mercredi 29 octobre 2014

journal d'il y a cinquante ans




Ecrit à Christian        .    jeudi 29 Octobre 1964


Cher malade,

permets à un bien portant
si ce n’est pas trop léchant
de pleurer cette grippe
qui nous prive l’un comme l’autre
de longues marches dans les êtres
merveilles qui nous frappent.

Il me semble que la forêt,
fait ses plus jolis apprêts
uniquement pour nous plaire.
Au rendez-vous qu’elle nous donne,
au carrefour du Capitaine
il n’y aura que désert.

Mais tout sera prêt et beau.
Tout sera vert, rouge, bleu d’eau.
Tout flambera de jaune, de roux.
Les allées s’en iront, cendres,
couvertes par des feuilles tendres
qui voleront dans l’air doux.

L’automne sera là, fidèle,
qui écartait d’un coup d’aile
quelqu’oiseau déjà fidèle.
Les arbres, la forêt sont à nous ;
le ciel, parfois blafard et mou,
nous contera son Dieu.

Ah ! qu’il eût fait bon et chaud
de goûter tous ces cadeaux,
avec toi, et aussi Philippe.
De boire le grand silence
que parfume toute la danse
des couleurs. Mais c’est la grippe.

Cher malade.
Ecarte bien vite, ces phrases
je n’ai pas de solides bases
en matière de rythmes et de rimes…
Mon affection voulait te redire
avant que ton grand mal n’empire.
Dors : santé sera ta prime.

              _________
   

Aucun commentaire: