V
AD EAS
Que tu es compliquée,
que tu es devenue encore plus compliquée. Que tu n'aimes plus que je t'écrive à
Strasbourg, alors que naguère j'ai dû certainement t'y écrire et pas seulement
t'y appeler. Mes appels à Bagnères étaient bien plus compromettants, et comment
peux-tu ne pas avoir mon prénom à tes lèvres ? si, parfois, me disais-tu, tu as
mon sexe à tes lèvres, à ta bouche, et encore mon souvenir ou le projet de moi
idéalisé dans le coeur et la tête, à tel point que cela fonde ton obsession et
tes reproches. Ne cherches pas l'amour sous la forme que tu veux et imagines,
et trouves-le là où il est, pour t'en délecter. Prends des initiatives,
souris-toi à toi-même sans que cela emporte immédiatement toute une conception
de la vie, mais par franchise vis-à-vis de toi-même car tu me dis
alternativement que tu ne me survivrais pas, que tu serais déjà
"partie" s'il n'y avait les tiens, et en même temps que ne plus
penser à moi est possible si tu ne me vois plus, et cette affirmation veut bien
dire que tu l'envisages, que tu l'as même décidé à plusieurs reprises, et que
donc tu survivrais. Je ne veux pas dialectiser ce soir, ni sans doute jamais
car la vie du coeur et celle de la chair, de l'âme, de notre identité n'est que
si partiellement raisonnante. [i]
Je travaille
intellectuellement moins que je n'aurais voulu et que j'avais prévu ces trois
semaines de notre séparation, mais j'avais tant à mettre en ordre en moi-même
et dans cette maison, ce qui n'est d'ailleurs pas fini. Cela a levé un certain préalable,
j'ai surtout compris que je ne me sauverai que moi-même, qu'il me faut chercher
et trouver ailleurs, accumuler du faire, du concret. Le reste bougera, je ne
sais comment ni quand... et dans cette nuit où tu dors déjà, mais si loin, et
dans ce lit, où tu seras dans quatre nuits, je reviens à toi...
Oui, mon sexe dans ta bouche,
à bouger, à se gonfler, à être heureux d'être saisi et doucement palpé par tes
lèvres, à sentir la prise de tes doigts au plus gonflé des artères, au plus dur
de la racine, à sentir et tressaillir que du bout du doigt tu touches et passes
et repasses sur la petite fente au haut de sa tête, oui mon sexe s'enfonçant et
revenant dans ta gorge, dans ta bouche, pour en ressortir, liquide de ta salive
et promener celleci, l'étaler doucement autour de la pointe de ytes seins, puis
aussitôt sur tes paupières fermées, dans le vcreux de tes oreilles, et revenir
à nouveau à tes lèvres fermées, puis ouvertes, car tu sais retenir tes dents,
tu sais n'être que moiteur, chaleur liquide et tout accueil. Tu te retournes,
et je prends la vue de tout toi, de dos, à quatre pattes, cambrée, les reins
creusés au maximum, les cuisses tendues mais entrouvertes, ton sexe ouvert avec
des larmes blanches entre les poils : notre suc commun pour t'avoir déjà
pénétrée un instant, après avoir empli ta bouche, après avoir testé tes lèvres,
celle de ton sexe. Tu es ainsi, comme enchaînée à une attente, la tête levée
comme pour un hurlement muet, et je suis derrière toi, le sexe dur que je
promène au doux revers de tes cuisses, du creux de l'articulation de tes
genoux, jusqu'au pli horizontal de chaque fesse, dou pli commee celui d'une
étoffe qui al'habitude de ce pli. Il y a la fente verticale et ombrée de ton
sexe, gonflé comme deux outres, comme deux revers de portes de tentes au
désert, seule l'humidité de ton désir les tient unies, tant ausitôt entrée on
serait au plus vaste de ton offrande et de tonaccueil, mais je m'incline à ce
seuil, à ton seuil, et n'enfonce que ma langue, la saveur est autre, je l'adore,
comme j'adore tête à queue 69, que tu me reprennes allongée tout le sexe, la
main à mes c..., le doigt peut-être à s'enfoncer dans ma fente et jusqu'au
puits étroit, ce que tu ne fais presque jamais, vas-y, enfonces le plus avant
possible ton doigt le plus long, même s'il y a l'ongle, et sens l'anneau de mon
c... se fermer sur ton doigt et vibrer, et moi la langue dans ton sexe, puis
revenant au petit bouton. Mais c'est de toi ainsi liée à toi-même, ne m'offrant
que de dos ton sexe, ton cul, la raie avec un peu de rougeur de cette intimité
qui s'est dilatée, et ce que je vois seul, et que tu n'as jamais vu, noué,
fermé, en une sorte de vrille pâle et crispée, le plus intime de toi-même, ton
trou, ton petit trou, où jamais encore mon sexe ne s'est enfoncé, il y faudrait
force totale et autant ton appréhension pour que tu en jouisses sans distinguer
si c'est de glace ou de feu ce qui vient d'un coup en toi, comme une déchirure
irréparable et qu'on dit bouleversante à hurler (est-ce la même chose aussi pour
les hommes entre eux ? est-ce cela la nostalgie du doigt enfoncé ? est-ce cette
sensation, cette certitude qu'on ne puisse aller plus loin dans la possession,
dans la possession de soi-même quand on est possédé, car tu le sais, même ni
nous ne nous le disons pas à ces instants, plus on est possédé, plus on
possède) et voici ma langue toute chargée de ton suc, de notre salive et
peut-être d'un sperme d'avant, qui vient de ton sexe à la raie et vite,
sèchement, comme en reconnaissance, monte de vertèbres en vertèbres vers ta
nuque, et mon ventre bascule à tes fesses, et mon sexe butine entre tes genoux,
tandis que je vais t'embrassant ainsi et teprenant les seins, et arrondissant
leur masse, et vérifiant leur pointe, et oparvenant à tes cheveux, et y comblant
mon envie d'odeur et de toute la senteur de tes parfums d'habit, avant de
redescendre me recharger des odeurs autres, puis de ton sexe, très lentement,
ma langue parcourt les distances de notre plaisir de la fente qui, dans ce
sens, n'est pas aussi compliquée qu'en avant, pas aussi herbue, pas aussi
gardée, qui est plus fruste, plus directement en ravin ouvert vers le fond, et
de là, je viens à ton c... un peu plus rose, que le pâle de tes fesses, un peu
moins que le soulignement vertical de leur écartement. J'ai arrêté ma langue,
le parfum est unique, qui n'est ni ton sexe, ni ta bouche, ni le creux de tes
oreilles, ni la nuque, une âcreté dont j'ai envie, une exiguité où je voudrais
m'infiltrer, et ma langue tente l'impossible, sans doute tu vibres mais
t'ouvriras quand je viendrais réellement. ce soir, le sexe gonflé, je rêve de
toi, et raconte notre histoire prochaine, et toi ? tu m'as en toi dis-tu...
