Chapitre II
Les avant-premières
Les avant-premières
Il est à son tour sur le quai, la
petite gare toujours, aller jusqu’à … y prendre alors le métro, la nouvelle
voiture qui est d’occasion. Elle et leur fille jouent dans un terrain vague,
jouxtant la gare, très arborée, lui font signe. Il y a un abri, les deux voies,
le bâtiment d’accueil et puis la verdure touffue. L’ensemble est d’un autre
âge. Une douzaine de voyageurs. Une jeune fille, bagage, vêtement, corps
impeccables, assortis, hygiénique. Une silhouette réservée, un visage disponible
pour toute expression, elle semble sans sentiment, plus que silencieuse. Il
l’approche, lui dit qu’elle est très jolie, elle remercie, il va plus loin. Au
sortir d’un de ces restaurants pour repas rapide et emballage des mets sans
plat, que servent à la chaîne des adolescents en contrat précaire, c’est devant
sa femme et leur fille qu’il découvre la beauté d’un visage parfait. Elle
dirige l’établissement, pas plus âgée que les employées, assise sur les
marches, elle aussi prend un repas. Devant les bassines et les panneaux
d’affichages, trois des jeunes serveuses, de dos, les fesses identiques, par
paire, moulées sans insistance dans un pantalon uniforme gris.
Il est libéré d’une sensualité qui
avait constamment ses objets, ses cibles, son pari de la séduction, sa
vulnérabilité jusqu’à la
fascination. Libéré de douloureuses convoitises, des
commencements auxquels d’un premier pas se résoudre. Quarante ans peut-être
d’un texte intime qu’il n’a jamais écrit, qu’il s’est rarement récité, subir le
charme, y céder sans qu’il soit clair que l’autre, au féminin, ait lancé
quelque hameçon dans le cours de son eau, quelque appel sur la route
professionnelle et amoureuse d’une existence vite encombrée et inquiète d’une
sorte de relation complexe au temps, à l’occasion qui passe. Il maintenant
émancipé d’un mouvement si longtemps irrépressible et qui semblait chaque fois
la tentative décisive de rencontrer le définitif, la version définitive de la
vie en forme de femme attendue. Il regarde, complimente, il imagine. Facilement,
car le corps féminin est simple. Dans une enfance à frères et sœurs si nombreux
que l’étrangère ne pouvait apparaître, encore moins l’interroger et le faire
venir à elle, il n’en avait pas eu la moindre idée. Pas davantage le
pressentiment des défis de la
découverte. L’adolescence longue dont il n’était sorti qu’à
l’instant de son mariage, il s’en rendit tout de suite compte dans la splendide
église où il y avait de monde pour les regarder et entendre recevant le
sacrement de leur église de naissance. A plus de soixante ans en physiologie, à
peu de semaines de son aboutissement à ce calme de ne plus vouloir ni encore
moins chercher une autre que celle lui répondant. Une toute première.
Que de fois, il avait cru en être là.
Cela ne lui semblait jamais un commencement, mais au contraire la confirmation
que son attente avait été légitime. Attente longtemps de réserve, d’abstinence,
de virginité du cœur, et plus encore du corps. Que savait-il même du sien
propre ? La mûe, le début de barbe qu’il avait rasé jusqu’aux premiers
baisers à l’électricité. L’observation lui avait été faite qu’il n’était pas
bien agréable ni doux pour la réciprocité des affleurements. Du sexe, de son
sexe, il avait, sans introduction, remarqué les changements de consistance,
mais il ne se masturberait qu’après sa première expérience d’une pénétration
dans l’autre sexe, dans le tout autre, d’une chute à crier, il avait d’ailleurs
crié, et il ne chercherait ensuite, revenu à sa solitude, qu’à éprouver ce qui
lui avait été administré, couché à plat ventre et frottant le drap de son
endormissement. La branche courte, douce, force, l’outil toujours docile et
allant au mode de son emploi, il ne l’explorerait, la connaîtrait que plus tard
encore et en mode de le partager avec qui le suscitait. Verge… pour que batte
le sang, pour que se comptent les points. Alors qu’il n’avait d’abord vécu
qu’une vie sentimentale, que des marches ou des nages difficiles d’une île à
une autre, d’un pays à un autre, d’une rencontre à une autre, que des émois et
des peurs de lui-même en émoi, l’autre en vitrine, l’autre à ne pas toucher,
l’autre avec permission et d’éducation comme d’ignorance, il ne savait pas
demander. Mutuelle présence, brièveté d’une soirée à la très longue approche
puis à la soudaine vérification d’un
plaisir de toutes parts en lui et comme en auréole autour de lui, nimbant la
partenaire qui l’écoutait, probablement perplexe, mais il ne s’en rendait pas
compte.
