Chapitre XII
La propriété
La sécurité par l’immuable, la
sensation qui fait vérité et situation. mardi 22 avril 2014 09 heures 56 Paradoxe :le
modèle de sécurité qui si souvent lui revient en image est un appartement
immense, familial, lumineux, impeccablement rangé, rien qui traine, pas un
grand de poussière, les habitants, ses frères et sœurs, ses parents,
d’éventuels visiteurs pour des dîners à nombreux couverts et conversations
écoutées des enfants derrière les portes, ne sont présents que virtuellement.
Le hâvre est vide, intact et disponible avec tous ses meubles d’époque. Il lui
semble s’y promener ?. Les fantômes
ne sont plus des personnes, mais de l’espace. Paradoxe : la construction
qui n’était que de location mensuelle mais faisait partie de la pérennité
absolue de l’enfance et de ses fois et évidences, a abrité aussi l’effondrement
de toute sécurité, les aveux de son père au beau-père quittant la chambre alors
libérée du frère aîné en gestation de ses fiançailles – là encore, il avait été
témoin de l’instant, l’aïeul sortant de la chambre, les épaules basses pas du
vieillard mais de l’accablé – et les pleurs de sa mère, qu’il n’avait jamais
vue ni entendue ainsi, debout devant l’évier de pierre de l’immense cuisine
carrelée brun et ivoire, à l’ancienne qu’elle était. Le lieu de la sécurité que
n’a pas effacé le lieu éphémère d’une soudaine évidence qui déchire : la
casatrophe, et son long, lent écoulement pendant plus d’une décennie avec des
retours effondrants aux mêmes accidents, incidents, ceux de l’addiction. Avec
les conséquences des précédentes éruptions se changeant en
indéfinies inondations, emportant beaucoup, puis ce que l’on appelle tout, et cependant il reste
encore à perdre ou à sauver. Sa mère lutte, combat, ne dit que peu, maintient
presque tout, plus qu’au possible. Son père est exilé, devient ombre mais
depuis toujours il était intermittent, le père et le travail, le père et
l’argent. L’autorité n’était malgré l’apparence de matriarcat ni de l’une ni de
l’autre, mais bien plus encore que du couple parental, le fait d’une ambiance,
d’emplois du temps, d’un peuplement dont les enfants faisaient l’écrasante
majorité, homogène malgré les âges, dates de naissance successives, disparates
et la chronologie était commune, les anniversaires de chacun, les solennités
religieuses ou mondaines fêtées sans que jamais il n’y soit manqué. Un élément
de vie, plus régulier que les moments de grande musique – des disques 33 tours
dits microsillons, à la suite des appareils complexes et beaux pour jouer les
78 tours, époque des objets aux structures explicites, la cona pour le café et
les descentes et remontées du liquide à la verticale d’une flamme de lampe à
alcool – était la rumeur du « petit train » de ceinture aux wagons
pas hauts, pas très longs non plus dont on regardait de leur quatrième étage
hausmannien, les toits incurvés, peints en brun poussiéreux. Habitude cet
ébranlement régulier. Chz ses grands parents des deux « côtés », les
fenêtres aussi tremblaient, les tramways encore de la grande avenur descendant
d’une gare devenue historique quand l’occupant chassé avait signé sa reddition,
jusqu’à un fleuve dont il avait reçu ordre de loin, de les brûler.
L’appartement des dimanche après-midi
quand il y est seul, les enfants, guillemets et réalité, nombre, naissance tous
les dix-huit mois, berceau grand, blanc, à voilage, en bois plein dans la
grande chambre des parents qui donnent sur le jardin intérieur des immeubles de
ce pays de gloire et de fortune d’avant l’autre guerre.L’appartement, ce sont
des murs, ce sont les plinthes, parfois soulignées d’une bande peinte en vert
tandis que tout le reste est en enduit épais, presque stucké, qui est gratté,
les bouches de chaleur en cuivre, les portes ont du relief, le parquet est
partout, les baignoires ont des pieds, ce sont des pattes griffues de félin,
les robinets se tournent avec des poignets compliquées de motifs stellaires, le
salon, le petit salon, le premier, le plus vaste, façon Louis XV avec un
secrétaire Louis XVI, des tapis, un mi-queue quand le grand-père maternel, dans
son immeuble du second après-guerre, passe de l’appartement initial à
sensiblement plus petit. Ni sculptures, ni tableaux, sauf un petit Laurencin,
vendu dans l’heure quand il fallut du liquide et un « Saint-Tropez »
qui attendit, dès son achat, un pendant représentant une vigne, marine qu’il
était, mais des objets, la pièce de solennité, d’ordinaire interdite aux
enfants, beaucoup y casserait, bien entendu on n’y joue jamais et l’on n’y
entre qu’habillé, chaussé, coiffé. mercredi 23 avril 2014 09 heures à 09 heures 44 Le petit salon, mobilier années 1930 en
palissandre, table basse en miroir, avec s’y reflétant un baccarat où se
disposaient une dizaine d’épis de cristal. Le vase, il l’eur, les épis avaient
été cassés un à un sans que l’histoire de ces morts par bris soit retenu.
Appartement pour onze personnes avec
office et chambres de bonnes, escalier de service et lex vieux tableaux pour
sonner dans chaque pièce. Transhumance habilement organisée et même négociée par
les parents pour que les enfants aient leur chambre par groupes d’âge, ou bien
en jumeaux tant que l’enfance demeurait. Il avait ainsi occupé trois chambres
différentes, et un « antre » ménagé entre la salle-à-manger et les
deux salons. Plusieurs cours intérieures, un parc fermé avec garages
semi-enterrés, quatre escaliers de maîtres, des ascenseurs, un concierge et sa
femme, et les jardins de la périphérie de la capitale puis l’un de ses bois.
Domaine et univers, placards à ne jamais ouvrir, rangemenrs et débarras
multiples, caves mysrérieuses, la vie quotidienne s’y déroulait et y durait
plus en fantasme de peuple une planète entière, native et exclusive, qu’en
réalité puisqu’il y avait la classe et les vacances, autant de lieux familiers
mais partagés.
Les appartements toujours de location qui
suivirent en chronologie, quatre en tout, furent davantage ceux de sa mère que
de ses parents ou de la famille au complet. Ils étaient un point d’attache
accessoire au lien d’amour. Ils étaient aussi une constatation de la trésorerie
familiale puis des départs de chacun et enfin de l’âge de sa mère, mais ils
furent une constante en situation dans des quartiers à la fois résidentiels mais pleinement
urbains, et en amueblement intérieur. Sa mère ne changeait pas de vie ni de
rythme. La sécurité devenait plus symobolique, le statut était dévoilé, c’était
un début puis les étapes d’une maturité autant pour elle que pour ses enfants. La
préhistoire retenait plusieurs autres sites, deux à l’étranger, puis un transit
de quelques années, en beau quartier, au retour d’outre-mer. Il ne voulut pas
emménager avec sa première liaison, refusant précisément toute installation au
propre et au figuré, en habitation commune et en cœur pris. jeudi 24 avril
2014 10 heures 15 à 10 heures 35
Choisir une résidence, la meubler avec
les eux valises de la première arrivée dans un pays étranger de géographie et
tout nouveau pour l’autobiographie, avait été une inagttendue prise de
conscience de son indépendance. Pour la première fois dans son existence, il
était chez lui, quoiqu’à titre précaire – location à un tiers et affectation
professionnelle – et il avait un jardin. C’était à plusieurs niveaux, cela
donnait après un rideau d’eucalyptus à pleine vue sur l’estuaire du fleuve le
plus méridional de ce monde-ci, à flanc d’une colline monastique puis royale,
et il allait au travail et l’on allait de là dans la capitale aux azulejos, aux
places et façades classiques des quais et aux quartiers escarpés, par une
chaussée encombréee, parfois pavée qui donnait la sensation – vérifique – de
retour dominical d’une campagne ou d’une villégiature. Une chienne
berger-allemand entra donc dans sa vie, les liaisons originelles de son pays
natal vinrent une à une, la fratrie en éléments successifs aussi. Il se fit
faire bibliothèques, table de travail, chaise tournante avant toute
acquisitions de lit, de canapés et les armoires n’étaient pas nécessaires tant
le plan de la maison à deux nivaux était judicieux, prévoyant des pièces ad
hoc. Une terrasse enfin, sans compter le parterre dallé autour de la piscine,
avec plantes grasses et buissonnements allait le maintenir en douceur de vivre
pendant quatre ans. Chaque transhumance emporterait des acquisitions locales,
les carreaux bleus et blancs de cet ancienne civilisation, des gravures,
tableaux et céramiques, des étains, et surtout la reliure étant là très bon
marché, des panneaux entiers pour étager des livres chinés chez les
bouquinistes de capitales sur le thème unique des crises de légitimité qui
avaient fait et continuaient de fair son pays. Des visiteurs à toutes époques
de son parcours à l’étranger ne manquaient pas de décrire, sur son livre d’or,
l’impression de dépaysement spirituel plus encore qu’intellectuel qui les
avaient saisi, en sus de son hospitalité de célibataire, parfois gratifié d’une
maîtresse (de maison pour la circonstance) ou pas. Quand il conclut ce cycle et
se fit propriétaire, mais à crédit, la sensation d’encombrement, même
d’emprisonnement fut celle de qui il accueillait pour toute la vie à suivre. Et
demeure celle de sa femme. il en souffre. Avant de tout poser, il avait pu
chaque fois tout ranger sans que manquent air et espace. A présent, les dehors
étaient à débroussailler, les chiens étaient nombreux, les diverses pièces à
vivre ou de l’intimité étaient surchargées du sol aux murs et même aux plafonds
pour ceux aux plans inclinés. jeudi 24 avril 2014 10 heures 15 à 10 heures 35 . Lui-même, il étouffait parfois.
A l’étranger, il avait dû chercher.
Chaque pays a son genre d’offre immobilière, en architecture, en environnement,
en exposition. Les paramètres, les siens, différaient d’un séjour à l’autre.
Les chiens pour les trois premières affectations, le simple plaisir des liens
pour les deux suivantes, le lac artificiel et une maison sans étage,
entièrement à claire-voie pour le pays tropical et la capitale posée et
dessinée en complète imagination, un appartement petit de du surface, mais
élancé de murs, de hauteurs de plafonds ouvrant des doubles fenêtres contre le
froid mais au vent immobilisé de l’histoire présentant deux châteaux en pleine
ville, jumeaux l’un de l’autre, chacun sur son gradin. Au pied de montagnes
culminant à plus de six mille mètres, l’idéal eût été d’habiter, et aussi de
représenter puisque c’était sa fonction et que ce devait être un moyen de
grandir encore son propre pays parmi ceux dont il partageait les éphémérides
politiques et économiques, à défaut d‘une existence quotidienne très exotique à
presque tous les points de vue, à la lisière de gigantesques plantations de
pommiers, telles qu’elles avaient donné à la ville bizarre et hétéroclite son
nom local. Il ne l’avait pu. Hôtel puis appartement, il était à nu, des
amoureuses, des relations, des collaborateurs, mais pas de refuge, la solitude
qui auraît dû lui faire prévoir sa chute et un retour à une case qui n’a pas de
nom sur quelque échiquier ou carton de jeu que ce soit, quand ce n’est ni
départ ni arrivée ni station. En appartement, dans un pays de lumière, de
chaleur, de musiques en taverne ou en église, l’essentiel est la vue, il
l’avait eu, collines prestigieuses, chantées et poétisées depuis plusieurs
millénaires, terrasse pour les chiens, nettoyée au jet, leur attente et leurs
silhouettes au dernier étage de l’immeuble. En faubourgs d’une capitale régionale,
l’intérêt était la proximité de la voie routière arrivant de son propre pays.
Chacune de ses habitations lui avait donné son cachet, il y avait chaque fois
installé ses propres aises et décors, une continuité s’était faite, tableaux,
horloge, pendule. Beaucoup de ses structures intimes étaient donc apparentes.
Il était ainsi habillé pas sur mesure, pas non plus banalement.
La recherche de quelques jours, une
fois déterminée l’aire géographique selon des critères précis : desserte
arériene internationale ou liaisons ferroviaires rapides, proximités d’éléments
familiaux puisque la probabilité était son célibat à vie, exclusion de certains
voisinages en fratrie. Décision et financement à l’arraché à quelques heures de
son décollage pour le total inconnu d’une affectation dont il avait presque
tout à opérer. Il avait basculé dans le futur, sa mère était morte, sa nouvelle
hiérarchie s’avérait traîtresse, les appuis ou habitudes qui lui étaient
traditionels s’émolliaient. Jamais il n’avait autant travaillé de sa vie. Il
commençait, sans en prendre conscience, à relativiser l’habituel diagnostic
qu’on se fait à soi-même d’être heureux ou malheureux en ce que l’on vit,
reçoit respire, subit. L’antidote à la solitude et à des dépendances de toutes
parts en programme quotidien, en projets, fut donc la propriété qu’il s’était
soudainement voulu pour des raisons petites et contingentes : le poids et
le prix de ses déménagements d’un pays ou d’un monde à l’autr, et sa manière de
choisir, en quelques minutes, avait été de préférer le plus susceptible
d’évolution, d’imagination, d’apport. Il y aurait tout à construire puisque les
murs d’apparences épaisses des deux longères, au premier élargissements des
huisseries s’effondrerait. Il y aurait à boiser dans un terroir dont il n’avait
pas l’expérience, inapte aux bouleaux, peu indulgent aux cèdres de l’espèce
qu’il voulait, mais accueillant, ce qui avait surpris les habitués, aux hêtres
et aux chênes pourpres. Les pins prirent vite, les chênes pullulaient d’une
année sur l’autre, les ronces ont besoin d’appui et de prêt-à- porter, il leur
en déposait, rosiers et palmiers s’avèrèrent possibles et heureux. Ambitieux
d’avenir, voyant un four-à-pain intact pour ses pierres mais faible pour sa
couverture et son abside fouaillée par des arbres aux racines plus puissantes
que les murs, il pensa en faire une chapelle en même temps qu’un endroit de
lecture et de musique qu’aurait couvert une verrière lourde, armoriées de
versets bibliques. Plusieurs chapelles bleues avaint vraiment marqué sa vie,
une autre viendrait, celle du baptême de sa fille. Il voyait des vignes, des
pergolas pour les soutenir et faire monter, un verger et avait apporté d’une
autre région plus douce pour les pierres et moins pluvieuses, des fenêtres, des
façades et le dallage d’une très ancienne demeure était arrivé chez lui.
Vingt ans après, les jours alternent
pour qu’il aime ou subissent ces lieux. Ils pèsent fortement et négativement
sur les finances familiales, sur la relation conjugale. Des deux longères, ils
n’habitent qu’une seule, aux pignons orientés nord-sud, combinant très grand
volume avec mezzanine, et quelques chambres qui avait réparties entre amis, sa
mère et lui. Les heures de début et de fin de la nuit sont belles, les silences
et le chant ds oiseaux sont très dosés, le paysage se limite de lui-même par
les boisements qu’il a fait faire, mais les marées se font sentir, la rumeur de
l’océan au-delà d’une langue de terre en long estuaire du ria s’entend selon
les vents et les marées, des oiseaux migrateurs ont leur passée à moments
fixes, un coucou, un faisan chacun inamovibles sont aussi précis d’intervention
qu’un coq de ferme, parfois quelques sangliers, lourds et groupés font trembler
les murs et évidemment les chiens. Il se sent certes quelque part mais ne sait
pas où. Sa femme sait très précisément et le lui rappelle presque
quotidiennement qu’elle n’est pas chez elle, elle n’a pas la même sensibilité
que la sienne à l’espace, il lui faut de petites pièces et ces semi-ruelles
avec jardinets pour maison à colombages et restes de maraichags qui
caractérisent sa région et la capitale de celle-ci. Elle chérit le bouillon de
culture et des compatriotes plus généreux et civilisés que la moyenne de ce
paysage rural, et pourtant guère fermier, qui est le leur depuis leur mariage.
Le voisinage longtemps gentil avec les maisons basses d’agriculteurs retraités,
est devenu une hantise : leurs chiens y sont fusillés et l’anonymat du
malfaisant, en trois ans et demi déjà, qui récidive, ne peut être levé. Au
bourg, il est connu mais certainement pas selon ce qu’il est. Une élection
qu’il avait tentée tout à fait ailleurs lui avait enseigné une population
courageuse, encore plus endogamique que là où il a posé ses pénates. Mais vu le
relief, le climat, le froid, la frontière longeant tout, il avait eu la
sensation d’une civilisation apte à accueillir et adopter. Pourquoi n’avait-il
pas insisté ? Il avait apprécié les fermes énormes de ce type
presqu’unique répandu, en bois de l’étage aux balconnages et à la grange à qui
est, architecturalement, demandé d’accueillir pour plafond l’habitat humain que
chaufferont les bêtes, sur toute une latitude de l’est de son pays jusqu’à une
mer presque fermée mais lourde d’histoire et de confrontation pas bien connues
ailleurs, frontière d’un monde tout en dégradé. Quand il éprouve, assez
abstraitement, la nostalgie d’un bord de mer sur lequel vivre à l’année, mais
dont il craint de se lasser probablement à cause de la sonorité des vagues,
surtout quand toute lumière a été bue par l’horizon, il voit la parenté entre
ces vallées molles et longues, parfois ces reculées très spectaculaires et un
paysage simplement océan, pas même la facilité visuelle et forcément civilisée
des bords et rebords d’une baie. Les mers intérieures lui avaient paru trop
expressives, trop indiscrètes dans le pays immense et au neuf dixième steppique
de sa dernière affectation. La montagne des vacances familiales de sa
conception à la mort de sa mère, mais aussi en plateau pour la neige et ses
sports qu’il venait de pratiquer pendant presque dix ans avec femme et enfant,
lui a toujours paru l’accueil et la sécurité-même, sans doute parce qu’il est
peu marcheur et pas du tout alpiniste. Par élimination ou est-ce le lieu, les
odeurs, la pénétration d‘un élément substantiel et générique, le sable ?
il a du bonheur à retrouver de pensée, de voyage, de conversations recommencées
ce pays-là plus ou moins choisi à ses vingt ans, où il eut ses deux sortes
d’amour, celui qu’il a manqué le plus souvent quels que soient le numéro
d’ordre et le scenario, et celui qui continue de le peupler. Les refus féminins
d’un abord trop pesant et d’un discours trop apprêté et filandreux, les amitiés
d’âme et d’intelligence avec des politiques d’essence suprême, les saints laïcs
qui rachètent des périodes entières de l’histoire. Dans ce pays de désert et de
laisse de mer, il avait eu les deux, il aimait à y revenir et la mise au point
de sa façon de documenter ses projets d’écriture historique s’était faite là.
Sympathiser, accumuler du donné, proposer des assemblages. Des habitations par
la pensée de constructions uniquement textuelles, pas mêm littéraires. Des
nuits et du temps à la belle étoile pour abriter et inventorier ce qu’a été sa
vie et comment en faire une donne à partager, à transmettre. Il est serviteur
de là où il habite, mais il n’est pas assez assidu de ces murs e espaces
virtuels pour les entretenir et les amener à la visibilité, à la lisibilité. Une
vie supposée, pas vécue ? un corps à part, secondaire. Des mots, des sensations
tous consacrés à la rencontre qui constamment le remplit, celle qu’il vient
d’avoir. Or les lieux où il habite, où il a piégé sa femme, où s’est installée
de naissance leur fille, ne sont visités par personne. Il attirait naguère,
plus commode à appréhender, à simplifier. Aujourd’hui, il est caricature, en
impasse, en bout de vie. Et il est stérile puisqu’il ne produit rien ni
revenus, ni exploitation, ni œuvre. Revenus financiers, exploitation agricole
ou semi-forestière que trente hectares permettraient sans doute, œuvre
littéraire. Mais il n’a pas cette ascèse un peu bornée, un peu scolaire, un peu
hygiénique d’une femme de second rang en édition, pratiquant gymnastique en
salle et pioche des idées et sujets dvantage selon des obsessions qu’au hasard
léger mais propre à toute vérité d’une inspiration sans mémoire. Il écrit sans
méthode, par à-coups. Il savait raconter dans son enfance et son cercle en cour
de récréation des petites classes était aussi fourni que, réunies, les deux
équipes pour le ballon prisonnier, il ne le sait plus. Raconter un poème sans
rive, d’images seulement, il a su l’improviser, penché sur le berceau de sa
fille, continuer à présent, car parfois elle le lui demande, il ne le sait pas.
Il ennuie les siens par sa station assise, écran en miroir, le regard sur les
touches et sur l’immédiat dehors qui n’est, à longueur de journée, qu’image, le
contraire de l’air libre. Il s’ennuie de n’avoir pas pris le temps en vingt ans
de… Il sait alors ce qu’il a produit. Pas la décision matrimoniale, pas la
maternité dont sa femme n’avait nulle envie et n’aurait jamais conçu au
préalable la possibilité d’en faire entrer au moins une dans sa vie, donc aucun
vœu. Il a entamé le dernier quart de son existence et ce qu’il a produit est
tout simple ; L’avidité et le multiple de ses attentes se sont
transformées en une résidence mentale peut-être restreinte ou ingénue ou propre
à des parcours et à des explorations d’âme dont, ailleurs et à d’autres âges de
sa vie, il avait été incapable. Il a construit sans économie, sans plan, sans
statuts une sorte de monastère personnel.
A s’interroger de la sorte, il perçoit
son ignorance totale de la relation de leur fille avec ces lieux. Ce sont les
siens par naissance, par habitude, pas par défaut d’autre chose puisque leurs
séjours familiaux sont fréquents dans la région de sa femme. Amies de classe
ici, mais habitudes et rythmes, jusqu’à présent vacanciers où ces ruelles,
cette cathédrale phare d’une culture, et parfois d’un patriotism pour tout cet
arrière-pays, qu’on appelle là-bas localement : l’intérieur. Il a
l’intuition que s’il s’impliquait davantage dans l’entretien de leur
environnement arboré, végétal, s’il tondait, taillait, coupait régulièrement,
beaucoup, il vivrait beaucoup de joies immédiates et rentabiliserait
affectivement le consentement forcé de sa femme à leurs lieux, la remettrait à
des plantations et qu’un imprévisible acquiescement à leur propriété – car elle
était devenue juridiquement la sienne dans le jeu complexe qu’ils avaient dû
jouer avec les banques prêteuses, avec le fisc peu logique – pourait peut-être
s’ensuivre. Il lui semble donc, mais tout cela est putatif et au brouillon,
qu’il arrive à la veille du jour à cette propriété lui sera donnée. Il s’est
trompé en l’acquérant, trompé non d’objet – quoique certainement un autre
aurait opéré dans sa vie la même cataluse – mais de geste. A présent, il
comprend qu’elle est surtout, en permanence, une éducation. Quand le ciel n’a
plus de couleur mais que la nuit est encore très loin, donc psychologiquement
étrangère à ce que le paysage de ses maisons, d’un peu loin, de ses arbres
auprès desquels il s’arrête, se poste, lui assure. De la fraternité, de la disponibilité. Trop
rarement, il se retient de respirer, de noter. Il regarderait davantage.
Il ne guette ni n’interprète plus les
paroles, cris, soupirs de sa femme pour laquelle leur libération de toutes
astreintes et solitude est de quitter cette habitation, ces lieux. Certes elle
se garde de détailler la terrasse, le silence et les rumeurs, l’aise de leurs
chiens survivants. Si elle est, apparemment, peu attachée à quoique ce soit,
dans le registre matériel, il la sait vulnérable au suspense de ne vraiment pas
retrouver des paires de chaussures, achetées en collection et passe-temps avant
qu’elle le rencontree, ou à la perte probable, dont il l’a, par chance, sauvée,
de tirages précieux signés d’artistes contemporains. Elle a une relation aux
choses, elle aussi. A leur fille, à lui, mais son talent de regarder les
autres, de les deviner parfois comme un voyant ou un profssionnel n’opère pas
du tout avec sa moitié.
Il a donc accepté la mise en vente.
Parfois, il donne une heure ou deux de promenade sans objet ni compagnie à ces
prés, ces bois, ces mares. Il revient toujours, dans le sens des aiguilles du
montre, par le long de l’eau et des marécages. Ils se sont baignés nus l’année
d’insolation meurtrière, comprenant juste à temps que les boues alluviales sont
dangereuses à l’extrême, que donc il faut aller dans l’eau un par un, la main
d’un semblable étant indispensable pour se tirer de la vase aspirante au
moindre effleurement du pied, alors la jambe y passe. Où s’est-il jamais senti
chez lui ? chez samère ? à l’étranger ? chez une passion
sensuelle de l’instant ? sur la plage naturiste datant des poètes d’un
siècle culturel d’exception ? Réponse, il a donc compris que l’on n’est
jamais chez soi parce qu’on n’est jamais soi-même complètement, produit fini.
La propriété est une tutelle, mais pas une sujétion, elle est pérenne. Ce qu’il
possède en droit ou en habitude, même entièrement créé par lui – et ici le cas
est contraire – ne lui appartient pas. davantage, il n’a d’obligation d la
conserver, de l’entretenir, de la valoriser. Côte à côte, les vivants, leurs biens,
les morts… les terres, les auteurs et les peintres, les saints, les arbres, les
idées quand elles se figent, sont plantés dans quelque chose qui leur est
commune. Une sorte d’humus spirituel. Cela monte d’ici. Là-bas, serait-il de
même et peut-on caratériser l’atmosphère, les minutes, cette tombée de la nuit,
les points du jour de demain et d’hier en se laissant aller ensemble à n’être
que partie de tout et non plus centre ni acteur. S’impersonnaliser en fin de
compte, en conclusion ?fantôme de soi, ce qui est tellement concevable jeudi 24 avril
2014 18 heures 10 à 20 heures 34
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