dimanche 22 janvier 2017

début de la conclusion du livre en gestation : pourquoi viens-tu si tard ? au pied du muratiion


toute suggestion, toute critique, accueillies : b.fdef@wanadoo.fr

Début du chapitre de conclusion, qui sera surtout fait d’évocations de grandes rencontres – faisant le mieux approcher ce qu’est le politique, et par déduction selon ses acteurs, ce que peut la politique :
Moktar Ould Daddah,
Maurice Couve de Murville,
Jacques Fauvet,
René Andrieu,
Michel Jobert,
Pierre Bérégovoy,
Pierre Messmer,
Jean-Marcel Jeanneneney
Jean Charbonnel



Testament d’un encore vivant
grâce à d’autres que lui






Je me confie à vous, plus encore que dans tout le corps de ce peetit livre. J’ai eu grand mal à l’écrire. Ce que je tente de vous dire, je le ressens en vous autant qu’en moi, les mots nous manquent, le regard et le désir sont là. Nous savons que maintenant la conclusion nous appartient. Précisément parce que nous ne devons plus déléguer à qui que ce soit la responsabilité de la suite. Nous avons expérimenté qu’un seul est insuffisant, qu’en votant pour lui, nous le livrons à lui-même. Il en fait les frais : Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et maintenant François Hollande nous l’ont répété, et nous en périssons. Même plus vagabonds ou désespérés d’opinion. Déjà inertes. La conclusion nous appartient, le changement n’est pas un programme, il est la volonté de faire la décision, de l’imposer à nos mandataires, de nous l’imposer à nous-mêmes. Le ressort de la suite française est cette résolution. Et nous avons ensemble compris que cette suite est européenne, et réciproquement. La rencontre en Allemagne de celles et ceux qui le nient est sans doute bien ajustée puisque la fragilité de nous tous, natifs de ce Vieux Monde, de ces vieux pays, de ces peuples anciens tellement civilisés, tellement riches, chacun tellement subtil, est actuellement celle des Allemands comme souvent. L’économie puissante, la longévité et la collégialité au gouvernement depuis davantage de temps que partout ailleurs en Europe. Si les négationnistes l’emportent du Rhin à Berlin et à l’Oder, la partie pour notre suite à tous, sera plus difficile mais plus évidente, car la réunion de celles et ceux qui nient a le résultat mathématique que même les enfants connaissent.
Je n’ai pas peur car je sais qu’au pied du mur, il y a partout la résolution. Et maintenant nous avons l’expérience dans chacun de nos pays de ce qu’est, de ce que peut être l’illusion du refus. Mais le refus ne doit pas être le refus des négationnistes, et de leurs accompagnants jouant d’eux pour se faire choisir et gouverner solitairement un pays, des peuples qu’ils croient chacun solitaires. Le refus que continue notre enfoncement dans la tolérance du vide des gestions collectives, du nihilisme des dispersions de nos patrimoines de toutes natures, est éclairé, motivé. Il porte des structures de conduite tous ensemble.

Sans raison, par instinct ? j’ai cru en François Hollande quoi qu’il se soit présenté à nous tous les votants, les Français, sans passé, ni exploit, ni légitimité. Je réalise que ce vote d’il y a cinq ans était adulte, pas seulement le mien, mais celui de millions d’entre nous. Nous n’attendions ni sauveur ni salut. Nous commencions de réaliser que la politique – et je le constate de plus en plus maintenant, l’entreprise surtout, qu’elle soit individuelle ou de taille et d’enjeu considérables – n’est pas l’affaire d’un seul, qu’elle est profondément collective, qu’elle est d’essence collective. Pas parce qu’elle est la gestion du grand nombre et de beaucoup de sujets, d’affaires, de dossiers, de circonstances – prévisibles, imprévisibles – mais parce qu’elle n’est vraiment possible que portée à tous, par une réflexion commune, par une ambiance que nous créons à tous et qui devient l’esprit d’une entreprise – celle-ci au sens économique et financier – mais aussi d’une entreprise au sens de l’aventure qui a sa date de commencement et sa date d’aboutissement. Et cela ne s’est pas fait, nous avons laissé faire.

J’ai essayé – avec vous qui vouliez bien m’accompagner dès les premières lignes – de présenter des antidotes, de les évaluer. Il nous faut les choisir et prendre toutes ensembles. J’ai longtemps cru à la conversion de l’élu d’il y a cinq ans, conversion par intelligence. Les circonstances ne faisaient pression que lentement, les éphémérides de l’impuissance et de l’échec faisaient une chaîne chronologique atterrante mais ne nous liaient pas encore. La leçon – je ne sais si François Hollande l’exprimera lui-même, je le lui ai demandé après tant de suggestions au jour le jour ou presque depuis son investiture par son parti d’origine – est la péremption des anciennes manières d’exercer le pouvoir.

Pendant quatre vingt dix ans, autant dire un siècle, la France s’est gouvernée, sauvée, perdue, reprise selon une commission parlementaire appelée gouvernement. La mûe apportée par le général de Gaulle n’a pas été la mise au goût du jour de notre ancienne monarchie, faussement interprétée comme une autocratie alors que fondamentalement elle avait toujours été le respect et la culture référencée du bien commun. L’élection du président de la République au suffrage au suffrage universel direct a été la première étape d’une remise de la décision, autant dire même du pouvoir, à nous tous. Nous en sommes restés là, malgré les efforts des premiers successeurs du fondateur.

L’existence humaine est une relation, avec nous-mêmes, avec les autres, nos frères de condition, nos analogues. Le cœur de chacun est un mystère, davantage encore pour lui-même que pour les autres plus libres de considérer, du dehors, les entraves et les possibilités de l’envol.

La relation, j’ai eu la chance très répétée dans ma vie, de l’éprouver avec des hommes, des personnalités dédiées à la politique. Trait commun : considérer la politique comme le mystère et la responsabilité d’un peuple que l’Histoire désigne pour être et demeurer un peuple, moyennant à chaque génération sa propre réévaluation et le consentement à lui-même et surtout à l’espérance et aux moyens d’être encore plus lui-même. Le politique n’est pas discursif, il est la conscience de beaucoup.

Je le dirai plus clairement – je crois – en disant les dettes de ma reconnaissance. Je le fais brièvement, devant vous, même si vous ne les avez pas connus, même si peut-être, puisque l’amnésie caractérise aujourd’hui commentateurs, présentateurs autant que les acteurs dont ils sont les faire-valoir. Ce va être ma conclusion. Tous ont physiquement disparu. Aujourd’hui, pourtant, ils existent et me structurent, puissè-je vous faire ressentir qu’ils sont disponibles pour tous, et qu’en sus nous pouvons chacun en rencontrer d’autres mais du même bois, du même esprit, de la même fidélité à autre qu’eux-mêmes et leurs biens. Nos aïeux certainement, nos enfants – je l’espère, et gratifié tellement par notre fille, je le crois – ont fait, pourront faire ces rencontres, et même ont été et seront de celles et ceux que j’ai rencontrés. Car je n’ai rencontrés que quelques-uns, mais ce fut pour tous.

Aujourd’hui [1]où je finis de vous écrire, après tant de tentatives toutes fondées – par une erreur tenace que je croyais la simple et nue espérance – sur la possible, probable, logique conversion d’un président revenant à des convictions et donc à des jugements répondant aux circonstances sans s’en laisser imposer par celles-ci, nous répondant finalement parce que son propre recours contre lui-même serait de nous écouter… aujourd’hui, maintenant que tout a disparu des vieux usages et des vieux rites, même s’ils paraissent encore en scène, c’est le vote entre gens se reconnaissant de gauche pour choisir quelqu’un qui… Ils sont courageux, aucune chance d’aboutir selon les rites anciens d’une élection et d’un nouveau quinquennat. La primaire d’autres n’a été que la trouvaille d’un chef par élimination. Enfin, il y a eu des initiatives et du spectacle, et la redite d’un diable utile à tous les professionnels y recevant la fonction de sincère sauveur. Aujourd’hui, du civisme. Et ce même jour, le dixième anniversaire de l’Abbé Pierre, les réflexes qu’il raviva tant de fois. Je l’ai connu et accompagné au plus crépitant et douloureux d’une méprise qui s’est appelé l’affaire Garaudy, autre forme très achevée du négationnisme, alors que pour sa cause, comme d’ailleurs pour la cause des extrêmistes d‘aujourd’hui, ceux d’Europe, autant que les égarés du djihadisme ou les soutiens de Wladimir Poutine et maintenant de Donald Trump, il y a du vrai et de la lucidité à l’origine de ce qui deviendra, est devenu un odieux parcours. L’Abbé Pierre, une solitude, un secret spirituel, un tempérament s’exorcisant eux-mêmes par l’obsession des autres faite d’une empathie avivée par le scandale. Un homme-cri. Coincidence des dates, au lendemain d’un anniversaire, celui de l’événement sans doute le plus symbolique de notre hisstoire nationale, l’exécution capitale du roi. Nos crises de légitimité – nous en vivons une de plus – nous font, font la France.



[1] - dimanche 22 janvier 2017

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