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Respirer chacun de nos jours
Je termine de vous écrire. J’ai eu du
mal, non que l’inspiration se soit dérobée, mais je ne suis pas content de la
manière dont j’exprime ce que je ressens si fortement à la veille de notre
neuvième élection présidentielle. L’urgence et l’expérience me pressent
également. Si je suis admis à m’adresser à vous et à beaucoup d’autres pendant
le temps bref mais avec des moyens audio-visuels si puissants – ceux que
prévoient explicitement les textes et autorités organisant la campagne, ceux
plus encore qu’attirera l’insolite de ma participation inattendue, venue de
nullke parft qui soit identifiable selon les répertoires et les usages de notre
vie politique, celle-ci tellement rituelle, figée, étouffante pour nous, pour nos
concitoyens et même pour les acteurs, ne pouvant être eux-mêmes, s’ils le
souhaitent, autrement que pour la montre et que ce qu’ils supposent que nous
attendons, comme s’ils ne vivaient pas et ne pensaient pas parmi nous, avec
vous.
Jusqu’ici, je vous ai entretenu de
« grandes choses », ne touchant pas ou guère notre vie quotidienne,
sinon noitre envie cyclique mais non exaucée, de participer, sinon aussi notre
honte ou notre fierté selon que la France, que notre pays font honneur à
nous-mêmes et à notre Histoire, à ce qui demeure de notre image dans le monde.
Voici que – ce livre fini, juste à temps
pour que vous puissiez le lire avant de voter – nous pouvons, ensemble,
échanger nos expériences, notre expérience quotidienne de la vie.
Je me trouve dans un couloir d’hôpital,
au chaud relativement, refuge avec prise de courant pour mon vieil ordinateur
dont la batterie est f… j’attends l’heure d’un entretien avec le professeur de
physique-chimie de notre fille, mon enfant dont souvent je vous parle, parce
qu’elle m’enseigne ces années-ci comme personne d’autre, comme aucun livre
profane. Je ne suis pas écrivain, mais écrivant depuis mon adolescence, la
politique est le cadre mental de ma vie, elle s’est imposée à moi, je ne sais
comment, mais elle est là. Je ne croyais pas à ses débuts d’installation dans
ma pensée, puis dans ma vie même professionnelle qu’elle ait rapport avec le
plus pratique de nos jours après jours. Et ma génération, celles de mes parents
et grands-parents ne soupçonnaient pas même ce rapport. Il a fallu les années
1930 pour que l’on attende de l’Etat des aides, des outils, des améliorations,
des aides à notre existence pratique. Ce n’est pas l’assistanat, stigmatisé
aujourd’hui par une de nos familles politiques, et c’est bien plus que l’ajustement,
l’augmentation du niveau de vie par celui des salaires, à ne pas indûment
diminuer de rop d’impôts directs et indirects. Oui, c’est la vie quotidienne,
et je vous écris dans l’ambiance la plus située et précise de notre vie
quotidienne. Souvent, un carnet au format de la paume, pour retenir pensées,
observations, adresses, tout ce qui correspond aux heures qui passent et à ce
qu’elles m’apportent. Voic. Et peut-têtre – grâce srtout à cette campagne,
permettant sans doute de fonder des réseaux et de trouver rythme et forme de
réunions à travers toute la France pour simplement étudier le fort et le
faible, l’utile ou le périmé, l’encombrant des outils et des procédures qui
permettent nos relations. Et ces outils et procédures changent, ils sont dans
nos mains, nous savons très souvent comment les adapter à nous seconder ou
multiplier mieux.
Il faudra que nous en parlions, il
faudra préciser et élucider les vraies réformes que chacun de nous –
d’expérience et aussi de souci de l’idéal – souhaitons et qu’ignorent ou
éludent nos dirigeants, celles et ceux en capacité et en charge de les étudier
et effectuer. Au contraire, les réformes qu’on nous assène – le mot-même devenu
sans doute le plus répété de la langue politique – ne corresoondent pas à ces
souhaits, nous lèsent, en tout cas prétextent que celles dont nous avons
besoin, ne soient pas faites. Là est le critère de l’écoute, et l’écoûte
devrait la vertu commune de notre société, et la constante pratique de celles
et ceux censés nous représenter, mais surtout, uniquement ou presque, nous
dirigeant, et nous expliquant – puérimlement – qu’ils savent mieux que nous ce
dont nous avons besoin. Et – promesses de tous les débuts de gouvernement –
qu’ils détiennent ou, grâce à nos votes, vont acquérir pour notre bien les
moyens de satisfaire ces besoins. Viendra enfin la troisième phase : nous
culpabiliser car si rien n’aura abouti des promesses et de leur bonne volonté,
ce ne sont pas nos dirigeants qui en sont responsables, mais bien nous : rétifs
au changement, pas assez laborieux, trop passifs dans le confort d’acquis et
protections, aujourd’hui trop coûteux.
Pratiquement donc, notre vie, notre
personne et la relation avec les autres, avec autrui, avec cette société et
donc avec cette France dont nous faisons partie, semblent hors sujet, ne
figurent pas au catalogue, y compris quand celui-ci est dressé laborieusement
par les jurys professionnels de l’information nous présentant les candidats à
l’élection des représentants de familles politique. Nos gouvernants et
candidats imposent ou méditent le droit du travail, l’ouverture commerciale du
pays, les revenus à la retraite, mais la respiration quotidienne, les usages,
l’expérience banale mais continuelle de l’existence chez nous, en ce moment, ils semblent n’en avoir pas ou plus
parce qu’ils sont en politique, comme d’autres sont cloîtrés. Nous y
perdons : eux car ils ne disent que du récité avant d’arriver à ce que
l’on appelle le pouvoir, et quand ils sont, ils plaident non coupables mais
responsables, et nous parce que nos besoins attendent encore des réponses ou
une concertation.
1° échanger
L’internet et le numérique sont ensemble
une révolution. La « révolution numérique » est un thème de campagne,
chaque cinq ans plus insistant, les propositions qu’elle inspire ne
correspondent qu’à deux constats avantageux en termes de gestion politique de
nos actualités : 1° l’administration va sous-traiter à la
« toile » ce qu’elle confiait à l’édition, à la poste et surtout à la
réception des usagers, et qui pouvait générer de la relation personnelle et du
civisme, 2° sans bien discerner toutes les mises en œuvre et surtout l’écriture
du droit nécessaire, qui ne sera pas que la transposition d’une importante
directive européenne [1],
internet et numérique serait gros d’entreprises individuelles ou très petites,
donc nombreuses et sans nécessité d’aides sociales ou fiscales. D’analyse sur
les technologies-mêmes et ce qu’elles permettent aux personnes, aux ensembles
que nous formons ou ce qu’elles périment, voire empêchent ou dévoient :
rien. Cela supposerait dans le système politique où l’élection est un rite et
l’Etat l’outil à recéler, qu’existent la réflexion individuelle ou à plusieurs,
et dans le système public des services d’intelligence. Ce qui a été tenté en
économie et en protection de nos patrimoines a périclité, n’a été qu’effet de
mode comme ont tendu le souci, l’énoncé écologique aux acceptions et
applications si diverses. Le tenter pour les nouvelles technologies ? sans
doute l’influence des Etats, des réseaux associatifs et des entreprises par la
télévision, par la communication virtuelle s’organise autant que d’éventuelles
utilisations guerrières et spéculatives. Mais l’étude de l’effet sur la société
et sur chacun de nous, n’est à ma connaissance que le fait des sciences
humaines, et c’est peu vulgarisé. Suivez-vous cela ?
Car fondamentalement, ce n’est ni dans
la communication et ses modes, ni dans les industries petites ou grandes qu’ils
génèrent et qui les portent, que réellement réside cette révolution. Elle n’est
pas même dans la facilité de transmission de presque tout – peut-être bientôt
le toucher et l’olfactif-même. La relation entre générations est modifiée.
Jusqu’à cette décennie, les parents enseignaient leurs enfants comme les
animaux et les humains l’ont toujours fait : par nature, par mouvement et
don, attention dont l’enjeu sont la survie et la croissance,
l’accompagnement, ;a protection de l’enfant, et dont l’obligation, presque
mécanique n’est ressentie ni par les parents ni par les enfants. Or voici,
qu’un échange, une réciprocité s’établissent, bien plus réfléchies, pas du tout
automatiques. Les parents continuent comme depuis des millions d’années :
nourriture, paroles et ce qui s’ensuit en programmation de toujours. Mais les
technologies nouvelles, le savoir utiliser des machines, des procédures, entrer
dans des logiques nouvelles semblent très proches de nos enfants, dès leurs
toutes premières années, et ce qui est appris d’intuition ne nous est acquis
que partiellement, difficilement et imparfaitement, le plus souvent. Nos
enfants dès leurs huit-neuf ans nous initient, nous introduisent, nous
dépannent dans un monde qui nous est nouveau et mais qui leur est contemporain.
Pour ma part, à mes quinze-seize ans, je
me suis habitué à la dactylographie – une merveilleuse Remington, des années
1930, insuable, très douce au toucher, celle dont mon père ne se servait plus
depuis des décennies, achetée en Egypte tandis que ms parents nous fondaient en
toute indépendance de leurs ascendances respectives. Ces douze ans d’exotisme,
mais pas inconfortables, font une partie de notre légende familiale, mais aussi
ont induit une lecture de notre histoire nationale pendant une période
troublante. Mais j’ai eu du mal à accepter l’ordinateur – je ne m’y suis mis
qu’en Février 1992 et j’ai vécu les aléas non seulement de l’apprentisage mais
des pertes de textes à répétition. Les technologies ont progressé, mais pas
encore miraculeusement. Mon objection était évidemment la complexité plus
grande que sur une machine et la feuille vierge qu’on insère entre un rouleau
de soutien et l’éventail assez fascinant des caractères, monté chacun sur sa
baguette d’acier. Et pour l’internet, je craignais – à juste titre –
l’intrusion non désirée dans mon travail et mes archives, cette crainte est
fondée mais se domine. Ma génération et mes camarades de la haute fonction
publique ne sont pas tous habitués ni au clavier ni à la communication. Dès mon
affectation au Brésil [2] je
rencontrai des ministres fédéraux ou des Etats fédérés, dont l’ordinateur était
placé, autant à portée de leur main que le téléphone. Je ne l’ai vu chez nous
qu’à partir de 1992 chez les directeurs de cabinet, mais pas encore sur une
table de ministre.
Donc, notre fille et son ordinateur pour
ses sept ans, son téléphone portable pour faciliter sa vie en semi-internat à
ses onze ans, et son I-phone à douze ans. Hasard
ou bonne mémoire de nos gestes, elle appelait l’aîné de mes frères par la
répétition d’un numéro que nous avons appelé. Avec le clavier et l’internet, de
la composition graphique, des débuts de récit quoiqu’elle préfèra dans ses
débuts me dicter (pour mon bonheur), puis de l’importation de personnages et le
montage de scenarii, d’aventures dessinés. Maintenant, ce sont les accès à
divers sites et diverses plate-formes et donc à mesure de leurs
entrées-en-scène respectives les vedettes ou les stars de youtube : Norman, Cyprien, Natoo, Enjoy Phenix. Faire la queue
pour des dédicaces de livres par les deux jeunes filles, aller au spectacle, passionnant,
drole et incisif du premier est pour moi un exotisme productif. Une
communication qui a trouvé son prétexte, son lieu commun : sans internet,
je n’aurai jamais jouxté une génération dont bien des modes de vie et de
culture, d’apprentissage nous échapperaient si nous ne nous laissons inviter
par nos enfants.
Nous avons jusqu’ici l’expérience d’une
auto-régulation quant aux recherches et accès de sites et documents ou
divertissements. Ce qui serait d’ailleurs prématuré et malsain ne tient pas du tout,
selon notre expérience, aux techniques actuelles mais aux mœurs, relations
d’amitié ou à la qualité des ambiances de vie au collège ou entre camarades se
recevant les unes les autres. Les outils nouveaux sont neutres et notre
affectation, nos applications de ces outils, y compris les risques d’addiction
– mais il y en a tant et la plupart sont bénéfiques : l’amour pour une
personne, la consécration à Dieu, l’obsession que la France soit dirigée et
conservées comme nous en avons le devoir. La relation désormais équilibrée de
ce que l’adulte apporte ataviquement à l’enfant et de ce que celui-ci apprend à
l’adulte, le remettant d’ailleurs constamment à jour, me paraît changer
l’ambiance entre générations et dans un milieu familial. J’expérimente aussi que
des émissions de télévision, périodiques, voire quotidienne – dans notre cas de
couple, et souvent en trinité avec notre fille, il s’agit de séries policières
et de ce que nous propose Yann Barthès [3]
chaque soir, grâce à Bolloré qui l’a viré ainsi que ses compagnons, et surtout
son souriant talent de metteur en page scénique.
Ainsi, notre fille revient ce matin au site Movie star planet, qui l’enchantait il y
a trois ans, les personnages sont toujours, disponibles, de nouveaux décors
sont en vitrine, mais elle juge l’ensemble nul, c’est si vieux, il yn a si
lontemps. Pour elle, trois ans est le quart de son âge, et transposée à mon
échelle, ce serait presque la durée cumulée de mes affectations à l’étranger.
Les initiations d’internet et du numérique, leurs les provocations à notre
prise de conscience sont multiples. Elle rit : c’est tellement nul, selon
elle. De fait, la Bibliothèque rose,
voire des reliques ou des témoignages comme les collections de la Semaine de Suzette que nous avons pris
dont certains numéros datent de la Belle-Epoque, puis transposent leur page de
couverture avec les mêmes personnages dans la mode vestimentaire des années
1930, ne l’intéressent pas. Nous conservons Dora
et Charlotte-aux-Fraises et Tintin n’a pas encore été visité par
elle. Je fut abonné au journal en Septembre 1947 à quatre ans et demi, le
numéro 120 : trésor perdu ainsi que tous mes livres et papiers d’enfance,
d’adolescence, scolaires ou profanes, pour n’avoir pas pensé, à la mort de ma
mère à faire connaître à notre garde-meuble comment communiquer avec moi au
Kazakhstan. C’est ma transhumance administrative qui a sauvé depuis mes
vingt-cinq ans mes archives et ma bibliothèque maintenant augmentée de celles
de ma mère.
Croyez-le, nous restons dans le sujet.
Le numérique aurait tout conservé, si les saisies avaient été possibles à ces
époques et que je les ai faites. Soit ! Mais l’accès à ces archives –
comme à toutes va supposer des dispositifs de stockage présentant deux
inconvénients graves et coûteux. Les sites d’accueil sont à la discrétion des
fournisseurs, le fonctionnement, les matériels sont obsolètes et d’autres s’y
susbtituent tous les trois ou quatre ans, parfois plus rapidement encore. Dix,
vingt, cinquante ans après moi, vous, nous, il faudra des archéologues, des ingénieurs chartistes et
électroniciens pour comprendre et faire à nouveau fonctionner des pièces de
musée. Notre production virtuelle parce que le traitement de texte est facile –
quel rédacteur, a fortiori quel écrivain [4] se
plaodrait de ces ratures et ajouts si simples – n’est pas éditée. Notre
diplomatie fonctionnait et se mémorisait par télégrammes (chiffrés), les
échanges de courriels aujourd’hui et depuis vingt ans, sont sans doute classés
sur « disque dur », ils ne sont pas édités. Les archives de la ville
de Paris – notre état-civil – ont brûlé avec l’Hôtel-de-Ville quand la Commune
s’est considérée perdue [5] –
mais l’on a pu les reconstituer par diverses copies [6].
Aujourd’hui, une catastrophe informatique, une cyber-attaque ?
Ce livre-même, beaucoup des notes en bas
de page sont documentées par wikipédia.
En année préparatoire de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris
(Sciences-Po.), la bibliothèque, salle immense, verrière donnant sur le jardin
faisant communiquer avec l’Ecole Nationale d’Administration, présentait en
accès libre et plus sans doute pour la décoration, le Journal Officiel, relié
mois par mois depuis 1871. Je ne sais sous quelle inspiration, j’entreprise de
constituer à la plume la succession et la composition des gouvernements depuis
cette date, avec deux difficultés, la présentation des textes quels qu’ils
soient était en trois colonnes et les gouvernements se composaient et
décomposaient rarement d’une seule traite, en sus le président du conseil
démissionnaire devait contresigner la nomination de son successeur puisque sous
la Troisième République (sept décennies de ministères, plus d’une centaine) le
président de la République ne pouvait promulguer le moindre acte sans
contreseing. Je grattais sur des cahiers, ainsi que la composition des groupes
politiques des assemblées parlementaires sur des cahiers d’écoliers… 1960.
Trente ans après, un dictionnaire des ministres, puis un autre pour les seuls
chefs de gouvernement, présidents du conseil des ministres, premiers ministres,
ont été publiés. Je n’avais pu dresser que des listes, ces éditions donnaient
des biographies. Aujourd’hui, je le constate avec joie – celle d’un curieux,
mais plus d’un chercheur, puisque le chercher se caractérise par sa solitude
face à un matériau dont l’exploitation, voire la découverte lui est propre – wikipédia et d’autres sites plus
spécialisés pour une période ou un thème, donnent à la demande bien plus qu’une
compilation longue et aléatoire aux sources ou selon les encyclopédies (Larousse du XIXème siècle ou Encyclopédia Universalis, éditée puis
rééditée à partir des années 1960). Tout est disponible, sans quitter sa table,
et les outils portables, à peine plus grand qu’une paume d’adulte, font accéder
à toutes banques de données. L’évolution s’accèlère. Il y a dix ans, dans les
transports en commun, tout un chacun, ou dans le hall de l’Elysée, au vu de
tous, le président de la République, l’oreille au téléphone portable. Ces
années-ci, les doigts glissant à une vitesse de virtuose au piano, des messages
et des images se glissent, s’échangent, se superposent et jusqu’à présent se
conservent.
La conséquence, si bénéfique :
celle d’équilibres nouveaux de l’apprentissage en famille et entre générations,
est de psychologie quotidienne. Une autre apparaît, pas encore évaluée au moins
pour le grand public dont nous sommes vous et moi : je l’ai subie l’an
dernier en tentant de faire comprendre et retenir des rudiments du droit de
l’informatique à des étudiants en B.T.S. : vingt-vingt-cinq ans. Je vécus
une agression : parlant, interrogeant, projetant au mur du texte ou des
architectures, je ne recevais aucune participation, l’ordinateur étant autorisé
puisque le principal objet des formations était l’informatique, au mieux je
faisais le bruit de fond d’enquêtes ou de jeux tout autres, pas forcément
adultes, certainement pas studieux. Mais je m’aperçus que notre fille,
pelotonnée dans le plus profond de nos fauteuils et aux accoudoirs assez larges
pour accueillir son ordinateur, pouvait interroger des sites, suivre une video
sur youtube, correspondre verbalement ou par messages tactiles avec son
I-phone, et… regarder les programmes de télévision ! pas tout à fait
ouverte à un tiers intervenant, son père, mais sensible quand même aux
présences. Je compris que les générations nouvelles – de même que les dauphins
ont deux cerveaux qui se relayent pour veille et sommeil, ou certains
diplodocus disposant à vingt-cinq mètres du principal d’un cerveau secondaire
monté sur leur appareil caudal – peuvent sinon penser plusieurs sujets en même
temps, du moins recevoir et, me semble-t-il, assimiler selon des choix
intermittents de la matière première ou changer de genre : du
divertissement au document.
Il apparaît que nos technologies
électroniques, exploitées par le numérique et l’internet font passer
l’intelligence humaine du déductif à l’associatif, donc du hiérarchique et du
choisi, du chronologique aussi à du relatif sans ordre ni classement. Du moins
à ce que je comprends. Les applications sont multiples, parallèles, simultanées
au lieu d’un parcours et de ses tâtonnements.
Nous sommes donc à la première étape
d’une civilisation sans archives – alors que depuis les pyramides égyotiennes
et les tablettes de Sumer, l’humanité gravait, inscrivait, copiait – d’une civilisation
bien plus échangiste que jamais entre générations au sein d’un même groupe,
notamment celui de la famille et enfin d’une civilisation à temps unique :
le présent.
Le parler et la posture du politicien
s’en ressentent, même si celui-ci, se croyant ainsi moderne et à l’écoute de
l’électeur sinon de l’usager, ignore ce dont il est la conséquence. Mais chacun
de nous désormais est astreint à la synthèse, sans précédent, sans modèle et le
critère d’une relation avec un but à atteindre. Riches d’aliments virtuels, peu
outillés la rétention, de plus en rétifs à une information audio-visuelle ne se
distinguant plus du commentaire, nous sommes devenus volatiles, donc peu aptes
à nous déterminer durablement. Mais en revanche, nos échanges sont moins élitistes,
nos communications sont plus réactives.
2° fonctionner
La mise en examen de deux services
quotidiens pour l’un, et, fréquent, grave de conséquences pratiques s’agissant
de l’autre, qui devraient n’être que publics et se conformer à notre devise
républicaine [7], n’est jamais faite au
niveau du particulier que nous sommes vous et moi.
L’activité de banque n’est toujours pas
distinguée selon qu’elle est d’accueil des dépôts et financement des personnes
physiques et morales, ou qu’elle place des fonds et spécule, ce qui n’est pas
littéralement immoral puisque spéculer c’est voir et penser. Distinguée surtout
selon que le recours à la banque est obligatoire : les domiciliations
diverses, les appels à tiers détenteurs, ou qu’il correspond à des initiatives
particulières et de libre choix. C’est un fait que nos banques ne financent
guère l’économie, se rétribuent sur leurs clients obligés pratiquement de
recourir pour leur existence courante à leurs services. Ceux-ci sont de moins
en moins personnalisés, de plus en plus automatisés. Les banques sont une
activité lucrative, leurs agences considérées comme des centres de profit. La
rémunération de cette activit ressemble de plus en plus à une fiscalité privée
et discrétionnaire, imposée au client taxé de divers frais répétitibles,
cumulables, difficiles à repérer puis à contester. Les sanctions ne pèsent que
sur l’une des parties, même si la raison sociale est mutualiste. Ainsi, le fichage à la Banque de France, censé n’avoir
de valeur que d’usage indicatif, se pratique sans contradictoire alors que le
respect des personnes exige leur audition. La publicité est aujourd’hui
mensongère, l’écoute et le conseil ne sont plus de personne à persone. La
généralité de la communication se pratique sur ce qui est appelé des
« plate-formes » où le client n’est accueli que par du personnel
délocalisé et très rudimentairement formé. Le banquier, moyennant un bref
délai, peut sans motif rompre la relation et les domiciliations. Les doléances
de particuliers ou d’entreprises sont convergentes. Notre système bancaire
jouit d’une rente de situation comme s’il n’était qu’une entité au lieu de
l’apparence d’une concurrence avcharnée et d’une multiplicité de raisons
sociales. C’est une des figuration de tous nos fonctionnements politiques et
sociaux, le pluralisme n’est qu’apparent, la liberté d’adhésion est formelle,
pas sincère.
Changer après étude et concertation des
clients et de la profession serait bénéfique à tous. Surtout, si l’Etat de
concert avec les principaux pays débiteurs des marchés financiers, décrète le
moratoire des dettes souveraines, se finance désormais sur le marché des
personnes et des institutions nationales et européennes, la banque doivent
devenir un service public, non au sens des organisations, mais au sens de
l’accueila disponbilité de l’épargne et de la disponibilité des salaires et des
revenus. La banque dite d’affaires peut offrir elle aussi la gamme des services
publics, mais ce n’est pas ce qui la rémunèrera le plus. L’investissement et la
trésorerie des particuliers et des entreprises doit être un service, évidemment
payant mais la banque publique n’aura pas pour but le bénéfice :
simplement l’équilibre. Mon observation des dysfonctionnements et des abus du
système bancaire actuel n’est certainement pas originale ni isolée. Des
relations commencées, il y a plusieurs décennies, dans une ambiance
quasi-familales ou de même nature que celles entretenues pérennement avec un
médecin traitant ou le notaire, sont aujourd’hui rompues sans mémoire que
l’application de règles ne pouvant être contestées, à temps, ni dans leur
lettre ni dans leur application. Un service public des dépôts, des épargnes et
de l’investissement ne sera pas monopolistique, il ne sera ni exclusif ni
obligatoire, il rejoindra d’ailleurs le souci d’égalité et de solidarité qui la
seule proposition ayant jusqu’à présent émergé de la logorrhée des campagnes et
candidatures pour la présente élection présidentielle.
Nous sortirions donc d’une logique
économique qui a fait, dans la crise et l’inquiétude de l’automne de 2008,
privilégier la solvabilité du système entier en cas de mouvement de masse des
déposants et clients, pour entrer dans le souci de sécuriser les personnes et
de les libérer pour leur prospective propre ou qu’elles répondent aux offres
d’investissement de l’Etat.
Le même basculement doit s’appliquer au
fonctionnement de la justice en considérant plutôt l’usager que
l’administrateur du service, même si celui-ci est de plus en plus sinistré en
ressources humaines et en financement de son fonctionnement.
Deux points d’expérience personnelle.
Enseignant des notions de droit judiciaire, dans une école d’attachés et de
secrétaires de direction, rue Soufflot à Paris, en appoint des débuts de ma
carrière administrative et sans aucun rapport intellectuel avec celle-ci, j’ai
énoncé ce que j’avais compilé, car la manière ne m’était pas du tout
familière : j’avais opté en faculté de droit, un peu plus haut, place du
Panthéon… la justice est gratuite et égale pour tous. Je me suis alors
dédoublé, m’entendant ainsi affirmer. Sans aucune expérience des procès – je
l’ai ensuite acquise et plus qu’approfondie ces vingt dernières années quand ma
carrière diplomatique a été soudainement interrompue – je perçus que ce n’est
pas la réalité. Pas du tout d’ailleurs du fait de la magistrature, mais pour
des raisons concrètes.
L’égalité des parties n’est pas assurée
quand l’une des deux est une personne morale. Celle-ci peut faire à longueur
d’une vie, celle de l’adversaire qu’elle s’est donnée, se succéder ses
personnels dans l’étude et surtout le soutien d’un dossier à charge.
La malheureuse personne physique
combat contre une entité anonyme, sans visage, douée d’une longévité dépassant
la sienne. Fatigue, âge, découragement et frais d’avocat. La justice n’est
gratuite que dans son strict fonctionnement administratif, mais tout procès
génère pendant qu’il se déroule, avant même que l’instance soit nouée, des
frais. Pour la personne morale, ils sont négligeables, font partie de contentieux
autres, sont prévus et peut-être même assurés. La partie physique est seule
devant un adversaire pour qui le temps ne compte pas ni les frais. Je n’ai pas
de solution pour rééquilibrer les parties, l’une par rapport à l’autre, mais je
souhaite – et nous devons être très nombreux pour cette demande – que ce soit
cherché. Dans le détail surtout. Ainsi, en première instance, la personne
morale ne serait jamais dispensée d’exécution provisoire alors que le
particulier en serait systématiquement dispensé.
Les frais d’avocat pourraient être très
diminués même dans le cas où la personne physique perd. Nous emprunterions à
notre atavisme du service public, en l’espèce une concession de service public
serait confiée aux avocats inscrits au barreau près le tribunal compétent. Sans que ce soit le
dispositif actuel de l’aide juridictionnelle à laquelle ne sont éligibles que
les justiciables montrant la faiblesse de leurs revenus : inférieurs à un
plafond légalement fixé. Le plaignant ou l’intimé s’adresserait librement à un
avocat, lequel ne se ferait rémunérer qu’en cas de victoire pour son client et
cela sur la personne adverse, défaite. S’il n’estime pas la cause assez sûre
pour qu’il soit rémunéré ainsi, la personne physique recourrait alors, sans
considération de ses ressources personnelles, à ces concessionnaires du service
public. Le seuil actuel au-dessus duquel l’aide juridictionnelle ne peut être
obtenu, ne serait plus une exclusion.
3° appartenir
L’identité française n’est pas
définissable, l’esprit français en revanche se distingue. La langue, l’apparence
physique, la filiation, le droit du sol sont peut-être des signesimpératifs,
mais – surtout ces temps-ci marqués par des émigrations et par des cessions de
patrimoine nous diminuant – le caractère français me paraît dans le choix
exprimé explicitement ou par un comportement. Les déchéances de nationalité ou
la tolérance de doubles ou multiples nationalités sont superficielles.
L’attachement à la France me convainc quels que soient les lacunes relativement
à un modèle théorique. Examiner qui est français ou qui peut l’être par
reconnaissance d’autres, me paraît ignorer ce qui nous a fondés. L’adoption, le
mariage, l’annexion – biens, territoires, personne physique – sont l’histoire
de notre chair nationale. Le contrat n’est pas d’adhésion, vérifié par un jury,
la préfecture délivrant pour une première étape un permis de séjour. Il est
d’adoption ce qui inverse la responsabilité d’initiative et d’accueil. Faut-il
légiférer ? non, l’enjeu est spirituel. Des nationaux, considérés tels par
la loi, n’ont pas l’esprit de notre pays et pis ne se sentent pas engagés
envers lui.
