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Réfléchir en famille
Nous n’avons plus que des repères
intimes et personnels. La politique, les circonstances, l’économie – la
généralité et l’actualité – tout nous échappe d’analyse et d’action. Français,
fiers de notre beau pays, nous avons parfaitement conscience de notre âme, de
nos possibilités. Nous savons très bien que le monde est difficile, que chaque
peuple, que chacun se débat, qu’il n’y a plus d’inertie nulle part – sauf selon
notre fatigue, nos âges – et qu’une gestation forte est en cours. Quelle
est-elle ?
Vous-même parvenu à ce point de ce que
je tente d’écrire, et qui prépare, résume ce que je vais tenter – tandis que
quelques amis montent le site internet nécessaire et organisent des listes,
également internet, d’élus à appeler, à convaincre – vous m’avez accompagné
peut-être quelques heures, m’avez permis de vous accompagner et même
questionner, mais où en êtes-vous avec vous-même, avec les vôtres ?
avez-vous encore des projets, et ceux de mes amis et correspondants qui, biologiquement,
ont le quart ou même moins de mon âge, me paraissent beaucoup plus hésitants
pour commencer leur avenir, que ne l’était ma génération, que ne l’étaient mes
camarades de classe. L’époque où commençait, puis continua ma première
trentaine d’années était fixe, non qu’elle fut exempte d’événements : au
contraire, mais les événements se comprenaient, si brutaux qu’ils soient :
Dien Bien Phu, Budapest, Suez, les guerres de décolonisation et l’apaisement
général avec la conclusion heureuse de la confrontation à Cuba, du concile
œcuménique Vatican II, l’acceptation de nos institutions, de notre nouvelle
politique étrangère décidée et mondiale. Toutes les oppositions (et elles
avaient été nombreuses, souvent haineuses et toujours contradictoires, quoique
sous-jacent se ressentait une admiration unanime et réventielle pour le
re-fondateur) entraient dans un cadre devenant vraiment nôtre. Il en était de
même en Europe, même s’il y eut la guerre d’Afghanistan, on sentait bien que
l’Union soviétique n’était plus dangereuse. Toutes les ouvertures, celle de la
Chine, étaient saluées positivement, les dernières dictatures de notre Vieux
Monde s’étaient défaites. Tout était intelligible.
Ce qui a postériori est vanté comme
« les trente glorieuses » auxquelles aurait mis fin le premier
« choc pétrolier » et dont nous avons façonné mentalement la
cohérence, réédition d’un autre âge d’or : « la Belle époque »,
me paraît surtout une lisibilité, une possibilité de projeter avec certitude un
avenir aussi souhaitable que possible. Une harmonisation générale avait semblé
une règle non écrite mais vécue, très satisfaisante politiquement. Nous
n’étions pas inquiets, nous n’étions pas – au contraire de ce qui se propagea
dans le discours public au tournant du siècle – « en quête de sens ».
Le vocabulaire n’était pas figé, la pensée tranquille. Si vous avez vécu tout
ou partie de ce second après-guerre, n’avez-vous pas eu l’impression que
l’atroce conflit dont nous étions sortis – et pour nous la France, miraculeusement
bien sortis, exprimés par de Gaulle, structurés par la Résistance : sang
versé, tortures subies mais lumière des projets, de l’attente – n’était pas
inutile. L’accouchement avait réussi. Un autre monde était né.
Nous n’avons pas aujourd’hui cette
tranquillité d’esprit. Stratistiquement, la pauvreté, la misère – tous les
dangers et échecs individuels – et les catastrophes climatiques ou énergétiques
en cours – tous arguments pour une « mondialisation » autre
qu’économique et financière, mais bien concrète – sont plus évidentes,
menaçantes, honteuses que dans le passé lointain ou récent. Si vous êtes né
après cette période d’intelligibilité, contestée par les « événements de
Mai » mais universellement sensible et optimiste, comment voyez-vous
l’actualité, en profondeur ? et comment concevez-vous votre utilité ?
car notre épanouissement, notre équilibre personnels dépendent de cette
insertion et de cette estime.
La campagne présidentielle en cours –
nous le savons tous – est un leurre, pis qu’un rite. Elle n’est pas un outil de
discernement, encore moins d’une action mieux ajustée que les précédentes
depuis une vingtaine d’années. La réflexion nous appartient. Sur quoi la faire
porter ? et comment la mener, aussi profondément que possible, selon nos
vies et attaches respectives, et aussi collectivement qu’il est nécessaire pour
qu’autre chose commence et qu’il soit remédié à ce qui ne va pas, en tous
domaines, à ce qui va de plus en plus mal.
