mercredi 28 août 2013

2003 - depuis soixante ans - VII - avant d'en écrire la suite (2013 depuis soixante-dix ans)







VII

  





Penser sans notes ni fil d’une lecture, sans écrire  ni lire, ne penser qu’en concentration mentale sur un seul objet, et de déduction en observation, aller à du neuf ou à un résultat. Ne le consigner qu'en suite, de souvenir et non à mesure ou au fil.

Logiquement, c’est ainsi que la pensée s’exerce. C’est oublier deux facteurs, la distraction l’emporte sur la concentration, la mémoire de l’élément acquis cède à l’apparition d’un autre, qui est discussif. Mais surtout, la connaissance et la compréhension s’acquièrent par osmose avec l’objet étudié, qui devient sujet et compagnon, se délivrant et se donnant à celui qui, pour le comprendre, le pense.

Ecrire ou faire sans référence, à partir de soi et par immersion dans la vie, dans la réalité. Parvenir à demeurer vibratile, savoir ne pas s’appesantir sur ce qui vient d’être acquis et compris, pour continuer. Ne pas s’arrêter, ne pas vouloir s’arrêter ni accepter de s’arrêter. Elaborer ainsi nu, l’écriture, la notation, les référencements venant en récit et en consignation, non pas en bâti.

L’enseignement français insiste sur la référence et le présent. Les juridictions fonctionnent de même. On ne juge pas en équité, on ne pense pas sans adossement. Faute d’exercice, la spontanéité paraît, quand il y ait laissé cours, d’une désolante platitude.

Le langage enchaîne. Le français n’a pas le genre qu’est le neutre. Il y subvient avec le masculin, là est tout le débat sur la version féminine des fonctions professionnelles notamment.

Une affiche : quand une femme dit non, c’est non. Soit ! mais tout amoureux juge que sa belle retient le plaisir de se donner, qu’elle a honte de sa propre envie et que son silence signifie que sa parole serait d’une éloquence si dévastatrice qu’elle ruinerait l’élan des amants, par excès de consentement, et les hommes sont souvent éduqués à croire les femmes conditionnées pour dire non, alors qu’ils les voudraient naturellement et universellement consentantes.

Le vocabulaire, depuis des millénaires, dans la plupart des sociétés est de confection et d’usage masculin. Comment penser féminin si le langage pousse au masculin. Les femmes, notamment en politique, ne font pas éclater ce carcan masculin, elles pensent et se posent en compétitrices qui ne se feront admettre qu’en étant semblables aux hommes, donc trop souvent masculines et sans apporter une véritable différenciation. Hélène Cixous le dit très bien en écrivant fémininement, la phrase est autre, elle se débite et se continue tout différemment d’un exposé masculin. Elle exige une présence différente du lecteur au texte.

Les hommes entre eux parlent des femmes, mais les femmes entre elles ?

 De leurs rêves – ceux du sommeil - les femmes semblent ne mémoriser que les cauchemars ; du moins, est-ce l’expérience que j’ai des réponses reçues à ma question : vous souvenez-vous de vos rêves ?

Le racisme commence rien qu’en distinguant péjorativement ou laudativement hommes et femmes, selon qu’ils sont hommes ou femmes. Il en va de même pour les différentes classes d’âge.

Surévaluer les différences fait perdre le fonds commun des analogies, le plaisir sexuel est-il si différent d’un sexe à l’autre, n’existe-t-il pas des femmes qui veulent aussitôt l’acte de pénétration et des hommes qui souhaient être longuement apprêtés ?

La poésie, qu'on soit le poète ou qu'on l'ait abordée en lecteur, est toujours directe. Formellement, elle dispense d'introduction, de conclusion, elle va aussitôt à l'expression. Elle laisse le reste en blanc et enseigne l'essentiel, le regard n'est pas perdu, nulle recherche et nul hasard, le doigt est sur le point examiné.

Si l'on regarde, on s'aperçoit que… défilement sur un écran informatique, feuilletis d'un volume, la tournure idiomatique ces temps-ci, suggère une inattention chronique des décideurs, des faiseurs de dossiers, des commentateurs au point qu'on se demande sur quoi est fondé leur jugement, en dehors de ce regard.

C'est vrai que…adosse celui qui expose au sens commun, sinon à la foi de son vis-à-vis, comme s'il avait peur de s'aventurer seul dans le raisonnement.

Quelque part… insinue autant d'intimité qu'une ampleur du décor telle qu'y situer le centre des émotions ou le point névralgique d'un exposé, dispense de toute précision : côte à côte sont placés un aphorisme et une certaine schizophrénie, celui qui parle se met en scène comme s'il était à lui-même sa première ressource.

Apprendre pour plus tard exercer un métier est la mauvaise raison de l’éducation scolaire. D’une part, parce que l’éventail des métiers favorisés par la situation économique ou suscité par des avancées technologiques, se sera modifié, rétracté ou enrichi entre la décision d’orintation et l’arrivée sur le marché des anciens élèves devenus jeunes candidats au travail. D’autre part, parce que l’argument d’utilité est souvent sans poids psychologique. Apprendre pour le plaisir ou pour le rapport avec soi-même, est universel.

Les « événements de Mai » 1968 n’ont eu que deux conséquences, hâter le départ du Général de Gaulle, ce qui politiquement n’est pas mince, faire de la liaison entre les entreprises et l’université la solution pas tant au problème du chômage qui était statistiquement insignifiant à l’époque (d’où le recours à la main-d’oevre immigrée pendant toutes les années 1970) qu’en réponse à ce qui passait pour de l’inutilité ou de l’abstraction. Professeurs, vous êtes vieux comme si les dirigeants d’entreprise étaient jeunes. S’adapter à une demande pourtant très décalée dans le temps est donc devenue l’ambition des faiseurs de programme et autres inventeurs de stage. Ainsi est apparue la pré-embauche mais la manière d’enseigner a gagné encore en apparences de contraintes. La sanction a eu son dogme : n’espérer aucune place dans la société si l’on ne s’est préparé par avance à satisfaire ses appels à service. Tout le système ne pouvait que s’effondrer – en logique – si le chômage devenait la pesrpective. Tandis que le plaisir d’apprendre ne suppose aucune vue sur la société ni aucune performance de l’économie à terme de huit ou dix ans – le cycle des études. Au contraire, il naît d’une curiosité satisfaite et la propension à  chercher et questionner entretient le dialogue entre générations, et crée l’affection et le jugement quand à l’ensemble dans lequel l’enfant comprend qu’il aura à vivre. De là, à ressentir en optimiste la proposition sociale et à croire à une justice distributive, et à la promotion selon le mérite et l’effort, c’est le pas  que font les membres d’une collectivité sans problèmes majeurs de cohésion ou d’avenir. Nous ne sommes plus cette collectivité, le plaisir d’apprendre et la curiosité de comprendre ne passent plus, pour l’essentiel, par la trémie scolaire. Le fonctionnement est devenu sans raison. L’argumentaire de l’adaptation et du pré-apprentissage est rendu caduc par le chômage. L’entrée et la vie en société ne sont plus que compétition, la justice est affaire de conquête et de force. L’émulation, parce qu’elle est individuelle, accentue la tendance – très française – de ne pas se syndiquer. La solidarité est question de génération, la plus jeune qu’on flatte en ayant changé les appellations dans les hiérarchies d’entreprises : cadres, chefs, ingénieurs désignent déjà des agents de cinq ou six ans seulement d’ancienneté. La condition ouvrière qui était manuelle, disparaissant avec le progrès technique et la prolifération de l’économie virtuelle, le salariat est trompeusement camouflé en distribution non conventionnelle d’avantages, de primes, de stock options. Plus aucune catégorie n’est claire et les procédures de contestation semblent désuètes.

Notre problématique, c'est celle du besoin, de la souffrance, de la mort. Vous, vous proposez un but lointain et délirant. Vous voulez une vie ardente, intense, faite de joie et de voluptés. Nous réfutons "l'humain pour aider les hommes. Vous, voulez le surhumain et la poésie. Vous gardez l'humain comme base sans adopter l'image du Surhomme. Mais pourquoi donc ? Attiser le désir, exciter le malaise, reprendre les valeurs du temps de la rareté - l'œuvre, la totalité, "l'homme" - cela peut se quailifier d'entreprise criminelle ! Cette société n'a peut-être pas atteint son point d'équilibre et d'aboutissement. Aidez-la au lieu de creuser les lacunes, d'aggraver le trouble. Elle va de l'avant comme elle peut, sans savoir où elle va. Par une chance extraordinaire, cette fuite en avant a donné un résultat appréciable. Elle nous enseigne les bornes de la condition humaine. [1]

Les événements de Mai 1968 ont-ils été ce franchissement d'aiguillage de notre société ? démonétisant les partis révolutionnaires, annonçant la radicalité de ce terrorisme des années 1970 et posant par avance la question de la différence de celui-ci avec le terrorisme à cible ethnique ? Ce dernier étant perpétré au nom de la religion ou au moins avec son argument, alors même que la religion est devenue le facteur identitaire le plus puissant d'une certaine ethnie autant que d'un certain état de vie et de dénuement.

Le Surhomme est-il un modèle collectif  - de Gaulle le croit pour l'Allemagne de la Grande Guerre - ou le devenir, l'être et en convenir, en faire convenir, est-ce une nécessité individuelle ? Si la société n'épanouit pas ses membres, un certain nombre d'entre ceux-ci s'épanouissent trop évidemment sur le dos et au détriment des autres, le politique ou l'entrepreneur. La pureté le supposerait alors que la libido inspire toutes ces opérations qu’on appelle autrement acquisitions d’actifs pour de la croissance externe.

La considération pour l’habileté d’un dirigeant d’entreprise est fonction de la diminution de masse salariale qu’il parvient à opérer sans conflit apparent. Pourquoi ne pas diminuer proportionnellement sa propre rémunération à ce qu’il parvient à administrer en moins à la somme de ses salariés ?

Ceux-ci en formation syndicale ou en comité d’entreprise ont souvent un jugement précoce et fondé sur les stratégies concoctées par le patronat. La pratique des conversions d’entreprise en coopératives ouvrières est cependant faible, la loi y est peu favorable du fait des modalités imposées à toute augmentation de capital, celle-ci ne pouvant être suivie par les salariés devenus censément leurs propres maîtres.

La Libération avait tenu compte des secousses et impasses des années 1930. Les conquêtes du Front populaire n’ont été légalisées qu’après avoir été spontanément obtenues sur le carreau des usines, le programme des partis dont la coalition fut victorieuse en Juin 1936 était bien en-deçà. Léon Blum a fait tirer en 1937 sur une foule ouvrière à Clichy. Le mouvement social s’est imposé autant au gouvernement qu’au patronat. Les gestions paritaires des systèmes de protection sociale, la structure générale de l’économie comportant autant que le domaine d’initiative privée, un puissant secteur public industriel et commercial, correspondait aux habitudes du patronat de se retourner vers l’Etat pour en obtenir ordre social et subventions et au tréfonds populaire soucieuse qu’existe un arbitrage. Ce n’était pas un clivage droite-gauche que d’en proposer la suppression par déréglementation et privatisation, il était simplement impensable de se défaire de ce qui fonctionnait, la croissance était statistiquement de 5 à 7% l’an. Le programme ultra-libéral de la droite, convenu en Janvier 1986, a-t-il tenu à une boîte à idées, telle qu’avait été le ralliement de politiques agnostiques en Juillet 1984 aux manifestations organisées par les tenants de l’école confessionnelle contre la loi Savary, qui pourtant ne la supprimait pas ? A-t-il été la simple transposition des vues de Sir Leon Brittan, commissaire européen, pensant quant à lui aux recettes d’outre-Atlantique ? Déjà, selon ce que signèrent Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac, alors, il était question de privatiser les chemins de fer et la poste. Ou bien fut-ce la lenteur et la timidité pour la mise en œuvre du programme de nationalisations qui rendit contagieux à droite le doute que la gauche elle-même ressentait envers le dirigisme qu’elle a feint la première de croire démodé ? Plus de quinze ans de consensus droite-gauche pour les privatisations débouchent dans un renflouement public du principal fournisseur de ce qu’il reste de grandes infrastructures à statut nationalisé : Alstom et les marchés de la S.N.C.F. et de l’E.D.F.

Pourquoi pas – sur des points de politique gouvernementale propres à susciter débat et alternatives – des livres blancs en vente pour l’euro symbolique dans les bureaux de poste ou de tabac, les salles d’attentes, les laveries automatiques ? Les débats parlementaires ne peuvent convaincre la foule si les élus eux-mêmes ne sont pas à leur banc.

Comment débattre ? pas tant faute de bases reconnues communes, dans un pays comme la France elles existent et souvent explicitement, mais faute d’avoir des perspectives assez lointaines et assez attrayantes pour que les solutions ne paraissent ni victoire ni défaite, ni un empêchement.

La « cohabitation » a abouti à une modification cardinale dans notre coûtume constitutionnelle. Depuis 1978, aucune majorité sortante à l’Assemblée Nationale n’a été reconduite, que la consultation se fasse à terme ou sur dissolution. C’est le président de la République, en principe garant de la stabilité du pays, qui est devenu, de fait, le facteur principal d’instabilité soit qu’il puisse dissoudre l’Assemblée qu’il subit ou dont il prévoit qu’à terme régulier elle risque de ne pas être reconduite, soit qu’il contraigne le Premier ministre à présenter la démission du gouvernement. Le quinquennat s’est d’abord installé en durée du mandat gouvernemental en 1997, et seulement en 2000-2002 en durée du mandat présidentiel. Il faut s’attendre à un retour du droit de dissolution à sa désuétude qui caractérisa la Troisième République, et à un rythme quinquennal d’alternance au pouvoir. Ce qui devrait avoir comme conséquences bénéfiques de hâter les décisions tant que l’on est au pouvoir et de discerner ce qui d’une législature à l’autre, d’un gouvernement à l’autre, est consensuel ou contraignant.

Trois attitudes envers la politique. Ceux qui y voient des champs de carrière et passent leur vie à convoiter des portefeuilles et en les attendant pour un laps de temps, jusqu’à présent bien plus limité sous la Cinquième République que sous les précédentes, à défendre ou à collectionner les mandats électifs qui en sont la condition générale. Ceux qui y voient le paysage de leur vie en ce que celui-ci est conditionné par les mouvements de la collectivité, des politiques décevantes, des personnages indûs font la tristesse d’une époque. Rarement les avis divergent sur la beauté ou l’aspect désespérant d’un moment. Généralement, l’émotion et la tonicité engendrées par une époque se manifestent par un regain de solidarité et de communication en collectivité, alors qu’une geste décevante ne fait surgir que les revendications, les conflits d’intérêt et des replis sur soi. Ceux enfin qui y voient le cadre de la vie économique et sociale dont il faut objectivement tirer parti. Rares sont les personnes qui ne se rangeraient dans aucune de ces trois catégories, du moins en France.

Les peuples mélomanes sont moins portés sur la discussion ou l’ambition politique quotidiennes. On y va au concert bien des fois par an et l’économie est plus sociale ou commerçante que financière et spéculative. L’Europe centrale en est un centre. Les horaires-mêmes de travail y sont modulés en sorte que l’on puisse aller au spectacle ou deviser en brasseries ou vinothèques avant la fin de l’après-midi. Ce sont des vies quotidiennes aux sorties plus amicales que conjugales, et des mœurs de famille où le repas commun est le petit déjeuner très matinal et le débouché d’une bonne bouteille en fin de soirée. Déjeuners et dîners ne sont pas conviviaux sauf en cas de fête ou d’occasion importante. La Russie pratique dans toute l’aire de l’ancien empire soviétique le banquet où la table, d’entrée, est chargée de tout ce qui sera à manger et à boire, toute chronologie abolie. Les peuples latins, aux repas conviviaux, ont la conversation libre, celle des slaves est codifiée, il y a encore des maîtres de table. Trois grandes zones dans l’Europe géographique, celle du vin, celle de la bière, celle de la vodka. L’Allemagne du sud pratique la bière accompagnée d’un petit verre d’alambic.