sais-tu que j'aime ton plaisir, j'aime ta course, le sexe ouvert, étalé,
coulant, donné à mes genoux, à mes cuisses, qu'il blesse presque, j'aime
l'imagination de ton glissement, de ton ébranlement, de ton galop ainsi
décuplés dans mon esprit fou, tandis que je contemple tes yeux qui
s'assombrissent, tes cheveux qui ont la folie des chevaux de légende nocturne,
et j'imagine de nouveau ce que serait la vue inverse, de ton galop, de ta
course sur mon genou, quand vu de dos, ton dos en sueur et courbé par la tâche
et l'attente, offrirait tes fesses tantôt ouvertes, tantôt fermées, et dans
l'ombre de tout, il n'y aurait plus que l'arrivée latente d'une autre
dimension, celle où lâche le coeur et où il n'y a plus que les sons mélangés,
que les liquides dont on ne distingue plus s'ils sont nos fantasmes, notre
sueur, nos salives, ou bien d'un coup quand tu l'as voulu, ton empalement sur
mon sexe, et la folie saccadée et rapide du but. Pourtant, toi comme moi,
savons bien la grande douceur d'avoir tout devant soi encore quand le
gonflement réciproque de nos sexes, l'attention tendue de nos ventres quin se
touchent à leur bas, de poils et des duvets qui se raidissent, se mélangent et
s'humectent à la jonction de tes lèvres et de mon membre et que lentement nous
avons la conscience de coincider, d'y revenir chaque instant, chaque fois,
chaque enfoncement nouveau, plus justement, plus délicatement, plus
précisément. Ah ! cette exactitude de te pénétrer, de me sentir tout entier à
ta mesure, à ton attente, à ta dimension dans une chaleur et une présence, une
aisance et une facilité sombre et multicolore, intime comme un rêve, intime
comme un retour aux sources, et me cramponner à ce qui me vient de toi, et des
doigts chercher d'autres accroches et d'autres aproches de ton plaisir et de
tes frémissements, prendre à les écarteler, à les détacher de ton buste, tes
seins que j'aime, prendre leur pointe, tenter de tâter chacun des grumellements
qui les entourent, venir aux poils à peine rasés sous tes bras et revenir au
creux de tes fesses, tambouriner avec douceur sur la corde intime et tendue de
cet arc, à sa courbe, entre sexe et trou du..., tout en continuant de
m'enfoncer et de me reprendre. Lourdeur de mon souffle à ton oreille qu'il
mouille, lourdeur du sexe à sa tête dans ton sexe, boutoir que je me sens être,
écartement de tes jambes, de tes cuisses, de ton esprit, de ton âme, mais ne me
perdre qu'en ton âme, que dans tes yeux ouverts, gicler, couler dans ton
visage, dans ta tête, dans tes mains, dans ton histoire, dans ta prière.
Grossir, m'ouvrir et pleuvoir sur toi, sur tes lèvres ouvertes et
bourgeonnantes, ou alors précis et fiché en toi, ne partir de plaisir qu'en
fusée commune pour une extase et une possession éternelle de tout l'univers
parce que tu serais devenue moi, et que tu m'aurais totalement pris de ta
bouche, de tes mains, de ton c..., de ton sexe, de tes yeux, ne partir en toi
que pour t'emmener au plus lointain de nous, soudain atteint. Les jours et les
nuits où je n'y arrive pas, où je n'arrive à rien, où je t'en veux et le dis
parfois méchamment, pleurant de frustration et d'une mauvaise relecture, soudainement,
de toute ma vie, je ne veux pas non plus les oublier, car ils donnent
rétrospectivement tout leur sens au miracle de notre union, de notre réussite
ensemble, au chef-d'oeuvre qui nous est commun : dans ta main, mon sexe s'est
levé et a salué, au seuil de ton sexe, à tes lèvres de bouche et de ventre, mon
sexe immobile a tressailli, balancé, branlé sa tête casquée, et déjà humecté, a
enfoncé son envie, ton envie, mon envie dans ton envie. C'est ce miracle que
lui-même salue, sexe chérie et encensé, et dans l'attente de cet autre, que
nous savons moins bien raconter, dont on ne se souvient qu'en le vivant mais
l'anticiper c'est déjà se mettre en route et à table, c'est déjà passer la main
entre le ventre et l'étoffe à nos revoirs, c'est déjà ventre à ventre chercher
de l'autre les fesses et bientôt la totalité de nudité. Oui ! cet autre
miracle, une fois le désir bien installé, que ne reyombant pas, il nous amène
au contraire quelque part, jamais identifié, mais toujours reconnaissable
quand, lieu immense et fort, on l'entend soudain qui commence à venir et sera
irrépressible. Ah ! l'instant où il n'est pas encore mais a déjà fait connaître
la certitude de sa venue. L'humanité si elle n'avait été faite, conçue, créée
que pour cet instant, que pour ce carrefour où toutes nos facultés et en fait
l'amour se rencontrent, fusionnent, chantent, vibrent et coupent le souffle à
toute vie pour en faire intensément prendre la conscience ; alors, la nudité,
les gestes, les sensations sont oubliées ; nous sommes devenus ce que nous
sommes initialement et ce que nous serons dans la totalité de la résurrection
de la cbair, que nous anticipons là, par cette mort-là, par cette respiration
soudainement coupée, par ce frémissement et ce qui nous parcourt et auquel nous
ne pouvons rien et que nous ne saurions même désirer et encore moins susciter
l'instant d'avant. Nous y sommes, loin de tout, surplombant tout, et la
reconnaissance pour toi, pour toi qui m'a donné de me donner à toi, de
t'accompagner, de t'écoûter jouir et frémir, qui m'a donné de me perdre, la
reconnaissance me fait pleurer, inépuisablement. Le bonheur de pleurer dans tes
cheveux, le sexe enfoncé, balbutiant dans le tien, la main encore dans la pose
qu'elle eût juste avant l'extase.
Et tu dors tandis que je
t'attends et te rêve, nous rêve ainsi, la main, les mains lâches et vivantes
tandis que ton visage souffle doucement, que tes lèvres sont entrouvertes, que
peut-être ton sexe suinte de quelques caresses que tu t'es données parce que
j'avais, tout à l'heure, dans notre conversation par fil, esquissé en mots
d'enfant ce chemin d'une langue d'homme de tes reins à ton cou, ce regard
masculin sur la raie de tes fesses et l'envie de tout amant de lécher le plus
intime de toi et de se faire prendre le plus durement son sexe devenu dur à de
telle vue, à de tels itinéraires de mon visage à tout ton dos. Tu dors et dans
quatre jours, ce sera différent mais tu me regarderas, tu auras tes yeux de la
nuit, leur dilatation, alors tu te souviendras peut-être de ce dont nous avions
envie ce soir, ton doigt s'enfoncera, ma langue rampera et le membre à tête
casquée balancera encore devant tes yeux, aux ailes de ton nez, aux
enroulements de tes oreilles. Que notre désir ne tarisse jamais, c'est le cri
de l'âme.
Tu auras dormi finalement à
plat dos, tu m'avais quitté te recroquevillant, gardant mon sexe jusqu'à sa
disparition, son ultime retrait, tant qu'il restait, glissant lentement hors de
toi, baveuse, nous deux baveux et moi la lèvres à tes cheveux encore, mon ventre
à ton dos. Tu t'es retournée dans la fraicheur du latin, le pépiement commencé
des oiseaux, une vague clarté dans tes yeux entrouverts un éclair, puis
refermés, Ta main lentement à ton sexe, comme si celui-ci-restait entouvert
bouffé de son propre sommeil, d'une sorte de déshérence le rouvrant doucement,
deux de tes doigts maintenant une lègère ouverture, tandis que ma main avait
frôlé le mien allongé, mou, évanoui, endormi, enfantin, à revers de mon ventre
vers le nombril. J'ai posé ma main à ton ventre, à cette hauteur-là aussi, puis
à tes seins, et doucement j'ai passé la main sur les collines et s'avivait, en
une ondulation silencieuse, ta peau. Une pointe après l'autre, t poitrine est
revenue. J'ai vu ta main se tendre à ton sexe et tes doigts remonter au haut de
la fente, tu as vu mon sexe se dresser, et que j'ai écarté le drap, tu as vu la
main deenue commune descendre et monter le long de ton sexe. J'ai eu envie de
l'hésitation du mien, tout le long de la fente, l'hésitation de la petite tête
casquée montant et descendant, se tuméfiant à faire saliver et se liquéfier ton
corps là où il est secret, là où il bouge et frémit, et ne dort plus. J'étais
dressé, à genoux entre tes cuisses et tu sommeillais toujours, un sourire à
fleur de tes lèvres, comme l'ironie d'une bouche tenant quelque fleur encore
invisible. Mon sexe a fait le signe de la croix, allée et venue affirmative à
ton bas ventre, frôlant et appuyant sur tes poils, sur tes lèvres, les
entrouvrant, tandis que tu cherches ma main et veux déjà l'enfoncer en toi,
d'un seul coup, dans l'humidité, au tréfond de la source, du sombre, dans le
bout de la grotte, jusqu'aux chambres moites et dégoulinantes, suintantes, où
respire l'autre plaisir, où se garde le trésor de la mémoire d'hier et l'envie,
l'écho déjà du retour qui s'y prépare, alléet venue négative que j'ai continué
aux lèvres de ta bouche qui se sont entrouvertes, gonflées d'un acquiescement,
et d'un seul coup, mon introduction en toi, d'un seul coup l'écart que tu
ouvres dans le même instant de toutes tes jambes jetées au ciel tandis que mon
sexe plonge dans ton sexe, que ma bouche plonge et remue dans ta bouche, que ma
main pénétre au bas de ton dos, que mon doigt enfile un chemin invisible et
refuse que tu l'en écartes et l'en sortes, que ta main vient à mon propre
endroit, et de ton ongle tu sembles me couper la peau, tu enfonces et enfonces
encore, tu découvres progressivement un puits, une coulée qui a sa sueur et tu
vas si loin que tu sens ce que seuls les médecins ou les amateurs d'homme vont
parfois chercher, tu me rends alors fou, et je voudrais m'enfoncer plus encore
en toi, de tout mon ventre, de tout mon corps, je ne peux y parvenir autant que
m'y pousse mon désir, et mon amour n'est plus que force et enfoncement, ma
tendresse n'est plus que précipitation, et je me suis retiré de ton ventre, je
me suis enfoncé, j'ai tout enfoncé dans ta bouche à te faire hoqueter
d'étouffementr et d'un silence forcé, et le regard fixe et langoureux au rythme
du dernier mouvement, j'ai voulu ensuite voir ta gorge déglutir, ton corps
aspirer ma semence et tu as plus encore enfoncé ta main, puis dressée de vant
moi, tu mas offert ta touffe, ton sexe solitaire à ma main, que j'ai mise tout
entière, l'autre ne quittait pas ton c... et ainsi tu as planté ton corps à la
verticale de mon genou, et dans un travail titanesque, plus nue que
déhsabillée, les yeux jetés, les cheveux en soleil, dans une obscurité que
notre cavalcade sans retenue avait refaite, tu as coulé et hurlé de partout,
moi crispé à tes bouches, à tes ouvertures, à ta bave de partout, et toi
emportée et emportant tout. - Bonjour mon amour...
Nuit courte, dont je sors dans
le même désir que celui dans lequel j'entrais. Toi donc... Les oiseaux sont là,
avec la pluie, et je devine ton dos, ta blancheur tournés et que dans quatre
matins j'éveillerai. Bonjour, mon corps fin, mon corps de gloire et de plaisir
; bonjour, persévérance du destin ! Bonjour et grande journée dans le secret de
tes vêtements, dans l'ombre de tes méditations, dans le feu et les lumières que
noys allumerons ensemble, au plus vif, au plus incandescent et or ou argent ce
soir, pour lentement, jeux de nos mains, de nos sourires et de nos lèvres,
faire tout décroître du monde autour de nous et rappeler l'univers qui fut nous
hier et ce matin, et redeviendra nôtre, quand nos jambes se retrouveront et
qu'à la tiède liaison de nos ventres renaissants, nous les emmêlerons, les
ferons se toucher, s'étreindre et se croiser, se durcir et que nos bouches, se
retrouvant, donneront le signal affirmatif que nous nous étions attendus, tout
ce jour et ces quatre jours encore. Bonjour ! [ii]
Il est minuit, je vais
m'endormir, songeant, voyant ton corps quand nous nous aimons, et surtout dans
les surplombs que tu m'as livrés ici. A reprendre dès la nuit du 5. Tu sais
aussi que je pense à tous ceux qui te sont chers, quels qu'ils soient, de ta
famille de sang, de ta famille des souvenirs et de l'affection, de ta famille
étrangère mais respectueuse de toi et de tes itinéraires (la Déf...), que je te
comprends et te pénètre d'âme, comme nous aimons à nous pénétrer de toutes les
manières, de toutes les envies et de tous nos pleurs et sourires. [iii]
Je pense à toi corps et âme,
corps surplombant, surplombé, visage, regard et cheveux quand... et ton âme est
si belle puisque tu sais (et veux) si bien m'aimer ! [iv]
Aucune femme ne m'aura donné
autant, en si peu de temps et avec une telle sollicitude, mais - plus encore -
aucune femme ne m'aura autant appris sur le coeur humain, et pas seulement féminin.
Tes réactions, tes intuitions, ta manière d'être, tes changements à vue, tes
pessimismes profonds, tes allégresses réelles, tes élans sont le plus beau
paysage moral et psychologique que j'ai jamais vu. L'étonnant est que tes
mensonges par omission, tes détestations, tes écarts ailleurs, tes
contradictions si fortes tant tu es ancrée à moi et tant tu peux t'émanciper en
un clin d'oeil, bref tout ce qui est d'habitude coté négativement, comme des
"péchés" ou des défauts, mais je n'ai jamais regardé ainsi, et c'est
l'ensemble des traits qui fait l'être que nous aimons, c'est affaire de couleur
et d'apparence, mais enfin tout cela je le vois comme l'essentiel de toi : une
sincérité étonnante, même ta désunité que souvent mon comportement, tes doutes
ou tes attentes à mon sujet provoquent, sont la marque d'une cohérence, d'une
logique et d'une puissan ce dont peut-être tu n'as pas idée. Bref, tu
m'émerveilles et tu existes pleinement, si fortement... [v]
Je trouve ta lettre des jeudi
et vendredi dernier, avec le beau timbre de l'UNICEF, à la poste maintenant, et
te réponds un peu... tout de suite, au soleil magnifique sur la terrasse,
pignon sud (la maison devient belle parce que rangée, même s'il me manque et la
cuisine cf. P de quoi faire ma salle-à-manger "brésilienne" cf. F,
mais c'est déjà bien, et puis la nature autour de nous, le silence total, les
oiseaux d'une beauté bouleversante. L'amour est indéfinissable, et je crois, je
commence de comprendre que quand on le désire de loin, sans aimer encore, ou
quand on identifie ce sentiment ou cette relation en l'attribuant à ce que l'on
vit, on n'est pas encore dans le vrai. Je ne sais même pas s'il faut
l'identifier, le voir ; il n'y a pas de modèle. Saches que quand tu crois me
dire ou m'avouer ou me répéter des sentiments, des sensations qui
m'éloigneraient de toi, c'est tout le contraire. Je n'ai jamais été aussi
proche de quelqu'un, aussi en confiance. Tu n'es pas tonique pour toi-même, tu
ne l'es pas toujours dans l'instant avec moi, mais ta présence globalement,
mentalement, spirituellement, sensuellement, toi présente dans ma vie, surtout
dans ma vie depuis mon retour en France, est tonique. Tu me sauves de la
solitude, du désespoir, tu me fais parler, tu me fais désirer, te désirer, tu
me houspilles, tu me fais m'interroger sur l'essentiel, et ce que je trouve à
propos de l'essentiel, c'est toi qui m'y as conduit. Donc, pas de questions en
toi-même de ce genre : tu es aimée, et tu es indispensable... Que ce que tu as
appris de moi, sur " une autre femme " dans mes projections diverses,
et dont tu as découvert la persistance et l'évanescence dans des carottes
archéologiques, fasse une rupture en toi, que tu aies cru devenir
"folle", que tu ne sois pas dans un état normal (il y a aussi ta
famille, ta situation de bureau... Ton frère, ton père, ta mère, ta manière de
lire la vie), je l'admets. Que moi, tout autant ou plus encore, je ne sois pas
non plus normal : c'est évident. Tant de dimensions d'une existence que je
croyais assurées, même si ce n'étaient pas vraiment les miennes, m'ont été de
force retirées...
Ta lettre d'à présent fait en
moi un son très inhabituel ; d'ordinaire tu me touches, me bouleverses par
toi-même, par ta puissance d'amour (que j'aime, désire et apprécie, mais
peut-être trop égoïstement). Cette fois, il me semble qu'il y a une telle
ouverture, que nous sommes au seuil d'un dialogue possible et exceptionnel.
Nous tâcherons de le mener ensemble, ici-même sans doute, et je garde en vue ta
lettre pour cela. [vi]
Ton corps longiligne et pâle,
ton magnifique regard, tes exigences à tous égards. Notre plaisir, les vues
l'un de l'autre, la pénétration l'un de l'autre. Nos bouches, nos mains, nos...
Le-chien chasse le lapin et en mange... et méritera de nouveau un bain. Nous
avons un vent constant depuis ton séjour, ce soir une tempête est prévue ; il
pleut presqu'autant. J'ai envie de toi, je vais bien. Le fil que tu penses que
je romprais, je suis dessus moi-même et je ne sais comment il résiste.
Rappelles-moi cette nuit ou demain matin, ou bien chez toi-chez nous, selon ton
envie, et tes possibilités. Si tu ne le fais pas, je sais tout autant ton amour
et ta force vers moi. Et tu es en moi ! Profites du dépaysement (la langue
chuintée), de tes chers parents, de la plage aux aurores, entre les barques, la
falaise, la vague : du sable ! [vii]
Imagines, j'imagine une
pose que nous ne prenons que rarement. Je suis ainsi assis les jambes
allongées, adossé au haut du lit, et tu t'es ouverte nue en t'asseyant sur mes
cuisses ; ton sexe est très ouvert, peut-être une goutelette de notre début
d'éteinte, ses lèvres sont très apparentes, je les prends entre mes doigts,
j'enfonce ensuite un doigt dans ton sexe, j'ai l'autre main dans la raie de tes
fesses, tu gémis, tu cherches ma bouche, tu cherches aussi mon sexe, il a des
spasmes, des raideurs et des frémissements à hauteur de ton nombril, il te bat
le ventre, tu t'avances un peu, tu le prends à frotter les poils au-dessus du
sexe, à passer doucement entre tes lèvres, celles-là, tu ne l'introduis pas, tu
le passes entre chacune des lèvres et le revers de la cuisse, tu attends, je
suis attentif mais je n'en puis plus. tu me fais attendre, tu te relèves, tu
t'accroupis, tu prends le sexe, notre sexe dans ta bouche, je te demande de te
retourner, je m'étends un peu, j'enfonce trois doiugts dans ton sexe tandis que
tu me suces, puis ma langue à la raie de ton c... l'anneau est petit, mais
moins serré, moins verrouillé, je repasse la langue, le doigt humide, une
prochaine fois nous essaierons, il faut que tu réfrènes ta pudeur, que tu
oublies tout, que tu t'habitues à un doigt, puis à un doigt qui s'enfonce, qui
remue, et un jour, un soir, une nuit, un instant, mon sexe là, par là, en toi.
Je ne sais ce que nous ressentirons, je ne l'ai plus "fait" depuis
dix ou quinze ans, et toi, jamais à ce que tu me dis. un hurlement ? Une
déchirure, un bien-être indicible. Et toi, tu sais que j'aimerai ton doigt
ainsi en moi, que j'aimerais quand je suis sur toi, que tu écartes au maximum
mes fesses, et que tu y mettes parfois un doigt, entre, très profondément, même
si ton ongle me fait un peu mal. Mais tu reviens, tu reviens taseoir, sur mes
cuisses, je me réadosses, et lentement tu ajustes nos sexes l'un dans lautre.
Tu es debant moi, à la place de cet ordinateur, je suis un peu plus bas de
visage que toi, nous nous regardons, nous regardons dans nos yeux, à nos fronts
le plaisir auquel nous tâchons de résister, tu dois te sentir totalement
ouverte, totalement écartée, peut-être pas pénétrée aussi profondément qu'autrement,
mais tes seins sont à mes mains, tes cuises, le revers de tes cuisses et de yes
fesses, les parts les plus douces de toi sont sur ma peau. Mon sexe est en toi,
nous remuons à peine mais c'est assez, et je giclerai en toi, ou me
reprendras-tu dans ta bouche, comme tu sais la faire douce, chaude, profonde,
brûlante, et j'aurais ma langue à ton c... mes mains à tes seins quand je
jaillirai dans ta gorge, que je sentirai frémir le trou de ton c... et je me
retournerai peut-être, ayant encore de force pour me réenfoncer en toi, dans on
sexe, y revivre, y reprendre consistance. Mes mains à ta nuque, mes yeux à tes
yeux, ainsi tandis que je t'écris et t'adresse quelques photos de nos jours de
plantation, je te regarde et te désire, le sexe fort, dressé et à toi, qui
n'était rien quand j'ai commencé de t'écrire ainsi. ... Dans ton lit, le
parfum, la trace. [viii]
Toi, ton corps, ton âme, la
volupté de ta bouche, de tous tes liquides, et ton regard. Ta voix. A très vite
donc...[ix]
Rêveuse attente, espérance de
ton appel téléphonique autour de 09 heures, dans le petit lit blanc . . .
Il sommeillait. Les paupières
closes, allongée à son côté, les mains inoccupées et inertes, elle songeait
aussi. La torpeur n'était ni du matin, ni de la nuit pour un réveil vague et
soudain. C'était imaginaire et intemporel. Aller et venir au ventre de l'homme
qu'elle aimait et connaissait, dont elle ne savait pourtant pas toutes les
réactions ni les envies. Elle ne le voulait pas, c'eût été la caresse rêveuse
et banale, une sorte de tricotis des doigts dans les poils du pubis, un chemin
à imaginer des pieds nus sur du membre et ce serait le ventre de l'amant, qui
respirait doucement, lentement, avec confiance, là, dans ce lit étroit, dont
elle avait le côté-mur. Elle s'étira en silence, s'agenouilla sur ses talons,
tira le drap. Il faisait chaud, on entendait régulièrement la longue glissade
métallique du métro, parfois les chariots en bas sur les pavés de l'impasse
ajoutait à la rumeur des voix, mais on n'entendait distinctement que le passage
rare d'une voiture ou le retour de l'homme tirant à vide sa planche à
roulettes. Il continuait de dormir, la tête de profil, le corps complètement
détendu. elle esquissa de la main à plat tout le geste d'aller de son visage à
ses pieds, sans s'arrêter, qu'à peine au sexe qui gisait flacide et enfantin.
Elle attendit. Le désir en elle faisait des ronds, des impatiences qu'elle
savait ne pouvoir décrire ni à elle-même qui les ressentait sans un mot qui
soit adéquat, ni à l'amant pour qui, ainsi que pour tout homme, si fin et
intuitif qu'il soit, le plaisir, l'envie de la femme restent un mystère, qui
n'est pas que de vocabulaire ni d'expression. Le métro, le chariot repassèrent.
Elle s'imagina qu'il pouvait, qu'il devait la regarder, qu'il souriait à son
tour, les lèvres trop fermées. Elle était agenouillée, donc, sur ses talons, le
dos creusé, le ventre bombant un peu, le sexe reposé mais ouvert, les fesses
écarquillées et elle sentait venir en elle le creux qui lui donnerait envie de l'homme,
d'avoir soudain le sexe masculin à son seuil, à l'humidité du seuil, à la
douceur tuméfiée et fine de ses lèvres intimes. Elle soupira puis passa une
jambe au-dessus des hanches de son amant, plaça sans lui effleurer le visage
ses pieds presqu'aux aisselles, cala ses genoux et baissa la tête vers les
orteils qui pointaient comme pour une leçon d'anatomie. S'il entrouvrait les
yeux, il la verrait ainsi, au-dessus de lui, les cuisses écartées en premier
plan, conduisant le regard vers la fente profonde et unie des fesses ouvertes
et du sexe, une ombre forestière, mouvante et silencieuse, qu'elle commençait
d'activer lentement parce que de la langue, elle-même remontait avec précaution
de chacun des doigts de pieds, vers les chevilles, s'attardant à une cicatrice
creusée, aux genoux, qu'elle relevait légèrement pour mieux les embrasser de la
bouche. Ele imaginait son regard apercevant dans un lointain vague ses seins
qui pendaient, qu'elle faisait parfois trainer de la pointe le long des cuisses
qu'elle travaillait à présent. Elle parvint ainsi à l'entre-jambe, le sexe
avait changé, il branlait doucement, elle ne le toucha que du nez, passa son
propre visage entre les testicules et les cuisses, s'attarda aux odeurs de la
nuit, aux relents du sperme mêlé des humeurs féminines de la veille. Le sexe
avait relevé la tête, s'était décolleté de soi-même. Elle le comtempla,
redressée. il devait regarder la tombée des fesses, les poils du sexe à revers,
la ligne nette et verticale qui prolongeait la colonne vertébrale, elle
devinait à l'immobilité sourde de ses mains que le sommeil ne se prolongeait
plus qu'en apparence volontaire. Le ventre de l'amant se durcit d'un coup, elle
vit courir l'onde, frissonner tout l'homme et sans plus attendre ni composer
une autre attitude, elle prit le sexe tendu et fit couler sa salive jusqu'à la
toison, montant et descendant, entourant de plus en plus fort la hampe qui
répondait par un durcissement égal. Elle sentit alors les mains désirées venir
à son ventre à elle, desssiner l'aine, passer au revers, caresser lentement le
blanc de la chair, puis tâtonner, trouver la couture et le bouton du seuil.
