4 .
Vivre un patriotisme européen
Il manque au monde une puissance – très
grande et pacifiante – qui par ce qu’elle est elle-même : l’union de pays
et de peuples très anciens, très différents les uns des autres – impose la
morale dans les relations internationales, met au ban les dictatures et toute
entreprise de quelque nature publique ou privée que ce soit, quand elle dénie
les droits de l’homme. Une puissance – devenue très visible, attendue et
invoquée depuis si longtemps – qui par son histoire tellement fratricide et se
concluant ces jours-ci, ces mois-ci, ces années-ci par une fraternisation sans
précédent dans les histoires humaines, montre et répète que tout est possible
dans notre monde et à notre époque, pas seulement la tragédie et la haine, au
Proche-Orient, en Extrême-Orient et jusques chez nous, en propos de table ou en
paroles électorales.
La France ne subit pas l’Europe, elle la
propose, elle y insiste et elle parvient à la faire renaître, certes dans les
âmes, mais vraiment dans les options des Etats et dans les comportements de ses
personnalités dites politiques. Tout le reste s’en déduit, démocratie sincère
chez nous, croissance éconolique, solidarité sociale et de bon sens, si nous
reprenons cette route.
La question d’Europe [1] est
la question de France en substance et en urgence, en mission et en
épanouissement, en sauvegarde même. Or,
c’est maintenant celle qui nous divise le plus, alors qu’au commencement
de l’entreprise contemporaine qui devait y répondre, elle était la plus
consensuelle. La proposition d’Europe, d’énoncé français par une grâce inouïe,
dont notre Histoire est coûtumière, ce dont nous ne nous rendons pas assez
compte…
Reniac, à ma table de travail, mardi 24 Janvier 2017,
de 07 heures 46 à 07 heures 54
contenait, nous en étions sûrs, la
réponse à tout : reconstruction, ambition nationale, réconciliation avec
l’Allemagne, sécurité politique et militaire, expansion commerciale,
rationnalisation économique. Nous ne sommes arrivés au degré actuel de répulsion
dont elle est entourée que par beaucoup de fautes précises et par une longue
indifférence de l’opinion, des politiques et des médias, des
universitaires-même. D’excellents livres, rendant compte des origines, des
gestations, leurs auteurs les vivant ou les ayant initiées, et des réflexions
majeures, n’ont pas été vraiment honorés par les politiques. Enseignant
quelques années à l’Université Paris VIII, pour les étudiants de son Institut
d’Etudes Européennes, non loin de la basilique Saint-Denis, donc de notre nécropole
royale, j’ai ressenti à longueur de mes rencontres avec une autre génération
que la mienne la vibration et l’intérêt pas seulement scolaire ou
d’intelligence que la question d’Europe et ses solutions au moins
institutionnelles, suscitaient. Il n’y a pas dix ans. J’ai également constaté,
ayant choisi pour l’un de ces cours d’étudier et de faire étudier les relations
extérieures de l’Union européenne, qu’il n’existait pas, cinquante ans après le
traité de Rome et ses premières dispositions politiques et financières pour
l’Outre-Mer, un manuel ou un traité, et que les différents élargissements des
Communautés n’avaient pas donné lieu à un récit d’ensemble, encore moins à une
réflexion précise. Les deux crises immédiates que nous vivons : le retour
de la Russie à l’expansionnisme et à la dictature, l’afflux des migrants et
immigrants, plus seulement d’Afrique pauvre, nous ont surpris en méconnaissance
totale de ces formes de demande d’une Europe véritable. Tout a été vécu en
prise de possession européenne des législations et règlementations nationales,
assortie de quelques explications et rapports, chez nous, au Parlement, selon
des adaptations constitutionnelles. Politiquement, l’attention et l’effort
étaient ailleurs, principalement dédiés à l’exception britannique persistante
et à l’intimité franco-allemande, à éclipses, ne rayonnant guère au-delà du
couple formé par les deux principaux responsables : Chancellerie,
présidence de la République. Il faut reconnaître que ce couple a été, jusqu’à
présent – sauf entre Georges Pompidou et Willy Brandt [2] –
vécu à chaque changement physique de partenaire, avec intelligence, et toujours
éveil de sympathie et compréhension mutuelle des conditions de travail
respectives. Ce qui n’a aucun précédent dans la vie internationale, dominée
plutôt par des antagonismes et duels de personnalités autant que de peuples,
depuis toujours.
A cette erreur et à ces inattentions des
gouvernants, induisant les opinions publiques à faux, s’est ajouté jusqu’à
maintenant une ignorance générale de l’extraordinaire travail et des relations
d’équipe qui s’accomplissent depuis plus de soixante ans dans le quartier
Robert Schuman de Bruxelles. A mes débuts dans notre direction des Relations
économiques extérieures, au ministère de l’Economie et des Finances, je
participais d’abord à un cycle de réflexions, sinon de décisions à l’O.C.D.E. [3] (au
château de la Muette, le long du jardin du Ranelagh où j’avais joué pendant
toute mon enfance, patinette et guignol) : sujet, les achats
gouvernementaux et enjeu, les ouvrir à la concurrence internationale. Nous
étions en 1969, le pouvoir venait d’être retité au général de Gaulle et à
Maurice Couve de Murville. Nous n’avions pas de doctrine, sinon de bloquer et
pendant tout le mandat de Georges Pompidou, écourté par la mort prématurée de
ce dernier, s’opposaient, même par écrit, la rue de Rivoli, tenue par Valéry
Giscard d’Estaing, et le quai d’Orsay, surtout quand y entra, pour trop peu de
temps, Michel Jobert dont la rencontre, introduite par mon intuition de ce
qu’il allait être, a été décisive dans ma vie et mes opinions. La pratique
était la stérilité dans cette vaste enceinte, se paniquant pour l’apparence et
pour que nous nous donnions de l’importance, à la perspective d’avoir à rendre
compte en groupe de pays développés et nantis, à l’assemblée de la C.N.U.C.E.D.[4] où
les pauvres sont en force, et n’étaient redoutés que politiques. Les
« émergents » étaient encore très loin de naître. Je passais à
un groupe de travail au Marché commun à l’automne de 1973, passionnant, car
nous y concertions nos systèmes d’assurance-crédit à l’exportation, et y
échangions nos applications locales, marché par marché, entreprise par
entreprise. C’était de l’Europe à l’évidence, c’était efficacee. J’appris aussi
la dynamique essentielle de ces instances, l’urgence calendaire, les
discussions de nuit et l’amitié qui en résultent. Mais aussi l’importance et
l’atout de disposer de bonnes administrations centrales, elles-mêmes proches de
leurs ministres respectifs par l’organisation du cabinet. A chaque élément de
la chaîne de Bruxelles aux capitales, la personne en charge est décisive. Une
façon de démocratie existe : on débat avant de décider, on est attentif à
l’autre qui représente généralement une autre parcelle de pouvoir ou une entité
qu’il faut se concilier. A Bruxelles, l’évidence quotidienne était l’entente
franco-allemande, le plus souvent instinctive et naturelle, fondée sur une
déférence et un désir mutuels. La Grande-Bretagne commençant de participer à
tous les exercices, était de bonne volonté et surtout nous renseignait sur les
Etats-Unis. La crise du Watergate raidissait les positions, en tout, des
Américains. Je crois que ces champs de forces, ces habitudes, cette répartition
des influencess n’ont pas changé. Comme en toute dynamique de groupe, les
performances personnelles, pourvu qu’elles ne soient pas une revendication de
prééminence ou de la vanité [5],
peuvent ajouter au poids relatif de chacun des Etats-membres : capacité
d’expression écrite et orale, talent de trouver la phrase convenant à tous car
tout travail est sur l’écrit ou aboutit à un écrit ou de faire avancer le débat
en le synthétisant, et … résistance à la fatigue… La présence d’un tiers aux
Etats-membres : le représentant de la Commission, le secrétariat général
du Conseil de ministres, a une portée dépendant des personnes. Notre
représentation permanente est sans doute l’ambassade la plus importante, pour
nous, de tout notre réseau diplomatique.
Je crois, à l’expérience aussi des
réunions de travail entre Etats-membres des ambassadeurs ou de leurs
conseillers spécialisés, qui se tiennent dans chaque Etat du monde, que la
diplomatie multilatérale a cette dialectique et cet esprit. A quelque niveau,
chefs d’Etat compris, qu’elle se joue. Il faut l’apprécier et la faire
connaître. Ce ne sont pas d’obscurs bureaux et des fonctionnaires robotisés qui
éructent des textes impératifs. L’accord entre les Etats, zélé par la
Commission, une fois acquis, les services de composition multinationale, très
compétents chacun sur le sujet à traiter désormais, travaillent « en flux
tendu » mais entre agents, très habitués les uns aux autres, polissant
tout, consultant pour chaque Etat-membre leurs administrations, les intérêts
privés, les syndicats et groupes de pression-mêmes de chacun. Il n’y a pas dans
les capitales, en tout cas chez nous, une telle mystique de la rédaction à
plusieurs et de la consultation de tous les partenaires présumés ou se
présentant, comme elle est vécue à Bruxelles. Cela ne se sait pas, alors que
cela devrait être l’orgueil de l’ensemble des opinions publiques, et la raison
principale d’espérer l’avenir, surtout s’il doit être autre, car la décision
politique entre Etats dispose d’un instrument d’imagination et d’application
hors de pair, sans pareil dans l’Histoire, s’agissant d’un ensemble qui n’est
pas intégré, pas fédéral.
Reniac, à ma table de travail, lundi 2 Janvier 2017,
de 09 heures 58 à 11 heures 25
Les erreurs. Davantage chez nous que
chez nos partenaires, mais responsabilité partagée : de nombreuses
inconsciences, la perte de vue de nos fins en tant que l’Europe plus encore de
l’avenir que du moment.
Ibidem, lundi 2 Janvier 2017,
de 15 heures 30 à
16 heures 56
Ce n’est ni, dans le monde actuel, une
question d’échelle ni, avec nos frères européens, un emprisonnement progressif par
plus de soixante-cinq ans de réglementations et étapes communes en tous genres.
La question d’Europe et la question de France sont aujourd’hui un seul défi et
notre interrogation ne peut porter sur le pourquoi : si nous ne sentons
pas cette solidarité à tous égards entre tous les Européens, et
particulièrement entre la France et l’ensemble comme chacun de ses partenaires,
Grande-Bretagne compris, il nous manque nos cinq sens. Que cet ensemble, autant
que notre articulation de Français avec cet ensemble, soit défectueux, qui le
contestera ? L’interrogation est sur le comment ? comment devenir ce
qu’en puissance, en continuité historique, en nécessité économique et en
évidence stratégique, nous sommes potentiellement depuis près de trois quarts de siècle. Mais
ne sommes toujours pas, au point de n’être plus même un enjeu pour le monde
alors que un par un, à quelques-uns nous l’avons dominé et même formé
mentalement, politiquement, culturellement depuis nos Grandes Découvertes.
Tous détruits, occupés, ruinés après la
Seconde Guerre Mondiale, y compris la Grande-Bretagne, victorieuse sur le
papier, et nous de même statut par un miracle très incarné, nous avons, chaque
Européen – depuis, à des dates et selon des prises de conscience propres à
chacun de nous – décidé d’être et de faire ensemble. C’était un acte majeur
pour chaque peuple, les uns dépouillés de leurs empires coloniaux, d’autres
revenus de leurs systèmes totalitaires qui nous avaient tous conduits à la
guerre sinon au suicide collectif, d’autres encore libérés de la dictature d’un
immense voisin s’étant imposé à la faveur du retrait des précédents.
Nous sommes chacun différent par bien
des racines de toute nature, mais notre présence au monde d’aujourd’hui est
analogue, nous vivons les mêmes nécessités, les mêmes appréhensions et nous
avons, confusément ou précisément, conscience d’être ce qui manque au reste du
monde pour ne pas incliner vers des folies, vers des régressions politiques,
vers des conflits dangereusement contagieux. Enfin, nous réalisons que les
différentes mûes de nos voisins de l’est ou du sud, ou de nos grands alliés
nous menacent. La Russie, sous prétexte d’être frustrée du tout premier rang
qu’avait l’Union soviétique, n’est plus expansionniste à la manière d’antan
mais irrédentiste. L’Amérique a contesté, dès l’origine du Marché commun
européen, son principe puisque selon elle l’unification du Vieux Monde avait un
autre but que politique et économique : passer la main militairement.
Wladimir Poutine, après dix ans d’observation sagace de nos capacités
stratégiques et de la réactivité de nos psychologies, exploite le néant de
notre défense, même si elle était concertée entre nous tous, Grande-Bretagne
comprise. Donald Trump ne rompt pas avec ses prédécesseurs car la réalité du
libre-échange transatlantique et les projets, sans doute périmés maintenant, de
l’accentuer n’a jamais correspondu qu’à des prises de contrôle en Europe.
Jean-Jacques Servan-Schreiber, il y a cinquante ans, l’avait prédit :
l’étranger, qui n’est plus seulement américain, sait mieux utiliser notre grand
marché unique que nous qui l’avons créé et organisé si laborieusement.
Mais l’enjeu d’aujourd’hui n’est plus
seulement la menace de très grandes puissances étrangères – trois, avec
l’émergence de la Chine depuis vingt ans, au lieu de deux autrefois. Le risque
est intérieur puisque la construction si peu achevée et à présent paralysée,
est contestée par d’importantes fractions des opinions publiques européennes. Il
n’est pas répondu à ce nouveau nihilisme, de plus en plus concerté d’un pays à
l’autre entre les partis qui en vivent politiquement, électoralement et sans
doute financièrement, puisqu’ils approuvent à très haute voix ceux qu’ils
croient leurs alliés contre notre organisation actueelle, ou même leurs
épigones : Donald Trump et Wladimir Poutine [6].
Ibidem, dimanche 22 janvier 2017,
de 18 heures 24 à 19 heures 15
L’optimisme s’est pourtant longtemps
imposé que confortaient, apparemment, les candidatures de tous les autres
Européens à ce qu’avaient commencé six Etats seulement : la
Grande-Bretagne, quatre ans après le traité fondateur du Marché commun voulait
absolument s’y ralier ou au moins en prfofiter : elle insista pendant six
nouvelles années, mais négocia quatre ans. Elle fut suivie des peuples secouant
leurs dictatures respectives [7],
nationalistes et isolationnistes au versant sud et maritime du continent,
marxistes et russes dans tout l’est. Plus solidement que son appartenance à
l’Alliance Atlantique, son attachement à la construction économique et
commerciale des années 1950, sauva l’Allemagne des deux tentations
neutralistes. Le mondialisme parut une chance, n’était-il pas de modèle
européen ? même si l’initiative depuis l’entrée en vigueur du traité de
Rome avait été anglo-américaine ? [8] Emis
au taux d’1,17 dollar, l’euro. cota vite 20% de moins sans que personne ne
s’inquiète d’une dévaluation qui dans les années 1950 et 1960 aurait eu raison,
dans l’opinion, de n’importe quel gouvernement. Les critères dits de Maastricht
furent ensuite enfoncés par l’Allemagne et par la France, chacun, à commencer
par la Commission,
s’en arrangea, moyennant quelques avertissements hors des sanctions prévues par
les traités. Pourtant, les ressacs des cours du pétrole, le déclassement de
l’Amérique ayant perdu – la première – sa crédibilité politique du fait de
l’Afghanistan, de l’Irak et sans doute de la pérennisation de la question
palestinienne, établissaient la monnaie européenne unique à ses plus hauts
cours, sans qu’elle devienne cependant une rivale du dollar, et sans qu’elle
gagne une crédibilité politique indépendante de tout paramètre propre à
l’économie qui la détermine. Les « printemps arabes » [9], du
plus démocratique au plus sanglant, avaient conforté cet optimisme : la Méditerranée,
hinterland de l’Union européenne, se convertissaient à des valeurs que les
Européens dans leurs relations extérieures avaient, les premiers, oubliées. A
l’instar des Etats-Unis en Asie centrale, quelques-uns des Européens avaient
même été capables d’initiative militaire : la Libye [10].
La situation s’est totalement inversée.
La désaffection des peuples européens pour leur gouvernance n’était pas
qu’intuitive, elle anticipait une lucidité que les gouvernants n’acquièrent,
dans le drame et l’urgence, qu’à moitié. Au plus bas du consensus spirituel et
devant le démenti de toutes les espérances d’une Europe « troisième
grand » et autorité morale mondiale, ils ne répondent plus même par une
refonte des institutions et n’opposent, à une notation devenue politique plus
qu’économétrique – qui n’est pas tant celle d’agences spécialisées que celle
que leur infligent presque tous leurs partenaires, très grands et concurrents,
ou très petits et assistés, – que le copier-coller de ce qui fut adopté à
Maastricht il y a vingt ans. Le déni des peuples est tel que les dirigeants,
fraichement élus ou sous la poire d’angoisse d’une réélection prochaine et
difficile, s’accordent pour que les ratifications se fassent le plus loin
possible des opinions, dans les huis-clos parlementaire où la carte se force.
Bien plus que la signature des Etats, c’est la perspective d’une réelle
solidarité européenne, réalité de toute Union, qui depuis quelques années est mise
en doute. De Gaulle avait été mis en ballotage en 1965 parce que sa défense
d’un marché commun agricole avait été prise pour une tiédeur européenne [11]. En
revanche, Georges Pompidou avait été élu selon sa protestation d’europhilie [12]. Aujourd’hui,
tout candidat à l’élection présidentielle française qui proposerait un surcroît
d’intégration européenne, aurait grand mal à se faire comprendre. Et pourtant…
le rebond financier et monétaire suppose une novation des institutions et
celle-ci n’est envisageable que selon une forte demande populaire. Plus aucun
arrangement n’est viable. L’Europe n’est plus au temps de la réconciliation
franco-allemande, elle vit, au balcon d’Elseneur, la question d’Hamlet. Pas en
termes de perplexité, car la logique est claire, mais dans une angoise venant
de ce qu’elle n’est pas sûre de pouvoir choisir ce qui seul la sauvera et va la
perpétuer : un patriotisme européen, périmant les débats institutionnels
et même les limites à donner ou pas à une solidarité entre Etats-membres qui se
serait plus facilement vérifiée – par volonté – en cas d’agression militaire,
et qui aujourd’hui se subit sans remède vrai. L’intergouvernemental n’a créé
que du précaire, mais son alternative n’est pas encore clairement proposée.
L’opinion générale en Europe conteste
autant le fait des nations, le fonctionnement contemporain de leurs Etats
qu’elle critique la gestion européenne du temps calme jusqu’il y a peu, et du
vent debout ces semaines-ci. Concevoir un patriotisme, distinct des faits
nationaux et des nationalismes qui les prenaient pour prétexte, emprunte donc
davantage à la logique du temps que par le passé. La solidarité – soit voulue
pour secourir un des Etats-membres, ce qui serait sans difficulté s’il
s’agissait du domaine militaire, soit subie selon les mécanismes que l’on a
laissé se développer bien loin de leurs missions ou de leurs contextes
d’origine – devient si évidente qu’elle impose ce qui s’était perdu
progressivement : la novation du matériel par une imagination que seul le
spirituel peut inspirer.
extrait de la réflexion donnée à Commentaire .30
janvier 2012
et remaniée le lundi 23 janvier 2017 autour de 12 heures
30
1° confirmer les fondateurs
L’Union européenne, telle
qu’actuellement nous la subissons selon ses contraintes réglementaires ou ses
honteuses absences dans le monde et chez nous, est née autrefois d’une grande
intelligence, toute française. Tandis que nous avions très couteusement en
hommes et en argent, commencé nos guerres contre l’émancipation de nos colonies
[13],
nous avons été pressés par les Américains et par les Allemands. Les premiers
voulant intégrer les seconds dans leur système de défense de l’Europe, et donc
réclamant de leurs alliés, particulièrement de nous, leur consentement au
réarmement allemand, cinq ans seulement après l’écroulement du Reich hitlérien.
Et l’Allemagne s’impatientant de plus en plus audiblement d’un statut
international minoré. Une initiative, tout à fait française, trancha toutes les
questions à la fois. La déclaration fondatrice du 9 Mai 1950 devait être une
proposition Georges Bidault, alors président du conseil des ministres, façon
IIIème et IVème Républiques. Le directeur de son cabinet éluda le schéma de
Jean Monnet, commissaire général au Plan. Celui-ci, appuyé par Jacques de
Bourbon-Busset, directeur du cabinet de Robert Schuman, alors ministre des
Affaires Etrangères, remit sa note au ministre sur le quai de la gare de l’Est,
le vendredi soir [14].
Dean Acheson, le secrétaire d’Etat américain, était attendu (et redouté) à
Paris, le 10 : il passerait outre pour réarmer l’Allemagne. La France s’en
effrayait depuis qu’en tête-à-tête, l’été de 1940, elle avait revêcu en pire le
désastre de 1870-1871. L’Allemagne était autorisé à se donner un gouvernement à
la suite d’élections, et Konrad Adenauer [15]le
dirigeait depuis neuf mois. Sans concertation préalable, la mise en commun des
ressources et des deux industries des deux pays, en charbon, en fer et en
métallurgie fut proposée par Robert Schuman, avant de recevoir l’Américain, et
acceptée par Konrad Adenauer. Des propositions allemandes diverses avaient été
jusques éludées. Le Français, Lorrain, né pendant la période d’annexion
allemande, l’Italien Alcide de Gasperi [16], né
dans le Haut-Adige, alors autrichien, et l’Allemand, tous trois catholiques
affichés et parlant de naissance la même langue, sont en pleine confiance. Avec
des ingrédients tout différents, une entente de mêmes force et fécondité se
scellera entre de Gaulle « revenu aux affaires » et le Chancelier,
encore au pouvoir pour quelques années, puis entre Valéry Giscard d’Estaing et
le chancelier Helmut Schmidt [17]. La
relation entre François Mitterrand et Helmut Kohl [18]aura
ses ombres. Aucune de ces estimes et amitié d’homme à homme ne s’est plus
retrouvée, depuis plus de vingt ans, à présent. Le rôle de certains ministres
des Affaires Etrangères fut presque autant déterminant, Maurice Couve de
Murville [19] pour de Gaulle, et Roland
Dumas [20] pour
Mitterrand.
Les fondateurs et continuateurs avaient
tous la conviction que l’entente franco-allemande a deux fonctions :
éviter guerre et même conflit qui avaient provoqué et provoquerait à nouveau et
immanquablement la précarisation des relations de tous ordres entre Européens.
Ibidem, lundi 23 janvier 2017,
de 13 heures 58 à 15 heures 25
Le point de départ, celui de 1950, était
une double conditionnalité pour fonder l’Europe ou adhérer à l’entreprise déjà
en cours. Le vouloir vraiment et être capable de remplir les obligations
textuelles mais surtout implicites en vue de l’avenir commun. L’erreur fut donc
d’admettre un pays qui ne voulait pas vraiment de l’entreprise, de ses deux
demandes d’adhésion en 1961 et en 1967 verifier la date
de la seconde demande au referendum sur la
sortie de l’Union [21],
et nous en commettons une aussi importante en tenant le « Brexit »
pour une option définitive. D’abord, qui y avait songé, nos ambassadeurs nous
en avaient-ils avertis ? le referendum n’a aucune vertu législative et la
décision populaire n’a pas de valeur contraignante pour le gouvernement :
seul, l’aval des Communes fera loi et droit. Ensuite, parce que si l’entreprise
reprend sur des bases notalement nouvelles, le refus britannique n’a plus
d’objet et au contraire tout milite pour que l’Angleterre soit avec nous, non
plus en conseil protecteur [22]
ou en contrat d’adhésion, mais en refondateur à l’instar de chacun des Etats
européens qui voudront l’être, qu’ils aient été jusqu’à présent membres ou pas
de l’Union agonisante aujourd’hui.