Les femmes savent ces différences et les vrais clivages politiques entre peuples, la pratique notamment du parlementarisme, tiennent aux façons de se nourrir ensemble ou dans une discrète individualisation de cet acte. Les régimes personnalisant, notamment en pays latin, sont ceux qui ont le dîner tard, c’est un souper, et à convives nombreux. L’ambiance à table et dans les urnes, est le fait des femmes. Les joutes littéraires que peuvent être les toasts de l’Asie centrale à la façade atlantique de l’Europe avec aussi des improvisations de chant a capella sont le substitut des tournois, des joutes et des guerres. La vraie structure d’une société commence dans la reconnaissance mutuelle entre sexes et va jusqu’à la répartition des phases du débat législatif entre confrontation des forces sociales et votation populaire ou parlementaire.

La France actuelle est au carrefour de toutes ces définitions qu’aucune loi, aucun quota n’amènageront. Nous cultivons trop le poids des mots, ainsi le débat sur les retraites qui a bien dix ans a-t-il achoppé dans sa phase la plus expéditive sur la qualification sémantique des rencontres entre gouvernants et syndicats ; les uns ne concédaient qu’une consultation, les autres tenaient à une négociation.

Il est difficile de former un couple quand on est d’opinion politique différente. François Mitterrand et le Général de Gaulle avaient ceci de commun, de leur vivant, et tout autant depuis leur mort, de susciter des adhésions aussi vives que l’hostilité à leur égard. Pourquoi de telles passions ? sinon qu’ils ont incarné des choix et des manières d’être clairement assumés, qu’ils n’ont pas été élus par défaut, qu’ils ont chacun représenté très carrément des options, des spontanéités, des réactions. Leur tenue publique, l’art de leur verbe n’étaient pas dissociés ni de leur politique, ni de leur personne. Valéry Giscard d’Estaing, Lionel Jospin, Jacques Chirac, Jacques Delors, Michel Rocard parce que fondamentalement ils en ont appelé au « centre », à l’intelligence sans préjugé de partis sont davantage divisibles en segments allant des apparences aux perspectives, et chacun justiciable du même type d’excuse : des empêchements hors d’eux-mêmes pour complètement agir. Les teintes et les demi-teintes. Dans l’ambiance des secondes, la discussion en couple ou en café de commerce est lasse et la votation tourne à l’abstention même si elle se pare d’un certain modernisme, qui serait à confondre avec le pragmatisme, mais les premières font clivage.

En 1969, deux jeunes femmes occupèrent mon esprit et l’emploi de mon temps, en coincidence avec la campagne référendaire puis avec la course pour l’Elysée. L’une se disait de la famille radicale, ce qui se traduisait par un certain mépris pour de Gaulle, démodé, archaïque et funambulesque, l’autre avait la prudence à sa porte et souhaitait que je ne manifeste pas mon attachement pour le Général, au moment où j’entrais dans l’administration. En somme, la première tenait pour rien la résurrection de la France et l’invention de nos institutions modernes, et la seconde croyait aux fiches d’opinion tenues dans le dossier des fonctionnaires. Il y avait de quoi nous partager. Elles étaient plus arrêtées et moins concessives que moi, qui aurais volontiers admis que départ pour départ, les Français peut-être n’avaient pas mal choisi ni les dates ni les protagonistes de la succession.


[1] - Henri Lefebvre, La vie quotidienne dans le monde moderne (Gallimard .  15 Mai 1968 . 376 pages ) p. 279

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