vendredi 11 avril 2014

Changment de signe - 2ème registre - chapitre 2 les avant-premières




Chapitre II

Les avant-premières









Il est à son tour sur le quai, la petite gare toujours, aller jusqu’à … y prendre alors le métro, la nouvelle voiture qui est d’occasion. Elle et leur fille jouent dans un terrain vague, jouxtant la gare, très arborée, lui font signe. Il y a un abri, les deux voies, le bâtiment d’accueil et puis la verdure touffue. L’ensemble est d’un autre âge. Une douzaine de voyageurs. Une jeune fille, bagage, vêtement, corps impeccables, assortis, hygiénique. Une silhouette réservée, un visage disponible pour toute expression, elle semble sans sentiment, plus que silencieuse. Il l’approche, lui dit qu’elle est très jolie, elle remercie, il va plus loin. Au sortir d’un de ces restaurants pour repas rapide et emballage des mets sans plat, que servent à la chaîne des adolescents en contrat précaire, c’est devant sa femme et leur fille qu’il découvre la beauté d’un visage parfait. Elle dirige l’établissement, pas plus âgée que les employées, assise sur les marches, elle aussi prend un repas. Devant les bassines et les panneaux d’affichages, trois des jeunes serveuses, de dos, les fesses identiques, par paire, moulées sans insistance dans un pantalon uniforme gris.



Il est libéré d’une sensualité qui avait constamment ses objets, ses cibles, son pari de la séduction, sa vulnérabilité jusqu’à la fascination. Libéré de douloureuses convoitises, des commencements auxquels d’un premier pas se résoudre. Quarante ans peut-être d’un texte intime qu’il n’a jamais écrit, qu’il s’est rarement récité, subir le charme, y céder sans qu’il soit clair que l’autre, au féminin, ait lancé quelque hameçon dans le cours de son eau, quelque appel sur la route professionnelle et amoureuse d’une existence vite encombrée et inquiète d’une sorte de relation complexe au temps, à l’occasion qui passe. Il maintenant émancipé d’un mouvement si longtemps irrépressible et qui semblait chaque fois la tentative décisive de rencontrer le définitif, la version définitive de la vie en forme de femme attendue. Il regarde, complimente, il imagine. Facilement, car le corps féminin est simple. Dans une enfance à frères et sœurs si nombreux que l’étrangère ne pouvait apparaître, encore moins l’interroger et le faire venir à elle, il n’en avait pas eu la moindre idée. Pas davantage le pressentiment des défis de la découverte. L’adolescence longue dont il n’était sorti qu’à l’instant de son mariage, il s’en rendit tout de suite compte dans la splendide église où il y avait de monde pour les regarder et entendre recevant le sacrement de leur église de naissance. A plus de soixante ans en physiologie, à peu de semaines de son aboutissement à ce calme de ne plus vouloir ni encore moins chercher une autre que celle lui répondant. Une toute première.



Que de fois, il avait cru en être là. Cela ne lui semblait jamais un commencement, mais au contraire la confirmation que son attente avait été légitime. Attente longtemps de réserve, d’abstinence, de virginité du cœur, et plus encore du corps. Que savait-il même du sien propre ? La mûe, le début de barbe qu’il avait rasé jusqu’aux premiers baisers à l’électricité. L’observation lui avait été faite qu’il n’était pas bien agréable ni doux pour la réciprocité des affleurements. Du sexe, de son sexe, il avait, sans introduction, remarqué les changements de consistance, mais il ne se masturberait qu’après sa première expérience d’une pénétration dans l’autre sexe, dans le tout autre, d’une chute à crier, il avait d’ailleurs crié, et il ne chercherait ensuite, revenu à sa solitude, qu’à éprouver ce qui lui avait été administré, couché à plat ventre et frottant le drap de son endormissement. La branche courte, douce, force, l’outil toujours docile et allant au mode de son emploi, il ne l’explorerait, la connaîtrait que plus tard encore et en mode de le partager avec qui le suscitait. Verge… pour que batte le sang, pour que se comptent les points. Alors qu’il n’avait d’abord vécu qu’une vie sentimentale, que des marches ou des nages difficiles d’une île à une autre, d’un pays à un autre, d’une rencontre à une autre, que des émois et des peurs de lui-même en émoi, l’autre en vitrine, l’autre à ne pas toucher, l’autre avec permission et d’éducation comme d’ignorance, il ne savait pas demander. Mutuelle présence, brièveté d’une soirée à la très longue approche puis à la soudaine  vérification d’un plaisir de toutes parts en lui et comme en auréole autour de lui, nimbant la partenaire qui l’écoutait, probablement perplexe, mais il ne s’en rendait pas compte.



Il avait aujourd’hui deux vies, il vivait en deux époques, celle à présent du défi d’accompagner sa femme, de l’accompagner dans une quête qu’elle refusait, celle du bonheur, mais que les circonstances difficiles de leurs journées et muettes de leur nuit finirait, espérait-il, pensait-il voulait-il, lui rendre enviable. Orientée vers le bonheur, la suavité, le repos d’espit, d’âme, elle marcherait tout naturellement vers ces cieux et terres-là. La chair serait encore plus joliment au rendez-vous de leur réveil ensemble. Elle se laisserait baiser de ses lèvres aux tempes sans réclamer quelque rabiot de sommeil, interdisant toute insistance et toute avancée. Et d’une vie, transportée et facilitée par l’anticipation. Chasteté et fidélité, chasteté puiqu’ils s’étaient immobilisés en une sorte d’entracte à tous les sens du mot pour le théatre et la danse où se meuvent deux corps en reconnaissance et répétition l’un de l’autre, fidélité puisqu’une maîtresse à cacher, avec qui jouer serait doublement dangereuse, celle-ci le rendrait à ses divisions d’agenda et de cœur qu’il avait fini par haïr tant il en savait l’inépuisable qui n’épuisait et n’assombrissait que lui-même, et que ce serait surtout perdre ce qu’il n’avait jamais possédé et qu’il recevait maintenant, à chaque respiration, à chacun de ses pulsations d’être, incarné vivant. Oui, il avait été choisi de toute éternité pour vivre ainsi, à tenter de tirer sa femme vers le bonheur, à munir leur fille de toutes les sciences et espérances de l’incarnation. La cinquantaine et la toute petite enfance, les deux perfections denses de la femme. Alors, jouer à la poupée avec une tierce personne, il n’en avait pas la moindre envie. Comblé, il admirait et pouvait sans péché ni risque, saluait le désirable ou la beauté du féminin, donner à la vis-à-vis d’un instant ce viatique qui fait discerner chez une nonagénaire qu’elle a été belle autrefois, l’assurance à vingt ans d’avoir offert à d’autres une apogée, l’accomplissement toujours spectaculaire, toujours exceptionnel d’apparaître merveilleuse à autrui qui, pour le féminin, a le fruste et balbutiant du masculin. La vie présente et l’immense galerie de tablaux, d’images, d’esquisses, de croquis sur le vif, de tentatives de fresques que conservait pour lui un passé où il ne puisait que maintenant et auquel il ne voulait rien ajouter. La vie présente était le bon livre, avec pas beaucoup de dessins, mais un tranquille enseignement pour répondre de soi et des autres, la fantaisie, la gourmandise s’ajoutant mais n’étant plus des raisons ni des fondations. Le livre très illustré de son passé n’enseignait que la contingence, de délicieuses dépendances. Il avait arraché des pages ou en sautait, celle des dilemmes, celle des trahisons, autant les siennes que ce qu’il avait subi dans le genre. Il y avait des visages, il y avait des nudités, des lieux, surtout des commencements, des circonstances et si, avec précision, il souhaitait actualiser, ce n’était que par action de grâces, mouvement de tendresse discriminant bien dans le catalogue qui l’avait vraiment habité, souhait surtout d’un apport à sa fille. Il lui avait ainsi donné une marraine, il lui voulait une autre de ses anciennes, celle la plus aimée qui pourrait apprendre à la fillette ce que celle-ci identifiait comme sa vocation, styliste. Femme pour les femmes et total inconnu pour l’homme, peinant à comprendre que le « beau sexe » a besoin de miroir, donc de son pareil, bien plus que l’épreuve du savoir séduire et du comment être saisie sans rien abandonner mais au contraire tout gagner de soi.



Etait-ce revivre ? était-ce la « machine à remonter le temps » ? était-ce plus fortement mais simplement l’autre forme, éternisée et disponible, d’un présent mobilisable et apaisant, qu’il pouvait choisir sans payer le prix d’antan.



Le plus lointain avait eu plusieurs visages, plusieurs situations, autant d’inachèvements. La préface était donc hésitante de style et d’héroïne. vendredi 11 avril 2014 . 12 heures 22 à  13 heures 42



L’époque n’est pas à la mixité. Il apprendra dans une dizaine d’années les jaretelles, les pinces et élastiques divers, les bas attachés à une sorte de ceinture qui portée au dehors ferait cartouchière ou réserve de pellicules-photos, quand rien n’était numétique, que les téléphones avaient un cadran à tourner, immense avancée par rapport à ce qui s’accrochait et se raccrochait au mur. Il n’a su d’ailleurs téléphoner qu’à dix ans accomplis. De société étrangère que la famille des camarades de classe. L’une à domicile, au sortir du collège, le sac de sports que l’ami, pas exclusif mais pas indifférent va prendre chez lui. Il l‘y accompagne. La sœur, d’un an la cadette, a son âge car le camarade a eux ans de plus que lui. Elle a, si l’on n’est sous son charme les mêmes yeux un peu rapprochés, le meme nez un peu camard. Il ne regarde que le visage, la silhouette n’est pas donnée, la voit-il debout. Elle est assise sur les marches du petit perron pour le jardin intérieur. Une robe rose, il est conquis. Six ans pour se défaire du tropisme de la pensée et d’une timidité d’abord telle qu’il ne s’adressera jamais à elle qu’au discours indirect. Il est vrai que la mère de la jeune fille, bientôt veuve, est pratique, que la jeunesse trop contemporaine de sa progéniture, ne résoud aucun problème pour une indépendance financière à réorganiser. Elle compte et organise sa fille, d’autorité, pour qu’il n’y ait jamais d’aparte. De fait, il n’y en aura jamais. Langage des signes, le plus explicite étant une réception à déjeuner dans sa propre famille, rituel d’un bel appartemment, d’une salle-à-manger pour les neufs de la fratrie, les deux parents et souvent quelque surveillante au nom diversifié, et à cette occasion, la table de chevet, la photographie très visible de celle qu’il aime et n’aura jamais. Il a sommeillé quinze jours d’un été de ses dix-huit ans, de leur dix-huit ans, même âge à cinq mois près, sur le même palier. S’y rencontrer ne se produit jamais. Une porte entrebaillée faisant voir la chambre de la jeune fille, son lit, les bibelots peut-être, des robes et jupes, du linge ? non, impensable et impossible. Il n’en rêve pas même. Le songe éveillé à quelques mètres de celle qu’il ne voit ni n’entend dormir, est celui d’un film récitant ligne à ligne un mauvais roman. Il monte l’escalier en bois, étroit, aux ramps du siècle précédent, jusqu’au derner âge de la villa de vacances, pas seulement la vue directe sur la mer, mais l’acès particulier, regard vers la Manche, une mer qui a de la gentillsse mais de la froideur. C’est bien elle qu’il aime mais s’y baigner ? Il y va plusieurs fois par jour, elle est aussi en maillot de bain, une pièce, donc moulée et gaînée, mais il ignorr ce qu’est un corps. Une adolescente de treize ans riche héritière, invitée elle aussi par la soeur cadette de celle qu’il ne sait pas courtiser, comme lui l’st par son camarade de classe, et il y a une jeune Anglaise pour la fée. Encore enfant ou presque, sans corps elle-même, elle a la grâce de parler avec des mots ce qu’elle aperçoit puis reçoit. Il sort de l’eau, la mer en gouttelettes des cheveux aux pectoraux et au fluide des cuisses. Sans excès, une pilosité côté face, une cambrure côté pile, un profil que plus tard des messieurs plus âgés que lui, selon ce que lui rapportera sa femme, disent d’un empereur romain, quelques pièces. La réalité n’était pas la fréquence de l’aquilin, mais n’importe. Il a été trouvé beau, on le lui a dit, cela ne lui a rien fait et enquêtant auprès de son hôte sur ses chances vis-à-vis de la fée, il tombe sur un bec. Déjà retenue. Lui qui écrira tant bientôt, n’a rien su manifester que de la plaisanterie et de la drôlerie pour attirer l’attention. Accessoirement, mais c’est un chapitre dont souvent la lecture lui a été proposée et qu’il n’a jamais entreprise, l’expérience d’une autre façon de parcourir l’itinéraire du tendre. Tentant de séduire la contemporaine, on attache par une maladresse et l’échec-même le regard puis la pensée d’une bien plus jeune, d’une autre en tout cas qui ne se préoccupe pas de se refuser, n’en a d’ailleurs ni l’instruction familiale ni l’occasion fortuite.



L’autre sœur de camarade a d’ailleurs des demi-sœurs plus âgées qu’elle et il est sensible toute une journée au charme, à la présence, à cette sorte de plénitude d’une étape biologique que seraient les dix-neuf ou vingt ans. ni la mautrité ni l’indépndance, mais l’adolescence a passé, elle est assumée, le corps est fait, encore totu frais mais délié et prêt. Il ne sait pas l’article, mais il a regardé. En une autre société ou autrement éduqué qu’en collège religieux et en camp scout, il eût réussi une initiation par l’aînée. Il fréquente la cadette qu’on lui demande de soutenir, cet été-là, pour repasser le baaccalauréat en rattrapage. Eté antérieur à celui du palier et de l’image pas vécue de la belle pesant à peine de ses cuisses sur els avant-bras de l’homme qu’il doit être et qui la porte, d marche en marche, d’étage en étage, jusqu’à la chambre. Mais la chambre d’en face, pas la sienne. Cet été-ci devant un océan pas limité, dans une pièce ouverte sur l’avenue longeant la plage puis le rivage, il  écoute des disques, du chlorure de vinyl, encore assez épais, des 45 tours, pour ces danses où l’on bouge à peine, où l’on peut ressentir le corps de l’autre, prendre à l’épaule, toucher de la peau, de la chair, où l’on peut incliner la tête pour que s’éprouve l’acquiescement des fronts et le début d’une réciprocité, mais les mains se joignent rarement aux hanches, l’une le plus souvent reste haute et garde enlacée des doigts la main de femme, chacune est timide. Avec celle qu’il a fait travailler au grand jour et chez qui il s’attarde, en respirant lentement des minutes qu’il croit irremplaçables, il ne dansera jamais. Avec la fée, première aimée de son adolescence collégienne, guère car elle aime valser, et lui n’en sait rien. Mais de celle-ci, il apprend la forme d’un corps, l’existence en volume sinon en aspérité, en anatomie, en possible entrée en matière ce qu’il faut bien appeler des siens. Il n’en apprend rien, mais – elle est nettement plus sportive que lui, ce sera d’ailleurs un rapport presque hiérarchique qui se vérifiera avec chacune de ses prises ou rencontres, et à présent, sa propre fille va y mettre le cachet final, il l’a mis sur les planches à deux ans et à leur dernière vacances de ski en trinité, c’est désormais elle qui est devant, qui coupe par les sous-bois, saute aux bosses et ne contourne, ne rallonge rien – il apreçoit les aisselles nues et la naissance d’un globe en contrepoint, l’intimité montrée quand la jeune fille fait, sur la plage déserte, aux agrès du club de sable en face de chez elle, ou plutôt de chez sa grand-mère, absente pour chacune de leurs rencontres scolaires, des exercices au trapèze… la possible douceur qui serait à découvrir et qu’il ne recherche pas.



Il passe ensuite du visage au toucher et à ce qui habille l’âme et en constitue le meilleur pour ses dix-neuf ans. Autre plage, autre été. Toujours la famille, l’aînée de ses propres sœurs drague et « appelle » selon le vocabulaire d’une gouvernante, chez eux depuis sa naissance à lui ou presque. Ferre-t-elle ? elle s’est trouvée une initatrice dans ce genre, et se fait sermonner. En frère un peu aîné, il participe aux menaces et aux critiques qu’aujourd’hui on dit l’éducation des filles à la servilité dans d’autres civilisations, considérées comme repoussantes, même et surtout si c’est au pied de l’immeuble francilien. Un concours hippique. Des cheveux courts, blods, à la garçon, une robe sans manche, la jeunesse conviée à danser. Ils sont ensemble, ils seront même photographiés, fesses contre le rebor d’une table de buffet, graves comme des officiants. Mais c’est sa première fois. La crise de l’amour non dit qui rone et suppute n’est que virtuelle, et ne gratifie pas. Ce soir, oui, les fronts échangent leur chaleur, leur plaisir. Il ne sait pas que d’instinct, il devrait avoir envie de la serrer contre lui, ventre à ventre, mains nouées à sa taille, glissant parfois un peu plus bas. Non, mais les jambes parfois s’emboîtent. Elle porte des bas, une sorte de présence solide, pas vraiment de la douceur, mais il y a l’acquiescement de son front, sa joie à lui, son émotion. Dans quelques années, il saura ce que cause et allume dans tout son corps, une main de fille caressant son cou, passant les doigts et les y laissant à sa nuque, sous les cheveux. L’embrassement sera moins beau, sera plus lourd, ce ne sera pas une première, il aura déjà embrassé, mais l’empressement, oui, une façon de passion pour – tous deux assis dans la petite voiture à moteur arrière – qu’elle lui prenne le cou et l’attire tout n le calmant de caresses. Elle sait s’y prendre. Très longtemps ensuite, de trente ans en trente ans, il aura des échos, la rumeur d’elle, des facilités de moeurs. Alors il la considèrera avec tendresse, une sorte de pitié pur qui n’est pas protégée. Peu après les baisers, la voiture et aussi un vol dans l’avion particulier du père au-dessus de ce qui en cent châteaux entre fleuve et forêts, fut la capitale itinérante de nos rois, il avait été invité pour le Nouvel An. Avant toute initiation de chair et de sexe, il avait pris conscience qu’il pouvait être une valeur sociale, parce que familiale. Les temps sont, à cette époque, tout le contraire des recompositions et peu propices aux gyrovagues.



Les premières fois peuvent s’échanger. Il y a d’abord la société et au jeune très diplômé qu’accueille une capitale commençante sur un autre continent, commence d’apparaître ce que peut être le rang de classement. Le charme et la provocation insolite de ce dont il ne sait pas l’origine ni en lui-même ni à l’initiative de l’autre ne sont plus désintéressés. La beauté se mesure à la rumeur qu’elle éveille. La plus jolie fille de la colonie européenne, il est vrai quarterone, son père a été juge au pays des rizières et d’une guerre perdue. Elle a les cheveux qu’imagina Boticelli pour sa sortie d l’eau, celle de Vénus. Le nez un peu retroussé, une fossette, ni grande ni petite, ni mate ni pâle, elle est mystéérieuse, accessibvle, consentante. La robe de soie, très moulante, terminale au lycée parmi des garçons de toute teinte noir au bistre et blanc, portant le plus souvent draa ou bou-bou. Pas encore les jeans. Ils dansent lentement, c’est la nuit d’été d’une capitale de quelques années, que plus tard des cuistres préférant la promiscuité et l’entassement d’aujourd’hui là-bas appelleront un bac à sable avec qulques boîtes dessus, mais le sable est plus orange et plus vrai que celui d’un court de tennis et les bâtiments si blancs, à claire-voie, d’habitation ou de gouvernement, sont ceux du plein air, aux odeurs de désert, de cartons mâchés par des caprins considérés comme des ovins, des déjections archi-sèches de ceux-ci. Ceux surtout de son premier et interminable baiser, une sorte de domiciliation d’un bouche à bouche conscsienieux, méticuleux où toute exploration est bienvenue, accueillie. Il s’enivre de salive, il s’émerveille que la plus belle des filles du monde, à ses seize ans, soit manifestement heureuse de sa bouche et – autour de ses hanches – des mains d’un garçon qui est lui. Le malentendu sera vite là, après des matinées de plage, les physalies qu’elle prend à pleine main comme le plus naturel des objets de décoration, les pirogues qu’il faut tourner sur elles-mêmes pour les hâler à petits coups jusqu’au sec pour le tri des poissons et l’inspection ds filets. Il n’st pas un homme. Après des correspondances d’été, où elle proteste de sa solitude métaphyique et lui de la rareté de ses lettres, leur retrouvaille tourne court. Première visite, à la villa paternelle, déserte car les jeunes soeurs et frères, sa mère aussi rejoignant le domicile conjugal pardonnée mais pas guérie ni repentante d’un adultère qui continuera jusqu’à l’accident de voiture supprimant le rival, connu de tous, de la société locale, du mari et des enfants, tout le monde a décidé d’être absente, sauf … elle sort de la douche. A plage, avant l’été, à la piscine d’ambassades comparativement bien dotées, il la regardait plonger ou s’asseoir en petite sirène de Copenhague, mais grandeur nature sur la dalle chaude : costume de bain deux pièces, pas d’embonpoint de la générosité délectable. Elle s’est rhabillée, ils sont allongés, lui sur elle, il l’embrasse comme on disait, bien avant eux, mais plus maintenant : à bouche que veux-tu ? cela dure, cela dure, elle conclut en se relevant. Il ne sait plus pus de choses qu’elle, c’est ce qu’il entend, il n’a compris que des décennies plus tard, en la réévoquant. La scène avait été décisive, elle a eu un amant dans les trois mois, chance pour celui-ci, dans une autre capitale à société encore française. Le goût de ce corps ne l’avait pas brûlé à proportion que son corps mendiait l’exclusivité et la promesse… Le souvenir n’est pas une notation, mais la vie a grand peur du putatif.  vendredi 11 avril 2014 . 14 heures 40 à  16 heures

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