lundi 9 juin 2014

compilation - l'âme du sexe (4)



V



                             AD EAS

















                        Que tu es compliquée, que tu es devenue encore plus compliquée. Que tu n'aimes plus que je t'écrive à Strasbourg, alors que naguère j'ai dû certainement t'y écrire et pas seulement t'y appeler. Mes appels à Bagnères étaient bien plus compromettants, et comment peux-tu ne pas avoir mon prénom à tes lèvres ? si, parfois, me disais-tu, tu as mon sexe à tes lèvres, à ta bouche, et encore mon souvenir ou le projet de moi idéalisé dans le coeur et la tête, à tel point que cela fonde ton obsession et tes reproches. Ne cherches pas l'amour sous la forme que tu veux et imagines, et trouves-le là où il est, pour t'en délecter. Prends des initiatives, souris-toi à toi-même sans que cela emporte immédiatement toute une conception de la vie, mais par franchise vis-à-vis de toi-même car tu me dis alternativement que tu ne me survivrais pas, que tu serais déjà "partie" s'il n'y avait les tiens, et en même temps que ne plus penser à moi est possible si tu ne me vois plus, et cette affirmation veut bien dire que tu l'envisages, que tu l'as même décidé à plusieurs reprises, et que donc tu survivrais. Je ne veux pas dialectiser ce soir, ni sans doute jamais car la vie du coeur et celle de la chair, de l'âme, de notre identité n'est que si partiellement raisonnante. [i]

                  Je travaille intellectuellement moins que je n'aurais voulu et que j'avais prévu ces trois semaines de notre séparation, mais j'avais tant à mettre en ordre en moi-même et dans cette maison, ce qui n'est d'ailleurs pas fini. Cela a levé un certain préalable, j'ai surtout compris que je ne me sauverai que moi-même, qu'il me faut chercher et trouver ailleurs, accumuler du faire, du concret. Le reste bougera, je ne sais comment ni quand... et dans cette nuit où tu dors déjà, mais si loin, et dans ce lit, où tu seras dans quatre nuits, je reviens à toi...

                  Oui, mon sexe dans ta bouche, à bouger, à se gonfler, à être heureux d'être saisi et doucement palpé par tes lèvres, à sentir la prise de tes doigts au plus gonflé des artères, au plus dur de la racine, à sentir et tressaillir que du bout du doigt tu touches et passes et repasses sur la petite fente au haut de sa tête, oui mon sexe s'enfonçant et revenant dans ta gorge, dans ta bouche, pour en ressortir, liquide de ta salive et promener celleci, l'étaler doucement autour de la pointe de ytes seins, puis aussitôt sur tes paupières fermées, dans le vcreux de tes oreilles, et revenir à nouveau à tes lèvres fermées, puis ouvertes, car tu sais retenir tes dents, tu sais n'être que moiteur, chaleur liquide et tout accueil. Tu te retournes, et je prends la vue de tout toi, de dos, à quatre pattes, cambrée, les reins creusés au maximum, les cuisses tendues mais entrouvertes, ton sexe ouvert avec des larmes blanches entre les poils : notre suc commun pour t'avoir déjà pénétrée un instant, après avoir empli ta bouche, après avoir testé tes lèvres, celle de ton sexe. Tu es ainsi, comme enchaînée à une attente, la tête levée comme pour un hurlement muet, et je suis derrière toi, le sexe dur que je promène au doux revers de tes cuisses, du creux de l'articulation de tes genoux, jusqu'au pli horizontal de chaque fesse, dou pli commee celui d'une étoffe qui al'habitude de ce pli. Il y a la fente verticale et ombrée de ton sexe, gonflé comme deux outres, comme deux revers de portes de tentes au désert, seule l'humidité de ton désir les tient unies, tant ausitôt entrée on serait au plus vaste de ton offrande et de tonaccueil, mais je m'incline à ce seuil, à ton seuil, et n'enfonce que ma langue, la saveur est autre, je l'adore, comme j'adore tête à queue 69, que tu me reprennes allongée tout le sexe, la main à mes c..., le doigt peut-être à s'enfoncer dans ma fente et jusqu'au puits étroit, ce que tu ne fais presque jamais, vas-y, enfonces le plus avant possible ton doigt le plus long, même s'il y a l'ongle, et sens l'anneau de mon c... se fermer sur ton doigt et vibrer, et moi la langue dans ton sexe, puis revenant au petit bouton. Mais c'est de toi ainsi liée à toi-même, ne m'offrant que de dos ton sexe, ton cul, la raie avec un peu de rougeur de cette intimité qui s'est dilatée, et ce que je vois seul, et que tu n'as jamais vu, noué, fermé, en une sorte de vrille pâle et crispée, le plus intime de toi-même, ton trou, ton petit trou, où jamais encore mon sexe ne s'est enfoncé, il y faudrait force totale et autant ton appréhension pour que tu en jouisses sans distinguer si c'est de glace ou de feu ce qui vient d'un coup en toi, comme une déchirure irréparable et qu'on dit bouleversante à hurler (est-ce la même chose aussi pour les hommes entre eux ? est-ce cela la nostalgie du doigt enfoncé ? est-ce cette sensation, cette certitude qu'on ne puisse aller plus loin dans la possession, dans la possession de soi-même quand on est possédé, car tu le sais, même ni nous ne nous le disons pas à ces instants, plus on est possédé, plus on possède) et voici ma langue toute chargée de ton suc, de notre salive et peut-être d'un sperme d'avant, qui vient de ton sexe à la raie et vite, sèchement, comme en reconnaissance, monte de vertèbres en vertèbres vers ta nuque, et mon ventre bascule à tes fesses, et mon sexe butine entre tes genoux, tandis que je vais t'embrassant ainsi et teprenant les seins, et arrondissant leur masse, et vérifiant leur pointe, et oparvenant à tes cheveux, et y comblant mon envie d'odeur et de toute la senteur de tes parfums d'habit, avant de redescendre me recharger des odeurs autres, puis de ton sexe, très lentement, ma langue parcourt les distances de notre plaisir de la fente qui, dans ce sens, n'est pas aussi compliquée qu'en avant, pas aussi herbue, pas aussi gardée, qui est plus fruste, plus directement en ravin ouvert vers le fond, et de là, je viens à ton c... un peu plus rose, que le pâle de tes fesses, un peu moins que le soulignement vertical de leur écartement. J'ai arrêté ma langue, le parfum est unique, qui n'est ni ton sexe, ni ta bouche, ni le creux de tes oreilles, ni la nuque, une âcreté dont j'ai envie, une exiguité où je voudrais m'infiltrer, et ma langue tente l'impossible, sans doute tu vibres mais t'ouvriras quand je viendrais réellement. ce soir, le sexe gonflé, je rêve de toi, et raconte notre histoire prochaine, et toi ? tu m'as en toi dis-tu... sais-tu que j'aime ton plaisir, j'aime ta course, le sexe ouvert, étalé, coulant, donné à mes genoux, à mes cuisses, qu'il blesse presque, j'aime l'imagination de ton glissement, de ton ébranlement, de ton galop ainsi décuplés dans mon esprit fou, tandis que je contemple tes yeux qui s'assombrissent, tes cheveux qui ont la folie des chevaux de légende nocturne, et j'imagine de nouveau ce que serait la vue inverse, de ton galop, de ta course sur mon genou, quand vu de dos, ton dos en sueur et courbé par la tâche et l'attente, offrirait tes fesses tantôt ouvertes, tantôt fermées, et dans l'ombre de tout, il n'y aurait plus que l'arrivée latente d'une autre dimension, celle où lâche le coeur et où il n'y a plus que les sons mélangés, que les liquides dont on ne distingue plus s'ils sont nos fantasmes, notre sueur, nos salives, ou bien d'un coup quand tu l'as voulu, ton empalement sur mon sexe, et la folie saccadée et rapide du but. Pourtant, toi comme moi, savons bien la grande douceur d'avoir tout devant soi encore quand le gonflement réciproque de nos sexes, l'attention tendue de nos ventres quin se touchent à leur bas, de poils et des duvets qui se raidissent, se mélangent et s'humectent à la jonction de tes lèvres et de mon membre et que lentement nous avons la conscience de coincider, d'y revenir chaque instant, chaque fois, chaque enfoncement nouveau, plus justement, plus délicatement, plus précisément. Ah ! cette exactitude de te pénétrer, de me sentir tout entier à ta mesure, à ton attente, à ta dimension dans une chaleur et une présence, une aisance et une facilité sombre et multicolore, intime comme un rêve, intime comme un retour aux sources, et me cramponner à ce qui me vient de toi, et des doigts chercher d'autres accroches et d'autres aproches de ton plaisir et de tes frémissements, prendre à les écarteler, à les détacher de ton buste, tes seins que j'aime, prendre leur pointe, tenter de tâter chacun des grumellements qui les entourent, venir aux poils à peine rasés sous tes bras et revenir au creux de tes fesses, tambouriner avec douceur sur la corde intime et tendue de cet arc, à sa courbe, entre sexe et trou du..., tout en continuant de m'enfoncer et de me reprendre. Lourdeur de mon souffle à ton oreille qu'il mouille, lourdeur du sexe à sa tête dans ton sexe, boutoir que je me sens être, écartement de tes jambes, de tes cuisses, de ton esprit, de ton âme, mais ne me perdre qu'en ton âme, que dans tes yeux ouverts, gicler, couler dans ton visage, dans ta tête, dans tes mains, dans ton histoire, dans ta prière. Grossir, m'ouvrir et pleuvoir sur toi, sur tes lèvres ouvertes et bourgeonnantes, ou alors précis et fiché en toi, ne partir de plaisir qu'en fusée commune pour une extase et une possession éternelle de tout l'univers parce que tu serais devenue moi, et que tu m'aurais totalement pris de ta bouche, de tes mains, de ton c..., de ton sexe, de tes yeux, ne partir en toi que pour t'emmener au plus lointain de nous, soudain atteint. Les jours et les nuits où je n'y arrive pas, où je n'arrive à rien, où je t'en veux et le dis parfois méchamment, pleurant de frustration et d'une mauvaise relecture, soudainement, de toute ma vie, je ne veux pas non plus les oublier, car ils donnent rétrospectivement tout leur sens au miracle de notre union, de notre réussite ensemble, au chef-d'oeuvre qui nous est commun : dans ta main, mon sexe s'est levé et a salué, au seuil de ton sexe, à tes lèvres de bouche et de ventre, mon sexe immobile a tressailli, balancé, branlé sa tête casquée, et déjà humecté, a enfoncé son envie, ton envie, mon envie dans ton envie. C'est ce miracle que lui-même salue, sexe chérie et encensé, et dans l'attente de cet autre, que nous savons moins bien raconter, dont on ne se souvient qu'en le vivant mais l'anticiper c'est déjà se mettre en route et à table, c'est déjà passer la main entre le ventre et l'étoffe à nos revoirs, c'est déjà ventre à ventre chercher de l'autre les fesses et bientôt la totalité de nudité. Oui ! cet autre miracle, une fois le désir bien installé, que ne reyombant pas, il nous amène au contraire quelque part, jamais identifié, mais toujours reconnaissable quand, lieu immense et fort, on l'entend soudain qui commence à venir et sera irrépressible. Ah ! l'instant où il n'est pas encore mais a déjà fait connaître la certitude de sa venue. L'humanité si elle n'avait été faite, conçue, créée que pour cet instant, que pour ce carrefour où toutes nos facultés et en fait l'amour se rencontrent, fusionnent, chantent, vibrent et coupent le souffle à toute vie pour en faire intensément prendre la conscience ; alors, la nudité, les gestes, les sensations sont oubliées ; nous sommes devenus ce que nous sommes initialement et ce que nous serons dans la totalité de la résurrection de la cbair, que nous anticipons là, par cette mort-là, par cette respiration soudainement coupée, par ce frémissement et ce qui nous parcourt et auquel nous ne pouvons rien et que nous ne saurions même désirer et encore moins susciter l'instant d'avant. Nous y sommes, loin de tout, surplombant tout, et la reconnaissance pour toi, pour toi qui m'a donné de me donner à toi, de t'accompagner, de t'écoûter jouir et frémir, qui m'a donné de me perdre, la reconnaissance me fait pleurer, inépuisablement. Le bonheur de pleurer dans tes cheveux, le sexe enfoncé, balbutiant dans le tien, la main encore dans la pose qu'elle eût juste avant l'extase.

                  Et tu dors tandis que je t'attends et te rêve, nous rêve ainsi, la main, les mains lâches et vivantes tandis que ton visage souffle doucement, que tes lèvres sont entrouvertes, que peut-être ton sexe suinte de quelques caresses que tu t'es données parce que j'avais, tout à l'heure, dans notre conversation par fil, esquissé en mots d'enfant ce chemin d'une langue d'homme de tes reins à ton cou, ce regard masculin sur la raie de tes fesses et l'envie de tout amant de lécher le plus intime de toi et de se faire prendre le plus durement son sexe devenu dur à de telle vue, à de tels itinéraires de mon visage à tout ton dos. Tu dors et dans quatre jours, ce sera différent mais tu me regarderas, tu auras tes yeux de la nuit, leur dilatation, alors tu te souviendras peut-être de ce dont nous avions envie ce soir, ton doigt s'enfoncera, ma langue rampera et le membre à tête casquée balancera encore devant tes yeux, aux ailes de ton nez, aux enroulements de tes oreilles. Que notre désir ne tarisse jamais, c'est le cri de l'âme.

                  Tu auras dormi finalement à plat dos, tu m'avais quitté te recroquevillant, gardant mon sexe jusqu'à sa disparition, son ultime retrait, tant qu'il restait, glissant lentement hors de toi, baveuse, nous deux baveux et moi la lèvres à tes cheveux encore, mon ventre à ton dos. Tu t'es retournée dans la fraicheur du latin, le pépiement commencé des oiseaux, une vague clarté dans tes yeux entrouverts un éclair, puis refermés, Ta main lentement à ton sexe, comme si celui-ci-restait entouvert bouffé de son propre sommeil, d'une sorte de déshérence le rouvrant doucement, deux de tes doigts maintenant une lègère ouverture, tandis que ma main avait frôlé le mien allongé, mou, évanoui, endormi, enfantin, à revers de mon ventre vers le nombril. J'ai posé ma main à ton ventre, à cette hauteur-là aussi, puis à tes seins, et doucement j'ai passé la main sur les collines et s'avivait, en une ondulation silencieuse, ta peau. Une pointe après l'autre, t poitrine est revenue. J'ai vu ta main se tendre à ton sexe et tes doigts remonter au haut de la fente, tu as vu mon sexe se dresser, et que j'ai écarté le drap, tu as vu la main deenue commune descendre et monter le long de ton sexe. J'ai eu envie de l'hésitation du mien, tout le long de la fente, l'hésitation de la petite tête casquée montant et descendant, se tuméfiant à faire saliver et se liquéfier ton corps là où il est secret, là où il bouge et frémit, et ne dort plus. J'étais dressé, à genoux entre tes cuisses et tu sommeillais toujours, un sourire à fleur de tes lèvres, comme l'ironie d'une bouche tenant quelque fleur encore invisible. Mon sexe a fait le signe de la croix, allée et venue affirmative à ton bas ventre, frôlant et appuyant sur tes poils, sur tes lèvres, les entrouvrant, tandis que tu cherches ma main et veux déjà l'enfoncer en toi, d'un seul coup, dans l'humidité, au tréfond de la source, du sombre, dans le bout de la grotte, jusqu'aux chambres moites et dégoulinantes, suintantes, où respire l'autre plaisir, où se garde le trésor de la mémoire d'hier et l'envie, l'écho déjà du retour qui s'y prépare, alléet venue négative que j'ai continué aux lèvres de ta bouche qui se sont entrouvertes, gonflées d'un acquiescement, et d'un seul coup, mon introduction en toi, d'un seul coup l'écart que tu ouvres dans le même instant de toutes tes jambes jetées au ciel tandis que mon sexe plonge dans ton sexe, que ma bouche plonge et remue dans ta bouche, que ma main pénétre au bas de ton dos, que mon doigt enfile un chemin invisible et refuse que tu l'en écartes et l'en sortes, que ta main vient à mon propre endroit, et de ton ongle tu sembles me couper la peau, tu enfonces et enfonces encore, tu découvres progressivement un puits, une coulée qui a sa sueur et tu vas si loin que tu sens ce que seuls les médecins ou les amateurs d'homme vont parfois chercher, tu me rends alors fou, et je voudrais m'enfoncer plus encore en toi, de tout mon ventre, de tout mon corps, je ne peux y parvenir autant que m'y pousse mon désir, et mon amour n'est plus que force et enfoncement, ma tendresse n'est plus que précipitation, et je me suis retiré de ton ventre, je me suis enfoncé, j'ai tout enfoncé dans ta bouche à te faire hoqueter d'étouffementr et d'un silence forcé, et le regard fixe et langoureux au rythme du dernier mouvement, j'ai voulu ensuite voir ta gorge déglutir, ton corps aspirer ma semence et tu as plus encore enfoncé ta main, puis dressée de vant moi, tu mas offert ta touffe, ton sexe solitaire à ma main, que j'ai mise tout entière, l'autre ne quittait pas ton c... et ainsi tu as planté ton corps à la verticale de mon genou, et dans un travail titanesque, plus nue que déhsabillée, les yeux jetés, les cheveux en soleil, dans une obscurité que notre cavalcade sans retenue avait refaite, tu as coulé et hurlé de partout, moi crispé à tes bouches, à tes ouvertures, à ta bave de partout, et toi emportée et emportant tout. - Bonjour mon amour...

