dimanche 20 avril 2014

Changement de signe - 2ème registre chapitre 7 - sur parole







Chapitre VII

Sur parole




Elle se releva, les releva. Elle dit, explication ? évidence ? promesse ? mardi 15 avril 2014  11 heures 32  . . . pas avant la publication de nos fiançailles. Il entend le stupéfiant, pas tant l’interdit que l’énoncé d’une perspective qu’il n’a pas du tout envisagée. Il est seul au monde puisque sa mère est morte depuis dix-huit mois. Selon sa fratrie, c’est celle-ci qui a gouverné ses amours, empêché ou poussé, déploré une rupture et abominé une liaison. Il vit depuis une trentaine de mois aussi loin que possible de ses bases sociales, affectives, professionnelles. Sur place, une relation féminine et chaleureuse, et dans son pays un lien qu’il ne sait ni définir ni souhaiter ni entretenir, mais qui est né. Sans confident que lui-même, il entend ces mots. La scène, surtout la réplique à l’esquisse de ses gestes, à sa résolution d’en faire sa maîtresse ce soir-là, en tout cas de l’entreprendre, a un décor. Sa résidence, distincte des bureaux dont il assure le premier fonctionnement en date, et qui va le changer de l’hôtel. L’appartement est local, grossier de finitions, de menuiseries diverses. Quelques-uns de ses homologues ont accepté les villas proposées, mais il a observé que ce serait une cité du genre qui favorisa l’assaut des Boxers dans un pays qui n’était pas prévisible à l’époque, pas plus que ne l’et celui-ci débute seulement sa vie propre. Il avait une tierce solution, mais quoiqu’en vue par son accréditation, il est totalement subordonné à des gérants de tout et qui ne sont pas sur place. Ils visitent ensemble, elle est très jeune,  trente ans de moins que lui, davantage même. Ce n’est pas à cela qu’il est sensible, ce dont d’autres s’énorgueilliraient, mais à une beauté calme, à un équilibre évident. Il a plaisir à passer du temps avec elle, la chronique de la séduction a été particulièrement lente, ils en sont à leur siixème mois, l’appartement n’est pas encore vraiment meublé, mais il y a un grand lit et à son haut, le long du mur, une belle surface de bois moderne où poser de la décoration ou rien. Pas de draps encore. Assis, tous deux, l’un contre l’autre, ils essayent matelas et sommier, il la touche, le chemisier, le buste à la peau pâle, les seins à leur soutien. C’est alors qu’elle l’arrête. Naguère, sans que cela décide encore des fiançailles qui ne se firent dans son esprit que quand elle se crut enceinte, il y avait eu éjà cet arrêt sur image. La prise de conscience, image mentale de la vie qui se décide d’elle-même. Sans texte. Ce soir, il y a plus. Ils ont descendu l’escalier, l’immeubke à trois niveaux, n’en a qu’un socialement, la nomenklatura au pays qui a inventé la chose, ou plutôt une colonie de ce pays-là, apparemment effondré depuis peu, mais en réalité… elle en est, elle l’a charmé en interprétation d’une pièce contemporaine d’un de ses auteurs à lui et par sa manière à elle d’interpréter la psychologie de contrainte et d’évasion qui a gouverné une grande partie du monde et qui avait là où ils sont ses sites stratégiques. Puissance et sensation pour lui d’être à un point de la géographie et de l’histoire universelles, décisifs à cet instant. Voici qu’elle ajoute, surcharge ledit instant en lui donnant une vibration toute personnelle. D’aileurs, je suis sûr que je serai heureuse avec vous. Il lui a ouvert la portière de sa voiture de service, c’est ainsi qu’elle continue et c’est en ré-écoutant une prophétie et une phrase, jamais entendues en trente ans de pérégrinations du cœur, plus encore que du sexe, qu’il s’est endormi et réveillé. Décision… sur constat. vendredi 18 avril 2014 à l’UCK . 17 heures 55 à 18 heures 15

Plus tard, plus loin, la veille de son ré-envol, l’hôtel, la chambre d’un souvenir autre, mais plus confinée. Aussi inattendue, la saisie d’un instant. Elle le surprend chaque fois, bien après, deux décennies ensuite, loin d’elle dans toutes les dimensions sauf celle où vibre encore quelque chose sans nom qui est plus que du souvenir, que de la mémoire, que ce qui se compare aux braises ou à la cendre, il comprendra qu’elle avait porté d’avance le moment, moment de la déclaration, moment de la défloration, si c’en fût une, s’il en était le dédicataire, ou seulement l’instrument à date obligée, puisqu’elle allait repartir, mais c’est quand avec lui qu’elle le voulut ou le fit. Ce qui n’est brouillé est le profil, les joues pleines, les cheveux qu’elle retient, elle se prépare pour le dîner qu’ils vont avoir dehors. Et tout tombe ou tout apparaît, elle est nue pour la première fois à ses yeux, pour son regard, il la photographie mais pas en preneur d’images ou en metteur en scène, il la retient en lui, il la blottit en chair, en silhouette données. Il a décidé qu’elle était sa femme, il a considéré depuis son faire-part d’émotion et l’interdit qui a été proféré dans la même phrase qu’elle l’était putativement. Il a donc sans difficulté tout retarder de ce qui se fait vite quand on est d’accord et d’amour. Il n’a pas conscience de l’artifice et elle a laissé d’autant plus le rite de la réserve s’installer entre eux, qu’au contraire de lui, elle n’était plus décidée à leur union quand elle est revenue. Revenue pour s’en aller et prendre congé. Il a ensuite repris la main, l’a maintenue dans le calendrier initial et organisé la parenthèse. La voici qui couronne tout, elle est nue, et comme il la regarde en époux, en fiancé, en partenaire d’éternité, il reçoit une tout autre beauté, il jouit d’une tout autre nudité que selon ses habitudes et ce succès masculin d’arriver à des fins bien impersonnelles mais propres à se croire exaucé. Il la photographie comme il peut, mal assuré de la lumière, du décor. Elle pose sans habitude, sans science, naturelle, plus tout à fait adolscente, la pudeur étant hors sujet, mais sans obscénité. Elle est nue, il la photographie, ils sortent ensuite et vont dîner. Elle s’envole le lendemain, entretemps elle a tout fait sans qu’il en sache, en voit, en ressente rien, assise sur lui, du sang sur le drap, à leurs sexes.

Il y aura le profil de la catastrophe, une moue paresseuse, presque de la veulerie, c’est elle donc ? son hésitation qui naquit, aussi prenante qu’avait été sa certitude.Trop d’images, pas assez de vie, un cadre trop tourmenté, l’instabilité donnant tous les assauts et corrodant tout, il souffre de ces ruines. A l’étape, venue avec les papiers d’identité et les traductions certifiées pour leur mariage, alors qu’à sa venue précédente, elle n’avait atterri que par égard pour lui et le prévenir en personne de leur séparation, elle s’agenouille sur le lit d’hôtel et tandis qu’il est en proie aux fatigues de la route et du doute, qu’il ne sait plus s’il construit ou détruit, que se penchent du dehors vers ce qu’il est en train de vivre et croyait solide, achevé, ses souvenirs de décennies – là – en vacances familiales sous les montagnes, à flanc des boisements vert sombre, et elle lui tend, cambrée, les bras, le visage, la chevelure posés sur le blanc des draps, dimanche 20 avril 2014  18 heures 20 à 18 heures 44 l’orée sombre, forestier d’un premier plan qui ne l’émeut pas. Tout simplement, il n’a aucune envie de la prendre, de la pénétrer, il est complétement ailleurs, il n’est même nulle part, hors e toute dimension tandis que l’invitation par l’ombre, d’ordinaire prometteuse, ne l’appelle en rien. Ils sont sortis, et montant dîner par la route unique qui a organisé le village sur l’autre rive de son torrent sous glacier, il voit comme un gage de quelque chose d’autre le rougeoiement des roches par le couchant du soleil. Il n’y a plus personne dans son existence que des passants, pas même des compagnons de condition ou de perplexité. Un peu plus loin dans ce mois d’été, il apprend l’inconstance des certitudes tandis qu’elle lui enseigne sa manière à elle d’avoir envie, peut-être pas de lui, mais d’une étreinte, la leur donc puisqu’il est là. Dans le mois d’un nouveau départ qu’il ne veut qu’en suspens de leur commmencement, elle le remplace, coucher de soleil aussi mais en direction de l’arctique, et lui en fera part avec commentaire encore un peu plus loin dans un temps qui n’est plus du tout le même pour l’un comme pour l’autre. Détail de l’emploi de son temps, en fin de journé, au retour de chacun à ce qui doit être l’habitation commune, ils font donc l’amour, heure fixe, lieu fixe, rituel sans doute fixe. Celle qu’il a tant aimée de chair et de tout, fait part sur le même ton après lui avoir dit combien elle se réjouit de la mort de sa mère qu’elle considérait comme l’empêcheuse de leur union, elle a eu un amant un an après eux et son dernier mot : pendant quinze ans, tu as été tout pour moi, et elle assène la remarque d’un ton le plus simple, je croyais que ce serait très difficile, ce fut très facile. samedi 19 avril 2014  18 heures 11 à 19 heures  30

Coup de foudre et relativisation, concentration de soi lové sur une certitude. Il en a fait l’expérience concrète, dans un autre pays, pas très longtemps auparavant, mais les distances intercontinentales, transocéaniques, les familiarités ou les impossibilités linguistiques valent et pèsent bien plus que des années pour séparer les épisodes d’une existence humaine, surtout errante, anaérobie. Traité par des relations professionnelles dont il a la supériorité hiérarchique, il dîne dans un patio dont l’environnement végétal le pénètre de partout. Rien à faire qu’à se laisser vivre, tranquille, boire, savourer l’exotisme mais dans sa langue, se reposer d’une journée et des années, ne rien prévoir ni attendre, illusion de la succession des affectations : elle fait croire qu’une vie avance, s’approfondit et que des acquis se rapportent à chaque étape. Quand le cycle se sera terminé, il aura des objets, des pages de journal, des boîtes de photo. et quelques numéros de plus dans la liste de ses liaisons, chacune ne survivant pas à son départ pour ailleurs. Elle entre, brune comme toutes les filles de l’endroit, la peau mate. Rien de particulier, sinon que … la foudre tombe. L’orage au sens météorologique et un choc intime à l’entrée de cette jeune femme dans son champ visuel. A peine échangent-ils quelques mots devant des témoins qui ne savent pas l’être. Il entre en obsession, l’invite dans les trois jours à déjeuner, elle le guide dans cette capitale célèbre par ceux qui l’ont conçu et même prophétisé de plan, de sites et de coordonnées géographiques par un grand saint du siècle précédent qui n’a jamais traversé la moindre mer, encore moins cet océan. Plus que des rêves, la réalisation de songes. Elle ne répond à aucun modèle, ne va au-devant d’aucun manque ou projet qu’il lui confierait, il n’a pas du tout le jeu habituel qui, en autobiographie et enthousiasme pour le moment à précisément et immédiatement vivre, a généralement captivé et même séduit. Contraste absolu entre la force de cette soudaine habitation, sanctionnée et recueillie par le tonnerre de la nature, la pluie diluvienne, bruyante et chaude qui vient avec, et le calme d’une relation apparemment quelconque. Ils déjeunent, il ne peut s’exprimer ce qu’il ressent, elle est sans pareille, elle est parfaite, bien entendu douce, jolie, ferme, personnelle, cultivée, les mains, le visage, le physique et la voix, oui, sont parfaits. Tout. Le langage et le sujet communs sont ce qu’il peut découvrir de ce pays et ce que le sien peut entreprendre ou doit augmenter avec celui-ci. Ils conviennent qu’il viendra la visiter un moment du soir, après avoir écourté une obligation. Il est accueilli, la conversation est limpide, banale, pendant des heures d’un bien-être absolu. Elle est semi-allongée sur un canapé, celui-ci poussé contre un mur, il ne le partage pas, il y a une table basse jeudi 17 avril 2014  18 heures 20 à 19 heures qu’il déplace tardivement, elle st en jean, elle accepte sa main, ils sont nus dans l’autre pièce. Nouvelle exceptionnalité, la plante de ses pieds plus douce qu’une paume de la main. Elle lui dit ensuite que ce fut, qu’il est, qu’il a été exactement comme elle s’y attendait. Il ne réplique pas, ne se pose pas la question du sens de cette évaluation : péjorative, laudative. Il dort là, il s’éveille le premier, il la reprend, c’est aussi doux que la veille, que les pieds, que la voix depuis leurs premières minutes quand il n’était qu’un étranger. Il ne se demande pas ce que fait augurer une douceur sans tendresse, ni s’il a changé d statut. Elle appelle à l’étranger, il apprend qu’elle a deux amants, tous deux dans la même carrière qu’elle, que lui aussi, dans son propre pays, l’un au sud mais dans le même continent, l’autre outre-océan, et il croit pouvoir déduire qu’elle n’en a aucun sur place. Il sera réadmis quelques minutes, il déposera des lettres, on lui fera savoir qu’il est importun, qu’il agace, qu’il vaut mieux que… qu’il faut que… Rencontre de même type, devant un ascenseur, à son hôtel de passage, d’attente, il est dragué, ce qui est moins gratifié qu’un coup de foudre mais cela peut obséder aussi, elle a une chambre à un étage inférieur, elle donne un peu, elle arrive et vient, puis repart, il ne distingue même s’ils ont « fait » l’amour. Elle a un regard de surprise totale mais émerveillée quand elle l’aperçoit dans quelques parties communes, une joie qu’elle n’affiche que pour elle-même, un ancien camarade, amant, collègue parfois les regarde passer, sortir, rentrer avec un tristesse affichée. C’est ensuite son tour, il n’insiste pas. Les pays d’apparente facilité sont moins prolifiques en amour que ceux qui n’ont aucune réputation.