L’erreur britannique, y
compris des gouvernants à Londres sur eux-mêmes et sur leur opinion bien plus
favorable à l’Europe aujourd’hui qu’il y a soixante ans – effet de la vie
commune induisant la convergence de pensée – a été ensuite renouvelée lors de
la plupart des adhésions, à l’exception de celle de l’Autriche et des pays
scandinaves. L’accueil du Portugal, de l’Espagne et de la Grèce fut
politique : accompagner le retour de ces pays à la démocratie, ce qui
sucita chez eux et chez nous un premier mouvement d’enthousiasme puis des
querelles commerciales, surtout dans le domaine agricole. L’accueil des pays se
libérant de l’emprise soviétique avait le même motif, les différences de niveau
et d’organisation économique et sociale étaient encore plus grandes avec les
Etats membres de longue ou fondateurs de l’Union, qu’elles n’étaient avec les
pays du sud européen. L’accueil des pays de l’ancienne Yougoslavie se justifie
aussi bien pour l’accompagnement d’Etats nouvellement indépendants les uns des
autres, que par souci de continuité terriroriale. L’objet initial de
l’entreprise européenne était de faire servir l’économie à la politique. Nous
vivons le contraire et à grands frais d’une prise de conscience négative dans
chacune des opinions publiques. De surcroît, la solidarité politique et
financière initialement offerte, dans les années 1980 pour les trois pays du
sud, puis aux adhérents de l’est vingt ans plus tard, n’a pas perduré : la
Grèce n’est plus accompagnée depuis que lui sont imposés des ajustements
impopulaires par une « troïka » où l’Europe n’est ni seule ni en
capacité de décision, et la plupart des pays d’Europe, précédemment
communistes, sont aujourd’hui doublement accusés de recevoir nos industries
transférées chez eux par « dumping » social et d’exporter chez nous
une main d’œuvre cassaant notre marché de l’emploi. Enfin, des pays candidats
soit ont été injustement priés d’attendre longuement : l’Autriche, admise
plus de ans après ses premières demandes, soit n’ont pas été accueillis, la
Turquie. La vocation de celle-ci aux Communautés et donc à l’Union européennes
ultérieure, avait été reconnue dès 1963. A cette époque, le pays sortait d’une
dictature, bien avant que finissent le salazarisme, le franquisme et le régime
des colonels grecs : ses principaux dirigeants politiques avaient été
pendus et l’intervention de l’armée réglait la vie nationale. Je suis sûr que,
devenue partie intégrante de notre ensemble, en étant par exemple admise, en
même temps que la Grèce, la Turquie n’aurait pas penché vers l’islamisme,
puisqu’elle avait fondé sur l’option contraire à la défaite militaire puis la
chute politique de l’Empire ottoman, et elle ne serait pas entrée
indiscutablement en dictature depuis l’été dernier [23] et en alliance de fait avec une Russie,
elle-même devenue hostile au système européen, après avoir – au début de son
« ère Poutine » – cherché à en importer les structures et
fonctionnements… A considérer les adhésions à notre entreprise et les ennemis
qu’elle rencontre, soit en tant que telle : chacune des propositions,
notamment américaines, d’élargir l’aire et le montant du libre-échange, soit à
raison de ses Etats-membres : la menace russe aux frontières polonaises et
baltes, il apparaît que chaque fois nous sommes pris au dépourvu faute
d’anticipation, et plus encore faute d’intégration.
Reniac, à ma table de travail, lundi 2 Janvier 2017,
de 15 heures 30 à
16 heures 56
Seconde erreur, ne pas avoir
entretenu l’opinion publique de la marche de l’entreprise, n’avoir pas fait de
la question d’Europe – positivement – celle de notre temps et de notre avenir,
quand elle n’était pas perçue aussi négativement qu’aujourd’hui : la
placer au plein air de la démocratie, et en façon de soleil éclairant toutes
suites, et soulignant chacune des ombres que nous avons encore à effacer. Passé
le dernier moment d’euphorie – la chute du « mur de Berlin » – qu’aient
connu à l’unisson tous les peuples d’Europe, les nouveaux traités ont accumulé
les éléments de défiance et l’opacité d’un système multi-céphale. Maastricht,
Amsterdam, Nice, à chaque complément de rédaction des textes fondateurs, le
système est devenu plus complexe en même temps qu’il accumulait des principes
et des promesses qui n’étaient pas tenus. Pis, sans doute pour
« amarrer » à l’Union, l’Allemagne très augmentée par son absorption
de l’ancienne République démocratique de l’est, il fut inscrit pour la première
fois que la défense européenne se faisait dans l’Alliance atlantique. Aucune
des harmonisations en tous genres et aucun des multiples dispositifs et
financements destinés à mêler en un seul ensemble les jeunesses de tous pays
n’ont produit d’osmose. Il n’y a pas d’histoire encore commune, ressentie comme
telle par chacune des opinions. Hors les célébrations anniversaires,
principalement entre nous et les Allemands, il n’y a rien de festif, il n’y a
surtout aucun objectif commun, aucune action d’envergure et de constatation
universelle, immédiate, qui unissent toutes les forces de tous les peuples
européens. Au contraire, depuis vingt ans en coincidence à quelques années près
avec l’instauration de la monnaie unique et la pérennisation d’un très faible
taux de croissance économique, une cause universelle des difficultés nationales
s’est imposée dans l’esprit de beaucoup d’Européens. Paradoxalement,
l’hostilité à l’entreprise et à ses institutions est devenu le point commun –
qui manquait – à l’ensemble des opinions publiques européennes. L’extrêmisme a
perdu ses étiquettes de gauche ou de droite dans tous les pays, il est, sans
beaucoup de nunances d’un peuple à l’autre, la pétition du repli national et de
la sécession. A l’espérance si longtemps, mais ni structurée ni assouvie à
temps a donc fait place le reniement ! Les huis clos de la Commission et
des réunions entre gouvernants ou chefs d’Etat n’a pas même facilité la
résolution de points difficiles : la démocratisation des institutions, la
défense et ses industries, le degré d’ouverture des frontières certes aux
personnes (nous le vivons peureusement, sans générosité, sans concertation)
mais surtout aux échanges et mouvements commerciaux et financiers [24].
La seule tentative de rédiger devant tout le monde et avec tout le monde une
Constitution pour l’Europe – travail ouvert à toutes les communications et
contributions par internet – n’a pas été illustrée, au fur et mesure qu’elle se
déroulait avec beaucoup de logique et beaucoup de naturel, tant on y débattait et
accueillait (je la suivais de semaine en semaine pour donner un autre de mes
enseignements européens : le fonctionnement et la genèse des institutions
européennes).
La France, en particulier,
qu’honorait évidemment la présidence de cette Convention confiée à notre ancien
président [25],
particulièrement doué pour expliquer, synthétiser et appeler aux audaces et
novations, n’avait pas seulement la chance historique d’être de niuveau
fondatrice, mais son président du moment, ayant soumis la ratification à notre
suffrage direct par referendum, ne sut pas saisir l’opportunité du résultat
négatif [26]. Au
regard de nous, il pouvait suivre l’exemple du Général et terminer une histoire
personnelle très laborieuse et discutable en une façon de martyre pour
l’Europe ; il aurait démissionné pour nous affirmer qu’il préférait
l’entreprise européenne à l’exercice du pouvoir. Il ne l’a pas fait. Vis-à-vis
de ses homologues ayant accordé sans discussion, sauf le Néerlandais, leur
ratification au projet, Jacques Chirac, demeurant à l’Elysée, pouvait faire
valoir dès le soir de son referendum les ajustements propres à tout faire
accepter. Une négociation rapide et très réaliste aurait – de fait – appelé les
peuples à participer à bien plus qu’un exercice. Le processus de la Convention
présidée par Jean-Luc Dehaëne et Valéry Giscard d’Estaing, reprenait en encore
plus d’invite populaire. A Lisbonne, la négociation n’eut qu’une
ambition : en finir. Elle ne s’enfla que de la prétention de remplacer
tous nos textes par une seule rédaction, moins politique que jamais, au point
de n’organiser ni la pratique d’une sécession ou d’une suspension d’un
quelconque des Etats signataires, ni le moindre progrès dans les institutions.
Troisième erreur. La
connivence de tous les gouvernants nationaux pour ne pas porter à la notoriété,
sinon à la décision européennes, des personnalités capables de vraiment
incarner la cause et l’entreprise. La génération fondatrice avait eu cette
audace : Jean Monnet puis Walter Hallstein étaient, chacun, un symbole de
l’engagement européen, mais plus encore ils portaient une doctrine, un projet –
d’ailleurs resté après eux en suspens, celui du fédéralisme, qui suppose et
façonne la confiance mutuelle des peuples. Tant que demeure et surtout que
s’accentue la crainte d’intérêts et d’obligations en Europe différents des
intérêts nationaux, le fédéralisme est évidemment impossible. Depuis, les
personnalités européennes, notamment quand elles composent ou président la
Commission européenne, se sont parfois illustrées, mais pour leur art du
compromis ou leur talent de présentation. Quand il s’est agi, en Conseil
européen, de choisir de nommer un président, pourtant sans pouvoir mais
fonctionnellement en situation de se faire voir et entendre des opinions, les
âmes fortes ont été éliminées du concours.
Comment nous en
sortir ? nous, ni moins ni plus que les autres Européens ? ni
autrement que chacun d’eux Par une prise de conscience, analogue à celle qu’il
nous faut avoir, pour cultiver notre bien commun : établir chez nous notre
démocratie autrement qu’elle se singe elle-même ces années-ci Et aussi par la
mise en œuvre de politiques communes ou intégrées selon les matières, qui
attendent leur énoncé et notre décision depuis plusieurs décennies, pour la
plupart.
Ibidem, le même
lundi 2 Janvier 2016,
de 17 heures 27 à 18 heures 38
2° inventer maintenant la démocratie
entre nous, citoyens européens
L’Europe s’est faite à coup de tonnerre,
parce qu’elle est une construction d’âme, de sentiments. Elle n’est fondamentalement
ni un traité ni une combinaison gouvernementale.. Au mieux, traités et
combinaisons la mettent en pratique. Aujourd’hui, ils l’empêchent. Coup de
tonnerre : force et surprise, la proposition de Robert Schuman. Coup de
tonnerre, l’édification du mur entre les deux Allemagne. Coup de tonnerre, la
chute de ce mur, du rideau dit de fer. Coup de tonnerre, le referendum
britannique approuvant le « Brexit ». Alternativement, les
gouvernements ou les peuples, toujours le bruit, la lumière, le changement
total de la scène. Et des perspectives. Des irruptions modifiant apparemment
tout. Apparemment, car l’Europe, si elle a une âme à laquelle chacun peut êre
sensible, bien plus qu’à un simple projet ou à une possibilité détestable ou
magnifique, est quotidiennement une terre et des hommes. La question est que
les hommes communiquent avec leur Histoire et leurs paysages, les Européens
avec leur semblables et que du plus immédiat, du plus quotidiennement vécu,
surgisse ce qui n’a – étonnamment – toujours pas de racines, à peine de
fondations : une construction. Les secousses historiques de trois quarts
de siècle d’initiative gouvernementale, d’insurrection populaire, montre ce que
doit être le prochain coup de tonnerre, tellement nécessaire, tellement attendu
que la foi est tombée, et que s’il se produit, il étonnera et surprendra encore
plus que chacun de ceux de notre passé commun.
,
Hôpital Percy jeudi 5 janvier 2017
sur mon carnet
autour de 15 heures
Proposons à nos partenaires européens,
pas de gouvernement à gouvernement, mais la France aux peuples – oui, exigeeons
l’élection directe au suffrage universel du président de notre ensemble [27]–
quel qu’en soit le nom : j’aimais bien Communauté plutôt qu’Union. La
Communauté se fonde et se vit, se perpétue pour et par un bien commun. Pour les
peuples européens, cela se vit en ayant pris conscience, chacun, de son
patrimoine, et nous tous de ce qu’il y a de commun dans chacun. Pas seulement
une analogie, mais vraiment ce que nous avons fait, parfois les uns contre les autres,
mortellement souvent, mais qui aujourd’hui est notre monument à tous : nos
guerres et nos paix, nos cultures, nos empires ou nos façons particulières de
vivre, la gastronomie, la musique, nos moeurs et paysages, nos habitudes.
La conscience de ce qui est commun, et
fruit de nos étreintes, tout au long de l’Histoire, justifie bien plus
profondément que les défis actuels, pourtant bien difficiles à analyser et plus
encore à relever, cette élection directe.
Ibidem, jeudi 5 janvier 2017
18 heures 12 à 18 heures 50 & 19 heures 24
La population de l’Union européenne
(Grande-Bretagne encore comprise) est estimée à plus de 520 millions de
personnes [28]. Seule, cette légitimité
par l’élection personnelle, directe des adultes d’une population de quelques
520 millions d’âmesdonner le chiffre exact,
Grande-Bretagne comprise millions de citoyens européens que nous sommes,
peut conférer à l’une ou à l’un d’entre nous la représentativité incontestable
de l’Europe en tant qu’organisation politique et économique dans les débats
mondiaux…, la capacité d’arbitrer pour que nous soyons vraiment solidaires
fiscalement, socialement, culturellement…, l’autorité pour commander toute
défense et toute riposte, y compris par le feu nucléaire, quand notre substance
territoriale atteinte par qui ce soit dans l’un quelconque de nos Etats frères.
Le débat entre souveraineté nationale et fédéralisme, entre les modes de
délégation, de transmission, d’abandon de nos souverainetés historiquement et
parfois très méritoirement acquises, sera clos par la démocratie directe. Sans
doute, y aura-t-il des procédures et des conseils à convenir pour l’exercice
des prérogatives présidentielles. Le traité refondateur, l’expérience et les
amendements qui s’ensuivront, les préciseront.
L’élection n’est directe que si nous
votons en
Ibidem, mardi 24 janvier 2017
09 heures 55 à 10 heures 04
une circonscription unique pour choisir celui ou celle
qui nous incarnera. Mode d’élection produisant une légitimité, que renforcera
la prérogative d’en appeler au referendum européen – là encore en
circonscription unique – dans les matières prévues par les traités. Il faut que
le texte désormais se révise selon ses propres règles, au lieu du travail
intergouvernemental toujours à huis clos, sauf la bienheureuse exception de la
Convention pour une Constitution européenne. Une Constitution désormais ?
je préfèrerai, ce qui plaira aux Allemands [29], une
loi fondamentale.
L’écriture sera ouverte à tous les
Européens, leurs Etats, leurs associations, leurs partis. Le travail, les
synthèses, la communication seront confiés au Parlelent européen. Dans
l’urgence, même si idéalement une élection d’un nouveau Parlement,
préalablement défini constituant en sus de l’exercice de ses oprérogatives
selon les textes actuellement en vifgueur, serait préférable, je propose que le
Conseil européen, avec l’accord du Parlement actuel, décide cette élection au
suffrage universel direct de son président et cette nouvelle compétrence
constituante du Parlement, sans toucher aux pouvoirs de l’un et de l’autre,
encore bien limités, ni aux relations dites
« interinstitutionnelles ». Mais aller vite et surtout droit. Rien
que la nature et le mode de son élection établira le nouvau ou la nouvelle
présidente en inspirateur, en zélateur du travail parlementaire, en arbitre des
difficultés, et surtout en appel constant à l’opinion, quoique sans anticiper
sur sa future prérogative d’appeler au referendum de décision ou de soumettre à
la consultation populaire des textes ou des pétitions venus à maturité.
La future Loi fondamentale prévoira donc
le mode de sa révision, désormais par elle-même – ce qui avait été le choix
déjà de la Convention [30]– et
les procédures des sésession et de réintrégration – ce qu’a négligé le traité
de Lisbonne. Ceux qui en décidèrent, ont meme ouvert une faille
redoutable : les séparatistes, comme nous le subissons actuellement avec
la Grand-Breragne, sont maîtres exclsuifs du processs, et surtout de la date de
leur départ. Ces dispositions comme celles introduisant enfin la démocratie au
cœur de la représentation et de la décision européennes, sont assez aisées à
rédiger. Une nouvelle déclinaison des matières européennes distinguées des
compétences nationales, la nature de ces matières, résiduelles ou déléguées ou
fondamentales vont être difficiles en énoncé autant qu’en conception juridique.
Innover puisque des dispositions institutionnelles capitales sont sans
précédent et motivent la réécriture de l’ensemnble, ne sera pas facile.
Exploiter l’expérience de nos fonctionnements communautaires depuis 1950 autant
que les acquis nationaux constitutionnels ou jurisprudentiels est considérable.
Je crois qu’il va falloir trouver une
manière d’instituer qui fasse arrêter et mlttre en vigueur, très vite, les
dispositions institutionnelles, et réserver pour des examens et des libellés
vraiment pesés tout ce qui a trait à nos valeurs et aux critères qu’elles
doivent imposer dans nos relations extérieures, tout ce qui a trait à la mise
en œuvre du principe de subsidiarité, et enfin ce qui doit déterminer des
solidarités en défense de nos terertioires, en soin de nos ppouplations et de
leur dignité.
Très certainement, nous devons partir de
la substance des peuples, de leurs Etats. Il va falloir reconnaître certains de
nos peuples européens sans Etat ni territoire, subissant à force de nos
systèmes juridiques traditionnels des attaches nationales qui les répartissent
d’une compétence gouvenementale à une autre, alors que ni terrtoire ni
frontières ne les définissent : ils défient nos conceptions juridiques et
économiques, mais ne nous inspireront-ils pas la reconnaissance d’une
citoyenneté européenne détachable ou indépendante des nationalités
d’Etat ? et ne donneront-ils pas de l’espace juridique et libertaire à des
minorités ou aux apatrides ? La convciction, l’immémorial et pas seulement
la contrainte pour caratériser une nationalité, une citoyenneté, une
appartenance : les peuples migrants ou « gens du voyage »,
d’autres qui se révèleront si nous ouvons ce qui est fermé systématiquement au
dérangeant.
Tout autant, nous devons tout autant
considérer où nous voulons arriver : c’est-à-dire à la culture de notre
bien commun européen et à sa défense. Des réalités et une fin. Ne parlons donc
pas de transfert de souveraineté, pas
non plus de suprantionalité. Vivons simplement la mise en commun, l’indivision
de certaines compétences, de beaucoup de droits et de devoirs entre Européens,
entre peuples européens, entre gouvernements européens. Les formulations
juridiques sont à inventer. La dialectique des échanges, les apports gouvernementaux
ou de collectivités pétionnaires y contribueront.
Les finances publiques et la fiscalité
en Europe, étudiées d’un point de vue tout nouveau, pourraient susciter cet
exercice initiatique. Nous distinguerions les ressources et leur prélè-vement,
les assiettes, de leur affectation. Les premières deviendraient par étape les
mêmes à travers toute l’Europe ce qui ne mettrait pas seulement fin aux
dumpings fiscaux et à l’une des incitations aux délocalisations spoliant des
peuples d’avoirs et de savoirs parfois séculaires, mais – par contagion –
forcerait l’harmonisation des prélèvements obligatoires et une bonne part des
régimes sociaux. En revanche, moyennant des contributions reconductibles aux
dépenses communes, l’essentiel de l’affectation des ressources resterait à la
décision nationale.
Je crois surtout que l’urgence,
l’incertitude des mois et années à venir doivent nous rendre inventifs,
audacieux, vraiment présents à cet exercice de la dernière chance. Rien que ces
deux commencements, chronologiquement et spirituellement liés – l’élection directe du président de l’Europe, la mission
constituante donnée au Parlement – vont créer une dynamique dans toute l’Europe
et surtout retentir dans le monde comme un acte de naissance. Peut-être même
percevra-t-on que la chrysalide européenne après plus de soixante de gestation
à l’issue de moins en moins certaine, délivre un sujet international nouveau,
de type encore innommé, mais manifestant d’emblée une grande maturité. A elle
seule, cette maturité donnera à l’ensemble européen une autorité que le système
usé des autres grands ensembles ou grandes puissances, n’a plus :
dictatures russe et chinoise, question de légitimité pour le nouveau président
américain.
Ibidem, jeudi 5 janvier 2017
18 heures 12 à 18 heures 50 & 19 heures 24
Autorité parmi nous, nous entr’aidant
dans nos efforts nationaux respectifs pour nous démocratiser, nous solidariser,
nous rendre performants en suscitant le meilleur de nous au travail, en
culture, en esprit… tour à tour, les peuples européens en ont manifestement
besoin, les élections successives de ces années-ci, le clament, et c’est bien
notre ensemble qui peut tout maintenir d’une démocratie sincère et d’une
justice sociale chez chacun.
Ibidem, mardi 24 Janvier 2017,
de 08 heures 10 à 09 heures
3° nous défendre
Paradoxalement, l’unification de
l’Europe à l’initiative de la France a été proposée selon des considérations
militaires, même si les moyens étaient d’abord la mise en régime supra-national
d’industries extractives et d’entreprises de métallurgie lourde. Mais l’époque
restait encore dans une dogmatique simple : la puissance d’une industrie
de guerre fonde, autant que la ressource humaine, la capacité d’une armée. Et
l’objectif était bien d’éteindre à sa source la propension militaire puisque
les adversaires seraient désormais sous un unique drapeau. Le modèle
supranational et l’urgence du réarmement inspirèrent, dès que fut mise en place
la Communauté européenne du charbon et de l’acier [31], le
projet d’une Communauté de défense [32],
appelant elle-même pour la définition des stratégies et la décision d’emploi,
une Communauté politique européenne [33]. Les
deux projets allaient unir des Etats et des peuples déjà rendus solidaires par
le premier traité européen. Ils furent tous les deux d’initiative française,
mais ils ne surmontaient pas deux difficultés. Les forces intégrées européennes
étaient placées sous commandement de l’Organisation du traité de l’Atlantique
nord [34], ce
qui diminuait beaucoup l’objet d’une Communauté chargée d’établir une politique
étrangère commune, proprement européenne, et interdisait une défense
indépendant des Etats-Unis. Mais l’époque militait au contraire pour une
implication automatique de l’Amérique dans tout conflit européen, lequel ne
pouvait être qu’Est-Ouest. La seconde difficulté était spécialement
française : nous étions engagés militairement en Indochine et si la guerre d’Algérie est postérieure de trois
mois au rejet du projet de C.E.D. par l’Assemblée nationale [35],
nous ne pouvions cependant imaginer la subordination de nos forces armées, sauf
quelques-uns de ses éléments. Il fut en même temps question d’une Agence
d’armement, à propos de laquelle Pierre Mendès France sous le gouvernement
duquel la C.E.D. avait été rejetée, s’impliqua bien plus fortement.
Rien n’a vraiment avancé, sauf en
organigrammes et en nouveaux projets qui soient européens. En revanche, des
coopérations pour la mise au point de matériels fabriqués par quelques Etats
membres ensemble, pour constituer un Eurocorps
existent. Mais pour l’essentiel : ce qui peut être présenté aux opinions
publiques et aux adversaires potentiels n’existe pas plus que les moyens d’une
réplique ou d’une mise en garde quand notre voisinage est menacé ou qu’un des Etats-membres
reste isolé dans une action qui serait profitable à tous. Il est vrai que nous
avons mené seuls, hors Alliance atlantique et hors construction européenne,
Ibidem, lundi 23 janvier 2017- 16 heures 40
à 19 heures 50
(dont une heure wikipédia sur la défense
européenne, de 17 heures 18 à 18 heures 18)
des actions importantes, du fait de
responsabilités historiques et d’un appel local caractérisé, pressant : au
Tchad en 1968, en Mauritanie [36] , en
Côte d’Ivoire [37], en Centrafrique [38], au
Mali [39] avec
ou sans mandat international. Chacune a eu sa légitimité, les opinions les ont
comprises, la nôtre et celle de la plupart de nos alliés, mais nous n’avons
plus su, depuis des décennies, associer nos partenaires européens à de telles
initiatives. Nous n’avons pas voulu leur confier nos délibérations propres et
leur faire confiance, alors qu’en négociant et signant les traités fondateurs,
nous avions voulu et obtenu la solidarité, au moins financière, des
Européens : l’Afrique subsaharienne n’était pas encore indépendante, la
Belgique et l’Italie (cette dernière davantage pour l’Afrique côtière et
septentrionale) avaient compris notre entrainement. La Belgique encore, puis la
Grande-Bretagne ont fait cause commune avec nous, la première pour sécuriser l’est
du Zaïre [40], la seconde pour mettre
fin à un régime qui tournait au massacre : celui de Mouammar Khadafi [41].
Mais que d’ambiguités, chaque fois, ancienne ou récente. Et surtout, nous
n’avons pu, l’été de 2013, convaincre et mobiliser assez d’entre nos compagnons
européens, pour imposer un autre cadre que l’actuel au drame syrien qui n’avait
pas encore tourné au défi russe.
mardi 24 Janvier 2017,
de
10 heures 06 à 10 heures 29
Sans doute, quelques tentatives
d’organiser les réflexions en matière de défense se remarquent, elles sont
d’ailleurs de notre initiative [42]
comme aux origines de 1950-1952, mais l’Union Europénne n’a toujours pas en
propre ou en commandement coordonné, des moyens militaires aériennes, navals.
Ceux de ses Etats-membres, et ceux à créer ad hoc.
Ibidem, lundi 23 janvier 2017- 16 heures 40 à
19 heures 50
(dont une heure wikipédia sur la défense
européenne, de 17 heures 18 à 18 heures 18)
Seul, ce socle européen de défense en
organisation et en moyens peut proposer à l’Amérique anglo-saxonne du nord,
voire à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande, nos sœurs de civilisation pas
seulement par leur fondation britannique – une nouvelle Alliance, restant
atlantique d’appellation, mais tenant compte de toutes les novations en
circonstances, en matériels, en psychologies des menaces d’aujorud’hui par
rapport à celle plus aisée à caractériser, qui fit conclure le pacte de 1949 [43] .
Davantage, seule une défense européenne organisée politiquement et
matériellement bien dotée, peut assumer son indépendance si les Etats-Unis –
sous l’emprise de Donald Trump – décident de la quitter. Elle ne périmera pas
les armées nationales, les coordonnera et aidera à leur maintenance, mais
fondamentalement, la sécurité des Européens, de leurs possessions outre-mer (la
Grande-Bretagne, approuvée seulement par nous, fut bien seule militairement et
diplomatiquement, dans la guerre des Malouines, ses îles Falkland que nous
connaissions avant elle [44]), et
de leurs éventuels alliés où qu’ils aient leur territoire, reposera désormais
sur un tel socle.
Deux éléments que j’ai proposés plus
haut donneront à notre nouvelle défense son ressort humain : 1° le service
national universel, devenant européen, militaire en début de période puis
ensuite civique ou dédié au développement, obligatoire aussi pour les filles
que pour les garçons ; 2° l’élection directe d’un président de l’Europe, à
la légitimité et donc à l’autorité incontestables.
Nous ne serons plus protégés, inégaux en
capacités militaires et aussi en charges financières. Nous serons
susbtantiellement unis, et même – le cas échéant – protecteurs d’autrui si la
demande nous en est faite. La France, à sa renaissance de 194-1945, appuyé et
proposa fortement que les Nations Unies dont l’organisation se discutait aient
leur force propre d’intervention. Une défense européenne et ses moyens
pourraient constituer le « noyau dur » de cette force que tant
d’événements dramatiques depuis un demi-siècle ont rendu de nécessité
permanente. Bien des actions unilatérales, notamment celles ces Etats-Unis en
Afghanistan et en Irak, auraient pu se développer tout autrement et créer des
ambiances bien différentes de ce que se vit et ne se règle pas aujourd’hui.
Davantage même que ces actes américains, c’est la parole ou l’omission des
représentants américains qui a été, sans doute à leur corps défendant, cause de
guerres : ainsi, Dean Acheson, énumérant en Janvier 1950 [45]diverses
hypothèses d’intervention ou de garantie, oublie la Corée… ou l’ambassadeur des
Etats-Unis avec laquelle s’entretient Sadam Hussein en Juillet 1990 donne à
celui-ci l’impression que la réunion, assez fondée historiquement, du Koweit
avec l’Irak, ne sera pas un casus belli… [46].
Vous voyez donc avec moi qu’une défense
proprement européenne nous émancipe des foucades du nouvel hôte de la
Maison-Blanche et pose des bases pratiques à des débuts de gouvernance
mondiale, et que la démocratisation des fonctionnements de l’Union ou de la
Communauté européenne, parce que les peuples y seront directement associés,
peut aussi inspirer ces débuts de sincère organisation planétaire. N’en
avons-nous pas tous besoin ? et combien en ont rêvé !
Ibidem, mardi 24 janvier 2017
10 heures 30 à 11
heures 03
Reste la question la plus
difficile, celle d’une guerre nucléaire. Nous venons de mettre en place
putativement deux éléments fondateurs : 1° l’esprit de défense commune
grâce notamment au service militaire et civique dans l’ensemble des
Etats-membres, qui associera les jeunesses les unes autres pendant un temps
appréciable de ce service, 2° la légitimité d’un commandement proprement
européen combinant celle du président élu au suffrage direct de tous sles
citoyens et celle propre à chacun des Etats-membres. Quoiqu’embryonnaire, une
expérience de corps intégré existe et fait bien augurer de son extension la
plus considérable. Pour l’emploi de l’arme nucléaire, la réponse allait de soi tant
qu’elle fut extra-européenne. Le duopole américano-soviétique excluait tout
vouloir européen et la Grande-Bretagne quoique disposant elle aussi – troisième
chronologiquement – de la « bombe », n’en avait pas en propre la
balistique (pour de Gaulle, la capacité nucléaire d’un Etat n’était pas
fonction des charges mais de la balistique) : les conversations qu’eut
successivement le Premier ministre britannique d’alors avec le président
français puis avec le président Kennedy, à l’automne de 1962, juste après la
crise de Cuba et la confrontation qui ouvrit la coexistence pacifique entre
l’Est et l’Ouest, confirmèrent son choix de la dépendance. Aussi décisive à
terme que la déclaration Schuman, la décision de la France [47]de
se doter de l’arme absolue, et parce que sa logistique et son emploi sont
indépendants [48], est la
base mentale de l’émancipation stratégique de l’Union européenne, plus encore
que l’un des éléments de sa capacité de dissuasion nucléaire. Comment
additionner et stratégiquement combiner les « forces de frappe »
britannique et française ? comment organiser la prise politique de la
décision d’emploi ? Les Etats-Unis n’ont pu donner de réponse quand ils
tentèrent d’associer la République fédérale d’Allemagne à leur système combiné
avec la force britannique, et proposèrent à la France d’accéder à l’ensemble
d’une force multilatérale [49].
Cette question est
double : combiner l’existant, c’est-à-dire les capacités de deux Etats
souverains, et faire participer l’ensemble des autres Etats-membres à la
décision puisque leur substance territoriale et démographique sera alors menacé
plus qu’initialement si nous répliquons, et puisqu’ils participeront désormais
au financement de ces forces. La question ne paraît pas d’actualité. Depuis des
décennies, aucune des parties belliqueuses ne s’est plus jouée « au bord
du gouffre » : un bombardement « classique » des forces
syriennes comme François Hollande le souhaita et le proposa donc à nos alliés
américain et britannique, sans savoir que ceux-ci dépendent de leur parlement
respectif bien davantage qu’en France le président de notre République,
aurait-il dégénéré en menace nucléaire comme cela fut le cas à l’occasion de la
crise de Suez en Novembre 1956 ? Nul ne le saura mais le propre de toute
défense est de prévoir la menace, son origine et sa forme.
Aujourd’hui, la guerre reste
conventionnelle : nous le voyons au Proche-Orient, en Ukraine et le
verrons peut-être en mer de Chine. Elle peut engager la cybernétique comme il
semble que la Russie s’en soit servie pour intervenir dans l’élection
présidentielle américaine récente.
Je n’ai pas la compétence
d’aller plus loin, mais la question sera à résoudre, indépendamment de notre
refondation institutionnelle de l’Union européenne. Celle d’une présence
permanente de l’Europe au Conseil de sécurité des Nations Unies rest de même
nature. Fusionner une fonction qui a plusieurs donneurs d’ordre. Humainement,
c’est possible si les représentants britannique et français, sur place,
entretiennent des relations d’intimité personnelle plus encore que politique.
Au Kazakhstan, où s’ouvraient les ambassades auprès de ce nouveau-venu dans les
relations internationales, j’ai vécu cet arrangement. Roland Dumas, ministre
des Affaires Etrangères de François Mitterrand, un peu avant la perte des
élections législatives de Mars 1986 puis pendant toute la législature initiée
par dissolution en Juin 1988, avait souhaité des ambassades franco-allemandes auprès
de certtains pays, le Conseil d’Etat l’en avait empêché. A Almaty, cependant,
nous vivions dans le même immeuble, et nous fusionnerions nos services de visa
d’autant plus naturellement que l’espace Schengen.
Ibidem, mardi 24 janvier 2017
18 heures 28 à 19
heures 43
Entre professionnels de même
métier, les militaires le sont comme les diplomates, il y a déjà la même langue
au sens des objets à administrer et des procédures à suivre. Si en plus, il y a
l’amitié, et si enfin la volonté politique est manifeste, incarnée, la doctrine
d’emploi et la manière d’en décider sont aisées à convenir. L’essentiel en des
instants tragiques – définitifs – est la crédibilité de celui qui décide, et
cette crédibilité dépend de la relation entre lui ou elle, et l’ensemble de la
population : elle l’aura élu.
Ibidem, mardi 24 janvier 2017
autour de 21 heures 50
4° nous imposer
Notre union européenne ne peut être ni
l’objet de contestations électorales nationales – celles-ci, au regard de
l’Histoire et selon la substance-même de nos législations et de nos
coopérations, n’en ont plus la compéence – ni la victime de réorganisations et
organisations financières et commerciales, voire stratégiques à présent. Nous
ne pouvons nous renier nous-mêmes et nous sommes potentiellement si riches et
si puissants que notre responsabilité est évidente. Renverser les rôles
insolemment acquis depuis vingt ans et consolidés par nos abstentions, et
redevenir l’inspiration et la plume d’une donne toute nouvelle, fondée sur le
droit des gens, sur les droits de l’homme, sur la solidarité de tous avec tous.
Il est insupportable que nous esquivions notre responsabilité dans les
agissements de ce qui nous est le plus proche – les mœurs de nos banques et de
certaines de nos grandes entreprises, ces pays d’Afrique qui furent nos sujets
et sont tellement nos frères tant ils espèrent de nous qui les avons formés en
presque tout à la vie internationale moderne et aux institutions publiques
nationales. Il est criminel que nous soyons à ce point en contradiction avec
nous-mêmes, nos principes, pour laisser persister les dictatures africaines, la
corruption chez nous et là-bas, les paradis fiscaux là où ils sont physiquement
mais aussi virtuellement. Il est fantastique que notre vie politique nationale française…
soit depuis quinze ou vingt ans consacrée par tant de nos familles idéologiques
à copier les pétitions racistes et simplistes de l’une d’entre elles, parce
qu’elle a été la plus prompte et habile à donner voix à des protestations et
réactions dont notre Etat et ses dirigeants successifs – électifs, mais
oubliant leur mandat qui est toujours, à toutes époques, de maintenir et
approfondir une fraternité entre nous, toujours plus sincère – auraient dû
comprendre et satisfaire en démocratie, en équité, en bon sens. Dangereux que
des discours et des programmes, pour des partis censément de gouvernement,
aient pour fond l’ambition de capter les suffrages de ces négationnistes de
l’Histoire, de l’Europe et du droit, en s’en approchant, chaque année, davantage.
Au lieu, tout simplement, de viser à leur conversion par des politiques plus
intelligentes, plus justes, plus globales.
Je crois que cet effort à faire, chez
nous, commence par une lucidité que nous avons perdue : nos institutions,
nos politiques, nos débats publics sont-ils sincères, sont-ils responsables au
sens du soin que nous avons à prendre du bien commun ?
Et si nous parvenons à cette
authenticité – dont la pratique, évidemment, a des applications et des formes
que chaque époque retrouve, modifie, s’approprie selon un génie national dont
nous avons la responsabilité personnelle et collective qu’il se perpétue –
alors nous sommes reconnus en légitimité d’imposer à tout partenaire qu’il se
mette lui aussi au travail de démocratie et de solidarité. Ou, s’il nous y a
précédés, qu’il se joigne à nous pour changer le monde.
C’est d’application très concrète et
immédiate. Ce doit être désormais la marque de notre politique étrangère, de
nos relations extérieures et nous n’avons de puissance d’entrainement, la masse
critique qu’avec nos frères européens, qu’avec les Etats-membres d’une Union
qui aura recommencé à respirer, à vivre autrement qu’en corset et au jour le
jour d’administrations communes, nécessaires, logiques mais pas suffisantes.
Nous ne supportions pas la critique –
dont celle des Etats-Unis – pour nos guerres coloniales, et particulièrement
notre guerre en Algérie. Atteinte à notre souveraineté que de prendre le parti
de nos contestataires, terroristes selon nous, résistants comme nous-mêmes
l’avions été de notre image de 1940 à 1944. Nos sujets d’empire colonial nous
ont simplement pris au pied de la lettre, ils l’ont étudiée chez nous et avec
nous. Nous avons su, grâce à celui qui avait incarné cette résistance et
exprimé son esprit, mettre fin à cette guerre. De Gaulle avait donc tous les
titres et nous avec lui pour contester la guerre américaine du Vietnam [50].
Ibidem, mardi 24 Janvier 2017,
de 08 heures 15 à 09 heures
C’est notre unification, la sincérité de
notre démocratie en chacun de nos Etats, à nous Européens, l’ingéniosité, le
réalisme et le souffle de notre construction à tous qui – dans le monde actuel
–nous donne les titres pour intervenir. Intervention morale dans la
qualification et le choix de nos partenaires. Intervention de dilection et de
solidarité avec les Etats qui cherchent leur équilibre, avec les peuples
tentent de se doter d’un Etat : par excellence les Kurdes, depuis
cinquante ans, et qui aujourd’hui représentent sans doute la solution à
beaucoup de la question du Proche-Orient. Mais jugement de ceux qui nous
demandent d’honorer leur façade mensongère et de respecter une souveraineté
enfermant la plus grande part de leurs populations.
En clair, nous pouvons énumérer quelques
situations exemplaires. Il en est d’autres actuellement, les pires étant celles
que nous ignorons. Il y en a eu d’autres et ne pas avoir tenté d’y remédier
nous a perdus à notre tour : les multiples fautes de l’entre-deux-guerres
mondiales, notamment la guerre d’Espagne, l’invasion de l’Ethiopie. Il y en
aura d’autres, mais la jurisprudence de ce que nous aurons tenté maintenant
peut éviter,n peut-être, ces futurs prurits. D’une manière générale 1° ne pas
satisfaire les dictatures dont les dehors sont d’autant plus tranquilles et
cyniques, qu’elles ont soif de notre caution et de leur banalisation par notre
tolérance révérentielle. Honorer la Chine et la Russie successivement en leur
faisant célébrer les Jeux Olympiques et en nous y faisant représenter
politiquement, alors que la seule participation de nos sportifs, selon les
règlements des organisations séculaires en la matière, suffisaient, c’est
enfoncer les démocrates et les résistants de ces pays, c’est développer l’argument nationaliste de ces régimes
faisant de leurs opposants des traitres. 2° si nous ne pouvons intervenir
directement dans la vie de ces régimes, nous devons aider leurs opposants à se
qualifier, à s’exprimer internationalement. Puisque nous sommes interdits de
toute action, par les normes internationales de non-ingérence dans les affaires
d’autrui, nous devons opposition les mêmes normes à toutes répliques de ces
régimes quand nous accueillons et mettons en scène, et aidons les opposants.
Naturellement, il nous faut être nous-même sans tache, et nous devons – aussi
et chez nous – stigmatiser tranquillement mais en les désignant et qualifiant
ceux de nos compatriotes, en France, ou ceux de nos Etats frères dans l’Union
européenne qui soutiendraient ces régimes et en visiteraient leurs chefs. Ces
voyages, visites et séjours auprès de Wladimir Poutine ou de Bachar El Assad
sont indignes et une injures à ceux qui se battent au nom de la morale et de la
liberté, chez eux et malgré de terribles emprises. A ma connaissance, au moins,
ce semble une particularité du comportement français avec des obscurités
habituelles : corruption, fiscalité, financement de partis ou naïveté
selon laquelle une tolérance française nous vaudrait des contrats et de
l’emploi. Un ancien Premier ministre de chez nous va jusqu’à motiver, quelle
que soit notre majorité parlementaire, d’éventuelles réformes sociales et
fiscales pour nous rendre plus appétissants aux investissements, c’est-à-dire
aux prestations de la Chine actuelle.
Notre rigueur aura des coûts. Réduire au
minimum nos relations d’Etat à Etat en les limitant aux seules initiatives
commerciales ou financières de nos ressortissants, fera répliquer. Y
perdrons-nous finalement, car ce sera aussi nous faire reconsidérer les amitiés
et les investissements qui nous empoisonnent. Marquer notre préférence pour la
démocratie, systématiquement, dans le monde actuel, le respect des droits de
l’homme et des minorités, sera certainement un encouragement à ceux qui, sous
ces régimes luttent précisément pour leur avènement. Pour nous, ce sera une
nouvelle motivation et une proportionnalité très pratique des relations entre
Etats selon leur nature. Nous n’accepterons plus l’existant, nous militerons
pour le changement. De façon pacifique. Nous ménerons un dialogue, si l’autre
si prête, qui ne sera plus pour la montre : l’évocation des droits de
l’homme partout en Chine et l’étouffement du Tibet, le refus de reconnaître
l’annexion unilatérale de la Crimée par le gouvernement actuel de la Russie.
Sans doute, est-ce revenir souvent à des causes qui initialement n’assassinaient
pas encore, ne conquéraient pas encore. Il est certain que la déviance horrible
de l’Allemagne à partir de sa défaite de 1918 a d’abord tenu à une paix peu réaliste et
pas garantie. Il est probable que nous n’avons pas su convaincre notre principal
allié de l’époque, la Grande-Bretagne, que nous ne cherchions rien de plus que
les traités nouvaux en Europe, d’une manière telle que nous aurions pu ne pas
agir seul (avec la Belgique il est vrai) en 1923 [51] puis
agir en 1935-1936 : les défaillances financières allemandes puis la
remilitarisation de la rive gauche du Rhin. Il est possible que plus avisés et
plus fermes quand il eût fallu l’être, nous aurions eu du répondant jusques
dans la haute hiérarchie de l’armée allemande : il est maintenant acquis
qu’elle s’opposait, au moins d’esprit, aux plans et ambitions de Hitler. Nous
n’avons pas su ni pu présenter à l’opinion allemande un ordre européen
acceptable et les prémices, à Thoiry en 1928, d’une conciliation
franco-allemande amiable, et à terme amicale, n’ont pas eu les lendemains que
seules assurèrent à partir de 1958 l’intelligence, les affinités personnelles
et la pérennité au pouvoir du général de Gaulle et du chancelier Adenauer.
Mais cette vigilance et cette rigueur,
d’autant plus forte qu’elles seront le fait de notre Union, et l’esprit-même de
celle-ci appliqué, le cas échéant, à ceux de ses membres qui viendraient à
défaillir – ce n’est pas improbable si l’Europe continue de décevoir ses
peuples – peut s’adresser aussi à des amis traditionnels. Nous avons laissé
seule Angela Merkel, dès son avènement, dénoncer la persistance des Etats-Unis
à entretenir à Guantanamo une prison illégale et des traitements
scandaleux, cela en un territoire qui
n’est pas le leur et dont les titres d’occupation sont certainement à examiner
et abolir. A cette orientation – que je reconnais : idéologique – de notre
diplomatie nationale et de la diplomatie européenne dont l’organisation est née
mais pas vraiment déployée, doit correspondre de nouveaux critères pour l’ensemble
de nos actions extérieures. Le rayonnement de la France est de plus en plus la
fidélité de nos beaucoup de nos amis, à travers le monde, à défaut de celles de
leurs Etats, à une image de notre pays qui ne correspond pas depuis plusieurs
décennies à ce que nous sommes actuellement. Sans doute, la conférence
planétaire sur le climat nous a-t-elle rapprochés de l’idéal que beaucoup
attendent de nous. Mais il y a beaucoup de taches à effacer et une
réorganisation – latente dans l’organigramme notamment de nos ministères
entretenant nos relations extérieures – à vraiment faire vivre.
Une démonstration spectaculaire de notre
conversion aux droits de l’homme et de notre préférence pour les démocrates
doit se faire dans ce qu’il est encore convenu d’appeler l’Afrique d’expression
française. Vivant une véritable adoption mutuelle avec la Mauritanie, depuis
que j’y ai accompli le service nationale en 1965-1966, dans les années qui
suivant la guerre d’Alégrie, redéployaient une partie de la classe appelée, en
coopération, principalement en Afrique au sud du Sahara, j’ai vécu
douloureusement l’appui que nous avons donné à l’automne de 2008 aux
putschistes mauritaniens. Après vingt-huit ans de dictature ou d’autorité
militaires qui s’étaient substitué par la force quoique sans coups ni blessures
au régime fondateur de ce pays-charnière en Afrique de l’ouest, les
Mauritaniens étaient parvenus à une élection présidentielle pluraliste,
sincère, contrôlée internationalement, préparée pendant une année. Sidi Mohamed
Ould Cheikh Abdallahi avait entrepris, méritoirement, d’en imposer à une
majorité parlementaire peu sûre, le règlement de deux questions
douloureuses : faire revenir les expulsés et les exilés à la suite de
pogroms des deux côtés du Sénégal, réadiquer les subsistances de
l’essclavagisme en les criminalisant, sans compter la reconnaissance et
l’indemnisation autant que possible des massacres d’une partie de l’armée par
une autre selon les ethnies. Travail herculéen, légitimité d’origine élective
renforcée par de tels développements de l’action gouvernementale :
l’ensemble est cassé par l’encadrement militaire quand celui-ci a craint
l’émancipation complète vis-à-vis du président de la nouvelle République
mauritanienne. Une opposition des démocrates dans tout le pays s’est manifestée
continûment dans la capitale dès les premières heures du coup de force,
opposition des femmes – comme aujourd’hui aux Etats-Unis depuis l’élection de
Donald Trump – autant que des hommes, toutes ethnies et générations confondues.
Les putschistes, par l’intermédiaire du fils d’Abdoulaye Wade, alors président
du Sénégal et encore considéré favorablement, achetèrent un avocat qui avait
l’oreille de Nicolas Sarkozy, alors président de notre propre République. On
était en Août et Septembre 2008, quelques semaines après la révision
constitutionnelle, obtenue à une voix près et par la corruption, au moins
politique, de beaucoup d’autres au Congrès de Versailles – son échec eut marqué
le quinquennat et certainement empêché sa dérive vers les thèses du Front
national. Cet avocat apporocha Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée,
et celui-ci s’entretint avec le chef d’état-major mauritanien, alter ego du
soi-disant président d’un Haut Conseil usurpant la conduite de l’Etat. Et le
plus proche collaborateur du président français, contre l’avis des conseillers
diplomatiques de celui-ci, contre l’avis de notre ministère des Affaires
étrangères, contre l’avis de notre ministère de la Coopération, fit revenir
celui-ci sur sa condamnation initiale très ferme. Nos diplomates étaient encore
sous le coup des événements en Côte d’Ivoire. Claude Guéant fut payé en euros,
les preuves en existent puisqu’il fut difficile en Mauritanie-même de mobiliser
la somme en devises. L’homme d’affaires local, milliardaire en euros et dollars
[52],
s’est depuis séparé du général Mohamed Ould Abdel Aziz, réélu depuis 2009, au
premier tour de chaque élection, et distribuant, lui-même compris, à sa
famille, à ses contribules et à ses servants, le rapport des ressources mauritaniennes
en mer ou sous le sable et les rochers du Sahara. Claude Guéant a été condamné
à de la prison ferme, nos ambassadeurs là-bas sont compréhensifs et nous
pensons, comme au Tchad, que la dictature protège le Sahel contre l’Etat
islamique et l’Europe, sur sa frontière méridionale d’un terrorisme d’Etat.
Comment pouvons-nous alors nous faire
accompagner en Afrique par nos partenaires européens, et à plus forte raison
par l’Union en tant que telle ? Sans doute, parfois, parvenons-nous à
quelques appoints, notamment allemands. Mais notre zèle et le reste de notre
expertise seraient bien plus féconds si nous étions sincères.
Ibidem, mercredi 25 Janvier 2017,
de 03 heures 59 à 05 heures11
5° accepter notre consistance et notre
voisinage
Longtemps, l’Europe exista politiquement
et en tant que telle par la seule relation personnelle et souvent familiale,
conjugale de ses souverains. La nationalisme fut pendant des siècles le souci
patrimonial de fondateurs et continuateurs, édifiant du coup des frontières et
des usages. Il y avait donc des sujets et des voisins, des affinités d’autant
plus marquées qu’elles prenaient à revers des adversaires ou concurrents
territorialement plus immédiats : ainsi l’amitié entre le roi de France et le sultan ottoman
depuis le XVIème siècle devenue une tradition et souvent une alliance
franco-turques jusqu’à la Grande Guerre de 1914-1918. De même, la Russie fut
toujours une relation à l’extreme-est de l’Europe permettant de soutenir celle
plus difficile et changeante le long du Rhin. Cette géo-stratégie française ne
changea qu’en 1966 quand le général de Gaulle, voyageant exprès à Moscou [53], s’y
porta fort de la sincérité allemande, en tout cas de la République fédérale qui
échappait à l’emprise soviétique mais aspirait à se réunir à celle occupée par
les Russes. Le successeur de l’homme du 18-Juin, Georges Pompidou, crut
débrider une plaie persistante en croyant à la sincérité, cette fois, de la
nouvelle candidature britannique et plus particulièrement à celle du Premier ministre
Edward Heath. Je suis convaincu que d’autres comportement, tant envers la
Russie qu’envers l’Angleterre auraient pu et pourront rendre ces décisifs
voisinages tout autre que conflictuels. Une autre Union européenne, telle que
j’ai essayé de la décrire plus haut, périme le referendum d’hostilité de l’an
dernier. Comme toute consultation populaire, il a eu l’utilité d’exprimer le
désaveu qui n’est pas le propre des seuls sujets de Sa Majesté. Si chacun des
Etats européens, parties à l’Alliance atlantique, avaient refusé l’initiative
américaine d’établir aux frontières de l’ancienne Union soviétique et dans ses
possessions d’après la capitulation du Reich, un « bouclier
anti-missiles », la frustration russe de ne plus être – très momentanément
– l’une des deux principales puissances au monde, aurait pu être compensée par
une réflexion ensemble sur l’organisation des pays de l’Est. Poussés par les
Etats-Unis faisant intégrer aux pays du pacte de Varsovbie l’Alliance
atlantique, au lieu de dissoudre celle-ci en même temps que se dissolvait ce
pacte, nous avons trop vite et sans consultation de notre grand voisin, admis
nous aussi ces pays. Autant, nous avions raison d’accueillir les pays du sud en
1979-1980 quand ils étaient parvenus à démocratiser leurs régimes respectifs,
et de les aider substantiellement dans une économie alors retardée, autant nous
avons eu tort avec nos frères de l’Est. Nous ne savons toujours pas d’ailleurs
les ancrer dans la démocratie ni pratiquer avec eux des règles qui n’ont été
établies qu’entre Etats fondateurs ou d’économie traditionnellement libre. Nous
n’avons pas non plus compris à temps le drame yougoslave et la hantise que
nous, Français, avons eue d’une avancée allemande en Croatie, a fait choisir la
Serbie qui était pour beaucoup à l’origine de la guerre civile. Je l’ai vécu en
parcourant, sans titre, toutes les Républiques yougoslaves, à partir de
l’Autriche quand ma mission économique et commerciale allait s’y achever, mais
j’ai rendu compte à François Mitterrand et à Roland Dumas. Le Quai d’Orsay,
mené par son directeur d’Europe, reprochait aux sécesionnistes leur
nationalisme, comme si le nôtre n’avait jamais été virulent.
Nous avons fait depuis deux ou trois
décennies, mauvais usage de l’espérance puis des réalisations européennes. Ne
les assortissant pas d’une pratique démocratique à inventer, et ne sachant pas
la proposer progressivement, avec estime – car la Commission européenne, en
particulier, se montra souvent hautaine avec ces Etats candidats qui arrivaient
mentalement de très loin et attendaient surtout aide et affection – nous avons
fait ce dont nous souffrons aujourd’hui : des déséquilibres tels qu’ils
ont retourné à l’est comme à l’ouest de notre ensemble européen, chacune des
opinions. La refondation de l’Union européenne, son retour – je le souhaite – à
l’appellation signifiant d’autres pratiques, qu’elle avait quand elle était
Communauté européenne, ne sera pas qu’institutionnelle, elle doit surtout
refaire la consistance de chacun des Etats membres et de chacune de leurs
relations communes ou bilatérales, quelles qu soient leurs natures matérielles,
financières ou mentales.
Le traité de Maastricht a pourvu à la
réaffirmation par les Allemands que l’Allemagne qui leur revenait – fort
diminuée terrirorialement mais ni économiquement ni culturellement – était bien
européenne : ce fut la volonté de François Mitterrand et le savoir-faire
de Roland Dumas qui convainquirent Helmut Kohl, parfois proche des très vieux
démons au point de signer avec l’Union soviétique, chancelante, un traité de
bon voisinage comme s’il y avait fronti-re commune, nonobstant la Pologne
depuis 1919… mais ce traité n’a rien fondé d’autre. Il a au contraire,
exactement comme l’instauration de la monnaie unique, créé beaucoup
d’empoêchements et de déviance, dont celle de faire de l’Alliance atlantique la
base de la défense et de la sécurité de l’Union européenne.
Admettre notre consistance, pays par
pays, nos voisinages entre nous forge une nouvelle façon d’être, chacun,
national. Les accords de Schengen nous y aident – contrairement à la conviction
mortifère qui s’est répandue – et la circulation ainsi que, surtout,
l’établissement des personnes au sein de l’Union ne seraient pas abusifs s’ils étaient réglés davantage,
sans toucher à leur fondement qui est simplement notre continuité territoriale.
Révision des directives européennes pertinentes, valant pour nos populations,
et rédactions de nouvelles, valant pour l’accueil partagé entre nous tous des
immigrants d’origine extra-européenne.
Le défi puis l’habitude vivre et
d’échanger ensemble, ne sont pas qu’entre nous. L’actualité le rappelle puisque
nous n’avons pas su à temps le prévoir. La relation
n’est pas facultative et demande à se débattre et à s’organiser
Ibidem, mercredi 25 Janvier 2017,
de 05 heures 35 à 06 heures 19
avec deux voisins – considérables et de frontière
commune avec nous. Ils partagent [54]
beaucoup avec nous, historiquement et dans notre définition-même de l’Europe,
bien plus qu’à partir de la géographie, mais ils ne nous seronstassimilables
qu’à beaucoup de conditions. Des conditions que nous ne remplissons pas
nous-mêmes : une organisation permettant des concertations très intimes
avec ces Européens de géographie mixte que sont les Russes et les Turcs, une
organisation plus politique qu’économique et commerciale, une organisation
produisant une ambiance d’amitié. Manifestement, si nous en avons été là ou
presque dans les années 1960 avec la Turquie [55]
et – peut-être et avant que disparaisse Mikhaïl Gorbatchev et qu’apparaisse
Wladimir Poutine – avec la Russie. L’association avec Ankara dont la vocation à
adhérer à l’entreprise européenne avait été écrite en 1963 et ce fut la Russie,
en mûe démocratique, qui décrivit et nous proposa la « maison
commune » de l’Europe [56].
Des conditions que ces voisins ne remplissent plus. La Turquie, avant la Grèce,
avait commun la dictature militaire et s’en était sortie. Elle est tombée de
Charybde en Scylla puisque à mesure que son pouvoir s’est affirmé, Erdogan a
entrepris de faire du religieux un élément de plus du nationalisme turc et sa
rupture avec le kémalisme et la laïcité l’écarte des fondements européens. De
plus, elle se concerte avec notre second voisin en géostratégie tandis qu’avec
nous, elle ne négocie que la charge et la destination des réfugiés et des
populations déplacées par les guerres du Proche-Orient. Ces migrations
désespérées déterminent un conflit, pas du tout une communauté de destin.
Pourtant, une entente avec la Turquie, la conscience d’appartenir à un même ensemble
géo-stratégique permettraient à l’Europe – en tant que telle
Hôpital Chubert, mardi 24 janvier 2017
14 heures 45 à 11
heures 03
d’avoir physiquement les
bases, voire la continuité territoriales pour participer au règlement de
l’ensemble de la question du Proche-Orient. Certainement avec plus de
légitimité que la Russie et autrement que les Etats-Unis dont les gouvernants
sont principalement actionnés par la diaspora juive outre-Atlantique [57].
Reniac, à ma table de travail, soir du, mardi 24 janvier
2017
18 heures 10 à 21
heures 03
Quant à notre acceptation de la
Russie,concertée avec elle, franchement, quoiqu’avec ses dirigeants et son
système actuels, elle est seule de nature et de force à nous sécuriser d’une
part et à contribuer à l’évolution démocratique de ce grand pays. La pétition
nationaliste ne peut y perdre son emprise que si la relation entre nous et les
Russes devient normale comme elle aurait pu l’être à partir de 1991. Nous ne
l’avons pas su et paradoxalement – au moins nous, la France – nous au contraire
travailé au maintien et à la reconstitution de l’empire soviétique. Nous
n’avons pas compris que s’ouvrait – mais pour quelques années seulement – la
possibilité d’une réelle indépendance des anciennes Républiques fédérées, une
par une, et selon leur histoire, leur degré d’intimité ou de différenciation
avec la Russie. Chargé d’ouvrir notre ambassade au Kazakhstan, je l’ai
intensément vécu. Le pays et ses peuplements, marqués dans leur différence
d’origines, mais unis selon les paysages et les ressources d’un territoire sans
pareil – Moscou avait choisi d’y établir son potentiel militaire :
Baïkonour et la course en tête pour l’espace, Semipalatinsk et les essais
nucléaires – avait la « masse critique » pour s’émanciper. Rien ne se
ferait en Asie centrale sans lui, les équilibres avec la persistance ottomane
lui devraient presque tout et la relation avec l’Iran, par le truchement du
pétrole, pouvait devenir très favorable à l’Union européenne, introduite par la
France, tant le tropisme pour nous, était grand là-bas, ni l’Allemagne ni les
Etats-Unis ni la Chine n’y étant éligibles pour des raisons qui me furent vite
évidentes. La question fut très bien comprise à la Banque de France, où de prénom La Rosière, préférait que la dette soviétique
soit sécurisée et reconnue, servie par quatre signatures (celles des
Républiques dites nucléaires de l’ancien ensemble soviétique) plutôt que par
une seule. Elle ne le fut dans aucune autre de nos adminstrations centrales.
Nos investissements étaient non seulement possibles, mais souhaités – parce que
c’était nous, sans les ambiguités de parenté d’une partie de la population avec
l’Allemagne, sans la tendance hégémonique des Etats-Unis qui achetaient,
clandestinement et à prix cassés, toutes les têtes nucléaires momentanément
sans maître dans les Républiques sécessionnistes. Nos entreprises dédaignèrent
les minérais et métaux rares, pourtant nécessaires à nos industries spatiales,
et dont notre manque était pallié, au prix de notre indépendance, par des achats
aux Etats-Unis. Nos coopérations datant de l’empire soviétique étaient
d’ailleurs bien moins vivantes qu’il n’était prétendu de notre côté. Enfin,
notre langue l’emportait sur toutes les autres étrangères. Je fus rappelé
prématurément, et les entretiens entre François Mitterrand et Nusultan
Nazarbaev systématiquement déviés de tout objet bilatéral pour demeurer dans un
échange de vision du monde : les services ne sont pas seulement les
renseignements, ils sont, en toute transparence, indépendants d’un vouloir
politique s’ils ne l’inspirent pas directement. Je n’étais pas de la carrière
diplomatique, au sens strict.
Ibidem, mercredi 25 Janvier 2017,
de 06 heures 30 à 06 heures 53
6° vivre une France agrandie, multiple,
cohérente
L’expérience de ces deux décennies est
double. La France doutant de l’Europe, pas seulement dans l’opinion, mais dans
l’absence d’engagement de ses dirigeants depuis la disparition de François
Mitterrand, est devenue petite dans le monde, sans influence parmi ses partenaires
européennes. Elle s’est fait dévaliser son patrimoine et ses potentiels
économiques, elle s’est fait arracher toute confiance dans ses acquis sociaux
et inoculé toutes les tentations individualistes et spéculatives
extra-européennes. Elle s’est perdue, pour elle-même, pour chacun de nous, à
nos grands détriments, et surtout pour l’avenir. Or, elle n’a pas, pour penser
l’Europe [58] été relayée par
l’Allemagne. Celle-ci en avait tous les moyens : ayant absorbé sa petite
jumelle totalitaire (la République démocratique allemande [59]),
elle était supposée avoir recouvré son unité territoriale [60] et
être libérée d’une autre obsession, chronologiquement liée à la hantise de
cette unité, la menace soviétique. Libre mentalement, symbolisant la libération
de l’autre moitié de l’Europe, elle n’a pas donné suite au mouvement
libertaire, elle n’a pas empêché la dérive exclusivement financière des
économies libérales traditionnelles de l’ouest présenté aussitôt comme le
critère de la modernité et de la liberté aux pays reniant le collectivisme [61],
elle n’a rien proposé d’autre la suite machinale des trraités, y ajoutant une
sûreté supplémentaire selon elle, le pacte budgétaire [62],
enfin elle a improvisé, se mettant très en avant et risquant l’avenir de sa
chancelière, des solutions non communautaires à l’arrivée massive d’immigrants,
et plus encore à leur demande encore plus diverse que leur seul nombre actuel
et potentiel.
Malgré sa faiblesse économique,
financière et politique puisque la perte de toute prise par François Hollande
sur l’opinion nationale rend nos gouvernements internationalement dérisoire,
notre pays reçoit une nouvelle fois la responsabilité (et la chance) insigne
d’imaginer l’avenir européen. La Grande-Bretagne est moins propositive que
jamais, quoiqu’elle va vite expérimenter sa solidarité avec nous, malgré nous.
Raison de plus qu’une immédiate proposition française : d’une toute
nouvelle donne annule son referendum, puisqu’elle périmera son objet et que
toute la construction sera revue. Quant à l’Allemagne, notre imagination ne
l’amoindrira en rien et au contraire lui fera retrouver une utilité commune.
Ses modèles doivent avoir une envergure et une origine différente, même si
beaucoup de ses pratiques et de ses disciplines sont à transposer, ce en quoi
elle ne sera jamais dépaysée avec nous, elle le serait – vertigineusement pour
elle, étant rappelé, alors, ce qu’elle peut être, si elle n’est européenne et
en couple avec nous.
à l’hôpital Percy, jeudi 5 janvier 2017
14 heures 10 à 14 heures 55
Notre influence – motrice – dans cette
passe éonomique et électorale très difficile pour la plupart des Etats-membres,
nous compris, et peut-être l’Allemagne plus encore, si elle aboutir au
renouveau de l’Union européenne, va nous contribuer à deux évolutions qui comptent
beaucoup pour l’avenir français.
L’avenir de notre démocratie, émolliente
au niveau national alors qu’aux différents niveaux locaux, elle est bien
vivante, souvent imaginative, et par sa proximité avec les habitants,
l’immédiateté des tâches à accomplir, dépend du plein épanouissement de nos
régions. Maladroitement, François Hollande en a modifié les contours sans
concertation de leurs ressortissants et surtout selon notre irrésistible modèle
jacobin, des superficies comparables, des compétences analogues, sans
considération de notre histoire nationalisant, singularisant quelques-unes mais
bien plus petites, ayant fait pratiquer de toutes autres alliances. Ce retour à
des personnalités davantage permises, vraiment cultivées en culture et langue
plus encore qu’en économie ne peut que nous vivifier, et – à l’étranger – nous
rendre encore plus exemplaire et attrayant, dans notre effort, pour nos
analuses et pour leurs résultats. Dans le monde actuel, chaucun cherche à
s’organiser mieux surtout s’il est libre.
Notre diplomatie – selon nos anciennes
Croisades, notre tradition pas beaucoup plus récente de protection des
chrétiens dans l’Empire ottoman musulman, et enfin, presqu’à notre époque,
notre beau mandat au Levant – s’est donnée, à juste titre, une responsabilité
particulière pour la solution des principaux problèmes, tous belligènes, au
Proche-Orient. Celui qui maintient noués tous les autres, est l’existence de
l’Etat d’Israël, non reconnue, dans les âmes sinon en droit international, par
ses voisins. Il faut aider tout le monde sur place à répondre – pacifiquement
désormais – à cette intrusion, qu’il est vrai légitime l’Ancien Testament,
celui que, dans la Bible, honorent également juifs et chrétiens, sans qu’il se
soit jamais agi d’une occupation intégrale ni d’une purification ethnique. Et
il faut aider sinon l’Etat d’Israël et même une grande partie de la diaspora
juive, du moins toutes les bonnes volontés et tous les prophétismes qui ont
fait l’accord d’Oslo, mais aussi les assassinats de Itzsahak Rabin et de Anouar Al-Sadate. Accord pas appliqué et
persistance du mépris de tout le droit international et particulièrement de la
colonisation dans les territoires occupés depuis la « guerre des
Six-Jours ». assassinats bien réels et qui ont changé le cours, un moment
quasi-béatifique, de l’histoire et de la vie politique en Israël et en Egypte.
Il n’est plus sincère de s’en référer ni
à ses textes ni à leurs initiateurs. Ils sont tous morts, c’est d’ailleurs pour
cela qu’ils ne sont plus ni invoqués ni appliqués. Je crois que la solution
d’avenir n’est pas la juxtaposition de deux Etats, si inégaux et dont, de
surcroît, l’un resterait désarmé, commercialement dépendant et sans continuité
territoriale. Même si cet avenir peut tarder peut-être des siècles encore, les
Etats croisés en durèrent deux, dans un environnement encore bien plus hostiles
que ceux d’aujourd’hui pour l’Etat juif, et avec bien moins de secours
extérieurs, il me semble que la Palestine doit redevenir entière, qu’y vivront
à égalité de droits, Juifs et Arabes dans un Etat laïque et unitaire. Les
populations descendant des actuelles aux droits historiques compatibles s’ils
ne sont pas strictement territoriaux, formeraient un seul ensemble multi-confessionnel,
multi-ethnique qui maintiendraient leur capitale à Jérusalem, grâce à son
caractère religieux et sacré pour l’Islam autant que pour le judaïsme. Les
chrétiens ajouteraient d’ailleurs à cette universalité et à la communion sur
place, en ayant part à un gouvernement de la ville qui pourrait n’être pas
celui de cet Etat si spécial. Des administrations conjointes, un statut
international pour la partie religieuse de ses emprises. Je souhaite que le
pape de l’Eglise catholique quitte Rome et s’écarte des bureaux de la curie
ecclésiale pour résider principalement à Jérusalem, en communion physique avec
les autres religions révélées. Jérusalem deviendrait – très ostensiblement – un
signe, un gage de paix pour le monde entier : des conflits de tous ordres,
si difficiles, si persistants auraient donc été résolus ou dépassés.
Sans doute, cette utopie nécessite
beaucoup de débats et de mises au point. Les respects mutuels, le droit interne
applicable en Palestine, la spécialisation ou pas des juridictions, seront à
beaucoup réfléchir. L’Union européenne et son organisation judiciaire propre,
ainsi que celle du Conseil de l’Europe, pourraient offrir des garanties quand
les parties sont d’origine ethnique et de confession religieuse différentes,
opposées.
Que l’Union européenne, entraînée par
l’imagination de la France, n’oubliant pas en l’occurrence qu’elle est la
« fille aînée de l’Eglise » donne ainsi la mesure de sa capacité et
de sa volonté à changer le monde, sera d’un effort formidable.
L’exemplarité d’une entreprise, son
objet et sa vertu de pacification et d’union, entrainent d’eux-mêmes. Nous
avons mis toute notre application depuis vingt-cinq ans à l’éluder, à la
banaliser. Cela n’a réussi à personne. Et à ne rien faire qu’à prétendre ne
gérer que nous-mêmes, nous avons été envahis par le plus lointain, fascinés par
des modèles de presque aussi loin géographiquement, mais surtout
hisstoriquement et culturellement. Nous sommes en voie de disparaître en tant
que tels, du moins dans notre représentation.
L’Europe instaurée consensuellement, nous
serons naturellement restaurés comme France et les performances économiques,
les imaginations retrouveront leur élan, puisque nous serons redevenus
attrayants pour nous-mêmes. Goût de vivre.
Ibidem, mercredi 25 Janvier 2017,
de 07 heures à 08 heures 04
[1] - l’expression est
d’Etienne Burin des Roziers
[2] - pour des raisons surtout
psychologiques, mais aussi de moment dans chacun des deux pays à développer
[3] -
[4] -
[5] - image fréquemment
constatée de notre pays, parmi nos partenaires : la « grande
Nation » et son « arrogance »
[6] - le Front nationlal admet
qu’un emprunt ou une facilité lui a été accordé par un établissement russe
[7] -
[8] - les
rounds et cycles de négociations commerciales depuis 1961 : chronologies
[9] - chronologie
[12] - organisé par Europe 1, le débat entre celui qui avait
été six ans le Premier ministre du Général et Jacques Duhamel, président du
groupe Progrès et Démocratie, à
l’Assemblée nationale – le 1969
[14] -
[17] -
[21] -
[22] - le discours prononcé, à l’Université de
Zurich, le 19 Septembre 1946, par Sir Woxinston Churchill, alors dans
l’opposition à Londres au gouvernement travailliste, n’est pas fondateur, au
contraire de sa fréquente présentation : il propose une organisation
régionale au sein des Nations Unies et que soutiendront les vainqueurs de la
Seconde guerre mondiale : la Grande-Bretagne, son Commonwealth, les Etats-Unis
et l’Union soviétique
Il faut que notre but
permanent soit d'accroître et de renforcer la puissance de l'Organisation des
nations unies. Il nous faut re-créer la famille européenne en la dotant d'une
structure régionale placée sous cette organisation mondiale, et cette famille
pourra alors s'appeler les États-Unis d'Europe. Le premier pas pratique dans
cette voie prendra la forme d'un Conseil de l'Europe. Si, au début, tous les
États européens ne veulent ou ne peuvent pas adhérer à l'Union européenne, nous
devrons néanmoins réunir les pays qui le désirent et le peuvent. Le salut de
l'homme quelconque de toute race et de tout pays, ainsi que sa préservation de
la guerre ou de l'esclavage, ont besoin de fondements solides et de la volonté
de tous les hommes et de toutes les femmes de mourir plutôt que de se soumettre
à la tyrannie. En vue de cette tâche impérieuse, la France et l'Allemagne doivent
se réconcilier ; la Grande-Bretagne, le Commonwealth des nations britanniques,
la puissante Amérique, et, je l'espère, la Russie soviétique - car tout
serait alors résolu - doivent être les amis et les protecteurs de la nouvelle
Europe et défendre son droit à la vie et à la prospérité.
[23] - la tentative de
renversement d’Erdogan par quelques éléments de l’armée est «tombée à
pic » pour une purge de toute l’intelligence turque moderne, héritière de
Mustapha Kemal
[24] - il a fallu un moment
d’obstruction wallkaonne pour qu’enfin – mais pas durablement – les
négociations atlantiques soient avouées, et leur contenu évoqué
[25] -
[27] - le congrès ordinaire du
S.P.D. allemand, tenu en fin de 2006 – trouver date et énoncé – à Leipzig proposa, sans
écho cette élection directe du président de la Commission ou du Conseil. A
l’occasion d’une de mes premières notes à l’Eysée, Nicolas Sarkozy venant d’y
entrer, je rappelai ce premier acquis politique permettant d’aller droit au
cœur du sujet européen
[28] - soit le troisième
ensemble du monde après la Chine et l’Inde comptant actuellement à l’ifdentique
1.400 millions d’habitants, les Etats-Unis quatrième : 325 millions, la
Russie dixième seulement : 150 millions d’habitants
[29] -
[30] - texte – vérification
aussi de l’état des ratifications lors des résultats négatifs du referendum
français puis du referendum néerlandais
[31] -
[32] -
[34] - l’O.T.A.N Selon les ambitions affichées par son secrétaire général britannique Hastings Lionel Ismay, le rôle de l'OTAN
consistait au cours des années de guerre froide
à « garder les Russes à l'extérieur, les
Américains à l'intérieur et les Allemands sous tutelle » - trad. « keep
the Russians out, the Americans in, and the Germans down » « keep the Russians out, the Americans in, and the
Germans down » - source : wikipédia
[35] -
[37] -
[42] - Michel Barnier
[47] -
elle a été prise politiquement à la fin de la Quatrième République par les
gouvernements de Pierre Mendès France et de Félix Gaillard en 1956-1958 mais
sans début de mise en œuvre – elle a été débattue à l’occasion des votes par
l’Assemblée nationale des crédits nécessaires et elle a abouti aux essais
concluants menés à Reggane, au Sahara alors sous notre souveraineté - préciser
[48] -
sauf depuis Jacques Chirac et sa reprise malencontreuse de nos essais dans
l’atmosphère dès sa prise des fonctions présidentielles, et juste au
cinquantième anniversaire d’Hiroshima (le nouveau président le
réalisa-t-il ?), puisque nos essais se font maintenant selon des logiciels
américains - préciser
[52] -
Mohamed Ould Bouamatou, apparenté au dictateur régnant, a commencé par la vente
de cigarettes. Généreux et avisé, il a donné au pays une remarquable fondation
dédiée aux mal-voyants et continue de développer beaucoup de bienfaisance. Un
de nos hauts fonctionnaires au Quai d’Orsay a quitté le Département pour faire affaires
de ses relations africaines et européennes, en choisissant de résider, lui
aussi, au Maroc et non loin de lui. Ce peut avoir plus d’utilité pour la France
que les jetons de présence de quelques-uns de nos anciens ambassadeurs dans les
conseils d’administration actifs dans les pays de leurs dernières affectations.
L’un d’eux selon la rumeur avait même tenté d’organiser avec son homologue
américain chez nous, la facilitation des realrtions économiques entre les deux
pays – hors organigramme des deux Etats.
[57] -
celle des Etats-Unis est la première : 5.200.000, mais celle de France est
la seconde : 500.000 - dans leur ensemble, 40% des Juifs vivent dans
l’Etat d’Israël (source – wikipédia utilisant les publications de l’American
Jewish Committee
[58] - citer Edgar Morin
[59] - résumer cette
construction et cette entité
[60] - tant s’en faut pour
certains et au regard de l’Histoire
[61] - définir – citer Jean
Paul II sur les deux matérialismes
[62] - le présenter et le
rappeler
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