                  Nuit courte, dont je sors dans le même désir que celui dans lequel j'entrais. Toi donc... Les oiseaux sont là, avec la pluie, et je devine ton dos, ta blancheur tournés et que dans quatre matins j'éveillerai. Bonjour, mon corps fin, mon corps de gloire et de plaisir ; bonjour, persévérance du destin ! Bonjour et grande journée dans le secret de tes vêtements, dans l'ombre de tes méditations, dans le feu et les lumières que noys allumerons ensemble, au plus vif, au plus incandescent et or ou argent ce soir, pour lentement, jeux de nos mains, de nos sourires et de nos lèvres, faire tout décroître du monde autour de nous et rappeler l'univers qui fut nous hier et ce matin, et redeviendra nôtre, quand nos jambes se retrouveront et qu'à la tiède liaison de nos ventres renaissants, nous les emmêlerons, les ferons se toucher, s'étreindre et se croiser, se durcir et que nos bouches, se retrouvant, donneront le signal affirmatif que nous nous étions attendus, tout ce jour et ces quatre jours encore. Bonjour ! [ii]


                  Il est minuit, je vais m'endormir, songeant, voyant ton corps quand nous nous aimons, et surtout dans les surplombs que tu m'as livrés ici. A reprendre dès la nuit du 5. Tu sais aussi que je pense à tous ceux qui te sont chers, quels qu'ils soient, de ta famille de sang, de ta famille des souvenirs et de l'affection, de ta famille étrangère mais respectueuse de toi et de tes itinéraires (la Déf...), que je te comprends et te pénètre d'âme, comme nous aimons à nous pénétrer de toutes les manières, de toutes les envies et de tous nos pleurs et sourires. [iii]

                  Je pense à toi corps et âme, corps surplombant, surplombé, visage, regard et cheveux quand... et ton âme est si belle puisque tu sais (et veux) si bien m'aimer ! [iv]


                  Aucune femme ne m'aura donné autant, en si peu de temps et avec une telle sollicitude, mais - plus encore - aucune femme ne m'aura autant appris sur le coeur humain, et pas seulement féminin. Tes réactions, tes intuitions, ta manière d'être, tes changements à vue, tes pessimismes profonds, tes allégresses réelles, tes élans sont le plus beau paysage moral et psychologique que j'ai jamais vu. L'étonnant est que tes mensonges par omission, tes détestations, tes écarts ailleurs, tes contradictions si fortes tant tu es ancrée à moi et tant tu peux t'émanciper en un clin d'oeil, bref tout ce qui est d'habitude coté négativement, comme des "péchés" ou des défauts, mais je n'ai jamais regardé ainsi, et c'est l'ensemble des traits qui fait l'être que nous aimons, c'est affaire de couleur et d'apparence, mais enfin tout cela je le vois comme l'essentiel de toi : une sincérité étonnante, même ta désunité que souvent mon comportement, tes doutes ou tes attentes à mon sujet provoquent, sont la marque d'une cohérence, d'une logique et d'une puissan ce dont peut-être tu n'as pas idée. Bref, tu m'émerveilles et tu existes pleinement, si fortement... [v]


                  Je trouve ta lettre des jeudi et vendredi dernier, avec le beau timbre de l'UNICEF, à la poste maintenant, et te réponds un peu... tout de suite, au soleil magnifique sur la terrasse, pignon sud (la maison devient belle parce que rangée, même s'il me manque et la cuisine cf. P de quoi faire ma salle-à-manger "brésilienne" cf. F, mais c'est déjà bien, et puis la nature autour de nous, le silence total, les oiseaux d'une beauté bouleversante. L'amour est indéfinissable, et je crois, je commence de comprendre que quand on le désire de loin, sans aimer encore, ou quand on identifie ce sentiment ou cette relation en l'attribuant à ce que l'on vit, on n'est pas encore dans le vrai. Je ne sais même pas s'il faut l'identifier, le voir ; il n'y a pas de modèle. Saches que quand tu crois me dire ou m'avouer ou me répéter des sentiments, des sensations qui m'éloigneraient de toi, c'est tout le contraire. Je n'ai jamais été aussi proche de quelqu'un, aussi en confiance. Tu n'es pas tonique pour toi-même, tu ne l'es pas toujours dans l'instant avec moi, mais ta présence globalement, mentalement, spirituellement, sensuellement, toi présente dans ma vie, surtout dans ma vie depuis mon retour en France, est tonique. Tu me sauves de la solitude, du désespoir, tu me fais parler, tu me fais désirer, te désirer, tu me houspilles, tu me fais m'interroger sur l'essentiel, et ce que je trouve à propos de l'essentiel, c'est toi qui m'y as conduit. Donc, pas de questions en toi-même de ce genre : tu es aimée, et tu es indispensable... Que ce que tu as appris de moi, sur " une autre femme " dans mes projections diverses, et dont tu as découvert la persistance et l'évanescence dans des carottes archéologiques, fasse une rupture en toi, que tu aies cru devenir "folle", que tu ne sois pas dans un état normal (il y a aussi ta famille, ta situation de bureau... Ton frère, ton père, ta mère, ta manière de lire la vie), je l'admets. Que moi, tout autant ou plus encore, je ne sois pas non plus normal : c'est évident. Tant de dimensions d'une existence que je croyais assurées, même si ce n'étaient pas vraiment les miennes, m'ont été de force retirées...
                  Ta lettre d'à présent fait en moi un son très inhabituel ; d'ordinaire tu me touches, me bouleverses par toi-même, par ta puissance d'amour (que j'aime, désire et apprécie, mais peut-être trop égoïstement). Cette fois, il me semble qu'il y a une telle ouverture, que nous sommes au seuil d'un dialogue possible et exceptionnel. Nous tâcherons de le mener ensemble, ici-même sans doute, et je garde en vue ta lettre pour cela. [vi]

