Chapitre V
L’heureuse satiété
Il partit donc, l’écharpe des regrets –
il n’avait pas encore l’âge des images, ni d’en prendre avec du matériel, ni de
s’en rappeler d’émotion et de détails, sauf de très rares – autour de lui. Il y eut beaucoup de fois. Les rencontres
étaient le livre d’aventure, collection personnelle et adaptée, qu’il se
donnait. Raconter à la nouvelle la déception ou l’impasse permanentes
constatées avec les précédentes l’introduisait à d’autres histoires que la
sienne, souvent bien plus étranges mais en général monolithiques.
L’art ou la disponibilité, il en avait
quand même manifesté la disposition avant son initiation au sexe, et jamais
avant comme après cet évènement-là il n’avait d’ailleurs abordé quelqu’un en
l’imaginant nue dans ses bras, il lui fallait – autant aux époques qu’à présent
– fare effort pour imaginer le triangle sombre au haut des cuisses ou la ligne
verticale se courbant quand elle tombe entre les deux reliefs du dos doux
féminin, et à anatomie égale fait du corps féminin regardé d’arrière une
continuité accueillante, même sans ouverture autre que théorique parce que
masquée, que ne suggère pas le masculin par trop de rebonds, de musculation et
d’une crispation permanente. Le repos que produit pour l’homme le détail et les
surfaces de femme, vient du relâchement dont elles ont le dos, lac jamais
tempête au physique sauf dans la prise de l’orgasme ou le refus.
Liaisons durables ou pas, le
commencement passionnant, d’abord parce qu’il est une hésitation. Et aussi parce
qu’il n’impliquera pas. Ce qui s’anticipe n’est que plaisir d’amitié et
d’affinités, peut-être. Il n’a jamais chassé pour le sexe mais l’exclure du
chemin, serait ne pas marcher de conserve. Une piscine de plein air amarrée sur
un fleuve, à quai d’un site prestigieux. Elle lui semble distinguée, elle
ressemble – paradoxe ? – à une amie de sa propre mère. C’est rassurant, il
lui adresse la parole, elle est disponible, un peu plus âgée que lui, relève
d’une mûflerie dont elle lui montrera l’auteur parce que le hasard le
permettra. Elle vérifie ce qu’il lui dit de sa position débutante, elle se
laisse traiter, elle lui donne une nuit puis son corps, son sexe, ses demandes,
celle surtout d’être aimée et désormais accompagnée, il s’exécute en tout, elle
est présentable mais ne le satisfait en presque rien, sauf à faire équipe pour
augmenter chacun du relationnement. Utile. Elle le bloque pour longtemps. Elle
est de cette famille féminine, dont la jouissance s’attend de la caresse très
précise, manuelle. Il la lui prodigue, il l’agace et l’humilie en comptant à
haute voix toujurs jusqu’au même chiffre, auquel elle s’effondre et s’ouvre
alors, il profite du moment, il n’est pas malheureux mais le poème n’est pas
là. Près de trente ans, une belle-famille putative, des atrocités dans sa
fratrie, des enfances perdues à l’âge adulte, il accompagne par incapacité de
rompre. Il y sera aidé par ce qui va nouer une alliance décisive, celle de
maintenant. La preuve d’humanité et d’une compatibilité malgré tant de signes contraires
et de trahison, au moins de sa part, par le soin, l’adoption, la perception
d’abord d’une petite chienne, puis d’un grand nombre dont une part est sa
descendance. Dès qu’il sera indépendant plus encore de cette liaison sans
amour, que de sa propre famille, il se donnera d’un chien, femelle de berger
allemand, familière, amie, façon d’épouse. Prophétie, son initiation au sexe a
eu pour témoin une chienne. Les chiens dans le coffre arrière, vaste et
organisé en ombrage, qu’une jeune archéologue salue à l’arrivée sur les lieux
faisant étrave dans la mer du soir, ont produit les bons commentaies et la
suite de la rencontre.
La dernière de ses trois fiancées, en douce, donne des coups
de pied, à la petite tibétaine ramenée des frontières les plus lointaines, les
moins connues où sa carrière – la Carrière, en être ou refuser ce que le mot
dit bien : un détachement qui n’y met jamais à demeure – et le petit
animal venue des altitudes et des grands froids, nourrie au lait condensé comme
toute la portée d’une mère victime de la circulation d’avenues mal balisées, va
au summum du bonheur et de toutes joies quand elle retrouve ici la neige. Mauvais
point pour la troisième, motif décidant la rupture qu’il n’avait pu opérer
pendant des décennies, l’animal interdit de l’appartement hôte, condamnée à la
voiture et à la rare promenade sur le goudron aux arbres réguliers mais
insipides, vraiment artificiels. L’histoire, celle de la chienne-terrier et
celle du maître, se termine par une somptueuse maternité et des gambades parmi
de nombreux hectares en pleine propriété, plan d’eau que la marée fait mouvoir au bas des prés, pinèdes qu’il a fait
planter et qu’affectionnent les sangliers. Un autre apprentissage, celui de la
mort par imbécilité et haine, que l’humain sait administrer à la chose que lui
et sa femme, ce fut leur rencontre au vrai, s’obstinent par goût et surtout
expérience à considérer comme des âmes en autre incarnation que cet humain.
Fratricide ou éradication ? cette même danse de la drague pour adopter l’animal
rencontré ?
Les repas, plateau de convives, de
commensaux pour les repérages d’affinités et de consentements, de prévisions et
d’anticipations intimant le silence quand ils commencent de se constater en forme,
bien paquetées, de récirprocité de l’envie et de complicité vers les tiers,
désormais traités en faire-valoir ou extérieur gênant. Le scenario est-il
millénaire, caractérise-t-il exclusivement le genre humain car à manger les
animaux ne sont guère compagnons ? cas d’école, la table où est proposée
une cuisine d’artiste par celle qu’il a commencé d’aimer et dont l’enchante le
corps, qu’il fête plusieurs fois par jour et par nuit. Repu de chair sans doute
mais pas d’inconnu. La vis-à-vis se détache du lot à huit ou dix têtes, amenée
par la compagnie d’un cousin de la maîtresse de maison, sa propre maîtresse
donc. sans scrupule, il se laisse attirer et attire, discussion vive et propos
sociaux su l’inégalité des races qu’affirme, péremptoire et démuni d’arguments,
le compagnon qui va en perdre sa propre chance. Répliquer, tenir, se faire
glisser en petit
papier un téléphone ou en glisser un. Rappel, dîner, enchantement. C’est la
grande sœur, c’est aussi une initiatrice dont il a besoin cet été-là souffrant
d’une affectation loin de tout des publications qu’il a entreprise et d‘autres
projets ni professionnels ni féminin, et souffrant aussi de la posture
d’impuissant où vient de le fixer la fascinante d’une fin d’automne qui se
réimpose pour – en fait – le mûtiler, le castrer psychologiquement. Celle-ci
lui fait monter les étages, escalers finalement en bois, mansardes, toits de
zinc, vue sur la ville depuis un balcon en forme de nacelle, sorte de départ
pour Peter Pan et le bateau magique. Le lit est au milieu de la
cuisine-salle-à-manger-salon, elle résume ce qu’est l’existence humaine, lui
confirme la force féminine par un exemple simple mais saisissant, mariée, mère
d’une petite fille, elle s’éveille un matin, semblable à tous autres, considère
peut-être un peu davantage l’autre, l’homme dont la tête repose sur l’oreiller
à toucher la sienne et ne se trouve aucune raison d’être là, elle part, le
quitte, divorce. Elle fera en quelques semaines un chemin de même pancarte avec
lui, postant une lettre de fête, de vœux et de proche revoir à l’adresse déormais
étrangère qu’il lui a laissée, elle continue la soirée en rencontrant qui elle
épouse aussitôt en secondes noces, pour plus tard, etc… jusqu’aujourd’hui où
elle sort de la mort, opération plus que lourde pour tout le péritoine, brigue
un mandat municipal et dispose d’un compagnon attentionné, ce qui n’avait pas
été le cas une vingtaine d’années auparavant quand ils s’étaient revus, voiture
en bord d’avenue du grand bois hors les murs de leur capitale habituelle et que
sur son visage de femme, respirant une intelligence un peu acide et une
sensualité bien organisée, il avait vu, presqu’avec terreur, les gravats et
rigoles du déluge des années et des passions assouvies sans résultat que le
manque. Il la sait maintenant rassassiée et aussi en espérance encore de vie
ordinairement tranquille. A l’époque, aux quelques heures de leur partage en
corps et de son enchantement pour des draps précieux de texture, doux,
veloutés, soyeux et aussi, ce qui ne gâte jamais rien, d’un stérilet dispensant
d’un préalable contraceptif rarement poétique, il avait joui tout simplement,
et elle avait su, comme dans la mémoire qu’il perdait de sa première
initiation, le susciter de sexe, d’excitation, d’envie, de vérité utile et nue
à réenfoncer pour le retour aux escalades du sommet toujours nouveau. lundi 14 avril
2014 , 10 heures 40 à 11 heures 46 Elle avait la peau mutine, la conversation
sérieuse, les fesses courtes, presque carrées, les seins rebiquants et elle lui
donnait des sleçons de vie et de détachement tandis qu’il lui expliquait la
quarature de son cercle. Une femme aimée et qu’il désirait constamment, dont il
était toujours exaucé en tendresse, en sexe, en humour depuis dix-huit mois
dans sa vie avec la facilisation de brèves missions à l’étranger pour d’interminables
pourparlers techniques européens. Une femme d’habitude qu’il ne voulait pas
épouser et qu’il n’avait pas l’esprit de quitter, qui le surveillait en
paléographe et en gouvernante : la faisant intégrer dans une
administration par un petit concours auquel il l’avait préparée, il était en
règle mais pas avec la complexité de sa propre conscience. La polygamie le
faisait souffrir mais pas assz pour trancher, et il y avait son impuissance au corps à corps avec
l’autre. Elle lui disait la fermeture possible du cercle et ils se reprenaient
à jouir l’un de l’autre, elle : attentive, lui : détendu sauf en ce
qu’il importe de bander.
Autre table, celle d’un collègue,
épouse et enfants de celui-ci, d’autres invités de leur commun tonneau avec une
conversation sur leur pays d’affectation ensemble, à rôles distribués, chacun
intéressant, les rôles et les dires sur les rôles. En bout de table, la fille
unique pour les trois garçons, le cadet évidemment très jaloux de sa sœur et le
premier à intercepter les regards. Elle avait le visage allongé, la coiffure
décalée, plutôt blonde, des tâches de rousseur un peu partout, il allait le
savoir, une bonhomie plus contrôlée que celle de son père, plus riche
d’histoire personnelle, il allait la connaître, et un certain aigu ne cachant
pourtant une aaffectivité à fleur de regard. Elle se débrouilla, elle n’avait
pas dix-huit ans, lui-même changeait d’âge chaque année mais pas ses rencontres
parce qu’il en changeait, ils allèrent après un long prologue en voiture le
long du grand fleuve en estuaire qu’enjambe un pont dont le nom doit changer à
chacun des régimes qui régissent ou désorganisent le pays, jusqu’à une anse de
plage, un restaurant de fruits de mer qu’il connaissait déjà.
Elle raconte, se raconte, il a une
réputation donjuanesque et pour la démentir mais aussi en justifier les
éléments pouvant le présenter de cette sorte, il a exposé dans la bonne
enceinte d’un cercle culturel prisé des polyglottes sa compréhnsion du
personnage de Mozart plus encore que de Molière. Elvire s’est proprement
acharnée se croyant de taille et d’attraits pour éteindre le feu de
l’addiction, et au héros d’enfer il a manqué celle qu’on choisit, pas celle qui
s’impose, celle qui parce que facultative, appelle la distinction, en fait
discerner les motifs et l’itinéraire apparemment inverse de celui de la
passion, aboutit au triomphe d’un bonheur dont rien n’est absent, y compris
l’aigu du sexe quand l’héroîne épousée et habituée découvre l’invention et la
lui aministre à le faire grincer, balbutier, s’embrouiller d’un plaisir acide
et inconnu. Elle n’a pas assisté à la conférence, il la lui donne et elle dit
sa propre initiation sans précaution avec l’avortement qui alla avec, pratiqué
en clandestinité, sans doute à l’insu de ses parents, pour ses quinze
ans ; Elle ne décrit ni le garçon ni le moment. Elle le séduit, lui, par
une voix de gamine, une voix de nez, des anecdotes et des raccourcis
d’adolescente encore au lycée ou presque. Elle a la main vers la sienne, il ne
la prend pas mais de sa paume la recouvre, le dos des mains, la jeune et la
sienne le choque. Sa main st vieille. Pour la première fois de sa vie, il
s’intéresse à quelqu’un de beaucoup plus jeune que lui. Il se trouve que c’est
une fille, une femme si le corps fait référence, une fille selon le visage,
mais c’est secondaire. Cette jeunesse lui apprend son propre âge et la distance
en temps biologique, déjà vécu, depuis son premier baiser et la bouche qui
n’est que langue conversant avec une autre langue dans une autre bouche. La
lune fait contre-jour et l’arc du corps est parfait. Elle le renvoit à la
parfaite puissance d’une maturité qui naît encore, qu’il n’a que depuis peu,
qui doit beaucoup à des trahisons, déjà, à des polygamies. Elle est de celle
qui aime la caresse très précise et que – lui – il apprécie de parfaire, de
ciseler d’autant qu’elle a la personnalité et le naturel de le guider, non de
la main, des doigts mais verbalement comme s’ils jouaient ensemble à
cache-tampon, il brûle parce qu’il la fait brûler. Le remercie, elle caline, il
prend son tour, il enfonce, c’est rèche, nouveau de sensation et d’écho, le
corps est musclé, la chair d’une rousse : odorante, l’humidité que
provoque son désir et qui en permet l’assouvissement est lourde, laiteuse,
presque pâteuse, le pubis a une pilosité drue et sans douceur. L’enfance
n’était pas éloignée pendant le dîner, l’impudicité d’une adulte aux cent coups
et de beaucoup d’amants se rend à lui pour une fin de nuit et l’improvisation
d’explications en famille pour avoir découché et vouloir, en sus, recommencer.
Elle lui plaît, elle va le charmer par les primesauts pendant sept-huit ans,
lui téléphonant d’un aéroport our qu’il mette en place, séance tenante, le
prép-payé d’une venue non programmée. Ce devient coutûmier. Il n’est pas le
seul dans son agenda ni à la savourer, elle peut venir – toujours les aéroports
et toujours en petite fille, allègre, de peu de bagages, de peu d’argent et de
beaucoup de temps, études surtout d’artistes quoique le métier soit
d’impirtance, coup de crayon, facilité de pinceau, elle s’occupe partout quand
elle n’est pas à domicile – venir attendre un garçon, déjà son amant, mais
l’avion en retard la fait repartir sans plus attendre avec une nouvelle drague.
Il n’y a plus ni péché, ni culpabilité, ni souvenir, ni sacrement, il n’y a pas
même un goût marqué pour le plaisir ou une secience vraie pour l’administrer en
camailleu ou en variations et fugues. Elle est plus délicieuse de caractère, de bondissements tendres d’une
affection prenant la taille, le cou de l’homme qu’elle retrouve, qu’il a peine
à réaliser que cet homme c’est lui, plus sucrée et chaude de comportement que
d’intérieur intime. Avec elle, l’aventure du naturel, l’exaltation de la nudité
tout autrement qu’avec son amour le plus régulier et le plus plein. Elle n’a
aucun scrupule, elle le reçoit au débarqué alors qu’un autre garçon qui a été
son amant mais ne l’est plus, au moins pour le moment, lui a demandé une
hospitalité qu’elle continue de lui accorder. L’autre au plancher d’un studio,
précisément d’artiste, doit assister d’ouïe et de suppositions manifestement
douloureuses leurs ébats en mezzanine quoiqu’ils s’efforcent au silence, mais
il y a le rythme des souffles et les accélérations, les pauses par excès de
sensation, qui ne peuvent le tromper. Elle n’est pas de celle qui aurait l’idée
de la proposition arrangeant presque tout, à trois pour être habitée par deux
selon les combinaisons des romans du genre. Ce seront les récits d’une autre,
mais qui ne l’invitera à aucune de ces conclusions ou mises en scène, mais
écrivant bien et le lui adressant par lettre comme en journal de bord
communiqué, elle le fera presque vivre.
Précisément, c’est – pour fermer le
cycle sans qu’elle l’ait voulu, ni lui non plus – que dans un autre pays, celui
des beautés de pierre et des colonnades faisant l’harmonie exprès pour qui
s’arrête à les regarder, détailler, comptabiliser sans rien imaginer d’autre et
surtout ni la vie d’antan ni leur architecte, elle est de nouveau en visite
chez lui. Ils sont de retour de plusieurs moments féeriques, insulaires,
parfaits d’un dépassement solaire de toute sensualité, de toute attention au
corps, enfin un sexe second, serviteur, disponible et tendre mais cédant la
vedette aux lieux où ils se trouvent. L’unisson dans l’admirable disposition de
tout en paysage, en fond historique, en liberté de partager la moindre émotion
ou chacune des gratuités que provoque le mouvement d’un port ou l’ardeur d’un
midi tapant de haut sur tout, est tel qu’elle a envie de rester avec lui. Définitivement.
Lui-même vient d’éprouver une sensation très nouvelle à la pénétrer et à
demeurer de sexe en elle, elle est devenue douce, alors qu’il croyait cette
douceur exclusivement d’une autre, ou au maximum de deux autres, rares,
marquantes, exceptionnelles. Voilà qu’elle l’a aussi. Mais voilà qu’il doit
accueillir à leur retour et donc avouer une relation nouvelle, contractée sur
place. Elle quitte bain, salle-de-bains, appartement et dans la nuit s’en va,
parfaitement et comme si elle avait préparé son étape. Ce qui était, mais qu’il
ne réalise pas aussitôt culpabilisant et ne sachant évidemment pas la
rattraper.
Les collisions manquaient ainsi de plus en plus souvent de se
faire. Des tiers en supputaient la
fête. Il s’effondrait parfois d’angoisse, avait des lapsus en
conversation, au téléphone. La leçon est encore de calme, pas de relativisation
mais d’une certaine fatalité si décidément il ne sait pas choisir. Celle-ci qui
ne le quittera plus de tête jusqu’à maintenant, a le visage un peu dissymétrique,
des cheveux de pâtre, un esprit qui le captive, une histoire glorieuse ou
héroïque qui a goût, dates, personnages, circonstances de l’histoire-même du
pays, elle l’a payé de la prison, elle a fait harem pour un jeune chef, elle
l’a épousé contre l’avis général et celui de ses parents et pour, n’étant pas
nationale, ne pas se faire expulser, elle, en a eu un enfant mais s’éprend
violemment du nouveau venu dans son pays. Comme il attend d’elle des conseils
d’éditrice, que le père est un partenaire professionnel d’importance, qu’il
cumule difficilement plusieurs liaisons importées périodiquement, il se tient
coi, cultive machinalement une stagiaire qu’on lui a recommandé, une autre que
celle de son arrivée, tombe sur un bec mais a motif pour regarder la carrière
d’un couple d’influence dans les vingt-cinq ans qui suivirent. Puis, invité par
l’important partenaire qui a, lui aussi, épousé une native, il attend dans un
petit salon que la tabl du dîner soit achalandée. C’est ainsi qu’elle arriva,
en robe blanche, apparemment pas très jolie, qu’ils s’entendirent aussitôt tant
ils avaient entendu l’un sur l’autre, et que les habitudes se prirent qu’entre
le domicile conjugal qu’elle était censée vouloir quitter mais ne quittait pas
encore et les heures diurnes d’un bureau, elle accourait chez lui pour qu’il
lui ouvre nu et qu’elle s’écarte de partout, déshabillée aussitôt pour être
prise et pour prendre. Dans une petite île, à fleur de continent, le père seul
les avait reçus, elle avait chanté pour ses deux principaux, oubliant ?
son mari, son fils, il ne savait pas tant l’instant régnait, comme composé, ls
plantes aromatiques, le silence sauf la guitare dont elle s’accompagnait. Il y
eut une sieste, elle le surplombait mais tête-bêche et lui suçant le sexe
reprenait souffle pour le supplier de crier tandis qu’il se délecter de
contempler les gibosités mates aux couleurs de bronze avec les accentuations
noires et presque crêpues peuplant les deux anfractuosités. Ce fut inoubliable
et la situation, ses précisions allaient lui demeurer toujours. Il n’arriva
pourtant pas à choisir entre elle et cet amour pathétique qui durait et le
comblait, mais autrement. Il en tira le récit d’un manque tandis qu’il
voyageait une dernière fois, d’île en île avec celle-là mais pensant à
celle-ci. De même qu’il crut pouvoir épouser enfin celle-là en s’en
persuadant, en s’en donnant des résumés,
par écrit également. Avec celle-ci, c’était une correspondance presque chaque
jour que les courriers professionnels facilitaient. Il y eut des revoirs bien
plus tard, plutôt ratés, seuls les corps, leurs corps n’étaient pas déçus, ne
les décevaient pas. L’adresse n’est plus la bonne, ni postale ni électronique.
Pour que la vieillesse les réunissent quelques fois, qui seront nouvelles, il
va falloir du hasard ou de la persévérance.
A table, puisque ce peut être un thème,
une rencontre antérieure, l’épouse d’une relation professionnelle encore
trompée à répétition mais gentiment et sans mépris mutuel au contraire, drague
achevées ou propos de table, il ne le sut jamais, mais la reconduisant car à un
dîner de têtes, elle était venue, par exception seule, elle lui donna sans
qu’il le lui demande qu’évasivement, le maximum d’un corps, déjà épuisé,
diaphane, usage lui sembla-t-il avec émotion, et très doux, une finesse de
peau, une diaphanité de sensations, une évasion dans du bleu-gris céleste mais
sans soleil ni lune, légèreté d’un corps plus de chair que de forme et qui
s’était laissé prendre car, lui avoua-t-elle ensuite, elle avait pensé être
ridicule ou sans norme si elle ne s’était pas ainsi avancé vers un désir qu’il
exprima ausitôt et qu’elle assouvit.
Il avait donc appris très vite à
oubliuer tout scrupule dès lors qu’il s’était arrangé de vivre avec une femme
sans l’épouser, ni au moins résoudre de l’aimer d’affection et d’une certaine
fidélité. Il avait alors glissé, très facilement, vers le vol à l’étal,
partenaire disponible d’adultères souhaités par d’autres pour des convenances
intimes qu’il n’avait pas à juger mais qu’il constatait et évaluait, voleur de
chemin si la place était laissée libre un moment aux côtés de qui lui avait été
présentée. Une histoire de parapluie laissé sur place par un écrivain célèbre,
pas loin de mourir ce qu’aucun des trois n soupçonnait, lui permit pour le
rendre à la maîtresse locale, d’amener celle-ci jusqu’au bon moment, dans
l’ambiance requise. Délice d’une toilette intime qu’il entendit et le prévenait
que toute permission était accordée, découverte d’une morphologie encore plus
intime ouvrant à des délices inhabituls pour lui, une seule fois mais vivante.
Plus distinctement et pour une durée à la mesure d’un pays millénaire, la
compagne souhaitée d’un photographe de l’histoire récente d’une société et
d’une armée qui avaient du mal à s’entendre. Elle se refusait à son vœu, il
devait lâcher prise quelque temps, elle fut seule, puis seule avec le nouveau
venu. Car il faut être le nouveau venu pour que cela lui arrive, lui soit
donné, le corps et la conversation qui s’illustrent, se donnent. Elle était
d’une douceur incroyable, toutes parts et en tout d’une suavité qui signifiait
une vraie pureté, dimension et réalité qui évaient été la sienne, celle d’un
enfant sage et sans sexe, même pas celui de ses frères et sœurs, huit… quatre
et quatre pour le second de neuf, sauf l’endogamie de quelques jeux de
baignoire et de groupe à leurs quatre-cinq ans, aux âges rapprochés. Elle fut
avec lui plusieurs mois, elle avait un fils très jeune, elle avait divorcé pour
forts divergences d’appréciations pour la soudaine révolution et la
décolonisation qui suivit vite pour avoir trop attendu. Elle fut rencontrée
pendant qu’elle était avec lui par une notoriété à la fortune certaine parce
qu’éditeur de la première vedette du pays. Ils appelèrent ce parti : « l’irréel »,
tant c’était sa chance, tant c’était inespéré, tant elle l’aimait assez, lui,
pour savoir qu’il ne se déciderait pas. Comme ensuite, il avait pu organiser
des coexistences et de l’amitié entre celle en titre et celle locale. Il
dissolvait ainsi sa fatigue et son anxiété, n’était qu’au dessert la plupart de
son temps, draguait à temps complet et pour le métier avait la facilité d’aller
très vite, d’écrire à profusion et de discerner bien les relais à passer. Ce
que la parabole amoureuse enseigne, elle surtout, assez bien
lundi 14 avril 2014 13 heures
54 à 15 heures 25
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