La France est entre Français, et même
entre tous habitants de notre pays, le bien le plus universellement commun. La
langue et le territoire caractérisent ce bien. Il se transmet de génération en
génération, théoriquement selon le droit des biens et des perssonnes,
théoriquement aussi selon l’instruction publique laïque et obligatoire, même si
– heureusement – le statut des personnels et des établissements qui la
dispensent, est très diversifié.
Transmettre a été longtemps défini par
le contenu. Les acquis d’une généalogie, d’une entreprise, des savoirs-faire,
des relations. L’habitat n’est plus pérenne d’une génération à l’autre, le
patronyme ne suppose plus des alliances utiles. Le présent l’emporte sur une
prospective qui n’est plus collective, ne sait se dire sinon en termes de
prudence ou d’une épargne de précaution. La tradition n’est plus d’application
utile, elle ne fait plus référence. Le libre-arbitre personnel n’en est pas
renforcé puisque très peu fait base de départ. Pratiquement, le socle d’une vie
ne lui préexiste plus. Autrefois se discutaiy la question des propriétés
foncières ou mobilières : devaient-elles revenir automatiquement à l’un
des enfants, l’aîné ce qui répartissait automatiquement les filières de
subistance entre les autres, ou se partager tellement qu’elle disparaissait en
très peu de générations. La fiscalité des successions patrimoniales est en question
depuis les analyses, à l’époque très résolues et convaincantes, de Jean-Jacques
Servan-Schreiber [8]. L’insertion sociale, longtemps immuable,
dépend de plus en plus de réseaux qui – à la manière des marchés commerciaux –
ne s’acquièrent plus intuitu personae
mais selon des formations et des écoles. La camaraderie est donc homogène au
lieu du brassage effectué par la conscription puis le service national pendant
un siècle et demi.
Ce qui se transmet doit-il être un
pouvoir ou une appartenance ? La nation se morcelle dans le premier cas,
trouve son ciment dans le second. Longtemps, le pouvoir d’Etat faisait
transmettre héréditairement le pouvoir, pas seulement à sa tête, ce que
symbolisait le roi, mais à tous les niveaux de tous les genres de vie et de subsistance.
La République, de plus en plus, honore cet usage. L’élection est héréditaire ou
fruit de parrainage, sans qu’une règle en dispose : c’est un fait
statistique. Naître dans la responsabilité ou l’activité qui sera nôtre, est-il
un avantage pour la société ?
L’éducation nationale doit être
considérée selon la lettre de son appellation, elle n’est pas – à ses stades
primaire et secondaire – une orientation puis une formation
professionnelles. Nos enfants apprennent autrement le plaisir d’apprendre.
L’esprit de notre temps et les technologies qui vont désormais être, par
nature, sans cesse nouvelles font comprendre à toutes les générations, et dans
toutes les situations économiques et sociales qu’un débat – grave – a commencé
entre l’argent et le plaisir, entre la libido et la sagesse, entre le culte de
soi et le goût des autres. Qsue le civisme et les religions par comparaison des
unes avec les autres, fassent partie de l’enseignement et soient même
sanctionnées comme toutes les matières traditionnelles, est nécessaire. Ce qui
doit s’apprendre – en fin d’adolescence pendant le service national universel
graçons et filles – commence de s’acquérir dès « la
maternelle » : notre espritt national, quelles que soient nos
origines familiales et sociales. Aussi indéfinissable que notre nationalité,
sauf légalement (ce qui est arbitraire mais commodité), cet esprit est fait de
tout et par tous. Sa persistance, en réflexes et tournures, même en expressions
millénaires, est notre force, elle constribue le plus à notre acapcité
d’intégrer de nouveaux-venants et aussi des formes nouvelles de présence
au monde. Cette pérennité, cette ancienneté éprouvée, notre adaptabilité
nous imposent deux logiques, si nous voulons former nos jeunes générations à
cet esprit et sincèrement l’inviter à l’enrichir librement par des pratiques
nouvelles, mais qui en proviennent.
Nous n’avons plus d’institution stable
pour l’enseignement, au moins pour l’enseignement primaire et secondaire. Il
nous la faut. Pendant tout notre XIXème siècle, la succession de nos nombreux
régimes politiques, chacun différent d’organisation et d’esprit, fut d’une
grande constance dans ce domaine et conserva de très grands hommes d’Etat pour
le cultiver, Salvandy, Victor Duruy et enfin, surtout Jules Ferry. Le curé
polyvalent ne disparut pas mais l’instituteur, tuteur, sorcier, sourcier,
passionné, formant les mémoires et les habitudes d’écrire et d’acquérir,
apparut. Il en demeure encore beaucoup, sous des appellations différentes et
dans toutes les classes du primaire et du secondaire. Notre fille – maintenant
en cinquième – nous l’a appris dès ses débuts scolaires et nous le confirme.
L’outil est bon, les querelles dites
scolaires sauf des résurgences séparatistes ou des rumeurs intégristes, procès
d’intentions de part et d’autre, sont du passé. Nous manquons d’enseignants
autant que de médecins (et que l’Eglise de prêtres). Mais la direction des
personnes et la définition des programmes, des horaires et des méthodes ne le
sont pas. De même que nous réapparendrons la concertation sous la férule d’un
Commissaire général au Plan de développement économique et social à nommer
consensuellement et pour longtemps, de même nous pourrions substituer au
ministre ainsi qu’à ses éventuels secrétaires d’Etat, un Commissaire général à
l’Education nationale, nommé de la même manière et au moins pour des durées
équivalentes, les grandes personnalités chargées de ce domaine ou y étant
souvent revenu, nonobstant la présidence du Conseil ou la charge d’autres
portefeuilles, ayant souvent exercé une dizaine d’années. Les deux Commissaires
généraux ne dépendraient donc pas de gouvernements de plus en plus éphémères,
et plus encore leurs ministres, contrairement à l’esprit de notre Cinquième
République. Dépolitisation de sujets éminemment politiques ? non mais
passage de leurs responsables de la
politique au politique. Comme les
moyens en fonctionnement et en investissement seraient ceux du contribuable et
de l’Etat, et que c‘est le propre du gouvernement de faire discuter, justifier
et adopter le budget, le Commissaire général ne pourrait le défendre que sous
couvert du gouvernement, en fait du Premier ministre. Son indépendance et sa
pérennité personnelles seraient assurées, ce qui n’est pas le cas d’un ministre
d’acception courantes, mais il aurait à consulter et à séduire, au besoin les
gouvernants. Travaillant pour le long terme, il intéresserait plus encore le
président de la République.
Un trésor n’est pas exploité,
l’expérience des enseignants et la demande des enfants, des adolescentes, quels
que soient les âges. C’est avec eux aussi directement et continuellement que
possible, que délibèrera le Commissaire général. Les recteurs d’académie
s’entoureront d’instances représentatives de ces deux collèges, le corps
enseignant, les différences classes d’élèves. Ce sera particulièrement précieux
pour suivre ou anticiper l’appaarition de nouvelles technologies, pour
organiser avec les entreprises locales des stages et surtout pour s’accorder
sur la transmission de notre patrimoine : 1° la langue nationale, même et
surtout si l’enseignement des dialectes et des langues de régions, voire de
départements ou moins étendu encore, 2° la connaissance de notre territoire et
de ses habitants, ainsi qu’une initiation à ceux de tous les Européens, 3°
enfin notre histoire. L’enseignement actuel est insuffisant : raisonner et
philosopher sur de grands thèmes nous appartenant ou ayant structuré tout ou
partie de notre univers récemment ou autrefois, ne nous fonde pas. Il faut les
événements, il faut les personnes, il faut les drames, les quadratures du
cercle, les triomphes et leur prix. L’Histoire, ce sont d’abord des histoires,
des acteurs, y compris le plus grand, changeant mais jamais
interchangeable : le peuple. L’Histoire peut alors, la maturité et la
culture de nos élèves une fois assurées, devenir aussi l’histoire des méthodes,
des mémorisations et le constat de ce qu’est l’esprit des peuples, de ce que
pèse le passé pour répondre en français et en européen, de l’avenir. Notre
gisement et notre devoir éducatifs sont là : une orientation pérenne, une
délibération avec ceux qui la vivent, la réapprennent en enseignant, la
reçoivent en demandant davantage et autre.
état au second envoi à Denis Pryen –
mercredi 25
4° travailler
A une date difficile à préciser pour ce
que nous avons vécu à la fin du siècle dernier, l’un des paramètres les plus
directifs de de notre vie nationale a changé. De ressources humaines : la
guerre, l’intelligence, les circonstances, tout peuple d’instinct, et tout
gouvernement pour que se maintienne le pays dont il a la charge, on a toujours
besoin. Mais il s’est agi de main d’œuvre. L’immigration était bienvenue sur
nos terres du nord-est ravagées et nous avions perdu un million et demi
d’hommes pendant la Grande Guerre, donc en âge de travailler, cultiver,
produire. Elle a continué de l’être, le recrutement n’étant plus d’est en
ouest, mais du sud au nord. Nos anciens sujets coloniaux furent appelés et
désirés. Quand, par surprise, deux ans seulement après la disparition de leur
re-fondateur, François Mitterrand, les socialistes revinrent au pouvoir un
débat naquit qui n’est toujours pas tranché : partager le travail si
l’offre de celui-ci est moindre. La droite, n’ayant plus rien à voir avec le restament
du général de Gaulle en matière sociale, fit une autre analyse : encadrer
le salariat en sorte qu’il soit attrayant de l’augmenter en nombre, en tout cas
de ne pas licencier. Débat sur les charges sociales et la pérennité de
l’embauche. Le chômage s’installant, il fut redit que plus il serait facile de
débaucher, plus on embaucherait sans crainte. Les contrats à durée déterminée
se généralisèrent mais la durée légale : les trente-cinq heures, tant
critiquée par Jacques Chirac subissant une cohabitation inattendue, moins
glorieusement que son prédécesseur qui en avait connues deux, chacune prévue,
et chacune habilement palliée, devinrent emblématiques au point que même ay
poouvoir, la même date n’en abolirent point les textes l’ayant établie. La
campagne présidentielle en cours a recouvert – à gauche – la réclamation de
droite, en revenant aux interrogations d’il y a cinquante ans. Après que la
reconstruction ait fait croire que le plein-emploi et la croissance étaient des
données stables, les sociologues et les démographes, davantage que les
économistes et les planistes interrogèrent : le progrès technique
n’allait-il pas suppléer la force humaine au travail ? avec une diminution
évidente des coûts de production. Le chômage des années 1990-2010 ne sembla pas
justiciable de cette analyse mais d’une autre toute politique, qui s’enfantait
dans le rejet de toute immigration pour des prétextes autant budgétaires que
carrément racistes. Une directive de la Commission européenne, mal élaborée,
sembla légitimer l’immigration de la main d’œuvre venant d’Europe orientale,
mal payée chez elle, relativement mieux chez nous, mais moins coûteuse que nous
déjà au travail… Ce qui s’appelle – trop facilement, à mon sens – la révolution
numérique fait prédire pour un avenir proche des diminutions de 10 à 40% selon
les activités, du besoin de main d’œuvre, les robots remplaçant l’homme. Une
fiction séculaire se réalise.
Dans cette ambiance très nouvelle et
sans que diminue le chômage, la tendance a été, au moins chez nous – je ne
connais pas les codifications étrangères, notamment celles de nos partenaires
européens – de supprimer de fait les garanties de toute nature protégeant
l’homme au travail et la pérennité de son emploi. Sans que la cause de
l’urgence ni les sources de la rédaction soumise au Parlement, n’aient été
indiqués, même pendant les débats au Palais-Bourbon, qui furent à plusieurs
reprises de censure, tant le gouvernement, le président de la République
voulaient aboutir, un texte fait maintenant loi. La lutte des classes, la
solidarité du salariat entier dans une entreprise, la responsabilité syndicale
pour la négociation sont plus qu’en question : elles disparaissent. Notre
démocratie, au niveau nationale, n’est plus que formelle. Notre modèle social
n’est plus que notre régime de sécurité sociale – mais la droite actuelle met
celui-ci en question – et le droit du travail s’assimile maintenant au droit
contractuel régissant les relations de personne à personne.
Cette évolution juridique ne changera
pas – j’en suis convaincu – les causes du chômage. La
« démondialisation » prônée par un de mes amis [9], non
plus.
Nous devons raisonner et vivre autrement
qu’en supputations des gains et des profits pour l’entreprise et les
invrestisseurs. Le travail est à considérer en psychologie et en sociologie,
d’abord. Quand l’entreprise n’a qu’un seul acteur ou quand l’activité est
libérale ou artisanale, cette fonction du travail dans la vie humaine saute aux
yeux. Il s’agit de la rémunération d’abord par le plaisir, et aussi par une
reconnaissance qu’accordent les clients et les tiers. Le travail est création,
accomplissement, noblesse. La personne y trouve une grande part de sa raison
d’êre. La discussion et la contstation d’une mise en forme d’un revenu
universel posent justement la question de cette dignité : recevoir un
financement pour s’établir, se former est légitime principalement pour le
bénéficiaire. Celui-ci est respecté à raison de son art et de sa capacité, sa
peine ou les risques qu’il prend sont considérés. L’aumône, le secours sont
certainement nécessaires en cas d’urgence mais ils accentuent le déséqulibre
des relations humaines, peuvent même exclure en psychologie, voire en fait,
ceux qu’une société, un gouvernement croient gratifier.
Compter pour autrui, valoir pour les
autres nous est indispensable. Une société humaine, une entreprise petite ou
grande ne fonctionnent pas à la diminution, voire à l’abolition de certains
coûts. Il leur est nécessaire d’être pensées. Une stratégie, une technologie,
plus encore la conquête d’un marché ou sa préservation ne s’énoncent pas
automatiquement. Que l’activité proprement humaine s’oriente selon les époques
et les évolutions technologiques vers des domaines auparavant peu traités ou
cultivés, ne périme pas au contraire ce que dans les domaines au contraire très
traditionnels apporte – nommons-le ainsi, voulez-vous – le spirituel.
L’invention n’est forcément ou unique déduite, mathématique. Le hasard et sa
proposition ne peuvent être discernés, saisis que par intuition même si
l’esprit humain se conditionne en partie par « l’air du temps » ou
l’astreinte très précise de beaucoup de paramètres objectifs et quantifiables.
Une société, un pays se détraquent
autant sous l’effet d’une dictature de groupe ou d’idéologie que par étouffement
de toute souplesse et liberté dans les activités de production, d’exploitation,
de recherches. Si nous en tirons – ensemble – les conséquences
5° aimer
L
6° travailler
L
Reniac, à ma table de travail, jeudi 26 Janvier 2017,
de 16 heures 15 à 17 heures 15
Une société, un pays se détraquent
autant sous l’effet d’une dictature de groupe ou d’idéologie que par
étouffement de toute souplesse et liberté dans les activités de production,
d’exploitation, de recherches. Dans ces deux cas mortifères, le virus est le
même, la trahison d’une partie de l’humanité, de la société, d’un peuple par
l’autre ou par quelques-uns de l’autre : cette trahison, c’est l’esprit de
supériorité, supériorité de soi, de son point de vue sur les autres. A la
racine, c’est dénier à l’autre toute dignité, pas seulement de valeur à
rémunérer, de valeur marchande – puisque le travail fait marché, nous sommes
passés du breau d’embauche ou de placement à la spéculation de certains sur
d’autres, formes modernes de l’esclavagisme. L’entreprise a sa noblesse en
elle-même, pas uniquement par son rendement ou comme centre de profit, mais en
tant que rencontre de tous les possédants, de tous les expérimentés, et aussi
de tous les cadets en apprentissage de métier ou de capital pour faire quelque
chose.
L’entreprise, la société sont
entièrement robotisés, échappent à tout homme, riche ou pauvre, salarié,
dirigeant, actionnaire, si elles tombent en automaticité. La dogmatique,
marxiste ou libérale, est une automatisation. Travailler n’est donc pas
seulement produire, créer, s’insérer dans une chaîne économique et sociale,
faire partie d’un groupe physiquement, ou si nous travaillons en entreprise
individuelle, artisanale, rurale, faire partie putativement de l’ensemble d’une
activité. Je crois que travailler, c’est aussi réfléchir sur le travail, sur ce
que l’on fait, ce que l’on donne, ce à quoi l’on contribue. Un code de la
participation assemblerait les textes existant en tous domaaines de notre droit
et de nos activités : je le proposai il y a quarante-cinq ans à Edgar
Faure, revenu au gouvernement comme ministre des Affaires sociales dans les
dernières années où la réfrérence au général de Gaulle était encore
directement, politiquement opérante puisque tous nos dirigeants avaient été de
ses collaborateurs, personnellement, ou de ses adversaires. Il était alors très
stimulant de les attraire en procès d’infidélité ou de leur décerner quelque
médaille pour une bonne volonté que je discernais. J’étais libre autant
qu’aujourd’hui en vous écrivant. Alors, parce que je bénéficiais d’une empathie
non dite de ma hiérarchie [10]dans
l’une des directions les plus humaines de métier et d’opération : la
Direction des relations économiques extérieures au ministère des Finances,
celle qui zélait et avec succès notre commerce à l’étranger. Et je suis libre
puisque – candidat à cette élection présidentielle, sans savoir si j’obtiendrai
l’accès à la campagne audiovisuelle qui est de droit si je suis accompaagné,
porté par cinq cent grands élus – je ne cherche pas à être élu mais à faire
entendre quelque chose : le bon sens et la dignité.
Il me semble que le droit du travail
devrait faire partie d’un code de la dignité humaine. Sans doute les
déclarations des droits de l’homme, la nôtre écrite et clamée en 1789, celle de
notre écriture, le texte de 1948, reconnu pour sien et donc d’actualité
universelle, par les Nations Unies [11],
mais écrire ensemble, toutes parties à l’activité économique, réunies, cette
réflexion, cette expérience des nécessités vitales de l’entreprise. Je suis
convaincu que ce travail ensemble – oui un travail comme celui des productions
matérielles ou des œuvres marchandes immatérielles – peut nous reconstituer. Le
bon sens en comité d’entreprise, l’intérêt général font discerner des
opportunités, des solutions que la solitude comptable, la libido individuelle,
des promesses ou des engagements à tenir envers un seul des facteurs
économiques ne font pas voir, n’imposent pas. Quelque aspect de la question
française que nous examinions, le départ du chemin et son aboutissement, c’est
nous. Ni la théorie, ni le modèle, ni la machine. Ce n’est pas retourner au
boulier ou à l’abaque. La solidarité est productive de tout. Au travail, une
grande partie de notre vie se passe. Par le travail, nous acquérons
l’expérience de la réalité. La pratique nous fait considérer : le chasseur
du néolithique et les siens, la responsabilité du travailleur vis-à-vis de sa
famille et vis-à-vis de l’entreprise, la dignité est potentielle, dès la
nécessité. Je n’écris pas qu’elle se mérite, je suis sûr qu’elle se conquiert
et sur soi, jamais au détriment des autres, jamais au détriment de l’œuvre
forcément commune, même si physiquement nous sommes seuls au travail, ainsi que
je le suis dans l’écriture des derniers mouvements de ce livre puis dans cette
campagne si je suis autorisé à y participer. Démocratie et dignité, leur
application : le travail. Dans une économie d’échange et de monnaie, parce
que celle-ci est fondée sur la complémentarité, sur ce réalisme-là de la
condition humaine, la rémunération doit évidemment être de même nature que
l’investissement, le bénéfice, la fiscalité : elle est chiffrée. Mais
fondamentalement, elle est reconnaissance d’une dette de l’employeur :
dette envers le travailleur, dette envers l’investisseur. Aucun antagonisme. Le
reconnaître sera avancer. La défense des frontières, la discrimination à
l’embauche, la durée des contrats sont inspirés par la peur. Entreprendre est
une joie, une espérance, donc la certitude d’une fécondité voulue. Beaucoup de
miracles, dont l’invention technologique ou le « climat social » en
viennent.
5° aimer
Quelle agitation en société, en
politique, à l’Assemblée nationale, dans la rue pour ce qui est le plus intime,
le plus continu en réussite ou en échec, en espérance ou en saveur
d’instants : l’amour d’un autre, plus que de soi, parce que cet autre nous
aime et aime que nous l’aimions. Dans notre droit et au cours de notre vie
politique nationale, il y a les dialectiques de conquêtes sociales, de
règlementations protectrices ou stimulantes de notre économie, aujourd’hui de
notre environnement de moins en moins naturel. Tout autant, il y a – de plus en
plus – la préoccupation de notre humanité propre, santé certes et son
financement solidaire, mais les mœurs qui nous épanouissent ou nous
contraignent. Le droit de vote accordé aux femmes – enfn [12] – ,
la peine de mort abolie – enfin [13]– et
donc une universalisation dans notre droit, et – espérons-le – dans notre pensée
une telle reconnaissance de la dignité, de la valeur humaines, voici qu’une
suite encore à continuer apparut possible, principalement par la grâce d’une
médecine progressant tellement, d’une compréhension aussi de la physiologie
humaine. La pilule donc, et une contraception plus aisée, moins aléatoire ayant
pour conséquence décisive que la naissance, la transmission de la vie ne sont
plus automatiques, instinctives seulement mais voulues, libres, l’amour
participe autant de l’instinct, du contraint puisqu’il est sans doute la plus
forte des addictions (en même temps que la foi religieuse, l’un et l’autre se
ressemblent comme il se doit).
J’étais pour la seconde fois amoureux
mais refusé, c’était pendant les « événements de Mai », loin
mentalement de ma sortie de l’Ecole Nationale d’Administration dont allait
dépendre théoriquement toute ma carrière professionnelle. J’étais recalé (aux
deux, à l’amour et pour entrer dans le ministère que je briguais) et une
encyclique décisive, inaugurant le magistère de l’Eglise catholique en
bio-éthique, parut, signée du pape Paul VI : Humanae vitae [14].
Elle était contre la pilule. Je la propagandais et la jusifiais par une autre
de ces lettres au monde, pas seulement aux fidèles ou aux confessants d’une
religion parmi d’autres : Populorum
progressio [15]. Cela se tenait. Une
confiance dans la nature et dans la providence autant qu’une persévérance au
travail et – comme nous venons d’en examiner le ressort et la source – un
respect de certains pays dotés pour d’autres l’étant beaucoup moins. Une lutte
commença alors qui n’est pas terminée et que notre pays illustre, pratique
particulièrement, avec vivacité. Simone Veil, choisie par hasard quand Valérie
Giscard d’Estaing qui l’avait médité, mais pas dit pendant son excellente campagne
présidentielle [16], voulut faire revenir
notre pays sur la loi – dite nataliste – de 1920 [17],
concluant démographiquement la Grande Guerre. Donc, la libéralisation de
l’avortement. Magistrate, ancienne déportée ce qui ne se savait pas [18],
mais surtout une femme sans étiquette ni expérience politique, elle fut
suggérée au nouveau Président en train de former son premier gouvernement, et
elle gagna : courage, ténacité, franchise, femme. Femme politique recevant
les coups avec douleur mais argumentant, répliquant avec rigueur, éprise de
clarté [19].
Quarante ans plus tard, Christiane Taubira marcha dans ses traces, ce n’était
plus le droit des femmes, mais c’était une détresse, voire une persécution
auxquelles mettre fin : la dépénalisation des pratiques homosexuelles
était intervenue en même temps qu’avait été abolie la peine de mort, à
l’initiative du même garde des Sceaux [20] mais
l’égalité en amour et en ce qu’il fait désirer, n’était toujours pas réalisée.
J’en discuter avec un célibataire d’une quarantaine d’années en marchant
ensemble d’une chapelle de village, non loin de chez nous, en Bretagne
méridionale et maritime. Il servait souvent, en aube blanche d’enfant de chœur,
la messe paroissiale. Le projet de loi était pendant devant l’Assemblée
nationale, une partie des catholiques, les plus pieux et praiquants,
protestaient publiquement vent debout. Bientôt allaient s’organiser le plus
important des rassemblements en plein air que nous ayons vécus depuis les
« événements de Novembre-Décembre 95 » [21]. Ce
n’était pas encore la manif.pour tous
[22] à
laquelle François Hollande donna, ou presque, son nom en justifiant
l’ajustement de notre Code civil et du droit de la famille chez nous, par la
liberté du « mariage pour tous ». Mon compagnon de dévotion
religieuse assurait que l’homosexualité et ses pratiques contre-nature se
développeraient plus encore si le mariage pouvait leur être accessible. Je
compris en l’entendant quel était (et demeure) le fond du débat :
l’homosexualité est-elle culturelle ? et faute de cadre légal ou social,
elle dépérirait, honteuse et secrète, mais pas contagieuse, c’était la thèse
des opposants, celle d’une responsabilité de l’Etat, de la gauche si les mœurs
se dérèglent et si le pays va à vau-l’eau. Ou bien, ce que je savais, sentais
depuis longtemps et un début d’expérience très ancienne, l’homosexualité est
une tendance innée, qui peut se réfrérner comme un gaucher est contraint en
famille et à l’école à écrire de la main droite, mais de risques et souvent de
dégâts en psychologie et en comportements. S’il en est ainsi, la double peine
ou l’intervention de la société dans l’intimité d’une vie et d’une conscience
de soi ne sont pas justifiées, pas admissibles. Personne ne peut être limité,
mûtilé. J’ajoutai, et je continue aujourd’hui, que le mariage pour tous
n’oblige personne, en tout cas pas mon interlocteur de cet après-midi d’alors,
à être lui-même homosexuel et, à plus forte raison, se marier avec un
homosexuel. De quoi se mêle-t-il ? en quoi l’homosexualité d’autrui, le
mariage entre homosexuels le gêne-t-il ? à moins que célibataire, sa soeur
l’était aussi, leur père était minoré par leur mère très existante, il ait
trouvé dans l’interdit social la protection dont son penchant – peut-être –
avait besoin pour ne pas avoir cours libre ? Je ne sais. Je soutins dès
lors la garde des Sceaux tandis que montait la haine d’autrui et du différent,
parmi les manifestants chrétiens, salués souvent comme le réveil de la
France : certaines autorités de l’Eglise, certaines paroisses cautionnaient
rassemblements et haines, organisaient les transports vers Paris.
Etait-on ? sommes-nous dans l’admiration et l’étonnement – chacun – de nos
premières amours, du premier vis-à-vis de notre nudité permis et souhaitée par
celle d’un autre. Il me semble que le désir et le regard, que l’amour esst
exactement du même flux entre deux femmes, entre deux hommes, de quelque âge
qu’ils soient d’ailleurs, qu’entre homme et femme de l’adolescence qui peut et
apprécie la chair, à la vieillesse qui parvient aux paroxysmes de l’amour car
plus rien, en tout cas plus guère le corps mutuel, n’étaye le goût, le souci,
l’admiration de l’autre.
J’en conclus – me le
permettez-vous ? maintenant, surtout si vous n’y étiez pas enclin en
arrivant à ces lignes-ci – que la suite doit être permise, car – pour le coup –
elle est bien naturelle. Procréation médicale assistée, dons d’ovocytes, mères
porteuses. A condition que ce ne devienne pas un marché. Au contraire que ce
puisse faire partie, financièrement, de notre protection sociale. N’est-elle
pas – oui, par nature et logiquement – universelle ?
Je vous écris et je médite, précise ceci
autant pour vous que pour moi, tandis que dure encore ces trois quarts de nuit
d’écriture après un court sommeil suivant l’écoute et le regard des commentairers
télévisés à propos de notre campagne électorale et de ses imprévus – de taille.
De temps à autre, je sors à notre seuil, me laisse atteindre avec une joie
sensuelle, calme, priante, par la rumeur de la mer, du plein océan après le ria
puis la langue de terre qui nous en séparent au bas de nos prés. Puis, je place
une ou deux bûches dans notre poêle : c’est si souvent un compagnon,
tandis que ma chère femme continue de dormir, incrédule quant à ce livre et à
ce qu’il va signifier, mais exigeante : que je sois cohérent, et lointain
successeur en famille des chasseurs immémoriaux, rapporte quelque rémunération,
organisation sociale d’il y a des millions d’années, rémunération qui, en
l’espérance, n’est pas encore contractuelle.
Il me semble ainsi commencer strictement ma campagne, et mon appel aux
voix pour porter la parole de tous, la vôtre, auprès de ceux qui imposent leurs
solutions à des questions que nous nous posons tout autrement. De nos
scandales, de beaucoup de nos injustices ou de ce que nous ressentons comme des
insultes au bon sens ou des atteintes à l’intérêt national (donc européen –
j’espère vous en avoir convaincu, plus haut), j’ai l’expérience, comme vous
sans doute, comme beaucoup de nos compatriotes. Ainsi – puisque nos récents présidents
de la République et plusieurs des aspirants à cette fonction qui devrait être
d’abord appréhendée comme une charge, un astreignant devoir, laisse leur destin
politique dominé par leur moitié féminine, à cause desquelles arrive le
scandale ou sa possibilité – ce que j’apprenais hier soir a porté sur des
sommes équivalant à quinze annuités de ma retraite d’ancien diplomate.
Le même égocentrisme, la même habitude
de ne plus distinguer ce qu’il est légitime de faire et d’être, de ce qui ne
l’est pas, même si c’est légal, je la retrouve depuis quelques années, depuis
que les « printemps arabes » – gros de démocratie, de libération
populaire et d’espérance – ont dégénéré en bien pire : l’extrêmisme
prétendûment inspiré par la religion, dans beaucoup de mes propres
coreligionnaires dans notre Eglise, en France. Même volonté hargneuse et
devenue froide, implacable d’imposer à autrui son propre point de vue, sa
propre dégénérescence qui n’est pas spirituelle, et certainement pas expérience
de Dieu.
Ibidem, vendredi 27 Janvier 2017,
de 04 heures 30 à 07 heures 20
En tant que chrétiens, ultra-pratiquants
ou venus à l’indifférence ou à l’agnosticisme (sans avoir la culture
nourrissant cette option respectable), gaulois, latins ou nous ne savons dire
quoi… nous voici qui reprochons aux arabo-musulmans exactement notre
comportement. Les bvelligérants se resemblent les uns les autres de camp à
camp, ce qui justifie la fraternisation instinctive, oarfois réalisée… et
évidemment réprimée. Ne soyons plus différents que par notre empathie et une
tolérance qui n’est pas du tout notre soumission aux mauvaises habitudes qu’en
politique on (politiques et commentateurs, quand ils sont superficiels et
amnésiques, ce qui n’est la généralité, même celle-ci pudique et travailleuse,
ne s’exhibe pas), mais la tolérance, la patience envers autrui qui nous vaut
quels que soient son costume et sa peau, son sexe, sa vie.
Chacun a le droit d’aimer, comme il
l’entend et se ressent, est ressenti, mais tous nous avons l’obligation de ne
pas détester, au contraire de comprendre, ce qui nous apprendra beaucoup sur
nous-mêmes – en sus de la paix ainsi rétablie. La loi, légitimement, y pourvoit
et ces questions, inhabituelles parce que jamais traitées par les temps
précédents, au moins chez nous, suscitent, heureusement, de vrais débats
parlementaires, une vraie discussion et l’écriture à beaucoup de textes qui ne
penvent être l’exclusivité de gouvernants bien moins pérennes que ce dont ils
traitent. Qui appellent surtout à l’estime publique d’exceptionnelles femmes
d’Etat : Simone Veil, Christiane Taubira, sensibles, émotives, répliquant
avec une force si féminine et totale, les engageant totalement aux injures
sexistes, racistes des bonnes consciences, de la gent masculine. Des juristes
et des moralistes que sont devenues ces ministres. Alors, le politique –
acception noble – remplace et périme la politique.
6° prier
En Tunisie, la cathédrale de Carthage,
là où le cardinal Lavigerie, primat d’Afrique, porta un toast à la République
(française) [23] tandis que l’Eglise,
gouvernée par Léon XIII, se posait enfin « la question
sociale » : Rerum novarum [24] :
j’y entre. Nous étions quelques « énarchisants » en voyage d’études
des possibilités industrielles de notre ancien portectorat, le dixième anniversaire
de l’indépendance et la gloire de son Combattant suprême [25] se
célébraient. Le jasmin, l’accueil, la francophonie étaient partout, Vive le
Québec libre ! [26]que
j’entendis là, était bien naturel alors qu’à Paris, après la guerre des Six
jours dans laquelle de Gaulle, après avertissement aux dirigeants d’Israël
dûment et avec honneur reçus à l’Elysée, c’était la clabaude et le mépris pour
un veillard. La coalition des droites et des gauches en auraient raison. Je
lus, gravé sur l’autel dénudé dans un chœur et une pour une nef sans images ni
bancs, sépulchrale quoique claire : un soleil de Juillet, celui de 1967. Usque in aternum ! Notre empire et
l’Eglise catholique qui était venu avec, avait disparu. Il en était resté la
laïcité apprise, en métropole, par Habib Bourguiba à notre université et dans
nos prisons, et qui a fait de la Tunisie, le seul pays à aboutir dont le
« printemps », quoique commencé en Décembre [27],
avait suscité tous les autres.
Au bras de ma mère, en pèlerinage [28] à
mes quarante ans, aux lieux où j’avais failli être conçu, dans l’attente de
trois mois que continue le train des évacués d’Egypte, à travers l’Europe
allemande aux prises terribles des Soviétiques en Ukraine et vers la mer Noire,
surtout son au-delà, les pétroles de la mer Caspienne.
Ibidem, vendredi 27 Janvier 2017,
de 07 heures 44 à 08 heures 30
Constantinople, Byzance, Istanbul, le
palais Topkapi, inouï, magnifique… l’Alhambra de Grenade, la Giralda à Séville,
le plein art des bâtis, des jardins, de l’architecture et du site, mais la
puissance, la capitale à prétention universelle – on ne dit mondial que depuis
la Grande Guerre, de même que nous sommes passés de la référence, solidement
morale et spirituelle, à à la conscience universelle, à ce qui n’existe
toujours pas et nous dispense du spirituel, de l’initiative et de la
morale : la communauté internatonale et ce qu’elle implique de grégaire.
Alors Sainte-Sophie, ancestrale, préservée, pas moins belle que les autres
mosquées impériales mais d’une autre dédicace. Péremption, quoique les Grecs –
il faut redire : les Héllènes, si l’on a séjourné chez eux – attendent
avec foi que s’y dise la fin de la messe qu’on avait commencé de célébrer en
1453 : je l’appris dès le premier jour de mon arivvée à Athènes, par la
route depuis Munich jusqu’à Banja Luka et Thessalonique, le maréchal Tito
s’affichait à cheval, plutôt qu’en portrait lourd, plus rare, dans les halls
d’hôtels.
Vivant les débuts de mes vingt ans en
République Islamique de Mauritanie, je ne sus d’abord rien de l’Islam sinon
qu’il isolait la catholicité de mon enfance. Une villa comme celle de
fonctionnaires ou ministres du jeune Etat, c’est-à-dire un patio de forme carré
sur lequel, unniformément donnaient des chambres, toutes symétriques, aux murs
nus sans fenêtres vers l’extérieur qui en 1965 n’était que sable rouge. Là se
célébrait sans horaire que le moment du réveil d’un Spiritain qu’on ne voulu
pas évêque ni à Dakar ni à Rome où se prenait la décision. Mais la République Islamique, peuplée de
nationaux tous musulmans, préféra son érection en diocèse plutôt que d’avoir un
nonce résidant, et une cathédrale d’architecture proche de la tente bédouine
put être édifié. La mosquée d’origine, peut-être de financement français, comme
les bâtiments initiaux de la capitale artificielle quoique ce soit des environs
de Nouakchott que s’élancèrent, il y a mille ans, les Almoravides, était belle
parce qu’archi-simple. Je n’y suis jamais entré, et n’en ai vu que la cour qui
l’entoure, avec des murs la cernant depuis longtemps la cernant : ce fut
quarante ans après mon premier atterrissage à l’occasion du bref hommage qu’un
colonel putschiste rendait à la dépouille du père fondateur, transporté du
Val-de-Grâce à Boutilimit [29], en
cercueil paré du drapeau vert à étoile et croissant. Bien différents de mes
prochains séjours de 1965 à 1975, ceux qui me furent accordés chez eux, à leur
retour d’exil, par Moktar Ould Daddah et Mariem, sa femme, chrétienne de
baptême, catholique de gauche et magistrate, étaient consacrés studieusement à
la mise en forme de mémoires exceptionnels d’écriture personnelle et
d’expérience de la décolonisation, du développement, de toute nationalité
émergente, laborieuse. Travaillant ensuite avec leur cousin, sous la tente, pas
loin précisément de Boutilimit, à écrire la synthèse des recherches de
celui-ci, passionnées sur l’histoire locale avant ce que nous avons appelé
pudiquement « la pénétration française », j’ai vu prier ceux que je
considère comme mes patriotes d’adoption – ne m’ont-ils pas accueilli à ma
sortie hésitante d’adolescence, ne me reçoivent-ils pas depuis plus de
cinquante ans en ami et confident de leur Père fondateur. Je les ai contemplés,
puis j’ai commencé de lire leur saint Coran. En traduction [30] forcément,
mais dans l’ordre suggéré par le plus éminent maintenant de mes amis là-bas,
Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, le président de la tentative malheureuse
d’inventer et de pratiquer la démocratie après trente ans de recel militaire du
pays et de ses richesses. En présence de la prière du musulman, en lecture de
ses splendides, souvent fulgurantes écritures, je ne peux que me sentir en
communion avec l’effort et la transcription d’une réelle expérience de Dieu,
même si – chrétien de naissance et de toujours, depuis – j’ai la sensation, la
certitude, sans aucun orgueil et en toute action de grâces de bénéficier d’une
approche privilégiée de notre Créateur : il s’est fait homme comme nous en
la personne de son Fils, il est amour puisqu’il est en trois personnes. Ma foi
a cette psychologie, elle bénit notre fidélité conjugale à ma femme et à moi.
Deux anciens ministres du général de Gaulle m’en ont questionné, un préfet de
région, devenu encore plus aujourd’hui m’a interrogé de même. Plus en histoire
de la vie qu’en dogmatique, toujours secondaire. Je ne peux donc comprendre les
courriels et protestations documentaires que je reçois plusieurs fois par
semaine, tendant à me convertir à la haine et au mépris d’une imposture et d’un
impérialismer qui serait l’Islam ; Dissertations et expertises d’ailleurs
antérieures à l’apparition de l’Etat islamique et de sa prétention au Califat
universel, elles ont évideemment redoublés : plusieurs de nos hommes
politiques, parmi les principaux sont devenus les prédicateurs et les prophètes
de l’anti-Islam.
L’époux, serrurier, de notre voisine de
palier quand nous habitions Paris, entre la gare du Nord et la place Kossuth,
mourut subitement, il avait été roué de coups par de pauvres types espérant
accéder à une caisse qu’il gardait chez lui et non dans le hal de la gare où il
tenait boutique. Il était Juif, nous allâmes participer aux prières de
funérailles, ma femme et moi, au bas de la place Franz Liszt, dans la salle
sobre, non décorée, de ce qui ne se présente pas du dehors comme une
synagogue, mais en simple centre culturel. Les psaumes sont les nôtres ou
plutôt les chrétiens dont les premiers étaient Juifs les ont conservé
naturellement, le Christ les récitait. Ils révèlent, avec une science de la
psychologie humaine combien Dieu se laisse comprendre selon notre cœur qui est
à son image et à sa ressemblance ainsi que l’entier de chacun de nous, de nous
tous.
La laïcité a ce cœur. Elle est de ce
cœur. Je réclame que les débats parlementaires [31] pour
que soit votée puis effective la séparation de l’Eglise et de l’Etat, soient
intégralement publiés. On l’a fait en un volume gros d’épaisseur et de grand
format, clair et passionnant à lire, pour la loi de 1901, celle de
Waldeck-Rousseau établissant les associations. Notre génie national est
là : de nos lois sur le couple et sur la naissance ces années-ci jusqu’à
rejoindre la longue marche de la République et de son Conseil d’Etat vers les
libertés publiques de mieux en mieux définies et protégées et enfin la
légalisation des syndicats par un empereur qui se disait socialiste et le fut
vraiment pour son époque (en même temps que libre-échangiste et pratiquant le
referendum, ce qui nous fournit en gerbe de bons précédents pour ce que nous
voulons maîtriser et équilibrer aujourd’hui). La laïcité est l’une de nos
traditions nationales les plus fermes et exigeantes. Respirer – tous – chacun
de nos jours est son œuvre, acquise. Elle a les synonimes et les apparentements
dont la démocratie pour le gouvernement de la nation et pour la prospérité de
nos entreprise, dont la fraternisation européenne, que j’ai cherché depuis le
début de ce livre, à dialoguer avec vous.
Ibidem, vendredi 27 Janvier 2017,
de 09 heures à 10 heures 16
[1] -
[2] - de
Décembre 1984 à Octobre 1986, j’ai dirigé les services d’expansion économique
de notre ambassade à Brasilia ; le gros des effectifs et des relations
était décentralisé à Sao Paulo, Ri-de-Janeiro, Recife près nos consulats
généraux – comme j’en ai contracté l’habitude dès mon premier
« poste », jusqu’au dernier (le Kazakhstan), j’ai parcouru l’immense
pays en tous sens en voiture, sauf l’aller-retour de Manaus, quoiqu’il existe
maintenant une route continue
[3] - né
le 9 octobre 1974
à Chambéry, il anime Quotidien
sur TMC,
depuis septembre 2016,. Auparavant, il animait Le
Petit Journal sur Canal+ de 2004 à 2016. (source :
wikipédia)
[4] - « écrivant » : ce que je suis plutôt
qu’écrivain qui sous-entend un métier, un savoir-faire, une organisation du
temps et aussi… des débouchés que je n’ai pas. Je ne sais si je le regrette,
les posthumats sont plus plus féconds, encore faut-ils qu’ils soient
préventivement archivés…
[5] - le 24 Mai 1871
[6] - On estime à huit millions le nombre d'actes détruits. -
La loi du 12 février 1872 a
prescrit la reconstitution de l'état civil parisien antérieur à 1860. L'entreprise, qui
s'est prolongée jusqu'en 1896,
a permis de rétablir près de trois millions d'actes,
datant pour la plupart du XIXe siècle. Une seconde reconstitution de l'état
civil parisien a été engagée à partir de 1942. Il en est résulté la rédaction
de 120 000 fiches et le rétablissement de 110 000 actes qui, quoique dépourvus
de caractère officiel, présentent l'intérêt de privilégier les XVIIe et XVIIIe
siècles. La reconstitution de ces actes a été essentiellement établie à partir
de papiers de familles, d'extraits d'actes paroissiaux et d'actes notariés. - www.iradp-inventairesenligne.paris.fr
[7] - liberté – égalité –
fraternité
(source : wikipédia) : Liberté, Égalité, Fraternité est la devise de la République française, de la République d’Haïti, de la Grande Loge de France,
du Grand Orient de France,
du Droit humain et de la Grande Loge Nationale de France, et plus généralement,
elle est dite « devise républicaine » de toutes les loges maçonniques
françaises1,2. Elle figure dans l'article 2 de la Constitution
française de 1958.
La liberté et l'égalité sont posées comme principe dans l'article
1er de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789,
texte qui fait partie du Préambule de la Constitution de la Cinquième République
française (bloc de
constitutionnalité3): « Article Premier. Tous les êtres
humains naissent libres et égaux en droits », texte repris en 1948 comme
article 1er de la Déclaration
universelle des droits de l'homme en ajoutant l'obligation de
fraternité: « Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir
les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».
Ces trois mots apparaissent, parmi de nombreuses autres formules,
pendant la Révolution française,
la première fois dans le Discours sur l'organisation des gardes nationales
de Robespierre, imprimé et diffusé mi-décembre
1790, mais jamais prononcé. En 1793, la commune
de Paris impose d'inscrire « La République une et indivisible -
Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort » sur la façade de l'Hôtel de
ville, sur tous les édifices publics de la ville et aussi sur des monuments aux morts.
Cette devise est adoptée officiellement en France une première fois le 27 février 1848 par
la Deuxième
République, et surtout après 1879 par la Troisième
République, inscrite aux frontons des édifices publics à l'occasion
de la célébration du 14 juillet 1880.
[8] -
[9] - Jacques Nikonoff et le
Pardem – à mieux identifier
[10] -
Antoine-Jean Hullo, major de sa promotion à l’Ecole Nationale
d’Adminustration : à l’étonnement de tous, il ne « prit » pas
les « grands corps », mais choisit la D.R.E.E. et partit en apostolat
pour l’Afrique du sud et de l’apartheid, y faire valoir nos performances, mais
probablement, tel que je l’ai connu et qu’il m’a honoré de son amitié, m’a
vraiment protégé, faire valoir aussi ce que peuvent, même et surtout pour une
économie… les droits de l’homme trouver au moins sa
date de naissance et celle de sa sortie de l’Ecole – un tel sens du devoir et de l’Etat que pendant tout le
blocus de Mai 1968, il venait à pied à nos bureaux, depuis Meudon ou
au-delà : permanence de la souveraineté nationale, plus encore que de
l’Etat
[11] -
[12] -
[13] -
[16] -
Jean Sérisé, son conseiller et confident aulique, une des loyautés et des
intelligences les plus sûres qu’il m’ait été donné de rencontrer, avait indiqué
au candidat : vous serez battu si vous vous engagez en ce sens. Directeur
de la Prévision au ministère des Finances, alors situé rue de Rivoli, au début
de 1968, il avait exposé tête-à-tête au président de la République, le général
de Gaulle, que l’année s’annonçait paisible et sans imprévisible, sans désordre
d’aucun ordre. Le Général, attentif à certains mouvements en Angleterre – on
était en Février – lui répliqua : détrompez-vous, il va se passer quelque
chose
[17] -
[18] -
posant la première pierre d’un nouvel hôpital en région parisienne, la ministre
de la Santé étonna les assistants par la dextérité pour manier une truelle : elle montra
son poignet, le tatouage et dit son emploi en camp nazi de concentration
[19] -
ainsi l’ai-je écoutée et un peu connue, pendant plusieurs entretiens suscités
par l’affaire Garaudy. Je devais en extirper l’Abbé Pierre que je venais de
rencontrer plus longuement, le rejoignant à Zermatt puis l’installant à
l’abbaye bénédictine de Praglia, tant ses fidèles et Emmaüs voulaient le
soustraire aux médias et à son vœu d’expliquer et réexpliquer une position
déraisonnable même dictée par une amitié ancienne
[20] -
Robert Badinter, m’acceptant comme ami, pas tant quand je lui demandais de
venir dire l’esprit de notre Constitution au président du Kazakhhstan – il
présidait alors le Conseil constitutionnel et j’ouvrais notre ambassade là-bas
– mais quand j’intervins au VIème congrès de l’Internationale laïque et
humaniste juive. Ma triaïeule, née Lévy, cantinière épousée de son colonel sous
Louis-Philippe, m’y avait introduit pour expliquer l’Abbé Pierre, toujours le
négationnisme de Roger Garaudy converti à l’Islam, et elle m’avait fait écouter
car elle m’inspirait
[21] -
[23] -
[24] -
[26]
- je n’ai vécu l’extraordinaire
événement – malheureusement pas fondateur faute de continuité et de
discernement de part et d’autre de l’Atlantique – que bien plus tard en
documentaire télévisé. L’émotion demeurait provoquée, la journée où près de la
moitié du Canada français fit escorte ou haie le long du Chemin du roy que
selon la prophétie et l’attente deux fois séculaire se vivait de village en
village, de halte en halte, d’échanges très émus entre les autorités locales et
l’homme du 18-Juin… le voyage prétexté par l’inauguration du stand français à
l’Exposition universelle de Monréal devait initialement se faire en remontant
le Saint-Laurent, à bord du Colbert, comme l’avait été la traversée de
l’Atlantique. Le Général quitta le Canada, aussitôt exprimée la désapprobation
– compréhensible – du gouvernement fédéral, c’est dans le nord minier de la
Mauritanie, fêtant son propre anniversaire, fête nationale commémorant la jeune
indépendance, que j’entendis le récit de tout par de Gaulle : sa
conférence de presse, religieusement écoutée pendant le méchoui offert aux
notabilités de l’Adrar et du Tiris Zemmour. Doudou Fall , le gouverneur de
cette région, m’offrit copie des instructions de Van Vollenhoven à nos
administateurs, les époques révolues transmettent cependant leur expérience
[27] - date et fait
[28] -
[29] -
[30] - sans en acheter une
pour moi, j’avais offert dès la fin des années 1960, celle de Régis Blachère à
Mariem Daddah. Depuis, je suis le texte selon plusieurs traducteurs
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