                  Ton corps longiligne et pâle, ton magnifique regard, tes exigences à tous égards. Notre plaisir, les vues l'un de l'autre, la pénétration l'un de l'autre. Nos bouches, nos mains, nos... Le-chien chasse le lapin et en mange... et méritera de nouveau un bain. Nous avons un vent constant depuis ton séjour, ce soir une tempête est prévue ; il pleut presqu'autant. J'ai envie de toi, je vais bien. Le fil que tu penses que je romprais, je suis dessus moi-même et je ne sais comment il résiste. Rappelles-moi cette nuit ou demain matin, ou bien chez toi-chez nous, selon ton envie, et tes possibilités. Si tu ne le fais pas, je sais tout autant ton amour et ta force vers moi. Et tu es en moi ! Profites du dépaysement (la langue chuintée), de tes chers parents, de la plage aux aurores, entre les barques, la falaise, la vague : du sable ! [vii]


                        Imagines, j'imagine une pose que nous ne prenons que rarement. Je suis ainsi assis les jambes allongées, adossé au haut du lit, et tu t'es ouverte nue en t'asseyant sur mes cuisses ; ton sexe est très ouvert, peut-être une goutelette de notre début d'éteinte, ses lèvres sont très apparentes, je les prends entre mes doigts, j'enfonce ensuite un doigt dans ton sexe, j'ai l'autre main dans la raie de tes fesses, tu gémis, tu cherches ma bouche, tu cherches aussi mon sexe, il a des spasmes, des raideurs et des frémissements à hauteur de ton nombril, il te bat le ventre, tu t'avances un peu, tu le prends à frotter les poils au-dessus du sexe, à passer doucement entre tes lèvres, celles-là, tu ne l'introduis pas, tu le passes entre chacune des lèvres et le revers de la cuisse, tu attends, je suis attentif mais je n'en puis plus. tu me fais attendre, tu te relèves, tu t'accroupis, tu prends le sexe, notre sexe dans ta bouche, je te demande de te retourner, je m'étends un peu, j'enfonce trois doiugts dans ton sexe tandis que tu me suces, puis ma langue à la raie de ton c... l'anneau est petit, mais moins serré, moins verrouillé, je repasse la langue, le doigt humide, une prochaine fois nous essaierons, il faut que tu réfrènes ta pudeur, que tu oublies tout, que tu t'habitues à un doigt, puis à un doigt qui s'enfonce, qui remue, et un jour, un soir, une nuit, un instant, mon sexe là, par là, en toi. Je ne sais ce que nous ressentirons, je ne l'ai plus "fait" depuis dix ou quinze ans, et toi, jamais à ce que tu me dis. un hurlement ? Une déchirure, un bien-être indicible. Et toi, tu sais que j'aimerai ton doigt ainsi en moi, que j'aimerais quand je suis sur toi, que tu écartes au maximum mes fesses, et que tu y mettes parfois un doigt, entre, très profondément, même si ton ongle me fait un peu mal. Mais tu reviens, tu reviens taseoir, sur mes cuisses, je me réadosses, et lentement tu ajustes nos sexes l'un dans lautre. Tu es debant moi, à la place de cet ordinateur, je suis un peu plus bas de visage que toi, nous nous regardons, nous regardons dans nos yeux, à nos fronts le plaisir auquel nous tâchons de résister, tu dois te sentir totalement ouverte, totalement écartée, peut-être pas pénétrée aussi profondément qu'autrement, mais tes seins sont à mes mains, tes cuises, le revers de tes cuisses et de yes fesses, les parts les plus douces de toi sont sur ma peau. Mon sexe est en toi, nous remuons à peine mais c'est assez, et je giclerai en toi, ou me reprendras-tu dans ta bouche, comme tu sais la faire douce, chaude, profonde, brûlante, et j'aurais ma langue à ton c... mes mains à tes seins quand je jaillirai dans ta gorge, que je sentirai frémir le trou de ton c... et je me retournerai peut-être, ayant encore de force pour me réenfoncer en toi, dans on sexe, y revivre, y reprendre consistance. Mes mains à ta nuque, mes yeux à tes yeux, ainsi tandis que je t'écris et t'adresse quelques photos de nos jours de plantation, je te regarde et te désire, le sexe fort, dressé et à toi, qui n'était rien quand j'ai commencé de t'écrire ainsi. ... Dans ton lit, le parfum, la trace. [viii]

                  Toi, ton corps, ton âme, la volupté de ta bouche, de tous tes liquides, et ton regard. Ta voix. A très vite donc...[ix]


                  Rêveuse attente, espérance de ton appel téléphonique autour de 09 heures, dans le petit lit blanc . . .     