Elle commença de béer, d'hésiter, elle sentait autant son sexe, le creusement,
une respiration qui lui échappait, qui cernait et gonflait tout le bas de son
corps et le sexe masculin qui répondait et vibrait au fond de sa gorge. Ils
allèrent ainsi quelque temps. Il voyait ses épaules tomber puis se dresser, sa
tête agiter une chevelure déliée, quand elle reprenait haleine, puis la voûte se
refaisait ; entre les cuisses que la pénombre blanchissait et adoucissait
encore, il apercevait fugitivement la fuite des seins, pendus, autonomes, comme
des outres courtes et valvaires, et le menton presqu'aussi rond qui absorbait
la tige. Il n'y eût ni rupture, ni arrêt du rythme, de leur respiration devenue
commune, elle avança à peine, et, droite de tout son buste, les jambes aussitôt
allongées, elle était assise, totalement empalée sur le sexe. le silence se
fit, ils atendirent encore, elle se retourna, lui fit face, les sexes s'étaient
dépris, rageaient en tempête de leur manque, elle les remit en place, à leur
unisson, elle fondit dans sa bouche, il n'y avait plus que du bleu à leurs
yeux, à leur visage, et leurs lèvres, leurs joues avaient le goût des premières
sudations du sperme moins épaisses et nettes que les liqueurs de l'amante. Ils
imaginaient de l'orange et du rouge, des succions et des tortures, à épée vive
et dégainée, se faisant, se défaisant, haletant, dans une parfaite coincidence
des volumes, de la peau ; leurs sexes devenus tellement communs, unique soudain
que c'en était une grâce à ne plus pouvoir respirer ; un glissement unique, une
sensation de douceur, d'échauffement et de liquéfaction tant était lisse,
liquides presque, et pourtant si durcies et sensibles les surfaces qui
s'embrassaient si intimement. Le paradis peut aussi être dans la durée, il leur
était accordé. Il voyait au bas ventre de la femme dont le désir exacerbait le
sien et que signifiait une langue de plus en plus oprécise et impérieuse contre
la sienne, cernant, sculptant, reprenant, entourant la sienne, il voyait la
noirceur magique et cendré des poils entourant son vît, il voyait celui-ci
revenir au jour hésitant et luisant, se perdre à nouveau avec décision dans le
corps qu'il semblait posséder tout entier. La douceur pâle des seins, de tout
le visage qu'était devenu le corps qui lui faisait face lui amenait aux yeux
les larmes de la reconnaissance. Il eût voulu être tout autre et à un tout
autre moment pour seulement murmurer sa tendresse, regarder lentement mais
partout, comme en visiteur timide et clandestin, ce corps qu'il ne maîtrisait
plus, qui avait enfourchait le sien, le dépassait dans une course dont
l'aboutissement allait lui échapper. La tension était celle d'une tombée qu'ils
savaient proche, et qui serait d'un vertige total. Ils avançaient de plus en
plus dépossédés, couraient vers l'abîme. Elle ne regardait que son visage de
plus en plus lointain, de plus en plus embrûmé, elle s'imaginait les mains à l'encolure
d'une monture fantastique, le corps transpercé jusqu'à la gorge, ouvert plus
qu'aucun ventre dans aucune extase, dans aucun écartèlement d'aucun
accouchement ne le serait jamais. Elle avait, entrant en elle, pénétrant à
chaque temps nouveau d'une cadence qui s'accélérait et s'approfondissait, la
sensation que l'univers entier, comme une boule géante, mais n'était-elle pas
encore plus vaste que l'univers, n'était-elle pas devenue le monde dans sa
totalité, en tous sens, et pour les siècles de l'éternité depuis les premières
naissances, comme une boule géante, un oeuf effilé, merveilleux, énorme et
délicat, entrait en elle, y cherchait avec puissance, volupté et grâce la place
préparée, la place attendue. Et l'amant était ce monde, et elle était ce monde
et ils allaient se confondre. Elle ne jouissait pas à un point précis de leur
course, elle luttait contre son propre mouvement se s'effondrer soudain en
pleurant, le couvrant des cheveux qu'elle aurait renversée en coupole sur son
front et ses yeux. Elle savait alors qu'il ne tiendrait plus, que le pal qui
avait fait leur bonheur, qui avait ouvert le chemin, qui avait récité son rôle,
d'abord pieusement, au seuil juteux, éclairé des quelques gouttes du désir
qu'elle avait déjà, puis qui avait pénétré sans permission mais sans interdit
non plus, un peu ébahi et gauche d'abord, allait maintenant se transformer en
une gerbe inconnue, définitive. Elle ne pouvait plus que lui ce que pouvait
être, au centre obscur et flamboyant de son monde intérieur, le gigantisme
éphémère du désir masculin, une caverne immense, ou bien la faille resserrée,
si resserrée qu'avait atteinte ultimement ce que d'autres, bien brièvement et
sans divination, appellent un sexe d'homme. Une coulée brève, un appel
longiligne, infini decontinuité, de finesse, de longueur que serait le sperme
jaillissant, puis hâletant à plusieurs reprises ? ou bien la solitude de
quelque geyser, si à ce moment-là, elle s'était dégagée, ouverte, creuse,
luisante, en sueur, sans souffle, pour méconnaissable, crispée et en pleurs, se
retourner promptement et au dernier spasme recueillir, toutes leurs salives et
leur bonheur mêlés, la goute chaude et saline, humoreuse de l'acquiescement
masculin qu'elle avait, avant leur mutuel éveil, gentîment prié ce matin. Elle
lui sourit, il passa une ultime fois les mains au rond de ses cuisses, à ses
fesses, et le bras devenu mou, il laissa tomber au long des cuisses le trait
inerte qu'il avait si langoureusement décoché. Elle se cala contre lui, chercha
les humeurs de leurs ventres, et se rapprochant encore, remit leurs corps
qu'elle sentait encore unis, bien à l'amplomb l'un de l'autre. Plus tard, il
gémirait, elle lui présenterait le dos et les fesses, et - elle aimait
l'habitude qu'ils en avaient prise -, il viendrait badigeonner de leur bave
intime avec le sexe revenu à l'enfance, la raie de ses fesses, restée grasse de
leur sueur et de tous leurs mélanges...
................................................................
Oui, quand l'évocation,
abstraite, est aussi intense, combien je préfère ne pas me masturber dans ta
seule pensée et les images de toi, de nous - quoique je ne vois et n'imagine
que toi - mais au contraire t'écrire ainsi, et... Tu me diras comme et quand tu
le voudras, ce que tu imagines quand toi aussi tu rêves et songes et nous vois,
te vois, me vois et nous désire ensemble, et ainsi. Tu me diras aussi si me
lire de la sorte... et comment...
11 heures bientôt - J'aimerai
qu'à notre revoir, tu puisses me raconter beaucoup de choses, beaucoup de
sentiments, beaucoup d'aventures intérieures et aussi des paysages que tu auras
aimés, même et surtout si cela t'aura conduit à d'autres images, rêves et
nostalgies intérieurs. Tu sais combien j'ai ragé que la télécopie de ton
hôtel soit si malaisée à atteindre. C'eût été si bon de pouvoir communiquer,
souvent, tous les jours en temps réel. Je ne sais dans quelle forme tu me
trouveras à Nantes dans une semaine, maintenant. (...)
Comme tu m'es précieuse, comme
je t'attends et te désire ! Tant que t'écrire... ci-dessus n'a fait que
renforcer mon désir de toi, sans pouvoir en rien l'assouvir sans ta présence
réelle, mais de penser fortement à celle-ci... toi, nue, et ici, vivante,
vraie, tendue de corps, à genoux, me regardant, moi aussi dans ce petit lit, où
j'ai passé la nuit béatifique dont j'avais besoin : dormi de 21 heures à 06
heures, après la route très rapide de la veille, et l'avant-veille Quimper, car
Mme H. est une grande collectionneuse de faïence et porcelaines. Toi, nue
devant moi aussi, toi sur tes genoux, les seins ronds et petits (saches
absolument que je les aime, et qu'ils sont mon "type" de seins !),
j'aime imaginer l'ouverture de ton sexe quand rien encore ne se passe ni ne va
se passer, et avancer la main vers ton ventre, venir simplement à tes seins,
les faire durcir de pointes, aimer regarder ton sourire, car tu ne chavires en
rien, tu me dis en souriant de ne pas me fatiguer, mais mon sexe monte déjà et
tremble devant le tien qui l'effleure et n'est pas loin. Je laisse ces larmes de
sperme à ton lit, pour que parfois tu quittes notre galette, le grand matelas
plat, l'autre décor de tant de nos larmes et pénombres, des échecs et des
hurlements de joie intérieure, le décor de ma reconnaissance et des peines que
je te fis -, et vienne aussi respirer ici, où tout fut toujours fête et où -
l'as-tu rétrospectivement avoué - tu eusses voulu qu'à ma première apparition à
ton sens, je te prenne, pas même déshabillée. A présent, simplement la caresse
de ta main, et comme en une simple promenade, mon sexe que tu prends et dont tu
te sers, le faisant glisser jusqu'à bien t'ouvrir, puis le mettant en position,
et toi alors te rapprochant, nous nous prenons au cou l'un de l'autre, et te
tirant à moi, tu t'enfonces mon sexe en toi, tu l'enfonces, le ressort un peu
pour ne pas plisser tes lèvres, tu y reviens, et nous sommes ensemble jusqu'au
bout. Je t'aime... Non, tu n'es pas un objet sexuel, mais une femme totale dont
j'adore le corps, le désir, et le sourire, dont j'aime tout. Et toi, liquide et
au regard, aux yeux bleus, toi pâle et fine de sexe, à peine rosie du noeud
intime de ton c... que je veux mieux connaître et un prochain jour ouvrir,
arrondir, faire aspirer mon sexe ; pour nous ainsi l'inconnu sans mémoire et
ton cri peut-être, dit-on, et moi la sensation, mais je ne sais plus, et c'est
toi que je veux ainsi.
L'autre jour, à Reniac, toi debout
au-dessus de moi couché, la hauteur et la fuite de tes jambes, et comme toi
abritant et attisant mon désir, les deux cercles de tes fesses, la poutre
maîtresse et fictive, là où l'on sait que fermé parce qur tu es debout, se
trouvent ton sexe et ses portes, et non loin le petit trou... attitude.
Je commence donc la part extérieure
de cette journée par la poste vers toi. En bonne forme, et plein de toi.
Profites à fond de ce Portugal que peut-être tu auras commencé de découvrir par
quelque faille réciproque du pays et de ton esprit. Et aussi de tes parents, et
sois assurée de ma joie de notre revoir. [x]
Je me sens parfois dans une
situation tellement précaire, ou tellement au moment de la balle de match
(puisque Roland-Garros) que j'en ai le vertige. Mais j'ai tellement à écrire et
à ranger, et puis les visitations de Dieu fugitif et présent en moi, que je ne
tombe finalement pas. On voit bien les tentations dans notre mode d'existence
humaine : se recroqueviller, vivre d'un instant à l'autre (la bouffe et la
fesse, en permanente concupiscence pour sombrer dans l'apathie : comme c'est un
itinéraire difficile malgré tout, il y a l'alcool. Je frôle les grandes
tentations de la psyché quand elle perd le sens - ou l'illusion, dirais-tu...).
Je ne sais comment t'imaginer
entre tes parents, ou partageant une chambre avec ta mère, ni te voir sur les
remparts d'Albufeira, ou descendant - si tu étais lève-tôt - l'escalier plat
vers la plage et les bateaux. L'as-tu fait quand le sable est humide de la nuit
et qu'il n'y a plus de traces de pas ? Mais j'ai ton visage, tes yeux, ce
regard un peu étonné et teinté, presque dilaté parfois d'un humour amoureux et
interrogatif. Je t'aime ainsi. Et nue naturellement, aussi...
Avec
toi, en pensée, en coeur, en corps. [xi]
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