Chacun de nos modes d’existence,
d’expression, de contemplation, de compréhension de communication met en jeu
notre individualité et tout autant une collectivité de nos semblables de
passage ou de naissance ou de situation pérenne. Solidarités et solitudes
voulues ou subies.
Famille, fratrie, descendances et
ascendances, milieux et ambiances de vie quotidienne, moments de consensus et
d’enthousiasme, consomption ou éclat. Il me semble que l’instant ne vaut pas
seulement par son intensité mais par sa profondeur, forme de la durée dépendant
de nous, exerçant mémoire et imagination, en étant, au vrai, le beau fruit,
celui de la sérénité.
Le passé est notre socle personnel et
national, il est l’acquis ou l’empêchement de notre identité, il est notre
assurance pour faire l’avenir et non le subir, il constitue le don disponible
pour tout autre rencontré, il est notre contribution à la personne collective
du groupe, de la famille, de la nation, d’un monde auxquels nous reconnaissons
appartenir.
L’instant est le lieu-temps, quel que
soit notre ressenti, de notre liberté, l’étymologie a raison : c’est le
présent, le présent par excellence. Mais nos dimensions, nos possibilités de
respirer, notre vie sont notre appartenance au passé et à l’avenir, notre
relation aux outils mentaux décisifs que sont la mémoire et la projection. Envie,
qui classe, conserve, réorganise, toute réconciliation avec tout, avec
nous-mêmes, avec autrui, avec Dieu est histoire dont nous n’acceptons le récit
et le résultat qu’en en étant acteur. La mémoire nous rend une seconde chance,
un présent singulier que nous pouvons totalement modifier par la lecture, la
haine, la gratitude dont nous le reformons. Le comprenons, le recevons. Projet
qui est acte de foi, mise en ordre et en marche de tout nous-mêmes, le passé
inclus.
Ce dont j’essaye de rendre compte en
introduction peut paraître abstrait : lacune que je subis autant que
celle/celui qui me lis. Mais je le vis.
Rencontres et fréquentations d’intimes
de sang ou d’habitudes, de grands notorités aussi. L’amnésie, la perte de
mémoire totale ou partielle n’amoindrit aucun des réflexes que suscite la
présentation de faits analogues à ceux dont le tiers interrogateur voudrait le
récit. Celui-ci en obtient le cœur, la substance puisque l’acteur intact exprime
exactement ce qu’il exprima dans un passé qu’il ne sait plus face aux
événements-faits à reconstituer. Plusieurs fois de la part de personnages très
différents de parcours mais également illustres, j’ai ainsi compris ce qu’il s’était
passé…. « dans » le passé. La perte de mémoire privé autrui, pas le
sujet. L’absence de projet, l’atrophie de l’imagination, en revanche, tue, met
à mort ; c’est la limite immédiate, absolue. Sans en être certain, je
crois que cette atrophie morbide se contracte à n’importe quel âge. Symptôme de
la dépression. Ces
deux formes d’une même respiration, d’une possession consciente de soi, d’une
disponibilité de soi à soi, à la construction, à l’adaptation, à la défense d’une
identité, d’une personnalité, je les crois à vivre par quelque être vivant que
ce soit et par quelque collectivité que ce soit.
J’y réfléchis pour trois développements –
également nécessaires : une personnalité, une parenté de sang ou d’association,
une nation ou un pays ou un peuple.
une
de mes sœurs, vendredi 16 mai
Il
y en a marre de revenir toujours sur le passé.
Le passé c'est une colombe blanche.
Charles Aznavour . France Infos. samedi 17 mai
médiathèque l’Hermine de
Sarzeau, matin du mercredi 21 Mai 2014
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