                  Il sommeillait. Les paupières closes, allongée à son côté, les mains inoccupées et inertes, elle songeait aussi. La torpeur n'était ni du matin, ni de la nuit pour un réveil vague et soudain. C'était imaginaire et intemporel. Aller et venir au ventre de l'homme qu'elle aimait et connaissait, dont elle ne savait pourtant pas toutes les réactions ni les envies. Elle ne le voulait pas, c'eût été la caresse rêveuse et banale, une sorte de tricotis des doigts dans les poils du pubis, un chemin à imaginer des pieds nus sur du membre et ce serait le ventre de l'amant, qui respirait doucement, lentement, avec confiance, là, dans ce lit étroit, dont elle avait le côté-mur. Elle s'étira en silence, s'agenouilla sur ses talons, tira le drap. Il faisait chaud, on entendait régulièrement la longue glissade métallique du métro, parfois les chariots en bas sur les pavés de l'impasse ajoutait à la rumeur des voix, mais on n'entendait distinctement que le passage rare d'une voiture ou le retour de l'homme tirant à vide sa planche à roulettes. Il continuait de dormir, la tête de profil, le corps complètement détendu. elle esquissa de la main à plat tout le geste d'aller de son visage à ses pieds, sans s'arrêter, qu'à peine au sexe qui gisait flacide et enfantin. Elle attendit. Le désir en elle faisait des ronds, des impatiences qu'elle savait ne pouvoir décrire ni à elle-même qui les ressentait sans un mot qui soit adéquat, ni à l'amant pour qui, ainsi que pour tout homme, si fin et intuitif qu'il soit, le plaisir, l'envie de la femme restent un mystère, qui n'est pas que de vocabulaire ni d'expression. Le métro, le chariot repassèrent. Elle s'imagina qu'il pouvait, qu'il devait la regarder, qu'il souriait à son tour, les lèvres trop fermées. Elle était agenouillée, donc, sur ses talons, le dos creusé, le ventre bombant un peu, le sexe reposé mais ouvert, les fesses écarquillées et elle sentait venir en elle le creux qui lui donnerait envie de l'homme, d'avoir soudain le sexe masculin à son seuil, à l'humidité du seuil, à la douceur tuméfiée et fine de ses lèvres intimes. Elle soupira puis passa une jambe au-dessus des hanches de son amant, plaça sans lui effleurer le visage ses pieds presqu'aux aisselles, cala ses genoux et baissa la tête vers les orteils qui pointaient comme pour une leçon d'anatomie. S'il entrouvrait les yeux, il la verrait ainsi, au-dessus de lui, les cuisses écartées en premier plan, conduisant le regard vers la fente profonde et unie des fesses ouvertes et du sexe, une ombre forestière, mouvante et silencieuse, qu'elle commençait d'activer lentement parce que de la langue, elle-même remontait avec précaution de chacun des doigts de pieds, vers les chevilles, s'attardant à une cicatrice creusée, aux genoux, qu'elle relevait légèrement pour mieux les embrasser de la bouche. Ele imaginait son regard apercevant dans un lointain vague ses seins qui pendaient, qu'elle faisait parfois trainer de la pointe le long des cuisses qu'elle travaillait à présent. Elle parvint ainsi à l'entre-jambe, le sexe avait changé, il branlait doucement, elle ne le toucha que du nez, passa son propre visage entre les testicules et les cuisses, s'attarda aux odeurs de la nuit, aux relents du sperme mêlé des humeurs féminines de la veille. Le sexe avait relevé la tête, s'était décolleté de soi-même. Elle le comtempla, redressée. il devait regarder la tombée des fesses, les poils du sexe à revers, la ligne nette et verticale qui prolongeait la colonne vertébrale, elle devinait à l'immobilité sourde de ses mains que le sommeil ne se prolongeait plus qu'en apparence volontaire. Le ventre de l'amant se durcit d'un coup, elle vit courir l'onde, frissonner tout l'homme et sans plus attendre ni composer une autre attitude, elle prit le sexe tendu et fit couler sa salive jusqu'à la toison, montant et descendant, entourant de plus en plus fort la hampe qui répondait par un durcissement égal. Elle sentit alors les mains désirées venir à son ventre à elle, desssiner l'aine, passer au revers, caresser lentement le blanc de la chair, puis tâtonner, trouver la couture et le bouton du seuil. Elle commença de béer, d'hésiter, elle sentait autant son sexe, le creusement, une respiration qui lui échappait, qui cernait et gonflait tout le bas de son corps et le sexe masculin qui répondait et vibrait au fond de sa gorge. Ils allèrent ainsi quelque temps. Il voyait ses épaules tomber puis se dresser, sa tête agiter une chevelure déliée, quand elle reprenait haleine, puis la voûte se refaisait ; entre les cuisses que la pénombre blanchissait et adoucissait encore, il apercevait fugitivement la fuite des seins, pendus, autonomes, comme des outres courtes et valvaires, et le menton presqu'aussi rond qui absorbait la tige. Il n'y eût ni rupture, ni arrêt du rythme, de leur respiration devenue commune, elle avança à peine, et, droite de tout son buste, les jambes aussitôt allongées, elle était assise, totalement empalée sur le sexe. le silence se fit, ils atendirent encore, elle se retourna, lui fit face, les sexes s'étaient dépris, rageaient en tempête de leur manque, elle les remit en place, à leur unisson, elle fondit dans sa bouche, il n'y avait plus que du bleu à leurs yeux, à leur visage, et leurs lèvres, leurs joues avaient le goût des premières sudations du sperme moins épaisses et nettes que les liqueurs de l'amante. Ils imaginaient de l'orange et du rouge, des succions et des tortures, à épée vive et dégainée, se faisant, se défaisant, haletant, dans une parfaite coincidence des volumes, de la peau ; leurs sexes devenus tellement communs, unique soudain que c'en était une grâce à ne plus pouvoir respirer ; un glissement unique, une sensation de douceur, d'échauffement et de liquéfaction tant était lisse, liquides presque, et pourtant si durcies et sensibles les surfaces qui s'embrassaient si intimement. Le paradis peut aussi être dans la durée, il leur était accordé. Il voyait au bas ventre de la femme dont le désir exacerbait le sien et que signifiait une langue de plus en plus oprécise et impérieuse contre la sienne, cernant, sculptant, reprenant, entourant la sienne, il voyait la noirceur magique et cendré des poils entourant son vît, il voyait celui-ci revenir au jour hésitant et luisant, se perdre à nouveau avec décision dans le corps qu'il semblait posséder tout entier. La douceur pâle des seins, de tout le visage qu'était devenu le corps qui lui faisait face lui amenait aux yeux les larmes de la reconnaissance. Il eût voulu être tout autre et à un tout autre moment pour seulement murmurer sa tendresse, regarder lentement mais partout, comme en visiteur timide et clandestin, ce corps qu'il ne maîtrisait plus, qui avait enfourchait le sien, le dépassait dans une course dont l'aboutissement allait lui échapper. La tension était celle d'une tombée qu'ils savaient proche, et qui serait d'un vertige total. Ils avançaient de plus en plus dépossédés, couraient vers l'abîme. Elle ne regardait que son visage de plus en plus lointain, de plus en plus embrûmé, elle s'imaginait les mains à l'encolure d'une monture fantastique, le corps transpercé jusqu'à la gorge, ouvert plus qu'aucun ventre dans aucune extase, dans aucun écartèlement d'aucun accouchement ne le serait jamais. Elle avait, entrant en elle, pénétrant à chaque temps nouveau d'une cadence qui s'accélérait et s'approfondissait, la sensation que l'univers entier, comme une boule géante, mais n'était-elle pas encore plus vaste que l'univers, n'était-elle pas devenue le monde dans sa totalité, en tous sens, et pour les siècles de l'éternité depuis les premières naissances, comme une boule géante, un oeuf effilé, merveilleux, énorme et délicat, entrait en elle, y cherchait avec puissance, volupté et grâce la place préparée, la place attendue. Et l'amant était ce monde, et elle était ce monde et ils allaient se confondre. Elle ne jouissait pas à un point précis de leur course, elle luttait contre son propre mouvement se s'effondrer soudain en pleurant, le couvrant des cheveux qu'elle aurait renversée en coupole sur son front et ses yeux. Elle savait alors qu'il ne tiendrait plus, que le pal qui avait fait leur bonheur, qui avait ouvert le chemin, qui avait récité son rôle, d'abord pieusement, au seuil juteux, éclairé des quelques gouttes du désir qu'elle avait déjà, puis qui avait pénétré sans permission mais sans interdit non plus, un peu ébahi et gauche d'abord, allait maintenant se transformer en une gerbe inconnue, définitive. Elle ne pouvait plus que lui ce que pouvait être, au centre obscur et flamboyant de son monde intérieur, le gigantisme éphémère du désir masculin, une caverne immense, ou bien la faille resserrée, si resserrée qu'avait atteinte ultimement ce que d'autres, bien brièvement et sans divination, appellent un sexe d'homme. Une coulée brève, un appel longiligne, infini decontinuité, de finesse, de longueur que serait le sperme jaillissant, puis hâletant à plusieurs reprises ? ou bien la solitude de quelque geyser, si à ce moment-là, elle s'était dégagée, ouverte, creuse, luisante, en sueur, sans souffle, pour méconnaissable, crispée et en pleurs, se retourner promptement et au dernier spasme recueillir, toutes leurs salives et leur bonheur mêlés, la goute chaude et saline, humoreuse de l'acquiescement masculin qu'elle avait, avant leur mutuel éveil, gentîment prié ce matin. Elle lui sourit, il passa une ultime fois les mains au rond de ses cuisses, à ses fesses, et le bras devenu mou, il laissa tomber au long des cuisses le trait inerte qu'il avait si langoureusement décoché. Elle se cala contre lui, chercha les humeurs de leurs ventres, et se rapprochant encore, remit leurs corps qu'elle sentait encore unis, bien à l'amplomb l'un de l'autre. Plus tard, il gémirait, elle lui présenterait le dos et les fesses, et - elle aimait l'habitude qu'ils en avaient prise -, il viendrait badigeonner de leur bave intime avec le sexe revenu à l'enfance, la raie de ses fesses, restée grasse de leur sueur et de tous leurs mélanges...

