Samedi 3 Octobre 1964
Merci, Seigneur. Merci de ce
coin de paysage dans lequel je lisais cet après-midi. Merci de ce paysage,
merci du bleu du ciel, merci des teintes toutes fondues dans le soleil, cet
après-midi. Merci du livre que tu me mets entre les mains, si à propos. Merci
de ta joie. Merci de ta présence. Seigneur, merci.
Me laisser conduire. Laisser
Dieu faire son travail en moi. Ne plus me demander si j’ai la vocation. Le laisser
agir en moi. Le laisser décider de l’heure. Me remettre en ses mains. L’adorer.
Le désirer. Aimer, et voilà tout.
Relevé dans Merton : « Il
n’y a pas d’humilité à faire tous vos efforts pour être quelqu’un que vous n’êtes
pas. Autant vaudrait direz que vous savez mieux que Dieu qui vous êtes et qui
vous devez être. Comment espèreriez-vous arriver au bout de votre propre voyage
si vous faites route vers la ville d’un autre ? Sa sainteté ne sera
jamais la vôtre : vous devez avoir l’humilité de travailler à votre propre
salut dans une obscurité où vous êtes absolument seul… » - Semences
de contemplation, p.
55 Seigneur, qui suis-je ?
Le sacerdoce est-il la ville d’un autre ?
Au fond, la question de ma
vocation est sans cesse en moi depuis quatre ans, sans que j’ai pu répondre
vraiment oui ou non. Désir impétueux de la vocation. Mais pas de certitude que
ce soit là la volonté de Dieu sur moi. Et pourtant, en écrivant ces lignes, je
me rends compte que je suis créé pour cela. Seigneur, me voici.
Depuis quelques mois, j’ai
conçu l’idée d’écrire un livre sur mon expérience de la Troupe [1].
Comment le faire ? je ne peux parler que de Dieun de sa grâce. Je ne peux
dire que sa joie, et les merveilles qu’il a fites dans les autres et en moi. Ce
serait un livre (écrit à la première personne ?) qui évoquerait l’action
de Dieu en loi, grâce aux autres. Mais pourquoi ce livre, pour qui.
Pourmoi ?aucun intérêt. Quel public ? Cela ne doit pas me préoccuper.
On ne peut éceire que lorsqu’on a quelque chose à dire. Je ne peux écrire que
sur l’essentiel, que sur Dieu qui vit en moi. Ma vie n’est pas achevée. Elle ne
fait que commencer. Les limites chronologiques ne peuvent donc être que la
Troupe. Risque de me mettre en avant, alors que ce devrait êtrre tout le
contraire. Les derniers mois m’ont montré que je ne valais pas plus que les
autres. Humilité.
Est-ce la volonté du
Seigneur que je fasse cela. Je peux toujours essayer. Voir si
l’inspiration vient. Mais il me manque mes « documents », le courrier
échangé. Un livre pour la plus grande gloire de Dieu. Mais quelle témérité.
Sinon, aucun livre ne vaut la pêine. Un roman sur la Troupe : je me sens
incapable de l’écrire, et il n’aurait aucun intérêt. Seule compte la vie, la
grâce de Dieu, Dieu qui vit en moi. Un critère : si ce livre m’éloigne de
Dieu et de la préparation de mon oral, il vaut mieux laisser tomber. Mais il me
rapproche de Dieu, si je cherche son sceau dans ma vie, si je lui rends gloire
pour ses bienfaits. Mais aussi risque de dispersion. Risque de ne plus vivre
dans le présent, de laisser passer le présent de Dieu. Seigneur : cette
idée de livre vient-elle de vous, ou vient-elle de moi ?
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