mercredi 11 janvier 2017

suite du livre en gestation . ch. 5

toutes suggestions bien venues - b.fdef@wanadoo.fr





5 .

Réfléchir en famille






Nous n’avons plus que des repères intimes et personnels. La politique, les circonstances, l’économie – la généralité et l’actualité – tout nous échappe d’analyse et d’action. Français, fiers de notre beau pays, nous avons parfaitement conscience de notre âme, de nos possibilités. Nous savons très bien que le monde est difficile, que chaque peuple, que chacun se débat, qu’il n’y a plus d’inertie nulle part – sauf selon notre fatigue, nos âges – et qu’une gestation forte est en cours. Quelle est-elle ?

Vous-même parvenu à ce point de ce que je tente d’écrire, et qui prépare, résume ce que je vais tenter – tandis que quelques amis montent le site internet nécessaire et organisent des listes, également internet, d’élus à appeler, à convaincre – vous m’avez accompagné peut-être quelques heures, m’avez permis de vous accompagner et même questionner, mais où en êtes-vous avec vous-même, avec les vôtres ? avez-vous encore des projets, et ceux de mes amis et correspondants qui, biologiquement, ont le quart ou même moins de mon âge, me paraissent beaucoup plus hésitants pour commencer leur avenir, que ne l’était ma génération, que ne l’étaient mes camarades de classe. L’époque où commençait, puis continua ma première trentaine d’années était fixe, non qu’elle fut exempte d’événements : au contraire, mais les événements se comprenaient, si brutaux qu’ils soient : Dien Bien Phu, Budapest, Suez, les guerres de décolonisation et l’apaisement général avec la conclusion heureuse de la confrontation à Cuba, du concile œcuménique Vatican II, l’acceptation de nos institutions, de notre nouvelle politique étrangère décidée et mondiale. Toutes les oppositions (et elles avaient été nombreuses, souvent haineuses et toujours contradictoires, quoique sous-jacent se ressentait une admiration unanime et réventielle pour le re-fondateur) entraient dans un cadre devenant vraiment nôtre. Il en était de même en Europe, même s’il y eut la guerre d’Afghanistan, on sentait bien que l’Union soviétique n’était plus dangereuse. Toutes les ouvertures, celle de la Chine, étaient saluées positivement, les dernières dictatures de notre Vieux Monde s’étaient défaites. Tout était intelligible.

Ce qui a postériori est vanté comme « les trente glorieuses » auxquelles aurait mis fin le premier « choc pétrolier » et dont nous avons façonné mentalement la cohérence, réédition d’un autre âge d’or : « la Belle époque », me paraît surtout une lisibilité, une possibilité de projeter avec certitude un avenir aussi souhaitable que possible. Une harmonisation générale avait semblé une règle non écrite mais vécue, très satisfaisante politiquement. Nous n’étions pas inquiets, nous n’étions pas – au contraire de ce qui se propagea dans le discours public au tournant du siècle – « en quête de sens ». Le vocabulaire n’était pas figé, la pensée tranquille. Si vous avez vécu tout ou partie de ce second après-guerre, n’avez-vous pas eu l’impression que l’atroce conflit dont nous étions sortis – et pour nous la France, miraculeusement bien sortis, exprimés par de Gaulle, structurés par la Résistance : sang versé, tortures subies mais lumière des projets, de l’attente – n’était pas inutile. L’accouchement avait réussi. Un autre monde était né.

Nous n’avons pas aujourd’hui cette tranquillité d’esprit. Stratistiquement, la pauvreté, la misère – tous les dangers et échecs individuels – et les catastrophes climatiques ou énergétiques en cours – tous arguments pour une « mondialisation » autre qu’économique et financière, mais bien concrète – sont plus évidentes, menaçantes, honteuses que dans le passé lointain ou récent. Si vous êtes né après cette période d’intelligibilité, contestée par les « événements de Mai » mais universellement sensible et optimiste, comment voyez-vous l’actualité, en profondeur ? et comment concevez-vous votre utilité ? car notre épanouissement, notre équilibre personnels dépendent de cette insertion et de cette estime.

La campagne présidentielle en cours – nous le savons tous – est un leurre, pis qu’un rite. Elle n’est pas un outil de discernement, encore moins d’une action mieux ajustée que les précédentes depuis une vingtaine d’années. La réflexion nous appartient. Sur quoi la faire porter ? et comment la mener, aussi profondément que possible, selon nos vies et attaches respectives, et aussi collectivement qu’il est nécessaire pour qu’autre chose commence et qu’il soit remédié à ce qui ne va pas, en tous domaines, à ce qui va de plus en plus mal.

Reniac, à ma table de travail, mercredi 11 Janvier 2017,
de 08 heures 26 à 09 heures 04

Notre fille, sauver les panda, son amie de cœur, dans la messe classe, elle l’a surnommée panda. Elles sont une dizaine en cour de récréation un vendredi : sauver les pandas ? faire des gateaux chez soi et les vendre aux camarades, pas cher, peut-être soixante-dix centimes. La même court aussitôt chez le conseiller principal d’éducation : accord. Lettre formalisant le projet, une quinzaine d’engagements, signatures au crayon multicolore, il manque encore quelques-unes, un garçon parmi eux, plutôt « intello. » : trois catégories, filles ou garçons : intello, «  se la pétant », normal. Notre fille et ses amies, naturellement, de la dernière espèce. Le normal, chez les filles comme chez les graçons, est statistiquement l’exception. Le groupe de fille varie de nombre, la défection type est toujours une mise à l’écart d’elle-même par l’une d’elles, se jugeant plus mûre que les autres, l’été, des vacances, la physiologie, la pré-adolescence. Notre fille veut n’être pas définie par cette mûe. Elle m’explique aimer chacune différemment et qu’il en est de même de toutes. Nous formons une famille, nous nous entr’aidons, nous consolons celle qui semble ne pas aller, surtout nous disons franchement, en face, ce qui ne va pas. Je l’écoute, sa définition de la famille, l’application au groupe, la vie du groupe, le projet, comment il se forme. J’y vois notre parabole pour le possible, maintenant, entre habitants de France.

Reniac, à ma table de travail, mercredi 11 Janvier 2017,
de 20 heures 40 à 44


1° nous ne jouons plus collectif

Une des salles de réunion au sous-sol de la place du Colonel-Fabien : le siège du Parti communiste français. Jusqu’à mon adolescence, la place Kossuth du nom de l’insurgé hongrois, mais en 1848, et l’Humanité sur les Grands Boulevards, pas à Saint-Denis. René Andrieu, au magnifique regard bleu, du sang sur les mains à la Libération du Lot dont il commande les F.T.P. [1], la messe dominicale aux côtés de sa mère chaque fois qu’il revient au pays, impérieux et chaleureux à la télévision, plume précise d’un stendhalien [2], visage d’amant comme Aragon, membre avec lui du Comité central, m’a souvent invité à déjeuner après qu’il ait publié un extrait de ma première publication dans le Monde. J’y avais vu un signe, j’avais aussitôt téléphoné au journal, mais d’une cabine. En 1972, « le Parti » était encore, dans les « milieux » où je suis, aussi pestiféré que l’est aujourd’hui le Front national, mais dans d’autres « milieux ». J’aimais déjà le sens de l’engagement, l’évident patriotisme, le goût et la science de la discussion, du débat, des arguments. Trente ans plus tard ou à peu près, peu avant une de nos élections présidentielles, la dernière où le P.C. ait eu son candidat en propre [3], une remarquable relation de ma femme, chaudronnier de famille, énarque par concours, attaché financier à Washington, Jacques Nikonoff m’a invité à une série de rencontres sur le salaire universel. Un cercle d’une vingtaine de personnes, autour de la cinquantaine ou sexagénaires comme moi, à l’époque. Des échanges qui me passionnent tant ils m’introduisent à la réalité des présences et des options syndicales en entreprise. Pour résumer, le constat est grave. La solidarité s’est perdue, l’individualisme est stimulé par les directionsmérsufengiellesdont je suisn e

s



2° relancer la balle

L’initiative ne se décrète ni ne s’attribue. L’alchimie des circonstances et d’une personnalité, collective ou individuelle, reste mystérieuse de nature, elle s’identifie à ses effets.



3° les équipes ont pour la plupart perdu leur vertu fondatrice

Antan et aujourd’hui… par exemple, le Parti socialiste, l’Eglise catholique en France



4° n

U


Vannes, à l’U.C.K. pendant la dernière heure du cours de danse de Marguerite,
mercredi 11 Janvier 2017,
de 17 heures 40 à 18 heures



[1] -

[2] - Du bonheur et rien d’autre

[3] - Robert Hue, le secrétaire national qui fit campagne avec une sacoche à l’épaule contenant, entre autres, un cahier d’école au grand format pour y noter les remarques, suggestions et critiques des électeurs , des militants de rencontre

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