................................................................

                  Oui, quand l'évocation, abstraite, est aussi intense, combien je préfère ne pas me masturber dans ta seule pensée et les images de toi, de nous - quoique je ne vois et n'imagine que toi - mais au contraire t'écrire ainsi, et... Tu me diras comme et quand tu le voudras, ce que tu imagines quand toi aussi tu rêves et songes et nous vois, te vois, me vois et nous désire ensemble, et ainsi. Tu me diras aussi si me lire de la sorte... et comment...

                  11 heures bientôt - J'aimerai qu'à notre revoir, tu puisses me raconter beaucoup de choses, beaucoup de sentiments, beaucoup d'aventures intérieures et aussi des paysages que tu auras aimés, même et surtout si cela t'aura conduit à d'autres images, rêves et nostalgies intérieurs. Tu sais combien j'ai ragé que la télécopie de ton hôtel soit si malaisée à atteindre. C'eût été si bon de pouvoir communiquer, souvent, tous les jours en temps réel. Je ne sais dans quelle forme tu me trouveras à Nantes dans une semaine, maintenant. (...)

                  Comme tu m'es précieuse, comme je t'attends et te désire ! Tant que t'écrire... ci-dessus n'a fait que renforcer mon désir de toi, sans pouvoir en rien l'assouvir sans ta présence réelle, mais de penser fortement à celle-ci... toi, nue, et ici, vivante, vraie, tendue de corps, à genoux, me regardant, moi aussi dans ce petit lit, où j'ai passé la nuit béatifique dont j'avais besoin : dormi de 21 heures à 06 heures, après la route très rapide de la veille, et l'avant-veille Quimper, car Mme H. est une grande collectionneuse de faïence et porcelaines. Toi, nue devant moi aussi, toi sur tes genoux, les seins ronds et petits (saches absolument que je les aime, et qu'ils sont mon "type" de seins !), j'aime imaginer l'ouverture de ton sexe quand rien encore ne se passe ni ne va se passer, et avancer la main vers ton ventre, venir simplement à tes seins, les faire durcir de pointes, aimer regarder ton sourire, car tu ne chavires en rien, tu me dis en souriant de ne pas me fatiguer, mais mon sexe monte déjà et tremble devant le tien qui l'effleure et n'est pas loin. Je laisse ces larmes de sperme à ton lit, pour que parfois tu quittes notre galette, le grand matelas plat, l'autre décor de tant de nos larmes et pénombres, des échecs et des hurlements de joie intérieure, le décor de ma reconnaissance et des peines que je te fis -, et vienne aussi respirer ici, où tout fut toujours fête et où - l'as-tu rétrospectivement avoué - tu eusses voulu qu'à ma première apparition à ton sens, je te prenne, pas même déshabillée. A présent, simplement la caresse de ta main, et comme en une simple promenade, mon sexe que tu prends et dont tu te sers, le faisant glisser jusqu'à bien t'ouvrir, puis le mettant en position, et toi alors te rapprochant, nous nous prenons au cou l'un de l'autre, et te tirant à moi, tu t'enfonces mon sexe en toi, tu l'enfonces, le ressort un peu pour ne pas plisser tes lèvres, tu y reviens, et nous sommes ensemble jusqu'au bout. Je t'aime... Non, tu n'es pas un objet sexuel, mais une femme totale dont j'adore le corps, le désir, et le sourire, dont j'aime tout. Et toi, liquide et au regard, aux yeux bleus, toi pâle et fine de sexe, à peine rosie du noeud intime de ton c... que je veux mieux connaître et un prochain jour ouvrir, arrondir, faire aspirer mon sexe ; pour nous ainsi l'inconnu sans mémoire et ton cri peut-être, dit-on, et moi la sensation, mais je ne sais plus, et c'est toi que je veux ainsi.

            L'autre jour, à Reniac, toi debout au-dessus de moi couché, la hauteur et la fuite de tes jambes, et comme toi abritant et attisant mon désir, les deux cercles de tes fesses, la poutre maîtresse et fictive, là où l'on sait que fermé parce qur tu es debout, se trouvent ton sexe et ses portes, et non loin le petit trou... attitude.

            Je commence donc la part extérieure de cette journée par la poste vers toi. En bonne forme, et plein de toi. Profites à fond de ce Portugal que peut-être tu auras commencé de découvrir par quelque faille réciproque du pays et de ton esprit. Et aussi de tes parents, et sois assurée de ma joie de notre revoir. [x]


                  Je me sens parfois dans une situation tellement précaire, ou tellement au moment de la balle de match (puisque Roland-Garros) que j'en ai le vertige. Mais j'ai tellement à écrire et à ranger, et puis les visitations de Dieu fugitif et présent en moi, que je ne tombe finalement pas. On voit bien les tentations dans notre mode d'existence humaine : se recroqueviller, vivre d'un instant à l'autre (la bouffe et la fesse, en permanente concupiscence pour sombrer dans l'apathie : comme c'est un itinéraire difficile malgré tout, il y a l'alcool. Je frôle les grandes tentations de la psyché quand elle perd le sens - ou l'illusion, dirais-tu...).

                  Je ne sais comment t'imaginer entre tes parents, ou partageant une chambre avec ta mère, ni te voir sur les remparts d'Albufeira, ou descendant - si tu étais lève-tôt - l'escalier plat vers la plage et les bateaux. L'as-tu fait quand le sable est humide de la nuit et qu'il n'y a plus de traces de pas ? Mais j'ai ton visage, tes yeux, ce regard un peu étonné et teinté, presque dilaté parfois d'un humour amoureux et interrogatif. Je t'aime ainsi. Et nue naturellement, aussi...
Avec toi, en pensée, en coeur, en corps. [xi]




[i]. - A Edith, Reniac, presque minuit de ce lundi soir 22 Avril 1996

[ii]. - Ibidem, puis le lendemain, mardi 23 Avril 1996
[iii]. - A Edith :          Reniac, jeudi nuit du 16 Mai 1996
[iv]. - A Edith : Reniac, vendredi nuit du 17 Mai 1996
[v]. - A Edith : Reniac, le lundi soir 20 Mai 1996
[vi]. - A Edith :             Reniac, mardi fin de matinée 21 Mai 1996
[vii]. - A Edith :          Reniac, mercredi soir 22 Mai 1996

[viii]. - A Edith : Rue du Faubourg Saint-Martin - vendredi après-midi 24 Mai 1996
[ix]. - A Edith : Reniac, dimanche matin 26 Mai 1996
[x]. - A Edith : Paris, rue du Faubourg-Saint-Martin, jeudi matin 30 Mai 1996
[xi]. - A Edith : Reniac, le dimanche 2 Juin 1996

Aucun commentaire: