lundi 16 janvier 2017

chapitre 6 - en relecture

toutes observations et suggestions, bienvenues   b.fdef@wanadoo.fr








5 .

Réfléchir en famille



relecture, le lundi 16 Janvcier 2017,
de 17 heures 15 à 17 heures 34


Nous n’avons plus que des repères intimes et personnels. La politique, les circonstances, l’économie – la généralité et l’actualité – tout nous échappe d’analyse et d’action. Français, fiers de notre beau pays, nous avons parfaitement conscience de notre âme, de nos possibilités. Nous savons très bien que le monde est difficile, que chaque peuple, que chacun se débat, qu’il n’y a plus d’inertie nulle part – sauf selon notre fatigue, nos âges – et qu’une gestation forte est en cours. Quelle est-elle ?

Vous-même parvenu à ce point de ce que je tente d’écrire, et qui prépare, résume ce que je vais tenter – tandis que quelques amis montent le site internet nécessaire et organisent des listes, également internet, d’élus à appeler, à convaincre – vous m’avez accompagné peut-être quelques heures, m’avez permis de vous accompagner et même questionner, mais où en êtes-vous avec vous-même, avec les vôtres ? avez-vous encore des projets, et ceux de mes amis et correspondants qui, biologiquement, ont le quart ou même moins de mon âge, me paraissent beaucoup plus hésitants pour commencer leur avenir, que ne l’était ma génération, que ne l’étaient mes camarades de classe. L’époque où commençait, puis continua ma première trentaine d’années était fixe, non qu’elle fut exempte d’événements : au contraire, mais les événements se comprenaient, si brutaux qu’ils soient : Dien Bien Phu, Budapest, Suez, les guerres de décolonisation et l’apaisement général avec la conclusion heureuse de la confrontation à Cuba, du concile œcuménique Vatican II, l’acceptation de nos institutions, de notre nouvelle politique étrangère décidée et mondiale. Toutes les oppositions (et elles avaient été nombreuses, souvent haineuses et toujours contradictoires, quoique sous-jacent se ressentait une admiration unanime et réventielle pour le re-fondateur) entraient dans un cadre devenant vraiment nôtre. Il en était de même en Europe, même s’il y eut la guerre d’Afghanistan, on sentait bien que l’Union soviétique n’était plus dangereuse. Toutes les ouvertures, celle de la Chine, étaient saluées positivement, les dernières dictatures de notre Vieux Monde s’étaient défaites. Tout était intelligible.

Ce qui a postériori est vanté comme « les trente glorieuses » auxquelles aurait mis fin le premier « choc pétrolier » et dont nous avons façonné mentalement la cohérence, réédition d’un autre âge d’or : « la Belle époque », me paraît surtout une lisibilité, une possibilité de projeter avec certitude un avenir aussi souhaitable que possible. Une harmonisation générale avait semblé une règle non écrite mais vécue, très satisfaisante politiquement. Nous n’étions pas inquiets, nous n’étions pas – au contraire de ce qui se propagea dans le discours public au tournant du siècle – « en quête de sens ». Le vocabulaire n’était pas figé, la pensée tranquille. Si vous avez vécu tout ou partie de ce second après-guerre, n’avez-vous pas eu l’impression que l’atroce conflit dont nous étions sortis – et pour nous la France, miraculeusement bien sortis, exprimés par de Gaulle, structurés par la Résistance : sang versé, tortures subies mais lumière des projets, de l’attente – n’était pas inutile. L’accouchement avait réussi. Un autre monde était né.

Nous n’avons pas aujourd’hui cette tranquillité d’esprit. Statistiquement, la pauvreté, la misère – tous les dangers et échecs individuels – et les catastrophes climatiques ou énergétiques en cours – tous arguments pour une « mondialisation » autre qu’économique et financière, mais bien concrète – sont plus évidentes, menaçantes, honteuses que dans le passé lointain ou récent. Si vous êtes né après cette période d’intelligibilité, contestée par les « événements de Mai » mais universellement sensible et optimiste, comment voyez-vous l’actualité, en profondeur ? et comment concevez-vous votre utilité ? car notre épanouissement, notre équilibre personnels dépendent de cette insertion et de cette estime.

La campagne présidentielle en cours – nous le savons tous – est un leurre, pis qu’un rite. Elle n’est pas un outil de discernement, encore moins d’une action mieux ajustée que les précédentes depuis une vingtaine d’années. La réflexion nous appartient. Sur quoi la faire porter ? et comment la mener, aussi profondément que possible, selon nos vies et attaches respectives, et aussi collectivement qu’il est nécessaire pour qu’autre chose commence et qu’il soit remédié à ce qui ne va pas, en tous domaines, à ce qui va de plus en plus mal.

Reniac, à ma table de travail, mercredi 11 Janvier 2017,
de 08 heures 26 à 09 heures 04

Notre fille, sauver les panda, son amie de cœur, dans la messe classe, elle l’a surnommée panda. Elles sont une dizaine en cour de récréation un vendredi : sauver les pandas ? faire des gateaux chez soi et les vendre aux camarades, pas cher, peut-être soixante-dix centimes. La même court aussitôt chez le conseiller principal d’éducation : accord. Lettre formalisant le projet, une quinzaine d’engagements, signatures au crayon multicolore, il manque encore quelques-unes, un garçon parmi eux, plutôt « intello. » : trois catégories, filles ou garçons : intello, «  se la pétant », normal. Notre fille et ses amies, naturellement, de la dernière espèce. Le normal, chez les filles comme chez les graçons, est statistiquement l’exception. Le groupe de fille varie de nombre, la défection type est toujours une mise à l’écart d’elle-même par l’une d’elles, se jugeant plus mûre que les autres, l’été, des vacances, la physiologie, la pré-adolescence. Notre fille veut n’être pas définie par cette mûe. Elle m’explique aimer chacune différemment et qu’il en est de même de toutes. Nous formons une famille, nous nous entr’aidons, nous consolons celle qui semble ne pas aller, surtout nous disons franchement, en face, ce qui ne va pas. Je l’écoute, sa définition de la famille, l’application au groupe, la vie du groupe, le projet, comment il se forme. J’y vois notre parabole pour le possible, maintenant, entre habitants de France.

Reniac, à ma table de travail, mercredi 11 Janvier 2017,
de 20 heures 40 à 44


1° nous ne jouons plus collectif

Une des salles de réunion au sous-sol de la place du Colonel-Fabien : le siège du Parti communiste français. Jusqu’à mon adolescence, la place Kossuth du nom de l’insurgé hongrois, mais en 1848, et l’Humanité sur les Grands Boulevards, pas à Saint-Denis. René Andrieu, au magnifique regard bleu, du sang sur les mains à la Libération du Lot dont il commande les F.T.P. [1], la messe dominicale aux côtés de sa mère chaque fois qu’il revient au pays, impérieux et chaleureux à la télévision, plume précise d’un stendhalien [2], visage d’amant comme Aragon, membre avec lui du Comité central, m’a souvent invité à déjeuner après qu’il ait publié un extrait de ma première publication dans le Monde. J’y avais vu un signe, j’avais aussitôt téléphoné au journal, mais d’une cabine. En 1972, « le Parti » était encore, dans les « milieux » où je suis, aussi pestiféré que l’est aujourd’hui le Front national, mais dans d’autres « milieux ». J’aimais déjà le sens de l’engagement, l’évident patriotisme, le goût et la science de la discussion, du débat, des arguments. Trente ans plus tard ou à peu près, peu avant une de nos élections présidentielles, la dernière où le P.C. ait eu son candidat en propre [3], une remarquable relation de ma femme, chaudronnier de famille, énarque par concours, attaché financier à Washington, Jacques Nikonoff m’a invité à une série de rencontres sur le salaire universel. Un cercle d’une vingtaine de personnes, autour de la cinquantaine ou sexagénaires comme moi, à l’époque. Des échanges qui me passionnent tant ils m’introduisent à la réalité des présences et des options syndicales en entreprise. Pour résumer, le constat est grave. La solidarité s’est perdue, l’individualisme est stimulé par les directions

Vannes, à l’U.C.K. pendant la dernière heure du cours de danse de Marguerite,
mercredi 11 Janvier 2017,
de 17 heures 40 à 18 heures

 – diviser pour régner ? éparpiller pour maintenir toujours la supériorité en tête à tête

Reniac, de retour à ma table de travail, vendredi 13 Janvier 2017,
11 heures 45

Vannes, à l’U.C.K. pendant la dernière heure du cours de danse de Marguerite,
mercredi 11 Janvier 2017,
de 17 heures 40 à 18 heures

, chacun quels que soient sa condition, son grade, son espérance juge qu’à soi seul sans la charge d’autres, sans action syndicale, sans heurt ni violence, sans non plus l’obéissance à des analyses venant d’ailleurs, arrivera certainement mieux. Je vérifie cela avec certains de mes neveux, l’un juge que la famille propriété de sa très grande entreprise automobile a opté pour la philanthropie car placer son capital autrement que dans l’industrie reçue en héritage rapporterait plus, un autre est persuadé qu’il est cadre supérieur, dirigeant, décisionnel de la société multinationale qui l’emploie. Comment ne pas accepter qu’ils ont, chacun, selon une génération et une situation qui ne sont pas les miennes, des éléments dont je n’ai ni connaissance ni expérience. Mais je sais aussi la dupe d’un système ôtant à ses salariés toute intuition qu’il existe jamais une alternative et inculquant que la soumission, voire la louange de ce qui est vécu sont la meilleure, la seule voie de salut. Il est vrai que si l’action solidaire se présente comme une relique de l’histoire qui ne se reproduira pas, le feu court encore et les précautions, cyniques et impensables il y a peu encore, montre bien que la partie gagnante craint encore le réveil des perdants à la conscience. Ces engagements sollicités, dans certaines entreprises, de renoncer au droit de grève contre un engagement des dirigeants de ne pas licencier et de maintenir l’activité sur place… les luttes locales, leur persistance désespérée, l’ameutement de la population, de tout « le bassin d’emploi » en manifestations devant les lieux de travail que l’on bloque ou devant les tribunaux tenant leurs dernières instances. Dérèglement généralisé pas au sens d’une abolition des protections et des usages anciens, mais une sorte de sauve-qui-peut du politique, de l’économique, du social. Les prétextes sont trouvés qui nous sont intellectuellement et territorialement extérieurs : les délocalisations, les textes et les mœurs libéraux, mondialistes, des cadres que nous n’avons pas forgés à l’expérience, selon des luttes et des négociations, des réconciliations et des hostilités faisant le mouvement social et la société-même. L’ensemble s’entremêlent en un complexe sans prétention autre que l’efficacité et des résultats, rarement discernés, en plein emploi et en santé comptable. Le chacun-pour-soi dans le clair-obscur a sa justification psychologique. La soudaine législation du travail, dont la source n’a pas été dite ni l’urgence en fin de quinquennat démontrée, prend acte d’un cadre et d’un scenario qui ne sont plus ni nationaux, ni syndicaux : la seule entreprise et ses salariés, sans communication avec l’autre facteur, ce capital,ni plus ni moins décisif que le travail. Observation primaire : la main d’œuvre est surabontante, le capital peureux et peu enclin à se placer dans le risque social, d’autant que les Etats, sans se rendre compte qu’ils sont la cible ultime, sécurisent avec constance le capital et lui laisse toutes issues, surtout immorales et spéculatives. L’individualisme des carrières produit le détachement des salariés vis-à-vis de leur entreprise. La mobilité quand elle commença d’être chantée, était en version volontaire et encore facultative, elle était géographique, elle est devenue une projection obligée. A la délocalisation des entreprises pour diminuer des coûts – naguère en relation avec les approvisionnements et les accès aux débouchés, mais depuis vingt ans uniquement en fonction des moindres salaires pratiqués dans les pays émergents, l’Europe de l’Est – a correspondu le découplage de l’Etat vis-à-vis de l’économie. Les deux grandes entités sociales : la production, la protection jouent chacune séparément. Les peuples se désarticulent ainsi.

Entré dans l’administration dans une ambiance optimiste que justifiait la fin de la « guerre froide » et une croissance économique, selon les mesures statistiques, régulière, l’harmonie semblait durable. La justice était distributive et au mérite. Cadre d’animation, d’autorité et de conception dès ce moment, je n’ai adhré à aucun groupe ni syndicat, je n’ai pas eu conscience des corporations et des cooptations, pas même des parrainages et me suis confié à une séduction personnelle de celui qui, haut fonctionnaire comme moi, décidait – dans l’entité de mon affectation au à l’issue d’un concours dont je n’avais pas compris ce qu’il sélectionnait ou primait, à supposer que j’en sois capable – des étapes suivantes de ma carrière. Ces milieux de vie où l’on pense emploi, ceux où il s’agit de carrière et ceux où le travail est un salaire, un gagne-pain. Des perceptions différentes, qui se dialoguent peu mais forment les inégalités et les consentements en société. J’ai donc, toute ma vie professionnelle, vécu seul avec une ambition de servir qui attendit jusqu’au dénouement sa véritable affectation. Tour à tour

Reniac, à ma table de travail, vendredi 13 Janvier 2017,
de 07 heures 20 à 08 heures 10


favorisé ou utilisé, selon  la relation entre mon administration et le ministre du moment, voire le président de la République, ou abandonné par disparition de ce dernier. Bien noté ou très mal vu. Aucune prévisibilité. Je vous confie cette ambiance pour faire remarquer qu’il n’y a pas de différence de nature entre les conditions psychologiques au travail entre « privé » et fonction publique.

Concluons que nous ne savons plus assez considérer et analyser ensemble nos formes de vie en société, et principalement au travail. Les ambiances familiales, la parentalité, la relation des adultes avec leurs enfants et de ceux-ci avec eux évoluent, considérablement en apparence, mais l’affection de cœur et la proximité physique font ressentir l’immuable qui est naturel. En revanche, au travail – quand il n’est pas solitaire ou pas fondamentalement en équipe, l’artisan, l’artiste, l’écrivain, l’agriculteur, le commerçant de détail, toutes professions libérales – nous savons moins ce qui fait racine. Pourtant et partout, il y a l’effort de produire, et en famille et en couple, l’effort de s’entendre. L’amour peut naître quand le sentiment et le constat sont forts parce que l’œuvre est commune, et si un seul manque, la part absente ou déficiente, par son absence-même, sa déficience, détruit tout.

N’échangeons pas, construisons. C’est l’oeuve ensemble qui unit et plus elle unit plus l’œuvre s’embellit, la fierté n’est pas individuelle, nous communions. La construction européenne, le grand projet d’emprise géographique, la combinaison des situations, des savoirs et des envies pour proposer ensemble au reste du monde ou, localement, pour porter à la décision de tous les acteurs ou du pouvoir national sont ce même mouvement collectif. Pourquoi en cours de débat de ces primaires qui amoindrissent les concurrents, bridés et disséqués par des journalistes faisant de l’exercice non pas un service (public) dédié aux concurrents et aux électeurs, mais une étape de leur propre carrière et le bâti de leur notoriété personnelles, n’y aurait-il pas sous nos yeux la construction d’un projet commun, famille politique par famille politique, puis finalement en campagne audiovisuelle, dite officielle, et surtout pendant le débat d’entre les deux tours de notre prochaine élection présidentielle plus vraiment de rivalité, mais une reconnaissance mutuelle de la richesse et des lacunes de chacun s’ajustant ensemble pour faire jaillir le point commun, et donc l’outil et les modes opératoires du bien commun national.

Je crois cela possible, si je suis admis au concours du premier tour, celui sanctionné le 23 Avril prochain, je m’y essayerai. Le chacun pour soi est une course en sac, chacun s’handicapant, personne ne pouvant compter sur autrui, sur les autres. L’expérience a été courante dans les débacles ou les cessions de nos grandes entreprises d’erreurs stratégiques, de mésestime des situations commerciales et financières parce que tout état vu à très peu de dirigeants, informé seulement d’une unique manière et les conclusions d’avance faites et défaitistes. Le plein air d’un examen en comité d’entreprise, mené surtout selon le vécu et la mémoire de plusieurs décennies de vie collective, de conquêtes coup par coup mais à plusieurs et au triomphe partagé, a généralement manqué. La brade ou les mésalliances, les paris naïfs qui nous ont couté de Péchiney à bientôt Areva, en comprenant tout notre textile, toute notre métallurgie, toute notre ingénieurie énergétique ont été perpétrés sans mémoire de nos acquis en savoir-faire et en évaluation et pénétration des marchés, chez nous et au dehors. Les programmes qu’assènent – toutes fiches avalées, selon les termes propres à leurs soigneurs et répétiteurs – par les candidats au pouvoir présumé suprême, sont dérisoires, tellement ils sont parcellaires et dépourvu de tout terreau, totalement théoriques.

Nous menons, depuis quinze ou vingt ans, sans que cela ait été même perçu d’abord et jamais modélisé, une nouvelle façon de vivre et de projeter : une solitude généralisée, chaque entreprise, chaque personne, l’Etat et l’économie côte à côte, la société, les demandeurs en tous genres dans le fossé. Le squelette sans la chair, les membres sans tête, l’Europe sans prise ni sur les opinions, ni sur ce qu’il est criant de résoudre, l’Etat se défaisant de tout ce qui peut se monnayer, tout le monde s’échappant, nous finirons par ne plus vivre qu’en faisant semblant. Nous avons pris conscience que nous sommes solidaires de notre planète native et que tout pays, tout peuple, petit ou considérable a de l’influence sur le bien-être ou la dislocation des autres, mais l’image n’est pas portée, la transposition n’est pas faite sur nos projets personnels, sur les initiatives naissantes. Les autres ne sont pas une contrainte ou un fait de notre condition personnelle, ils sont notre chance comme nous sommes la leur. J’essaye d’exposer, peut-être trop abstraitement, ce qui nous délite et nous a désarmés. Face au progrès des techniques et des manières de communiquer, de stocker¸ nous ne sommes pas passifs mais apeurés et ignorants comme si notre sort collectif était en impasse et notre jeu individuel, seul, encore possible.


Reniac, à ma table de travail, vendredi 13 Janvier 2017,
de 07 heures 20 à 08 heures 10

Malheureusement, le désarroi personnel est encore plus marqué chez nos dirigeants économiques et politiques. Nous avons en mémoire récente les aveux du président d’Alstom[4] imposant sans le motiver l’abandon de son navire, la mise en examen ou tout comme de la présidente d’Areva [5], venue de l’Elysée tandis que s’y mourait François Mitterrand dont elle avait la confiance. J’ai vécu une soirée, presque de larmes, avec le président de ce qui s’appelait à l’époque Indosuez ; il confiait toutes ses perplexités à l’inconnu que j’étais, au moins pour lui, et n’avait que le souci de ne pas se tromper dans des stratégies de fusion-absorption : la mission de son groupe et le rapport de cette interrogation avec le destin et le patrimoine du pays, compte du poids et de l’insertion de son groupe dans l’économie de la France, ne ressortait ni de sa manière de présenter le carrefour où lui-même se trouvait, ni dans aucune de ses projections d’avenir. Comment ne pas supposer qu’il en est de même à la tête de chacune de nos grandes entreprises industrielles, commerciales, bancaires ? Peut-être parce qu’il prit ensuite, moi sorti de son bureau et lui d’une nuit dont je ne sus rien, puis d’une réunion matinale, conscience qu’il s’était trop confié ou avait baissé la garde, il ne me retint pas comme conseil aulique.

Si vous et moi rapprochons, ce qui est de notoriété publique, les indécisions du président de la République et de ministres concernés, à commencer par le Premier, ainsi que le flou des compétences et des moyens de l’Etat dans chacun de nos désastres industriels ces années-ci, de ce qui a scandalisé les milieux gouvernementaux, politiques et chacun de nous : des révélations factuelles, l’appréciation libre de personnes publiques…, ne saute-t-il pas aux yeux que le pouvoir a été exercé pendant ce quinquennat par une personne isolée et cherchant son équilibre personnel. Au lieu de fonder son existence quotidienne, pour la part de celle-ci échappant à l’officiel, sur un couple éprouvé de longue date ou même tout juste constitué [6], le Président a mené en bateau, avec lui dedans, deux maîtresses, se conduisant mal avec l’une et n’épousant pas l’autre, ne se centrant pas affectivement. Un besoin incoercible, sinon de se confier, du moins de se distancer de son devoir d’état, en en jouant les scenarii, l’a conduit à donner, hors des structures requises par l’ampleur de ses responsabilités, des heures et des heures dont ne bénéficiaient pas, loin s’en faut, ses ministres, même les moins négligeables. Quelle méditation personnelle, quels arrangements des respectives et des moyens, ont pu être consacrés à nous, sereinement. La spontanéité, le système réactif pour décider à court terme sans investigation ont été la manière de nous présider et celle-ci accaparait les compétences gouvernementales, qui ne sont pas celles du chef de l’Etat, arbitre, veilleur, incitateur. Les plus graves imprudences ont donc constitué la chronologie du quinquennat, il en est résulté l’impuissance des pouvoirs publics mal informés et ne se cnnaissant plus eux-mêmes. Une personnalité peu constituée, ce qui ne fut pas plus dénoncé par celles et ceux d’expérience, que n’avaient été dites les addictions de Dominique Strauss-Kahn quand il fut en passe d’accéder à la présidence de notre République. Le long feu en Syrie, le projet de déchéance de la nationalité sont des dettes personnelles de François Hollande envers le pays et la dignité de sa fonction – nonobstant sa bonne volonté et son souhait de nous correspondre jusqu’à ce que nous le réélisions. La minime contribution que je lui ai proposée à tant de reprises était d’ordre psychologique, sinon thérapeutique. Il l’a éludée s’il l’a connue. Il s’est constamment défié de la délibération à plusieurs, il n’a pas réalisé que son échec ne serait pas que le sien, même si la disparition de sa famille politique et de son parti d’origine – que confirmera le premier tour du prochain scrutini est prévisible – va sans doute obliger beaucoup à réinventer et fonder de nouveau.

L’entourage du pouvoir est également malade. Je l’ai constaté dans ma relation écrite avec le premier collaborateur du président en exercice : le secrétaire général de la présidence de la République. Ou l’impuissance puis la démission de la personne en charge qui ne peut plus soutenir la dérobade de son maître, ou une réceptivité irrégulière,  tournant à l’aveu de détresse quand une difficulté personnelle, quoiqu’encourue dans l’exercice de ces importantes fonctions, ne trouve pas son exutoire dans le milieu ambiant à l’Elysée. Des solitudes sans doute constantes et des paris devant ceux d’une addiction au jeu. Si nos dirigeants souffrent d’âme, sans structure spirituelle apparemment, la France n’est plus animée au sens le plus littéral du mot. 

Ibidem, samedi 14 Janvier 2017,
de 13 heures 41 à 14 heures 25… et à08 heures 10


2° nos ensembles, quelle que soit leur fin, oublient leur vertu fondatrice

Familles, projets de vie, production en entreprise, conditions de notre agriculture, perplexité angoissée de notre système éducatif, sollicitation démesurée de nos services de santé ne sont pas seuls dans ces douleurs de l’enfantement ou de l’agonie – la qualification du stade où ils se trouvent à chacun est impossible à énoncer si nous les uns les autres ne se regardent et ne s’évaluent ensemble. Mais ce qui était de génération en génération proposé à mesure du temps et selon les époques qu’ils contribuaient beaucoup à caractériser, avait eu longtemps ses modes d’expression. Et ces modes étaient collectifs, hérités, humainement organisés en prévision de la suite et en conscience des origines : principalement les institutions en tous genres, les associations notamment les syndicats et les partis, enfin les églises.

Je n’évoque que ce que je connais par expérience. Du dehors, tout paraît consistant si l’on n’en fait pas partie et si l’on dialogue avec les chefs, sans être affilié, la cohérence est falatteuse, bonne volonté et talent ont leur application. Vous-même avez certainement cette expérience de l’association, de l’administration locale, de la paroisse, des réunions d’anciens élèves ou de soutiens de club ou de parents en période scolaire de leurs enfants. La C.G.T. pendant un siècle a été l’épouvantail de l’économie libérale et du patronat, parfois même du gouvernement de notre Etat, en période de grève générale. Les « événements de Mai 68 » ont introduit pour quelques années des vocabulaires et des échéances : la rentrée sociale, qui plus récemment a inspiré, personnalité par personnalité de la politique, les termes de rentrée et le rite des vœux. A la fin des années 1960 et à la reprise, crut-on, du mouvement social, au sens de la contestation active et dans la rue, il y avait « les petites phrases », notamment des patrons successifs de la centrale syndicale d’obédience communiste [7]. Celle-ci  faisait partie d’une cohérence politique nationale et internationale promettant (mais sans l’espérer intimement) le changement par la prise du pouvoir d’Etat. Ce ne fut pas maléfique, par opposition des syndicats se présentant comme réalistes et amis de la négociation [8]avec le patronat et même les gouvernants projetant autrement le salariat et les conditions de travail puis des retraites, apparurent, le manichéisme s’estompant et le pluralisme s’installant, tout parut propice à une fluidité dont nous n’avons pas su nous doter depuis des décennies, sauf à coups violents : les accords Matignon [9], les accords de Grenelle [10]. De même que chacun de nos mouvements sociaux, ces accords sous la contrainte montraient la poossibilité de références communes malgré les antagonismes. D’un syndicat fort, didactique et dialectique, un pluralisme est autant par opposition que par filiation. Avons-nous su les combiner dans les années 1970 quand la croissance économique est devenue plus problématique, que l’inflation a inquiété, avec la planification qui avait déjà vingt-cinq ans d’âge et surtout d’heureux fonctionnement ? Je ne le crois pas. Dès le septennat de Valéry Giscard d’Estaing d’image libérale en politique, d’autant qu’il la revendiquait en ces termes, le Plan, ses structures de négociation, sa scansion de la vie nationale furent minorés. Le dirigisme restait l’idéologie d’Etat dominante et présentait pour le patronat et le syndicalisme l’avantage de la clarté, donc l’offre d’un partenariat précis. Maintenant que l’Etat se dissout, que les transactions nous ôtant notre appareil industriel le dépassent manifestement, les syndicats se retrouvent isolés sur un champ devenu de bataille et toute structure de concertation et de prévision disparue. Une production de notre Histoire s’est perdue. L’adhésion aux structures professionnelles, les votes pour les appareils syndicaux, leur représentativité ne sont plus vraiment fréquentés, et la loi sans appellation puisque simplement dite : loi Tavail, sacntionne la désaffection au lieu d’organisation la reconstruction. Je vois celle-ci par une obligation d’affiliation à peine de ne pas profiter indviduellement de l’acquis des conventions collectives menées par le syndicat auquel on appartient. C’est le système scandinave et ma proposition est analogue à celle énoncée plus haut du vote obligation aux élections politiques, à condition que soit permise la contestation de l’offre à voter : le vote blanc. En régime syndical, la liberté totale d’association pour les salariés et l’obligation, déjà légale, d’expression et de participation syndicales dans l’entreprise si petite soit-elle.

L’organisation du soutien à l’action du général de Gaulle, expressive au possible mais impropre à le ramener au pouvoir [11], a structuré la vie nationale depuis 1958 aussi décisivement que le mode de scrutin, rompant avec les manières d’élire la représentation politique depuis notre Révolution et surtout sous les Troisième et Quatrième République. Parce qu’il s’agissait de maintenir au pouvoir l’homme du 18-Juin et de conserver au pays le nouveau régime, la vie intérieure du mouvement (qui répugnait à se considérer comme un parti) était toute naturelle : la propagande, la contagion, la disponbilité. L’emprise « gaulliste » sur l’ambiance nationale avait certainement, vis-à-vis de beaucoup, quelque chose de totalitaire, voire d’oppressant qui fut contesté aussi bien par la jeunesse étudiante : « Mai-68 » que par des partis politiques nés et organisés sous d’autres régimes, et donc peu rayonnants sous le nouveau, jusqu’à ce que – sans doute le second fondateur de la Cinquième République et l’autre modèle d’exercice de sa présidence à l’Elysée – François Mitterrand crée un nouveau parti de gouvernement et suscite l’unité, sinon la fusion de toutes les forces et aspirations de la gauche [12]. Ces deux grands mouvements, où les modérés et indépendants d’antan, et le Parti communiste toujours puissants, n’avaient plus les rôles principaux, étaient vivants. Les débats nationaux se fondaient sur des alternatives nettes à propos des institutions, de la politique étrangère de la France, du cadre de l’activité économique. Les ajustements dont le principal fut conçu par Valéry Giscard d’Estaing, mentalement aussi opposé que François Mitterrand, a ce qu’était devenu le « parti gaulliste » ne changèrent pas l’échiquier et n’amoindrirent guère la vie intérieure de chacun des partis. Ceux-ci sont devenus émollients quand le concept d’alternative dans le gouvernement du pays cessa d’être de fond et devint seulement une alternance des équipes et des personnalités au pouvoir, de moins en moins décisive en orientation économique et financière. La Cinquième République ressembla à partir des années 1990 aux précédentes : sans consistance idéologique mais véritable compétition des personnalités pour accéder au pouvoir. La militance est devenue parterre. La réflexion sur ce qu’est le politique [13] et sur le voies et moyens de notre progrès et de notre entente entre habitants de notre pays, n’est plus qu’individuelle. Sans doute, la compétition électorale au sein d’une même mouvance d’idées et de parti est plus souvent de personnes qu’entre des thèses, mais pas toujours, et le jugement sur l’état de la France et sur la distribution de ses forces peut générer de nouveaux assemblages ou une méditation. C’est beau, passionant mais n’aboutit pas.

Voici mon expérience, en souhaitant connaître la vôtre.

Reniac, au lit pendant le soutien d’Edith à Mehdi par skype, vendredi 13 Janvier 2017,
de 09 heures 06 à 10 heures 40

Cela commence en Mai 1968. Notre promotion qui de justesse s’est préférée pour nom de baptême : Turgot, en Janvier 1967, contre Jean Jaurès (la gauche apparaissait vraiment face à de Gaulle et à ce que nous – je ne pensais pas être seul – pensions être la norme de l’idéal de l’Etat et de la nation, j’avais contribué à ce contre-feu), doit délibérer, en pleine déliquescence du pouvoir politique. J’écrivais chez mon grand-père maternel un récit d’amour raté, qui aurait dû être l’actualisation et le mélange de plusieurs de nos romans d’ambition et de société au XIXème siècle, j’avais failli dans la famille Michelin en conséquence logique d’un coup de foudre pour l’une des amies d’une de mes sœurs. La considération de mes camarades et compétiteur en scolarité de l’Ecole nationale d’administration avait été considérable, mais pas tellement gratifiante : c’était transparent. Perturbé j’avais décidé de redoubler de même que mon modèle – de trabsposition du politique au personnel – de Gaulle faisait appel de son discours inadéquat du 23 Mai [14] par celui du 30 Mai [15], comble de l’efficacité, sinon de la vertu fondatrice. Nos débats sur la situation et surtout sur la nécessité de disposer d’un ministre apte à signer le décret de nos affectations respectives, choisies dans l’ordre du classement de sortie de l’Ecole, tournèrent à une typologie de nos ambitions et de nos attachements. La grève à quelques jours de la fin de notre scolarité, la suppression des « grands corps », au sein desquelles les carrières sont toutes royales et de droit [16] et diverses réformes, recueillirent une écrasante majorité, mais le 31 Mai, ceux qui en avaient la possiblité au classement oublièrent leur vote de péremption pour entrer dans ces grands corps. Nous avions unanimement proposé que cela ne se fasse qu’après dix ans d’administration, haute de prestige mais encore d’exécution ou d’écriture. Nous en sommes toujours à l’aristocratie viagère dans notre administration, sauf quelques accidents, faveurs ou exceptions : le « tour extérieur » [17],

Reniac, à ma table de travail, vendredi 13 Janvier 2017,
de 11 heures 55 à 12 heures 11

c’était rue des Saints-Pères où à l’inauguration de l’Ecole, le premier directeur était entré à cheval. Mes promotionnaires, ceux des « grands corps » dont je n’ai pas fait partie, n’ont pas marqué et je crois qu’une des raisons de notre langueur actuelle est que ma génération n’a pas su passer le flambeau qu’elle avait reçu de la génération de Gaulle-Résistance-Libération. L’un a coulé notre industriel du calculateur et de l’ordinateur, l’autre après du cabinet auprs d’Edouard Balladur entre ministre des Privatisations, a obtenu la présdence d’une de nos banques, et de là une place au conseil de Goldmann Sachs, un troisième a contribué à l’autorisation par la C.N.I.L. [18] du croisement des fichiers d’imposition et de sécurité sociale, enfin celui qui pouvait causer un échec majeur au président Sarkozy en interdisant à celui qui l’avait préparée de longue date en toutes positions professionnelles dans la banque, rue de Bercy et à l’Elysée de s’approprier la présidence de sa créature : une de nos plus importantes banques aujourd’hui, ne l’a pas fait et est parvenu à motiver l’absence de réponse au fond  à une interrogation de droit. Certes, il y a eu un opiniâtre admirateur de Valéry Giscard d’Estaing, civique, accueillant et lucide dans chacune de ses grandes positions, un autre de mes camarades, administrateur civil aussi, pratiquant la banque normalement et animant maintenant certaines des structures qui la réforment. Et puis l’humilité féconde dans des administrations subalternes ou un temps préfet mais avec le tunnel du Mont-Blanc dans son terriroire ou encore un parcours étonnant d’ingénieur au Maroc encore sous protectotrat, topographie et potentiel minier, puis génie rural, concours interne, jeunesse et sports, institut régional d’administration, arrondissement fiscal. Ceux-là sont mes amitiés. Nos lauréats sont des exemples de gentillesse, mais qu’ont-ils servi.

Tout autre enceinte, près de trente ans plus tard. La section socialiste de ma province d’adoption. J’y suis admis quand la pertinence de l’article 16 y est débattue, je ne peux dire que le cadre n’est pas approprié.Débats sur le financement des retraites tournant à des motions précédentes et à des références dogmatiques, je suis chargé d’entrée de trouver quelque chose… débats sur la candidature pour la députation. Je la brigue, le siège est à prendre, après cinquante ans de règne d’une personnalité apparemment grise mais d’humour pour les intimes, ministre de la reprise en main du Quartier Latin, des divers groupes de toutes tendances à interdire, pas un grand esprit selon Maurice Grimaud, préfet de police à cette époque majeure. La rue de Solférino n’a de souci que l’élection de Benoît Hamon dans sa ville de naissance, pas loin de notre chef-lieu, Jean-Yves Le Drian, député-maire de Lorient, chaleureux pour m’accueillir, sans doute par prudence d’un possible avenir qu’il ne faut pas concurrente, ne parviendra pas à le faire élire tandis que notre circonscription est « réservée » à une femme. Enseignante, épouse d’un officier malgache massacré par des pitschistes et dont elle a gardé le nom, elle a peu pour séduire un électorat conservateur et pas jeune. J’essaye de protester, fauis alors la connaissance chaleureuse du véritable candidat, maire d’une des principales communes de l’agglomération qui ne gagnera finalement qu’après quinze ans d’effort et sans l’investiture d’un parti où il milite depuis trente ans : circonscription réservée à une femme. Cette contestation et mes articles, appréciés m’assuret-ton, dans le journal de la fédération socialiste, ne vivant que des annonces légales, me font sans procédure sortir des listes de convocations aux réunions, et mon absence est expliquée par une abominable trahison : es-ce d’avoir marqué au maire sortant de Vannes que la gauce avazntage à son élection comme député car son âge l’empêchera de s’incruster et fera transition. Les questions locales et la relation entre le gouvernement quand il est étiqueté de gauche et les électeurs, ne seront travaillées qu’à partir du moment où mon ami du court temps de mon appartenance à un parti, fut enfin élu.

Une autre réunion où, en principe, toutes les opinions avaient la même référence et donc l’accord des stratégies ne prêtait pas à discussion sauf à parfaire ou discuter leur énoncé. Au 5 rue de Solférino, bien avant qu’existe le 10 du Parti socialiste, nous sommes à partir de l’automne de 1973, réunis autour de Pierre Lefranc, qui avait fondé et dirigé l’Associaiton nationale d’action pour le soutien au général de Gaulle, chargée par celui-ci de préférence à tout parti, de coller les affiches des campagnes référendaires et présidentielles. Fidèle entre les fidèles,  ayant organisé le défilé du 11 Novembre 1940 derrière deux gaules ostensiblement croisés, coffré en conséquence près de l’hôtel Lutetia, il a, à son actif glorieux, la France libre et le cabinet du Général en « traversée du désert » [19], dans les lieux-mêmes où nous sommes à fonder un petit mensuel d’opposition à Georges Pompidou. Louis Vallon, Philippe de Saint-Robert, Olivier Germain-Thomas, d’autres, moi aussi, rendu quelque temps notoire par la tribune que m’accorde Le Monde (que de fois ai-je dû comprendre qu’en comité de rédaction vers les sept heures demi du matin, 5 rue des Italiens, Jacques Fauvet était seul à défendre le papier que j’avais déposé dans la nuit), nous ne sommes pas parvenus à créer quelque chose : quoi d’ailleurs ? Nous avons fait pression sur l’usurpateur pressé de l’Elysée au point d’inquiéter pour sa candidature à l’Académie française, Gaston Palewski, au passé « gaulliste » de premier plan et à la position du moment donnant droit à l’un des deux plus beaux bureaux de Paris [20]

Crise des groupes à tous moments de notre vie nationale mais tendance à se chercher des affinités et à se concerter quand cette même vie est en crise.
Ibidem, vendredi 13 Janvier 2017,
de 12 heures 59 à 14 heures 10


Le politique, le syndical, la représentation patronale (si elle es surtout concertation et pas seulement coalition) pourtant n’intègrent pas ces mouvements et leurs aboutissement partiels. Ils l’empêchent ou en distraient. Or, c’était leur propos fondateur

Ibidem, samedi 14 Janvier 2017,
autour de 14 heures 30 pour la coupe du 2° et l’ouverture d’un 3° qui ne se faisait qu’en 21


3° des modèles survivent mais n’aboutissent pas ou plus assez

Modèle d’une structure en souci tardif de participation concrète et pas seulement de communion spirituelle, à défaut de vraie fraternité, l’Eglise en France connaît la même difficultés que les syndicats et les partis. Elle a surmonté une crise de recrutement pour ses cadres, les prêtres, en palliant leur diminution en nombre par leur longévité et surtout par une organisation faisant bien davantage place aux laïcs, et en renonçant elle-même à beaucoup de ses anciennes fonctions courantes ou prestgieuses – ce qui sans doute a accompagné la raréfaction des vocations, désormais bien plus épurées de tous avantages sociaux que par le passé. Par exemple, l’enseignement, la direction de conscience précurseur des encadrements psychothérapeutiques d’aujourd’hui. Une Eglise sans prêtres [21], si la référence au passé est gardée, nous y sommes. Mais une Eglise sans fidèles ? chargé dans les dernières heures d’une préparation à la « profession de foi » au collège de notre fille, d’encadrer quatre garçons et trois filles, je constate qu’aucun ne s’est confessé depuis sa « communion privée » soit depuis cinq ans, ni ne participe à la messe dominicale plus de deux ou trois fois par. A notre messe paroissiale sur une population en école primaire de près de six cent enfants, notre fille est le plus souvent seule de son âge, sinon même de la « tranche » des dix-vingt-cinq ans. Fréquentation en chute et dérive des débats ou participation vers des options et manifestations politiques très orientées. Un clergé éprouvant que son cheptel, dit « intégriste » mais par lui, n’est fiable et encore de nombre appréciable que si cette tendance n’est pas mise au défi de l’esprit chrétien. La lutte contre l’avortement, l’euthanasie, le mariage homosexuel plus écrire plus crûment que les intitulés officiels font recette et foule, mais l’exhortation écrite de la recommaandation de l’épiscopat – choisissant pour la première fois depuis certains mandements de prélats contre les dérives de Vichy, la posture du citoyen et de l’humnaniste, plutôt que celle d’un magistère hiérarchique – n’est pas propagée dans la plupart des diocèses et paroisses.

La leçon de l’Eglise est bien plus illustrative et pressante que celle de la désaffection des syndicats et des partis. A la tête de l’institution, un charisme chaque fois renouvelé à la suite d’une élection, pas transparente, mais millénairement efficace et qui fauit consensus dès sa publication. Un génie des médias, de la ressource humaine et intellectuelle qualitativement sans pareille en notre temps et en notre monde. Mais ce n’est que peu suivi à deux exceptions près, très importantes il est vrai, et dont partis et syndicats ont perdu le savoir-faire, ce qui montre qu’on y a perdu du savoir-être.

Ibidem, vendredi 13 Janvier 2017,
de 12 heures 59 à 14 heures 10

Mais ce n’est que peu suivi en relations internationales [22], en éthique de l’économie [23], en droits de l’homme [24] ou projette une image incomplète et mal comprise en bio-éthique. A deux exceptions près, très importantes, et dont partis et syndicats ont perdu le savoir-faire, ce qui montre qu’on y a perdu du savoir-être.

L’Eglise est seule au monde depuis la chute des grandes dictatures, dont la dernière fut celle de la « révolution culturelle » chinoise à l’appel de Mao, à pouvoir réunir autour de son chef nominal des centaines de milliers de fidèles, dans n’importe quelle partie du monde. Les Journées mondiales de la Jeunesse initiées par Jean Paul II – dont je n’ai pas l’expérience, question de génération autant que d’agenda – ont certainement une vertu plus que mobilisatrice : une mise à jour, un partage d’expériences personnelels et collectives. Aucune des « universités d’été » qu’organisent les partis et le patronat, la Fête-même de l’humanité, n’a un tel rayonnement médiatique ni une telle influence sur les itinéraires personnels des futurs participants, à longueur de l’année les précédant. Produisent-elles un regain dans chacune des Eglises locales ainsi visitées ? je n’en sais rien. Mais l’Internationale socialiste ou l’Association mondiale des villes jumelées auraient tout à fait la raison sociale et le réseau pour tenter des moments de réflexion et de comparaison des exercices : les sujets sont pourtant vitaux. Une alternative de générosité, de solidarité, d’initiatives collectives non lucratives face à l’idéologie libérale dominante. Le défi d’une urbanisation couvrant la planète, privant les espèces animales et végétales de leur espace originel, n’est toujours pas perçu alors que presque tous nos maux sociaux et environnementaux en découlent.

Sans que ce soit son apanage, le bénévolat, le caritatif sont un talent de l’Eglise et de la religion chrétienne, prosélytes de fondation, souvent maladroites quand elles sont chronologiquement liées aux expansions impériales de métropoles coloniales. Elles ont su participer à la floraison d’organisations et d’initiatives, chez nous et dans le monde. L’exemple d’une extension des activités et des réflexions vers les domaines sociaux et culturels à partir d’un objet différent a priori : le religieux pour l’Eglise, le politique pour les partis, l’action dans l’entreprise et la décision économique pour les syndicats. L’Allemagne a su, par des fondations puissantes et bénéficiant d’un nom de mémoire et de prestige : Friedrich Ebert,  Konrad Adenauer, se donner des outils de rayonnement. Le patronat chez nous, nos partis, toujours pas. Les fondations Jean Monnet, Robert Schuman vivotent, l’Etat ne leur a pas facilité lieux et visibilités. La Fondation Charles de Gaulle n’a pas d’expression politique active ni d’extension culturelle : elle est documentaire, sur le modèle des librairies présidentielles américaines, assimilé mais avcec eu de moyens par les entités consacrées aux mémoires de Georges Pompidou, de François Mitterrand, etc…

Ibidem, samedi 14 Janvier 2017,
de 11 heures 05 à 11heures 30

Une seule structure politique a survécu, autrement qu’en forme de réseau pour la présentation de candidats aux élections : forme familière aux partis dits de droite et du centre, et qui est devenue celle du Parti socialiste. Le Parti communiste français, absent des gouvernements depuis 2002, seul en cela de son genre [25], et ne préentant plus de candidat en propre à l’élection présiudentielle, est cependant demeuré une organisation de réflexion, de pédagogie et fde fdélibréation. Je ne l’ai pratiqué qu’occasionnellement, mais j’en suis certain, une poreuv récente en ayant d’aillkeuyrs été donnée opar ujn désaveur des militants qui en majorité n’ont pas partagé le choix de la direction naionale de se donner un candidat issu du Parti. Il y a donc débat.

Ibidem, samedi 14 Janvier 2017,
de 18 heures 20 à 18 heures 40

Seule des institutions nationales, l’armée sait organiser  à grande échelle le social, la communication, l’illustration. Par nature, elle secrète civisme et dévouement chez ses cadres [26]. Sans doute, comme l’Eglise au moins en France, pourrait-elle les former davantage à l’évaluation de la politique et des évolutions de notre société : ne pas être sur la défensive, ne pas être dépourvue face aux diseurs de bonne aventure. Certainement, l’instauration d’un nouveau service national universel, obligatoire et mixte dont elle assurera la partie la plus directement formatrice, lui rendra des compétences moins spécifiquement militaires qu’en d’autres temps elle possédait parfaitement.
Ibidem, samedi 14 Janvier 2017,
de 12 heures 45 à 14 heures 45 et reprise de 16 heures à 16 heures 30

Le ministère de l’Education nationale, ayant pratiquement deux missions complémentaires mais vécues  en antagonistes : la formation des maîtres, la fixation des programmes, ne parvient pas en tant que tel à élaborer des structures délibératives. Parfois des forums nationaux, souvent des initiatives locales soit pour la formation de maîtres contractuels, soit pour l’animation de tout le milieu scolaire, mais la participation, y compris aujourd’hui le suivi des cours et exercices par les élèves dans le cycle secondaire, n’est pas encore d’ambiance générale.

La politique et le mouvement social ne sont pas arrivés à encadrer la vie collective en ces termes de formation à la psychologie et à la sociologie de tous métiers et activités, de participation aux décisions, aux prospectives, aux définitions de stratégie. L’entreprise, lieu collectif permanent et le plus contraignant par le cumul des normes propres à chaque raison sociale et du droit du travail, n’y réussit pas plus régulièrement. Démocratie et participation restent théoriques, idéales. Il nous manque – autant que pour notre patrimoine matériel et intellectuel – l’inventaire de nos acquis, de nos imaginations et de ce qu’il est devenu courant d’appeler les « bonnes pratiques » à mesure sans doute que les mauvaises se multiplient.

Ibidem, samedi 14 Janvier 2017,
de 18 heures 20 à 18 heures 40

Ces lacunes et ces difficultés à faire vivre la participation et son désir, telles qu’en éprouvent les mouvements pourtant dédiés à cela, conduisent à des extrenalisations personnelles : la franc-maçonnerie continue d’attirer à tous pages et dans milieux. Constat de carence : prêtres, cadres politiques ou syndicats se trouvent en y adhérant un supplément, au moins d’entraide et d’ouverture fraternelles. L’image reste mauvaise d’une société secrète, alors que la maçonnerie est multiple, et plus encore d’un système facillitant les ambitions de carrière publique.

L’ensemble de nos organisations collectives, patronat compris en tant qu’il dispose d’une représentation et d’une expression communes, souffre de deux défauts, sans cependant se les reprocher ni vouloir y remédier. Se considérer quel que soit son objet constitutif, souvent légalisé, en charge du devenir du pays et de ses habitants. Sans doute, la ré-institutuion de la planification française et de ses structures de délibération, de prospective et de négociations sans enjeu qu’un terme assez éloigné, peut contribuer à cette prise de conscience et à des comportements plus généralistes. En ce sens, les appels du président sortant pendant tout son mandat au partenariat de la représentation du patronat ont été cyniquement ignorés, après quelques heures seulement d’un semblant d’acquiescement. L’absence, de plus en plus avérée pendant ce quinquennat d’une autorité morale de l’Etat et de son chef, a produit notre humiliation nationale à Florange, dans les premiers mois du mandat, et l’allégeance à l’étranger, dans les derniers, d’un de nos plus importants « hommes d’affaires », favoirablement commenté par le patron du M.E.D.E.F. [27] La lacune n’est pas tant de conscience chez ceux qui nous trahissent, que d’homme à homme : François Hollande ne s’est pas s’imposer, conformément à sa haute fonction.

Le second défaut de nos organisations représentatives ou participatives est de s’ignorer les unes les autres.
 

4° seul, un projet fédère et organise
5° le hors sol est stérile s’il n’est pas entretenu
6° la considération mutuelle est le meilleur matériau de construction
Ibidem, samedi 14 Janvier 2017,
de 12 heures 45 à 14 heures 45 et reprise de 16 heures à 16 heures 30

Le second défaut de nos organisations représentatives ou participatives est de s’ignorer les unes les autres. Un des nombreux secrets de la réussite économique et sociale de notre grand partenaire : l’Allemagne de ces six dernières décennies, quoiqu’ils se résument en un seul, la cohésion (entre habitants, entre entreprises, entre différentes strates de la mémoire locale et de la mémoire nationale), est précisément de rarement jouer seul. Deux exemples m’ont marqué sans que j’ai participé à l’aventure, au contraire de celles, pour nous très couteuses, de la Thomson.

Le Crédit Lyonnais, historiquement l’une de nos plus puissantes banques, et surtout disposant d’un des plus vastes réseaux au monde n’a pas soutenu ni par l’Etat ni par la profession dans le conflit faisant sa perte : l’acquisition contestée aux Etats-Unis d’une activité d’assurances. La catastrophe a coûté au contribuable et elle a été généré des procédures et instances judiciaires pas vraiment close : tous les ingrédients du scandale et de la corruption figurent dans les mises en cause d’un homme d’affaires qui a pu être ministre (de la Ville) [28], d’une ancienne ministre promue directrice générale du Fonds monétaire international et de moindres personnalités.

Vivendi dont je ne sais pas si son fondateur était mégalomane ou un génie de l’exposé en assemblée d’actionnaires, a été, à raison de ce fondateur, ostracisé et laissé seul. Les grandes professions françaises et le patronat, notamment ses principaux parrains [29], ne cultivent pas la solidarité, sauf à mettre le contribuable à l’épreuve.


4° seul, un projet fédère et organise

L’expérience de certains de nos exploits et l’ampleur de certaines des substitutions au service public incite cependant à l’optimisme : l’initiative non sollicitée par les pouvoirs publics ou l’économie de la production. Le caritatif certes : la liste informée des assiociations serait longue à faire. J’ai constaté en vivant quelques semaines avec l’Abbé Pierre combien ce peut devenir très politique et même belligène [30]. En pratiquant la communauté Emmaüs la plus proche de chez nous, j’ai constaté l’efficacité d’équipes pluri-ethniques et combien l’intégration de compagnons, la régularisation de leur séjour et à terme, selon des choixx persosnnels peuvent être modélisés. Certainement, ce processus dans d’autres associations ayant d’autres objets ou vocations, n’est pas isolé et peut se généraliser. La protection de l’environnement a développé davantage d’actions, d’initiatives et soutenu des conflits sur le terrain [31] que les partis, en fragmentation constante, issus lentement de la candidature de René Dumont [32] à l’élection présidentielle, n’ont vraiment transformé les dialectiques léégislatives et pesé sur les débats parlementaires. Mais il reste que ces deux poussées du sentiment de justice et de prévoyance dans la vie collective suscitent vraiment des générosités, des débats, des engagements très créatifs.

L’organisation d’événements sportifs, festifs, culturels a été longtemps un de nos talents nationaux : des expositions universelles en alternance à Londres et à Paris dès le Second Empire, au Tour de France, au Vendée-Globe au Paris-Dakar dans le domaine sportif et au Festival de Cannes [33], nous avons su inventer, fonder. Notre premier rang ou tout comme, longtemps ou encore aujourd’hui, n’est qu’une conséquence. Je ne prends que des exemples familiers, n’appelant ni expertise ni participation pour être cependant applaudis, soutenus : nous nous les approprions. Notre victoire en Coupe du Monde à domicile en 1998, même si sa véracité a été mise en doute, témoigne de nos possibilités, aussi, d’unisson même si celle-là n’est pas originale.

Avoir un but national, consensuel, quel qu’en soit le domaine, irrigue toute l’intelligence et suscite beaucoup des initiatives d’un pays. Nous en sommes – la France – la démonstration. Naguère, les cathédrales abusivement appelées gothiques, car le Saint Empire romain germanique les importa de notre Ile-de-France via Strasbourg et que la dynastie Parler exerça chez nous surtout dans nos provinces centrales, puis le modèle institutionnel et architectural que furent ensemble Louis XIV et Versailles contagieux dans toute l’Europe autant qu’ensuite la Révolution française, furent des projets et des réalisations en commun de tous les métiers  et de toutes les classes, chez nous. La « revanche » a tendu le pays en tous domaines de 1871 à 1914 : place de la Concorde, le drapé de la statue de Strasbourg, son fleurissement tandis que notre effort financier nous porta à devenir la principale puissance financière du continent, finançant même l’Allemagne wilhelmienne. Résistance, Libération ont fait autant la politiqueque l’économie de 1945 à la fin des « trentre glorieuses », d’autant que leur initiateur et symbole revint au pouvoir au bout de douze ans et y dura dix ans. L’Algérie française aurait pou être un de ces projets, l’entreprise européenne sembla l’être et nous commençâmes par en être les inspirateurs et les garants, en stricte logique de notre goût atavique pour l’indépendance, que précisa le général de Gaulle en nous faisant ambitionner en son temps, ce qui doit se transposer auijourd’hui, le premier rang.

Notre difficulté actuelle est bien soit de trouver ce projet fédérateur, soit de discerner le point commun à toutes nos difficultés pour qu’en triompher devienne « notre ardent obligation » [34], la condition sans doute de notre survie. Mais ni les politiques ni ce qui nous parcourt et nous structure ne savent encore le formuler. N’étant pas non plus un modèle de démocratie, qualifiée aujourd’hui de participative [35]
Ibidem, samedi 14 Janvier 2017,
de 17 heures 15 & 18 heures à 19 heures 30

mais vidée de plus en plus d’une relation vivante entre dirigeants et gouvernés, la France ne sait plus où aller et craint de comprendre vers quoi on la laisse dériver, sans personne qui la considère en totalité. Et ainsi qu’elle le mérite. Comme je l’ai ditplus haut, le projet français est de reconstituer une Communauté européenne solidaire et sachant se défendre, seule puissance au monde respectant la diversité de ses habitants et de ses peuples, seule puissance dont les Etats et les citoyens croient aux droits de l’homme, aux libertés publiques et les pratiquent quelle que soit la crise économique, quel que soit la dialectique de ses terroristes et de ses extrêmistes.


5° le hors sol est stérile s’il n’est pas entretenu

Notre fille à qui est demandée de décrire sa famille – elle, fille unique, et de parents plus âgés que ceux de la plupart de ses amies de classe – écrit que celle-ci se compose de nous, ses mère et père, et de nos animaux. Dès mon émancipation d’habitat puisque j’arrive seul à Lisbonne et loue au-dessus d’Estoril, à l’embouchure du Tage, au-delà de Cascais, une villa me permettant d’accueillir un chien – ce fut Lucia, berger allemand – j’ai ccommencé de vivre en compagnie la plus chaleureuse et prévenante qui soit, celle d’un chien, de plusieurs chiens. De portées en adoptions, nous avons vécu avec onze chiens quelques mois, puis des chasseurs ou des voisins commanditant quelques fusils, nous en ont tué cinq en deux ans, et empoisonné deux à mort. Ma femme aux urgences hospitalières l’avant-veille de Noël en 2010. L’interdiction de chasser chez nous, quelques hectares dont la moitié reboisés : pins, chênes et hêtres a surexcité les victimes souvent puériles de l’addiction, Retrouvant parfois des cadavres de chevreuils ou de biches après une battue aux sangliers, qui nous a été imposée administrativement, je ne peux croire qu’il s’agit là d’écologie, que la tuerie soit un prélèvement, pour une bonne gestion. Il m’est revenu sans que j’en sois témoin que par souci d’économiser certains abattent leurs chiens, en fin de saison. Un maagnifique Socrate, silhouette de ces animaux figurés au pied des tombes royales ou sur les tapisseries médiévales, a passé deux mois autour de nos maisons, abandonné de ses maîtres, se nourrissant de quelques débris sur notre terrasse et buvant les gamelles de nos familiers, puis il s’est rendu et nous avons pu convoquer son maître. Ceux de nos chiens, morts de lassitude ou de vieillesse, nous ont regardé, enserré de leur tendresse et de leur confiance aimante jusqu’à leur dernier instant de vie.

Souhaitant que nous adoptions un chat, notre fille s’est chargée d’une chatte de deux mois. Dans les quarante-huit heures, elle s’est échappée au dehors et nous avons passé la journée sous l’arbre dont nous ne pouvions la faire descendre. Il nous avait d’ailleurs fallu comprendre où elle s’était réfugiée. La chance voulut qu’une branche avançât vers le toit. La courte échelle, le panier à bout de bras, notre fille à plat ventre sur les ardoises et la chatte acceptant l’offre du retour. Je ne savais rien des chats et j’ai découvert combien leur présence est intense et leur indépendance nullement un,e sécheresse affective.

Depuis que nous ne voyons pas comment rétablir notre trésorerie et investir das l’héritage immobilier de mes beaux-parents pour en tirer quelque rapport, tout en continuant d’y séjourner pendant une partie des vacances scolaires – de l’Océan, rive méridionale du Morbihan, à ses rias et à ses longs arrondis de plage, à la Robertsau, périphérie de Strasbourg, jardins maraïchers et maisons peintes aux tuiles roses du début de l’autre siècle, ambiances si différentes – il est question que nous quittions nos longères, nos prés et bois, les passées de chevreuils, de sangliers, d’effraie et d’oiseaux migrateurs. Je m’aperçois que je ne suis pas tant attaché aux murs, pourtant restaurés selon des voeux bien anciens, et pour accueillir tout ce qu’en une dizaine d’affectations à l’étranger m’ont inspiré d’acquérir, ma bibliothèque aussi, dont j’ai dit autour de quels thèmes je l’ai consttiuée depuis mon adolescence curieuse des origines de notre aboutissement national… Combourg en plus gai pour notre fille, la Vallée aux Loups pour moi qui ai beaucoup planté moi-même. Et maintenant que la séparation peut se faire, et sous la contrainte, il semble que c’est à une persosnne que je me suis attaché ; que c’est une personne à qui je dois tout qui me retient et que je n’ai pas assez soignée, entretenue au sens de nourrir, caresser, embellir un être, une personne. Tendresse et confidence à cette personne sans nom puisqu’elle se compose de deux bâtiments principaux, d’un paysage particulièrement changeant d’une aurore à l’autre, mais surtout des arbres que j’ai plantés.
La parabole de nos relations avec notre histoire personnelle, familiale, vécue de première main, submergée apparemment par le présent et son semblant d’éternité, avec des lieux, avec du matériau, ne s’arrête pas là. Elle vous dit par extrapolation combien nos villages, les quartiers de ces villes où nous avons marché jusqu’à notre école, conversant avec un ami d’habitude, peut-être pas toujours de cœur, où nos parents ont vécu ou bien s’y sont-ils trouvé les lieux de leur mariage ou d’une converfsion professionnelle, combien ils comptent dans le confort et l’apaisement de nos âmes.

Mais il y a plus, il y a ces arbres, il y a leur réaction si manifeste quand je les soigne, et je m’y prends bien tard dans ma vie et dans la leur. La vie
Ibidem, samedi 14 Janvier 2017,
de 21 heures 45 à 23 heures 10
est un tout, c’est bête à dire, me répliquez-vous, mais cette prise de conscience – j’en suis sûr, dès qu’elle m’est venue, très sensiitivement, très sensuellement puisque la réponse du végétal ou de la chatoune que je caresse à sa demande, est sensuelle – est vitale pour notre avenir à tous et aux générations qui s’annoncent, à celles aussi dont nous ne pouvons prévoir ni discerner le développement technique.

L’animal, le végétal, peut-être même le minéral nous enseignent – d’urgence à présent – comment devrait fonctionner tranquillement, natureellement la société humaine. De manière détendue et non belligène. ? Ce n’est pas la raison qui nous en convainc, c’est la nature, ce sont nos compagnons de vie, de respiration, de partage d’une belle planète. Peu importe que la Terre soit unique ou que des millions de jumeaux avec leurs habitants mystérieux vivent ailleurs, selon des temps et des espaces, dont nous avons le pressentiment mais pas le secret. Notre tâche est ici et maintenant, nous la bâclons actuellement parce que nous jouons et faisons tout en solitaires. Nos meilleurs et plus efficaces alliés, les plus intelligents – plus intelligents et efficaces, quelle que soit la conscience qu’ils ont d’eux-mêmes, selon des critères et des modes qui nous échappent mais que peut-être de nos scientifiques arrivent à élucider ? – sont les plantes et les animaux. Familiers autour de nous ou sauvages c’est-à-dire moins dépendants de nous. Quoique nous enchainions notre devenir et notre planète par d’effrayants impérialismes. Ressentez-vous cela aussi ? Je ne peux développer car je ne suis pas compétent ni sur cette solidarité, ni sur cette bonne volonté de la nature. Je suis seulement sûr – et bien des applications ont déjà commencé, faisant de la nature des antidotes à nos péchés contre l’esprit et contre la vie-même. Les vogues en écologie, prétendues protections de l’environnement, sauvegardes ou corrections du climat ont été vite exploitées : économie, commerce, finance, politique, publicité. La réalité de l’opération est toujours anthropocentrique donc cosmologiquement isolée. Ainsi, nous ne sommes pas efficaces et nous ne percevons pas encore l’alliance qui nous sauvera, si nous apprenons à la soliciter. L’ensemble du vivant et de l’existant est avec nous. Comprenons-le. Un programme industriel, des ingéniosités fiscales sont d’effet bien moindre que ne le sera notre rééinsertion dans l’intégralité du milieu d’existence des diverses races et histoires humaines.

Ibidem, dimanche 15 Janvier 2017,
de 08 heures 51 à 09 heures 15



6° la considération mutuelle est le meilleur matériau de construction


Accueillir le point de vue de l’autre, comprendre son parcours, accepter sa fonction, montrer activement de la curiosité pour ce qu’il peut apporter et de la confiance. A longueur d’une vie ou pour mener une action, un projet de durée initialement indéfinie a sa traduction dans le dialogue tête-à-tête et aussi en réunion. Je l’ai pressenti d’un des ministres de la plus intime confiance du général de Gaulle, et je l’ai personnellement vécu avec un autre très grand ministre.
Maurice Couve de Murville est connu de réputation professionnelle par de Gaulle, dès Londres. Il ne rejoint celui-ci qu’au constat de l’impossibilité de défendre encore une politique cohérente en commission allemande d’armistice, dès lors que le chantage à la dissidence de l’Empire français d’outre-mer peut prendre l’Allemagne par le flanc sud de ses conquêtes. Il est considéré aussi par l’Amiral Darlan le souhaitant à Alger dès que le pouvoir, par hasard, lui échoit. Dès le premier déjeuner qu’offre le général Giraud à son rival, résistant très antérieur de date, Couve de Murville est là puisqu’il est censément le secrétaire général du système prévalant en Afrique du nord française. Dès leur premier entretien, de Gaulle et Couve de Murville savent mutuellement leurs mesures, et il s’y ajouta le sentiment. Georges Pompidou s’était rendu nécessaire au solitaire de Colombey parce qu’il avait organisé la fondation Anne de Gaulle et son financement. Commissaire aux Finances d’Alger, l’ancien directeur général du Mouvement des fonds, rue de Rivoli, avant la guerre, sait rembourser en quelques mois les dettes de la France libre envers le gouvernement britannique. C’est son successeur, Pierre Mendès France, qui avait été son secrétaire d’Etat au Trésor pendant le Front populaire – là encore estime mutuelle – qui lui trouve une réelle utilité : représenter la France aux Etats-Unis en économie, finances et prospective de l’après-guerre. Il est barré parce qu’il a été le principal négociateur dans ces matières, de Vichy avec les Allemands, et finalement nous représente dans l’organisme quadri-partite exerçant la tutelle des alliées sur l’Italie détachée de Berlin. Ce qu’il y fait le place, du choix de de Gaulle, directeur des Affaires politiques au Quai d’Orsay quand il faut vivre la paix et faire les grands traités. Il est le premier appelé par de Gaulle composant son gouvernement en Juin 1958, il lui apporte plus qu’une très grande expertise : son expérience de l’Amérique quand le colonel Nasser nationalise le canal de Suez, et plus encore la confiance du chancelier Adenauer qui jusqu’alors n’a pas trouvé de partenaire en France et se méfie d’un porobable nationaliste. Aucun compte-rendu n’a jamais été dressé par l’un ni par l’autre de leur conversation au moins hebdomadaire, une grande heure en fin de matinée du vendredi pendant les dix ans durant lesquels Couve de Murville délibère et exécute une politique étrangère, sans précédent de cohérence et dfe continuité d’inspiration. Le secret est simple : la considération mutuelle, l’admiration en fait, produit un dialogue libre, sans révérence ni précaution, parfaitement opérationnel. La même façon de traiter est usée par le ministre avec son homologue américain, particulièrement avec Dean Rusk, trois jours sans procès-verbal et sans relation de presse, tous les ans. Le bilan et les perspectives de notre diplomatie font l’objet d’une réunion aqutour du Général dans les quinze jours de son « retour aux affaires ». Le maître d’œuvre y est si discret qu’il n’apparaît pas dans le relevé : il passe la parole à ses collaborateurs, informant tour à tour le chef du gouvernement d’une manière telle que les instructions coulent de source. Le consensus de l’audace et du long terme.

J’ai eu l’honneur et la chance d’une relation de même nature, donc à mi-mots, avec un autre de nos grands ministres des Affaires Etrangères : Michel Jobert. Sa nomination par Georges Pompidou qu’on ne sait pas et qui ne se sait pas tellement proche de sa mort, n’a pas été présagée. Regardé comme l’hombre du président régnant, il me semble autre, et si oui, s’il cultive d’autres références et les fait adopter finalement par son maître que la maladie ouvre à l’Histoire et éloigne des combinaisons longtemps son ambiance, alors forcément il y a de Gaulle, son legs, voire sa manière. Je ne m’y suis pas trompé, je le lui ai écrit, il m’a répondu de sa main, indiqué qui a sa confiance au Département et dès lors j’accompagne, souligne et sans obédience intellectuelle ni relation hiérarchique, bridant souvent porte-paroles et journalistes, je force le trait et authentifie une trajectoire française rare et dont la mémoire reste. La démarche de Michel Jobert est la même quand il fonde le Mouvement des Démocrates. Il me confie l’animation de moments importants avec ses militants ou admirateurts, nous sommes dans la même direction vis-à-vis de François Mitterrand, et jusqu’à sa mort – au vrai, une mort par lassitude, même si un mauvais heurt de l’angle d’un bureau, porte le coup – nous sommes en résonnance l’un de l’autre. Je n’ose, encore maintenant m’enorgueillir de ce que je lui apporte, d’autant que je n’en sais toujours rien : quelques évocations précises dans les colonnes du Monde pour caractériser sa rareté dans le paysage politique français, son exceptionnalité en lucidité, en analyse, en expression pour ce que nous vivons et avons à faire. Il est exigeant et sobre. Familier pendant près de cinquante de nos personnels publics, il ne dit que les ambiances jamais les personnes, quand les unes et les autres sont médiocres. En tête-à-tête, il regarde et il rêve, les yeux qu’ils fixent ou soient au loin sont d’une chaleur que même la télévision ne eut amoindrir. Ma belle-mère et sa fille furent conquis dès les mois d’éclat, c’était en oartenariat avec Henry Kissinger, c’était la France dans le monde, puis ce fut la démocratie que nous devons exiger, vivr au quotidien et pratiquer.

Tous les récits qui m’ont été donnés par ses collaborateurs ou par ses ministres, de la manière dont Moktar Ould Daddah présidait le conseil des vingt années de la fondation mauritanienne pour notre époque moderne, me confirment et détaillent souvent cette considération pour autrui, qui donnent au débat leur consistance. La liberté de parole, de prise de parole est assurée puisque l’on ne vote pas au bureau politique du Parti unique de cet Etat naissant, et puisque le premier-né, dans ce pays, à la politique internationale et au face-à-face avec les bureaux de la métropole autant qu’avec l’homme du 18-Juin-40 et du discours de Brazzaville [36], ne donne son opinion qu’en dernier.

Les relevés de décision, le schéma des propos tenus en conseil des ministres sont obligatoirement consignés en double version par le secrétaire général du gouvernement et par celui dee la présidence de la République, depuis la dramatique expérience de Mai et de Juin 1940 : savoir comment a cheminé et s’est prise la décision. Des témoignages, des mémoires mais pas de notes à mesure de la réunion. Une compilation – que Vincent Auriol rend parfois possible à tout lecteur de son journal du septennat [37] – pourait porter, à propos de nos dernières décennies où le conseil des ministres est hebdomadaire et de structure invariable, sur le degré de collégialité, sur cette considération mutuelle dont le président de la République n’est qu’ordonnateur.

Notre Ancien Régime fonctionnait en conseil du roi. Les conseils ne duraient pas, mais il y en avait tous les après-midi et la répartition des portefeuilles forçait à délibérer puisque – notamment – il n’existait pas de ministère de l’Intérieur : l’administration du royaume était concertée en conseil des parties. Le territoire était divisé géographiquement en quatre et les ministres en titre des autres domaines régaliens, avaient la responsabilité tournante de ces parties de notre territoire. Le roi lui-même était supposé obéir à sa conscience devant Dieu et à la sagesse que sa fonction, bien plus que l’hérédité ou l’expérience et le travail personnels, lui donnait. Bien des raisonnements et suggestions du grand Vergennes [38] à Louis XVI sont introduits, et repris à longueur de leur exposé écrit par la formule : il ne serait pas de la sagesse du roi…

La considération mutuelle, indispensable ingrédient des dialogues attentifs et des conclusions partagées, a besoin de références communes. Le pays, les circonstances en sont, mais l’idée que chacun se fait de la fonction qu’il exerce de celles exercées par d’autres contribue – je crois – à une autorité morale collégiale. Collégiale, même si l’exprimer doit être le rôle d’un seul. De Gaulle synthétisait ainsi pour le ministre de l’Information [39] ce qu’avait été le nerf de la délibération ou des propositions pendant l’exercice qui venait juste de finir. Le conseil des ministres se communiquait ainsi. Une sorte de race intellectuelle, spirituelle a caractérisé des équipes et des moments de notre histoire politique : elle faisait, sans formation préalable, sans que l’unicité des nominations et des compositions de groupe ou répartition de responsabilités, y soient décisifs, la cohérence de nos dirigeants. L’esprit était commun. Dans l’enquête sur de Gaulle et sa manière de travailler et d’engager l’action – celle que j’ai menée dans le chagrin de son départ puis dans la curiosité de ce que nous pourrions et pouvons encore transposer, conclut à la naissance et à la persistance d’une communion spirituelle, d’une façon d’être auxquelles une famille de sang est reconnaissable, même si l’âge, les mariages, les aventures ou malheurs des soeurs et frères, marquent des différences. Un instinct, un vocabulaires, des réactions demeurent. Second de neuf, je crois vraie cette comparaison car je continue de la vivre.

Vous aussi : le vivez-vous ? le voyez-vous vivre ? dans ce que nous recevons ou organisons, et qui concerne quotidiennement nos relations ou oblige nos décisions, fait notre information.

Ibidem, lundi 16 Janvier 2017,
de 15 heures 40 à 17 heures 14






[1] -

[2] - Du bonheur et rien d’autre

[3] - Robert Hue, le secrétaire national qui fit campagne avec une sacoche à l’épaule contenant, entre autres, un cahier d’école au grand format pour y noter les remarques, suggestions et critiques des électeurs , des militants de rencontre
[4] -
[5] -
[6] - les couples présidentiels de 1959 à 2012
[7] -
[8] -
[9] -
[10] -
[11] - le Rassemblement du Peuple Français : R.P.F.
[12] - création du Parti socialiste et gestation du programme commun de gouvernement
[13] - document de l’épiscopat français . 14 Octobre 2016
[14] -
[15] -
[16] - expliciter

[17] -

[18] -
[21] -
[22] -
[23] -
[24] - les Rroms, les migrants
[25] - reporésentés sous la Qutrième République,  - sous la Cinquième  - tandis que le Front national représenté irrégulièremlent à l’Assemblée nationale depuis 186 : chiffre, ne l’ apas encore été au gouvernement*

[26] - Lyautey, le rôle social de l’officoer
[27] -
[28] - Bernard Tapie
[29] - pour un Ambroise Roux, tuteur prestigieux et bénévole de beaucoup de nos chefs d’entreprises de service, mentor aussi de bien de nos gouvernants, que de Bébéar, caranassiers se couvrant d’ailleurs du magistère social de l’Eglise…
[30] - « l’affaire Garaudy » et l’ostracisme du fondateur d’Emmaüs pendant plusieurs mois en 1996
[31] - dramatiques ou célèbres : conflits
[33] - fondé en 1946 selon un projhet de Jean Zay, ministre de l’Education et des Beaux dans les gouvernbements de Front populaire
[34] - définition et exhortation du général de Gaulle pour le Plan quadriennal économique et social
[35] - expression et projet de Ségolène Royal, candidate à l’élection présidentielle de 2007 et que devait sanctionner un referendum à tenir dès l’automne suivant le scrutin victorieux
[36] -
[37] - bien davantage que les volumes de Raymond Poincaré sur la Grande Guerre
[38] -
[39] - Alain Peyrefitte : C’était de Gaulle

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