Dans ce désert, mental et
physique, deux événements déclenchent en moi, soudainement, un mouvement qui
n’a pas de précédent dans mon existence, jusques-là.
Un de mes élèves,
fonctionnaire du commandement territorial qui appartient désormais à la jeune
République, m’invite à passer vingt-quatre dans le campement émiral de sa
tribu. Un des professeurs au lycée français, qui vient de quitter la Compagnie
de Jésus, et publiera ensuite sur le pays d’une façon que j’ai jugé à première
lecture tendancieuse, vient avec nous puisqu’il est seul à posséder une
voiture : la 2 CV de l’époque. Ensablements divers mais arrivée quand
même. Les tentes, les conversations interprétées par mon homme, qui a déjà
dépassé la cinquantaine et que l’exercice scolaire doit, non seulement
améliorer en présentation écrite de l’exercice de ses responsabilités, mais
surtout rétribuer davantage s’il réussit au concours de sortie. Me séduire dans
cette perspective fait également partie de l’équipée. Un des moments qui me
convertit parce qu’il m’introduit à ce pays, pour ce qu’il est à lui-même et
aux siens, se passe et dure à regarder la vie du puits, desservant le
campement. Un âne, unique, une corde et un seau de cuir, peut-être cinquante
mètres de corde, remonter ainsi l’eau en stimulant l’âne qui n’est pas rebelle.
Une musique continue, étrange, s’entend : la corde sur un madrier posé à
l’ouverture du puits, pas de poulie, le frottement d’un archet donc que manie
l’âne en allant et revenant, le seau tendant la corde qui creuse le bois. Le
bois est poli, dur de texture, doux au toucher, usé humainement, animalement.
Anier et quelques femmes sont autour du puits, l’auge où le seau est déversé
est à la disposition des animaux. Je suis là, étranger, à regarder. Et j’aime
regarder, et j’aime cette vie que – très probablement – je ne pratiquerai
jamais, mais je l’admire. Je ne sais évidemment pas le statut servile de cette
main d’œuvre sinon qu’elle n’est pas salariée. Je suppose qu’aucune monnaie ne
circule dans les tentes et entre elles. Je n’interroge pas, Ahmed Ould Eli El
Kori, de statut guerrier, m’expose sommairement l’organisation sociale. Le fils
de l’émir, pas dix ans, est là, nous parlons. Il y aura la prière, il y aura
l’aube et encore la prière. J’apprends le zrig et des repas uniquement à la
viande de méchoui, le beure liquide baraté dans des outres, écoeurant mais
auquel m’habituer, tout sent le cuir, tout a le toucher du sable. Il n’y a pas
de vent pendant cette initiation. Je rentre conquis sans me l’expliciter, mais
enfin arrivé, débarrassé de la nostalgie d’où je viens, de la France, des
miens, d’une « grande école » où je vais passer, de concours en
concours, les prochaines années dema vie, où se clora mon adolescence sans
forcément avoir mûri. Mûrit-on jamais chez nous, en France ? surtout si la
hiérarchie administrative au plus ou moins bon et prestigieux endroit de
laquelle nous serons affectés, criblera difficultés professionnelles et
personnelles. Les corps à corps avec la vie seront surtout nos déceptions et
nos ambitions de carrière, bien peu l’exercice de nos fonctions. Ce qu’il vient
de se passer en quelques heures est brutal : j’aime ce pays, j’admire une
beauté qui n’est pas tactile, pas visuelle, qui ne se raconte ni ne se décrit,
qui tient sans doute à ce que la nature, ou presque l’absence de nature si
celle-ci se définit par des êtres vivants, animaux, végétaux, humains, ne sont
pas luxuriantes mais si simples qu’elles s’imposent. Boire, manger, dormir,
sans murs, sans horaires que par nécessité. Faire et non vouloir. Tout est
immédiat, et surtout une communion amicale, les deux Européens que nous sommes,
Francis de Chassey et moi, cohabitant provisoirement avec deux autres Français,
l’un ingénieur du génie rural, l’autre paysagiste et horticulteur. Claude
Baerhel sillonne déjà toute la Mauritanie pour y aménager des barrages
rudimentaires mais tellement féconds, tels quels, et Jean-Pierre Manya plante
et arrose des eucalyptus de part et d’autre de l’avenue de l’Indépendance qui
va du Marahaba où nous prenons nos repas jusqu’au recrutement d’Adama (linge et
cuisine enfin assumés dans notre petit appartement au sol couvert de linoléum)
à la présidence de la République, à peine plus volumineuse qu’un bâtiment
fruste pour comité d’entreprise en France, en bordure d’une plage bretonne.
