samedi 12 avril 2014

Changement de signe - 2ème registre - chapitre 3 l'installation dans la drague

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Chapitre III

L’installation dans la drague






Ses jambes à la réunion de service, elle est stagiaire, les trois mois d’été. vendredi 11 avril 2014 à l’UCK 17 heures 30 à  18 heures 03 Elle a un visage pas dégrossi, presque rude, et elle accentue la sensation garçonne qu’elle produit en ayant les cheveux coupés très courts, ils sont blonds-gris, elle prend des notes. Profession : soumission apparente aux hiérarchies, celles-ci sont nombreuses. Il la remarque, puisqu’elle est nouvelle à cet exercice. La suite est simple, savoureuse. Date et heure convenues, descente du centre-ville aux immeubles sans toit qu’en terrasses pour antennes ou réserves d’eau, balcons abrités du soleil par des abaissements de stores immensément tendus, table quelconque, marina sans nationalité, il faut se savoir dans ce pays au nom fabuleux pour se croire quelque part. le dialogue est insignifiant, le torse sous la chemise qui s’est laissée entrouvrir tandis que clapotent les coques autour d’eux et grincent les drisses métalliques, est si musclée qu’il confirme la sensation première. Elle consent à un report au lendemain à heure fixe. Il y sera, elle sortira juste de sa douche, cette fois sera la bonne. Près de vingt ans au passé, il sait ce que cet apprêt promet, la douceur à l’accueil de sa pénétration l’étonne, contrairement à ses habitudes de traiter le moment du sexe en liturgie, en silence, en feintes hésitations, de trainer même en longueur, ce qui au balcon d’une chambre anonyme mais devant le paysage urbain et l’un des dômes les plus célèbres du monde dont les sépare un fleuve tout autant de légende, lui fera entendre un aveu, presque un reproche ou un avertissement, qu’il est trop lent, qu’il coupe l’envie à force de la faire languir, qu’elle le veut tout de suite, l’essentiel pour l’essentiel, elle dont il ne gardera pas souvenir qu’elle ait jamais gémi, qu’elle ne lui ait jamais dit ce qu’elle a ressenti ou ce qu’elle croit qu’il ressent en la désirant, sauf avant leur première fois quand il avait tenté d’en faire sa énième maîtresse et qu’elle avait eu la réplique en défense d’Eugénie, la futur impératrice : comment, Madame ? par la chapelle, Sire ! revenat à cet instant qu’il vécut aussitôt comme cardinal, elle avait eu la curiosité de l’interroger : que ressentait-il donc à lui caresser les seins, avant qu’elle se refuse et reporte à des fiançailles publiées.

C’est ainsi qu’il s’est installé dans une diversité de feuilleton, dont le scenario est à l’identique du précédent épisode et ne prépare aucune différence avec le suivant, en principe, mais les illustrations, les dialogues, l’histoire à deux, l’histoire de l’autre ont la saveur du repas pris avec appétit et pour passer une faim, là est le suspense. Ce qu’il attend, c’est la suite. Ce qui commence, c’est une sorte de discernement, une anticipation. Mais l’alternative est décisive, chaque première étreinte lui donne à connaître un caractère, un passé, des réactions, une maîtrise qui sont de femme et qui lui sont étrangers. Il vit par profession dans l’exotisme, mais le milieu, pour un homme, le plus dépaysant, est toujours celui de la femme. Cela ne s’exprime ni ne s’explique, mais se reçoit d’évidence. Il y a cependant l’émotion ou au contraire la déculpabilisation de comprendre où en est, de sa vie dite sentimentale en langage courant, celle qui consent au corps à corps, au surplomb, à l’installation d’un sexe dans le sien, à la recherche des bras et des mains pour un appui, pour une prise, à ces lèvres qu’elle ne connaissait pas et n’aurait peut-être pas voulu en d’autres circonstances ou en un autre lieu, à son épaule, au creux de son cou. Il a entendu cette question, quand il allait être initié et savait que son entraineuse au vertige après qu’ait pris l’engrenage n’en était pas – elle – à sa première fois, et elle lui demandait pourquoi ? pourquoi ils le faisaient ? pourquoi il le lui faisait ? il n’entendait pas le mot sacré, sa réponse était inutile, il l’improvisait en logique et avait déjà, en quelques secondes acquis la seule expérience qui importe en ces moments, la certitude qu’étant où ils en sont, ils ne s’arrêteront plus. Une seconde, deux ans plus tard, lui avait posé autrement la question : aime-moi ! son ingénuité à lui avait dû la surprendre puis la remuer car usant d’un préservatif, pour la première fois, il tentait de se l’enfiler à l’état encore flaccide. Une troisième n’avait rien dit qu’il gardera jusqu’à sa propre mort en nostalgie d’une époque de leur chair à tous deux, tellement à l’unisson, tellement en phase, tellement disponible en tous temps, tous lieux, toutes situation qu’il avait connu ce qu’il croit encore rarissime et jouxtant l’impossible, cette extase cosmogonique une fois les altitudes atteintes et la redescente lentement s’accomplissant. Alors, il s’était cru prolongé d’elle tout entière, tellement que l’univers était eux, qu’au bout de leurs doigts, à fleur de leur peau, tout devenu un, il y avait ces limites atteintes du monde, du temps, e la figuration des galaxies, de Dieu même comme un linceul, comme un ventre où lumière et pénombre n’ont plus de sens, où tout existe immédiatement. Plus que soleil, plus qu’astre, plus que l’infini, l’homme – ce fut lui – étendu, le souffle heureux, repris, qui épouse de tout son corps jeune et nu la chair jumelle qui continue, d’âme, à accueillir la sienne. Mélange d’éternité et d’orgasme, gisant central. Une joie sans rythme, sans texte, sans sentiment, sans cause que l’existence. Que d’exister. A leur première fois, il y avait reçu l’inouï d’une sorte de folie, de galop insensé d’un corps que son sexe comblait et assouvissait mais qu’il devait prsque violenter de ses bras nouées aux hanches qui de cet instant à leur ultime étreinte quatorze ans plus tard, lui donneraient toujours la décisive imprégnation d’une douceur, celle de l’amour pour lui incarné et donné là. Elle l’emportait plus qu’il ne la pénétrait et se fixait en elle. Elle hoquetait, sanglotait, secouée au possible, possédée par quoi ? par lui ? dans l’instant, il ne se le demandait pas, s’il l’avait fait, il aurait eu la réponse, il l’avait ramenée de l’hôtel de grande ville où la politique et l’art, à niveau mondial, avaient leurs niches, mais sans plus, comme les femmes à caresser s’exposant et aguichant assises en devantures et ne produisant pas plus, jusqu’à l’immeuble de ses parents. La lourdeur de son corps, totalement abandonnée contre le sien, à l’arrière du taxi, n’était pas le contraire du galop fou d’un orgasme ou d’une émotion – il ne savait si c’était l’un ou l’autre, ou les deux, non pas successivement, mais en même temps – sans pareil dans une vie qui arrivait à lui. Peut-être l’avait-elle tant aimé et désiré d’avance qu’elle en lâchait toutes convenances, toutes réserves et, son contrôle perdu, elle s’épanouissait et venait en spasmes et en larmes.  samedi 12 Avril 2014  20 heures 45… 22 heures 38 à 23 heures 25

Ce pays-ci est chaud, il n’y a plus d’hôtels mais chez lui, la ville est laide sauf ses monuments antiques mais ceux-ci sont moins nombreux, plus disparates, de moindre présence qu’ailleurs dans les îles ou dans le sud. La capitale ne dit pas l’essentiel d’un pays qui a pour emblème et culture depuis des millénaires la beauté. En statues, en proportions des édifices et en paysages, la mer que le principal de ses poètes pourtant aveugle, appelle une plaine liquide sur laquelle courent les bateaux, les arbres, eux aussi d’une sorte spéciale, décoratifs, ls uns pour la succession des plans quand le terrain est montagneux, les autres pour tapisser les plaines nombreuses mais toujours petites. Une terre accidentée et les canons de l’harmonie. vendredi 11 avril 2014 à l’UCK 17 heures 30 à  18 heures 03 La leçon de beauté est statique, elle est de pierre, on l’appelle au pluriel : des ruines, on s’arrête, on tourne, on marche.Les horizons sont mentaux. Tandis qu’il avait, dans des lits de location nocturne, ouvert puis cultivé un champ qui lui donnerait quinze ans de passion pathétique, de chair à dessiner, peindre, photographier, ré-imaginer sans jamais cesser de l’aimanter, de l’attirer et de tirer de lui un sexe les unissant avec une docilité précise, habituelle mais pas monotone, tranquille, instrumentale, il trouvait désormais un autre rythme, moins physique, plus mental et pourtant nullement spirituel, celui de l’éveil et du constat, d’un repérage mutuel ou accepté en des lieux de public ou de réunion, de convention. Il allait, il était accueilli pour ses premières phrases, et peu d’heures ou de jours après, il y avait l’instant de grâce, chaque fois différent, des vêtements qui disparaissent, de la chair qui apparaît petit à petit ou d’un seul mouvement, puis ce qu’il est convenu – quand on n’y est pas, quand on y est plus, quand on s’en souvient, quand on en parlera, quand il s’en écrira ou lira des bribes – l’union. L’histoire d’une autre existence, enrobée de féminin qu’il écoutait en préludes, pour du texte, puis découvrait en résultat, les habitudes et les instincts de la chair quand celle-ci est d’abord éprouvée comme sexe. Lui-même n’apprenait sur lui que le miracle du plaisir. Il n’avait su le fiasco, n’avait expérimenté l’impuissance de corps, malgré le désir qu’il avait d’une érection, de l’outil, de la preuve d’une totalité de la conversation et de la rencontre qu’avec une seule, parce qu’elle se refusait et sans doute – mais il ne le comprendrait que progressivement, beaucoup plus tard, maintenant seulement, complètement détaché de celle qui l’avait fascinée à plusieurs reprises, sans doute parce qu’elle l’avait dragué, allumé alors qu’il avait le cœur ailleurs et les sens tout ignorants. Avec toutes les autres depuis, le tutoiement de chair et d’entremêlement des jambes, des sexes, des bouches, de tout et de rien, était de règle et de tranquillité.

Quand le moment leur avait fait connaître sa fin, il se laissait gésir. Les minutes étaient alors données à une distraction des mains qui vérifiaient l’autre en survolant à fleur de peau, ce qui nous sépare du dehors, qui nous fait ressentir en physique tandis que l’âme se retient. Ainsi, après la douche, après l’étreinte, après le constat de cette douceur étonnante reçue d’un corps si musclé d’une fille qui a l’habitude de courir au petit matin, avant la reprise d’une journée de stage, de courbettes et de modestes écritures. Ils vont ensemble promener ses chiens, à lui, sur la colline dont on regarde bien d’aplomb, posée, éternelle et fixe ce qui a été un axe et un modèle pour toute proportion, pour toute élégance, pour toute prière apparemment païenne, beauté du temps, des colonnes, des frises, peut-être parce que l’évocation, le rêve, les substituts qu’on donne à ce qui manque ajoutent ce qu’aurait empêché le regard contemporain des constructions et d’une vie civilisée d’antan. La mer du côté du port, antique lui aussi. La chaleur pas encore là. Le visage, la tête, les cheveux courts, les jambes fortes et nues. Il ne va pas garder le souvenir de ce qu’ils vivent en accomplissant le jeu de couple en habit seulement de corps, mais l’image, la texture, la simplicité, la solidité de cette très jeune femme qui l’a enserré de ses bras et aimé de ses mains et de sa bouche et de son ventre, lui restent. Il en sourit encore. C’est du stock de bonheur, et la sensualité permise et assouvie, partagée sans commentaire ni vérification que la vie de l’instant, est un bonheur. Ces rencontres, commencées au chalut et dans l’indistinction, se termine au fil et à la canne à pêche sans que finalement il soit possible ni utile d’apprendre qui a attiré l’autre. Recevoir et saisir trouvent une commune étymologie, celle de la nudité pour une danse heureuse et volontaire où chaque pas se fait à deux et dont aucun ne s’acquiert. Parole et musique ne sont à personne et les dépassent. Du dehors, elles semblent communes pour les uns, universelles et belles pour d’autres. La banalité ou l’exceptionnalité se décident-elles ? il croit qu’on les a, dans le cœur, de naissance. Il a eu la grâce de naître. Et il continue. Elle lui parle doucement, il répond de la main à sa cuisse, ce moment-là enchante. dimanche 13 Avril 2014  15 heures 36 à 16 heures 03

Il change de pays et d’époque aussi de sa vie. vendredi 11 avril 2014 à l’UCK 17 heures 30 à  18 heures 03 La première fois qu’il continue de guetter, c’est-à-dire la rencontre lui faisant enfin commencer la vie en couple, aboutie par un couple de prédestination, a maintenant une consistance différente, il ne la projette et ne l’attend plus de la même manière. Il a changé, il a vécu, il a été contraint à chercher et à attendre autrement.  dimanche 13 Avril 2014  16 heures 49  Le corps, le sien docile, exécutant bien les manœuvres, ne manquant aucun couplet, sachant les refrains des trois chants habituels, le corps de l’autre, toujours féminin, sauf une fois ou une autre d’un troisième genre, mais l’expérience fugitive ne l’a marqué d’aucune envie nouvelle, seulement celle d’avoir jouxté une altérité sociale. L’homosexualité remplace, dangereusement pour les siens quand ils sont univoques et donc identifiés, l’analogie, la similitude, la totale fraternité des corps jumeaux par l’exceptionnalité d’un statut de minorité contrainte de se cacher. L’amour de ce genre est forcément à huis clos alors qu’il est gloire et grade, ostentatoire quand il se joue par la complémentarité des anatomies, le jeu des différences, les littératures convenues et rarement inventées de la séduction. vendredi 11 avril 2014 à l’UCK 17 heures 30 à  18 heures 03  Mais l’approche est la même, la sensation du possible accueil, d’une complicité pré-établie de longue date alors qu’elle n’est qu’au seuil de s’éprouver, l’accord ne se construit pas, il se vérifie quand il y a rencontre. Aucune préméditation, aucune interrogation aussi loin que remonte sa mémoire, d’ailleurs il n’a jamais eu de fantasme en sexe, le sexe s’est présenté comme une façon de matière scolaire que l’époque impose, une sorte de programme qu’il importe d’assimiler pour pouvoir continuer : quoi ? la vie ? la quête amoureuse qui, pour lui, s’est prolongé en version seulement sentimentale, souvent triste, surtout songeuse.

Une plage, l’autre continent, le désert au dos, l’océan au ventre, personne que lui, maillots de bain, chacun. Lui-même n’aura conscience de sa propre anatomie que dans les années où l’on commence de perdre sa silhouette, où se décalent l’image de soi, de l’apparence physique à donner de soi, et la réalité qui boursouffle, enlaidit, ne correspond plus au mental, à la pensée, au visage. Celui-ci ne suit que de loin et continue de se ressembler d’une décennie à l’autre, modifié seulement par à-coups. Le corps de l’autre au masculin, il ne l’analyse pas, il ne se le décrit pas, l’après-midi avance vers le soir, le silence s’accentue sauf celui de la barre. Il n’y a plus les pirogues ni les pêcheurs de la première époque, il n’y a plus la jeune fille aux physalies, aux yeux bruns un peu fendus, dont il a détaillé la silhouette et le corps mais sans y jamais toucher, pas même d’envie, c’est ainsi qu’il lui avait manqué puis l’avait perdue. Le garçon a son âge. Il est de passage, invité comme lui à cet anniversaire de nation en jeunesse, chacun se connaît d’un continent à l’autre. Mais du même autre continent que celui où ils sont en train de se rencontrer, ils ne se connaissent pas. Il entend que l’accord est fait, pas démonstratif, tacite, est-ce une envie mutuelle ? est-ce habitude qu’a l’autre, est-ce curiosité qu’il a ? mais pas maintenant parce que pas ici. Plus tard est aussi un des lieux de ses commencements dans ce pays. L’hôtel à claire-voie, les commutateurs dont les plombs se dévissent et s’emportent et s’apportent. Simplicité sans pauvreté, pas de meubles, que le lit bas, la douche dans le même espace. Après la réception officielle, les vêtements retirés. Le corps d’homme ne prétend à rien que d’être celui d’un homme. Le sien aussi sans doute dans le regard de l’autre, visage qu’on ne retient pas de mémoire mais prénom qu’il va garder, celui d’une amitié proposée ensuite par correspondance qu’il a refusée par la même prudence qui lui fit ne pas écrire à sa première initiatrice au cas où elle eût été enceinte de sa chute en elle de tout son entier, pas que de sexe. Il est mort de la maladie de ce genre après être passé d’une profession de l’esthétique : du capillaire, à une autre : la peinture pour laquelle il s’est fait connaître dans tout le Vieux monde. Celui-ci est neuf, le parcours ne dure guère, il ne s’y prend pas avec les mêmes lenteurs, les mêmes regards, la même façon de tenter de sculpter et de vérifier consistance et consentement du corps féminin, mais il tient le rôle masculin, c’est lui qui ornemente le sexe partenaire sans souci du sien. Il ne reçoit aucune science et n’en a ensuite, avec si peu d’autres, acquis rien de plus. Allongés tête-bêche, ils sont au plus simple. Il va se souvenir davantage de la silhouette de l’autre, allant à la douche, le sexe curieusement recourbé comme un sabre oriental. L’a-t-il totalement exprimé et lui-même se l’est-il fait aboutir ? Le lendemain, ils se revoient, autre hôtel, il a envie de recommencer plus pour les sensations, la situation, l’approfondissement d’une curiosité plus encyclopédique que l’orgasme à la main, à la bouche, au toucher. Mais l’autre est souffrant et lui-même perçoit que leur familiarité et peut-être son désir se remarquent. Il prolonge et conclut l’expérience, elle n’est plus de chair, elle est de société. Il n’y reviendra que putativement puis par hasard. Un train, la longueur du voyage, le compartiment, le wagon restaurant, du sourire, il tente la proposition, une caresse à l’avant-bras, il lui est répondu de même, il ne se trompe donc pas sur le genre de son vis-à-vis, mais tout simplement comme en toute drague, l’autre peut refuser, se refuser, réduit au corps et ne pas vouloir entrer en partage. C’est cela. Il y a plus tard, encore une décennie, le page d’une galerie de tableaux, au niveau d’entrée dans l’hôtel où il doit se loger en arrivant dans un énième pays, selon sa propre profession. La résolution est prise, il achète quelque chose qu’il revendra en fin de séjour, la toile est livrée le soir dans sa chambre, il montre au garçon, presque à l’enfant, des photos de nus féminins, un modèle très pur d’anatonomie, de silhouette et d’images. La main est acceptée, la sienne sur le corps, le sexe encore vêtus, la réciproque se fait, l’allongement aussi. Inoubliable posture d’âme plutôt qu’un orgasme de même attente et de même pulsation terminale en pénétration d’un sexe féminin ou en maniement sans fioritures ni explorations ou sollicitations adjacentes quand c’est au masculin. Le cadet, au regard extatique, nudité brune et fine, quand son visage se pare de l’aspersion crémeuse. Il l’emmène se baigner, le baigne, ne le sollicite plus. C’est le regard qui les emporte et qui n’a de dévotion que pour leur visage à chacun. A travers la ville autrefois futuriste, il le ramène à ses parents, il le recevra en recherche d’emploi ne pouvant, en cela le satisfaire, et le rencontrera quelques semaines plus tard, vêtu de blanc, qui est souvent, là-bas, couleur du deuil, au bras d’un très aîné, encore plus aîné que lui. Ils se sourieront. La dernière du genre sera une erreur, le sperme en goût dans la bouche, il cherche en début de nuit comme aux tout débuts de sa vie sexuelle, il avait dans son pays erré pour trouver et payer une professionnelle, au nom de pécheresse pour pseudonyme, n’apprenant que la pauvreté du plaisir dit vénal, le savon, puis l’assise au ventre d’une femme qui ne se déshabille et ne prête qu’un orifice à effacer toute sensation, même si la fin se produit. La rechrche aboutit à une sorte de couple, un enfant qui les quitte, une jeune fille, c’est en réalité un jeune homme sans beauté, sans traits, pressé qu’il jouisse et ne s’offrant à rien. Episodes dont le goût ne lui reste pas, sauf la joie, arrête-sur-image, de l’enfant encore qui reçoit l’éclaboussure d’un plaisir qu’il a provoqué, appelé et fait jaillir, tandis que l’étreinte plus accomplie ne lui a laissé que le souvenir d’un homme, de son âge, mais las, allant dans la pénombre se passer le corps et le sexe à l’eau froide. dimanche 13 Avril 2014  17 heures 10 à 17 heures 51
 Anatomies, différences, littératures, il n’a pas, en vingt ans, érigé au classicisme. Les entrées en matière sont des lieux communs, lieu commun pour la rencontre, lieu commun des explorations verbales en restauration payante avec promenades ensuite. vendredi 11 avril 2014 à l’UCK 17 heures 30 à  18 heures 03 Variantes ? elles sont à peine physiques jusqu’alors. La césure se fait quand commence l’interrogation : est-ce elle ? la chair l’a introduite davantage parce qu’elle a été acceptée de l’autre, la sienne, la leur ensemble en forme et en sensation de sexe, un peu eux, mais ni la vie ni le projet. dimanche 13 Avril 2014 17 heures 57 Un cap, soutenant de son avancée dans la mer à toutes heures du soleil et de la nuit, un des plus purs et simples des temples de cette civilisation. On y arrive en une petite heure de route très sinueuse, on peut dîner en contre-bas là où un des lambeaux du romantisme passa une nuit à la belle étoile et en chasteté. C’est dans ce pays que deux étés plus tard, il vivra une semaine avec la plus durable et la plus passionnée des liaisons de ses trente et quarante ans, une semaine d’eau salée, de rochers, de nudité permanente et belle, la leur, celle des autres, génération homogène, un autre érotisme, celui de la semence faisant fumée dans l’eau verte et grise, la douceur de la mer dissimulant leur étreinte sans effort mais procurant à leurs mains, au grain de leur dos, des cuisses, au dardant des seins de sa sœur d‘amour, une âpreté glissante, retenue. La nuit, couché à même le sol, sauf un duvet pas épais, c’est la rudesse du sable qui se tasse sous les corps, c’est l’inconfort de l’énième étreinte, de l’énième bonheur de l’arrivée bien régulière au paroxysme, au retrait du membre giclant son lait et s’effondrant au renflé du ventre quand le pubis n’a pas plus sa végétation où perdre les doigts qui font semblant de ne promener que leur distraction et quand la coupe de l’ombilic reste indifférente. Alors le bois du sexe devient enfant vulnérable et les esprits sont prêts au vertige du ciel en constellations, en fond parfaitement noir, vertige d’une plongée, d’une aspiration vers le haut, qui ne diminue rien ni du corps, ni du contact mutuel, ni du miracle de la vie quand elle perpétue la grâce de cet ensevelissement, le sommeil. L’association du lit, de l’agenouillement puis de l’allongement des corps, le règne de l’horizontal et la perspective d’une autre personnalité dont la chair est double et l’âme pas dite. Il ne sait pas du tout que l’amour est cela, cette personne faite de deux mais qui n’est pas addition et en produit une troisième. Avec le temps, il a compris et il vit que la trinité serait bien plus mystérieuse, si incompréhensiblement elle devait ne pas exister. D’autant que son mariage a amarré leur décision au commencement certain de leur enfant. vendredi 11 avril 2014 à l’UCK 17 heures 30 à  18 heures 03

Ce soir-là, il le pressent. La conversation de route, l’histoire à elle, ses chiens à lui, le pays des colonnes et de la mer détaillée comme un puzzle encore à faire mais dont les pièces, en îles découpées, sont déjà étalées. Le retour se fait chez lui, il n’est pas encore installée, c’est du campement, du matelas pneumatique, du sac de couchage. Il aime sa voix, son profil, il a aimé son prénom, ils ont écouté ensemble le discours présidentiel pour la colonie dont il a en partie, thématiquement, la charge. Elle participe à des fouilles archéologiques, elle s’envole le lendemain pour un pays sans mer où elle vit au bord d’un lac. Elle aime le corps, leurs deux corps, elle en veut, elle en reprend. Il la regarde, la photographie à ce premier matin, il n’y en aura pas d’autres, les revoirs seront ratés, il écrira le récit de ces heures courtes, il a envie de vivre avec elle, il aime son silence et son ardeur, l’âme pudique, la chair qui apprécie et qui sait, elle médite, debout au balcon, habillée, il la regarde ainsi de dos, elle n’est pas libre, lui manquera pour les plus nombreuses des heures qu’il avait organisées en venant à domicile parce qu’il avait pu saisir une occasion professionnelle au bord d’un lac des cygnes fameux, serti dans des montagnes belles, à les survoler enneigées. La drague a son système, elle a surtout l’aveu de son échec, elle ne mène qu’à un souvenir qu’on ne chiffonne jamais ni ensemble ni au même moment. C’est dans cette ambiance d’une éternité morte-née qu’il a souhaité la durée. dimanche 13 Avril 2014  . 17 heures 57




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