Testament d’un encore vivant
grâce à d’autres que lui
Je me confie à vous, plus encore que
dans tout le corps de ce peetit livre. J’ai eu grand mal à l’écrire. Ce que je
tente de vous dire, je le ressens en vous autant qu’en moi, les mots nous manquent,
le regard et le désir sont là. Nous savons que maintenant la conclusion nous
appartient. Précisément parce que nous plus déléguer à qui que ce soit la
responsabilité de la suite. Nous avons expérimenté qu’un seul est insuffisant,
qu’en votant pour lui, nous le livrons à lui-même. Il en fait les frais :
Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et maintenant François Hollande nous l’ont
répété, et nous en périssons. Même plus vagabonds ou désespérés d’opinion. Déjà
inertes. La conclusion nous appartient, le changement n’est pas un programme,
il est la volonté de faire la décision, de l’imposer à nos mandataires, de nous
l’imposer à nous-mêmes. Le ressort de la suite française est cette résolution.
Et nous avons ensemble compris que cette suite est européenne, et
réciproquement. La rencontre en Allemagne de celles et ceux qui le nient est
sans doute bien ajustée puisque la fragilité de nous tous, natifs de ce Vieux
Monde, de ces vieux pays, de ces peuples anciens tellement civilisés, tellement
riches, chacun tellement subtil, est actuellement celle des Allemands comme
souvent. L’économie puissante, la longévité et la collégialité au gouvernement
depuis davantage de temps que partout ailleurs en Europe. Si les négationnistes
l’emportent du Rhin à Berlin et à l’Oder, la partie pour notre suite à tous,
sera plus difficile mais plus évidente, car la réunion de celles et ceux qui
nient a le résultat mathématique que même les enfants connaissent.
Je n’ai pas peur car je sais qu’au pied
du mur, il y a partout la résolution. Et maintenant nous avons l’expérience
dans chacun de nos pays de ce qu’est, de ce que peut être l’illusion du refus.
Mais le refus ne doit pas être le refus des négationnistes, et de leurs
accompagnants jouant d’eux pour se faire choisir et gouverner solitairement un
pays, des peuples qu’ils croient chacun solitaires. Le refus que continue notre
enfoncement dans la tolérance du vide des gestions collectives, du nihilisme
des dispersions de nos patrimoines de toutes natures, est éclairé, motivé. Il
porte des structures de conduite tous ensemble.
Sans raison, par instinct ? j’ai
cru en François Hollande quoi qu’il se soit présenté à nous tous les votants,
les Français, sans passé, ni exploit, ni légitimité. Je réalise que ce vote
d’il y a cinq ans était adulte, pas seulement le mien, mais celui de millions
d’entre nous. Nous n’attendions ni sauveur ni salut. Nous commencions de
réaliser que la politique – et je le constate de plus en plus maintenant,
l’entreprise surtout, qu’elle soit individuelle ou de taille et d’enjeu
considérables – n’est pas l’affaire d’un seul, qu’elle est profondément
collective, qu’elle est d’essence collective. Pas parce qu’elle est la gestion
du grand nombre et de beaucoup de sujets, d’affaires, de dossiers, de
circonstances – prévisibles, imprévisibles – mais parce qu’elle n’est vraiment
possible que portée à tous, par une réflexion commune, par une ambiance que
nous créons à tous et qui devient l’esprit d’une entreprise – celle-ci au sens
économique et financier – mais aussi d’une entreprise au sens de l’aventure qui
a sa date de commencement et sa date d’aboutissement. Et cela ne s’est pas
fait, nous avons laissé faire.
J’ai essayé – avec vous qui vouliez bien
m’accompagner dès les premières lignes – de présenter des antidotes, de les
évaluer. Il nous faut les choisir et prendre toutes ensembles. J’ai longtemps
cru à la conversion de l’élu d’il y a cinq ans, conversion par intelligence.
Les circonstances ne faisaient pression que lentement, les éphémérides de
l’impuissance et de l’échec faisaient une chaîne chronologique atterrante mais
ne nous liaient pas encore. La leçon – je ne sais si François Hollande
l’exprimera lui-même, je le lui ai demandé après tant de suggestions au jour le
jour ou presque depuis son investiture par son parti d’origine – est la
péremption des anciennes manières d’exercer le pouvoir.
Pendant quatre vingt dix ans, autant
dire un siècle, la France s’est gouvernée, sauvée, perdue, reprise selon une
commission parlementaire appelée gouvernement. La mûe apportée par le général
de Gaulle n’a pas été la mise au goût du jour de notre ancienne monarchie,
faussement interprétée comme une autocratie alors que fondamentalement elle
avait toujours été le respect et la culture référencée du bien commun. L’élection
du président de la République au suffrage au suffrage universel direct a été la
première étape d’une remise de la décision, autant dire même du pouvoir, à nous
tous. Nous en sommes restés là, malgré les efforts des premiers successeurs du
fondateur.
L’existence humaine est une relation,
avec nous-mêmes, avec les autres, nos frères de condition, nos analogues. Le
cœur de chacun est un mystère, davantage encore pour lui-même que pour les
autres plus libres de considérer, du dehors, les entraves et les possibilités
de l’envol.
La relation, j’ai eu la chance très
répétée dans ma vie, de l’éprouver avec des hommes, des personnalités dédiées à
la politique. Trait commun : considérer la politique comme le mystère et
la responsabilité d’un peuple que l’Histoire désigne pour être et demeurer un
peuple, moyennant à chaque génération sa propre réévaluation et le consentement
à lui-même et surtout à l’espérance et aux moyens d’être encore plus lui-même.
Le politique n’est pas discursif, il est la conscience de beaucoup.
Je le dirai plus clairement – je crois –
en disant les dettes de ma reconnaissance. Je le fais brièvement, devant vous,
même si vous ne les avez pas connus, même si peut-être, puisque l’amnésie
caractérise aujourd’hui commentateurs, présentateurs autant que les acteurs
dont ils sont les faire-valoir. Ce va être ma conclusion. Tous ont physiquement
disparu. Aujourd’hui, pourtant, ils existent et me structurent, puissè-je vous
faire ressentir qu’ils sont disponibles pour tous, et qu’en sus nous pouvons
chacun en rencontrer d’autres mais du même bois, du même esprit, de la même
fidélité à autre qu’eux-mêmes et leurs biens. Nos aïeux certainement, nos
enfants – je l’espère, et gratifié tellement par notre fille, je le crois – ont
fait, pourront faire ces rencontres, et même ont été et seront de celles et
ceux que j’ai rencontrés. Car je n’ai rencontrés que quelques-uns, mais ce fut
pour tous.
Aujourd’hui [1] où je
finis de vous écrire, après plusieurs tentatives, depuis l’automne de 2013,
toutes fondées – par une erreur tenace que je croyais la simple et nue
espérance – sur la possible, probable, logique conversion d’un président
revenant à des convictions et donc à des jugements répondant aux circonstances
sans s’en laisser imposer par celles-ci, nous répondant finalement parce que
son propre recours contre lui-même serait de nous écouter… aujourd’hui,
maintenant que tout a disparu des vieux usages et des vieux rites, même s’ils
paraissent encore en scène, c’est le vote entre gens se reconnaissant de gauche
pour choisir quelqu’un qui… Ils sont courageux, aucune chance d’aboutir selon
les rites anciens d’une élection et d’un nouveau quinquennat. La primaire
d’autres n’a été que la trouvaille d’un chef par élimination [2].
Enfin, il y a eu des initiatives et du spectacle, et la redite d’un diable
utile à tous les professionnels y recevant la fonction de sincère sauveur.
Aujourd’hui, du civisme. Et ce même jour, le dixième anniversaire de l’Abbé
Pierre, les réflexes qu’il raviva tant de fois. Je l’ai connu et accompagné au
plus crépitant et douloureux d’une méprise qui s’est appelé « l’affaire
Garaudy » : une autre forme très achevée du négationnisme. , comme
d’ailleurs pour la cause des extrêmistes d‘aujourd’hui, ceux d’Europe, autant
que les égarés du djihadisme ou les soutiens de Wladimir Poutine et maintenant
de Donald Trump, il y a du vrai et de la lucidité à l’origine de ce qui
deviendra, est devenu un odieux parcours. L’Abbé Pierre, une solitude, un
secret spirituel, un tempérament s’exorcisant eux-mêmes par l’obsession des
autres faite d’une empathie avivée par le scandale. Un homme-cri. Coincidence
des dates, au lendemain d’un anniversaire, celui de l’événement sans doute le
plus symbolique de notre histoire nationale, l’exécution capitale du roi. Nos
crises de légitimité – nous en vivons une de plus – nous font, font la France.
Reniac, à ma table de travail, dimanche 22
janvier 2017,
de 06 heures 50 à 08 heures 15
Et ce sont des hommes et des femmes qui
nous l’apprennent, souvent rétrospectivement, faute que beaucoup puissent vivre
dans l’inti
Ibidem, samedi 28 janvier 2017,
de 13 heures 41 à 15 heures 30
Et ce sont des hommes et des femmes qui
nous l’apprennent, souvent rétrospectivement, faute que beaucoup puissent vivre
dans l’intimité de ceux qui affrontent et résolvent – bien ou mal – ces crises.
Ressentant vivement celle où nous sommes depuis une grande décennie, sans la
qualifier, sans poser de diagnostic, j’ai voulu que François Hollande sous la
forme qu’il aurait voulue organise ma proximité avec lui. En annexe à ce que je
termine de vous écrire, vous trouvez ma proposition. Elle n’a pas, en cinq ans,
reçu seulement un accusé de réception ou quelqu’indication qu’elle ait été
sinon examinée, au moins lue. Qui y a perdu ? Sans être de ses collaborateurs,
j’avais été admis à l’audience, à la conversation – quelques fois – et à la
correspondance de François Mitterand, ce qui eut parfois quelque résonnance
dans les faits et décisions de ses quatorze ans de règne. Même avec Valéry
Giscard d’Estaing, que je suivais et critiquais dans la presse nationale, j’eus
un dialogue indirect : je savais ses réactions à mes articles et son
conseiller personnel me recevais. Je n’ai donc pas cru déplacé quarante et
trente ans plus tard de le demander à celui qui n’est plus qu’un président
manqué. Même si d’autres suites lui restent possibles, dont celle de participer
à la refondation, en France, d’un socialisme de gouvernement. Ce que ne
contient pas forcément une arrivée au pouvoir d’un représentant du Parti de ce
nom. Il est vrai que ce mouvement de refondation après le probable échec à
cette élection-ci a commencé depuis les « primaires de la gauche ».
Ce que je tente n’est pas de ce
registre, et ne dépend pas de la personnalité qui sera à l’Elysée à la mi-Mai
2017. Vous l’avez compris. Porter votre voix autant que la mienne, et de tant
d’autres de nos compatriotes qui le voudront, pendant tout le quinquennat à
venir.
Ibidem, samedi 28 janvier 2017,
de 11heures 41 à 12 heures 01
Le dernier venu dans ma vie, Jean Charbonnel,
en avait conscience et l’a écrit. Très jeune député en 1962, élu en coincidence
du referendum novateur sur l’élection directement par nous tous du chef de
notre Etat, l’instrument du bien commun mis à la disposition de notre effort
par une démocratie réfléchie accomplie. C’étaient les « jeunes
loups », pour la plupart natifs du Massif Centrale, adolescents à la
Libération de Paris. Carrière belle et simple de maire d’une ville de renom,
Brive-la-Gaillarde à laquelle il tenait beaucoup et dont les suffrages
l’accompagnèrent longtemps, carrière vraie de secrétaire d’Etat à la
Coopération, puis de président de cette commission à l’Assemblée nationale,
celle des Finances, creuset de lucidité et enfin de ministre de l’Industrie.
C’est alors que contre le président régnant, Georges Pompidou
Moktar Ould Daddah,
Maurice Couve de Murville,
Jacques Fauvet,
René Andrieu,
Michel Jobert,
Pierre Bérégovoy,
Pierre Messmer,
Jean-Marcel Jeanneneney
Jean Charbonnel
Je commence de vous écrire tandis que la nuit cesse
d’être noire. Elle avait débuté avec la pleine lune, elle prend fin
Ibidem, dimanche 22 janvier 2017,
de 06 heures 50 à 08 heures 15
L’Abbé Pierre, une gloire nationale,
dont je suis l’unique intime quotidien pendant quelques semaines, pendant la courte
mais intense opprobre, qui m’a fait aller à lui, à sa rescousse. Simplement. Ses
mises à l’écart des médias par les siens, apeurés, craignant l’amalgame, le
fiasco d’une entreprise et d’une sainteté, d’une ingéniosité aussi depuis
cinquante ans. Mais d’autres – davantage dans ma vie – à la notoriété plus
précaire ou moindre pour des raisons ne tenant pas à eux, mais à nous. J’ai
envie de vous dire ces autres puisqu’ils m’ont appris, que les ai aimés et
qu’ils m’ont, je le crois, estimé. Sans doute par affinité et aussi par la
conscience que je leur donnais de me donner – oui – beaucoup plus qu’eux-mêmes
ou des récits et témoignages. D’eux à
une époque de ma vie où j’allais moins à la recherche de ce que le passant,
l’inconnu, par hasard, dit de tout et de notre pays puisque je le salue et
qu’il m’a inspiré de le saluer, n’importe où, n’importe quand, lui au pluriel,
masculin ou féminin. De ces personnalités, plus ou moins illustres, j’ai appris,
en un système qui se construisait d’une recontre à une autre, la vie politique,
le politique, dans son acception sociale, selon la société que forme une nation
quand elle est mentalement encore unitaire, et la vie dans ce qu’elle porte sur
une femme, un homme, vous, moi, d’ombre ou de lumière. Des rencontres qui –
vous les disant – me présenteront finalement à vous, bien davantage que les
exposés et intuitions qui les ont longuement précédés. Que vous me confiiez
réciproquement les vôtres, librement, me passionera. Je crois qu’alors nous
serons, ensemble, à la racine des événements et des motivations de notre
époque, de ce que nous voulons et vivons pour notre pays. Quelles que soient
ces rencontres, leur date, leur thème pourvu qu’elles vous aient ajouté quelque
chose ou fait prendre conscience de quelque chose. Et ce « quelque
chose » n’est- ce pas les autres quand ils nous semblent exemplaires et
nous entraînent, au moins à leur intensité d’action, de réflexion, de fidélité,
ces autres-là dans nos vies à chacun, la vôtre, la mienne, garantissent que nous
pouvons agir, réfléchir et porter – au moins potentiellement ce qui nous rend
exigeant au moment des choix, notamment électoraux – des pensées et des
réalisations.
Vous avez bientôt soixante quatorze ans,
enfant vous vous êtes passionné de héros, les plus simples et alors populaire,
leur histoire dessinée sobrement et racontée sans effroi ni effet. Le journal
Tintin, par abonnement depuis le numéro 120 – collection perdue par ma faute,
faute d’avoir entretenu un garde-meubles de notre relation quand ma mère nous quitta.
Des aventures tout aussi étonnantes, mais vraies, des personnages de notre vie
nationale, les grands albums de Job [3], nos
vrais ancêtres d’esprit, leur legs de toutes époques est encore notre
patrimoine. Puisse nos années actuelles en allonger la liste. Cela ne se
discerne pas. Peut-être manquons-nous d’outils pour les reconnaître ? nos
héros et fondateurs d’aujourd’hui.
Voici les miens. Ils datent de quelques
années à peine et ont quitté ce côté de la scène auquel nous introduisent les
levers de rideau. Ils m’habitent chacun : inégalement selon notre degré
d’intimité, la durée aussi de notre relation, mais ils m’habitent, me portent
et si je peux entrer en campagne officielle, je leur rendrai leur officialité.
Leur notoriété est encore frémissante. Parce qu’elle résultait d’une vérité
d’être. Evidente pour beaucoup ou seulement pour moi. La valeur et l’apport
fondateur de qui que ce soit ne sont pas quantifiables, mais estimables.
Le premier ne m’apparaît d’abord qu’à
raison de son pays. Apparemment, ce n’est pas ou plus le nôtre quand vient à
moi, dès que j’ai été introduit dans un bureau de grandes mais pas excessives
dimensions, sans décoration, que des baies vitrées : au- dehors sur quoi
elles donnent, le désert, la façade occidentale du Sahara limitant la
Mauritanie par l’Atlantique. La République Islamique, un de nos territoires
d’outre-mer, est indépendante depuis à peine plus que trois ans et le président
Moktar Ould Daddah, un sourire d’âme et de tout le visage comme si une relation
de près de quarante ans, l’habitait déjà et qu’accueillir le jeune coopérant
était plutôt des retrouvailles. Ce l’était, je crois, pour deux raisons dont il
ne me donna qu’une, l’autre j’eus à la deviner. Je n’avais pas encore
vingt-deux ans, il en avait sans doute quarante-cinq [4]. Etudiant
très tardif en France, le baccalauréat à plus de trente ans, la même faculté de
droit, à Paris, que celle dont j’arrivais, pas dix ans d’écart entre nos vies
d’étudiant. Son sourire était d’abord celui d’un frère de race mentale,
l’utilité d’une méthode de travail et de penser. Notre ressemblance fut
immédiatement dans la manière d’envisager l’application de ce qui nous avait
été enseigné. Il fondait donc, depuis peu un Etat-nation, c’était son mot. Un
Etat dont la France, mon pays, la métropole du sien pendant une petite
soixantaine d’années, avait laissé le projet. Une nation encore latente mais
dont il avait la vue intérieure, la nécessité et la logique historiques
intensément présentes en chacun de ses propos, à moi comme aux siens,
collaborateurs, ministres, élus et chefs divers, peuple entier, partenaires
étrangers : français, africains, puis arabes, puis de toute la planète. Il
me dit donc cette raison, apprécia mes diplômes si la scolarité à l’E.N.A. que
je n’avais pas encore commencé en est un, et m’écouta avec un bonheur évident
luis exposer que l’enseignement dont j’étais chargé m’avait paru peu utile si
je devais que réciter mon pays et mes études, qu’en revanche étudier le sien et
les modalités de ce que lui-même entreprenais mais avec mes outils d’étudiant
en haute administration générale de la France, me paraissait plus utile à mes
élèves, futurs dactylographes garçons et filles de quinze-dix-huit ou
fonctionnaires d’autorité déjà très expérimentés à des réalités dont je n’avais
pas la moindre idée. Une thèse de droit public donc documenterait mes cours, le
président de la jeune République me donnerait les introductions et
autorisations ne dépendant dans la pratique que de lui, et nous dialoguerions
ensemble ce que j’entreprendrai le lecture et de copie : il m’en donnerait
la chair et les explications, les logiques humaines et occasionnelles. Cela ne
cessa plus tant qu’il fût en vie. La mise en forme de ses mémoires manuscrits à
la rédaction desquels je l’avais pousé dès que commença chez nous son exil,
après vingt-et-un ans d’une fondation exceptionnelle de morale, de sérénité et
de longueurs de vue.
L’autre raison, je l’ai comprise tard.
Maurice Larue, administrateur de la France d’Outre-Mer, dirigea le cabinet du
jeune président-fondateur dans les premiers jours de l’indépendance vis-à-vis
de nous. La relation de travail, d’amitié certainement mais non explicitée, fut
décisive et apaisante pour un homme d’Etat, forcément seul dans un contexte
sociologique peu propre au sens du service public et dans la rareté d’une
ressource humaine nationale qualifiée. Je lui ressemblais. Le DC4 qui s’écrasa
sur la Sierra Nevada espagnole, en Octobre 1964, fit disparaître une grande
partie des personnels de l’assistance technique et de leurs familles
respectives, vivant en Mauritanie. Il me fut dit que le Président resta, comme
hébété, plusieurs jours. Revenait-il avec moi, ce serait bien immodeste et ce
ne me fut pas dit par Moktar Ould Daddah. Partager ensemble sa passion
d’expliquer et justifier ce qu’il faisait et projetait, ma passion d’apprendre
ce qu’est un pays, ce que doit être son Etat, ce que sont les contingences de
la politique, nous l’avons vécu au point que se constitua pour moi le point de
vue suivant lequel regarder tout peuple, tout Etat, et même tout grand homme
public. Et il en resta ensuite, fortement, ma conscience d’avoir à témoigner de
qui j’ai vu et entendu l’effort pour son pays. Avant de Gaulle, immuable au
milieu des années 1960 et à notre première pratique de l’élection
présidentielle au suffrage universel direct, Moktar Ould Daddah m’inculqua, me
montra le sens du politique.
Ibidem, samedi 28 janvier 2017,
de 13 heures 48 à 15 heures 26
[1] - dimanche 22 janvier 2017
[2] - les
primaires dites de la droite et du centre ont aligné en débat télévisé les - un premier tour de scrutin, fréquenté par a
décidé le duel François Fillon / Alain Juppé. Le premier l’a largement emporté,
mais le le 25 Janvier 2017, une partie de la presse emmenée par le Canard
Enchaîné, le met en difficulté à propos de quelques 600.000 euros perçus par
son épouse Pénélope, comme son attaché parlementaire, et – quand il est à
Matignon – comme critique littéraire à la Revue
des deux mondes
[3] -
[4] - l’état-civil et ses
registres sont apparus et ne se sont généralisés avec la rigueur des nôtres que
dans les années 1950, en Afrique subsaharienne française, et encore pas
partout : exemple, cette Mauritanie qui m’est si chère et proche
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