Il avait aujourd’hui deux vies, il
vivait en deux époques, celle à présent du défi d’accompagner sa femme, de
l’accompagner dans une quête qu’elle refusait, celle du bonheur, mais que les
circonstances difficiles de leurs journées et muettes de leur nuit finirait,
espérait-il, pensait-il voulait-il, lui rendre enviable. Orientée vers le
bonheur, la suavité, le repos d’espit, d’âme, elle marcherait tout
naturellement vers ces cieux et terres-là. La chair serait encore plus joliment
au rendez-vous de leur réveil ensemble. Elle se laisserait baiser de ses lèvres
aux tempes sans réclamer quelque rabiot de sommeil, interdisant toute
insistance et toute avancée. Et d’une vie, transportée et facilitée par
l’anticipation. Chasteté et fidélité, chasteté puiqu’ils s’étaient immobilisés
en une sorte d’entracte à tous les sens du mot pour le théatre et la danse où
se meuvent deux corps en reconnaissance et répétition l’un de l’autre, fidélité
puisqu’une maîtresse à cacher, avec qui jouer serait doublement dangereuse,
celle-ci le rendrait à ses divisions d’agenda et de cœur qu’il avait fini par
haïr tant il en savait l’inépuisable qui n’épuisait et n’assombrissait que
lui-même, et que ce serait surtout perdre ce qu’il n’avait jamais possédé et
qu’il recevait maintenant, à chaque respiration, à chacun de ses pulsations
d’être, incarné vivant. Oui, il avait été choisi de toute éternité pour vivre
ainsi, à tenter de tirer sa femme vers le bonheur, à munir leur fille de toutes
les sciences et espérances de l’incarnation. La cinquantaine et la toute petite
enfance, les deux perfections denses de la femme. Alors, jouer à
la poupée avec une tierce personne, il n’en avait pas la moindre envie. Comblé,
il admirait et pouvait sans péché ni risque, saluait le désirable ou la beauté
du féminin, donner à la vis-à-vis d’un instant ce viatique qui fait discerner
chez une nonagénaire qu’elle a été belle autrefois, l’assurance à vingt ans
d’avoir offert à d’autres une apogée, l’accomplissement toujours spectaculaire,
toujours exceptionnel d’apparaître merveilleuse à autrui qui, pour le féminin,
a le fruste et balbutiant du masculin. La vie présente et l’immense galerie de
tablaux, d’images, d’esquisses, de croquis sur le vif, de tentatives de
fresques que conservait pour lui un passé où il ne puisait que maintenant et
auquel il ne voulait rien ajouter. La vie présente était le bon livre, avec pas
beaucoup de dessins, mais un tranquille enseignement pour répondre de soi et
des autres, la fantaisie, la gourmandise s’ajoutant mais n’étant plus des
raisons ni des fondations. Le livre très illustré de son passé n’enseignait que
la contingence, de délicieuses dépendances. Il avait arraché des pages ou en
sautait, celle des dilemmes, celle des trahisons, autant les siennes que ce
qu’il avait subi dans le genre. Il y avait des visages, il y avait des nudités,
des lieux, surtout des commencements, des circonstances et si, avec précision,
il souhaitait actualiser, ce n’était que par action de grâces, mouvement de
tendresse discriminant bien dans le catalogue qui l’avait vraiment habité,
souhait surtout d’un apport à sa fille. Il lui avait ainsi donné une marraine,
il lui voulait une autre de ses anciennes, celle la plus aimée qui pourrait
apprendre à la fillette ce que celle-ci identifiait comme sa vocation,
styliste. Femme pour les femmes et total inconnu pour l’homme, peinant à comprendre
que le « beau sexe » a besoin de miroir, donc de son pareil, bien
plus que l’épreuve du savoir séduire et du comment être saisie sans rien
abandonner mais au contraire tout gagner de soi.
Etait-ce revivre ? était-ce la
« machine à remonter le temps » ? était-ce plus fortement mais
simplement l’autre forme, éternisée et disponible, d’un présent mobilisable et
apaisant, qu’il pouvait choisir sans payer le prix d’antan.
Le plus lointain avait eu plusieurs
visages, plusieurs situations, autant d’inachèvements. La préface était donc
hésitante de style et d’héroïne. vendredi 11 avril 2014 . 12 heures 22
à 13 heures 42
L’époque n’est pas à la mixité. Il apprendra
dans une dizaine d’années les jaretelles, les pinces et élastiques divers, les
bas attachés à une sorte de ceinture qui portée au dehors ferait cartouchière
ou réserve de pellicules-photos, quand rien n’était numétique, que les
téléphones avaient un cadran à tourner, immense avancée par rapport à ce qui
s’accrochait et se raccrochait au mur. Il n’a su d’ailleurs téléphoner qu’à dix
ans accomplis. De société étrangère que la famille des camarades de classe.
L’une à domicile, au sortir du collège, le sac de sports que l’ami, pas
exclusif mais pas indifférent va prendre chez lui. Il l‘y accompagne. La sœur,
d’un an la cadette, a son âge car le camarade a eux ans de plus que lui. Elle
a, si l’on n’est sous son charme les mêmes yeux un peu rapprochés, le meme nez
un peu camard. Il ne regarde que le visage, la silhouette n’est pas donnée, la
voit-il debout. Elle est assise sur les marches du petit perron pour le jardin
intérieur. Une robe rose, il est conquis. Six ans pour se défaire du tropisme
de la pensée et d’une timidité d’abord telle qu’il ne s’adressera jamais à elle
qu’au discours indirect. Il est vrai que la mère de la jeune fille, bientôt
veuve, est pratique, que la jeunesse trop contemporaine de sa progéniture, ne
résoud aucun problème pour une indépendance financière à réorganiser. Elle
compte et organise sa fille, d’autorité, pour qu’il n’y ait jamais d’aparte. De
fait, il n’y en aura jamais. Langage des signes, le plus explicite étant une
réception à déjeuner dans sa propre famille, rituel d’un bel appartemment,
d’une salle-à-manger pour les neufs de la fratrie, les deux parents et souvent
quelque surveillante au nom diversifié, et à cette occasion, la table de
chevet, la photographie très visible de celle qu’il aime et n’aura jamais. Il a
sommeillé quinze jours d’un été de ses dix-huit ans, de leur dix-huit ans, même
âge à cinq mois près, sur le même palier. S’y rencontrer ne se produit jamais.
Une porte entrebaillée faisant voir la chambre de la jeune fille, son lit, les
bibelots peut-être, des robes et jupes, du linge ? non, impensable et
impossible. Il n’en rêve pas même. Le songe éveillé à quelques mètres de celle
qu’il ne voit ni n’entend dormir, est celui d’un film récitant ligne à ligne un
mauvais roman. Il monte l’escalier en bois, étroit, aux ramps du siècle
précédent, jusqu’au derner âge de la villa de vacances, pas seulement la vue directe
sur la mer, mais l’acès particulier, regard vers la Manche, une mer qui a de la
gentillsse mais de la
froideur. C’est bien elle qu’il aime mais s’y baigner ?
Il y va plusieurs fois par jour, elle est aussi en maillot de bain, une pièce,
donc moulée et gaînée, mais il ignorr ce qu’est un corps. Une adolescente de
treize ans riche héritière, invitée elle aussi par la soeur cadette de celle
qu’il ne sait pas courtiser, comme lui l’st par son camarade de classe, et il y
a une jeune Anglaise pour la
fée. Encore enfant ou presque, sans corps elle-même, elle a
la grâce de parler avec des mots ce qu’elle aperçoit puis reçoit. Il sort de
l’eau, la mer en gouttelettes des cheveux aux pectoraux et au fluide des
cuisses. Sans excès, une pilosité côté face, une cambrure côté pile, un profil
que plus tard des messieurs plus âgés que lui, selon ce que lui rapportera sa
femme, disent d’un empereur romain, quelques pièces. La réalité n’était pas la
fréquence de l’aquilin, mais n’importe. Il a été trouvé beau, on le lui a dit,
cela ne lui a rien fait et enquêtant auprès de son hôte sur ses chances
vis-à-vis de la fée, il tombe sur un bec. Déjà retenue. Lui qui écrira tant
bientôt, n’a rien su manifester que de la plaisanterie et de la drôlerie pour
attirer l’attention. Accessoirement, mais c’est un chapitre dont souvent la
lecture lui a été proposée et qu’il n’a jamais entreprise, l’expérience d’une
autre façon de parcourir l’itinéraire du tendre. Tentant de séduire la
contemporaine, on attache par une maladresse et l’échec-même le regard puis la
pensée d’une bien plus jeune, d’une autre en tout cas qui ne se préoccupe pas
de se refuser, n’en a d’ailleurs ni l’instruction familiale ni l’occasion
fortuite.
L’autre sœur de camarade a d’ailleurs
des demi-sœurs plus âgées qu’elle et il est sensible toute une journée au
charme, à la présence, à cette sorte de plénitude d’une étape biologique que
seraient les dix-neuf ou vingt ans. ni la mautrité ni l’indépndance, mais
l’adolescence a passé, elle est assumée, le corps est fait, encore totu frais
mais délié et prêt. Il ne sait pas l’article, mais il a regardé. En une autre
société ou autrement éduqué qu’en collège religieux et en camp scout, il eût
réussi une initiation par l’aînée. Il fréquente la cadette qu’on lui demande de
soutenir, cet été-là, pour repasser le baaccalauréat en rattrapage. Eté
antérieur à celui du palier et de l’image pas vécue de la belle pesant à peine
de ses cuisses sur els avant-bras de l’homme qu’il doit être et qui la porte, d
marche en marche, d’étage en étage, jusqu’à la chambre. Mais la
chambre d’en face, pas la
sienne. Cet été-ci devant un océan pas limité, dans une pièce
ouverte sur l’avenue longeant la plage puis le rivage, il écoute des disques, du chlorure de vinyl,
encore assez épais, des 45 tours, pour ces danses où l’on bouge à peine, où
l’on peut ressentir le corps de l’autre, prendre à l’épaule, toucher de la
peau, de la chair, où l’on peut incliner la tête pour que s’éprouve
l’acquiescement des fronts et le début d’une réciprocité, mais les mains se
joignent rarement aux hanches, l’une le plus souvent reste haute et garde
enlacée des doigts la main de femme, chacune est timide. Avec celle qu’il a
fait travailler au grand jour et chez qui il s’attarde, en respirant lentement
des minutes qu’il croit irremplaçables, il ne dansera jamais. Avec la fée,
première aimée de son adolescence collégienne, guère car elle aime valser, et
lui n’en sait rien. Mais de celle-ci, il apprend la forme d’un corps,
l’existence en volume sinon en aspérité, en anatomie, en possible entrée en
matière ce qu’il faut bien appeler des siens. Il n’en apprend rien, mais – elle
est nettement plus sportive que lui, ce sera d’ailleurs un rapport presque
hiérarchique qui se vérifiera avec chacune de ses prises ou rencontres, et à présent,
sa propre fille va y mettre le cachet final, il l’a mis sur les planches à deux
ans et à leur dernière vacances de ski en trinité, c’est désormais elle qui est
devant, qui coupe par les sous-bois, saute aux bosses et ne contourne, ne
rallonge rien – il apreçoit les aisselles nues et la naissance d’un globe en
contrepoint, l’intimité montrée quand la jeune fille fait, sur la plage
déserte, aux agrès du club de sable en face de chez elle, ou plutôt de chez sa
grand-mère, absente pour chacune de leurs rencontres scolaires, des exercices
au trapèze… la possible douceur qui serait à découvrir et qu’il ne recherche
pas.
Il passe ensuite du visage au toucher
et à ce qui habille l’âme et en constitue le meilleur pour ses dix-neuf ans.
Autre plage, autre été. Toujours la famille, l’aînée de ses propres sœurs
drague et « appelle » selon le vocabulaire d’une gouvernante, chez
eux depuis sa naissance à lui ou presque. Ferre-t-elle ? elle s’est
trouvée une initatrice dans ce genre, et se fait sermonner. En frère un peu
aîné, il participe aux menaces et aux critiques qu’aujourd’hui on dit
l’éducation des filles à la servilité dans d’autres civilisations, considérées
comme repoussantes, même et surtout si c’est au pied de l’immeuble francilien.
Un concours hippique. Des cheveux courts, blods, à la garçon, une robe sans
manche, la jeunesse conviée à danser. Ils sont ensemble, ils seront même
photographiés, fesses contre le rebor d’une table de buffet, graves comme des
officiants. Mais c’est sa première fois. La crise de l’amour non dit qui rone
et suppute n’est que virtuelle, et ne gratifie pas. Ce soir, oui, les fronts
échangent leur chaleur, leur plaisir. Il ne sait pas que d’instinct, il devrait
avoir envie de la serrer contre lui, ventre à ventre, mains nouées à sa taille,
glissant parfois un peu plus bas. Non, mais les jambes parfois s’emboîtent.
Elle porte des bas, une sorte de présence solide, pas vraiment de la douceur,
mais il y a l’acquiescement de son front, sa joie à lui, son émotion. Dans
quelques années, il saura ce que cause et allume dans tout son corps, une main
de fille caressant son cou, passant les doigts et les y laissant à sa nuque,
sous les cheveux. L’embrassement sera moins beau, sera plus lourd, ce ne sera
pas une première, il aura déjà embrassé, mais l’empressement, oui, une façon de
passion pour – tous deux assis dans la petite voiture à moteur arrière –
qu’elle lui prenne le cou et l’attire tout n le calmant de caresses. Elle sait
s’y prendre. Très longtemps ensuite, de trente ans en trente ans, il aura des
échos, la rumeur d’elle, des facilités de moeurs. Alors il la considèrera avec
tendresse, une sorte de pitié pur qui n’est pas protégée. Peu après les
baisers, la voiture et aussi un vol dans l’avion particulier du père au-dessus
de ce qui en cent châteaux entre fleuve et forêts, fut la capitale itinérante
de nos rois, il avait été invité pour le Nouvel An. Avant toute initiation de
chair et de sexe, il avait pris conscience qu’il pouvait être une valeur
sociale, parce que familiale. Les temps sont, à cette époque, tout le contraire
des recompositions et peu propices aux gyrovagues.
Les premières fois peuvent s’échanger.
Il y a d’abord la société et au jeune très diplômé qu’accueille une capitale
commençante sur un autre continent, commence d’apparaître ce que peut être le
rang de classement. Le charme et la provocation insolite de ce dont il ne sait
pas l’origine ni en lui-même ni à l’initiative de l’autre ne sont plus
désintéressés. La beauté se mesure à la rumeur qu’elle éveille. La plus jolie
fille de la colonie européenne, il est vrai quarterone, son père a été juge au
pays des rizières et d’une guerre perdue. Elle a les cheveux qu’imagina
Boticelli pour sa sortie d l’eau, celle de Vénus. Le nez un peu retroussé, une
fossette, ni grande ni petite, ni mate ni pâle, elle est mystéérieuse,
accessibvle, consentante. La robe de soie, très moulante, terminale au lycée
parmi des garçons de toute teinte noir au bistre et blanc, portant le plus
souvent draa ou bou-bou. Pas encore les jeans. Ils dansent lentement, c’est la
nuit d’été d’une capitale de quelques années, que plus tard des cuistres
préférant la promiscuité et l’entassement d’aujourd’hui là-bas appelleront un
bac à sable avec qulques boîtes dessus, mais le sable est plus orange et plus vrai
que celui d’un court de tennis et les bâtiments si blancs, à claire-voie,
d’habitation ou de gouvernement, sont ceux du plein air, aux odeurs de désert,
de cartons mâchés par des caprins considérés comme des ovins, des déjections
archi-sèches de ceux-ci. Ceux surtout de son premier et interminable baiser,
une sorte de domiciliation d’un bouche à bouche conscsienieux, méticuleux où
toute exploration est bienvenue, accueillie. Il s’enivre de salive, il
s’émerveille que la plus belle des filles du monde, à ses seize ans, soit
manifestement heureuse de sa bouche et – autour de ses hanches – des mains d’un
garçon qui est lui. Le malentendu sera vite là, après des matinées de plage,
les physalies qu’elle prend à pleine main comme le plus naturel des objets de décoration,
les pirogues qu’il faut tourner sur elles-mêmes pour les hâler à petits coups
jusqu’au sec pour le tri des poissons et l’inspection ds filets. Il n’st pas un
homme. Après des correspondances d’été, où elle proteste de sa solitude
métaphyique et lui de la rareté de ses lettres, leur retrouvaille tourne court.
Première visite, à la villa paternelle, déserte car les jeunes soeurs et
frères, sa mère aussi rejoignant le domicile conjugal pardonnée mais pas guérie
ni repentante d’un adultère qui continuera jusqu’à l’accident de voiture
supprimant le rival, connu de tous, de la société locale, du mari et des
enfants, tout le monde a décidé d’être absente, sauf … elle sort de la douche. A plage, avant
l’été, à la piscine d’ambassades comparativement bien dotées, il la regardait
plonger ou s’asseoir en petite sirène de Copenhague, mais grandeur nature sur
la dalle chaude : costume de bain deux pièces, pas d’embonpoint de la
générosité délectable. Elle s’est rhabillée, ils sont allongés, lui sur elle, il
l’embrasse comme on disait, bien avant eux, mais plus maintenant : à
bouche que veux-tu ? cela dure, cela dure, elle conclut en se relevant. Il
ne sait plus pus de choses qu’elle, c’est ce qu’il entend, il n’a compris que
des décennies plus tard, en la réévoquant. La scène avait été décisive, elle a
eu un amant dans les trois mois, chance pour celui-ci, dans une autre capitale
à société encore française. Le goût de ce corps ne l’avait pas brûlé à
proportion que son corps mendiait l’exclusivité et la promesse… Le souvenir
n’est pas une notation, mais la vie a grand peur du putatif. vendredi 11 avril 2014 . 14 heures 40
à 16 heures
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