Mais la pierre est d’Atar, d’un ocre magnifique, et devant, la drisse battant
un mât métallique sans orgueil, flotte ou pend le drapeau vert du Prophète
frappé d’un croissant de lune doré, à l’horizontal, et accueillant donc
l’étoile qui importe.
Quand la porte m’est
ouverte, que la salle sans décor ni aux murs blancs ni au plafond monacale se
présente à mes yeux, je n’imagine rien de ce qu’il va se passer et décidera en
partie de ma vie. Le président de la République me semble encore plus jeune que
l’Etat qu’il est en train d’organiser, mais dont il reconnaît que ce sont bien
les Français qui en ont eu le projet et l’ont, de fait, fondé. Il m’admet à son
audience, sollicitée par la voie hiérarchique, le directeur – assistant
technique français – de ce centre de formation administrative où j’enseigne de
jeunes dactylographes ou des fonctionnaires proches de la retraite comme mon
hôte de quelques semaines auparavant. Moktar Ould Daddah a le sourire déjà de
l’amitié, au moins de la bienveillance dont il me gratifie d’emblée. Je saurai
vite que c’est l’aisance d’âme, la confiance d’être compris, dans son dessein,
dans ses explications, par un jeune homme diplômé selon les facultés et les
maîtres qu’il a lui-même fréquentés, dix-douze ans auparavant. C’est une
première conversation : je suis sous son charme. Nous allons désormais
nous entretenir de son pays, de son travail de chef d’Etat, depuis cet instant
d’Avril 1965 jusqu’en Mai 2003, où nous reverrons avec son épouse – française
de naissance – le texte de ses mémoires. La rédaction originale est manuscrite,
elle est de son écriture. Avec l’intense émotion que provoque la très belle
surprise, je découvrirai à première lecture de la saisie numérique de son texte
que ce politique, cet homme de dessein, de conviction, de foi dans la
toute-puissance d’une dignité nationale ne concédant jamais en esprit, est un
écrivain : son œuvre fondatrice d’une nation, et sans doute de davantage,
tant la mise en commun des ressources et des espérances arabo-musulmanes et
africaines lui doivent, a été exceptionnelle. Et avoir su, par lui-même, sans
« nègre » donc, en proposer la
structure et la mémoire par écrit n’a pas d’équivalent en Afrique. Des dizaines
de fois, parfois des jours entiers ou presque, moi prenant des notes assez
aisément car mon éminent ami parle avec soin et lentement, ou enregistrant,
tandis qu’il proteste de sa joie d’être intimement compris, nous travaillerons
ensemble. Je ne distingue plus, ainsi à ses côtés, qui est étranger, qui est
national, ce qu’est la France si vieille, si assurée dans son existence et sa
légitimité, ou ce qu’est la Mauritanie contestée, convoitée, très ancienne de
société, d’habitudes, d’imbrication de la religion et de la politique dite
traditionnelle, et très jeune s’il s’agit d’organiser en terles contemporains
et internationalement monnayables la mise en valeur économique et financière
d’un sous-sol, d’une zone maritime considérables, mais cela sans expérience
nationale propre, sans cadres en nombre. Assistance technique, investissements
étrangers : aux débuts du pays, à son indépendance, tout le concours
extérieur, ossature-même de l’administration sont de chez nous, de l’ancienne
métropole, de la France donc. Quelques semaines auparavant, je ne ressentais
pas mon pays comme une métropole, avec des avances sur autrui ou des
possibilités à offrir ou à retirer. Je n’avais aucune imagination de ce qu’il
est nécessaire d’implanter physiquement et mentalement pour que quelque chose
se développe qui s’appellera un Etat. En version brute, voici donc le
nationalisme, la fierté, la formation de cadres et d’experts, voici aussi la
politique à définir et appliquer consensuellement faute qu’existent des
alternatives au développement des extractions minières aussi vite que possible,
et cela sera, faute aussi que l’indépendance supporte des formes diverses
vis-à-vis des voisins, tous prétendent à une partie du territoire mauritanien
dans ses frontières coloniales, et vis-à-vis de nous, de mon pays : la
France.
