique pour l’essentiel. Maintenant, le
politique. C’est possible. Le menu du prochain dîner de Conseil européen aura
ce hors d’œuvre, il plaît aux exportateurs allemands mais pas à la Bundeswehr. Nous
envisagions la dissolution de ce postiche qu’a été la brigade franco-allemande,
significative d’amitié mais sans doctrine d’emploi. L’engager et en Afrique.
L’Afrika Korps ne doit pas faire peur, Bir Hakeim, ce fut nous. Ne recommençons
pas entre Allemands et Français nos non-dits et nos arrière-pensées qui
déterminèrent les guerres en Yougoslavie, par timidité de notre Union
européenne. Celle de Maastricht, de Mitterrand et de Kohl, juste née.
Un
vin autrichien… caisse qu’en précurseur m’envoie le chancelier avec qui je
déjeune ici lundi. Une tarte flambée alsacienne. La germanité de nos
départements rhénans n’est ni berlinoise ni prussienne, elle est celle des
Habsbourg, vient de m’expliquer Héro.
Mercredi 6 Novembre 2013 – 17 heures 40 … 19 heures
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