Reniac, à ma table de travail, mercredi 11 Janvier 2017,
de 08 heures 26 à 09 heures 04
Notre fille, sauver les
panda, son amie de cœur, dans la messe classe, elle l’a surnommée panda. Elles
sont une dizaine en cour de récréation un vendredi : sauver les
pandas ? faire des gateaux chez soi et les vendre aux camarades, pas cher,
peut-être soixante-dix centimes. La même court aussitôt chez le conseiller
principal d’éducation : accord. Lettre formalisant le projet, une
quinzaine d’engagements, signatures au crayon multicolore, il manque encore
quelques-unes, un garçon parmi eux, plutôt « intello. » : trois
catégories, filles ou garçons : intello, « se la pétant »,
normal. Notre fille et ses amies, naturellement, de la dernière espèce. Le
normal, chez les filles comme chez les graçons, est statistiquement
l’exception. Le groupe de fille varie de nombre, la défection type est toujours
une mise à l’écart d’elle-même par l’une d’elles, se jugeant plus mûre que les
autres, l’été, des vacances, la physiologie, la pré-adolescence. Notre fille
veut n’être pas définie par cette mûe. Elle m’explique aimer chacune
différemment et qu’il en est de même de toutes. Nous formons une famille, nous
nous entr’aidons, nous consolons celle qui semble ne pas aller, surtout nous
disons franchement, en face, ce qui ne va pas. Je l’écoute, sa définition de la
famille, l’application au groupe, la vie du groupe, le projet, comment il se
forme. J’y vois notre parabole pour le possible, maintenant, entre habitants de
France.
Reniac, à ma table de travail, mercredi 11 Janvier 2017,
de 20 heures 40 à 44
1° nous ne jouons plus collectif
Une des salles de réunion au sous-sol de
la place du Colonel-Fabien : le siège du Parti communiste français.
Jusqu’à mon adolescence, la place Kossuth du nom de l’insurgé hongrois, mais en
1848, et l’Humanité sur les Grands Boulevards,
pas à Saint-Denis. René Andrieu, au magnifique regard bleu, du sang sur les
mains à la Libération du Lot dont il commande les F.T.P. [1], la
messe dominicale aux côtés de sa mère chaque fois qu’il revient au pays, impérieux
et chaleureux à la télévision, plume précise d’un stendhalien [2],
visage d’amant comme Aragon, membre avec lui du Comité central, m’a souvent
invité à déjeuner après qu’il ait publié un extrait de ma première publication
dans le Monde. J’y avais vu un signe,
j’avais aussitôt téléphoné au journal, mais d’une cabine. En 1972, « le
Parti » était encore, dans les « milieux » où je suis, aussi
pestiféré que l’est aujourd’hui le Front national, mais dans d’autres
« milieux ». J’aimais déjà le sens de l’engagement, l’évident
patriotisme, le goût et la science de la discussion, du débat, des arguments.
Trente ans plus tard ou à peu près, peu avant une de nos élections
présidentielles, la dernière où le P.C. ait eu son candidat en propre [3], une
remarquable relation de ma femme, chaudronnier de famille, énarque par
concours, attaché financier à Washington, Jacques Nikonoff m’a invité à une
série de rencontres sur le salaire universel. Un cercle d’une vingtaine de
personnes, autour de la cinquantaine ou sexagénaires comme moi, à l’époque. Des
échanges qui me passionnent tant ils m’introduisent à la réalité des présences
et des options syndicales en entreprise. Pour résumer, le constat est grave. La
solidarité s’est perdue, l’individualisme est stimulé par les
directionsmérsufengiellesdont je suisn e
s
2° relancer la balle
L’initiative ne se décrète ni ne
s’attribue. L’alchimie des circonstances et d’une personnalité, collective ou
individuelle, reste mystérieuse de nature, elle s’identifie à ses effets.
3° les équipes ont pour la plupart perdu
leur vertu fondatrice
Antan et aujourd’hui… par exemple, le
Parti socialiste, l’Eglise catholique en France
4° n
U
Vannes, à l’U.C.K. pendant la dernière heure
du cours de danse de Marguerite,
mercredi 11 Janvier 2017,
de 17 heures 40 à 18 heures
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