Monsieur le Président de la
République,
le soir de votre élection,
vous vous êtes brièvement adressés à nous avant de partir vers la place de la
République, vous parlez au balcon de Tulle. C’est la promesse, c’est
l’intuition unanimement partagée d’un changement fondamental dans notre
relation nationale avec nos partenaires africains, nos anciennes colonies, avec
ces nationalités nouvelles que beaucoup en elles et en nous empêchent de
s’équilibrer, de se vouloir et s’épanouir vraiment. Je courielle vos paroles à
mes amis mauritaniens, près de cinquante ans – alors – après qu’ils m’aient
accueillis [1].
Reniac, à ma table de travail
après-midi du lundi 26 septembre 2016,
16 heures 36 à 17 heures 40
Ce n’est pas leur cause que
je me suis appropriée en répondant à leur confiance et en découvrant, aimant ce
qu’ils sont, ce qu’ils font, c’est leur pays et sans doute l’essence de ce que
peuvent être les nationalismes d’aujourd’hui quand ils ne sont que fierté et
offre d’entr’aide en complète conscience de soi. Là-bas, tout autre que chez
nous, je comprends en conclusion de mon adolescence et tandis que foire un
premier amour, la contagion française. Rien ne se transpose ni ne s’imite, mais
un esprit de confiance en soi, en la vie politique, en la vie internationale ne
doit rien à la taille, à la masse, aux statistiques, même à l’ancienneté de
formes étatiques ou d’indépendance. Il doit tout à des hommes, à des femmes, à
leur cohésion, à leur foi et ce ciment-là est de même nature partout et en tous
temps, en toute civilisation. Le patriotisme, le sens du bien commun, le partage
continu de l’avenir à mesure qu’il se présente et qu’il faut absolument se
l’approprier, le faire nôtre a la paix pour synonyme. La paix entre semblables,
le dévouement à des intérêts qui ne sont pas de conquêtre mais de constitution.
J’ai découvert cela en Mauritanie. Sans doute, est-ce faisable ailleurs et
selon d’autres statuts qu’une coopération entre peuples de puissance et de
moyens apparents fort différents, incarnée d’abord par de jeunes enseignants.
Mais le fait est que cette jeunesse et cette mission sont immédiatement viables
et féconds. Que de fois, vous ai-je recommandé l’établissement à nouveau d’un
service national, militaire et civique, développé par tous les Européens et
déployé principalement chez nos voisins africains : la démocratie, la
France, l’Europe par contagion naturelle, sur place, tandis que la formation
des cadres et la suite des études, voire les débuts d’expérience en entreprises
se feraient par réciprocité chez nous puisque nous serions en nombre chez eux.
J’ai bénéficié d’une
explication de texte et de fortes leçons de choses et de psychologie : le
président Moktar Ould Daddah m’a fait ressentir que le placage, l’importation,
dit-on en Afrique, de nos institutions surtout quand nous-mêmes les pratiquons
si loin de leur esprit et de leur jurisprudence fondatrice, n’est pas la
démocratie, n’est pas non plus féconde ni même acceptable. Ce que nous avons
inventé à partir de 1981, selon des successions de mésestime, voire de haine,
et que nous appelons l’alternance au pouvoir ne nous a pas été bénéfique et
nous a fait perdre de pensée et d’ambition ce que tentait avec nous de Gaulle
du 18 Juin 1940 au 27 Avril 1969 : le consensus national. L’Afrique peut
d’autant moins attendre des alternances que les élections sont truquées. Il
faut la participation de tous au pouvoir, c’est sans doute l’enjeu majeur de
votre conversion et de votre réélection. C’est le développement pratique de ce
thème que vous auriez arrêté pour votre campagne, et qui rappellerait celui –
si heureux – de « la France unie » selon François Mitterrand :
« la France fraternelle ».
Par ses militaires, que
mobilisent quelques civils dissimulés et ambitieux, le père fondateur est
là-bas renversé. Le président Giscard d’Estaing, loyal et même admiratif de son
homologuee mauritanien, n’est pas mécontent que se termine là cette guerre au
Sahara occidental : nos compatriotes, quelques-uns, enlevés du site
minéralier, la Kedia d’Idjill dont ils encadrent l’exploitation, ont embarrassé
la France officielle. Nous reconnaissons les putschistes, nous allons désormais
toujours les reconnaître. Au début, en Juillet 1978 et jusqu’en Décembre 1984,
les présidents de ces successifs comités règnent dans l’ordre exact où ils
avaient été aide-de-camp de Moktar Ould Daddah. Sans doute, Valéry Giscard
d’Estaing ne cède-t-il pas à la demande des nouveaux maîtres que leur soit
renvoyé celui qu’ils ont évacué vers nous et nos hôpitaux militaires.
Davantage, François Mitterrand qui a invité à Latché pour la dernière
Saint-Sylvestre de sa vie d’opposant, propose-t-il – d’accord avec Hassan II du
Maroc – de rétablir l’état des personnes et des choses tel qu’il était en 1978.
Moktar Ould Daddah refuse de rentrer chez lui entre des baïonnettes
françaises : c’est dit ainsi en aparte à l’Elysée lors d’un dîner pas
vraiment officiel ni non plus seulement africain.
A force de dictature et
d’années, les militaires finissent par se renverser autrement que tour à tour.
Une « transition démocratique » s’esquisse à partir du 3 Août 2005 quand
est déposé le colonel Maaouyia Ould Sid Ahmed Taya, en son absence du pays,
comme il l’avait fait de son propre prédécesseur, le colonel Mohamed Khouna
Ould Haïdalla, complice aussi du coup du 10 Juillet 1978. L’énoncé est
peut-être compliqué, il le paraît encore pour les actualités maintenant de ce
pays, mais vingt ans de règne, souvent
sanglant entre la Mauritanie et son voisin du sud, ou entre ethnies, celles
originaires de la vallée du Fleuve soupçonnée de préparer des coups de force,
s’achèvent à la satisfaction générale, même si Jacques Chirac qui s’est lié
avec le dictateur et l’a même soutenu d’une visite officielle à quelques
semaines d’une réélection boycottée par les opposants, regimbe. Observée par
des centaines de témoins étrangers et un important dispositif procédurier et
informatique fourni par l’Union européenne, à notre instigation, une élection
présidentielle a lieu : pluralité de candidatures, deux tours de scrutin,
un an de préparation technique, de confection des listes électorales et de
délivrance des titres pour voter. Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi est élu au
lieu d’Ahmed Ould Daddah, demi-frère du président Moktar et vétéran des
candidatures contre les militaires, mais en vain puisque les élections de 1992
à 2007 n’en sont pas. Est-ce une première en Afrique ? je le crois : les militaires ont accepté
de passer la main, plus ou moins sincèrement. Des fautes vont être commises,
des imprudences aussi, que relève une mission sur place de notre Conseil
d’Etat : le chef de la garde prétorienne concentre trop de prérogatives,
de fonctions et surtout d’armes. C’est lui qui renverse le président Sidi au
motif que ce dernier ne met pas les formes pour le remplacer : le 6 Août
2008.
Il y a eu le discours
qu’Henri Guaino a fait lire de confiance par votre prédécesseur à l’université
Cheikh Anta Diop de Dakar, il y aura les soupçons de financement occulte par la
Libye de la campagne présidentielle gagnante de 2007, mais le Quai d’Orsay, la
« cellule diplomatique » de l’Elysée et son équipe spéciale pour
l’Afrique au sud du Sahara tiennent à ce que nous refusions ce fait accompli. Les
coups militaires sont trop fréquents, notre expertise est mise en cause par nos
partenaires européens, la Côte d’Ivoire si longtemps modèle de notre
décolonisation, nous coûte cher depuis la disparition de Félix
Houphouët-Boigny, député à notre Assemblée nationale depuis 1945 jusqu’à
l’établissement de notre Cinquième République. Nicolas Sarzkoy condamne donc le
putsch, l’Union européenne suit de confiance, l’Union africaine plus fermement
encore quoiqu’allant aux nouvelles sur place. Mais à propos de l’Afrique, et
même de la Syrie, en sorte que Bachar El Assad a été invité à notre revue du 14
Juillet 2010 – celle que suivra de peu le discours inaugurant à Grenoble à
propos des Roms et d’autres échauffourées, la stigmatisation des populations
migrantes puis de tous les allogènes chez nous – votre prédécesseur doit
beaucoup à un connaisseur, Robert Bourgi. L’introduction de celui-ci est
achetée par les putschistes mauritaniens grâce à Karim Wade, fils du président
sénégalais alors régnant. L’achat sera encore plus ciblé puisque Claude Guéant
recevra en espèces le prix de la caution [2]qu’accorde
dès la fin de Septembre la France au nouveau régime. Or, c’est notre semestre
de présidence de l’Union européenne.
La Mauritanie, à mes vingt
ans, m’avait appris ce qu’est le projet d’Etat et la ténacité de l’indépendance
quand tout débute, et combien notre spiritualité publique peut soutenir des
prises de conscience et une geste à qui elle a donné les instruments de son
expression. Voici que la Mauritanie, foncièrement la même quoique sa population
ait triplé et que les revenus tirés de la mer alimentent davantage le budget
que les ventes de minerai de fer, m’introduit à mes soixante-cinq ans dans un
débat interne au sommet de notre propre Etat, tel que pratiquant beaucoup de
nos responsables politiques, honoraires ou au pouvoir, à commencer par les plus
importants ministres de la gauche portée au pouvoir par François Mitterrand, je
ne l’avais jamais soupçonné. Sauf en guerre de succession, notamment pendant la
dernière du septennat interrompu de Georges Pompidou [3].
Deux cabinets ministériels traitant de l’Afrique et les propres conseillers
diplomatiques du Président s’opposent à ce que l’interruption d’une rare
tentative démocratique en Afrique au sud du Sahara, soit légitimée par nous.
Claude Guéant l’emporte, les putschistes, interdits de visa pour l’Europe, sont
reçus par lui, aux environs immédiats de l’Elysée, puis règulièment viennent en
France, lever des fonds. Naturellement, ils gagnent l’élection organisées par
eux et pour la montre, après que des négociations forcées entre légitimistes et
militaires aient disposé du Président régulièrement élu deux ans plus tôt.
Nicolas Sarkozy assure même en visite officielle au Niger avoir téléphoné à son
homologue gardé à vue, dans les premières jours de sa déconfiture. Au nom de ce
dernier, je suis amené à le démentir et fait bénéficier à la Mauritanie d’une
rubrique nouvelle instituée à Libération [4]:
la vérification des dires publics, ce que Le
Monde, très heureusement a fait sien aussi avec ses
« décodeurs ». Ma messagerie internet, mon ordinateur, puis celui de
ma femme, ayant fait état à l’un de ses amis par téléphone, de ce qu’il
m’arrive, sont attaqués, pillés. Aussitôt.
Que la corruption perdure
ainsi, de France en Afrique (Balkany dans un avion kazakh se pose en Mauritanie
et s’y emploie dès les premières semaines du régime illégal) et d’Afrique en
France, n’est pas digne de nous. Sans doute, nos interventions à main armée en
Afrique au sud du Sahara pendant votre premier mandat ont-elles eu du fond et
de l’effet, mais nous n’avons pas su convaincre nos partenaires européens et
notre compréhension de l’Afrique, de la démocratie sincère n’est plus du tout
ce que nous pensons encore. J’ai écouté depuis quinze ans ceux qui se sont
succédés dans le beau bureau qu’avait Jacques Foccart, au 2 rue de l’Elysée, je
n’en ai rien retiré pour que changent nos relations avec les personnes et les
intérêts d’Afrique. Au contraire, chaque succession au palais que vous habitez
actuellement a renforcé nos tolérances puisque nous n’en contrarions aucune,
qu’à dose homéopathique ou selon des nunances en protocole. Le discours prononcé
par François Mitterrand à la Baule, parmi ses homologues africains, et qu’avait
en grande partie inspiré de ton et de forme l’Abbé Pierre – qui me l’a confié
quand je le veillais dans la tourmente l’ « affaire Garaudy » le
perdait – est aujourd’hui de mémoire lointaine. Il n’est pas indifférent que
l’appel à une insurrection de la générosité dans le terrible hiver de 1953-1954
[5]
et l’établissement envisagé d’une proportionnalité entre nos appuis et concours
à quelque régime que ce soit et son fonctionnement interne, aient le même
inspirateur.
De Saint-Denis ces jours-ci
et de Nouakchott depuis plusieurs décennies, je reçois donc, très précis, le
reeflet de notre visage quand il suscite l’adoption, l’espérance de
populations, d’hommes, de femmes, de jeunes gens, d’anciens qui ne sont pas
directement de notre sang mais qui reconnaissent en notre esprit leur propre
fonds. Notre nationalité est ainsi contagieuse, nous ne pouvons pas en jouer,
la travestir, et rien qu’en prétendant le conserver sans le nourrir en chacune
de nos générations, en chacun de nos principaux actes de toutes natures, à
chaque endroit de notre sol – comment ne pas penser aux espaces ou bâtiments
dits de rétention ou d’internement administratifs ? n’en avoir pas honte ?
– nous ridons ce visage et peut-être approcherait-il, selon nos insuffisances,
celui de notre mort à chacun.
Ibidem, 18 heures 15 à 19 heures 45
[1] - ----- Original Message -----
Sent: Sunday, May
06, 2012 9:59 PM
Subject: le message de Tulle - pour vous,
mes chers amis mauritaniens
François Hollande a donc été élu à près de 52% des suffrages
exprimés. C'est net, mais ce n'est pas énorme. Il surprendra et fidèlisera - je
le crois - par son indépendance de jugement, sa ténacité, son ancrage à gauche.
Il y aura donc bien plus avec lui à mesure de la fidélité et de la bonne
marche. L'Europe y sera gagnée, certainement. Déjà ce soir, la réaction de
Berlin.
De son premier discours - prononcé sur la place principale de
"sa" ville de Tulle, celle de la cathédrale - je retiens pour vous,
mes chers amis mauritaniens, pour tous les ex-"françafricains", pour
moi donc aussi, ces quelques mots en fin de discours, qui me paraissent très
précis, très vécus, très prometteurs.
citation - Nous ne sommes pas n’importe
quel pays, nous sommes la
France, la paix, la liberté, le respect, la capacité de
donner aux peuples de s‘émanciper des dictatures et des règles illégitimes de
la corruption. - fin de citation
Merci de tant continuer d'exiger de mon
pays, si intime du vôtre, qu'il soit ce qu'il doit être avec vous et vis-à-vis
de lui-même.
A bientôt.
----- Original Message -----
Sent: Monday, May
07, 2012 6:31 PM
Subject: Re : le message de Tulle - pour
vous, mes chers amis mauritaniens
Cher ami
Bertrand
J'ai passé une très belle soirée car
cette victoire de Mr Hollande, je l'ai
tellement prétendue et défendue qu'aujourd’hui j'en
suis fier. Je pense que son arrivée suscite beaucoup d'espoir pour
nous mais pour vous également. C'est surtout la grandeur de la France qui nous manque.
Bonne chance pour tout le monde
[2] - un
million d’euros, dont la moitié se trouve encore au domicile de l’ancien
secrétaire général de la présidence de la République, puis ministre de
l’Intérieur, quand le juge d’instruction y fait perquisitionner
[3] - le
barrage à la candidature de Jacques Chaban-Delmas qu’élèvent Pierre Juillet et
Marie-France Garaud
[4] - que nourrit, entre
autres, Cédric Mathiot
[5] - développez circonstances et fait fondateur de
cet élan
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