Aux frontières de son propre pays, en bordure de montagnes, par climat de neige et de vrai froid, une région neuve pour lui qu’il doit apprendre à connaître et où il doit se faire connaître, ordre de mission ou défi qu’il s’est donné. L’objectif affiché sera manqué mais il obtient ce qu’il n’avait encore jamais rencontré, une royauté humaine hors mode, sans apprêt, sans éducation à la séduction. Une sympathie, un soiré de cinéma, deux vallées plus bas avant que l’hiver n’arrive, un lit dans une pièce unique d’habitation, pauvre et sans décor que leur silence, un lit contre un mur, on n’en fait pas le tour. Lle lui demande ensuite :vous avez bien joui. Les aisselles ne sont pas rasées, la toilette est avouée au savon de Marseille, elle est d’une blancheur beige de peau, elle est simple, elle l’accueille chez elle car là où ils se sont plus, elle est employée et ne peut… même si lui y a  une chambre, mais à la nuitée. Elle disparaîtra, ira sous la même enseigne ailleurs et lui fera part de ce qu’elle a quelqu’un. Memento des vivants. Un autre reine de la même petite ville, signalement, une porte baroque, une chapelle gothique servant de halle d’exposition, une église à énormes piliers pas haut, sections carrées, vitraux d’un des plus grands artistes contemporains en la matière. Merveille de l’humanité quand elle n’est qu’elle-même. L’amour fait voyager surtout quand il ne fonde pas. L’autre reine, quand ils manquent son avion après qu’il l’ai accueillie pour un dépaysement total en géographie, a ce naturel : j’ai fait tout manquer, parce que leur position qui ne lui était pas habituelle, elle l’a défaite sans qu’ils aient achevé leur itinéraire. vendredi 18 avril 2014 à l’UCK . 17 heures 55 à 18 heures 15 Elle préférait n’être pas photographiée nue, elle a voulu venir là où il l’invitait puis se rétractait, faute de temps entre quatre maîtresses déjà sur orbite, accumulation de vie quand aucune rupture n’est son fait car ce n’est pas son art et qu’il est toujours perplexe quand l’irréversible est possible. Sera à sa charge. dimanche 20 avril 2014  18 heures 30

Les disparitions se sont faites ainsi, chacune anecdotiquement différente. Les anodines, les perpétuelles. Plus de tendresse, d’amitié, de prière pour le bonheur de celle qui… celle que… quand le temps était maître. A y réfléchir de la sorte, toutes deviennent paisibles alors que les apparitions font toujours du tumulte, qu’elles s’assouvissent ou se manquent à peine avait frémis le rideau. Le souvenir a la platitude d’une image, d’une page. Rien ne vibre, alors que tout aurait pu faire une histoire, au moins un paysage. Il y a des assauts inexplicables, un corps parfait, potelé, une porcelaine de Nymphenbourg, le bredouillis enfantin de précisément craindre d’être mise enceinte, un projet ? rien, des années en pointillé de leur adolescence aux années émancipées leur ont donné une familiarité sans tutoiement, pas de logis en propre, des hôtels qui seraient sordides, alors une fois dans la petite forêt dont il a l’habitude et où la police l’interpelle avec l’une pour un premier baiser, et avec l’autre, c’est-à-dire elle, complètement nue, joie et conseils de prudence des uniformes. Plus tard, embringué lui-même, il l’entrevoit de nuit, à un carrefour de leur capitale, en chandail rouge, mi-errante, mi folle, la très bonne famille puis un avenir sans doute classique après la contorsion des vingt ans d’autrefois. Un tempérament, une gentillesse aadmirative pour l’amant possible mais qu’il refusé s’il n’est que visiteur. Et ainsi de suite, toutes et lui poussés vers le large qui finit par se rétrécir. Le corps n’est une dimension qu’avec un autre corps, les rencontres sont des demandes de corps longtemps ou elles sont compagnonnages ou elles insupportent, elles ne se disent et ne plantent de la mémoire, parfois même de la prière votive qu’en version amoureuse. L’amitié oscille en tant de genres. Il ne s’y arrête plus, morts enregistrées, identité changée. Le travail ensemble a sa saison unique. Du moins, est-ce son expérience, des dialogues de plus en plus brefs, suscités davantage par le sans-gêne ni pudeur de l’âge révolu que par les arguments d’antan. Parmi ce qui se présente, le regard n’a plus les mêmes façon de choisir et qui sait s’il est invité à avancer ou s’il y va de lui-même. Il est devenu explicitement curieux d’autrui maintenant que le sexe se tait, que les jeunes filles sont devenues des enfants, que les femmes sont mariées, que la sienne est son seul défi, la suite de tout, un suspense qu’il n’a jamais vécu en liaisons longus ou courtes de durée, flambantes ou refusées.

Disparitions par un mot. Elle l’appelle au téléphone, depuis quelques semaines, il compte à rebours, une intervention chirurgicale, vitale. Il est en retard, justement il doit déposer de sa semence, c’est la dernière fois, la troisième. Le répondeur gardera ce qu’elle lui dit, comment a-t-il su que c’est elle. Il y a eu quelques lettres après des années de silence d’elle, et pour lui d’attente, de chagrin, parfois de déséquilibre total. De cœur, il vit plusieurs vies, le passé récent et qu’elle a clos, un autre présent qu’il ne sait qualifier, qui l’enveloppe, le chérit, le garde en une vie du coup attaquée en biologie, il est en pleine confusion, a hésité sur le mode d’intervention, voulant que soit préservé sa virilité. La postérité, la médecine lui a donne les moyens. Quand il rentre de ce moment aseptisé mais sordide, quelques images, des reproductions de Modigliani, l’improvisation de la dédicataire mentale de ce qu’il prélève de lui-même, il interroge la mémoire téléphonique. Un orage a fait sauter l’installation, le texte en a été le prix. Il ne saura jamais ce qu’elle lui disait. Une conversation brève, très décalées, elle l’assure que ce qu’elle lui a précédemment écrit, il vaut mieux qu’il n’y croit pas. Dans l’instant, il cristallise leur séparation aussi nettement et fortement qu’avaient pris solidité sa certitude t sa résolution. On ne peut plaider contre soi-même, et elle le fait. Elle signe encore plus loin en l’appelant à une escente d’avion, non loin mais s’annonce sous un diminutif qu’il ne lui a jamais donnée et qu’elle ne lui a jamais recommandée. D’autres disparitions n’ont pas même le caractère d’une ponctuation pour finir, avec clarté ou décision, même artificielles, une rivalité pas supportée et le bagage se fait, on n’entend pas même la porte : ouverte ? fermée ? L’adresse n’est plus vivante. Des mots encore, elle qui allait pour l’un et repartait avec un inconnu, ou l’invitait à leur étreinte habituelle mais avec un tiers, l‘oreille vive et triste dans l’obscurité à eux niveaux, avertit la fille qu’elle a eue finalement avec un autre ont elle lui a d’ailleurs dit qu’il pourrait – lui – éventuellement le remplacer tant elle est sûre d’être demeurée en lui… fais attention, c’est un dragueur. La fille est sans caractère, sa mère n’est plus la jeune fille d’autrefois, pas du tout parce qu’elle a trente ans de plus qu’à leur première nuit où elle se cambrait au contre-jour d’une pleine lune et murmurait l’acquiescement à la précision d’une main qu’il avait été seul, une heure avant, à trouver vieille… mais parce qu’elle n’est plus amicale. L’amour s’il ne devient pas amitié et estime, peut garder du feu, il ne s’alimente plus. La plus aimée, désirée, la plus coûtumière quand la lassitude d’une demande ou d’un perspective de mariage dont il n’était toujours pas capable, avait tout lassé, revint sur la rupture qu’elle décidait, dans la pensée que leur revoir serait orgiaque. Il fut banal, ce qui est plus triste qu’une impuissance commençant de se déclarer. Le souvenir a beaucoup de balances, mais la mémoire choisit. Il choisirait et sa surprise d’avoir pu s’y résoudre, continue de constituer tout ce qu’il vit à présent.dimanche 20 avril 2014  19 heures à 19 heures 46 



Aucun commentaire: