mercredi 14 septembre 2016

vous serez réélu - suite



Monsieur le Président de la République,

C’est de nous qu’il faut tirer parti pour le présent et pour toutes suites. Et la confiance rétablie, retrouvée, réinventée car elle devra forcément, elle sera forcément tout autre que celle, somme toute banale, qui existe le soir d’un scrutin victorieux entre l’élu et la nation. L’Histoire manquée de vos cinq ans, l’expérience intense de vos insuffisances et de vos lacunes par mauvais emploi et de vous-même, et de votre fonction, et de vos prérogatives (qui ne sont pas celles d’un gouvernant et assez peu celles d’un « décideur ») formeront une confiance inédite, dynamique, par notre résolution commune : trouver notre chance et notre retour à nos pleines capacités en vous reprenant à notre tête, mais cette fois avec la bride courte et en restant sur le siège du cocher.

Florange est exemplaire par ce qui a été manqué, incompris, pas exploré à ce moment-là. Premièrement, ce cas n’était pas nouveau. Celui d’Alstom ne l’est pas non plus. En ce sens que l’un et l’autre se laissaient prévoir, que des essais divers avaient été administrés mais sans opérer. Deuxièmement, il ne s’agissait pas du tout de volontarisme gouvernemental (ou présidentiel) ni d’imposer quoi que ce soit. Il fallait changer la donne pour mieux exploiter l’existant et d’abord les deux ressources décisives – véritables questions de cours en gestion et en mercatique – la main d’œuvre très qualifiée et des marchés tout à fait identifiés, disponibles selon des prospections plus avisées. La nationalisation d’un outil industriel et du capital qui l’a créé n’est ni une panacée ni en soi un objectif de puissance étatique, gouvernementale. C’est une manière de faire, de rendre à la pleine santé un acquis français pour le rendre ensuite au marché, soit selon les bourses de valeur, soit – plus positivement, plus civiquement et nationalement – à des actionnaires nouveaux ou anciens mais d’un esprit différent de celui qui avait coupé la respiration de l’entreprise, quand elle se trouva en difficultés et que les pouvoirs publics furent appelés – le plus souvent très tard – à la rescousse. C’est tout une chaîne, une séquence, ce sont des étapes à organisern et qui, d’ailleurs, pourraient faire l’objet d’une loi-cadre. Le processus serait connu et ferait autant dissuasion qu’assurance pour les moments où de grands groupes industriels et financiers ont à se déterminer, à trahir leur passé et leur salariat ou à désespérer. La tierce voie existe. Ce fut, en toutes matières : sociales, économiques, diplomatiques, l’intense crédibilité du général de Gaulle, fondant à nouveau chez nous la République. Nationaliser. L’indemnisation est financée par emprunt. L’emprunt est directement dirigé par l’Etat, par votre gouvernement vers nous, vers le peuple – ce qui suppose, précisément, que lui et vous ayez la confiance du public, des personnes physiques, de la nation encore plus que des investisseurs institutionnels (les zinzin dans le jargon et les abréviations de la rue de Rivoli, délocalisée rue de Bercy par Pierre Bérégovoy – que j’ai connu, aimé et qui m’a estimé, je vous en écris plus loin. C’est un emprunt de confiance nationale. La France s’est financée dans l’entre-deux-guerres ainsi. Il y avait pour la trésorerie les avances de la Banque de France, moyennant contrôle parlementaire à la suite d’un débat et d’un vote qui développait publiquement la politique financière du pays et imposait le diagnostic sur sa santé et sur sa capacité d’endettement. P&riode qui succédait celle d’avant-guerre (la Grande Guerre) où notre épargne nationale avait payé la dette d’une guerre perdue, puis avait rayonné la France dans beaucoup de pays, dont même l’Allemagne, censément notre ennemi. L’emprunt entre nous, c’est ce que fait le Japon, le ratio de sa dettepublique est l’un des plus élevés du monde, mais le pays reste indépendant car les titres d’emprunt sont entre ses ressortissants, et l’Histoire a montré leur civisme. La nationalisation ne met pas à la tête de l’entreprise des hauts fonctionnaires, missionnés ou se préparant une gratifante présidence quand le retour au marché sera possible, donc, elle faut monter aux commandes des cadres de cette entreprise, attachés à vie à son succès, à son histoire. Ils connaissent à fond ses possibilités et ses faiblesses, ses marchés, ses approvsionnements, ses nécessités en brevets et en ressources humaines. Les comités d’entreprise devraient déjà être bien davantage pris en considération. Leur objet n’est pas d’entériner les mauvaises nouvelles et les plans sociaux, mais bien de conseiller une direction au jour le jour et plus encore, avec l’autorité de l’expérience la plus concrète, pratique, de prendre le relais, celui de l’imagination, quand les vents sont contraires. L’affaire Lip est exemplaire d’une tentative mais aussi des façons dont un gouvernement peut l’encourager ou l’étouffer. Une forme de l’économie peut se trouver. Les gestions, les mentalités ayant changé par ce temps de nationalisation, l’entreprise serait remise dans le grand bain, sans les outils ou perfusions des médications et des réapprentissages qu’avait nécessité sa quasi-faillitej au jugement de ses dirigeants précédents. L’emprunt serait remboursé en numéraire, l’Etat en faisant l’avance à l’entreprise, mais plus logiquement il serait remboursé aux porteurs par des actions de l’entreprise restaurée et revenue à la vie, au profit, aux équilibres et à l’investissement auto-financé… ce circuit suppose la confiance des investisseurs, pas tant dans l’entreprise que dans l’Etat qui va, quelque temps, en répondre. Il a un effet considérable. L’économie, dans sa part productive, reste capitaliste mais le capital a changé de nature, il est national, personnel. Il retrouve ses origines familiales, ses affectations concrètes. Il est de nouveau identifié. L’entreprise et le pays entier y retrouvent leur indépendance. Le gouvernement est serviteur et instrument de l’économie nationale, il remplit une fonction qu’ont abandonnée les banques, il pourvoit au financement de l’entreprise à rénover en lui faisant rencontrer de nouveaux investisseurs valant plus par leur nombre, et bientôt leur attachement, que par leur taille.

Florange était le test d’une nouvelle économie. Et, dès l’entrée dans votre bureau, du difficile partenaire qu’est M. Mittal, vous disposiez d’un atout-maître : l’alternative totale aux propositions et aux projets du grand patron, si vous ne vous entendiez pas pour la pérennité et du site et de la sidérurgie française. M. Mittal sait les rapports de force, vous auriez gagné. Mais vous n’avez pas établi, d’entrée, ce rapport de forces. Alors même que vous aviez la confiance du pays, mieux : vous bénéficiiez de son attente, qui était évidente et que savait votre interlocuteur. Que vous ne vous en serviez pas a dû l’ébahir et le convaincre que les cartes, c’est lui qui les avait. Toutes.



Reniac, sur notre lit
tandis que ma chère femme enseigne par skype un jeune Medhi : management et mercatique mecredi 14 septembre 2016, 09 heures 37 à 10 heures 12

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